Krash Boursier à Hyrule -Partie 1

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Astre


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Le jour avait déployé ses bras sur la nuit, et avec une tendresse cruelle, il l’avait enlacée… avant de l’étrangler, de l’étouffer de sa présence, jusqu’à ce qu’elle disparaisse totalement. Amant violent.
Cela faisait quelques jours déjà qu’Astre avait fait mordre la poussière à la fougueuse Lenneth. Il se sentait bien, bizarrement, d’avoir assumé son caractère folâtre. Il avait de temps à autre besoin d’extérioriser ses joies bizarres, ses excès d’humeur, car il était un fragile enfant. Avoir exhibé ainsi publiquement cette haine démentielle l’avait soulagé d’un poids énorme. Arkhams s’était auto-adoubé, et dans un sens il avait sacré son ami Roi-Phénix. Quelle fierté ! Tape-à-l’œil, certes, mais tout à fait dans les cordes des Nouveaux Chevaliers.
Que cela sentait bon, le matin, les odeurs des cheminées qui toussent gentiment leurs fumées épanouies, les senteurs sucrées des produits du marché ! Pommes, poires, alitées sur les matelas de bois comme des putains soumises… Hmmm, qu’elle est louable cette débauche alimentaire ! Mais ce n’était pas tout de parler de la nourriture ; regardez ces frétillantes épées postées fièrement comme des dragons, n’attendant que de remplir un fourreau de cuir ou de partir déjà à l’assaut sans graisse aucune, déjà prêtes à l’emploi ! Désordre humain, brouhaha de couleurs, les gens s’interpellaient avec cette vulgarité plébéienne, les marchands –ces bandits- gueulaient leurs arnaques et les dindons de la foule venaient se faire plumer, croupion tendu. Dégoûtant…
Rapidement, le Chevalier noir sentit cette haine familière lui pigmenter la peau d’une légère teinte rosâtre. Des maudits porcs, qui se jettent sur un morceau de viande lâchée. Vices dans la poche, les clients adoraient cette mascarade, ce faux marchandage « Un et un deux ! Je t’le fais moitié prix ! Allez, 40 ! 40 j’te dis ! »… ils se prêtaient au jeu, se faisaient dévaliser et avec le sourire en plus, croyant avoir réalisé une bonne affaire ces couillons… Ils repartaient ensuite chez eux, en charrette, parfois pour des trajets de plusieurs journées, retrouver leurs vies moroses, les achats dilapidés durant le voyage, et c’était reparti pour des mois et des mois de travail mal payé, dans le but de le dépenser futilement chez ces voleurs avides. On ne pouvait même pas parler de dépenser : le peuple venait jeter son argent chez ces marchands filous une fois récupéré l’argent ; ces marchands répugnants, qui ensuite comptaient leurs sous et se disaient qu’ils auraient pu en faire plus. Saloperies.
Astre, profondes ténèbres sur le corps, avait la sobriété d’un religieux bas de gamme : vêtu de noir, aucune ostentation si ce n’était ce foulard attaché autour de son bras droit. Phénix rouge-sang sur croix à quatre branches –reflet schématique de l’oiseau-, le tout sur du noir encre qui se fondait avec le long manteau du Chevalier. Mains dans le dos, le voilà qui se promenait le pas allègre sur le sol pavé de la Place du Marché.
« Messire ! Oui, vous ! Cette épée ! Elle a été faite pour vous ! Manche d’obsidienne, sertie de rubis et de morceaux d’ébène polis, lame d’acier incassable, trempée dans le feu magique des Montagnes Divines d’Orient ! Je vous assure, elle est pour vous ! » Astre arqua un sourcil, et détailla le gros salaud. Son ventre dépassait de sa chemisette de soie, le lard débordait de partout et cette ostentation de graisse était écœurante. « Tu es gros. » Des plaques rouges vinrent chauffer à vif l’épiderme grêlé du négociant. « Qu’est-ce que tu m’racontes, eh toi l’autre ?! ». « Combien ? » et le marchand oublia toute colère, reprit son impavidité solennelle. « 15 000 rubis, ça, c’est pas d’l’épée d’bouseux j’peux vous l’assurer. Sur l’champ d’bataille vous montrez qu’c’est vous qui avez la plus grosse eheheh. » Le Capo-Phénix présenta sa main devant le bandit, demande silencieuse pour soupeser l’arme. « Faites pas d’bêtises avec, hein, eurf eurf ». Un morceau de poulet coincé dans sa gorge huilé de lipides ?
Le Chevalier noir prit l’arme, joua avec, l’air indécis. « Hmm… C’est une bonne lame, mais je ne suis pas certain de la puissance de son pointu. » Vlan, sourire grivois de sang sur l’estomac gargantuesque de ce malotru. Les hurlements commencèrent : mais que faisait la garde ?! Astre souleva quelques pans de sa cape et en sortit plusieurs bourses. Il défila le lacet, et poignées d’or volèrent dans le ciel comme autant de Phénix. Il répéta l’opération, de sorte que le meurtre à peine commis fut déjà oublié. L’ex-sénéchal de Ganondorf poussa de sa botte le gros lard effondré sur sa chaise, qui tomba à la renverse se briser quelques vertèbres. Le puits ferait une bonne planque le temps des affaires.
Astre s’assit. Jour de marché… il repéra les autres marchands, quelques paysans mais étrangement beaucoup de vautours qui, voyant le corps mort de leur confrère, voilèrent leur nez crochu, leurs yeux porcins, et filèrent sans demander leur reste. L’Etoile ricana, avant de s’assoir à l’étalage du défunt fils de pute. Il y accrocha, à l’un des piliers de bois, l’étendard du Phénix, reflet de son brassard. « Les Phénix sont généreux » gronda-t-il. « Tout pour un rubis ! » Et il regarda, les jambes affalés sur le comptoir, tous ces crétins se servir et jeter leurs rubis, l’air savamment stupide. « Les Phénix sont généreux », répéta-t-il avec des étincelles dans les yeux.



Sources : Phoenix Knights Consulting Business 2013.


Aurore


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