Le temps confirme l'amitié

[Avec Swanny chérie <3]

[ Hors timeline ]

Cecilia Iole Mentina


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(vide)

Voleurs, mercenaires, filles de joies, voilà ce qu'il se trouvait désormais dans les rues du bourg. La nuit venait de tomber, la place du marché devenait de plus en plus calme jusqu'à devenir déserte. Difficile de croire qu'il y a encore quelques heures, cet endroit était encore plus animé que d'habitude : cela faisait depuis quelques jours qu'il y avait une sorte de tournoi et cela attirait énormément de personnes. C'était un événement assez spécial et très rare mais la récompense avait attiré n'importe quel bon combattant. Pendant ce laps de temps, les hyliens oubliaient les malheurs et se rassemblaient en masse pour observer les différents combats afin de se divertir comme ils le pouvaient.

Cecilia fut tout de même attristée de voir qu'il fallait en arriver là pour calmer les habitants. Rien n'avait vraiment changé depuis son départ, les hyliens vivaient toujours dans la peur de subir une nouvelle attaque des dragmires. Les gerudos n'avaient toujours pas de maisons, la vallée était toujours entre les mains du mal. Cela faisait que depuis quelques semaines voire mois qu'elle était partie, cela lui avait pris sur un coup de tête après les incidents du village Cocorico. Tout ceci lui prenait trop à cœur et elle risquait bien plus que sa vie pour tenter de protéger tout le monde. Ce voyage loin d'Hyrule lui avait tout de même permis d'acquérir des connaissances qu'elle n'avait pas auparavant et qui allaient sûrement lui servir par la suite. Elle savait bien qu'elle n'y arriverait pas seule mais elle ne pouvait pas se manifester pour le moment : tout le monde la croyait disparue et elle tenait à garder ce statut pour le moment. Un jour viendra où elle ferait à nouveau son apparition pour aider la famille royale et tout le peuple d'Hyrule.

Assise sur le toit d'une maison, l'alchimiste observait avec attention les faits et gestes des différents protagonistes se trouvant dans les rues. Même si la place était bien gardée, il y avait toujours des ruelles bien éloignées qui n'étaient pas sécurisées et qui se révélaient être un piège pour n'importe quel habitant s'aventurant par mégarde là-bas. Un cri attira son attention, la danseuse se redressa instantanément, ses yeux fixant la direction dans laquelle ce son provenait. Fronçant les sourcils, elle s'aventura sur les toits tout en se rapprochant de l'origine de ces cris : une jeune femme était plaquée contre un mur, un vieil ivrogne la maintenait pendant que ses deux amis se frottaient les mains à l'idée de profiter d'une jolie plante comme elle. Malheureusement, le tournoi attirait aussi les rapaces qui trouvaient leur bonheur d'une bien autre manière, rares étaient ceux qui tentaient de remettre tout en ordre. Pendant de longues minutes, elle observait la scène, surveillant le moindre débordement de la part de l'un des trois hommes. La jeune femme résistait comme elle pouvait mais la tension montait de plus en plus, la situation n'allait pas se calmer.

Finalement, l'un des deux autres sortit un couteau et commença à la menacer. Décidément, ils étaient prêts à tout pour obtenir ce qu'ils souhaitaient. L'ambrée se mit à soupirer devant tant de stupidité et sortit un châle noir de son sac avant de le placer sur ses cheveux et son visage pour dissimuler son identité. Il était rare de voir la danseuse avec une allure aussi sombre : sa tunique noire était bien moins tape à l’œil que sa garde robe habituelle, ce qui lui permettait de garder son anonymat un peu plus longtemps. Alors que l'ivrogne commençait à dévêtir la jeune femme, le papillon sauta du toit pour atterrir pile sur lui. Premier ennemi assommer sur le coup, il n'y en avait plus que deux à neutraliser. Tout en les regardant, elle prononça quelques paroles à l'attention de sa protégée.


"Filez, je m'occupe d'eux." La peur s'était emparée de la victime, il lui semblait impossible de bouger un petit doigt. L'ambrée prit une grande inspiration avant de hausser le ton. "Allez !"

La jeune femme finit finalement par hocher la tête et commença à fuir, laissant un goût amer aux deux hommes restants. Ils n'allaient pas lui pardonner aussi facilement ce qu'elle venait de faire et elle s'en moquait bien : ce n'était que de simples hyliens, il n'y avait aucun vrai soucis à se faire, du moins pour le moment. Elle avait bien appris une chose, c'est qu'il ne fallait pas sous-estimer facilement ses adversaires car ils pouvaient se montrer rusés. L'homme à la cicatrice observa son ami simplet avant de reposer son regard sur elle, un air énervé affiché sur son visage. Son couteau toujours en main, il le pointa vers Cecilia avant de commencer à cracher.

"T'vas nous le payer sale pute !"

Un sourire s'afficha sur le coin des lèvres de l'ambrée avant que ses yeux se fixent sur lui. Il ne suffisait que de quelques secondes pour que l'homme commence à suffoquer à cause du manque d'air. Simplet s'approcha de lui pour tenter de lui venir en aide mais en vain, son ami perdit conscience sans aucune raison. Les abrutis s'en prenant aux faibles ne méritaient pas de vivre mais Cecilia refusait de leur ôter la vie : ils devaient assumer leurs actes et en subir les conséquences comme n'importe quel hors-la-loi. Maintenant que deux d'entre eux étaient hors d'état de nuire, il ne restait plus que le petit dernier à punir avant d'attirer la garde jusqu'ici.

Simplet n'était pas aussi idiot que ses comparses, même si son physique et son allure présageaient le contraire. Se rendant compte que c'était elle la responsable de tout cela, il fit demi-tour et commença à fuir dans la direction opposée à l'ambrée. Levant les yeux au ciel, elle avança de quelques pas avant de créer un mur de vent à quelques pas du jeune homme avant qu'il ne prenne une distance trop importante. Impossible d'avancer et de fuir, il était totalement à sa merci comme tous ses autres amis. Néanmoins, la jeune femme stoppa sa marche et commença à froncer des sourcils. Il y avait une présence qui venait d’apparaître derrière Simplet et elle. Il semblerait que ces trois énergumènes faisaient partie à la base d'un petit gang et voilà qu'une dizaine d'hommes venait d'arriver dans la même ruelle, l'un d'entre eux tenant dans ses grosses mains sa protégée. L'un d'entre eux, un petit gros, s'approcha de Cecilia avant de parler.


"Cette putain ne racontait pas des salades, j'vais te faire regretter d'avoir ridiculisé mes hommes."

L'alchimiste laissa échapper un petit soupire avant de poser son poing droit sur sa hanche. Ses yeux se posèrent sur le toit de la maison où elle se trouvait tout à l'heure, là où un petit papillon blanc s'était posé avant de lui faire un petit signe de tête. Le compagnon s'envola vers la place du marché, il ne suffirait que de quelques minutes avant que les gardes soient attirés jusqu'ici et qu'ils retrouvent tous les corps inanimés de ces idiots. Ils avaient beau être en surnombre, ce n'était pas cela qui inquiétait l'ambrée. Ils allaient très vite regretter de l'avoir sous-estimée...


Swann

Cygne Noir

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(vide)

    C'était une nuit noire comme la suie.

    Une nuit parfaite pour se faufiler dans les ruelles à l'abris des regards. Swann n'en demandait pas tant, et c'est avec un malin plaisir qu'elle déambulait en plein Bourg une heure après la fin du second combat du Tournoi d'Aegis. Fort en rebondissements et riches en enseignements, elle avait compris que la victoire dans ce tournoi ne s'obtiendrait pas dans la facilité. Déjà, elle avait manqué de sortir au premier tour par manque de prudence. Elle ne se permettrait pas de commettre deux fois la même erreur. Et pourtant, elle avait du mal à concevoir que cet événement puisse rassembler des guerriers aussi talentueux.

    Mais à n'était pas tout à fait la question ; le Cygne s'accordait une promenade pour se vider l'esprit, aussi était-il temps de penser à autre chose. Ses pas la guidèrent jusque dans un quartier reculé du Bourg, lequel avait la réputation d'être peu fréquentable à cause de la nature de ses occupants. Pas de quoi donner des sueurs froides à la lionne, d'autant que les gardes y étaient moins nombreux et étaient moins enclins à y faire régner l'ordre. La dragmire s'amusait à penser qu'elle était dans la capitale même d'Hyrule et que la princesse se trouvait non loin d'elle sans qu'elle ne puisse le savoir. Ce n'était pas l'envie qui manquait pour refaire un tour dans le Castel et lui passer le « Bonsoir », mais elle souhaitait aussi ne pas finir dans le même état que la fois où elle s'y était risquée.

    Des bruits inhabituels parvinrent à ses oreilles lorsqu'elle s'engagea dans une nouvelle ruelle. Intriguée, elle s'y dirigea ; sans le voir, elle pouvait y deviner une lutte entre plusieurs personnes, notamment une femme à en entendre les cris et les gémissements. La lionne repéra le sombre endroit où la scène se déroulait et l'observa en silence sans se dévoiler. Son intention n'était pas d'intervenir. Elle ne se sentait pas une âme justicière et vengeresse en cette nuit, et il valait mieux pour elle se préserver en vue de son prochain combat. Une silhouette surgit d'ailleurs bien avant qu'elle ne puisse esquisser le moindre geste.

    Ses courbes la trahirent comme étant une femme mais il était impossible pour le Cygne de discerner son visage, d'abord à cause de la pénombre et ensuite à cause du tissu qui le lui couvrait. On aurait d'abord pu croire à une femme délicate et fragile aux premiers abord, mais elle était d'une redoutable implacabilité devant laquelle l'un des brigand tenta de fuir. Mais il n'en eut même pas le temps.
    La lionne grimpa sur le toit d'une maison en un bond et se rapprocha de la scène par les airs ainsi, sans qu'on puisse la remarquer. Mais alors qu'elle pensait le combat terminer, elle observa avec inquiétude une dizaine de louches individus qui se dirigeaient vers cette mystérieuse justicière avec la ferme intention d'en découdre. Et d'après la voix, il s'agissait d'une très vieille connaissance : Kyrin, un chevalier un peu barbare et très imbu de sa personne, qui visiblement se reconvertissait dans le crime à la nuit tombée.

    Si ce colosse n’inquiéterait pas la justicière en temps normal, le fait qu'il soit accompagné de neuf acolytes changeait sensiblement la donne. Si Swann n'était pas vraiment intéressée par le sort de celle qu'elle avait voulu protéger, le sien lui importait ; une femme aussi sombre qui œuvrait dans les bas quartier, ça avait quelque chose d'excitant, et la dragmire décida de se joindre à la partie.

    Deux petites sphères métalliques allèrent cogner le mur à côté des bandits, puis roulèrent jusqu'à leurs pieds avant d'exploser et libéré une fumée opaque. La lionne se jeta dans la fosse, armée de d'un couteau dans chaque main ; elle emmena un homme avec elle dans sa chute, dont elle saisit le crâne et le cogna avec fracas sur les pavés pour le mettre hors d'état de nuire. Dans la foulée, elle en balaya un autre qui tomba contre le mur, avant qu'elle ne le frappe en plein visage avec son poing. En se redressant, elle para le couteau d'un autre homme et brisa la distance qui les séparait en un pas avant de l'endormir d'un bon coup de coude dans la tempe.

    La menace la plus évidente restait Kyrin, et puisque le nuage se dissipait rapidement, l'assassin prit le temps de s'y attaquer. Elle allait frapper dans son dos, mais le chevalier aux noirs ambitions l'avait senti venir et il lui attrapait les poignets. Elle était bloquée ; elle grinça des dents tout en essayant de s'extraire à lui.
    La fumée disparut complètement et son visage put être dévoiler aux yeux de tous. Impassible, l'élégante combattante fixait le chevalier droit dans ses deux iris verts ; celui-ci ne mit pas longtemps pour la reconnaître et son visage se fendit d'un sourire malsain.

    « Voyez-vous ça... la femme-au-félin. » Il eut un rire mauvais. « Si je m'attendais à ça... La soirée devient de plus en plus intéressante. »

    De ses deux énormes mains, l'homme écrasa les poignets de la jeune femme pour la forcer à s'agenouiller. D'abord trop fière pour se laisser dominer, la lionne rompit finalement sous la douleur et laissa cet homme prendre le dessus. Elle cherchait encore un moyen d'échapper à sa prise qu'il fit un signe de tête pour signaler à ses six hommes restants de s'occuper de la seconde, ce qu'ils firent sans sourciller, laissant alors filer la femme qu'ils avaient agresser quelques minutes plus tôt.

    Mais alors que Kyrin pensait avoir prit le dessus sur sa proie du soir, Swann exécuta une acrobatie aussi soudaine qu'inattendue et envoya ses deux pieds en plein dans son visage, ce qui lui fit lâcher prise sur le coup. L'imposant homme en tomba à la renverse et déjà la lionne fondait sur une autre crapule, par derrière. Elle le frappa d'abord au dos, d'un énorme coup de genoux, puis elle le retourna et envoya son poing serré par deux fois en plein visage. Elle le finit avec un coup de pied avec le talon qui finit par l'assommer pour la nuit. Elle se retourna pour voir Kyrin se relever, fou de rage.

    Ce combat pouvait bien devenir épuisant.



Cecilia Iole Mentina


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(vide)

Les hommes commençaient à s’approcher d’elle, l’expression sur leurs visages montrait facilement le fin fond de leur pensée. Chacun devait penser qu’il serait facile de mettre à terre une femme mais tous semblaient oublier que les trois gaillards de tout à l’heure n’avaient pas fait le poids contre elle. Peut-être que le fait qu’ils soient vraiment en surnombre les rassuraient mais s’il savait que ce n’était pas qu’une simple femme qui se trouvait devant eux, les choses se seraient sûrement passées autrement. Quoi qu’il en soit, Cecilia n’allait pas reculer et elle allait s’assurer que ces neufs abrutis comprennent la leçon et surtout leur chef. Avec l’influence grandissante des dragmires, les voleurs et criminels se multipliaient de plus en plus et ceux là en étaient la preuve vivante. Ils auraient pu être beaucoup plus utiles à aider les gardes ou les paysans plutôt que de détrousser et de profiter des plus faibles. L’alchimiste passa sa main gauche derrière son dos et commença à fouiller dans son sac pour agripper une fiole, le premier qui s’approcherait trop près d’elle allait en subir les conséquences.

Un petit bruit la stoppa dans son élan et elle eut juste le temps de regarder le sol pour voir apparaître deux sphères métalliques. Quelque chose lui disait que cela ne présageait rien de bon et avant qu’elle n’ait eu le temps de réagir, elles se mirent à exploser, libérer derrière elle une fumée opaque. Rassurée que ce ne soit pas une bombe ou autre chose de plus destructeur, l’ambrée tenta de repérer la raison de tout ce bordel. Quelqu’un semblait combattre à côté d’elle, était-ce un allié ? En tout cas, les hommes tombaient sur ses coups mais le chef ne semblait pas apeuré. Il réussit à le neutraliser, ce qui surprit la jeune femme qui commença à sortir l’un de ses poignards : elle n’allait tout de même pas le laisser tuer sa mystérieuse aide. Néanmoins, lorsqu’elle put enfin distinguer son visage, l’ambrée se mordit la lèvre inférieure pour se persuader de garder le silence. C’était une femme qui venait de l’aider et ce n’était pas la première fois qu’elle la voyait. Un mélange d’émotions la submergeait, cela faisait depuis un moment qu’elle n’avait pas revu cette femme-au-félin comme il disait et elle ne s’attendait pas à la revoir de ci-tôt.

L’heure n’était pas aux retrouvailles, elle était dans une situation désavantageuse et les six hommes s’approchaient de Cecilia pour se charger d’elle. Mais contre toute attente, la dragmire finit par se libérer de l’étreinte du chevalier et attaqua l’un des hommes avant de le mettre hors d’état de nuire. Profitant du chaos qu’elle venait de créer dans les survivants, l’ambrée se jeta à son tour vers les crapules. Le premier sur son chemin reçut un coup de pied dans sa tempe et tomba lourdement au sol, alertant par la même occasion les quatre derniers qui étaient encerclés par Cecilia et Swann. A peine fut-il retourné que l’une des crapules se prit un coup de coude dans la gorge tandis que son compagnon prit un coup de pied au niveau de son entre-jambe. Il ne restait plus qu’un survivant au final et celui là avait l’air d’être apeuré vu que ses acolytes venaient de mordre la poussière par deux femmes. Ses jambes se mirent à craquer et au final, il tomba dans les pommes. Au moins de cette manière, il ne subirait pas les coups de l’ambrée mais cela n’allait pas lui éviter la prison.

La danseuse s’approcha du cygne et s’arrêta à sa hauteur. La présence de ce chevalier semblait vraiment la perturber, le connaissait-elle ? En tout cas, même après avoir vu tous ses hommes tomber, il n’avait pas l’air de s’inquiéter plus que ça. Avait-il d’autres complices dans les parages ? Même s’il ne s’agissait que de simples voleurs, continuer à combattre pendant plusieurs heures n’était pas envisageable et de toute façon, les gardes n’allaient pas tarder à arriver si tout se passait comme prévu. Il n’y avait qu’un tout petit problème : si tout se déroulait comme ses plans, cela n’arrangerait pas du tout sa sœur qui était après tout une hors-la-loi recherchée par la garde d’Hyrule. Et en parlant du loup, des bruits de pas avaient l’air de se diriger dans leur direction, il ne fallait pas perdre de temps. Alors qu’elle tournait la tête vers le cygne pour lui conseiller de fuir, le chevalier se mit à éclater de rire.


"Vous croyez vraiment que vous m’impressionnez ? J’ai toujours une longueur d’avance."

Les gardes arrivèrent dans la ruelle pile derrière les deux jeunes femmes. Tout s’était passé très vite, bien trop vite à vrai dire. De plus, les paroles du chevalier ne l’avaient pas rassurées, avait-il les gardes à sa botte ? C’est en tout cas quelque chose qui se confirma à peine la question posée.

"Arrêtez-les ! Elles ont tenté de me tuer !"

Cet homme n’avait vraiment aucun scrupule et il n’assumait même pas ce qu’il venait de faire ainsi que son rôle de chef. Un tel comportement était vraiment indigne d’un leader et si elle était seule avec lui dans cette ruelle, elle lui aurait volontiers mis une droite sur chacune de ses tempes. Néanmoins, les gardes semblaient le croire et il y avait de quoi : deux jeunes femmes à l’allure sombre et se trouvant au milieu d’une dizaine d’hommes assommés n’arrangeaient pas les choses. Comprenant que les choses échappaient progressivement à son contrôle, l’ambrée posa sa main droite sur l’épaule de sa compagne d’infortune, sa main gauche se faufilant dans son sac.

"Viens vite, il faut partir d’ici."

Par chance, il y avait plusieurs cartons en bois qui traînaient un peu partout dans la ruelle, ce qui pouvait leur permettre de fuir sur les toits et de semer facilement les gardes étant donné qu’elles étaient toutes les deux assez agiles. Mais avant de quitter les lieux, l’alchimiste voulait laisser un petit souvenir à ce chevalier pour être sûre qu’il ne les oublierait pas. Trop occupé à faire la victime devant les gardes, il n’avait pas vu qu’elle avait agrippé l’un des couteaux de ses comparses avant de lui envoyer dans sa direction. La lame vint se loger dans son épaule droite, ce qui lui arracha un cri. Ce fut également le signal des gardes pour aller à l’assaut de leurs cibles mais instantanément, Cecilia sortit de son sac une fiole qu’elle jeta au sol. L’ambiance devint plus humide, ce qui lui permit d’utiliser sa magie pour créer un mirage et ainsi faire disparaître momentanément les deux femmes des yeux des gardes et du chevalier.

Sans attendre une seule seconde, l’ambrée prit de l’élan et se dirigea vers des caisses à sa gauche afin de rejoindre un balcon puis le toit de la maison. Elle jeta un petit coup d’œil en arrière, espérant que Swann n’allait pas tarder à la rejoindre. Cette forme de magie était assez épuisante lorsqu’elle était utilisée seule, l’usage de la fiole lui permettait d’économiser des forces mais cela restait un sort assez demandeur d’énergie, surtout lorsqu’il fallait l’utiliser sur deux personnes. Heureusement, le cygne noir la suivit de près et vu que les gardes ne pouvaient pas voir la direction dans laquelle elles étaient parties, il serait plus facile de les semer.

Voyant que ses ennemies venaient de s’envoler, le chevalier commença à devenir rouge. Elles venaient de mettre à terre la plupart de ses hommes et en plus de s’être enfuies, elles lui avaient laissé une blessure bien amère. Persuadé qu’elles étaient à proximité, il se mit à hurler de rage.


"Je vous retrouverais bande de salopes, vous ne vous en tirerez pas comme ça !"

L’ambrée leva les yeux vers le ciel lorsqu’elle entendit ça avant de sauter sur le toit de la maison en face d’elle. Il était préférable de prendre de la distance pour être sûre que les gardes ne finissent pas par les retrouver. Une fois bien éloignée, Cecilia stoppa son avancée et se tourna vers Swann. Elle aurait aimé la prendre dans ses bras, lui poser des tas de questions pour connaître la raison pour laquelle elle avait fini par ne plus lui donner de nouvelles. Son regard se dirigea sur toute la taille du cygne afin de s’assurer qu’elle n’avait pas de blessures majeures mais rien, du moins de ce qu’elle voyait. Pour s’assurer que tout allait bien, la jeune femme ne put s’empêcher de lui poser la question.

"Merci pour le coup de main... Tu n’es pas blessée ?"

Elle leva les yeux au ciel et détourna le regard par réflexe. Entre le tutoiement et le fait qu’elle venait de parler normalement, elle venait sûrement de se dévoiler sans le vouloir. De toute façon, il fallait bien qu’elle refasse son apparition un jour ou l’autre mais elle ne pensait pas que ce serait aussi rapide, et surtout devant sa sœur. Après tout, elles s’étaient quittées sur une dispute, Swann avait fini par ne plus donner de nouvelles et Cecilia de même. Elle était loin de s’imaginer que cela serait sur elle qu’elle tomberait en premier mais à vrai dire, cela ne la dérangeait pas plus que ça. Au moins, elle était sûre que la féline était en bonne santé et c’était le principal.


Swann

Cygne Noir

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    Cette voix faillit la faire tressaillir.

    Le ton, l'intonation, l'accent... s'il était une seule voix que la lionne pouvait reconnaître entre mille autres, c'était bien celle de la jolie Mentina. Elle la croyait disparue ; elle avait eu tort. Les sorts de vent et sa silhouette aurait dû lui mettre la puce à l'oreille mais sa tenue était trop inhabituelle pour qu'elle ait pensé une seule seconde à ce que ce soit l'alchimiste qui se cachait derrière. L'envie de fêter leurs retrouvailles ne manquait pas, pourtant la situation ne s'y prêtait guère. Les cliquetis des armures des gardes se faisaient entendre et Kyrin était plus enragé que jamais. Pour les sœurs de feu, la fuite était leur seule option, bien que la dragmire aurait aimé en terminer une bonne fois pour toute avec le chevalier. Il fallait remettre ça à plus tard...

    Cécilia leur donna une excellente possibilité de fuite qu'elles s'empressèrent d'exploiter, abandonnant à leur sort gardes et brigands. Le dernier debout continuait de vociférer des insultes alors que les deux jeunes femmes s'éloignaient de la scène de crime hâtivement. Il aurait été malheureux pour Swann de se faire arrêter alors qu'elle était toujours engagée dans le Tournoi. Elle reconsidéra d'ailleurs son intervention ; elle avait pris de gros risques et elle ne s'en félicitait pas. Si les bandits avaient été plus entraînés et que Kyrin n'avait pas fait preuve d'autant de suffisance, elle aurait pu être blessée. Et aux vues des talentueux guerriers qu'elle allait devoir affronter encore, elle ne pouvait se le permettre.

    Pour autant, il s'agissait de cette femme... alors elle ne pouvait pas regretter de s'être laissée emporter par sa curiosité. Même si leur dernière discussion s'était assez mal terminée, la revoir lui procurait un plaisir intense. Et paradoxalement, elle avait longtemps redouté cet instant. Son cœur s'était trop languis d'elle et ses yeux avaient versé trop de larmes pour que seule la joie ne la domine. Le mélange de ces sensations était bizarre. Et comme d'habitude, elle se sentait complètement vulnérable en sa présence.

    « Je n'ai rien », répondit-elle simplement à la question de son amie.

    La conduite à tenir était difficilement définissable. Lors de leur dernière rencontre, la lionne avait tenté des approches trop intimes pour qu'elles ne laissent pas leurs marques. Elle s'était promise de ne plus commettre les mêmes erreurs ; cela impliquait de prendre relativement ses distances. Et ce n'était pas l'envie qui lui manquait de la serrer dans ses bras pour ne plus jamais lâcher. Mais si elle se risquait à ce genre de comportement, elle pourrait avoir du mal à avoir un contrôle sur ses émotions et ses pulsions. Or, elle ne pouvait plus se le permettre.

    « Tu as l'air en forme. Et tu as le chic pour t'attirer les ennuis, comme d'habitude », sourit-elle en référence à la fois où elle l'avait aidé à fuir la Forteresse.

    Le regard de l'hylienne s'attarda sur les courbes et la tenue très sombre de la gérudo. Le contraste avec son genre habituel était très marqué mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle lui allait parfaitement bien. Cécilia avait toujours eu de bons goûts vestimentaires et cela se confirmait encore une fois. En comparaison, Swann restait toujours avec sa classique chemise noire trop large pour elle et son pantalon aux teintes obscurs. Ni plus, ni moins.

    « Ça te va comme un gant », reprit-elle en pointant du doigt les sombres habits qu'elle portait.


Cecilia Iole Mentina


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(vide)

Sa sœur lui confirma qu'elle n'avait rien et cela rassurait l'alchimiste. Néanmoins, il semblerait que les deux jeunes femmes ne savaient pas trop quoi faire ou quoi dire et il y avait de quoi. Après tout, leur dernière rencontre s'était plus ou moins mal terminée, Cecilia ayant protégée le cygne des soldats qui tentaient de retrouver sa trace. Si les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu, elle aurait pu être qualifiée de traître et tout aurait été bien différent aujourd'hui. Elle avait eu beaucoup de chance ce jour-là mais à quelle prix ? La discussion qui avait suivi avait envenimé les choses et les deux sœurs s'étaient séparées sur un froid. Depuis ce jour, elle n'avait eu aucune nouvelle de sa sœur et elle avait fini par s'éloigner d'Hyrule pendant plusieurs semaines, creusant encore plus ce temps sans lui adresser la parole. La voir et lui parler, comme si rien de tout cela ne s'était passé, la rendaient tout de même nostalgique. Au fond, elle savait bien que les choses avaient changé et que chacune allait garder une certaine méfiance vis-à-vis de l'autre. L'alchimiste regrettait cela mais elle ne pouvait rien y faire, il fallait tout de même qu'elle suive le bon chemin pour atteindre son but et un jour ou l'autre, elle savait bien que sa sœur allait lui barrer la route.

L'intervention de la lionne lui fit retirer très vite cette idée de la tête. Même si elles n'étaient pas dans le même camp, elles continuaient de s'entraider même si cela impliquait de trahir son propre camp. Swann l'avait fait lors de cette nuit où les dragmires s'étaient emparés de la forteresse Gerudo et Cecilia en dissimulant sa présence dans la plaine d'Hyrule face aux soldats. Au final, elles étaient plus ou moins quittes mais est-ce que ce lien et cette complicité allaient durer au fur et à mesure que la guerre évolue ? Elle n'en avait aucune idée. Enfin, il fallait qu'elle arrête de penser à n'importe quel malheur, il était préférable de penser au moment présent et de profiter de ces retrouvailles. L'ambrée ne put s'empêcher de sourire derrière son "masque" lorsque le cygne la complimenta sur ses vêtements. Elle posa ses mains sur ses hanches et pencha légèrement la tête sur le côté droit tout en la fixant du regard.


"Je sais que je mets rarement des vêtements aussi foncés mais c'est une bonne manière de passer inaperçu parmi la foule."

Elle la regarda pendant plusieurs secondes, le temps qu'il fallait pour que ses mains finissent par remonter vers son visage pour retirer ce châle qui lui cachait le visage depuis plusieurs minutes. Lorsqu'elle sentit enfin le vent caresser ses joues, l'alchimiste ferma les yeux pendant un bref instant. Le vent... l'un de ses précieux alliés et amis, un être indomptable ou du moins c'est ce qu'elle croyait. Rouvrant doucement les yeux, elle posa son regard sur Swann et commença à hausser les épaules avant d'afficher un sourire malicieux.

"Mais je ne compte pas m'habiller comme ça tous les jours, du moins tant que je serais considérée comme disparue voire morte."

Cecilia baissa le regard pour observer le châle qu'elle venait de retirer, et plus particulièrement ses mains. Brièvement, elle avait l'impression d'être à nouveau dans cette pièce dans la forteresse gerudo, revoyant à nouveau cette main ensanglantée s'approcher d'elle pour changer l'issue de la soirée. Cette femme aux cheveux blancs avait l'air bien inoffensive au début mais elle était capable de retourner la magie contre ses utilisateurs, une adversaire bien redoutable qui était du même côté que sa sœur. Était-elle responsable de ces ténèbres qui avaient commencé à envahir le cœur du cygne ? Elle en doutait mais elle devait bien y être pour quelque chose. Quelque chose lui disait qu'elle ne trouverait jamais l'origine de tout cela et ressasser le passé ne l'aiderait pas du tout.

La jeune femme finit par secouer la tête pour reprendre ses esprits et reposa ses yeux sur la jeune femme. Au final, malgré toutes ces semaines hors de la contrée, elle n'avait pas changé d'un poil, du moins physiquement. Elle sentait bien le malaise qui l'habitait, le même que celui qui habitait l'ambrée mais elle voulait apaiser cette tension du mieux qu'elle pouvait. Elle commença à s'approcher doucement  de la féline, plaçant ses pieds l’un devant l’autre, sans la quitter du regard.


"En tout cas, sache que tu m'as manqué Swann." Elle s'arrêta à quelques pas de sa sœur et croisa les bras avant de continuer. "Et je tiens à m'excuser pour mon attitude la dernière fois. Nous avons chacune pris parti dans un camp différent et nous prenons toutes les deux des risques en aidant l'autre, toi avec l'élu de Din et moi avec celle de Nayru."

Elle préférait mettre directement les choses au clair histoire de faire descendre la pression qui était sur les épaules des deux jeunes femmes. Au moins, tout était dit et elles n’avaient pas à revenir sur ce point douloureux, même si Cecilia commençait à s’inquiéter de plus en plus. Son sourire s’effaça progressivement et elle prit un ton bien plus calme.

"Au moins, cela prouve que cette guerre n'a toujours pas détruit ce lien qui nous unit. J'espère que cela va durer, même si je l'avoue, je commence à avoir de plus en plus peur de l'avenir..."

Elle posa ses mains sur ses avant-bras et détourna le regard vers l’horizon. Leur relation avait tenu jusqu’ici et c’était un miracle. Mais elle savait bien que cela allait changer un jour ou l’autre, impossible de savoir quand.


Swann

Cygne Noir

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(vide)

    Que redoutait-elle pour prendre tant de distance avec cette femme ?

    La lionne ne parvenait pas à s'expliquer pourquoi elle avait une méfiance toute particulière à l'égard de Cécilia. Le manque de nouvelles, et leur dernière discussion avait fragilisé leur relation ; une part d'elle semblait croire que la gérudo s'était suffisamment éloignée pour se résoudre à lui faire du mal si la situation l'exigeait. Ce n'était qu'un doute, minuscule et plongé dans un océan de certitudes, mais il suffisait à tout chambouler. Elle se plaisait à croire que cela n'aurait pas d'influence sur elle et pourtant la jeune Mentina lui semblait bien inaccessible. Quelle méfiance ! A croire que la danseuse était la peste incarnée, voir pire ! Et malgré que le traitement qu'elle lui infligeait pouvait la déstabiliser, voir la blesser, Swann ne voyait pas d'autres moyens pour s'éviter de nouvelles peines.

    « Je sais que je mets rarement des vêtements aussi foncés mais c'est une bonne manière de passer inaperçu parmi la foule », lui confia Cécilia dans un sourire sincère, avant d'enlever le châle qui dissimulait son visage.

    Son cœur manqua un battement ; doucement, son regard s'esquiva pour se perdre sur les toits du Bourg. Du mieux qu'elle le pouvait, elle restait stoïque, sans pour autant paraître froide. Elle passa les mains derrière son cou et le massa délicatement, ce qui trahit le malaise qui l'habitait. Refouler ses sentiments n'avaient rien de difficile et en soi elle y parvenait bien. Quelques mauvaises pensées suffisaient, ainsi que du bon sens : non seulement ses ennemis sauraient profiter de cette relation interdite, mais également certains alliés qui souhaiteraient la discréditer. Or, les événements tournaient tellement bien en sa faveur ces derniers temps qu'il lui était proprement interdit d'ajouter plus de faiblesses qu'elle n'en avait déjà. Une de plus, c'était une de trop.

    « Mais je ne compte pas m'habiller comme ça tous les jours, du moins tant que je serais considérée comme disparue voire morte », reprit sa sœur malicieusement.
    « J'imagine. »

    D'un autre côté, comment lui était-il possible de ne rien ressentir à son égard ? Au delà de ses sentiments, il y avait une complicité sans égale dans tous le royaume qui unissait les deux sœurs de feu. Comment aurait-on pu expliquer leur entraide constante malgré les camps et les idées qui les opposaient dans le cas contraire ? Swann avait aussi admis vouloir ressembler à son amie lorsqu'elle avait craqué totalement à la Rivière Zora. Effectivement, au delà de ses idéaux bien trop optimistes du point de vue de la sombre dragmire, Cécilia avait un naturel qu'elle lui enviait complètement. Toujours prête à aider son prochain sans rien demander en retour, une noblesse d'âme comme peu en avait. La lionne était consciente de ne pas avoir un quart de son honneur, mais elle se complaisait dans son attitude malhonnête de tueuse sans scrupule. Néanmoins... il ne lui serait pas impossible d'être meilleure. Mais à quoi bon finalement ?

    « En tout cas, sache que tu m'as manqué Swann. »

    Le Cygne Noir reposa son regard implacable sur l'alchimiste, touchée par les mots qu'elle venait d'employer. Ils lui faisaient du bien, quelque part. Mais que diable Cécilia voyait chez elle pour lui donner tant d'importance, alors que dans le même temps elle détestait chaque dragmire farouchement ? Elle était comme ses frères et sœurs, au fond. Ils poursuivaient le même objectif. Alors qu'avait-elle de plus qu'eux ? L'idée que Cécilia cherche à la faire renoncer à sa quête lui traversa l'esprit. Peut-être même espérait-elle qu'elle change de camp ! Un amusant et maigre espoir aux yeux de l'assassin : elle était trop loyale pour virer de bord aussi soudainement.

    Une pensée toute aussi amusante que celle qui faisait croire à sa sœur qu'elle risquait quelque chose à lui venir en aide. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait tâter la frontière entre la vie et la mort, tout comme elle ne quantifiait plus la fierté que son roi portait à son égard. Elle pouvait presque tout se permettre. Et puis... quand bien même il se retournerait contre elle, elle restait Swann, le puissant Cygne Noir. Sans utiliser sa sœur de feu pour l'atteindre, elle s'estimait comme inarrêtable. Seule la Mort pouvait la vaincre, et elle avait prouvé maintes fois qu'elle savait y échapper.
    Elle laissa échapper un petit gloussement.

    « Je ne risque pas grand chose à te venir en aide », sourit-elle avec une assurance non dissimulée.
    « Au moins, cela prouve que cette guerre n'a toujours pas détruit ce lien qui nous unit. J'espère que cela va durer, même si je l'avoue, je commence à avoir de plus en plus peur de l'avenir... »

    La dragmire ne partageait pas cette peur et s'en étonnait presque, alors que son sourire avait disparu et que ses yeux vairons repartaient contempler les lumières de la nuit. Le spectacle était toujours saisissant à cette heure tardive ; outre les feux dans les chaumières qui donnaient un certain charme au Bourg, il y avait les étoiles brillantes de mille feux qui parsemaient le ciel noir. Les nuages s'étaient petit à petit dégagés pour offrir cette vue magnifique dont Swann profitait avec plaisir. Ses pensées, réparties entre sa mère et son frère, filaient comme des comètes dans son esprit. Kelya était-elle là-haut, dans les cieux ? Les souvenirs de la sombre fille de Ganondorf étaient trop embrumée pour qu'elle ne sache si le ciel était voilé le jour de sa mort.
    Cet instant nostalgique la calma et effaça ses doutes. Elle était heureuse que Cécilia se tienne à ses côtés cette nuit-là ; et pour le coup, la surprise de telles retrouvailles l'amusait.

    « Tu es trop négative. Pour l'instant, nous sommes toujours amies. Contentons-nous de ça et évitons de nous projeter dans le futur... il est encore trop flou et plein d'incertitudes », dit sobrement la lionne pour relaxer son amie.

    Elle avait déjà fait le tour de toutes les possibilités ; le statut quo, la victoire comme la défaite. Elle avait déjà craint plusieurs fois que son entente avec la gérudo ne se dégrade, et elle en gardait toujours quelques craintes mais c'était la dernière des choses dont elle voulait discuter en cette nuit-là. Avec les années, Swann avait acquis assez d'expérience pour savoir mettre de côté certaines question sur l'avenir pour mieux profiter de l'instant présent. Cécilia était encore bien jeune et peut-être était-ce normal que ses doutes ne la rongent intérieurement.

    Le Cygne Noir leva les yeux au ciel et l'observa comme si elle y cherchait quelque chose. Peut-être y cherchait-elle sa place ? Après tout, c'était bien là-haut qu'elle aspirait à être une fois que son rôle prendrait fin. Sa voix s'éleva, toujours sereine :

    « Tu crois en les trois déesses, toi ? Au destin et à toutes ces foutaises ? »

    Le sombre assassin n'avait jamais cru en la parole de ces divinités ; elle se souvenait d'ailleurs d'une longue discussion avec le Seigneur du Malin à ce propos. Pour le coup, l'avis de Cécilia l'intéressait, plus par curiosité qu'autre chose. Et elle n'avait pas envie de débattre avec la jeune femme à propos des dragmires, de la royauté et du reste. C'était des choses sur lesquelles elles ne seraient jamais d'accord et propices aux disputes plus qu'autre chose.

    « Tu vois ces étoiles ? On m'a appris que c'était les âmes de nos ancêtres, et que la lueur qu'elles dégagent dépendent de leur grandeur d’antan », se souvînt-elle, après quoi elle laissa échapper un ricanement sarcastique. « Les religieux racontent vraiment n'importe quoi, j'te jure... et pourtant j'ai quand même l'espoir de finir là-haut quand tout sera fini. »

    Son sourire amusé s'effaça rapidement et son visage s'assombrit. Une personne aussi sournoise et meurtrière qu'elle y avait-elle sa place, ou son âme allait-être être abandonnée aux ténèbres et à leurs serviteurs ?

    « C'est ma plus grande peur », reprit-elle, insistante.

    Ses yeux allèrent replonger dans ceux de sa sœur. De nouveau, elle n'hésitait pas à partager ses craintes, quand bien même Cécilia pouvait se moquer de ses croyances. Mais la gérudo était sa plus proche amie et il était parfois important de se délester de certains fardeaux que l'on pouvait traîner derrière soi. En Hyrule, personne n'avait cette complicité avec la dragmire ; à part peut-être le Seigneur Ganondorf, dont elle se surprenait à être de plus en plus proche au fil des mois. Et c'était probablement de lui dont elle devait protéger son amitié avec l'alchimiste, paradoxalement. Il pouvait la voir comme une chaîne qui empêchait le Cygne de prendre pleinement son envol. De tout cela, il ne fallait pas que le gérudo en prenne conscience.

    « Crois-tu que je mérite les grâces des astres ? Penses-tu qu'il existe en moi quelque chose qui mérite de briller là-haut ? » S'enquit-elle, étrangement craintive, auprès de sa sœur.


Cecilia Iole Mentina


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Trop négative ? Le début de la phrase de Swann fit sourire Cecilia. N'était-ce pas elle qui était dans cet état auparavant ? L'ambrée n'avait toujours pas oublié cette journée noire au cimetière où sa sœur était au plus bas. Pour elle, c'était à ce moment-là où elle aurait du être la plus présente car c'était après cette rencontre que Swann avait commis l'irréparable en s'attaquant à la princesse. Elle aurait pu éviter toutes ces peurs et ces malaises qui ne cessaient pas de s'installer entre les sœurs de feu. Dans n'importe quel cas, le futur ne serait pas propice à l'une ou à l'autre : il y aurait toujours une perdante et qui ne serait sûrement plus en vie. Au final, peut-être que la lionne avait raison, il était préférable de ne pas penser au futur et de tout faire pour qu'il soit le plus brillant possible, quitte à se retourner contre la famille de sa sœur. Qui sait, peut-être qu'une fois que tout serait fini, elle réaliserait enfin que suivre le gerudo n'était pas une bonne idée...

Vint ensuite la question des croyances. L'ambrée était assez surprise que sa sœur se confie autant sur ses doutes et ses peurs, comme quoi elle restait au fond une femme comme toutes les autres, ayant des faiblesses. Le fait d'être avec les dragmires n'avait donc pas totalement obscurci son coeur, cela rassurait partiellement l'alchimiste. Au final, qu'est-ce qu'il y avait après la mort ? C'était une question que beaucoup de personnes se posaient et pourtant, personne n'en avait la réponse. Tout simplement parce que personne n'était revenu d'entre les morts pour raconter ce qu'il y avait dans l'au-delà. Est-ce que tous les morts devenaient des étoiles comme Swann l'affirmait, est-ce qu'il était là-haut lui aussi ? La danseuse se mit à sourire et elle regarda le ciel.


"A vrai dire, je n'ai jamais cru à ce genre de choses. J'ai tellement prié par le passé sans avoir de réponses que j'ai perdu toute foi. Qui sait, peut-être que chaque personne se transforme en étoile pour continuer de veiller sur ses proches." Elle ferma les yeux et prit une grande inspiration avant de continuer. "Les morts ne peuvent pas revenir à la vie, et s'ils le sont contre leur volonté, ils perdent généralement le souvenir de leur mort. Du moins c'est ce que je pense."

Rouvrant lentement les yeux, l'ambrée regarda les étoiles une à une tout en se demandant si tous ceux qui étaient tombés dans cette course poursuite pour la triforce étaient dans ce ciel étoilé. Si c'était le cas, ils devaient tellement s'inquiéter pour un rien en voyant la proportion que les événements avaient pris. Et que dire de tous les ancêtres qui devaient se morfondre dans leurs tombes en voyant ce que leurs petits enfants ou autre étaient devenus. Sur cette pensée, Cecilia ne put s’empêcher de sourire et elle plaça sa main droite devant ses lèvres pour tenter de dissimuler son petit rire, main gauche posée sur sa hanche droite. Une fois son calme reprit, elle pencha à nouveau sa tête vers la droite et plongea son regard dans celui de l’assassin.

"Mais je pense tout de même que ceux qui sont partis avec des regrets peuvent se réincarner en n'importe quoi. Simple objet, force de la nature ou même du plus grand au plus petit animal."

Sur ces mots, Cecilia leva sa main droite tout en continuant de fixer Swann du regard. Au bout de quelques secondes, un petit papillon blanc  s’approcha de l’ambrée et vint se poser sur son index droit. Délicatement, elle rapprocha le petit être de son visage avant de continuer.

"Chaque personne a sa propre vision de la mort et de ce qu'il y a après. Mais pour être honnête, je pense que nous sommes tous très loin de la vérité."

Elle leva la main vers le ciel puis le papillon s’envola dans le ciel étoilé. Il avait beau être un simple insecte, l’ambrée était convaincue qu’il y avait quelque chose de caché en lui. C’était d’ailleurs ce que son amie lui avait dit en lui confiant son compagnon de toujours pour qu’il protège Cecilia. Au début, elle ne croyait pas à ce genre de choses mais le temps lui avait montré qu’elle avait eu tort et que la vie réservait au final bien des surprises.

L’alchimiste suivit du regard le papillon voler jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision avant de reposer à nouveau son regard sur la lionne. Pendant plusieurs secondes, elle l’observait sans dire un seul mot, mesurant les mots qu’elle s’apprêtait à utiliser. Le lien qui les unissait était fort et ce n’était pas une simple dispute qui allait le rompre, mais elle préférait tout de même faire attention. Chaque embrouille laissait un goût amer chez elle et sûrement chez sa sœur également.


"Mais il y a une chose dont je suis sûre... Même si tu as pris le parti du roi des gerudos, je reste persuadée qu’il y a encore du bon en toi et qu’il y a une place qui t’es réservée dans ce vaste ciel étoilé."

Elle s’approcha doucement de Swann, un sourire aux lèvres. Même si ce n’était que des paroles en l’air, elle espérait tout de même que cela l’ait plus ou moins rassurée. Après tout, beaucoup de personnes étaient effrayées par l’inconnu et comme la mort en faisait partie, c’était une chose que beaucoup de personnes craignaient. Une fois face à face, elle s’amusa à poser son index droit sur le nez de sa sœur , franchissant la première cette distance qui les séparait depuis tout à l’heure.

"J'espère par contre que ce sera le plus tard possible, je ne suis pas du tout prête à faire les funérailles de ma sœur de feu, ou qu'elle fasse les miennes."

Elle lui fit un clin d’œil avant de tirer la langue puis elle recula de quelques pas. Un petit demi-tour sur elle-même puis l’ambrée commença à marcher dans la direction inverse de la lionne avant de s’arrêter presque aussitôt, instaurant à nouveau quelques pas entre les deux sœurs. Pour le moment, il était tout de même préférable de ne pas brûler les étapes, même si c’était ce qu’elle venait de faire. Enfin, il était temps de changer de sujet et d’en savoir des choses un peu plus sérieuses sur le cygne…

"A part ça, que fait la belle lionne comme toi dans les rues du bourg ? Ne crains-tu pas que les gardes royaux te retrouvent et tentent de t'arrêter ou tuer ?"

Car après tout, elle ne s'attendait pas à la revoir de ci-tôt et surtout dans un tel endroit. Le bourg était sûrement la place où il y avait le plus de soldats et gardes qui grouillaient dans chaque recoin, bons comme mauvais. Elle espérait seulement que le cygne allait lui donner une réponse valable et qu'elle n'était surtout pas en reconnaissance dans le coin... Ce qui signifierait que le gerudo pouvait s'apprêter à n'importe quel moment de lancer un assaut sur le château. Qui sait, peut-être qu'elle se faisait simplement des idées mais elle comptait sur l'assassin pour dissiper ses doutes et ses peurs.


Swann

Cygne Noir

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(vide)

    Swann leva les yeux au ciel.

    Agacée, elle soupira doucement et détourna son regard sur les toits d'Hyrule. Que Cécilia ne croyait en aucune divinité, elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur - et puis, elle semblait croire en d'autres choses toutes aussi farfelues que les déesses et les astres. Mais mêler encore une fois son appartenance aux Dragmires à cette discussion était franchement lassant. « Même si tu as pris le parti du roi gérudo... », qu'est-ce que cela voulait dire ? Qu'à partir de l'instant où elle avait rejoint le Seigneur du Malin, elle était devenue mauvaise ? Que tous ceux portant sa bannière l'étaient tout autant ? La lionne n'avait pas eu besoin de lui pour qu'Hyrule et sa princesse aient peur d'elle. Son sombre passé parlait suffisamment pour elle et la question était surtout de savoir si les astres accepteraient parmi eux une meurtrière.

    Elle préféra ne pas rétorquer quoique ce soit ; c'était inutile et elle le savait bien. Le bien et le mal étaient des notions vagues pour elle et pourtant incroyablement claires pour sa sœur de feu. Ainsi se contenta-t-elle de garder le silence en tentant de penser à autres choses, sans prendre le temps de satisfaire la bonne humeur de son amie. Égoïste ? Probablement. Mais il valait mieux ça que de débattre de ça encore une fois. Finalement, elle ne lui en tînt même pas rigueur puisqu'elle venait de s'approcher pour tirer Swann de ses pensées en posant son index sur le bout de son nez. La dragmire s'étonna de ce geste... inhabituel, tandis que Cécilia semblait continuer d'essayer de la rassurer.

    « J'espère par contre que ce sera le plus tard possible, je ne suis pas du tout prête à faire les funérailles de ma sœur de feu, ou qu'elle fasse les miennes. »
    « On est d'accord », souffla le Cygne Noir avec un petit rictus sur le coin de la lèvre.

    Si la lionne ne lisait pas dans les pensées, celles de son amie n'était pas pour le moins inaccessible. Elle semblait un peu forcer pour rompre la barrière qui s'installait entre elles deux. La dragmire baissa le regard ; la barrière, en réalité, était là depuis cette nuit de tempête glacée où elle avait attenté à la vie de la souveraine. Elle s'était amusé à ne pas la remarquer, à l'ignorer, à la contourner. Il était fort probable que Cécilia en avait fait de même également. Mais la guerre gagnait en tension et en horreur. Et il était temps de mettre un frein à certains petits plaisir qu'offrait la vie.

    Et puis quoi encore ?

    Si Swann avait été une personne raisonnable, ça se saurait depuis le temps. La seule raison qui la poussait à ne pas franchir cette barrière sentimentale pour le moment était principalement qu'elle voulait s'éviter de souffrir à nouveau. Probablement allait-il falloir attendre de se trouver un bel étalon pour combler son manque affectif avant de pouvoir effacer définitivement ses craintes. Et elle n'était pas forcément pressée : il y avait tant à faire pour le Trône qu'elle ne pouvait que se concentrer là-dessus.

    « A part ça, que fait la belle lionne comme toi dans les rues du bourg ? Ne crains-tu pas que les gardes royaux te retrouvent et tentent de t'arrêter ou tuer ? »
    « Qu'ils essaient seulement », gloussa-t-elle en déportant de nouveau son regard sur le Bourg. « Regarde autours de toi. »

    Le Cygne Noir n'était pas qu'un surnom qu'elle se donnait pour le genre. C'était les brigands, les truands, les voleurs et les personnes les plus malhonnêtes d'Hyrule qui l'avaient qualifié ainsi, et au fil des années, elle était devenue une des figures de proues du monde de l'ombre. Et s'il existait bien un endroit où tous ces hors-la-loi se réunissaient, il se trouvait étrangement en plein Bourg, dans les quartiers les plus pauvres et les plus éloignés du centre. Ceux-là même où Swann et Cécilia se trouvaient.

    La racaille grouillait à chaque coin de rue dans cet endroit où peu de gardes osaient vraiment s'aventurer. C'était un sombre lieu, appauvris et délaissé ; un lieu idéal pour se cacher. Avec le Tournoi d'Aegis, davantage de mauvaises gens s'étaient amassées dans ces ruelles étroites, ce qui était encore plus profitable à la dragmire. Elle ne risquait absolument rien par ici, si ce n'était de se faire poignarder dans le dos. Mais c'était le lot de tout à chacun dans le quartier...

    « Je suis ici pour le Tournoi. Peut-être en as-tu déjà entendu parler ? Fit la dragmire. Elle tourna la tête en direction de son amie. « J'étais bien tenue de participer à un événement pareil, pour ce que je représente pour eux. Ils ont besoin de quelqu'un comme moi », conclut-elle avec assurance.

    Ce quartier était abandonné de tous. Les gens n'y étaient plus pris en considération, pour beaucoup il ne s'agissait que d'un endroit pauvre et sans intérêt, un poids inutile et encombrant. Et la lionne était convaincu que si elle arrivait à faire preuve d'assez d'audace et qu'elle parvenait à les impressionner, ils pourraient la suivre. Dire qu'elle en avait besoin pour les ranger du côté du Trône était un raccourci facile à prendre. De son point de vue, elle souhaitait surtout et avant toute chose apporté un peu d'espoir pour ces gens là ; qu'ils soient bons ou mauvais, ils souffraient tous pareils de la guerre. Certains en profitaient certainement plus que d'autres... mais le Cygne Noir n'en avait cure.

    Elle n'avait qu'une ambition : les mener. Pour le Trône, certainement, mais aussi pour elle et pour satisfaire son ambition débordante.


Cecilia Iole Mentina


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(vide)

Swann semblait sûre d'elle, persuadée que les gardes n'arriveraient jamais à l'attraper. En y repensant, ce n'était pas en pleine nuit qu'ils allaient s'amuser à ratisser chaque rue du bourg à la recherche de voleurs ou autre. Au final, elle avait beaucoup d'alliés dans cette partie du bourg et les soldats savaient pertinemment qu'ils allaient à la rencontre de la mort en s'aventurant dans le coin en pleine nuit. Cecilia ferma les yeux et secoua légèrement la tête de gauche à droite tout en remarquant la stupidité de sa question. Après tout, cela faisait depuis des semaines voire des mois que sa sœur fuyait les soldats et ils n'avaient jamais réussi à la retrouver. Était-ce bien ou non ? Si elle était enfermée, elle ne se ferait plus manipuler par cet homme... Mais elle serait sûrement condamnée à mort après tout ce qu'elle avait accompli à son service. Le point de non retour avait déjà été atteint, elle en avait bien peur...

L'ambrée put enfin savoir pour quelles raisons sa sœur était au bourg. Apprendre comme ça qu'elle participait à ce fameux tournoi ne la rassurait pas vraiment. Bien sûr, il n'y avait que des blessés et il était formellement interdit de tuer son adversaire mais elle était la mieux placée pour savoir qu'un incident pouvait vite arriver. L'alchimiste finit par hausser les épaules avant de plonger son regard dans le sien.


"J'en ai entendu parler." Elle finit par croiser les bras avant de détourner le regard. "Après, tenter de divertir les hyliens avec des combats alors que la guerre est à nos portes... Je ne te cache pas que je trouve que c'est une idée de mauvais goût."

Elle laissa échapper un faible sourire avant de détourner les yeux. Son point de vue était bien différent de celui de Swann et elle avait l'impression qu'elle marchait à nouveau sur une corde raide. Au final, elles ne parlaient que de ce tournoi, de cette guerre ou autre, il n'y avait aucun sujet personnel qui sortaient de leur bouche. Même si elle avait tenté de faire le premier pas en tentant de balayer cette barrière invisible qui les séparaient, Cecilia n'avait pas l'impression que cela ait changé grand chose. Cette impression était bizarre mais elle avait l'impression que même si sa sœur était physiquement à côté d'elle, elle était bien loin d'elle, comme si un fossé les séparait.

Quelque chose vint frôler sa joue droite. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de détourner le regard, le papillon s'envola de nouveau dans la nuit étoilé. L'ambrée commença à froncer les sourcils avant de regarder vers la droite, direction que lui avait indiqué son compagnon. Il avait l'air d'y avoir du mouvement au loin sur les toits, chose qui ne la rassurait pas vraiment. Elle tourna la tête à nouveau vers Swann tout en guettant le moindre mouvement suspect. Une ombre s'approchait, puis encore une autre, elles allaient toutes dans leur direction et cela n'avait rien de rassurant.


"Je te propose de continuer cette conversation plus tard." Ses deux mains vinrent se faufiler derrière son dos afin d'empoigner les manches de ses dagues. "Ils nous ont retrouvé."

La jeune femme s'était pourtant assurée que leurs ennemis ne pouvaient pas savoir dans quelle direction elles s'étaient enfuies mais il fallait croire qu'elle les avait bien sous-estimés. Il devait sûrement y avoir un assassin ou mage dans le lot pour qu'ils aient pu les retrouver aussi facilement. L'erreur qu'elle avait fait était de rester trop près de leur lieu de fuite, elle aurait du amener Swann le plus loin possible de cet endroit avant de commencer à lui parler. Enfin, elle ne pouvait plus revenir en arrière et elle ne pouvait pas se permettre de combattre ici en compagnie de sa sœur, surtout depuis qu'elle savait ce qu'elle comptait faire à Hyrule. C'était au moins une chose qu'elle pouvait faire pour elle après toutes ces erreurs qu'elle avait fait.

"Il semblerait qu'il y en a un qui n'a pas supporté mon petit cadeau d'adieu... Tu peux toujours partir, je peux m'occuper d'eux" Elle tourna la tête vers sa sœur avant de faire un sourire sincère. "Après tout... Il ne faut pas que tu sois blessée si tu veux gagner le tournoi n'est-ce pas ? Il faut que tu sois donc en forme."

Et sur ces mots, Cecilia commença à s'avancer doucement vers toutes ces ombres qui s'approchaient des deux jeunes femmes. Être blessée dans la bataille l'importait guère, elle savait de toute façon qu'elle s'en sortirait s'en problème si les choses venaient à dégénérer grâce à sa magie.


Swann

Cygne Noir

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    Une bourrasque froide gifla la lionne.

    Le vent était dorénavant très frais la nuit ; Swann en eut un frisson et ses mains allèrent chacune chercher l'avant-bras opposé pour la réchauffer brièvement, tandis que son regard se plongea dans celui de la jeune Mentina. Combien de temps lui restait-il encore pour le contempler ? Pour peu de savoir lire dans les yeux, on pouvait deviner dans ceux de la jeune femme le manque d'espoir et le flou qui régnait dans son esprit. Les lèvres de son amie manquèrent de se délier pour laisser échapper une pensée, un mot ou quoique ce soit qui fut capable de lui apporter un peu de réconfort. Mais elle se ravisa quand elle comprit que ses mots n'auraient plus le même poids ni la même force de persuasion auprès de Cécilia. Elle en fut blessée. Mais pas indignée. Et rien dans ses gestes - à part éventuellement ses yeux un brins mélancoliques - ne trahirent le doux tourment qui la prenait.

    C'était davantage un sentiment de déception qui dominait le reste, bien qu'il soit relié à la fatalité de la chose. Après tout, Swann faisait partie du Clan Dragmire depuis de longs mois, au contraire de Cécilia qui continuait de défendre les principes et les valeurs de la Couronne. Comment en aurait-il pu être autrement ? Il était dans l'ordre des choses que la gérudo vienne un jour à ne plus croire en tous les mots de l'hylienne, quelque soit la sincérité de ceux-ci. Et elle le savait ; elle l'avait toujours su au plus profond d'elle même. Pourtant, elle ne l'avait toujours ni dénoncé, ni tenté de l'arrêter. Il fallait croire que le lien n'était pas encore complètement rompu, à fortiori. Et probablement que, même en cas de cassure, elle laisserait un souvenir impérissable dans l'esprit de la danseuse. Elle l'avait dis elle-même : elle croyait en sa bonté intérieure.

    La lionne poussait un long soupire et tirait ses cheveux en arrière, l'air de rien, lorsqu'elle remarqua l'approche de mystérieuses silhouettes dans leur direction. Armés, il ne s'agissait probablement d'un comité de réception très amical. Ses yeux se plissèrent, mauvais. « Saloperies », siffla-t-elle avec dégoût. Elle aurait voulu rester aux côté de son amie mais il lui semblait évident que jouer à la plus maligne une deuxième fois consécutive lors de la même nuit ne lui apporterait que des préjudices. Si seulement elle n'avait pas eu tant besoin de ce tournoi, elle aurait pu... rah ! Rageuse, elle se tourna et porta la main dans son dos, empoignant le manche d'un couteau.

    Elle se détendit nettement à ce qui lui fit remarquer Cécilia avec un franc sourire. Déjà l'alchimiste s'avançait seule au devant du danger que le Cygne Noir finissait d'assimiler ses mots. Bon sang, mais quelle étourdie ! Elle ne pouvait décemment pas laisser son amie combattre à sa place un ennemi qui saurait lui en faire voir de toutes les couleurs. Et pour peu qu'elle connaissait leur chef, elles seraient à dominantes de rouge sous la lueur blanche des étoiles.
    En fait, Swann était plus piquée dans sa fierté qu'autre chose ; comment pourrait-elle se blesser face à ces truands de bas étages ? Et quand même cela pourrait arriver, en aucun cas cela ne l'empêcherait de remporter le tournoi. La gérudo avait une fâcheuse tendance à vouloir en faire plus que ce qu'elle devait ; et si un temps l'idée de fuir avec elle avait trotté dans l'esprit de Swann, il était dorénavant clair que ça allait être elle qui permettrait à son amie d'éviter le danger. Les sourcils froncés, elle se saisit de la frêle épaule de la danseuse, sur laquelle elle tira pour la retourner vers elle prestement. Elle la fixa d'un air dur.

    « Et pourquoi penses-tu y arriver mieux que moi, au juste ? Je peux m'en occuper toute seule. Et je me fiche du tournoi ! » Elle-même n'arrivait pas à croire qu'elle prononçait ces mots, alors que deux secondes plus tôt elle était prête à tout pour conserver ses chances de victoire. « Tu crois que je ne m'en voudrais pas si je te laissais affronter ces types seule ? Tu me vois avec si peu de cœur que cela ? »

    Aussitôt la saisit-elle dans ses bras, férocement. Finalement, cette extrême gentillesse et bienveillance de Cécilia, que son amie avait pris de plein fouet dans son estime, était la bienvenue, puisqu'elle brisait la barrière que la dragmire s'imposait jusqu'alors. « Tss... Idiote ! », ne put-elle contenir, fermant les yeux. Peut-être était-ce le moment de lui prouver que malgré toute sa froideur, elle comptait toujours à ses yeux. Que jamais elle n'accepterait qu'on lui fasse du mal ; autant que jamais elle n'accepterait qu'on s'en prenne à son père. C'était viscéral. Elle préférait perdre du temps dans sa conquête du Bourg plutôt que de se reprocher d'abandonner son amie. Elle desserra son emprise légèrement, mais garda ses mains sur ses épaules, son œil ambré et son œil gris plantés dans les émeraudes de sa jeune camarade. Sa voix s'éleva :

    « Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. » Ses traits s'étaient gentiment radoucis en même temps que ses nerfs avaient finis par légèrement se détendre. « Ne prends pas de risques inutiles : laisse-moi le loisir de les affronter. Je connais ces hommes mieux que toi, j'ai grandis avec eux, je me suis construite à leur côté. Alors pars et laisse-moi faire, pour une fois. Cesse de me couvrir. Je n'ai pas besoin de ça, je suis une grande fille capable de me débrouiller toute seule. Et plus que tout, laisse moi t'aider comme tu m'as aidé il y a peu... » Son regard se débina un instant lorsqu'elle repensa à ce jour maudit dans le hameau. Sa main droite allant se poser sur la joue rosée de la gérudo, elle répéta : « Pars. »

    Elle s'écarta sans un mot ni un regard de plus, sautant sur le toit d'en face aussitôt. Elle espérait qu'elle ne fasse pas l'idiote ou l'inconsciente ; elle pouvait se charger de ces bandits, pour autant elle ne pourrait protéger son amie en même temps qu'elle les combattrait. La lionne pesta sur le coup de l'émotion, qui la forçait à agir de la sorte. Les silhouettes se précisaient face à elle, et elle se saisit d'un couteau dans chaque main. Elle ne désirait pas tuer ces assassins de l'ombre. Juste les éloigner de sa plus fidèle amie.

    Un projectile effleura son visage sans qu'elle ne bronche ; dans la seconde qui suivait, elle parait la lame de l'un des assassins, visage et corps entièrement recouvert par un tenue noire en tissu. Aussi menaçant qu'elle.

    Mais pas aussi fort.


Cecilia Iole Mentina


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Cecilia regarda autour d’elle, tentant de déterminer combien de personnes s’approchaient trop près de sa position. De vue, il ne devait y en avoir qu’une dizaine mais elle savait pertinemment que ce n’était que le début. Avant de partir, elle avait vu la détermination dans les yeux du mercenaire : il était vraiment prêt à tout pour obtenir sa vengeance. Qui sait, peut-être était-il dissimulé quelque part, attendant la meilleure occasion pour sortir de l’ombre et prendre part au combat. Décidément, il ne pouvait pas faire cela dans les règles de l’art et avec le plus d’honneur possible, il fallait qu’il appelle ses copains pour faire le sale boulot à sa place. De toute façon, l’ambrée n’allait pas lui donner satisfaction et elle allait être sûre qu’il finisse ses jours dans une prison du château.

Elle n’eut le temps de rien faire, Swann l’agrippa par l’épaule et l’attira vers elle. La dernière fois que la gerudo l’avait vu avec un air froid, c’était ce jour où elle l’avait protégé contre les soldats du village Cocorico. Est-ce que cela annonçait un mauvais présage ? Très certainement. Mais le plus impressionnant étant le fait que la lionne affirmait que ce tournoi ne comptait pas à ses yeux alors qu’elle avait dit exactement l’inverse quelques secondes auparavant. Ses paroles la dépassaient et l’ambrée ne comprenait pas pourquoi elle allait aussi loin, encore moins lorsqu’elle se retrouva subitement dans ses bras. Elle n’insinuait rien de tout ce que sa sœur avait dit mais elle savait bien qu’elle aurait beau lui dire que tout était faux, cela ne la ferait pas changer d’avis.

La preuve, voilà que maintenant le cygne noir souhaitait qu’elle s’en aille pendant qu’elle s’occupe des mercenaires. Cecilia ne put s’empêcher de lâcher un petit rire avant de détourner le regard : elle pouvait facilement retourner toutes les belles paroles de Swann sur elle car elle faisait preuve du même égoïsme que l’alchimiste. Même si elle lui avait crié avec toute son âme qu’elle s’en aille, il était hors de question qu’elle s’en aille, surtout que c’était elle qui avait engagé le combat depuis le début. Puisque aucune des deux ne souhaitait laisser l’autre s’enfuir, autant combattre ensemble et venir à bout plus rapidement des ennemis.

Elle regarda sa sœur s’éloigner vers ses adversaires sans dire un mot puis elle s’avança doucement vers le bord du toit avant d’observer ce qu’il se passait dans les ruelles. Il n’y avait pas encore trop de mouvements, ce qui laissait suggérer que l’artillerie lourde n’était pas encore arrivé et il fallait donc qu’elle profite de ce petit moment de répit pour frapper là où ça faisait mal. Relevant la tête un instant pour voir ce que faisait sa sœur, elle eut juste le temps de voir qu’elle était déjà à la rencontre de ses adversaires avant de se laisser tomber au sol. Le temps était précieux et elle ne savait pas pendant combien de temps la lionne pouvait tenir contre eux. Bien sûr, elle savait pertinemment qu’elle s’en sortirait sans trop de soucis mais il y avait toujours cette inquiétude qui guettait l’ambrée. Après tout, elle venait à peine de retrouver sa sœur et elle ne pouvait pas l’abandonner comme cela, pas une nouvelle fois comme cette dernière fois à la plaine.

Se faufilant dans les ruelles, la gerudo tenta de se rapprocher le plus possible de l’endroit où se trouvait les assassins tout en faisant attention à ne pas se faire repérer. Il fallait profiter un maximum de l’effet de surprise pour mettre hors d’état de nuire le plus possible d’entre eux. Le cygne noir n’allait sûrement pas être ravie de voir quelle était toujours dans le coin mais elle ne regrettait pas ce qu’elle allait faire. Si elle partait maintenant, elle ne pourrait plus se regarder dans la glace, ni même regarder Swann directement dans ses yeux.

Voilà qu’elle était quasiment au centre de l’action. De ce que ses sens pouvaient lui dire, il y avait Swann et quelques assassins à sa gauche, d’autres sbires à sa droite. Elle s’empressa de rejoindre la rue voisine pour se retrouver derrière tout ce petit monde. Se servant des rebords de fenêtres pour rejoindre le toit, Cecilia arriva sans problème sur le lieu du combat. Comme prévu, sa sœur ne s’en sortait pas trop mal, elle se contentait de mettre hors d’état de nuire les assassins sans pour autant les tuer, chose qui la surprit un peu au début. Mais l’heure n’était pas au spectacle, il fallait qu’elle agisse et maintenant. Quelques lames de vent et trois des assassins devant elle furent mis ko sans même savoir ce qui les attaquait. Sa main droite vint chercher son fameux fouet, les autres s’étaient rendus compte qu’elle les avait contourné et ils s’étaient séparés en deux groupe pour se charger d’elles. Les projectiles se fracassaient contre le métal du fouet et la danseuse pouvait arriver facilement jusqu’à ses ennemis sans être blessée.

Ces assassins avaient beau être expérimenté, quelque chose lui disait que ce n’était que le début, histoire que les deux jeunes femmes se surestiment et qu’elles finissent par craquer par la suite. Cecilia tourna la tête vers sa sœur avant de laisser apparaître un petit sourire.


"Je sais, tu voulais que je parte mais je ne pouvais pas te laisser ici toute seule. Après tout, nous sommes sœurs de feu n’est-ce pas ?"

Et ses soupçons se confirmèrent, il y avait déjà du mouvement qui s’opérait un peu partout autour d’elles. De toute façon, il était trop tard pour partir et elle allait devoir rester jusqu’au bout, même si cela ne faisait pas plaisir à Swann. La main de l’ambrée se faufila dans sa sacoche, elle aura sûrement besoin d’une de ses fioles afin de les aider à régler ce problème avec le moins de soucis possible.


Swann

Championne d'Aegis

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  • Il n'y eu aucune réponse ; à peine un regard.

    Cécilia l'ayant suivie, la lionne se retrouvait avec une pression supplémentaire sur les épaules et elle n'aimait pas ça. Resserrant ses poignes sur les coutelas, l'acier et le fer s'entrechoquèrent pour la énième fois depuis le début du combat. Son ennemi privé de son arme, elle glissa dans son dos si vite qu'il eut à peine le temps de la voir passer ; la pointe de la lame pénétra son épaule et il ne put contenir un cri, très vite étouffé suite à ce puissant coup de talon qui le fit chuter du toit. Il s'écrasa plus bas, sonné, une silhouette le couvrant à la lueur de la lune. Swann expira fortement et reposa ses yeux en direction de la gérudo, qui s'en sortait à merveille. Comme à son habitude. Au moins n'avait-elle rien perdu de ses capacités ainsi que son sens du rythme. Pour autant, la dragmire se refusait à se satisfaire de cela tant la situation restait dangereuse, autant pour l'une que pour l'autre. Il leur fallait trouver un moyen de s'en sortir.

    Le Cygne Noir enjamba les corps inertes des vaincus pour se rapprocher de son amie. La mine sombre, les lèvres serrées et les yeux perçants, elle ne s'accorda pas le plaisir de quelques paroles vaines et naïves, car déjà arrivaient sur eux le reste de la meute. Tant de mauvaises gens lancées à leur poursuite, était-ce bien raisonnable ? Et tant nécessaire que cela ? Ce diable de Kyrin avait pris la fâcheuse habitude d'en faire beaucoup à propos de pas grand-chose, et le cygne commençait à en être abusée. La rouste subie un peu plus tôt devait l'avoir profondément vexé, sinon était-ce une simple revanche personnelle après les humiliations répétées qu'elle lui faisait subir dans le passé. Encore une fois, sa simple présence corsait les choses ; et Cécilia était mêlée, malgré elle, à tout cela. Elle laissa échapper vers la jolie Mentina un regard qui, bien que d'abord toujours aussi noir, se radouci aussitôt pour y laisser se refléter le ciel étoilé. Était-il normal qu'elle ne l'entraîne sans cesse au devant du danger ?

    Pour répondre, il aurait fallu un certain temps qui manquait. Les ombres assassines bondirent sur la toiture, et aussitôt filèrent vers les deux donzelles. Swann précipita l'un de ses couteaux sur la première d'entre-elles ; la lame se logeant dans son flanc, le truand arrêta sa course pour l'en retirer. A peine cela fait, la botte de la lionne percutait son front et le sonnait aussitôt. Le second couteau d'acier lui permit de dévier une épée longue qui filaient dans son foi. Presque furtivement, l'émérite assassin chopait l'avant-bras du porteur avec sa main libre tout en lui présentant son dos. Elle tira fortement vers l'avant, et le mercenaire bascula par-dessus son dos voûté avant de s'écraser sur les tuiles. La charpente, trop vieille pour supporter un tel choc, céda en un craquement inquiétant. Le cygne s'écarta alors que le corps creusait un trou et chutait à l'étage inférieur. Le regard de l'ancien ambrée fut alerté dans la foulée par la situation de l'alchimiste. Elle n'avait toujours rien, par miracle.

    Pour autant, il était bon ton de ne pas tenter l'impossible en cette soirée déjà trop agitée. Des troupes continuaient à affluer dans les ruelles adjacentes, et sous la pression l'une des deux se retrouverait rapidement blessée, aucun doute là-dessus. Elles étaient fortes mais ne restaient constituées que de chaire et d'os jusqu'à preuve du contraire, et si la dragmire se montrait incroyablement orgueilleuse la plupart du temps, le fait que Cécilia soit présente l'empêchait de combattre avec la conscience apaisée. Il fallait donc filer d'ici, et au plus vite ; il y avait trop d'enjeu ailleurs pour qu'on en finissent avec elles ici, dans l'anonymat. Swann se dépêcha de se saisir d'une noix lorsque tous leurs ennemis finirent d'arriver. Elle para et esquiva lâchement leurs attaques, tout en les rapprochant de la gérudo. Une fois que tout le monde fut assez proche, le sombre assassin fit éclater la noix sur le sol, libérant un flash lumineux extrêmement déstabilisant pour des yeux s'étant habitués à l'obscurité.

    « Viens ! » Siffla l'enfant de Ganondorf, se saisissant aussitôt du bras de son amie pour l'entraîner dans sa fuite. Lorsqu'ils purent enfin relever les paupières, les mercenaires constatèrent l'envol des deux oiseaux.

    Les travées du Bourg connurent une agitation soudaine ; les mercenaires se dispersaient et couraient à toute vitesse sur les pavés et les toits, ne manquant pas d'instaurer une atmosphère inquiétante pour les habitants du quartier. Si la plupart dormait, des bougies s'allumèrent petit à petit dans les chaumières et des têtes apparurent aux fenêtres pour tenter de comprendre ce qu'il se passait. Les règlements de compte étaient monnaie courante, pour autant il était surprenant de voir autant de bandits bondirent dans tous les sens et crier de frustration à chaque coin de rue. Certains, moins malins que les autres, furent pris en chasse par des soldats qui patrouillaient après une probable cuite à la taverne du coin.

    Dans ce discret chaos, les deux donzelles se mouvaient avec agilité et talent pour se frayer un chemin entre les groupes d'ennemis qui leur couraient après. Cachées derrière une pile de barils, l'assassin et l'alchimiste attendaient le bon moment pour s'élancer habilement. Mais la situation s'envenimait, avec quelques claquements d'acier non loin d'elles. Swann pesta, doucement, lorsqu'elle remarqua un groupe de trois individus qui s'approchait. « Chhhht... », souffla-t-elle doucement pour signaler à son amie de ne pas esquisser le moindre geste au risque de révéler leur présence. Elles se cachèrent et attendirent que le son des bottes de fer claquant sur les pavés des rues ne s'entendent plus. « Maintenant », souffla la dragmire, s'élançant pour quitter leur cachette.

    Mais le quartier était trop dangereux et les silhouettes des deux jeunes femmes ensembles trop évidentes pour qu'elles puissent gagner le centre du Bourg, certainement plus calme et où elles seraient loin de tout danger. Finalement, le Cygne Noir opta pour une solution moins périlleuse lorsque ses yeux trouvèrent un endroit idéal pour y trouver refuge. « Suis-moi », invita-t-elle la jeune Mentina. La lionne sembla glisser jusqu'à la porte d'entrée d'un modeste magasin ; elle se saisit ensuite d'une barrette de fer dissimulée dans ses cheveux, puis crocheta la serrure, alors que des bruits de pas se rapprochaient dangereusement. Elle ouvrit la porte précipitamment et se dépêcha d'y faire entrer la gérudo avant de s'enfermer avec elle dans la boutique. Elle ne pu contenir un souffle, soulagée.

    Silencieusement - autant qu'il était possible de l'être avec des planches qui grince dès que l'on pose le pied dessus ! -, la lionne chercha dans la boutique la première chose qui puisse servir à produire un peu de lumière. Elle trouva bien vite une bougie dans l'arrière-boutique, qu'elle alluma sans mal grâce à l'étincelle de Din, avant de retourner aussitôt auprès de Cécilia. Elle posa la petite flamme sur le comptoir, entre elles deux. La lueur était faible et donnait un air inquiétant aux deux femmes ; Elle leur léchait le visage, moitié feu, moitié ombre selon l'inclinaison de leur tête. L'assassin en esquissa un très léger sourire, qu'elle perdit aussitôt en entendant des bruits de pas dans la ruelle. Une forte tension la gagna, et même s'ils ne cherchèrent pas à entrer dans la boutique, un frisson l'avait parcouru de part en part. Suivi d'une profonde remise en question.

    La pression redescendue et hors de danger dans l'immédiat, Swann se laissa aller à quelques réflexions, d'abord anodines, ensuite profondément justes, sur la relation dangereuse qu'entretenait les sœurs de feu. Si leur complicité n'était plus à prouver, il apparaissait néanmoins un constat évident aux yeux de la dragmire : chaque fois qu'elles se trouvaient ensemble, elles bravaient un danger. Et celui-ci était toujours plus conséquent à chaque fois ; comment oublier, déjà, qu'elle avait entraînée la gérudo au fin fond du Temple du Feu, où elles avaient risquées leurs vies plus d'une fois. Elles y avaient certes récupérer des objets intéressants, et notamment Swann qui y avait acquit Dent de Dragon,  mais le jeu n'en valait pas tant la chandelle.

    Et puis il n'y avait pas que cela, puisque peu de temps après elle risquait sa vie et sa place dans le clan en aidant Cécilia à fuir la forteresse ; celle-ci lui rendant la pareille, avec les mêmes risques inconsidérés, peu après son attaque sur le village de Cocorico. Et encore, les Larmes du Clan prenaient à peine le temps de se remémorer les risques encourus dans le temple de l'Ombre. Et dorénavant, il fallait en plus compter sur le monde de la nuit pour s'en prendre à elles lorsqu'elles se retrouvaient enfin ? L'assassin avait beau combattre l'adversité, elle n'avait pas aimer que cela se passe encore une fois aussi mal. Il était malheureusement évident qu'ensembles, elles couraient plus de risques que chacune de leur côté.

    Il aurait s'agit de n'importe qui d'autre, Swann aurait balayé ces mauvaises pensées et aurait continuer à risquer sa vie bêtement. Le problème étant que Cécilia n'était pas « n'importe qui », mais bien l'être le plus cher à son cœur. La seule qui l'avait comprise, la seule dont la vie lui importait plus que la sienne. Pour résumer, l'être aimée. Tout simplement. « Cécilia... », entama-t-elle, tête basse. Son amie ne devait certainement pas comprendre ce qui se passait dans l'esprit de l'assassin, et pourtant sur le visage de celui-ci se lisait une profonde résignation. Un sentiment de frustration comme elle n'aimait pas les connaître, et contre lesquels elle combattait sans relâche la plupart du temps. Les doigts de la dragmire allèrent lui masser doucement la nuque, trahissant le malaise qui l'avait prise. Doucement, elle fit quelques pas en avant, gagnant l'ombre ; son terrain naturel. Peut-être s'y sentirait-elle plus à l'aise, pensait-elle.

    Son cœur sembla se resserrer dans sa poitrine ; elle posa délicatement une main dessus, dans l'espoir de le calmer. Mais rien y faisait. La jeune femme serra les dents, incapable du moindre mot alors qu'une boule lui remonta de l'estomac jusqu'au cerveau ; dos à la femme du désert, elle remercia doucement que cette scène se déroule de nuit. Car ainsi, dans cette obscurité, la jolie Mentina ne verrait pas les larmes qui coururent furtivement sur les pommettes de la fille du Trône. Et il en était mieux ainsi. « Je crois... », reprit-elle, sans pouvoir continuer immédiatement. Elle déglutit. « Je crois qu'il faut que l'on cesse de se voir. », balança-t-elle, finalement, abruptement. Sans sommation.

    L'affaire était entendue : plus jamais la gérudo ne risquerait sa vie par sa propre faute. En se tenant loin d'elle, l'être qu'elle chérissait le plus au monde serait à l'écart de tout danger potentiel. Du moins, elle serait à l'écart de ses nombreux ennemis ; et ça, c'était déjà de sacrés risques en moins. Il était temps que la barrière qui séparait les deux sœurs de feu prennent davantage d'importance et se matérialise en des paroles fortes et lourdes de sens. En cela, la lionne avait déjà réfléchit à un discours qui, bien que maladroit, suffirait à faire passer le message dans l'esprit de Cécilia.

    « Il faut arrêter de se le cacher », souffla-t-elle, dure, alors qu'elle se retournait pour faire face à sa jeune amie. Elle ne pouvait décemment pas lui dire qu'elle décidait de ne plus la voir à cause des risques qu'elles encouraient quand elles se retrouvaient ; elle était trop jeune, et n'aurait certainement pas compris. Trop imprudente, aussi. La preuve en était avec cette dernière soirée, alors que Swann avait tenté de lui faire comprendre de ne pas la suivre et de partir. Il fallait être plus catégorique. Quitte à être fausse, au moins le résultat serait le même, espérait-elle.

    « Nous sommes ennemies », cracha-t-elle, sourcil froncés ; le cœur meurtri. « J'ai feins d'être ton amie, peut-être maladroitement, mais il faut se rendre à l'évidence que nous ne pouvons plus être ensemble comme avant. Tu crois en des choses que je ne tolère plus depuis des mois. Tu es dépassée et naïve, ma fille. Et si j'ai décidée un temps de l'être avec toi, c'est maintenant fini. Dorénavant, je te considérerai comme tous les autres royalistes : quelqu'un à abattre. Un obstacle de trop sur mon chemin. »

    C'en était trop, elle n'en pouvait plus de lui mentir avec tant de virulence. Avant de céder au chagrin et d'entendre les mots de la gérudo qui saurait sans doute la désarçonner définitivement, la dragmire se dépêcha d'ouvrir la porte de la boutique. Un pied dehors, elle s'arrêta, et déclara froidement : « Je t'aimes, mais si tu réapparais devant moi à l'avenir, je n'aurais aucun scrupule à te trancher la gorge. »

    La porte se referma dans un claquement. Le Cygne Noir s'envola.