Sautez, dansez, dépouillez qui vous voudrez... [PV Luka]

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Pyrope


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(vide)



Sautez, dansez,

dépouillez qui vous voudrez…

Luka & Pyrope







« - Je n’sais plus si j’vous l’ai déjà dit, mais j’ai une très mauvaise mémoire…
- OUI. On sait ! »

Excédé, le vieillard fit signe à son épouse d’abandonner le combat contre cette créature rousse. C’était évident qu’ils ne retrouveraient jamais la bourse de l’ancienne. Depuis au moins une bonne dizaine de minutes, ce qui avait paru une heure ou deux et suffit à la perte du peu de patience restante du couple, l’adulte au comportement d’enfant les baratinait, leur « démontrant » son innocence en les noyant sous un flot incessant de paroles, s’arrêtant parfois brusquement, puis reprenant, et surtout, répétant des choses, sans cesse. Parce que oui, vous comprenez, c’est sa mauvaise mémoire… Ca aussi, il ne cessait de le dire. Jugeant en avoir assez entendu, ils repartirent, la pauvre petite vieille gémissant et se plaignant d’avoir perdu ses rubis, son mari lui répondant que tous les rubis du monde ne valaient pas une telle torture pour leurs oreilles. Et pour Pyrope, c’était une petite, toute petite victoire, brillant dans ses yeux verts comme l’argent qui dépassait du petit sac levé à son regard et vite caché sous sa cape. Ca n’était pas bien de voler. C’était malhonnête de mentir. C’était lâche de s’en prendre à des personnes âgées. Mais ça tombait bien, il n’était ni bon, ni honnête, ni courageux, alors !

Au fond, on le connaissait un petit peu, ici. A force d’habitude, de l’avoir croisé, maintenant ou avant. Il lui arrivait de revoir quelques habitués de l’auberge de son enfance, des hommes seuls, des femmes et leurs marmots, ou les marmots des leurs, tous à le regarder de loin en se disant à eux-mêmes ou entre eux que c’était dommage pour ce « pauvre garçon » mais que, qui sait, un jour, « si les Déesses l’entendent, il mettra la main sur un métier et il fera quelque chose de sa vie ». Lui n’y croyait plus vraiment, ou plutôt, il faisait partie de ces gens qui avaient juste assez de motivation pour s’en sortir chaque jour, et pas assez pour vouloir trouver quelque chose de durable dans le temps. Si l’occasion se présentait, peut-être saurait-il la saisir.

Il ne se rappelait pas d’une pareille chance un jour. Lui avait-on déjà proposé un emploi ? Un lieu où loger ? Lui avait-on déjà fait des avances ou des propositions douteuses dans une ruelle sombre, entre deux barils, là où personne ne pourrait l’entendre crier ? Peut-être. Peut-être pas. Ah, cette mémoire, alors… Il se souvenait de son arrivée sur les pavés, des regards qu’on avait lancé au mioche qu’il était. Parfois, on le fixait de la même façon, même aujourd’hui malgré son corps d’adulte. Parce qu’il n’était pas de ces gens matures et responsables qui devaient bien s’ennuyer dans leurs vies. Il n’était pas non plus de ces pauvres gens qui pleuraient parce que justement, ils étaient des pauvres gens. Ca ne servait à rien de pleurer et de s’agiter, de toute façon. Ca ne changeait pas les choses. Et il était certain que les Déesses riaient plutôt bien en voyant l’humanité se répandre en larmes. Les Déesses étaient-elles méchantes ? Mauvaises ? Mais le Mal, c’est Ganondorf. Les Déesses sont-elles comme Ganondorf ? Ganondorf est-il la « meilleure » création des Déesses ? … C’était trop compliqué, comme les chances à saisir.

Pour l’instant, tout ce qu’il pensa à saisir fut le bord de sa capuche, la rabattant sur son visage, fourrant sa tignasse flamboyante et toute bouclée sous le tissu mal rapiécé et terne. Puis, il fit quelques pas, se mêlant aux gens, cherchant encore quelqu’un qui pourrait lui faire gentiment don de ses possessions. Plus que pour l’argent, il faisait ça aussi pour l’amusement, pour l’instant d’excitation que cela lui procurait, et peut-être aussi, un peu, parce qu’il avait oublié la somme que contenait sa nouvelle petite bourse, et qu’il préférait être prévoyant. Il bouscula, frôla des poches, des vestes, agrippa quelques vêtements, les relâcha. Un jeu. Et s’il perdait et se faisait attraper, c’était juste qu’il n’avait pas été assez bon… Et c’était tant pis pour lui.


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Luka

Le Changelin

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La journée avait été mauvaise. Une pluie fine s'abattait sur la Citadelle depuis la fin de la matinée, et Luka avait continué à haranguer les passants malgré tout, dans son costume bariolé que l'averse ne parvenait pas à décolorer tout à fait. Les heures avaient progressivement limées la détermination de l'éternel comédien, et il avait fini par baisser les bras au milieu de l'après-midi. Même maintenant que la pluie avait cessé, il n'avait pas suffisamment de courage pour continuer à faire le pitre.

C'est ainsi qu'il démonta sa petite estrade improvisée et qu'il traça le chemin jusqu'à son domicile, avec sur le dos les planches de bois qui lui avaient servies de scène. Ses bottes désormais boueuses couinaient sur les pavés humides tant ils s'étaient imbibés d'eau dans la journée, et des pensées maussades commençaient à envahir son esprit fatigué. Évidemment, avec la pluie, les gens ne s'étaient pas attardés devant son spectacle solitaire. Il avait si peu récolté, cette fois, qu'il n'avait strictement aucune idée de ce qu'il pourrait manger aujourd'hui.

Il savait bien qu'il ne pouvait pas compter sur Negaï pour lui rapporter de quoi se sustenter, celui-ci était trop vagabond, trop chat errant pour lui donner un coup de main régulièrement. Plus le temps passait, plus l'absence d'Aalis commençait à lui peser ; depuis son départ pour Cocorico, Luka avait du mal à garder la tête hors de l'eau.

Sans mot dire, la tête pleine d'idées noires, le comédien se dirigea vers le quartier marchand et zigzagua entre les étals bondés. Depuis que la pluie avait cessé, les gens redescendaient dans la rue et affluaient de toutes parts, à nouveau... Agacé, il tenta de se faufiler entre les personnes, sans trop bousculer. L'exercice était difficile, car les planches de bois regroupées dans son dos manquaient toujours de cogner un passant. Aussi, Luka n'avança qu'à pas d'escargot, déterminé à ne pas faire de vague.

Une main se faufila sous son manteau de laine grossier.

Pris au dépourvu, Luka glapit d'une voix de femme. Mais il réagit au quart de tour, et saisit d'un geste vif et sec la main qui le dérobait de sa maigre bourse. Le voleur tenta de se glisser hors de sa portée, mais le comédien resserra sa prise autour de son poignet et il se tourna vers lui pour pouvoir le contempler de face, le regard sombre comme l'orage.
« Lâche ça tout de suite, » lui ordonna-t-il à voix basse, presque menaçant. « Sinon je crie et j'appelle les gardes. » La patrouille n'allait pas tarder. Elle ne restait jamais bien loin des quartiers les plus animés de la Citadelle, et le comédien le savait parfaitement.

Ses ongles s'encraient fermement autour du poignet du malotru. Tant pis s'il lui faisait mal ; il ne le laisserait pas s'échapper tant qu'il gardait sa bourse entre ses doigts.


Pyrope


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Sautez, dansez,

dépouillez qui vous voudrez…

Luka & Pyrope







Dans la vie, il y avait deux solutions : soit on avait de la chance, et tout marchait comme on le voulait, soit on n’en avait pas, et nos plans rataient. Et pour le coup, il n’avait pas eu vraiment de chance. Pourtant, la cible semblait parfaite. Il l’avait repéré parmi la foule, ce garçon qui marchait, chargé de planches. Il avait fait un petit détour, contournant quelques étals, quelques passants, pour arriver face à lui et tenter de dérober quelque chose. Il semblait si occupé, se disait-il, que sa main se glissant discrètement dans ses poches ne risquait pas d’être remarquée.

Et pourtant.

Un moment de silence, un long flottement pendant lequel il regardait, bien caché sous sa capuche, son poignet être serré, à en faire mal, par ce type. L’ombre qui masquait en partie son visage ne s’éclaircit que lorsqu’il releva la tête pour observer en face sa cible, par curiosité. Ses deux billes vertes s’ancrèrent dans celles de son vis-à-vis, et une mèche de cheveux roux et bouclés s’étaient fait la malle, reposant sur son épaule, bien visible. Il avait parfaitement l’air du gamin pris sur le fait, maintenant, mais étrangement, son échec n’était pas la chose la plus marquante qui venait de se produire. Non… Autre chose le dérangeait.

« - T’as l’air au moins aussi fauché que moi. » lâcha-t-il d’une voix neutre.

Une simple constatation. La bourse qu’il tenait dans sa main semblait bien peu remplie par rapport à ce qu’il avait pu tâter auparavant. C’était plutôt désespérant, décevant même. Lui qui avait espéré une bonne pioche s’en retrouvait avec les quelques misérables rubis d’un gars aux vêtements franchement, franchement trop colorés pour lui. Il remua un peu sa main, sans une grimace, sans l’ombre d’une expression.

« - Tu me fais mal… Lâche-moi, je te la rends, ta bourse. Y’a rien à en tirer, de toute façon… »

Quelques regards d’habitants curieux se posaient sur eux mais passaient vite à autre chose. Pourquoi s’intéresser plus que cela à deux péquenauds qui discutaient à voix basse ? Enfin, Pyrope espérait qu’ils le pensaient. Sinon, ils allaient avoir plus de problèmes dans quelques temps, et il voulait pouvoir s’en sortir sans trop de remous. Comme « promis », il lui rendit l’objet, reprenant son observation, le détaillant. Son visage, son allure, c’était comme si sa mémoire arrivait à le situer dans un souvenir, mais il n’arrivait pas trop à dire lequel.

« - J’ai l’impression de t’avoir vu quelque part… »


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Luka

Le Changelin

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(vide)

Une éternité sembla s'écouler alors que les deux garçons se fixaient en chiens de faïence. La foule continuait à s'affairer autour d'eux, un flux continu qui ne paraissait rien remarquer de suspect dans l'immobilité brutale qui avait saisi l'étrange duo de gueux ; les planches de bois que portait Luka avaient le mérite de détourner les individus trop susceptibles de se rapprocher.

« T’as l’air au moins aussi fauché que moi, » lui glissa le coupable d'un air nonchalant, presque inexpressif. Le comédien se demandait bien comment une personne à l'apparence aussi fragile pouvait être en arriver au vol à la sauvette. Mais on ne pouvait pas se fier aux apparences dans les grandes cités des hommes, et sans doute valait-il mieux être voleur que violeur.
(Ou que violé.)

« Et toi, t'as l'air d'un novice. Tu crois que je me balade avec des planches parce que ça m'amuse ? T'as pas vu mes habits de bouffon ? »

Le rouquin aux longs cheveux bouclés secouait sa main prisonnière sans grande conviction, le visage neutre. Luka se demanda honnêtement si c'était un idiot, mais la colère rendait ses pensées cruelles.

« Tu me fais mal… » lui souffla l'inconnu. Le comédien desserra légèrement sa poigne, juste assez pour ne plus enfoncer ses ongles dans le poignet de son vis-à-vis. Celui-ci continua d'ailleurs, désinvolte : « Lâche-moi, je te la rends, ta bourse. Y’a rien à en tirer, de toute façon… »

A ces mots, l'artiste soupira et s'exécuta, non sans reprendre sa bourse d'un geste vif. Il la rattacha soigneusement à sa ceinture, rabattit le pan de son manteau par-dessus, et toisa à nouveau le voleur du regard. « T'avises pas de recommencer. La prochaine fois, c'est mon couteau que je plante dans ta main. » Et comme pour illustrer ses propos, il dévoila au rouquin le manche de son poignard, qui était attaché de l'autre côté de sa ceinture. Le message était clair. Mais s'il voulait impressionner l'étranger, c'était loupé : celui-ci se contentait de fixer son visage, les yeux pensifs.

Luka se sentit soudain très mal à l'aise sous ce regard scrutateur. Tout comme il avait réagi au quart de tour lorsqu'une main s'était risquée trop près de lui, il n'aimait pas qu'on l'observe à aussi petite distance. Il avait trop de secrets à cacher, comme l'étaient tous les hommes de son genre... Ce pour quoi il répliqua sèchement :
« Mon nez te revient pas ou quoi ? Débarrasse-moi le plancher, tu me barres le passage. »

C'est à ce moment-là que l'inconnu choisit de dire : « J’ai l’impression de t’avoir vu quelque part… » Et ce n'est qu'à ces mots que Luka récupéra un peu de sa contenance.
« Tout le monde me voit. Je joue dans la rue un peu plus haut, juste avant la place centrale. Parfois plutôt du côté du parvis. Ça dépend des gardes. Attends, viens par-là, on gêne tout le monde sinon. » Fatigué par le poids des planches sur son dos, le comédien s'écarta un peu de l'allée centrale, pour pouvoir poser son équipement contre le mur d'une bâtisse. Les gens continuaient à affluer de toutes parts, mais cette fois, les deux garçons ne leur faisaient plus obstacle.

Après un soupir, il reprit :
« Ça, c'est en journée. Le soir, je suis en taverne. Le Chat-Huant des fois, mais ça m'arrive d'être dans des coins plus sales. Et vu ta dégaine, y'a plus de chance que tu m'aies croisé à la Putain Ivre plutôt qu'au Boeuf Couronné. Non. La vraie question... » Et tout en gardant une main posée sur ses planches, Luka plaça son poing libre contre sa hanche, avant de toiser le voleur de ses yeux ocre. « ...c'est de savoir si j'ai, moi, l'impression de t'avoir vu quelque part. Parce qu'honnêtement, ce n'est pas la première fois cette semaine qu'on tente de me piquer quelque chose, et t'es bien le premier à ne pas avoir réussi jusque-là. Alors mon garçon, mieux vaudrait pour toi qu'on se soit jamais croisé avant, parce que ça m'étonnerait qu'ils soient cinquante sur mon dos à vouloir me voler mon pain. »

Quelque part, Luka avait absolument conscience de la mauvaise foi dont il faisait preuve envers son interlocuteur. Mais avoir passé sa journée sous la pluie, presque sans le sou et épuisé par ses insomnies... Tous ses malheurs quotidiens avaient fini par avoir raison de sa bonne conscience. Aussi, il fusilla le rouquin du regard tout en lui poussant le bras, comme pour l'inciter à lui répondre.« Tu penses que c'est un hasard ? Prouve-le. Sans quoi je te préviens, ça risque de barder pour toi. »


Pyrope


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Sautez, dansez,

dépouillez qui vous voudrez…

Luka & Pyrope







Ahh… Alors c’était donc cela. Oui, il aurait dû s’en rappeler. Enfin non, il ne se rappelait jamais de rien, de toute façon… Une habitude à prendre. S’il avait su écrire et lire, il aurait tenu un petit journal pour se souvenir des choses qu’il avait vécu, mais la vie était ainsi faite qu’il connaissait mieux plusieurs façons d’insulter une femme que comment écrire son prénom. Ce garçon devant lui devait savoir, lui. C’était un artiste. Parfois, il se demandait s’il n’aurait pas mieux fait de se trouver une quelconque troupe et de commencer une telle carrière. Mais il n’avait pas de talent particulier, donc ça n’aurait servi à rien. Et en plus, ce pauvre gars avait l’air aussi mal loti que lui, donc foutu pour foutu, au moins s’amuser un peu, et il prenait des fois beaucoup de plaisir à chiper çà et là quelques affaires à de quelconques passants innocents.

Ma dégaine t’emmerde, pensa-t-il sans s’autoriser à le dire, car il était bloqué ici avec lui. Non pas physiquement, il aurait toujours pu cogner de ses maigres forces, déstabiliser l’individu, et s’échapper rapidement en se faufilant dans les ombres des ruelles toutes proches, mais plutôt « moralement ». Pas qu’il ait une morale, non, non. Mais sa question posée l’obligeait un peu à répondre. Oui, s’il fuyait, alors il aurait tout de suite été jugé comme coupable ! Alors que pour une fois, eh, c’était pas lui !

« - C’est marrant, t’as une tronche de niais et tu joues les durs. » lâcha-t-il finalement, sans ton particulier. Un simple constat. « Désolé, mais la chance, le hasard, tout ça, c’marche pas dans la réalité. Non, non, m’sieur, moi j’t’ai rien volé. J’m’en serais souvenu, d’un type comme toi. Enfin quoique. T’sais, j’ai une mauvaise mémoire. Mais j’en suis sûr, quelqu'un avec une gueule pareille, j’m’en serais souv’nu, certain. J’en vois pas souvent des comme toi, moi. »

Il leva finalement ses mains, ses paumes légèrement marquées présentées à son interlocuteur. Dans son regard, toujours cette espèce de lueur d’innocence, comme un enfant qui ne comprenait pas pourquoi on le disputait.

« - Pour preuve, tu l’vois. J’ai plus rien sur moi, plus un sou. J’ai faim, en plus. Si j’t’avais volé, tu crois que ça se passerait comme ça ? J’suis pas le gars le plus honnête du coin, mais là, pour le coup, va falloir que tu me croies, parce que je peux pas te donner plus de preuves que ça. »

Le rouquin baissa doucement ses bras, et ses yeux, qui rencontrèrent la mèche qui s’était posée sur son épaule. D’un geste un peu lent, il la rangea dans sa cape, revenant finalement à son vis-à-vis. C’était facile de plaider l’innocence face à quelqu’un dont on ignorait tout. D’ailleurs, il ne s’attendait même pas à ce que ça marche, ni même qu’on puisse avoir pitié de lui, mais plutôt à un poing dans la face, un crachat ou un simple abandon dans ce coin. La vie était ainsi faite qu’en période de crise, ceux qui possédaient le moins se permettait la plus haute méfiance. N’était-il pas lui-même comme ça ? Non, pas vraiment. Car chez lui, il n’y avait rien à prendre.


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