Hyrule's Journey

L'été est infernale sur Hyrule, qui devient le théâtre d'évènements surprenants et dévastateurs.
La chaleur est insupportable, et l'air est lourd. Les Zoras ne peuvent se risquer à sortir de l'eau, de peur que leurs écailles ne tombent comme des feuilles à l'automne. Les jeunes enfants pleurent pour exprimer leur malêtre et le plus courageux des hyliens ne peut se résoudre à rester plus d'une heure à travailler dehors, dans les champs. D'ailleurs, la terre est sèche, difficile à travailler. Les plantes se dessèchent petit à petit, et le paysan regarde déjà venir l'hiver prochain, en songeant au pire.
Il fait chaud, très chaud, trop chaud. Avec cette augmentation de la température, les esprits s'échauffent, l'agressivité monte d'un ton. Les habitants en viennent rapidement aux mains, et on compte chaque jour de nouveaux blessés suite à des querelles de voisinage. Les hyliens et voyageurs sont sur les nerfs, et cela se voit.
Les feux embrasent la plaine, détruisent tout sur leur passage. L'inquiétude monte, et chaque famille a peur que la prochaine masure qui parte en fumée soit la sienne.
Tout se propage comme une trainée de poudre, et la situation est idéale aux bandits qui se montrent plus ambitieux que d'habitude, terrorisant la population rurale. La peur s'installe, elle se répand et pèse sur Hyrule comme d'immenses nuages noirs qui attendent de libérer leur foudre.
La question est sur toutes les lèvres : que se passe-t-il ? Les étés hyliens ont pourtant la réputation d'être calmes, reposants, et voilà que tout semble se déchainer. Les anciens ont peur de reconnaître les signes, les bébés les sentent sans s'en rendre compte...

Un nouveau vent de ténèbres souffle sur Hyrule.


Assise sur une colline, Withered surplombe la Plaine. Le vent fait frissonner l'herbe, et un soupir lui échappe.

Elle attends. Elle ne sait pas quoi exactement, mais elle l'attends, et avec impatience.

Ce fut une nuit qui sortait de l'ordinaire dans la Plaine d'Hyrule. Arkhams était en train de la parcourir une énième fois, toutefois cette fois-ci, tout était diffèrent. En effet, un silence d'une lourdeur incroyable écrasait les lieux, aucun oiseau ou grillon ne manifestait sa présence. Le ciel était d'un noir de jais, la Lune n'était pas non plus au rendez vous. La pénombre rendait la Plaine plus accueillante pour l'âme sombre que possédait Arkhams.

Alors qu'il marchait dans l'herbe humide, il contemplait le lieu où tant d'évenements, aussi funestes qu'heureux, s'y étaient déroulés. Cette nuit allait marquait certains esprits, Arkhams en fut persuadé. Une fine silhouette féminine attira son attention. Etait-ce là un signe ?
Arkhams se dirigea vers la colline où la demoiselle était assise, songeuse. Le guerrier se permit alors d'interrompre ses pensées.

Que faites vous ici, douce Demoiselle ? N'avez vous point peur de cette pénombre qui vous étreint ?

Arkhams fut immédiatement surpris par l'aura de tristesse et de ténèbres qui entourait la fine mademoiselle.

Elle tourna la tête en direction du nouveau venu, un peu prise au dépourvu. Plongée dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu venir.

Oh, bonsoir. Excusez moi, je ne vous avais pas remarqué, bien rares sont les personnes que je croise ici.

Elle se leva, fit face à l'homme qui l'avait accostée.

Et pour vous répondre, la noirceur ne m'effraie guère, c'est une amie que je côtoie depuis longtemps maintenant.

Elle l'observa, intriguée par sa présence et les ondes noires qui semblaient émanaient de son corps tout entier.

Mais que faites-vous donc ici ? Je vis la nuit, mais pour l'instant je ne vous avais encore jamais croisé en ces lieux.

Arkhams pouvait à présent admirer la femme devant lui, elle possédait des habits simples et amples, ses yeux en amande m'observaient et me transperçaient. Avait elle l'arrogance de me dévisager ?

Je me suis réveillé d'un long sommeil. Je ne vous ai jamais aperçu non plus, malheureusement.

Une brise se leva alors dans la Plaine, un vent très froid, ce genre de vent qui vous transperce les os. Arkhams observa alors les alentours. Le calme des lieux devint encore plus lourd. Angoissante aurait pu qualifier à merveille l'atmosphère de l'endroit.
Arkhams envoya un sourire à la jeune femme, il sorti son énorme épée à deux mains et la pointa sur Withered. Le visage du guerrier illustrait son arrogance.

Tu as fait une très mauvaise rencontre, petite fille.
Les signes ne trompent pas ... Les ténèbres t'ont choisie.
Tu as le choix, devenir mienne ou mourir dans l'instant. Réfléchis, vite.

Les vêtements de Withered se mirent à danser autour d'elle, suivant les mouvements du vent glacial qui venait de se lever. Elle tiqua sur le "petite fille" qu'avait utilisé l'homme, et eut un sourire en coin, semblable à un rictus de douleur.

Ne vous a-t-on jamais dit que les apparences étaient trompeuses ?

Elle regarda l'arme pointée vers elle. Bien qu'elle semblait peser relativement lourd, elle ne douta pas un instant que l'homme en face d'elle savait la manier à la perfection.

Les ténèbres hein ? Et en quel honneur ?

Elle fit glisser ses dagues dans ses mains, et Liudia sortit de son corsage pour s'enrouler autour de son cou.
Le vent continuait de souffler, les arbres s'agitaient de plus belles. Il n'y avait plus âmes qui vivent autour d'eux.

Arkhams vit la délicieuse jeune femme se préparer à en découdre avec la mort elle même. Son regard de braise excita encore plus l'ancien démon qu'était le vieux guerrier. Arkhams planta sa lame dans l'herbe, des gouttelettes d'humidité volèrent dans l'air et restèrent suspendues à quelques décimètres du sol maintenues par une sorte de magie. Le guerrier forma un signe et deux serpents émeraudes sortirent de terre et se lovèrent doucement autours des jambes gracieuses de Withered.

Moi aussi, je suis amoureux des reptiles. Ce sont de fantastiques armes.

Au fond de lui, Arkhams savait qu'il était faible, trop faible et que son adversaire pouvait le réduire en miettes. Le sceau des damnés que lui a infligé Ganondorf avait dévoré toutes ses forces. Arkhams ne comptait à présent que sur son arrogance et sa réputation.
Il s'approcha de Withered calmement et caressa le serpent blanc autours du cou de la jeune femme.

Le temps lui même est effrayé en notre présence. Tu es assez digne pour servir mon Mâitre.
Si tu déclines l'offre, je te briserai les jambes et te laisserai succomber dans cette Plaine infecte.
Veux tu me rejoindre ?

Lorsque les reptiles s'enroulèrent autour de ses jambes, Withered n'eut même pas le temps de réagir. Elle eut un pauvre sourire, réalisant que le guerrier avait plus d'un tour dans son sac.
Elle aurait bien tenté de se défaire des serpents, mais à chaque mouvement elle sentait leur emprise se resserrer. Elle n'aimait pas la tournure qu'avait pris les évènements, et lorsque Arkhams s'approcha, elle frémit.

Voilà de drôles de façons de se conduire avec une dame. Il y a maintenant trop longtemps que j'attends que les choses changent, alors il est inutile de me menacer très cher.

Elle planta ses yeux violets dans ceux de l'homme, où elle trouva cette arrogance qui la fascinait tant.

Je ne savais pas que les démons avaient un maitre.
Soit, suivre votre chemin parait intéressant, aussi, j'accepte.

Elle sourit, mais son regard noir resta fixé sur les yeux d'Arkhams.

Durant quelques minutes Arkhams ne bougea pas. Seul le vent balayé ses cheveux longs et noirs. Il restait hypnotiser par le regard de Withered. Ses yeux exprimaient alors beaucoup de chose, il en perdit la notion du temps et de l'espace. L'intérieur de son regard était profond et sombre, Arkhams était perdu au plus profond de la jeune femme.
Il se réveilla soudain et se sorti des yeux de Withered. Il se mit à sourire et s'approcha d'elle. Il lui caressa la joue et fusilla du regard ses esclaves reptiliens qui quittèrent les jambes de la femme et disparurent dans le sol. Arkhams fit volte-face et contempla l'immensité de la Plaine d'Hyrule.

Toutes mes excuses. Je me dois de me comporter ainsi.
Une jeune femme de ton rang mérite toute ma gentillesse.

Arkhams alla s'asseoir dans l'herbe fraîche. Les animaux nocturnes se remirent à manifester leur délicate présence et la Lune se mit à lécher la Plaine de sa lumière mystérieuse.
Avec beaucoup de nostalgie Arkhams parla avec une voix douce et monocorde.

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas rencontré de demoiselle comme toi ...
J'ai des projets pour toi, Withered.

Les serpents s'enfoncèrent dans la terre de la Plaine. Elle resta un moment dans la même position, comme si les reptiles étaient encore là. Elle caressa la tête de Liudia, et tourna son regard vers la Lune. Elle entendit les Loups au loin, mais ne ressentit nul regret. Elle regarda Arkhams s'asseoir, et s'approcha.

Des projets, vraiment ?

Elle était surprise, mais le dissimula. Arkhams n'était pas le genre d'homme que l'on oublie, aussi elle misait beaucoup sur son réveil.
Elle resta debout derrière lui, contemplant la Plaine. Des nuages surplombaient l'horizon.

Oui, des projets.
Il y a longtemps, je fis une erreur, elle a failli mettre un terme à ma vie.

Arkhams se leva et se présenta devant Withered. D'un coup vif il retira sa cape et montra à la jeune femme son immonde sceau des damnés, vestige cruel d'une trahison envers le Seigneur Ganondorf.

Je ne sais pas où il se trouve. Tu l'as peut être senti, son influence n'est plus celle d'antan. Toutefois la mort plâne depuis quelques jours ici.

Arkhams remit sa cape noire et alla se rasseoir. Il prononça chaque mot lentement avec une profonde amertume témoignant une douleur ancienne.

Je vais recréer la funeste armée qu'il possédait jadis. Ce sera une offrande. Un présent au Seigneur Ganondorf.

Il tourna la tête vers la jeune femme et lui afficha un sourire trop forcé.

Et toi, tu m'aideras à gagner son pardon.

D'un claquement de doigt Arkhams fit disparaitre son épée en une flaque d'eau. Son visage s'assombrit soudain.

Cet odieux tatouage ...

Il avait à présent du mal à parler, sa voix tremblait, prête à se briser.

D'ici à ce qu'il m'enlève ceci ... Ne le répète à personne.
Cette chose me dévore de l'interieur ... J'ai besoin de ta protection ...

Cet aveu de faiblesse aurait pu briser Arkhams. Jamais il ne montrait de tels signes, pourtant Arkhams était devenu tellement faible qu'il se devait de le montrer. Demander ceci à une femme, jolie qui plus est, ne le dérangeait pas tellement.
Arkhams regarda la Lune avec dégout, il se détestait ...

Withered ne tiqua pas lorsqu'Arkhams lui montra son sceau. Ce n'était pas son genre. Elle l'écouta attentivement, et la douleur qui émanait de la voix de l'homme, pourtant d'un charisme impressionnant la surprit. Elle ne s'imaginait pas qu'un guerrier d'une telle renommée pouvait souffrir d'une telle blessure passée. Aussi, elle l'écouta dans le silence le plus total.

Elle regarda au loin. Ganondorf... Oui, elle avait sentie son aura, puissante et envoutante il y a quelques temps de cela. Mais depuis, plus rien. Ou plutôt, juste un murmure, un bruit de fond à peine audible qui la suivait partout où elle allait.

Une armée... Voilà un bien beau présent.

Elle s'avança, évita la flaque d'eau, puis s'assit.

J'ai mes raisons pour rejoindre les rangs de cette armée, et s'il faut assurer ta protection, cela sera avec plaisir.
Le Seigneur est quelqu'un de mon peuple après tout...

Le fait qu'Arkhams lui demande sa protection la surprenait, mais elle en comprenait maintenant les raisons.
Et puis... Ganon était un Gérudo, leur chef qui plus est. Et voilà qu'on lui proposait de servir et d'attendre le retour de cet unique frère qui ne l'avait pas reniée... Elle soupira, et eut un sourire empreint de tristesse.

Arkhams apprécia la compagnie de sa jeune alliée. Peut être avait il enfin quitté la douloureuse solitude ? Seul l'avenir pourrait le dire. Toutefois il savait qu'il n'aurait plus la force de remonter une nouvelle fois la terrible pente. Il comptait mourir pour son Seigneur cette fois-ci et ne plus jamais lui tourner le dos. Contrairement à ce que le commun des mortels pourrait penser, Ganondorf peut apporter énormément de choses à des personnes telles qu'Arkhams. Certes cela passait par la voie du mal, la voie des conflits, mais cette voie pouvait être synonyme de bonheur. Arkhams se mit à parler de manière très solennelle et sérieuse.

Devenir un soldat de l'armée des Ombres est très difficile. Il faut bien plus que la force ... Ton âme sera effroyablement meurtri par les guerres et le sang. Tu es une Gérudo, tu dois connaître les rudiments du combat pour défendre les tiens. Toutefois ici, il s'agit d'infliger les pires souffrances à des semblables par pur gratuité, simplement pour le Mal. Ton esprit sera à jamais détruit et ton corps enlacera l'enivrante puissance de Ganondorf.

Un dur chemin nous sépare encore du pouvoir du Maître. Seras tu prête à encaisser tout ceci ? Impossible de fuir aux souffrances d'une telle voie, la mort est la seule issue.

Withered écouta tout ce qu'Arkhams avait à lui dire, puis se recroquevilla, entourant ses genoux repliés de ses bras. Elle posa sa tête dessus, tournée de l'autre coté de peur de révéler ses pensées par ses expressions de visage.

Elle se savait prête à endurer tout ça. Elle avait toujours su que c'est la voix qu'elle emprunterait. Mais maintenant que le moment était enfin venu... Elle ne réalisait pas. Elle se plongea dans ses réflexions, sur l'avenir, sur cette voie qu'elle allait suivre.

Un jour elle en viendrait à combattre des gérudos. Au lieu de s'inquiéter, cette idée la réjouissait. Enfin... Enfin, elle leur ferait payer.

Elle partit dans un fou rire terrible, un rire presque... démoniaque. Liudia lui fit reprendre ses esprits, elle se redressa et regarda Arkhams. Dans ce genre de situation, son côté taciturne refaisait généralement surface.

Oui, et avec grand plaisir.