Posté le 26/03/2012 14:05
Astre observait son ami d’un air incertain. A la fois amusé et dégoûté par la saleté d’Arkhams, il avait envie de lui hurler d’aller se faire épouiller, frotter, enlever, curer, brûler même le deuxième épiderme de crasse. Dans une autre optique, ses manières de nobliau associées à celles de pouilleux le faisaient rire. Cet homme était un paradoxe. Le jeune déchu avait compris que l’Illusion Dépravée était l’unique réel démon subsistant en ces terres, peut-être même le seul qui y ait jamais vécu. L’humour grinçant, les méthodes dévastatrices, il ne s’emportait jamais pour rien.
Avait-il seulement était un jour jeune ? Astre se le demanda sérieusement, en contemplant ses traits ravagés. Lui, triste pantin sorti du placard… Encore insouciant, quasiment innocent malgré les crimes commis. Cela le dégoûtait d’être plus un guerrier qu’un chaotique antihéros. Pourquoi fallait-il être aussi puéril, pensa-t-il. Je suis ce que je suis. Les tréfonds de son esprit torturé faisaient tourner les mécanismes de cent mille machines actionnées. Sa tête menaçait d’exploser ; il sourit en pensant à sa première mort, à ses crises. Cela ne l’empêchait pas de se tenir le crâne. Cet être contradictoire représentait également un paradoxe, et cela le soulagea d’être ainsi dans la même lignée que son frère de sang.
« Je suis las de griffer des vieilles pour voler leur besace. Retrouvons nos petites amies. »
Astre ne comprit pas la deuxième partie de sa phrase, n’en tint pas compte et inclina la tête en signe d’assentiment. De toute façon, ça n’avait pas d’importance.
« Parbleu mon ami ! Les rubis me font défaut en cette mâtinée. Allons demander faveurs à ce négociant. » tonna Arkhams en entrant dans le lieu de ses convoitises.
Le chancelier d’un clan inexistant le suivit, inspecta d’un coup d’œil rapide la boutique. C’était très propre, le contenu des étagères très diversifié. Ils allaient avoir de quoi emporter. Le problème était ; comment allaient-ils emporter leur butin ? Réponse au seuil de l’automatisme ; il aperçut un gros sac en toile du type sac de pêcheur, très résistant. Parfait, siffla-t-il entre ses dents. Astre aimait bien organiser son larcin, ne pas faire les choses sous l’impulsion, bien que ça ait pu lui arriver par le temps.
« Salutations, messire marchand. Nous aimerions savoir quel est votre râtelier d’armes. Attention, de qualité ; nous sommes seigneurs d’un royaume –certes en perdition, mais d’un royaume tout de même. » Sourire moqueur. Ses yeux rouges se collaient au dos du grand gaillard, poisseux. Lame rouillée au poing, cachée par une manche épaisse ; il était prêt à en découdre. L’adrénaline traversait son sang et, si le commerçant témoignait d’une mauvaise coopération, ce serait son sang à lui qui coulerait. On verra bien ce qu’il aura dans le bide se dit Astre, en pensant à son arme.