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Ylaina Torsene


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"He ben, c'était moins une..."

L'hylienne enleva les bandes qui lui recouvraient les cheveux tout en se dirigeant vers un coin particuloer de la plaine. Son dernier larcin ne s'était pas aussi bien passé que prévu. Elle n'avait pas pourtant visé très haut. Un marchand pantouflard, qui se croyait intouchable avec sa petite famille. Sa demeure puait l'oppulence. En même temps, il était à la tête d'une des boutiques les plus chères du bourg. Pourtantdes rumeurs courraient comme quoi il arnaquerait ses intermédiaires en beauté, faisant toute sa richesse sur le dos de pauvres gens.

Elle s'était infiltrée par une fenêtre du second étage, dans sa tenue moulante de cuir sombre. Elle aimait particulièrement cette tenue. En plus de l'offrir à la nuit, elle soulignait ses courbes. C'était toujours utile quand elle voulait faire du charme à un garde ou à un homme de main réveillé. Il lui était déjà arrivé de s'offrir à un homme en échange de son silence, et elle n'en avait pas honte. Elle avait réussi à grimper grâce à son agilité innée, et la fenêtre c'était ouverte sans un bruit

Elle avait visé directement l'arrière de la maison. Par expérience, elle savait que les gros sous cachaient leurs richesses le plus loin possiblede l'entrée. Ce gros riche n'avait pas échappé à la règle. Il était même beaucoup trop confiant,car il n'y avait pas un seul garde. La seule protection du magot était un coffre en acier, à qui elle se depecha de briser la serrure. Quelques babioles, beaucoup de rubis. Elle remplit généreusement le sac qu'elle portait en bandoulière, et reparti sans un bruit.  C'était là queles choses s'étaient corsées

La femme du gros baloud, insomniaque, faisait souvent un tour dans le patio au fond de la demeure pour essayer de trouver le sommeil. En repartant par le même chemin qu'à l'aller, les deux femmes étaient tombées nez à nez. Et la potiche, maquillée même en pleine nuit, hurla de tout ses poumons et de sa voix affreusement stridente. Ylaina n'eut d'autre choix que briser la première vitre venue, et de partir en se faufilant dans les ruelles. Mais le marchand comme les gardes furent lents à réagir, ce qui laissa le temps à la voleuse d'escalaer les murs par un chemin qu'elle connaissait, et de reprendre le chemin de sa cachette.

Elle avancait discrètement mais peu attentive, juste soulagée. Jusqu'à ce qu'elle sente quelque chose....

"Qui est là ?"

(Premier post pour Aedelrik !)


Aedelrik


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La nuit fait peur à presque tous, enfants et parents, hommes et femmes, pour une raison bien évidente : l'inconnu, ce que l'on ne voit pas. Cloîtré chez soi, on observa par sa fenêtre, mi fasciné, mi terrifié, ce monde soudainement obscur qui parait immense et dangereux. Pour la plupart des gens, la nuit n'a rien de confortable. Mais il en est certains qui s'y sentent comme des oiseaux en plein ciel ou des poissons dans l'océan. Souvent, on en voit que la silhouette et on n'entend que les échos de leurs pas. Au royaume de la nuit, les voleurs sont rois.
Or, il se trouvait que Aedelrik en était un. Pas seulement un voleur, car il ne se restreignait pas dans ses activités, mais tout de même un expert dans l'art de dérober à ceux qui possèdent. Et il avait prit l'habitude de considérer la nuit comme son terrain de jeu. Et voilà qu'une nuit où il avait prévu de mettre un de ses plans à l'action, après avoir observé sa cible pendant plusieurs jours, un autre chat venait empiéter sur son territoire. Depuis une semaine, il avait repéré ce marchant aussi gras qu'opulent, qui semblait porter bien peu d'attention à ses biens lorsque la nuit venait. Une cible de choix, du genre qui ne se rate pas.

Mais alors qu'il se tenait prêt à agir, perché sur un toit dans sa tenue sombre, serrée près du corps dans un soucis de souplesse, Aedelrik avait observé, incrédule et quelque peu désarçonné, une autre silhouette entrer par la fenêtre qu'il avait repéré. Craignant un incident si il rejoignait l'intrus pour le remettre à sa place, il avait attendu, repérant la femme du marchant qui, comme tous les soirs, faisait les cent pas dans la pièce par laquelle l'impudent était entré. Un sourire malicieux lui était venu en voyant l'insomniaque se rendre compte de la situation. Le hurlement avait faillit le faire fuir, de crainte qu'il n'attire l'attention sur lui, mais la curiosité liée à ce chapardeur était restée plus forte. Aedelrik avait donc attendu, à l'écart, caché dans l'ombre que ce dernier ne sorte, et il l'avait suivit.
Intrigué, l'étranger avait remarqué les courbes féminines de sa proie, dans la lueur pâle de la lune. Il avait observé sa manière d'esquiver les gardes et de les semer. Lui même avait réussit sans trop d'efforts, tant il commençait à y être habitué. Même après avoir passé plusieurs mois dans la nature... Quinze ans de métier, ça ne s'oublie pas comme ça. Finalement, la voleuse avait quitté le bourg et s'était arrêté dans ce qui semblait être sa cachette. Aedelrik décida alors qu'il était temps de se confronter à elle. Il ne souffrirait pas de concurrence déloyale. Il s'approcha d'elle et ne masqua plus le bruit de ses pas.


"Qui est là ?"

Elle avait une voix agréable, que la surprise ne faisait que rendre plus plaisante encore. Aedelrik, savourant son effet, sortit alors d'une de ses sacoches, une petite pierre. Il passa sa main dessus, la frottant au passage et la pierre s'illumina faiblement, assez pour qu'elle puisse voir son visage. Bien sur, une voleuse comme elle avait apprit à percer l'obscurité, mais c'était une manière pour lui de montrer qu'il ne se cachait plus. Il lui répondit, très calme et assuré,

"Aedelrik. Mais comme cela ne te dira rien, sache que je suis un collègue, un camarade, un compagnon d'activité, et que tu n'as pas volé qu'un marchant ce soir. Tu m'as également volé mon bien."

Il désigna le sac dans lequel la jeune fille, puisqu'il la voyait à présent comme telle, avait mit son butin. C'était une manière perverse de présenter les choses, puisque ces rubis n'étaient pas passés dans ses mains mais Aedelrik avait tendance à considérer les biens qu'il convoitait comme de fait, à lui. Cela évitait de se poser des questions de moral sur la justice et le vol. Et bien qu'il ne voulait pas de mal à la voleuse, il préférait ne pas lui cacher ce qui l'amenait. De fait, si l'idée de lui reprendre le sac avait effleuré l'étranger, la vision de la voleuse dans une tenue soulignant parfaitement ses courbes, sa chevelure cascadant dans son dos, l'avait dissuadé d'en venir à cette éventualité. Nul doute que si son concurrent avait été un homme, il aurait été moins généreux.

"Je t'en fais don. Tu l'as bien mérité, même si tu aurais dû prévoir que la bonne femme serait sur ton chemin du retour. Enfin, tu t'en es sortie, c'est l'essentiel. Maintenant, j'aimerais savoir ton nom, jeune fille."

Son ton enjoué avait laissé place à un sérieux presque inquiétant, si il n'y avait ce sourire intact sur son visage. Un sourire qui pouvait tout autant présager du meilleur comme du pire.


Ylaina Torsene


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"On dirait que tu as un sacré sens de l'humour mon mignon ♥" dit-elle, un doigt sur ses lèvres. Il ne s'était même pas donné la peine de se cacher, et lui faisait l'immense honneur de lui montrer son visage. Elle se retint de rire. Un charme certain, mais un oeil orgueilleux. Pas trop son genre, mais il y avait de quoi s'amuser pour ce soir, c'était certain. Elle ne se gêna pas pour l’ausculter sur toutes les coutures, s'approchant de lui pour faire nonchalamment le tour de sa personne. Elle ne l'avait jamais vu, et il avait un fort accent. Probablement un étranger.

"Ta générosité te perdra fais attention, mais s'il y a bien une chose que je sais, c'est que ce sac est bien le mien, ainsi que son contenu, au grand damne d'une femme insomniaque. Il fallait bien mettre un peu de piquant dans cette acquisition trop facile."

Il disait faire comme elle, mais elle n'y prêta pas attention. La nuit était pleine de bonnes comme de mauvaises surprises, et elle n'était pas du genre à faire dans l'optimisme. Elle eut un léger rire, avant de cligner de l'oeil.

"Pour toi, ça sera Enora, honnête femme et fille de fermier ! Tu peux écrire mes louanges si ça te chante, belle gueule." L'expérience lui avait appris à être méfiante, et elle était certaine que lui non plus ne lui avait pas donné son vrai nom. Elle ne pouvait pas avoir la certitude de ce qu'il disait, pas plus qu'il n'irait pas la dénoncer aux gardes qui feraient des rondes dès demain. Elle s'arrêta de tourner autour de lui, restant sur sa droite. Elle ne pouvait nier qu'il avait la stature et les attitudes de ce qu'il disait être : quelqu'un comme elle. Mais elle savait aussi que les apparences pouvaient être trompeuses, surtout elle qui en jouait et en abusait.

"Alors, Aderik" elle écorcha son nom volontairement, imitant son accent, "Qu'est-ce qui amène un étranger comme toi à venir m'épier sur mon terrain, et à prétendre à un butin qui ne lui appartient pas, hum ?"


Aedelrik


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Si la voleuse était troublée, elle n'en montra rien. Au contraire, elle parut amusée par la situation et plutôt à l'aise avec l'idée qu'Aedelrik ait pu la suivre jusque dans sa cachette sans qu'elle ne le remarque. Peut être était elle sure de sa capacité à se défendre ou bien savait elle très bien jouer la comédie. Sans doute y avait il un peu des deux, jugea l'étranger. Il dut s'avouer s'être attendu à une réaction différente, moins assurée. Enora, si tant est qu'elle s'appelait vraiment ainsi, s'avérait parfaitement maîtresse d'elle même. Il avait déjà côtoyé des femmes qui se savaient belles et savaient en jouer auprès des hommes, et celle ci en était elle aussi. Sa manière de lui parler, de lui tourner autour avec une nonchalance travaillée, le choix de ses mots, son rire... Il y avait de quoi embraser le coeur et le corps d'un homme, mais on ne survit pas aussi longtemps qu'Aedelrik en tombant bêtement dans ce genre de pièges.
Il ne montra rien du trouble naturel que ce jeu faisait naître en lui, et s'efforça d'en détourner son esprit. Elle s'était arrêté sur sa droite et l'observait, comme pour tenter de démêler le vrai du faux dans ce qu'il lui avait dit. C'était là une de ses tactiques préférées : ne mentir sur rien. Sur son nom, sur ses intentions ou ce qu'il était. Il se contentait de ne pas tout révéler et c'était déjà suffisant pour embrouiller l'esprit de ceux à qui il était confronté, car ceux ci ne peuvent croire une pareille sincérité et cherchent des mensonges qui n'existent pas. Ainsi, sans doute la jeune fille lui avait elle donné un faux nom, mais à quoi bon qu'il fasse de même ? Etranger dans ce pays, son nom ne signifiait rien. Un nom n'a de valeur que rattaché à une réputation, autrement il est muet et ne sert à rien. Et de fait, Aedelrik restait encore aussi discret et inconnu que le moindre sujet de sa majesté. Enora, elle, ne serait peut être plus aussi méconnue après cette nuit, puisqu'on l'avait surprise. Quoi qu'elle en dise et malgré son masque, cette erreur pourrait lui retomber dessus bientôt. Elle reprit alors la parole, toujours aussi assurée,


« Alors, Aderik... Qu'est-ce qui amène un étranger comme toi à venir m'épier sur mon terrain, et à prétendre à un butin qui ne lui appartient pas, hum ? »

Elle avait volontairement écorché son nom et imité son accent. Aedelrik s'enorgueillissait s'avoir apprit l'Hylien en quelques mois mais il n'avait toujours pas effacé les traces des quelques trente ans à parler sa langue maternelle et gardait toujours un accent, contre lequel il s'efforçait de travailler.
Quand à parler de
son terrain, il y avait là un léger affront qu'il était prêt à lui pardonner. Difficile de ne pas pardonner à un tel sourire. Néanmoins, si il voulait qu'elle voit mieux en lui qu'un intrus gênant doublé d'un beau parleur, il allait falloir cesser de jouer à ce jeu. Il se tourna vers elle, et lui répondit, avec le sourire mais plus sérieusement qu'auparavant,

« Et bien Enora, sache que ta cible était aussi la mienne, et que j'avais prévu depuis plusieurs jours de lui prendre mon bien cette nuit même. Il avait parlé à dessein du butin de la voleuse, en désignant le sac du doigt, comme de son bien, afin de la faire réagir. Pour être lui aussi un voleur, il savait que c'était susceptible de l'énerver. Discrètement, il glissa une main vers une de ses sacoches, dans son dos. Et si tu ne m'avais devancé, j'aurais sans doute évité à cette vieille peau une frayeur dont elle se souviendra longtemps. Un vol n'est jamais trop facile. Quand à la raison qui m'amène ici... »

Sa main se referma sur ce qu'il désirait. Vivement, il tira la sphère à l'air libre et l'envoya sur le sol où elle éclata en libérant un nuage de fumée, les enveloppant tous les deux. Aedelrik usa alors de son savoir faire, se jetant d'un bond souple loin de là où il se tenait afin d'empêcher Enora de le situer, et s'approcha discrètement mais sans perdre un instant de là où il la voyait. Le condensé alchimique qu'il venait d'utiliser était une de ses spécialité et il en usait depuis des années, au point qu'il parvenait à dicerner les formes à travers la brume. En quelques secondes, il fut dans son dos, et lui murmura à l'oreille,

« C'est toi que je veux. »

Craignant un mauvais coup, il se jeta en arrière avec agilité et ajouta, sachant qu'il serait sans doute mal compris, sa voix trahissant son intérêt,

« Ou plutôt, tes talents. Je suis arrivé depuis à peine trois mois et je peine à trouver un associé avec qui monter une affaire qui marche. Soit les gens d'ici manquent de tripes, soit ce sont des incapables. Mais toi, tu as tout ce qui leur manque. Est-ce que ça te tenterait ? »

Sans doute y avait il une manière plus diplomate de lui présenter la chose, mais Aedelrik devait lui faire comprendre qu'il n'était ni un novice ni un menteur. De fait, c'était un excellent voleur, et pas que. Mais le vol était toujours la première activité nécessaire pour pouvoir se lancer dans d'autres affaires ensuite. L'étranger avait de grandes ambitions pour Hyrule, et il se savait incapable de les réaliser seul. Accompagné, en revanche... Tout devenait possible.


Ylaina Torsene


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Tandis qu’il parlait, sa main glissa vers sa sacoche, et ça ne lui échappa pas. Ne sachant à quoi s’attendre, elle s’était automatiquement mis sur la défensive, prête à toutes les éventualités. La femme insomniaque lui avait rappelé une leçon apprise il y a bien longtemps : chaque détail comptait, et aucun ne méritait d’être mis de côté. Sinon, c’était la mission qui en souffrait. Et sa mission ce soir, tandis que le trentenaire continuait à parler, était de faire en sorte de survivre et de sauver ses butins dans le pire des cas, et dans le meilleur des cas de prendre l’avantage sur l’étranger, et d’obtenir son silence.
Il laissa sa phrase en suspens, et tout à coup sa vision ne fut plus que fumée. Son premier réflexe fut de protéger ses narines et sa bouche, pour se prévenir d’un quelconque poison. Elle resta ensuite sur sa position, concentrant ses facultés dans son ouïe. Ses pieds étaient prêts à bondir, le corps tendu comme un arc prêt à tirer.


« C'est toi que je veux. »

Au son de la voix, elle partit à l’exact opposé, dans la vitesse qui l’avait toujours caractérisé. Elle fila en ligne droite , épaule en avant pour éventuellement rentrer dans l’étranger malotru, cherchant à sortir de l’épais nuage de fumée qui restait toujours. Elle entendit quand même la voix qui s’élevait, plus loin. Elle avait donc réussit à s’éloigner.

« Ou plutôt, tes talents. Je suis arrivé depuis à peine trois mois et je peine à trouver un associé avec qui monter une affaire qui marche. Soit les gens d'ici manquent de tripes, soit ce sont des incapables. Mais toi, tu as tout ce qui leur manque. Est-ce que ça te tenterait ? »

Elle manqua de rire, et maintenant qu’elle se savait à distance respectable, elle prit le temps d’enrouler une de ses bandes autour de sa bouche et de son nez. C’était un étrange étranger, peu effrayer par sa nouvelle terre et aux méthodes directes plus que discutables. Elle n’y retrouvait pas sa finesse et sa subtilité, mais il y avait fort à parier qu’il pouvait être fort là où elle était faible.

« Je crois que tu vas un peu vite en besogne, mon mignon. Ce n’est pas en épiant, en suivant, puis en asphyxiant une femme qu’on la charme pour obtenir ses faveurs ! » fit-elle, la voix étouffée par le tissu. Certes, ça pouvait l’intéresser, mais cette rencontre était loin d’être un bon présage, et Ylaina ne prenait jamais de décision sur un coup de tête.

« Qu’est-ce qui peut me garantir ta bonne foi hum ? Je suis plutôt du genre à travailler seule en plus mon chou, tu ne ferais que me ralentir avec ta petite fumée en pet de Zora. »

Elle s’était encore éloignée, cherchant à retrouver pleine visibilité. Certes, ces artifices étaient très utiles pour les travaux de vol, c’était déjà une preuve en soi… Mais il allait lui falloir plus de preuves, et surtout, plus d’offres alléchantes. Elle vivait actuellement très bien de sa situation, et elle n’avait peut-être que tout à perdre dans cette association, si elle était véridique.


Aedelrik


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Elle ne manquait pas de ressources, ni de cran. Les nuages de fumée avaient souvent comme effet de désorienter et d'affoler ceux qu'ils surprenaient, mais elle ne s'y était pas laissé prendre. De bons réflexes, et une prise de décision rapide.... L'intérêt d'Aedelrik, déjà fort présent, redoubla lorsqu'elle n'eut comme première réponse qu'un rire cristallin et qui possédait un certain charme. Il s'attendait à ce qu'Enora réagisse de cette manière, ou du moins, lui résiste. C'était là un trait commun aux esprits forts et aux âmes éprises de liberté, qui pensent n'avoir besoin de personne. L'étranger avait plus d'expérience, et avait appris dans la douleur que la solitude devient dangereuse lorsqu'on entreprend de se soustraire au regard de dame Justice et de sa fille, Loi.

« Je crois que tu vas un peu vite en besogne, mon mignon. Ce n’est pas en épiant, en suivant, puis en asphyxiant une femme qu’on la charme pour obtenir ses faveurs ! »

Aedelrik se retint de lui répondre que si il en avait eu envie, faire voler une dague vers son coeur aurait été un jeu d'enfant, lorsqu'elle fuyait sans se rendre compte de sa présence. Mais il ne souhaitait pas la braquer, ni paraître arrogant. De fait, si le voleur faisait montre d'une dextérité éprouvée dans la maniement de ses lames, il répugnait à s'en servir, surtout contre les enfants de la nuit dont il était. Ainsi, il la laissa continuer, sa voix légèrement étouffée par le tissu dont elle s'était recouvert la bouche par crainte de la fumée,

« Qu’est-ce qui peut me garantir ta bonne foi hum ? Je suis plutôt du genre à travailler seule en plus mon chou, tu ne ferais que me ralentir avec ta petite fumée en pet de Zora. »

Bien sur, ils commençaient tous comme cela. Et puis il y avait ceux qui prenaient une voie plus ambitieuse, et ceux qui finissaient par tomber sous les coups de la Justice, seul et sans espoir que quiconque leur vienne en aide. Le regard d'Aedelrik s'attarda sur son poignet gauche, où la cicatrice laissée par les fers lui rappela les geoles de Doerin, et le cauchemar qu'il avait enduré là. De fait, la leçon l'avait marqué autant dans sa chair que dans son esprit, et il n'était pas prêt à recommencer les mêmes erreurs. Il attendit quelques instants que le nuage se dissipe, et fixa d'un regard particulier Enora. Alors, il tira une dague de sa ceinture, et la jeta au sol. Il commença à avancer vers la jeune femme, tirant une à une les neuf lames qu'il gardait sur lui, puis les sacoches contenant ses artifices. Pendant ce temps, il lui répondit, d'un calme olympien,

« Combien de temps crois tu que ta bonne étoile va te suivre ? Tu es douée, aucun doute là dessus, mais tu peux me faire confiance sur ces mots : il arrive toujours un moment où ta fougue, ton ambition, ton amour de l'or vont te faire te lancer dans un coup trop ardu pour toi. Tu t'y lanceras en choisissant d'ignorer les risques... Et tu t'y brûleras les ailes. On te jettera dans une cellule sombre, on te forcera à des aveux sous la douleur, on te fera un procès rapide et tu te balanceras à une corde au matin. Je le sais, parce que cela est arrivé plusieurs fois, à des amis. J'y ai moi même réchappé de peu. Et c'est ce qui t'attends. »

Aedelrik était arrivé face à elle, complètement désarmé. Sans arme, les runes de sa tenue déchargées, privé de ses artifices, il ne tremblait pas. Il fixait la jeune femme dans les yeux, un léger sourire triste sur son visage tandis que des souvenirs peu plaisants passaient furtivement dans son esprit. Puis il poursuivit,

« Le destin des voleurs est tragique, dit comme cela, n'est-ce pas ? Et bien ça n'est pas une fatalité. Il tira sa manche droite et dévoila un tatouage en forme de renard cherchant à attraper sa queue. L'étranger fit s'attarder son regard dessus, un regard emplit de nostalgie, C'est ce qui m'a sauvé, quand j'étais au bord du gouffre. Une compagnie, une fraternité, une associations de voleurs. On était pas nombreux au départ, mais on se soutenaient et on se protégeaient si bien que d'autres nous ont rejoint. En quelques temps, on faisait trembler les plus puissants. On n'avait pas d'autres règles que le respect et l'entraide, pas d'autres contraintes. C'était comme une famille, sans les chaînes qui vont avec. Certains partaient, puis revenaient. D'autres s'y sentaient si bien qu'ils n'avaient plus besoin de travailler seuls. »

Le voleur n'avait pu empêcher sa voix de se réchauffer en même temps que son coeur. C'était sans doute l'époque la plus heureuse de sa vie, et se la remémorer ainsi lui évoquait les émotions réconfortantes qui lui était attachée. Prenant conscience qu'il s'était relâché sans le vouloir, il se mordit la lèvre de gêne et pouffa nerveusement. On aurait dit un vieillard radotant. Mais ne dit on pas que les vieillards ont beaucoup à enseigner ? Il posa une main sur l'épaule d'Enora et conclua en lui disant,

« Ce que nous faisons est un art, Enora, mais un art dangereux. Il peut être profitable seul, je ne le conteste pas. Néanmoins, des associés en meute peuvent aller beaucoup plus loin qu'une louve solitaire. Les loups l'ont compris, et moi aussi, au bout d'un moment. Je ne te force à rien, jamais. Mais je serais heureux et honoré de m'associer avec une fille de la nuit aussi talentueuse que toi. Puisque tu le sais, je n'ai plus de raison de m'imposer. Réfléchis y et si tu en viens à être tentée... Cherche moi les jours de marché. Nul doute que nous nous trouverons. »

Aedelrik lui offrit un dernier sourire et commença à se retourner.

[hrp]Désolé du temps de réponse, j'ai eu un passage à vide niveau inspiration ^^[/hrp]


Ylaina Torsene


Inventaire

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(vide)

[Hrp]Pas de problème, j'ai failli te recontacter pour prolonger mon post, peu fière de ma performance. Merci pour ce RP, je devrais lancer le prochain bientôt, je t'enverrais le lien[/hrp]

Elle roula des yeux au ciel tandis qu'il parlait. Combien de fois avait-elle entendu un discours similaire, venant de la bouche de son propre père peu naïf quant à ses activités ? Ce même père qui, d'ici quelques jours, se ferait battre à mort, et obligerait Ylaina à planifier un de ses plus gros coups. Mais c'était peut-être un signe, et sa gaffe de ce soir un mauvais présage qu'elle devait prendre au sérieux. Lorsque le voleur lui posa la main sur l'épaule, elle ressentit pleinement ses émotions. Elle ne put s'empêcher de hausser ses épaules. Elle aimait aussi grandement sa solitude, mais ses rencontres de ses dernières semaines avaient été riches en émotion, alors ça valait peut-être la peine ? Il finit par repartir, et elle enleva le tissu de sa bouche.

« C'est Ylaina, mais en aucun cas tu ne devras essayer de me trouver belle gueule. C'est moi qui viendrait à toi. »

Elle le laissa s'éloigner, et eut tout le loisir de lui mater les fesses. Voilà une tenue de cuir qui savait aussi apporter son effet, presque autant que celle de la jeune femme. Elle ne put s'empêcher un petit rire, et se mit en quête d'une nouvelle cachette. Dans les jours qui allaient suivre, elle réfléchirait longuement à cette rencontre.

FIN DU RP