C'était un matin

RP avec Franc -FINI

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Astre


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Sa figure raide me fixait de ses yeux morts. Ses cheveux de paille, son chapeau en feutre usé noir, la fausse pipe qui dépassait de l’édredon de sa figure, il était comme moi, figé dans le temps, faussement imperméable aux accalmies. Le ciel était une tornade de gris aux tons différents ; il était chargé d’eau, cuvette d’eau propre s’apprêtant à nettoyer le ramassis de merde qui restait au-dessous, dans les égouts. Je continuais à le regarder, cet épouvantail, cet ami de fin du monde. Autour de nous, des champs à perte de vue ; seuls quelques arbres et maisonnées venaient briser la monotonie du paysage. Un léger sillon, presqu’invisible à l’œil nu mais facilement reconnaissable au touché, faisait office de route. Moi, j’étais assis contre le seul conifère aux alentours, vieille citadelle de bois et de feuille. Ce pays était fait de de solitaires, et nous nous retrouvions ensemble, pour une discussion silencieuse, perdus dans la contemplation du monde.

Je revenais d’un long voyage ; j’avais les os glacés, la peau tannée, la plante des pieds toute sanguinolente. Je n’avais pas eu l’occasion de me raser ces dernières semaines ; une toison drue et virile venait assombrir le bas de mon visage élégant. La tignasse avait poussé, elle tombait bas sur ma nuque. Mes yeux étaient enfoncés dans leurs orbites ; bien sanguins mes joyaux, comme s’ils tentaient de se cacher, de ne pas voir ce qui se tramait autour, s’enfoncer dans les plis de chair et d’os et refuser le monde et la vie. Dans mes vêtements sombres, je ressemblai à un brigand religieux, un maraud pas très marrant, un moine-pilleur. Joli concept. La fatigue m’avait rincé, je somnolais sous mon arbre lorsqu’une voix troubla la mélodie du vent.


« Qu’est-ce que tu fais là, Jean-foutre ? »

J’ouvris les yeux, déchiffrant les formes et les couleurs. J’étais devenu analyste, peintre, je tentai d’identifier les nuances. Son visage gras et laid m’apparut d’un coup comme un obus, s’arrêtant cependant à une distance de sécurité. Des chicots, la sclère rougie de sang, il puait la vinasse et la boue. Je n’arrivai même pas à savoir si c’était un mâle ou une femelle.

« J’te parle ! » me gueula-t-il, ce demeuré, ce fou, cet écorché du ciboulot. Il me rudoya un peu, secouant ma carcasse fragilisée par le voyage. Un grognement de ma part servit d’avertissement, mais il ne le prit pas en compte, il continua à me bousculer.

« Que veux-tu ? » lui ai-je demandé, la voix douce, fatigué déjà par la violence qui se réveillait peu à peu, et qui allait tout dévorer sur son passage. L’autre écarquilla les yeux, comme s’il ne s’attendait pas à la question, comme si quelque part celle-ci était hors de propos, comme si le simple fait de la poser était un blasphème, une crétinerie sans nom. Je me mis rapidement à inspecter son accoutrement, fait de jaune, de rouge et d’argent. L’insigne de la triforce brillait sur son épaule : ce gars-là avait l’air de faire partie de la maréchaussée.

« Les vagabonds, c’est soit des déserteurs, soit des crevures à la botte de Ganon ! T’es de quel bord ? ». Il était goguenard, ce blaireau aviné. Je mis mes mains en avant pour lui signifier que je n’avais aucune intention belliqueuse. Il se redressa du coup, me laissant me lever. C’est qu’il avait des manières, ce rustre-là ! J’en aurais pleuré ! J’époussetai mes habits, attaqués par une poussière champêtre faite de boue séchée, de feuilles et d’autres joyeusetés bringuebalées sur des centaines de lieues par le vent sacripant.

« Alors, j’ai pas toute la -- »

Dans un éclair foudroyant, mon coude vint percuter son nez ; il s’effondra instantanément. Mes traits marqués au fer rouge semblaient fondre d’une haine antédiluvienne.

« Saleté de parasite, adjudant de mes couilles ! Tu n’es qu’une limace éthylique, toute enflée de gras ! rien dans le coquillard ! un vrai connard ! ». Ma verve, sur la route, avait ramassé au gré des rencontres la grossièreté inhérente du peuple. « Maudit cul-terreux… ». Je m’excitai sur son corps inerte, à lui balancer des coups de botte dans les côtes. Des bruits d’os qui se tassent, qui se brisent, s’écrabouillent, m’emplirent les oreilles du seul rythme minimalisto-barbare que j’appréciai. J’arrêtai ce déversement de colère inutile, le souffle saccadé par la succession rapide de coups portés. Je pris ensuite le parti de traîner le corps et de l’adosser au même arbre, seulement de l’autre côté, de telle façon à ce que les éventuels voyageurs ne puissent apercevoir qu’un dormeur et non le tas de chair disloqué qu’il était devenu. Qu’allais-je pouvoir faire ? Je restai debout, auprès de mon arbre, seul élément réel, mon protecteur païen, loin de la cité, loin de la vie. Mes yeux charriaient les vagues agitées de la haine et la tristesse.



Franc


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La brise glacée du matin griffait comme un chat espiègle mes maigres vêtements. Je n’étais pas le seul à souffrir des premières contractions de l’automne à naitre. D’autres personnes, marchands et drôles de zozos attendaient les préposés au Pont Levis. Ma silencieuse compagnie fixait d’un air fatigué la descente de la grande dalle de chêne renforcée d’acier. Seule la brume tiède qui s’échappait d’entre leurs dents me convainquit qu’ils étaient vraiment vivants, ces gens-là. Je n’étais pas à l’aise car ils ne semblaient particulièrement ravis de sortir de la citadelle.

Pourtant, pour moi, c’était la plus merveilleuse aventure qui m’attendait ! Je patientais en me rongeant les joues d’excitation fébrile. J’allais quitter le Bourg. Par la grande porte, comme les héros de mes lectures d’enfance. Je quittais les bras protecteurs et paternels du colosse de pierre qu’on nomme Remparts.  Un claquement de bottes et un cliquetis de ferraille fit grognait un de mes voisins. Il fit preuve de rudesse avec la sentinelle du pont, agrémentant son fiel d’un crachat dégoutant. Je me cachais le nez et la bouche de ma cape. Le soldat ignora l’impolitesse. Il entra dans sa guitoune, sise contre la muraille.

Un bruit de tous les diables déchira mes tympans. Un dieu était en train de violenter le silence en un fracas de chaine. Je bouchais mes oreilles de mes mains gelées. Le pavé usé sur lequel je me tenais se mit à trembler et l’incroyable pont se baissa. Je notai la formidable ingéniosité du mécanisme et la facilité avec laquelle il fonctionnait. Un timide soleil se découvrait à mesure que l’entrée s’ouvrait, comme une fille pudique qui retire son drap nuptial. La comparaison me mit le rose aux joues, technique comme une autre pour se réchauffer ! Me gourmandais-je.

Alors que je rêvassais sur le mystère du corps de la femme, Hryule s’offrit à moi. Pas l’Hyrule des contes, ni celui des culs de basses fosses du Bourg, mais le vrai. Sous mes yeux émerveillés s’étalait un tableau composé d’une myriade d’émeraudes … La Plaine. Plus en avant, à l’horizon devait se trouver le fameux Ranch Lonlon. Et sur ma gauche, peut-être la cité Cocorico, et plus loin la sauvage et désertique Vallée des Femmes impudiques ! A moins que ce ne fusse la rivière Zora …

Cet instant d’hésitation mineure me pétrifia. Je n’avais pas de carte ! Ou devais-je aller ? Qui voir ? Comment le savoir ?! L’angoisse fit monter des larmes amères à mes yeux et tout se brouilla. La terreur fit couler les peintures du magnifique tableau hyrulien, je ne distinguais plus les formes, et les couleurs se mélangeaient.


« Avance, gamin ! Tu bouchonnes ! »

La voix grave ajouta à son ordre impérieux une bourrade dans le dos. Mes pieds se mélangèrent et je crus tomber.

« P…Pardon, Monsieur. »

Je reprenais peu à peu mes esprits. Mes jambes étaient en coton alors que je marchais sur le pont, je tentais de nager dans un univers inconnu, rendu brumeux par la peur.  Si j’allais tout le temps tout droit, je finirais par trouver quelque chose, quelqu’un qui m’aiderait. Hyrule était à peu près circulaire, non …? Mécaniquement, comme si une divine volonté tirait les fils de la marionnette que mon corps était devenu, j’évoluais dans la Plaine.

Je ne pus décrire le début du périple. L’angoisse nouait mes tripes et mon instinct s’emballait. Un sentiment de danger immédiat et de mort prochaine me dévoraient. Je n’étais qu’un gamin qui jouait l’aventurier, je n’avais même pas pris de carte ! Quel idiot !

Toujours est-il que j’escaladais une colline, faisait fit totalement du paysage, des senteurs et des sensations qui saturaient mes sens peu habitués à cet environnement. Seul un effrayant sentiment d’immensité me saisissait. Au sommet de l’élévation, se trouvait un arbre sans feuille, garni uniquement d’épines d’un vert prononcé. Un homme trônait sous sa protection. Je serrai ma cape autours de moi. Je commençais à regretter mon compagnonnage. D’autres larmes affluèrent et le physique du maraudeur devant moi se dissipa en une aquarelle incohérente. Il sentait mauvais et me faisait très peur.

Je restais telle une statue devant cet être étrange et effrayant, immobile comme une souche. Ou comme un prédateur évaluant sa proie.


Astre


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Debout, le regard perdu dans l’horizon, j’étais en train de me dire qu’aux yeux des rares voyageurs, je devais passer pour un truand, une petite-main vicieuse, le préleveur d’octroi : « qui passe paye », quelque chose dans cet esprit-là. Pourquoi pas, après tout. J’avais besoin de me faire un peu de monnaie pour pouvoir louer une chambre chez l’affreux NuttyK, boire sa pisse et manger sa merde histoire de reprendre contenance. Après cela, je pourrais me permettre d’autres errances en attendant de trouver quelques anciens compagnons et comploter de nouveau contre cette couronne sans couilles. Ce monde-là ne méritait pas une meilleure souveraine, loin de là, mais j’étais sûr qu’avec un peu de jugeote, un coup d’Etat pouvait facilement percer. Après tout, le royaume était actuellement dans un climat délétère, les forces du Rouquemoute grossissaient à nouveau et le peuple en avait marre de participer à l’effort de guerre. C’était du moins ce que j’avais pu entendre çà et là sur la route, lorsqu’il m’arrivait d’accepter d’écouter les élucubrations de péqueux bavards contre une miche de pain et du bouillon. J’allais bien voir ce qui m’attendait, de toute façon.

J’étais donc la sentinelle noire, le héraut des voleurs, avec ma figure de mendiant-tueur. En plus, non loin de moi se tenait contre l’arbre le cadavre encore tiède du pourceau royal (qui, à mon avis, n’était qu’un milicien cul-terreux à qui l’on avait permis de porter les armoiries de Zelda ; au vu de ce qu’ils devaient le payer de toute façon, ils pouvaient bien l’autoriser à fanfaronner comme un nouveau riche). Je ne savais pas vraiment ce que j’attendais, perché sur mes pieds douloureux, la brise secouant mes cheveux sales et m’agaçant les paupières. Une apparition divine ? Un messager de la Princesse ? Un autre de Ganondorf ? Link venu me renvoyer chez les Morts ? Je n’en avais aucune idée, j’exagérais mes hauts faits passés, la gloire d’antan, je me prenais pour un vieux héros de conte. Mais le conte m’avait rejeté, je n’étais plus à présent qu’un vagabond, une sorte de spectre en mal de reconnaissance. Je fermis les yeux un instant, pour goûter l’air aux senteurs de vieille terre et d’herbe fraîche. Ma patrie, mon idéal… Ma main vint gratter mes joues mangées par les poils. J’avais vieilli. Il était loin le temps des croisades. Si je tardais trop, ma lignée allait mourir. Ma lignée de fous, de dégénérés mentaux, la grande maison d’Hervin. Ce nom était-il correct ? Je ne m’en souvenais plus, moi, compagnon d’épouvantail, qui n’épouvantait personne d’ailleurs puisqu’à côté les corbeaux s’étaient mis à picorer le maïs en toute quiétude, nullement importuné par ma silhouette immobile.

Je le vis alors. Un jeune, je n’aurais pu déterminer son âge, ma vue vacillait sous les assauts du vent devenu plus rageur. Il avait les cheveux blonds, on aurait dit un jeune religieux, endimanché qu’il était dans ses fripes propres et colorées. Allait-il voir le corps du garde ? Allais-je le tuer, lui aussi ? Je détournai le regard et attendis qu’il se manifeste, et il allait se manifester de toute façon, le village était trop éloigné pour qu’il fasse marche inverse et le sentier était le seul chemin décent où il eût pu fouler le sol. Vas-y voir, merdeux, ce que les Déesses te réservent. J’étouffai une quinte de rire solitaire, mais le son ressemblait plus à une toux grasse d’homme malade.



Franc


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L’air se mit à battre la campagne, insouciant des convenances et se baladant librement. Il agitait çà et là, arbres et épis de maïs. Finalement la Plaine n’était pas qu’une étendue monochrome de gazon sauvage et frivole, elle était tachée de carrés agricoles hauts en couleur. Je me jurai intérieurement de ne plus me fier aux descriptions légendaires des contes pour enfants. Je réalisai soudain que j’étais sur un discret chemin de traverse encastré dans un timide piémont, chapeauté d’un sapin, arbre d’hiver que je découvrais pour la première fois. Mes larmes peinaient à cacher le paysage et je savourais la beauté des lieux.

La réaction de l’homme me surprit, à ma plus grande joie. En effet ma subite apparition dans son lieu de contemplation où devait régner pour lui calme et sérénité ne l’avait pas troublé. Ce dernier se contentait de m’ignorer ostensiblement. La peur de l’égorgement, de l’étranglement, de l’éviscération dont l’inconnu pouvait être l’acteur sur mon corps de petit garçon fragile disparut. Fort impoliment je me mis à dévisager son visage impassible, ses yeux à demi clos. Il exprimait une grande fatigue spirituelle et les sillons d’une folle jeunesse. Je parcourais dans les vallées de ses rides toutes les péripéties hyruliennes qu’il avait pu vivre ou subir.

Alors que je laissais galoper mon imagination, mon bon sens me gifla et je dressais une esquisse froide et raisonnée de cet étrange homme. Déguenillé, odeur rance, pieds blessés, visage fermé. La Princesse Zelda, la bonne Mère du peuple aurait pleuré devant un tel spectacle. Un de ses fils déshérités trônait devant moi au pied d’un arbre solitaire, comme au bord d’une falaise au assis sur sa future tombe. Jamais notre Protectrice n’aurait laissé un homme dans un tel état de perdition. Les commandements sacrés de la foi hylienne me revinrent en tête, avec la voix si douce mais puissante de mon père.

Je reniflai bruyamment tout en essuyant mes larmes mourantes d’une peur à jamais refoulée d’un revers de manche. Ma main se glissa dans la poche droite de mes braies et je réussis à en extraire une petite sphère brillante. J’approchais tranquillement de l’homme avant de poser à ses pieds la dite pierre rutilante. Sa valeur était ridicule, un demi-rubis, mais les Déesses m’avait enseigné la charité. Je composais alors sur mon visage juvénile un sourire plein de chaleur pour réchauffer l’humeur de cet inconnu désemparé.

Je décidai alors de marquer dans mon agenda imaginaire d’écrire rapidement cette aventure à mon père. Hyrule était un univers de paix et de gentillesse, parfois rude avec les plus faibles. Loin de les répudier pour conserver la perfection de ce Royaume saint, nous devions faire preuve de tendresse avec les infortunés.


Astre


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Le gamin s’approcha, nullement craintif. Il me tirait le portrait, je n’en croyais mes yeux ! On aurait pu croire qu’il aurait filer la tête basse, en espérant que rien ne vienne lui scier la jeunesse dans d’horribles conditions, que ce soit d’un coup de couteau dans la gorge ou d’une vidange de semence dans son improductif organe postérieur d’adolescent. Ce maudit farfadet, cette moitié d’homme, cette crème de pus, cette pustule grandissante, il me toisait comme si j’étais le dernier des mendiants, la dernière des crevures. Je voyais son regard plein de malice me défricher comme si derrière chaque parcelle de mon être se cachait quelque malheureuse histoire. J’étais pour lui un drame bourgeois, l’aventure à elle seule, la réalité dans toute sa sordidité. Ses yeux aquatiques, qui n’avaient rien connu de la vie, étaient emplis d’humilité devant ma disgracieuse apparition ; non pas l’humilité d’un respect mérité mais celle condescendante devant la dégueulasserie humaine. « Ne te moque pas, mon fils », avaient dû lui prêcher les frères. Ce moinillon osait me faire ça à moi, Astre, la fleur du mal, feu rejeton adoptif du Seigneur Ganondorf, ex-Roi Phénix. J’étais treize vies à moi tout seul, et ce gamin me prenait pour je-ne-sais-quel miséreux devant lequel, suivant l’éducation d’eunuque qu’il avait reçue, il fallait se prosterner tout dégueulant de commisération. Pire, il semblait attendri par ma répugnante apparence.

Je l’observais du coin de l’œil, cet apprenti moine, et le vis plonger sa main dans l’une de ses poches. S’il pensait jouer les héros, les bébé-bandits, il allait avoir une mauvaise surprise. Ma dextre viendrait déchirer l’air et la main, et son corps maigrelet finirait à côté du milicien de marché. Non, vraiment, il valait mieux pour lui qu’il se retînt de ses pulsions téméraires. Il retira en fait et pour tout une sorte de bille miroitante qu’il posa délicatement à mes pieds comme une offrande sacrée au dieu-poubelle que je devais représenter pour lui. Je crus pendant l’ombre d’un instant à une blague, à l’humiliation finement calculée d’un tacticien de l’emmerde ; venait-il des bois perdus ? Me jouait-il un vilain tour ? Mon bras droit trembla, j’avais envie de récupérer mon coutelas de chasse et de l’égorger sur place, pour lui apprendre la courtoisie. Il sembla se signer, ou alors tout pour moi devenait religieux, blasphématoire en un sens si c’était une farce. Quel mauvais goût, quelle ironie… Les Déesses ne voulaient pas me rendre humble, c’était peine perdue et elles le savaient. Elles aimaient simplement titiller mon hypersensible fierté. Je jetai un nouveau regard à la bille par terre, avant de ricaner.

Ma main attrapa son épaule droite sans ménagement ; je le dépassais assez pour être intimidant, et puis mon regard s’était rallumé, incendiaire. Je serrai mon emprise et lui dis :
« Alors, nanillon, on joue les bigots ? ». Mon pied vint écraser son présent pathétique et je ressentis au fond de mon esprit infantile une grande satisfaction. Oui, j’aimais détruire. Il y avait un tel contrôle de soi, chez cet éphèbe, une telle crédulité dans ses enseignements, c’en était énervant. J’eus envie de l’éviscérer sur place… mais je n’y gagnerai pas grand-chose. « Montre-moi ton argent, maraud. Et gare à ton héroïsme… ». J’étais prévenant comme garçon.


Franc


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Je me souvins, enfant, le jour où j’ai découvert la réelle nature des animaux. Devant la maisonnée de mes parents se trouvait un buisson d’épines et de petites fleurs mauves, il formait un joli bouquet coloré bien rond. Un matin en rendant chez monsieur le boulanger, le végétal avait émis un bruit suspect. C’était une sorte de croisement entre un cri et un pleure. Curieux comme un garçonnet, je décidais d’écarter attentivement les branches, me griffant légèrement au passage. L’arbuste avait en son sein un chaton piégé. Par pitié, gentillesse, j’avais tenté de l’en libérer avec mon pied, pour ne pas effrayé davantage la bestiole avec mes géantes mains d’humain. L’animal prit peur malgré mes réactions. Il me sauta sans cérémonie au visage et j’avais beaucoup pleuré. La peur des chats me sera à jamais intacte.

Cette froide sensation d’étonnement, qui coule au travers des intestins et la profonde peine qu’inspirent ce genre de situation fut celle que je ressentis devant l’inconnu. J’étais face à un cheval sauvage, un pur-sang empli de dignité. Il s’était dressé de toute sa hauteur comme le monstre de dessous de mon lit, prêt à me dévorer. Au passage il avait écrasé mon argent en même temps que ma bienveillance. J’étais comme devant un macabre miroir, reflétant l’exact opposé de ce que j’étais : grand, violent, sombre et désœuvré. Un vulgaire tire-laine m’aurait détroussé. Cet inconnu, lui, voulait m’écraser de toute sa colérique personnalité. Son aura ténébreuse étouffant ma lumineuse bonté. Sa nature animale me liquéfia l’aine : brutale, illogique, fatale. La distance entre nous s’était réduite à peau de chagrin, balayant ma sympathie et me renseignait sur la dangerosité de la situation.

J’étais en danger. Il me demanda avec une dégoulinante courtoisie mon argent, non pas par appât du gain ni par volonté de survivre dans son monde hostile, mais par simple amusement, par simple vice. Mes défense de jeune adolescent s’écroulèrent les unes après les autres, mes murailles s’ébranlèrent comme un castel assiégé. Tremblant comme une feuille, je jetai à ses pieds ma bourse de rubis en même temps que mes espoirs de commencer mon compagnonnage.  Cinq rubis, rien de plus.

Mes parents ne m’avaient pas préparé à cela. Je pouvais fort bien m’accommoder de la froideur de mes compatriotes comme ceux que j’avais côtoyés tantôt devant le Pont-Levis du Bourg,  mais pas de la violence d’individus criminels.

En voulant reculer, je trébuchai et me retrouvai sur les fesses, dans l’ombre de cet homme menaçant. Quelques souvenirs de soirées au coin du feu sous la protection de mes parents se succédèrent devant mes yeux, cachant la sordide réalité de la mort imminente. C’est alors que je pleurai, la panique rendant incohérents et ridicules mes halètements de chiot paniqué.

Une prière me vint. Celle des abandonnés, des désœuvrés. Si les Déesses ne peuvent aider cet homme, qu’Elles me protègent moi. Pitié …


Astre


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Ce marmot tremblait comme une feuille ; la peur et surtout la désillusion s’étaient mises d’accord pour le corriger, à coups de gifles brutales sauce réalité. J’imaginais qu’il venait de se rendre compte que c’était un tout autre univers une fois qu’on quittait le monastère. Personne n’avait dû le prévenir qu’une fois qu’il aurait emprunté le portail pour « entrer dans le siècle » -quittant dès lors la Règle, un monde mortifère lui offrirait la vision d’un jardin aux fruits empoisonnés. Peut-être s’était-il imaginé tout autre chose, ce fringant garçon, avec sa figure de jeune premier. Peut-être s’était-il mis dans l’idée que l’aventure, c’étaient les rires, les chants, les rencontres agréables, très peu souvent la haine, la misère, le désœuvrement.

Il frétillait comme un poisson hors de l’eau, un poisson clown jusque-là toutes couleurs tous sourires et à présent mortifié. Tombant sur le cul, il semblait encore plus misérable. Quel imbécile, ce nabot ! Tant de crédulité, tant de mièvrerie, être à ce point docile aux images d’Epinal contées par ses maîtres, c’en était déconcertant. Je ne pensais pas qu’il pût exister encore aujourd’hui, dans ce monde décadent, un mental aussi pur. Il était certain que dans une perspective d’humanité, je veux parler de celle avec des couilles, celles qui percute la vie et lui met un uppercut, celle qui ne se laisse pas faire, le gamin avait encore à apprendre, mais sur le plan des contacts humains, il était vierge. Etait-ce une énigme placée sur mon chemin pour me placer face à mes propres contradictions, moi, Astre, en quête perpétuelle de pureté ? Etait-ce une manière de me faire comprendre que j’étais perdu à jamais, dans les affres de ma haine ? Pourtant haine et pureté n’étaient pas contradictoires à mes yeux. Au moins permettait-elle de ne jamais se détourner de ses principes, de son objectif. Ce garçon était peut-être ma rédemption ! Je me mis à pouffer, contemplant de toute ma hauteur cet étron gringalet. Je fis mine de lever ma jambe pour l’écraser ; il sembla se tasser encore plus, effrayé comme un oisillon devant l’imminence de la mort.

J’éclatai alors d’un rire cristallin, reposant pied sur la terre ferme. Je n’aimais pas les mauviettes, les fillettes, les émasculés de son genre, surprotégés et suréduqués, mais après tout, la vie, c’était aussi les mauvaises rencontres, il allait l’apprendre à ses dépens. J’allais lui faire goûter la vie, j’avais une soudaine envie d’amoindrir sa virginité de vie. C’était petit, oui, et l’ennui me rendait encore plus lascif et mesquin. Je m’abandonnai pourtant avec de grands sourires à ma propre perdition, parce que j’allais entraîner dans ma chute ce petit puceau.


« Lève-toi, pédé… » lui ordonnai-je, assez menaçant dans le ton, beaucoup moins dans les intentions. « On va jouer à un jeu : ça s’appelle la vie, tu connais ? ». Je lui offris le sourire le plus cruel possible. Honnêtement, même un cadavre n’aurait pu rivaliser avec tant de froideur malsaine. Diantre, je me sentais revigoré !


Franc


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C’est à cet instant précis que je compris ce qu’avait voulu dire ma précieuse Maman. Son souvenir me tirait certes un geignement de tristesse, mais me rappelait également l’un de ses adages : « Ne te fies jamais au masque, mon chou. » Au-dessus de moi me toisait un aigle impérial, il n’était plus le mendiant aigre qui végètait en espérant la mort. Il était un capitaine de désespoir, un tyran du vice, un monstre.

Faire une mauvaise rencontre était une chose, cela pouvait arriver à quiconque. Mais croiser la route d’un homme qui jouit de la terreur d’un innocent, en était une autre. Les ordres impérieux du malandrin obscène brisèrent ma stupeur. Je dus obéir.

En même temps que mon buste se redressait, ma vessie se tordit d’émotion. Une chaleur honteuse glissa le long de mes jambes et une brume navrante s’élevait de mes braies. Je tenais à peine debout sous le regard inquisiteur de mon bourreau, les genoux tremblant. Mon existence s’arrêterait là, je sondais au fin fond de mon âme juvénile la Volonté des Déesses. L’absurdité du destin finit de briser ma résistance. Mon corps ne m’appartenait plus, j’étais le pantin des désirs malsains de ma malheureuse rencontre.

J’avais un jour dû baisser les yeux devant des bagnards qui passaient dans ma rue, sous les ordres de mon père. Cette caravane pénitentiaire m’avait estomaqué. Les criminels étaient des coquilles vides et suivaient docilement les geôliers vers un lieu plus propice à leur incarcération perpétuelle. J’avais ressenti de la pitié pour ces gens, mais qui aurait cru que j’allais finir moi aussi dans un tel état de soumission ? Je n’avais commis aucun crime, je voulais seulement faire mon apprentissage et rendre fier ma famille …



« Je veux juste trouver un potier, ou un herboriste.  » Fis-je à ma plus grande surprise. Si mon corps et mon esprit étaient muselés, mon âme semblait quant à elle posséder encore un peu de volonté.

« Laissez-moi tranquille. »


Astre


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Le petit marmot ne présentait plus sa morgue d’innocent, cette condescendance compassionnelle qui s’inscrivait dans l’absence de rides de sa figure juvénile. Ma satisfaction m’était revenue, je n’ai jamais apprécié les insolents, encore moins ceux qui ne le faisaient pas exprès. Cet involontaire mépris lui coûtait cher, le pisseux lui-même devait en être convaincu. Il m’obéissait au doigt et à l’œil, avec pourtant un peu de peine dans sa docilité : en effet, non seulement tremblait-il comme une feuille en pleine automne, mais en plus il s’était pissé dessus ! Quelle honte… la tâche d’huile humaine allait lui coller le tissu de ses bas toute la journée, puisque j’allais effectivement le laisser vivre, simplement pour qu’il puisse goûter l’humiliation de son humeur poisseuse. Ah, comme ses gambettes de sauterelle devaient lui gêner les mouvements, comme il devait s’en mordre les doigts de n’avoir pas fait plus attention. On l’avait pourtant probablement prévenu, ce couillon, de regarder la route, d’être prudent, de ne pas faire de bêtises. Mais les enfants n’écoutent jamais, et c’est ainsi que beaucoup finissent à des milliers de lieux de chez eux à servir les moindres désirs de maîtres cruels. Je me gardai d’approfondir les pensées malsaines qui me traversaient l’esprit, après tout, j’étais moi-même un vagabond et m’amusais sur le tas à torturer la conscience et la fierté d’un jeune adolescent tout juste sorti du séminaire. Quelle prouesse ! Mon humeur changea du tout au tout ; je sentis du dégoût envers moi-même, et sa lave me rageait l’estomac. J’avais envie de vomir, de dégobiller mon arrogance d’adulte faible, de délinquant aux cheveux sales. Il me manquait le chien pour parfaire l’image du dégoûtant de la rue qui s’attaque aux enfants. Je raclai alors ma gorge pour en extraire le pus étouffant en un beau berlingot couleur émeraude.

« Je veux juste trouver un potier, ou un herboriste… Laissez-moi tranquille. »

Ma parole, c’est une manie chez ce chiard de toujours briser le fil de mes pensées ?! Il méritait une correction, et en même temps il m’intriguait : que voulait-il faire chez un potier ou un herboriste ? Deux métiers sans rapport, à part peut-être la fonction commerciale présente chez tous deux. Et puis surtout, moi qui croyais qu’il était apprenti prêtre ! Un innocent qui n’étudie même pas les rites de la Religion ! j’étais plus surpris encore. Il me fallait répondre, de façon intelligente mais en gardant de la distance. J’optai pour une double-solution qui paraîtrait limpide à ses yeux (et ses joues) d’adolescent. Ma main, en revers, lui gifla la joue droite avec violence, puis, comme si de rien n’était, je me faisais plus amical dans ma réponse :

« Tu n’es pas endurci, garçon, tu ne connais pas la vie. C’est la guerre, marmot, et si tu persévères dans cette attitude infantile, tu seras aussi éphémère que le papillon… écrasé par le poids de la lumière, ou par celle d’un méchant homme. Tu as de la chance, tu es tombé sur un gentilhomme. Potier ou herboriste, ça n’a pas grande utilité… et puis c’est un métier de femme. Gringalet comme tu es, ça ne m’étonne pas plus que cela, mais il serait bon, si tu souhaites survivre un peu plus longtemps, de muscler ta carcasse pour répondre aux agresseurs. »

Je lui prêchais la bonne parole, moi, prêtre de guerre ; je lui offrais la violence sur un plateau d’argent. Pour illustrer mes belles évangiles, je le repoussai violemment, sourire goguenard sur mes lèvres reptiliennes.



Franc


Inventaire

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(vide)

Je crus mon âme et mon esprit suspendus, transpercés par le crochet de bouché du mal absolu. Sortes de gibets de potence, au-dessus de mon corps tétanisé, chosifié par le bourreau. Les yeux pervers de ce dernier semblait sonder je ne sus quel arcane des Enfers qu’il visitait. Peut-être qu’il piochait parmi les tortures de l’Outre-monde la plus appropriée à un garçon comme moi. Cependant les mots que mon corps avait échappés, impulsés sans doute par le désespoir lui-même, fissurèrent la macabre rêverie du dément.

Ce démon quitta les abysses du Malin pour se pencher vers moi. Le discours qu’il me réserva aurait désarçonné jusqu’au Sage de la Lumière. Etait-ce de l’empathie que mes oreilles incrédules captaient ? Le timbre de sa voix, noircie par une existence de crimes et de désolation, en disait beaucoup sur lui.

Les Déesses étaient sublimes. Je compris alors tout. J’avais vécu dans une famille plutôt garnie et entouré de voisins aimants, nous formions une petite communauté très chaleureuse. Et je devinais qu’une personne dépourvue de ces dons-là, mutilée par la solitude, devait forcement être dans une souffrance intolérable. Mon bourreau était donc un homme seul.

La maladresse dont il fit preuve lors de notre rencontre, sa violence, était un témoin de sa blessure. Mais le conseil qu’il m’administra était édifiant. Il m’appréciait un peu. Ce n’était qu’un être bourru et un peu aigri. Je décidai de lui exprimer ma sympathie, de le remercier de ces attentions, lorsque ma vue se brisa.

Un éclair perfora ma joue,  ma tempe et une partie de mon crane. Un craquement suspect d’un os que je ne connaissais même pas me révulsa l’estomac. Un impact assourdissant fit basculer ma tête sur le côté et mes jambes se dérobèrent. Il m’avait giflé. Giflé comme on rosse un cabot mutin.

J’étais couché sur le sol, humant l’humidité chérie qui refroidissait ma joue éclatée. La douleur me procurait une nausée que l’humus de la Plaine ne parvenait qu’à empirer. Bien que sonné, je réussi à m’asseoir. D’un ton plaintif, je me composais un semblant de courage.


« Je dois parcourir Hyrule pour apprendre. Je cherche des maitres pour me former à la poterie et aux arts des herbes. Mon rêve est de finir ma vie architecte au service de Sa Grâce. »

Par instinct, ma langue décompta mes dents. Elles étaient toute là. Mon cerveau pragmatique se remit en marche, la terreur que l’homme m’a instillé avait en partie disparue. Je n’étais plus sous le joug de son aura.

« Cependant, il me parait juste de conclure que je n’y arriverai pas. Vous avez la peau sur les os et êtes pourtant en mesure de me tuer… »

Je me relevai, soudain empli d’une confiance hors de propos, certainement donnée par la miséricorde divine.

« …alors où dois-je apprendre la vie, Messire ? »

Un sourire ensoleillait mes propos. J’étais excité par l’idée d’avoir à apprendre quelque chose de très utile et de si inattendu. L’aventure commençait.


Astre


Inventaire

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(vide)

« Je dois parcourir Hyrule pour apprendre. Je cherche des maitres pour me former à la poterie et aux arts des herbes. Mon rêve est de finir ma vie architecte au service de Sa Grâce. »

Cette petite ambition, si restreinte, si cléricale, presqu’ascétique, cette petite ambition de rien du tout, de sans-talents, et ce nabot qui la déclarait main au cœur comme s’il chantait la mort de mille héros !… Je me grattai le menton, ne sachant pas vraiment comment réagir à cet étron d’avenir, cette insipidité de vie, ce manque d’épopée quotidienne. Comment quelqu’un de si malin pouvait-il vouer sa vie à une si modeste œuvre ? Un forgeron, un architecte de guerre, un grandiose maître-maçon, d’accord ! mais un potier de faubourg, pharmacien pour les pauvres, qui entend s’élever jusqu’à la Princesse pour lui édifier des petits châteaux de sable, c’était bien inutile, bien trop crémeux, écœurant, comme ambition… Ce môme laissait crépiter une petite étincelle de témérité, de courage final, d’acceptation du présent, dans ses deux yeux dorés.

« Cependant, il me parait juste de conclure que je n’y arriverai pas. Vous avez la peau sur les os et êtes pourtant en mesure de me tuer… »

Moi, Astre, résumé à un pillard maigrelet ? Je pouffai, ce gamin –s’il était tombé sur moins joueur que moi, aurait eu la gorge tranchée avant même d’avoir pu terminer sa phrase. Je le laissais, aimable, conclure sa tirade qu’il théâtralisait, étirait, grandiloquait à souhait ! Après tout, je pourrais toujours le tuer après, mais je m’avouais curieux de ce qu’il pourrait devenir maintenant que les Déesses m’avaient placé sur sa route jusque-là toute droite, toute tracée, toute propre comme le pubis d’une jeune adolescente qui pointe le mystère de la femme sans diverger aucunement.


« …alors où dois-je apprendre la vie, Messire ? »

Je crachai par terre ; ce gamin-là me demandait sérieusement un conseil, certes malgré lui, mais d’une certaine manière il retournait à son avantage cette petite scène champêtre du clown-assassin agaçant un gamin. Il me rendait responsable de sa personne, il m’obligeait à m’intéresser concrètement. Quel tour de force ! Et pourtant, cette candide détermination à me faire parrain de ce chiot pouvait signer son arrêt de mort. Car après tout, un trait sur sa gorge et c’en était fini de ces tractations infantiles !

Je m’approchai de lui, ombre malfaisante le surplombant de plusieurs pouces. Un petit sourire venait égayer mon visage blafard. Ma main se posa sur son épaule, aussi rassurante qu’une tarentule.


« Tu ne veux pas devenir potier, gamin. Tu t’accroches à la solidité d’un avenir sans goût parce que tu n’es pas audacieux. Et si je te disais que je pouvais faire de toi un héros ? » J’éclatai d’un rire fou. Quel beau détournement de mineur ! Moi, débaucheur de jeunesse, j’étais un vrai brigand ! Mais regardez-moi cette jolie face rondelette, ces joues rosies, ce regard doré et aqueux, cette carcasse androgyne ! Tout en lui respirait cette fade jeunesse inaltérée : quel beau matériau, quelle belle inspiration pour ma folie ! Je vais faire de toi un héros. Sur ton front soyeux je pose le sceau de l’infamie. Tu seras l’ombre de l’ombre, une mortelle morsure pour cette mourante Hyrule.