Posté le 24/08/2016 16:22
[HRP : JE VOULAIS FAIRE UN POST COURT MAIS CA M'A ÉCHAPPÉ PARCE QUE JE SUIS UNE PIPELETTE, prenez pas peur SVP ;__; Je ferai plus court la prochaine fois, là c'était pour l'introduction de mon personnage ! ]
Cela faisait près d'une heure que Lysabel attendait le Maître. Inconsciemment, elle accolait une majuscule au titre, mais était-ce par révérence ou par crainte ? Elle ne savait pas trop. Quoi qu'il en soit, cela faisait près d'une heure qu'elle se tournait les pouces, tout en échangeant des regards nerveux avec les deux autres disciples en devenir. Elle se demandait si le Grand Maître ferait une sélection à la fin de cette première entrevue. S'il en sélectionnerait un parmi les trois. Deux peut-être, avec un peu de chance. Ou pire... aucun. Elle n'était même pas sûre de correspondre à ce qu'il recherchait, car si elle ne manquait pas d'esprit, elle était physiquement plus frêle.
La porte claqua, et un vieillard aux yeux acérés descendit jusqu'au sous-sol humide où ils se trouvaient. Lysabel déglutit, mais elle soutint le regard du Mage lorsque celui-ci les passa en revue tous les trois. Son frère la tuerait s'il savait qu'elle était venue seule à la Capitale. Ses parents la tuerait lorsqu'elle rentrerait enfin dans leur petit village des Plaines du Sud. Autant que le séjour lui rapporte quelque chose.
Elle avait fugué sur un coup de tête suite au raid de Cocorico, incapable de rester une seconde de plus dans son lit seule et impuissante. Malgré sa taille et sa constitution fragile qui lui causait mille ennuis au quotidien, elle n'était plus une petite fille. Et pourtant, au bercail, tout le monde semblait la considérer comme telle. Reste chez toi Lysa, lui disaient-ils tous. Ne laboure pas les champs, ne traîne pas dans les étables, ne quitte pas la maison. Et c'est vrai, peut-être que les maladies n'avaient jamais cessés de la tourmenter depuis qu'elle était née. Peut-être qu'elle était la seule parmi toutes ses sœurs à être aussi faible. Mais pendant ce temps, les hommes tombaient comme des mouches, et peut-être que son frère préféré tomberait lui aussi pendant cette guerre. Tout comme Lessandre, l'aîné de la famille, qui était parti pour la Citadelle d'Hylia il y a si longtemps. Lessandre, qui n'en est jamais revenu.
Lysabel se souvenait de la dernière lettre que lui avait envoyé Adalrik, le meilleur ami et le compagnon d'armes de son frère préféré. Cela faisait des mois qu'ils entretenaient une correspondance enflammée, elle et lui. Elle était la seule de la famille à savoir aussi bien lire et écrire, elle passait ses journées à ça. Et Ad'... Ad' progressait, à son rythme. Il avait tant perdu lors du Fléau de Din... Sa boutique d'apothicaire avait été réduite en cendres, et le bâtiment qui le logeait, lui et le frère de Lysa, avait été partiellement détruit par le passage du Roi Dodongo. "Plus personne n'est en sécurité", lui avait écrit Ad' dans sa dernière lettre, sans même chercher à soigner sa calligraphie franchement catastrophique. "Il y a des raids dans le Sud. Fais attention à toi, Lysa. Je peux pas te perdre." Et coincé entre les plis du parchemin, elle avait trouvé la petite fleur blanche qu'il aimait tant joindre à ses lettres habituelles. Ce grand dadais stupidement romantique. Elle se demandait combien de chemin il avait parcouru pour trouver une plante si jolie, alors que Cocorico et ses alentours avait été dévasté par les flammes.
"J'exige de vous le plus grand sérieux. Je ne me répéterai pas et je ne répondrai pas aux questions idiotes."
Le Maître semblait strict. Il semblait aussi extrêmement réticent à partager ses connaissances. Lysa aurait pu se demander ce qu'elle faisait là, si seulement elle n'avait pas la certitude absolue qu'il lui fallait devenir plus forte. Apprendre quelque chose qui pourrait lui être utile. Peut-être qu'à force de toucher aux potions, elle trouverait un remède à sa fragilité naturelle, si prompte aux maux de toutes sortes. Peut-être qu'en s'initiant à la magie, elle pourrait elle aussi, à sa manière, protéger sa famille, tout comme sa famille avait pu la protéger jusque-là.
Peut-être qu'elle ne perdrait pas un second frère dans les batailles à venir.
"Prenez un chaudron, installez-le sur l'âtre. Est-il besoin de préciser aussi qu'il faut allumer un feu dessous avant d'aller plus loin ?"
Lysabel ne chercha pas à soulever le chaudron, elle se savait incapable d'une telle prouesse. A la place, elle se dirigea sagement vers l'âtre, recueillit quelques brindilles dans le bac adjacent pour pouvoir en former un tas facilement inflammable dans le foyer. Suite à cela, elle prit une branche légèrement plus épaisse, et alla cueillir une flamme au chandelier le plus proche. Elle revint ensuite à l'âtre pour pouvoir l'y transférer. Avec minutie et beaucoup de patience, elle parvint à faire monter le feu dans le foyer - juste à temps pour que l'un des apprentis y pose le chaudron, et que l'autre y verse une large quantité d'eau.
"J'ose espérer que vous êtes tous capable de lire un livre. Dans le doute, celui-là a en plus le mérite d'être illustré. Quant à moi je vais surveiller vos "prouesses"," déclara sèchement le Maître. Lysa commençait à s'habituer à son air hautain. Tu me fais pas peur, vieux barbu. Elle se demanda brièvement si tous les gens de la Citadelle était comme ça. Plus silencieuse qu'une petite souris (elle ne voulait pas se faire remarquer inutilement), elle alla jeter un coup d'oeil au grimoire ouvert. Après avoir retenu les ingrédients requis, elle partit examiner les récipients. Son voisin (Arran, il lui semblait) paraissait avoir sélectionné un gros champignon rouge comme premier ingrédient de choix. Peu désireuse de faire une erreur aussi tôt dans leur confection, elle saisit un second champignon rouge, et à l'aide du couteau posé sur la table devant elle, elle le hacha en tranches avant de tout glisser dans la marmite. Ca tombait bien ; l'eau commençait à bouillir. Elle tenta de ne pas trop fixer la mixture dégoûtante qui sortait de la grenouille que son second voisin de table écrasait dans son mortier. Quelle horreur. Le Maître aurait pu au moins avoir la décence de laisser l'amphibien se dessécher au soleil. Elle n'avait pas hâte de devoir découper le sien et de s'en mettre plein les doigts. Peu habituée qu'elle était aux travaux manuels, elle se couperait tout aussi sûrement que Yahim.
Lysa sourit pour elle-même, devant la marmite qui commençait à fumer. Ca n'avait pas l'air plus compliqué que la cuisine, jusque-là.