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Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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[Suite de : https://hyrulesjourney.forum2jeux.com/t1995-retour-au-bercail
Fini à temps, je ne vous bloque pas trop comme ça, mais je ne pourrai sans doute pas répondre avant la fin de l’IRL. Petite note temporelle : ce RP se situe après le RP du Temple du Temps mais avant celui du Ranch (c’est plus simple me semble-t-il, enfin après si ça gêne faites-le moi savoir) :3]

Les livres rencontrèrent le sol dans un vacarme assourdissant. La Princesse se dépêcha d’aller les ramasser pour les ré-empiler sans prendre le risque de faire des tas trop hauts cette fois. Elle s’éloigna un peu après avoir ramassé et posé le dernier livre. Il ne restait à présent plus beaucoup de surface libre sur son bureau, et elle allait avoir de la lecture pour s’occuper un long moment.

Fatiguée par ses allées et venues entre la bibliothèque et son bureau, elle se dirigea à la fenêtre qu’elle prit soin d’ouvrir pour aérer un peu la pièce et souffler un peu tout en contemplant le paysage. Elle ne se lassait jamais de la vue. Comment en voyant un si beau royaume pouvait-on imaginer le mal qui rongeait de l’intérieur et qui s’apprêter à éclater ? Elle se garda bien de regarder en direction du Temple du Temps et se contenta de perdre son regard dans l’étendue de la plaine. La vue était apaisante, mais même elle ne pouvait pas la couper de ses préoccupations.

Elle était encore loin, bien loin d’être prête. Si Ganondorf faisait à nouveau son apparition, elle pouvait espérer que l’armée et les guerriers volontaires seraient suffisants à le repousser, des mesures avaient été prises pour renforcer la sécurité et chacun veillait et se préparait à la menace imminente. Mais en admettant seulement que ces forces soient suffisantes, ce qu’elle ne pouvait même pas savoir, ça n’était pas tout, ça ne règlerait pas le problème.

Le Seigneur du Malin avait déjà été enfermé dans le sceau créé par les sept sages. Chacun d’eux avait uni ses forces aux autres pour sceller le Cavalier Noir et l’empêcher de souiller la Terre d’Hyrule. Mais le sceau s’était brisé. Il n’avait guère tenu que sept années. La solution était non seulement difficile à renouveler maintenant que leur ennemi savait à quoi s’attendre, mais elle n’était même pas fiable ou définitive. Tant qu’elle n’aurait pas découvert la raison exacte qui avait permis à Ganondorf de s’échapper, il serait difficile de l’enfermer à nouveau. Un autre problème encore, le fragment de Triforce toujours en la possession du Roi Gerudo. Elle ne savait absolument pas s’il était de quelque façon responsable du retour de l’homme, ou s’il avait aidé ce dernier à briser le sceau des sages, mais il était dangereux de le lui laisser. Toutefois, elle n’avait aucune idée de la façon de le récupérer.

C’est pourquoi toute cette pile de livres l’attendait ! Entre vieilles légendes et vieux livres d’histoire trouvés dans les archives de la bibliothèque royale, elle espérait découvrir un signe ou un indice sur la méthode à adopter. Laissant là le paysage, elle revint à la table et choisit un des livres derrière lequel elle disparut, absorbée par sa lecture.


Luka

Le Changelin

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[ HRP : Pardonnez moi du retard, j'ai rencontré quelques petits problèmes IRL entretemps... ]

Sa Majesté n'était pas à la salle du trône : les deux battants de la porte en bois verni ne s'ouvraient pas. Les lèvres pincées, Abigaïl parvint à retenir un juron qui menaçait de passer. Il jugeait déjà assez embarrassant d'encombrer la Princesse de la Destinée avec cette histoire de chancelier, qui pouvait à tout moment s'avérer complètement fausse, mais la déranger alors qu'elle ne recevait plus aucune audience... Le garde royal déposa sur Orpheos un regard pensif, sans réellement le dévisager. Si cet homme disait vrai, la Cour regagnait un membre qui pourrait s'avérer efficace et influent... Les risques d'un mensonge aussi gros s'amenuisaient déjà en raison de l'assurance que présentait l'individu à l'idée de se présenter face à la souveraine. Cependant, bien que son état physique était affaibli par les contrecoups de l'alcool, rien ne pouvait confirmer qu'il était inapte à une quelconque offensive. La magie, par exemple : Abigaïl ne possédait aucune connaissance en ce domaine et, par ce fait, se retrouvait incapable de la détecter. Il était conscient que la Princesse savait se défendre ; il voulait juste éviter d'en arriver là.
Bien qu'il n'était pas dans son rôle de songer aux bienfaits que cette affaire pourrait apporter au royaume, il ne pouvait plus simplement suivre sans penser aux conséquences : le garde devait garder. Préserver. Et pour cela, il devait faire attention à ne pas laisser entrer au sein du château un élément parasite qui risquait de propager la plaie infectant déjà le royaume.

Prenant garde à ne pas se montrer discourtois, il interpella une servante qui dépoussiérait les quelques bibelots décorant le couloir afin de se renseigner sur la localisation de la Princesse. Celle-ci s'était dirigée vers son bureau, cela faisait un moment qu'elle avait quitté cet endroit... Tentant de ravaler son exaspération, l'hylien pria l'invité royal de le suivre et ne perdit pas davantage de temps afin de gagner au plus vite l'aile du château où devait s'être réfugiée la souveraine après avoir rempli ses fonctions de diplomate.

Jamais encore ne s'était-il aventuré en ces lieux, tout d'abord parce qu'il était de notoriété publique que cette partie-là du palais était réservée aux nobles, mais aussi parce qu'elle était essentiellement privée, aménagée pour être uniquement fréquentée par les résidents... Et par résidents, il fallait entendre "instruits", car la bibliothèque n'était pas loin et les petits hommes du peuple comme Abigaïl ne pouvait guère s'y intéresser lorsqu'ils savaient à peine lire et écrire. Ainsi, c'était avec une certaine réserve qu'il avançait ; il savait théoriquement où se trouvait la salle de travail de la Princesse et ne craignait pas de les perdre, mais il n'osait rendre les regards curieux des courtisans qu'ils croisèrent chemin faisant. N'étant toutefois pas du genre à se laisser intimider, il marchait dignement, la tête relevée. L'insigne de la Garde Royale qu'il portait devait bien valoir l'attitude hautaine de ces aristocrates.

La porte du bureau était restée ouverte, certainement par négligence ou pour plus de commodité. Sans aucune hésitation apparente, Abigaïl avança jusqu'au seuil et s'y arrêta net. Le dos droit, discipliné, il esquissa un geste afin de toquer contre le battant mais s'arrêta dans son élan lorsqu'il s'aperçut que la princesse était absorbée dans sa lecture de l'un des ouvrages. D'autres de taille tout aussi imposante gisaient sur la table en bois massif, prêts à être consultés à tout moment.
Malgré sa réticence, il frappa contre le vantail du bout des phalanges, afin de signaler leur présence.

La souveraine releva ses yeux purs sur eux. Le garde perdit ses moyens pendant un bref moment.

Trop d'évènements, de souvenirs, de réminiscences. Il n'avait fait face à la monarque qu'une seule fois, après l'attaque du château. Cela faisait un an. Il... n'était alors que l'ombre de lui-même. Il s'en rappelait avec amertume. Étant resté à l'arrière, il avait assisté à toutes les horreurs portées sur les citoyens du bourg. Les civils. Le passage des forces du Malin avait causé tant de ravages, et lui qui alors n'était qu'un adolescent emporté, immature, lui qui avait été témoin de tant d'atrocités...
Les habitants de la place du marché demandaient alors audience sur audience, chacun réclamant une compensation à la perte qu'il avait subi. Il n'avait pas fait exception : son frère était mort, il n'avait plus assez pour subsister de lui-même. La Princesse ne devait plus se souvenir - tant de personnes ont défilé devant elle pour avoir ne serait-ce qu'un peu de nourriture et un toit sous lequel s'abriter - mais ce premier contact fut pour Abigaïl comme un éveil après l'obscurité. De ses propres yeux, il avait pu contempler la bonté et la sagesse de celle qui gouvernait au dessus d'eux. Lorsque l'espoir même était anéanti, elle subsistait, la tête haute, supportant la douleur de son peuple avec celui-ci.
La Destinée l'accompagnait.

Peut-être était-ce l'une des raisons pour lesquelles il s'était engagé dans la garde. Il peinait à se souvenir ; ce qui lui restait de l'époque était trop confus.

Il toussa brièvement, son assurance retrouvée. Une expression plus neutre prit place sur son visage - trop d'émotions avaient été involontairement dévoilées à travers son regard, il le savait.


« Pardonnez c't'interruption, Vot' Majesté. J'ai un homme qui s'prétend être ancien chancelier, 's'appelle Orpheos. D'ent' les gardes en faction on l'a pas r'connu, mais il insistait. J'vous l'ai am'né. »

Au risque de paraître grossier, Abigaïl était entré sans plus de procès dans la pièce royale tout en achevant sa phrase, effectuant un pas sur le côté afin de laisser la voie libre à Orpheos. Cependant, ce mouvement n'était pas anodin : si le prétendu chancelier manifestait un seul geste suspicieux, le garde royal serait à présent en mesure de le réprimer. Son visage était fermé, ses yeux perçants ; il fixait l'invité royal sans pour autant paraître insultant, prêt à agir en cas de besoin.
La protection. La protection avant tout.


Orpheos


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Ils étaient enfin à l’intérieur du château. Depuis combien de temps n’avait-il pas parcouru ses couloirs aux murs de pierre, et foulé leurs sols de marbre décorés d’interminables tapis rouges ?

Après avoir échoué aux portes de la salle du trône, posé un étrange regard sur Orpheos, et demandé à une servante où pouvait se trouver la princesse, le garde royal les dirigea tous deux vers le bureau de cette dernière. Il semblait passablement agacé d’amener l’ancien chancelier à la souveraine, et pour cette raison, il préférait ne pas lui adresser la parole.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans l’aile du château réservée à la résidence des membres de la cour royale, l’ex-chancelier continua son parcours avec la même sorte de prudence qu’Abigaïl. Au sein de ce décor, Orpheos et le garde royal dépareillaient. Les courtisans ou les nobles qui les voyaient passer ne pouvaient pas manquer la gueule de bois du premier, et les airs un peu paysans du second. De plus, Orpheos -tout comme son accompagnateur- ne s’était jamais vraiment familiarisé à ce milieu noble qui se trouvait au sein du château. Il avait été enfant du désert, puis de la campagne, et était devenu vagabond une fois adulte. A l’époque où il avait eu son poste au château, il avait décidé qu’il fréquenterait celui-ci le moins souvent possible. Il se sentait mieux au milieu des vertes campagnes d’Hyrule. Loin de tous ces nobles dont il ne s’était jamais senti proche.

Toutefois, il sembla bien à Orpheos que plusieurs d’entre eux parurent le reconnaitre sur son passage.
Le garde royal l’amena ensuite au bureau de la princesse. On y était…

Tandis qu’Abigaïl toqua à la porte laissée ouverte, Orpheos prit une très légère inspiration, avant de pénétrer dans la pièce en compagnie du garde. Zelda était là, assise derrière un grand bureau en bois qui croulait sous une masse de livres épais. Elle avait l’air un peu fatigué, sans doute par sa lecture, et Orpheos reconnut immédiatement la jeune fille qu’il avait croisée par hasard un jour. Celle qui voulait fuir ses responsabilités pour goûter à la liberté. C’était sans doute ce qu’elle voulait faire, quelque part, cachée derrière ses livres.

Voyant la princesse en contre-jour, à cause de la lumière qui passait par la fenêtre derrière le siège de Zelda, Orpheos ne distingua pas très bien le regard qu’elle lança aux deux hommes. Un court silence s’installa. L’ancien chancelier se remémora les quelques moments qu’il avait passé dans ce bureau avec elle, au temps où il était à son poste de conseiller. Lui qui avait parcouru toutes les terres d’Hyrule, il avait une excellente connaissance de la culture et des arts du pays – et son rôle avait été de conseiller Zelda sur les décisions à prendre concernant l’actualité culturelle d’Hyrule.
Mais un jour il s’était réveillé, après le départ de son amour secret, et s’était rendu compte qu’il n’avait tenu à ce poste que pour lui. Que pour rester proche de cet homme. Une fois cet amour parti, il n’avait plus vu de raison de conserver son titre de chancelier. Mais aujourd’hui, puisqu’il était revenu à Hyrule, il tenait à montrer signe de vie à Zelda… par respect pour elle.

Le garde royal toussa, avant de prendre la parole :
Pardonnez c't'interruption, Vot' Majesté. J'ai un homme qui s'prétend être ancien chancelier, 's'appelle Orpheos. D'ent' les gardes en faction on l'a pas r'connu, mais il insistait. J'vous l'ai am'né.

Voici qui était direct. Mais même si Orpheos ne voyait pas bien le visage de Zelda, à cause de la lumière qui l’aveuglait, amplifiée par sa gueule de bois, il devinait l’air plus que surpris de la princesse. Alors, devant le garde royal qui lui laissa le passage d’un pas de côté, Orpheos s’avança au milieu de la pièce, entre lui et sa supérieure, toujours derrière son bureau. Il ne fit pas de révérence, cela n’avait jamais été son style, et elle le savait.

-Princesse… commença-t-il d’une voix quelque peu hésitante, me voici revenu de mon exil… Je… Je suis venu vous retrouver pour mettre fin à vos éventuels questionnements sur mon sort, mais également pour vous adresser mes plus plates excuses. Mes excuses d’avoir quitté le château du jour au lendemain, sans vous avertir de rien.

N’étant pas bien doué pour les discours, et ne voulant pas paraître trop soumis au bon jugement de la princesse devant son garde royal, Orpheos reprit le silence. Entre sa gueule de bois, la fatigue qui le faisait légèrement chanceler sur ses pieds, et la blessure qui avait laissé une tâche rouge sur le bandage entourant son abdomen, sous sa chemise blanche : l’élégance d’Orpheos avait déjà été réduite à néant. Inutile de tomber encore plus bas.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Quelques coups furent frappés à la porte, et elle releva les yeux. Elle croisa le regard du garde roux, droit comme un i et posté à l’embrasure de la porte. Elle n’était pas si souvent en contact avec les gardes, même les gardes royaux, et elle n’avait pas le souvenir d’avoir croisé le jeune homme depuis qu’il avait été engagé. Cela étant, elle n’en connaissait pas moins un minimum d’informations sur les gardes royaux puisqu’elle prenait part personnellement à leur recrutement, au moins en approuvant leur contrat. Celui-ci se distinguait par sa chevelure flamboyante. Quel était son nom déjà ? Ah oui, Abigaïl.

Ce dernier resta un moment silencieux, une myriade d’émotions défilant sur son visage. Intriguée mais aussi inquiète, la princesse faillit un instant lui demander si quelque chose n’allait pas, elle en oubliait presque qu’il n’avait toujours pas donné la raison de sa présence. Elle abandonna sur la table devant elle le livre dont elle tenait toujours une page en main.

Mais avant qu’elle n’ait pu interroger le garde, et sans qu’elle ne comprenne ce qui l’avait ainsi ému, ce dernier toussa et reprit un air impassible avant d’énoncer la raison de sa venue.

« Pardonnez c't'interruption, Vot' Majesté. J'ai un homme qui s'prétend être ancien chancelier, 's'appelle Orpheos. D'ent' les gardes en faction on l'a pas r'connu, mais il insistait. J'vous l'ai am'né. »

« Orpheos … ? »

Le garde rentra plus avant dans la pièce et s’écarta pour laisser une autre silhouette dont elle n’avait pas encore remarqué la présence s’avancer plus dans le bureau. La jeune femme ne prêta même pas attention au respect des convenances ou au fait qu’elle ne les avait pas encore invités à rentrer. À l’instant une multitude de souvenirs traversaient son esprit, ramenés au présent par le nom qui avait été prononcé. Une époque qu’elle pensait révolue. Quelques années auparavant, son précédent mari avait disparu sans laisser de traces et peu de temps après ses chanceliers avaient peu à peu quitté leur poste. Son vieil ami Link lui-même avait pris du recul quelques temps. Elle avait toujours aimé s’entourer de ceux qui disposaient de ce qu’elle n’aurait jamais, et qui en étaient aussi épris qu’elle : la liberté. Ne pouvait-elle se douter que cette envie les rattraperait un jour et qu’ils ne resteraient pas éternellement à la Cour à ses côtés ? Le constat n’en était pas moins difficile et douloureux, mais elle ne leur en avait pas voulu. Elle n’avait qu’un reproche à leur faire, le fait de n’avoir jamais pris la peine de venir la trouver pour annoncer leur décision, mais lui imaginer une quelconque rancœur était mal la connaître. Depuis son plus jeune âge elle avait dû apprendre à garder ses émotions pour elle et avait donc souffert en silence de leur absence, priant pour qu’ils soient toujours en vie et qu’il ne leur arrive rien, où qu’ils soient passés. Le Temps passant, elle faisait inconsciemment son deuil, se préparant à la cruelle réalité : peut-être ne reviendraient-ils jamais.

Une époque révolue, et pourtant… Elle avait récemment retrouvé Efelron, et même Link qui avait lui aussi disparu quelques temps, alors était-ce possible…?

Dans sa tête se mélangeaient et se succédaient la surprise, l’espoir, l’incrédulité puis à nouveau l’espoir. Ce fol espoir que peut-être… N’écoutant que d’une oreille distraite le discours du supposé chancelier – cette voix ! – elle se leva lentement et contourna le bureau pour examiner de plus près l’homme qui était revenu la voir après toutes ces années. Ce n’était gère plus que l’ombre du chancelier qu’elle avait connu qui se tenait à présent devant elle. Si ce dernier n’avait jamais aimé les convenances et les usages de la Cour, il avait pourtant toujours été au moins propre sur lui durant les périodes où il se rendait au Château pour l’assister dans ses décisions. Elle ne pouvait même pas se souvenir l’avoir vu dans un tel état hors du château. Mais c’était indéniable, c’était lui. Que lui était-il arrivé ?

Son regard s’arrêta sur la tâche rouge vif qui se devinait sous la chemise blanche du Chancelier, et l’inquiétude refit surface. Alors sans y réfléchir, comme si toutes ces années de séparation n’avaient eu lieu, comme si elle était remontée dans ses souvenirs plusieurs années plus tôt, elle tendit sa main, qu’elle arrêta à mi-chemin en se rappelant la présence du garde à leurs côtés, se contentant de désigner la blessure.

« Que s’est-il passé … ? »

Mais la blessure n’était pas le seul détail inquiétant. Ayant cessé de détailler l’homme pour le reconnaître, elle s’apercevait qu’il n’y avait pas que l’état de présentation du musicien qui laissait à désirer, sa santé avait aussi l’air d’avoir beaucoup souffert depuis leur dernière rencontre. Ramenant sa main à elle, reprenant une attitude plus officielle, elle prit la peine d’informer le garde qui attendait là, toujours sans rien savoir.

« Vous avez bien fait. Cet homme est bien Orpheos, ex-Chancelier des Beaux-Arts et de la Culture. Mais il est blessé, pouvez-vous faire venir un guérisseur … ? »

L’ordre était bien léger, mais elle restait secouée. Se tournant à nouveau vers Orpheos elle lui répondit enfin, toujours avec la distance protocolaire qu’elle s’imposait en public.

« Vous êtes excusé pour votre absence, nous sommes heureux de vous recevoir à nouveau au Château. »

Ses paroles étaient officielles et pouvaient sembler distantes mais le regard qu’elle lui lança en même temps communiquait tout ce qu’elle se refusait à dire : la douleur qu’elle avait eue de le perdre et sa joie de le retrouver vivant et de retour au Château. Elle seule le savait mais elle ne retrouvait pas seulement un chancelier, elle retrouvait un de ceux qu’elle avait toujours considérés comme de véritables amis, un bien rare dans une Cour hypocrite où elle était entourée en grande partie par des gens qui cherchaient parfois uniquement à récoler des faveurs et des avantages. Ceci avant qu’il ne la quitte du jour au lendemain.


Orpheos


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Orpheos contempla la silhouette de la princesse se lever de son siège, pour contourner le bureau afin de le regarder en retour. Que devait-elle être en train de penser, en le voyant si mal habillé et si fatigué ? Lui qui avait toujours veillé à paraître impeccable lorsqu’il venait à la cour royale, auparavant… cet usage de la cour avait d’ailleurs été le seul qu’il respectait. Il n’avait jamais fait de révérence ou de salutation couarde, comme ces nobles hypocrites qui entouraient la princesse.

Il sentit le regard bleuté de Zelda s’arrêter sur la blessure qu’il portait au ventre, et dissimula en vain cette tâche rouge vif de son avant-bras. La princesse tendit sa main aux doits fins et fragiles pour désigner son abdomen, mais Orpheos aurait juré qu’elle avait voulu la rapprocher davantage. Le garde la gênait sans doute.


« Que s’est-il passé … ? »


Elle avait maintenant remarqué l’état de santé de l’ancien chancelier, amaigri par ses derniers voyages. Ramenant sa main à elle, Zelda s’adressa au garde qui attendait derrière.

« Vous avez bien fait. Cet homme est bien Orpheos, ex-Chancelier des Beaux-Arts et de la Culture. Mais il est blessé, pouvez-vous faire venir un guérisseur … ? »

Au vu du ton officiel employé, Orpheos devinait que ce garde n’était pas un proche de la princesse. Et même pour lui parler devant le garde, elle continua sur ce ton légèrement monocorde.

« Vous êtes excusé pour votre absence, nous sommes heureux de vous recevoir à nouveau au Château. »

Orpheos fut soulagé d'entendre cela. Il avait pensé qu'elle le rejetterait, mais le regard que la princesse échangea avec lui ne trompait pas. Même dans son état post-ivresse, il voyait qu'elle était heureuse de le retrouver. Et après que le garde soit parti chercher un guérisseur en silence, Orpheos s’assit avec précaution sur une chaise placée en face du bureau. A ce moment, les masques tombèrent entre eux, et ils délaissèrent le protocole pour converser.

-Ce garde, dont je ne connais pas le nom, m’a dit que vous étiez en guerre… Est-ce vrai ? dit-il sans oser croiser le regard de Zelda. Raison pour laquelle la surveillance du château a été visiblement renforcée.

Tenant toujours sa lyre, Orpheos préféra la déposer ensuite au sol. Cet instrument, Zelda le reconnaissait sans doute. C’était le même qu’avant. En tant que musicien, il lui était déjà arrivé de divertir quelques oreilles de la cour grâce à ses compositions ; surtout celles de Zelda… mais aussi celles du précédent prince…

-J’ai la sensation d’avoir manqué trop de choses, en ce royaume, pour être capable de comprendre ce qui s’y trame. Quand j’étais là, Hyrule était encore en paix… continua Orpheos en fronçant légèrement les sourcils, tout en conservant un regard fixé sur le menton de Zelda pour éviter ses yeux. J’aimerais savoir ce qui s’est passé depuis mon départ, pour que le royaume soit ainsi menacé…

Zelda voulait sans doute avoir connaissance des raisons de son exil, maintenant terminé, mais Orpheos voulait d’abord se préparer à répondre à ses questions, en commençant par un autre sujet. Un sujet moins sensible, qui lui donnerait moins d'explications à donner, et qui lui provoquerait moins de douleur à évoquer. La douleur que sa blessure lui infligeait était bien plus supportable. Mais de toute manières, le guérisseur n’allait pas tarder à venir.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Alors que le garde sortait pour aller chercher le guérisseur demandé, les questions se bousculaient dans la tête de la Princesse qui ne savait par quoi commencer. Le problème fut cependant assez vite résolu puisque c’est Orpheos qui ouvrit la discussion avec des questions sur la situation d’Hyrule.

Même si ce dernier était allé s’asseoir avant de l’interroger, elle n’avait pas encore bougé et restait debout à l’endroit où elle se tenait plus tôt. Son regard, qui avait suivi le jeune homme jusqu’au siège où il s’était posé, était revenu fixer le mur. Un frisson parcourut la jeune femme, ce n’était pas le sujet qu’elle préférait aborder, tout le fardeau retombait à nouveau sur ses épaules en même temps que la réalité la rattrapait. Mais soit, elle avait tardé pour poser ses propres questions et le Chancelier avait le droit d’être informé de la situation, elle aurait dû tôt ou tard lui fait un résumé des événements récents, elle garderait donc ses interrogations pour plus tard.

« Ganondorf. »

Un mot, un seul. Celui qui résumait à lui seul pour ceux qui le connaissait tout le danger que courait le Royaume. Celui qu’elle avait pourtant souhaité ne plus jamais avoir à prononcer. Elle contourna son bureau pour retourner s’asseoir là où elle lisait quelques minutes plus tôt, se retrouvant ainsi face à Orpheos. Ainsi installée, la tête reposant sur ses mains jointes, elle commença son récit des événements, fixant le livre toujours abandonné sur le bureau devant elle.

« Il est revenu parmi nous pour terminer ce qu’il avait commencé, et sans doute souhaite-t-il aussi se venger. Pendant plusieurs mois il y a eu des rumeurs et des doutes sur son retour, mais désormais plus personne ne peut en douter. »

Elle releva la tête et ses mains quittèrent la table. Son regard croisa celui d’Orpheos, il exprimait toute la douleur qu’elle avait à ressasser les événements.

« Je n’aurais pas dû douter des rêves que j’ai eu, ni des bruits qui couraient. Un jour sans prévenir le Château a été attaqué. Sans Dun… Et sans ces courageux guerriers venus en hâte défendre le Château aux côtés de la Garde, il aurait pu tomber, et moi avec. Nous n’étions pas préparés à cela. Tu as dû remarquer que la sécurité a été renforcée, mais aussi qu’une des tours est toujours en reconstruction. »

Plus que de la douleur, elle ne pourrait jamais se pardonner de n’avoir pas empêché tout ce qui était arrivé. Elle se sentirait toujours une part de responsabilité.

« Par la suite… Et plus récemment… C’est le Temple du Temps qui a été attaqué. Je … Je te passerai les détails, pardonne-moi, je n’ai pas la force. La "bonne nouvelle" s’il peut y en avoir une, c’est que Link est lui aussi de retour à nos côtés depuis. Mais il ne pourra pas tout régler à lui tout seul. Je n’ai aucune idée de ce que prépare le Seigneur du Malin en ce moment, et nos moyens restent limités. »

Une de ses mains revint sur la table pour frôler le livre devant elle, son regard reporté sur l’ouvrage.

« Je ne sais pas ce que je peux faire de plus, la Garde ne peut pas être présente partout, et à l’heure actuelle nous n’avons plus de nouvelles de Ganondorf, il aura l’avantage de la surprise si nous ne le retrouvons pas rapidement avant qu’il ne nous montre sa prochaine démonstration de force. »


Orpheos


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Orpheos devina, avant même que Zelda ne débute ses explications, que celles-ci lui seraient difficiles à faire. Et dès le premier mot qui s’échappa de ses lèvres d’un rouge juvénile, il comprit pourquoi.

-Ganondorf, lança Zelda. Il est revenu parmi nous pour terminer ce qu’il avait commencé, et sans doute souhaite-t-il aussi se venger. Pendant plusieurs mois il y a eu des rumeurs et des doutes sur son retour, mais désormais plus personne ne peut en douter.
-Ganondorf… murmura Orpheos d’une voix presque inaudible. Il connaissait ce nom, comme tous ceux qui avaient vécu à Hyrule plus de quelques cycles solaires. Le chef des Gérudos étaient notoirement connu pour être un leader impitoyable sur les terres désertiques qui côtoyaient le royaume, mais aussi pour avoir été un conseiller influent auprès du roi.
Zelda releva la tête et dirigea son regard vers celui d’Orpheos. Si l’un était usé de fatigue, l’autre l’était par les responsabilités.

-Je n’aurais pas dû douter des rêves que j’ai eu, ni des bruits qui couraient. Un jour sans prévenir le Château a été attaqué. Sans Dun… Et sans ces courageux guerriers venus en hâte défendre le Château aux côtés de la Garde, il aurait pu tomber, et moi avec. Nous n’étions pas préparés à cela. Tu as dû remarquer que la sécurité a été renforcée, mais aussi qu’une des tours est toujours en reconstruction.

-Je l’ai remarqué, et ton garde lui-même m’en a parlé. J’ai aussi aperçu cette tour dont tu parles.

Orpheos réalisa qu’ils recommençaient à se tutoyer tous les deux ; naturellement, comme avant, et comme de véritables camarades. Mais ce ne fut pas la seule chose dont il prit conscience. Il attendit patiemment que Zelda lui explique ce qui s’était passé au Temple du Temps, et qu’elle lui révèle que Link, celui désigné comme Héros du temps, était revenu parmi les rangs de la princesse, pour qu’Orpheos revienne sur un détail qui chatouillait son attention…

-Je ne sais pas ce que je peux faire de plus, la Garde ne peut pas être présente partout, et à l’heure actuelle nous n’avons plus de nouvelles de Ganondorf, il aura l’avantage de la surprise si nous ne le retrouvons pas rapidement avant qu’il ne nous montre sa prochaine démonstration de force, conclut Zelda d’une voix tendue.
-Je comprends les raisons de ton inquiétude, mais il y’a une chose que tu as dite, et sur laquelle je souhaiterais revenir… répondit Orpheos, en s’avouant que son attention n’était plus totalement portée sur les problèmes du royaume, mais sur… Dun. Dun est ici ? Au château ?! Tu as mentionné son nom, et la dernière fois que nous nous sommes vus, nous avons proprement manqué de nous entretuer !

Orpheos crut voir un léger froncement de sourcils chez la princesse. Il s’empressa alors d’expliquer ses paroles vindicatives :

-Mais à vrai dire… C’était de ma faute. La nuit où j’ai quitté le château sans te prévenir… commença Orpheos, avant de s’interrompre. Face à la princesse qu’il avait blessé de par son départ précipité, la culpabilité lui avait fait baisser les yeux et la voix. Mais il reprit courageusement. Dun m’a rattrapé lorsque je suis parvenu au désert Gérudo, et a tenté de m’arrêter, de me raisonner pour me faire revenir sur mes pas, mais j’avais décidé de partir. Il n’a pas réussi à me sortir de mon obstination, et un combat s’est engagé. Combat dont je suis sorti vainqueur, mais sans aucune gloire, ni joie… J’ai laissé Dun derrière moi dans une parfaite ingratitude, et ne suis plus jamais revenu sur mes pas… Jusqu’à la nuit dernière.

Les yeux émeraude d’Orpheos restèrent fixés sur ses propres genoux, éhonté qu’il était de revenir se traîner devant la princesse. Le souvenir de Dun, crachant du sang dans le sable et à la limite de l’inconscience, amplifiait cette émotion qu’il avait pourtant ce jour-là étouffé : sa culpabilité. L’une de ces émotions qui venaient maintenant hanter son cœur fissuré, et qu’il préférerait dissimuler même devant Zelda, pourtant pleine de compassion. Mais que, présentement, il n’arrivait pas à cacher.

-Veux-tu bien me dire ce que fait Dun, désormais ? Je pense lui devoir des excuses, déclara l’ancien chancelier, le regard embrouillé. Jamais il ne se serait excusé, avant. Mais en ce jour, il n’était plus le même qu’avant. Et Zelda, tout comme Dun plus tard, s’en rendraient compte rapidement.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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La Princesse ne savait pas comment elle devait prendre le manque d’intérêt du Chancelier pour la situation quelque peu désastreuse dans laquelle se trouvait le Royaume – du moins avait-il demandé des nouvelles mais la réponse ne semblait pas l’inquiéter outre mesure. Cependant elle pouvait comprendre son besoin d’obtenir avant tout des nouvelles des gens qu’il avait côtoyés, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle-même préférait changer de sujet, il restait pour elle difficile d’évoquer les événements récents, et son inquiétude n’en grandissait pas moins chaque jour. Ainsi ils revenaient sur le sujet du départ du jeune homme, et elle allait avoir les réponses aux questions qu’elle se posait.

Elle fut cependant étonnée par la révélation qui suivit. Entretués ? Son mari ne lui en avait encore jamais parlé. Enfin, elle pouvait sans doute comprendre ses réticences… Au fond c’était peut-être un sujet qu’il n’avait pas très envie d’évoquer… Mais entretués !

Orpheos dut remarquer son effarement puisqu’il enchaîna sur les explications, apparemment gêné par le sujet lui aussi. Elle se contenta de l’écouter silencieusement. Cet épisode ne devait être volontiers abordé par aucun des deux jeunes hommes, aussi n’eut-elle que de la peine pour son époux qui avait gardé ce souvenir seul pendant tout ce temps et ne lui tint-elle pas rigueur de ne pas l’avoir partagé avec elle. Elle comprit que le musicien avait dû tout autant souffrir toutes ces années, aussi reporta-t-elle à plus tard ses questions sur les raisons de son départ.

« Veux-tu bien me dire ce que fait Dun, désormais ? Je pense lui devoir des excuses. »

Ayant remarqué le trouble du Chancelier, elle avait cependant attendu qu’il ait terminé avant de poser sa main sur la sienne de l’autre côté du petit bureau, lui souriant légèrement. Elle ne pouvait lui accorder le pardon de son mari, lui seul serait en mesure de le faire, mais elle pouvait au moins le soutenir. Pour sa part, la déception de son départ était éclipsée par la joie de son retour. Elle osait espérer que son époux prendrait la nouvelle tout aussi bien, et que leur confrontation suivie par une longue absence n’avait pas creusé un fossé entre eux.

« Il se porte bien si ça peut te rassurer. »

Tout en continuant d’arborer ce léger sourire, mi-joyeux, mi-taquin, elle baissa le regard sur sa main, toujours posée sur celle du Chancelier, comme pour l’inviter à faire de même. Une alliance brillait sous les reflets du soleil.

« Et j’ose espérer qu’il est tout aussi heureux que moi. Nous nous sommes mariés. »

Elle jeta un regard par la fenêtre tout en retirant délicatement sa main.

« Mais je ne sais pas où il est en ce moment. L’incorrigible, toujours à filer folâtrer par monts et par vaux. »

Elle soupira légèrement, tout en ramenant son regard vers Orpheos.

« Enfin, je plaisante bien entendu. Je sais qu’il travaille pour le Royaume, il y a de quoi faire pour le moment. Tout comme je suis débordée moi-même … Je regrette et je m’en veux de ne pouvoir passer plus de temps à ses côtés. Quoi qu’il en soit, tu te doutes qu’il passe au moins régulièrement au Château, et dans le cas contraire il ne doit pas être très loin. Que dirais-tu de passer la nuit ici ? Tu serais sûr de le croiser. »


Dun Loireag Dragmire


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[Wala, je suis + sur le PC à partir d'aujourd'hui :) Donc je me mets au RP, j'commence ! '-']

Une salle sombre.

Située dans les confins du château, on pouvait y entendre un bruit singulier et presque imperceptible d’outils métalliques tintant lorsqu’on les repose sur leur socle d’origine. Et bien qu’il puisse faire un soleil radieux au dehors, seul un mince filet de lumière filtrait à travers l’unique fenêtre que l’on aurait d’ailleurs pu prendre pour une meurtrière. La salle en elle-même n’était pas bien grande, mais l’impression de vide qu’elle dégageait était accentuée par l’unique éclairage réel : Une lampe à huile illuminant un homme qui s’afférait depuis des heures.
En effet, la transpiration coulait sur le front de Dun tandis qu’il se l’essuyait du revers de la manche. Un masque présent sur le visage, le jeune homme travaillait d’arrache-pied depuis le milieu de la nuit en tentant d’ignorer la fatigue du mieux qu’il pouvait. C’est d’ailleurs cette dernière qui l’empêcha de remarquer le sang qu’avait laissé le tissu sur sa tête, sang qui teintait de toute façon son corps tout entier.

A ce stade, il aurait été légitime de se demander « De qui diable peut provenir ce sang ? », même s’il aurait été plus juste de dire « De combien de personne ? ».

Car si le jeune Prince était le seul être vivant de la pièce, un nombre conséquent de cadavres jonchaient le moindre recoin, allant du sol jusqu’aux meubles. De taille différente, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, d’hommes ou de femmes, tous partageaient la même pâleur lugubre que leur avait offert le Seigneur des Ténèbres.
Ce dernier avait en effet « célébré » son mariage au Temple du Temps en éviscérant les moines qui s’y recueillaient ou en égorgeant les malheureux passants. Le traumatisme qui s’en était suivi avait plongé le Bourg dans une terreur certaine, mais déjà la vie reprenait son cours habituel.

Néanmoins, l’ex-Chancelier des Sciences et des Magies avait sans doute été le seul à relativiser la sanglante nouvelle, à l’inverse de sa femme. Car Ganondorf lui avait fait un cadeau involontaire, un présent qui valait bien une déclaration de Guerre aussi retentissante que celle-ci.

Dès qu’il eut appris la boucherie qui s’était produite, le jeune Prince avait fait promptement rapatrier les corps au château et convoqué les meilleurs médecins qu’il avait à sa disposition. Car il était extrêmement difficile dans ce pays de pouvoir faire des recherches dans le domaine de la médecine, de par le culte exercé envers les Déesses. Le corps était en effet considéré comme un Temple Sacré, bien plus que n’importe quelle bâtisse renfermant un pouvoir oublié depuis des décennies. Cela expliquait d’ailleurs en partie la révulsion que pouvait susciter les Stalfos aux autres races : Une âme souillée dans un corps profané.

Toutefois, Dun avait pu goûter aux limites de la médecine Hylienne durant les quelques mois qui avaient suivi l’attaque du château. Il était d’ailleurs certains que dans tout autre pays, sa convalescence aurait duré deux fois moins longtemps.


« Chancelier ? Je vais vous remplacer… »

Il s’agissait là d’un des médecins avec qui il avait œuvré ces derniers jours. Les corps pourrissant à grande vitesse, il fallait effectuer des roulements afin d’avancer au plus vite dans leurs recherches. Et étant donné l’odeur infecte se dégageant de la cellule, il s’agissait là du dernier jour d’examens. Les données récoltées étaient précieuses et nombreuses, mais s’en suivrait un travail tout aussi acharnant afin de les exploiter.
L’homme en toge blanche s’approcha alors du Prince qui poussa un soupir où se mêlait soulagement et harassement. Le Guérisseur l’avait appelé « Chancelier », ce qui aurait pu passer comme un outrage à la royauté si ce n’était une marque de profond respect : On pouvait devenir Prince simplement en se mariant, mais il était autrement plus difficile de devenir homme de Sciences.


« Je te laisse volontiers la place : malgré ces masques de feuilles Mojo, la pestilence de notre assemblée n’en finit pas de m’accabler. Tu seras le dernier… Nous en avons fini avec eux, il faudra renvoyer leurs dépouilles aux familles, après les avoir embaumé bien sûr. »

Et sans un mot, il était sorti alors que son collègue reprenait le flambeau. Contrairement à ce qu’il avait dit, le jeune homme aurait très bien pu finir par apprécier la flagrance dégagée par les cadavres… Mais continuer à conserver des corps dans les fondations de la forteresse provoqué une levée de boucliers de la part des adorateurs des Déesses.
Ces pleurnichards pacifiques criaient et s’enfuyaient dès que les Ténèbres s’abattait sur eux, mais ils s’accrochaient à leurs fadaises comme si cela suffirait à protéger leur quotidien. Peut-être Dun ne devrait-il pas se donner tant de mal, peut-être devrait-il tout simplement les laisser croupir dans leur peine et…

Non. La fatigue le faisait délirer.

Se massant les yeux tout en remontant à la surface, l’ex-Chancelier alla ensuite prendre un bon bain chaud qui lui permit de se prélasser et de voir cette journée sous un autre angle. Les récents évènements de sa vie –sa tentative d’assassinat et autres joyeusetés- avait fait prendre une toute autre tournure à cette dernière, et les choses n’allaient pas si mal.
Enfilant des vêtements propres, le jeune Prince s’apprêtait à vaquer à des occupations bien plus saines lorsqu’il entendit une voix dans la pièce d’à côté –la salle de repos des Guérisseurs-. Ecoutant plus par curiosité qu’autre chose ce qu’avait à dire le nouveau venu à une bande de spécialistes épuisés par un marathon médical, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il entendit le nom du blessé …

__________

- « Veux-tu bien me dire ce que fait Dun, désormais ? Je pense lui devoir des excuses »

- « Nous nous sommes mariés. [ … ] Quoi qu’il en soit, tu te doutes qu’il passe au moins régulièrement au Château, et dans le cas contraire il ne doit pas être très loin. Que dirais-tu de passer la nuit ici ? Tu serais sûr de le croiser. »

Fixant le grain de la porte qu’il s’apprêtait à passer, le jeune homme n’avait entendu que quelques mots de la discussion qui prenait place de l’autre côté. Très touché par la douce réponse de sa femme, ce fut néanmoins la voix masculine qui attira presque toute son attention, l’arrêtant dans son élan… Des années s’étaient écoulées, mais c’était toujours la même.

Des années… Ca faisait donc si longtemps ? La dernière fois qu’ils s’étaient vus, Dun et son ancien maître s’étaient pratiquement entretués, ne retenant pas leurs coups et cherchant juste à faire taire le souffle de l’autre. Sans doute avait-ce été le déclic, puisque le jeune Prince s’était vu révéler le passé que son père s’était acharné à faire taire grâce à la Sorcellerie. Un choc psychologique, ou une secousse au cerveau de trop avait délié les liens… Il ne savait pas exactement pourquoi, et le jeune homme s’en fichait éperdument.

Le fait est que la personne qui avait failli le tuer, l’avait abandonné, rejeté, et qui avait involontairement provoqué son exil se trouvait maintenant en sa demeure. Chez lui. Avec sa femme.


« Vous avez fait quérir un guérisseur, ma Dame ? Malheureusement, aucun n’était en état d’assurer une intervention de par ma faute, je vais donc examiner le blessé moi-même. Je me permets d’entrer. »

Prenant un ton officiel comme s’il s’agissait d’une intervention classique, le jeune Sorcier ouvrit donc la porte et s’avança dans la pièce jusqu’aux deux occupants. Là, il fixa longuement son ancien maître d’un regard si froid qu’il aurait pu faire passer la Caverne de Glace comme un lieu de vacances à côté !

« Oh… »

Il ne se donna même pas la peine de feinter une quelconque surprise… N’avait-il pas débarqué de son plein gré, proposant aux médecins de se reposer alors qu’il irait soigner cet éclopé ?
Cet estropié, boiteux, infirme, diminué, accidenté, impotent, invalide, ou je-ne-sais-quel-ver-de-terre qui avait un jour lointain réussi à le mettre à genoux ?!
N’importe quelle personne, bonne ou mauvaise, n’aurait pu accepter toutes les meilleures « excuses » du monde après ce que cet homme avait fait…. !

Si ce n’est Dun ne voyait pas ce qu’il avait à pardonner à Orpheos, et s’il n’y a pas de pardon à octroyer, il n’y avait pas d’excuses à présenter. Tout simplement.

S’asseyant le plus naturellement du monde à côté du blessé, le jeune homme commença alors à trier les outils qu’il renfermait dans la poche de cuir en vue de l’auscultation (différents de ceux qu’il avait utilisé depuis quelques jours, bien sûr).


« « Bien, es-tu passé par les Contrées d’Aozora ? J’y suis moi-même resté un certain temps, et je dois dire que leur passion pour la musique a su me fasciner. J’espère que tu sauras nous impressionner ! Bien que tu l’aies toujours il désigna la lyre d’un coup de tête je gage que tu connais nombre de nouvelles chansons. » [/color][/b]

Se désintéressant momentanément de ses instruments, le Sorcier fixa cette fois le musicien dans les yeux.

« Et j’espère que tu sauras nous en apprendre plus sur les raisons de ton départ ? »

Une simple question, sans animosité ni perversité, guidée par ce merveilleux défaut qu’était la curiosité.


Orpheos


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Lorsque la princesse posa sa main sur la sienne par-dessus le bureau, Orpheos retint un sourire qui en aurait trop dit sur son contentement de la revoir. Elle lui répondit, à propos de Dun, en ayant laissé un court silence.

-Il se porte bien si ça peut te rassurer.

Un semblant d’incompréhension se dessina sur le visage d’Orpheos, les sourcils un peu froncés, et les lèvres formant l’ombre d’un sourire devenu rare. Il comprit alors ce qu’il en était en voyant la bague qui brillait au doigt de la princesse, sous la lumière du soleil.

-Tu… vous… ?
-Et j’ose espérer qu’il est tout aussi heureux que moi. Nous nous sommes mariés, dit-elle en retirant sa main. Mais je ne sais pas où il est en ce moment. L’incorrigible, toujours à filer folâtrer par monts et par vaux.

Elle soupira et planta son regard dans celui d’Orpheos.

Enfin, je plaisante bien entendu. Je sais qu’il travaille pour le Royaume, il y a de quoi faire pour le moment. Tout comme je suis débordée moi-même … Je regrette et je m’en veux de ne pouvoir passer plus de temps à ses côtés. Quoi qu’il en soit, tu te doutes qu’il passe au moins régulièrement au Château, et dans le cas contraire il ne doit pas être très loin. Que dirais-tu de passer la nuit ici ? Tu serais sûr de le croiser.


Orpheos allait répondre par l’affirmatif -car il n’avait nulle part où aller se reposer après tout- mais une voix, venue de l’autre côté de la porte, le coupa court.

-Vous avez fait quérir un guérisseur, ma Dame ? Malheureusement, aucun n’était en état d’assurer une intervention de par ma faute, je vais donc examiner le blessé moi-même. Je me permets d’entrer.


Cette voix, outre le ton officiel qu’elle employait, avait quelque chose de familier à Orpheos. Et il y’avait de quoi… car lorsqu’il se retourna, à l’instant où la porte s’ouvrit, ce fut Dun à qui il fit face. Et son ancien disciple avait un regard froid que le musicien aurait, autrefois, facilement lancé…

"Oh", ce fut tout ce qui fut prononcé durant plusieurs secondes. Un silence pesant s’installa dans la pièce. Orpheos n’avait même pas besoin de regarder Zelda pour savoir qu’elle n’était pas très à l’aise, en l’instant même. Dun observait Orpheos d’un air impassible, le dominant du regard, pendant que l’ancien chancelier était assis, blessé, exténué. Et psychologiquement amoindri. Alors, pour la première fois depuis des années, Orpheos baissa le regard devant un autre.

Pourtant, Dun vint s’asseoir à côté de lui de manière parfaitement naturelle. Triant les outils qu’il gardait, pendant qu’Orpheos restait incrédule.


-Bien, es-tu passé par les Contrées d’Aozora ? J’y suis moi-même resté un certain temps, et je dois dire que leur passion pour la musique a su me fasciner. J’espère que tu sauras nous impressionner ! Bien que tu l’aies toujours -Dun désigna la lyre d’un coup de tête- je gage que tu connais nombre de nouvelles chansons. Et j’espère que tu sauras nous en apprendre plus sur les raisons de ton départ ?

Il avait posé cette question sans animosité, mais tout en fixant Orpheos dans les yeux. Et ce dernier dissimulait son malaise grâce à un visage qu’il gardait impassible, du moins le plus possible. Dans la colère, il avait failli le tuer, la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Dun ne lui en voulait donc pas ? Orpheos s’était attendu à ce que le prince actuel -quelle surprise pour lui qu’il le soit !- lui saute au cou pour l’égorger, mais non, il restait là. A faire comme s’il était un blessé comme les autres.

Mais même si Dun n’était pas en colère, il n’oubliait pas. Sinon, il n’aurait pas posé cette fameuse question : pourquoi être parti ?

Orpheos sentait que, derrière, Zelda s’était immobilisée dans l’attente de la réponse. Elle aussi attendait, elle aussi voulait savoir. Pourtant… Orpheos se sentait gêné de devoir leur expliquer. Mais il n’avait pas le choix, il leur devait bien cela.


-Je suis effectivement resté de longs mois à Aozora… commença Orpheos, de la voix de celui qui se donnait du courage. Quant à mon départ… et bien… la raison était simple. C’était Efelron.

Ce nom ressurgi du passé donna une étrange atmosphère à la pièce. Orpheos s’interrompit, parfaitement figé sur sa chaise, dans le silence. Même ses beaux yeux verts n’osaient plus bouger, de peur de croiser ceux de Zelda ou de Dun. Son estomac commençait à se nouer sous l’effet de la honte qu’il ressentait.

-Vous vous souvenez tous les deux de lui, bien sûr… La vérité, c’est que je n’ai pas pu supporter son départ. Je n’ai pas su encaisser le choc de son exil précipité, et je ne me suis pas vu continuer à travailler au château sans sa présence à mes côtés. Alors je suis parti. J’avais trop mal de rester dans un endroit où l’air était encore trop imprégné de sa présence, et j’étais incapable de rester à Hyrule alors que lui était parti. J’avais envie de faire la même chose que lui, dans le fol espoir de le retrouver. Ce qui n’est jamais arrivé…


Nouvelle interruption. Les mains d’Orpheos s’étaient légèrement crispées sur les accoudoirs de sa chaise, et les deux autres purent le voir déglutir. Il leva alors les yeux, enfin. D’abord vers Dun.


-Ce qui s’est passé avec toi, le jour de notre combat et de mon départ, c’est que j’ai été trop idiot pour réagir calmement. Tu voulais me retenir dans un endroit que je voulais fuir, dans une bonne intention que j’ai été incapable de comprendre. Je te présente, bien tard, mais sincèrement, toutes mes excuses… Ne les accepte pas si tu n’en veux pas. Je comprendrai aisément.

La sincérité était là, mais Orpheos ne voulut pas en faire trop et évita de laisser trop d’émotions transparaitre sur son visage. Dun le fixait sans sourciller.
L’ancien chancelier se sentait mis à nu, car il était en train de dévoiler ce qu’il y’avait eu au plus profond de son cœur. Il était en train de parler d’un ancien amour de Zelda… et ce fut pour cette raison que lorsqu’il se remit face à elle, il préféra encore regarder son bureau plutôt que son regard bleu.


-Pardonne-moi. A mes yeux, ton mari était… J’étais… Enfin, je…


Tous les deux ne l’avaient sans doute jamais vu faire cela, mais le musicien bafouilla, et sa voix s’étrangla dans sa gorge.

Zelda avait bien compris : Orpheos avait été profondément amoureux d’Efelron, dissimulant ses vues sur l’ancien prince à toute la cour. Il l’avait aimé, fort. Pour de nombreuses raisons. La princesse sentait que cet amour n’était pas encore tout à fait éteint en son cœur, Orpheos le savait. Dun s’en rendait peut-être compte, lui aussi.

Il baissa le regard vers sa lyre, attendant avec appréhension la réaction du couple royal. Car peut-être verraient-ils d’un mauvais œil son amour puissant pour leur ancien mari et ami.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Alors qu'elle attendait la réponse du Chancelier, la princesse entendit une voix et tourna la tête vers la porte, sourire aux lèvres. Comme elle l'avait dit plus tôt, son époux et elle avaient plus rarement l'occasion de se croiser dans le contexte inquiétant où était plongé le royaume. Elle était donc toujours heureuse d'avoir l'occasion de le voir. Il semblait aussi que le Chancerlier pourrait présenter ses excuses plus rapidement que prévu.

Cela dit, à l'entrée de son mari dans la pièce, la jeune femme sentit une tension entre les deux hommes. Un froid et un silence s'imposèrent plusieurs instants. Inquiète, elle laissait voyager son regard entre son mari et son vieil ami, ne sachant trop quoi dire. Elle ne souhaitait pas vraiment intervenir dans la mesure où elle sentait que leur différend ne la concernait pas, mais elle espérait que les explications se feraient dans le calme. Il n'y eut cependant aucun geste agressif et la tension s'apaisa alors que le Prince s'asseyait aux côtés d'Orpheos pour le soigner le plus naturellement du monde. Étant donné le manque de surprise de son époux, elle supposa qu'il connaissait dès le départ l'identité du blessé dont il était venu s'occuper. Soulagée, elle se détendit en écoutant le reste de la conversation, et les questions posées par Dun.

Questions dont l'une était celle qu'elle avait renoncé à poser un peu plus tôt. Curieuse, elle tendit l'oreille en attente de la réponse, ne dissimulant pas le moins du monde son attention aux deux autres occupants de la pièce.
Lorsque le Chancelier prononça le nom de son ancien mari, elle écarquilla les yeux. En quoi le jeune homme avait-il pu pousser le musicien au départ ? Les raisons possibles étaient trop nombreuses, et ayant encore en tête la confrontation avec son mari que lui avait relatée le Chancelier, elle craignait qu'il ne s'agisse d'un incident du même acabit. Pourtant lors de son retour Efelron ne leur avait fait mention d'aucun événement avec Orpheos qui aurait pu pousser ce dernier à s'exiler d'Hyrule. Elle ne coupa toutefois pas la parole au musicien, et ce fut la suite de son récit qui lui permis d’enfin comprendre.

Lentement, elle prit conscience de ce qu'il leur racontait. Et ce fut face à elle, bien que le regard baissé, qu'il confirma les sentiments qu'il avait ressentis, et ressentaient sans doute toujours. Il n'eut pas besoin de prononcer ces mots, le ton seul de sa voix parlait pour lui. De l'attachement, plus que cela même. Un véritable amour, et pour avoir elle-même ressenti de la douleur au départ de l'homme qu'elle avait aimé, elle comprenait la peine et le désarroi qui avaient poussé Orpheos à partir sur ses traces. Elle-même si elle l'avait pu en aurait sûrement fait autant. Mais ça n'était pas si simple, le poids des obligations, les responsabilités, son amour et son engagement pour le royaume... Qui plus est, elle avait longtemps cru qu’Efelron reviendrait, avant d’en perdre l’espoir. Tout cela l'avait retenue de partir. Et au fond, puisque les Gardes qu’elle avait envoyés et même le musicien n'avaient jamais été en mesure de retrouver le disparu, elle pouvait se dire rétrospectivement que c’eût été peine perdue si elle avait elle aussi pris la route.

Néanmoins, et même si depuis ses propres sentiments avaient évolués, elle devait être parmi les personnes les plus à même de comprendre ce qu’avait traversé son vieil ami. Ainsi, si en fixant le visage de Zelda, le musicien aurait d’abord pu y lire de l’étonnement, ce fut la compassion qui lui fit place ensuite. Aurait-elle pu blâmer l’homme d’avoir ressenti les mêmes sentiments qu’elle ? Il en avait d’ailleurs sans doute doublement souffert, là où elle avait pu vivre et partager ces sentiments aux yeux de tous, lui avait dû les cacher et les enfouir au plus profond de lui, alors qu’il était chaque jour confronté au bonheur de la Princesse. Elle n’avait souffert que lors du départ de l’homme, pour Orpheos sa présence n’avait sans doute pas été plus facile, bien que préférable au vide causé par son départ.

« Alors tout ce temps … »

Elle ne termina pas sa phrase. « Tu aurais dû m’en parler. » faillit-elle même ajouter, mais elle s’en abstint. Si c’était vrai, elle pouvait tout à fait comprendre le silence du musicien, et elle ne tenait pas à ce qu’il prenne la remarque pour un reproche. Qui plus est il venait de se rattraper aujourd’hui, elle avait senti son malaise et sa difficulté à s’ouvrir à eux, la révélation avait été courageuse. Souhaitant le rassurer et le soutenir, elle prit à nouveau sa main dans la sienne pour la serrer.

« Je te comprends, c’est un homme bien. »

Elle ne trouvait pas grand-chose de plus à dire, c’était seulement sa façon de prévenir le musicien qu’elle ne lui reprochait absolument rien. Elle ne souhaitait pas non plus s’épancher sur les souvenirs qu’elle avait devant Dun. Non pas qu'elle ait quoi que ce soit à cacher, qui plus est, la page était tournée pour elle, mais son mari risquait de trouver ces évocations peu agréables. Elle hésita un instant avant de poursuivre, mais après tout, après le courage dont il avait fait preuve, Orpheos avait le droit de savoir.

« Tu le rates malheureusement de peu. Il est repassé récemment. Il allait très bien d’ailleurs, ça tu seras sans doute plus réjoui de l’apprendre. Je ne sais cependant pas où il est à l’heure actuelle... »

Il fallait croire que l’homme était insaisissable. Elle ne pouvait toutefois pas surveiller ses allées et venues, bien trop occupée et préoccupée par l’avenir du royaume.


Dun Loireag Dragmire


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[Petits ennuis de santé et d'évènements IRL, mais je poste aujourd'hui !]

Retirant sans ménagement la tunique d'Orpheos, Dun avait entreprit de lui prodiguer les premiers soins. A première vue le musicien avait beaucoup saigné, mais la plaie était propre et bien moins grave qu'il ne l'aurait cru. Laissant de côté ses outils les plus aiguisés à son grand désarroi, un simple bandage suffirait largement en attendant de l'amener à de véritables professionnels.

"et bien… la raison était simple. C’était Efelron."

Efelron? Encore lui? Il avait été le maître d'Orpheos mais Dun n'avait jamais vraiment pu lui parler ou partager des moments intimes avec lui; la première vraie rencontre s'était déroulée il y a quelques temps et ça n'avait pas... été un franc succès à vrai dire. A peine avait-il appris que Dun et Zelda s'étaient mariés que l'ancien Prince s'était jeté sur eux, en proie à une haine glaciale. La suite importait peu maintenant qu'il s'était assagi et avait juré de protéger la Princesse... Bien qu'il ait disparu depuis quelques temps.
Pourtant la surprise que Dun avait ressenti lors de cet affrontement n'était rien comparée à celle qui le saisissait en ce moment même, alors qu'il apprenait des raisons du départ de son mentor. Tout d'abord saisit d'un doute - peut-être avait-il mal compris ? -, ce dernier se confirma en écoutant silencieusement le dialogue qui s'instaurait peu à peu entre le musicien et Zelda.

Souvent, le jeune homme avait pensé aux derniers souvenirs qu'il avait d'Orpheos durant son voyage, à ce combat qu'ils s'étaient livré dans la chaleur mordante du désert : Quelles avaient la source de cette rage folle qui avait poussé son maître à rejeter sa vie d'alors? Le jeune Sorcier ne s'était jamais approché d'un semblant de réponse, et pour cause : Ce n'était pas de la rage, mais des ténèbres inspirée par une grande tristesse.
N'écoutant pas la réponse qu'offrit sa femme à son ami, le Chancelier essaya d'imaginer ce qu'il avait pu ressentir... Comment aurait-il réagit si l'être le plus cher à son cœur avait décidé de disparaître du jour au lendemain? L'aurait-il seulement supporté? Se perdant dans ses propres souvenirs, le jeune Sorcier se dit au fond de lui-même que cela faisait longtemps qu'il n'avait plus vu sa propre famille; depuis des années bien en vérité. Qui sait, peut-être devrait-il... ?

« Tu le rates malheureusement de peu. Il est repassé récemment. Il allait très bien d’ailleurs, ça tu seras sans doute plus réjoui de l’apprendre. Je ne sais cependant pas où il est à l’heure actuelle... »

Revenant brutalement à la réalité de par la fin du discours de Zelda, Dun termina d’apposer le bandage avant de rendre la tunique à son propriétaire. Il sentit alors qu'il devait prendre la parole, mais n'était pas bien adroit sur les histoires de cœur. Lui même n'avait pas eu beaucoup de chance en la matière tout au long de sa vie et de toute façon, il sentait que ce triangle amoureux ne le concernait pas, contrairement à sa femme.

"En effet, Efelron est revenu au pays depuis peu, mais même si nous ne savons pas où il se trouve aujourd'hui, il n'en reste pas moins un ami commun à nous tous, j'espère que tu pourras t'entretenir avec lui bientôt."

Rangeant ses ustensiles, le jeune Sorcier s'était relevé.

"Bien! Ta blessure est plus impressionnante qu'autre chose, mais il faudra tout de même te présenter aux guérisseurs en charge au château. Et surtout, il te faut te reposer, aussi bien pour ton mal que pour la fatigue provoquée par ton voyage..."

En effet, le Dixième n'était venu que pour soigner le Chancelier des Arts et il le savait : Les deux hommes auraient tout le temps d'aborder leurs voyages respectifs seul à seul. Il aurait pu prétexter vouloir faire le point, mais il était inutile de se le cacher : la curiosité d'en apprendre plus grâce à aux corps des défunts du Temple s'était à nouveau imposée à lui.

Néanmoins, juste avant de partir, Dun ajouta d'un ton taquin : "Ah oui, le bureau de la Chancellerie des Arts se trouve juste à côté de ceux des Sciences et Magies. J'ai profité de mon avance pour préparer ton retour au pays et procéder à certaines modifications." avant d'ajouter, plus sérieusement "Bien que je ne sois pas Efelron, je suis heureux de te revoir au pays. Les temps sont sombres pour Hyrule, mais ta venue pourrait bien apporter l'éclaircie dont nous avions besoin..."

Il avait laissé transparaître sa fatigue bien plus qu'il ne l'aurait voulu dans cette dernière phrase... Peut-être avait-il réellement besoin de se reposer après tout. Bah, cela importait peu ! Et sur ce, le jeune Prince quitta la pièce tout en laissant vagabonder son esprit vers des pensées bien plus joyeuses : Un vieil ami retrouvé.