Posté le 30/08/2011 16:49
[Wala, je suis + sur le PC à partir d'aujourd'hui :) Donc je me mets au RP, j'commence ! '-']
Une salle sombre.
Située dans les confins du château, on pouvait y entendre un bruit singulier et presque imperceptible d’outils métalliques tintant lorsqu’on les repose sur leur socle d’origine. Et bien qu’il puisse faire un soleil radieux au dehors, seul un mince filet de lumière filtrait à travers l’unique fenêtre que l’on aurait d’ailleurs pu prendre pour une meurtrière. La salle en elle-même n’était pas bien grande, mais l’impression de vide qu’elle dégageait était accentuée par l’unique éclairage réel : Une lampe à huile illuminant un homme qui s’afférait depuis des heures.
En effet, la transpiration coulait sur le front de Dun tandis qu’il se l’essuyait du revers de la manche. Un masque présent sur le visage, le jeune homme travaillait d’arrache-pied depuis le milieu de la nuit en tentant d’ignorer la fatigue du mieux qu’il pouvait. C’est d’ailleurs cette dernière qui l’empêcha de remarquer le sang qu’avait laissé le tissu sur sa tête, sang qui teintait de toute façon son corps tout entier.
A ce stade, il aurait été légitime de se demander « De qui diable peut provenir ce sang ? », même s’il aurait été plus juste de dire « De combien de personne ? ».
Car si le jeune Prince était le seul être vivant de la pièce, un nombre conséquent de cadavres jonchaient le moindre recoin, allant du sol jusqu’aux meubles. De taille différente, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, d’hommes ou de femmes, tous partageaient la même pâleur lugubre que leur avait offert le Seigneur des Ténèbres.
Ce dernier avait en effet « célébré » son mariage au Temple du Temps en éviscérant les moines qui s’y recueillaient ou en égorgeant les malheureux passants. Le traumatisme qui s’en était suivi avait plongé le Bourg dans une terreur certaine, mais déjà la vie reprenait son cours habituel.
Néanmoins, l’ex-Chancelier des Sciences et des Magies avait sans doute été le seul à relativiser la sanglante nouvelle, à l’inverse de sa femme. Car Ganondorf lui avait fait un cadeau involontaire, un présent qui valait bien une déclaration de Guerre aussi retentissante que celle-ci.
Dès qu’il eut appris la boucherie qui s’était produite, le jeune Prince avait fait promptement rapatrier les corps au château et convoqué les meilleurs médecins qu’il avait à sa disposition. Car il était extrêmement difficile dans ce pays de pouvoir faire des recherches dans le domaine de la médecine, de par le culte exercé envers les Déesses. Le corps était en effet considéré comme un Temple Sacré, bien plus que n’importe quelle bâtisse renfermant un pouvoir oublié depuis des décennies. Cela expliquait d’ailleurs en partie la révulsion que pouvait susciter les Stalfos aux autres races : Une âme souillée dans un corps profané.
Toutefois, Dun avait pu goûter aux limites de la médecine Hylienne durant les quelques mois qui avaient suivi l’attaque du château. Il était d’ailleurs certains que dans tout autre pays, sa convalescence aurait duré deux fois moins longtemps.
« Chancelier ? Je vais vous remplacer… »
Il s’agissait là d’un des médecins avec qui il avait œuvré ces derniers jours. Les corps pourrissant à grande vitesse, il fallait effectuer des roulements afin d’avancer au plus vite dans leurs recherches. Et étant donné l’odeur infecte se dégageant de la cellule, il s’agissait là du dernier jour d’examens. Les données récoltées étaient précieuses et nombreuses, mais s’en suivrait un travail tout aussi acharnant afin de les exploiter.
L’homme en toge blanche s’approcha alors du Prince qui poussa un soupir où se mêlait soulagement et harassement. Le Guérisseur l’avait appelé « Chancelier », ce qui aurait pu passer comme un outrage à la royauté si ce n’était une marque de profond respect : On pouvait devenir Prince simplement en se mariant, mais il était autrement plus difficile de devenir homme de Sciences.
« Je te laisse volontiers la place : malgré ces masques de feuilles Mojo, la pestilence de notre assemblée n’en finit pas de m’accabler. Tu seras le dernier… Nous en avons fini avec eux, il faudra renvoyer leurs dépouilles aux familles, après les avoir embaumé bien sûr. »
Et sans un mot, il était sorti alors que son collègue reprenait le flambeau. Contrairement à ce qu’il avait dit, le jeune homme aurait très bien pu finir par apprécier la flagrance dégagée par les cadavres… Mais continuer à conserver des corps dans les fondations de la forteresse provoqué une levée de boucliers de la part des adorateurs des Déesses.
Ces pleurnichards pacifiques criaient et s’enfuyaient dès que les Ténèbres s’abattait sur eux, mais ils s’accrochaient à leurs fadaises comme si cela suffirait à protéger leur quotidien. Peut-être Dun ne devrait-il pas se donner tant de mal, peut-être devrait-il tout simplement les laisser croupir dans leur peine et…
Non. La fatigue le faisait délirer.
Se massant les yeux tout en remontant à la surface, l’ex-Chancelier alla ensuite prendre un bon bain chaud qui lui permit de se prélasser et de voir cette journée sous un autre angle. Les récents évènements de sa vie –sa tentative d’assassinat et autres joyeusetés- avait fait prendre une toute autre tournure à cette dernière, et les choses n’allaient pas si mal.
Enfilant des vêtements propres, le jeune Prince s’apprêtait à vaquer à des occupations bien plus saines lorsqu’il entendit une voix dans la pièce d’à côté –la salle de repos des Guérisseurs-. Ecoutant plus par curiosité qu’autre chose ce qu’avait à dire le nouveau venu à une bande de spécialistes épuisés par un marathon médical, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il entendit le nom du blessé …
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- « Veux-tu bien me dire ce que fait Dun, désormais ? Je pense lui devoir des excuses »
- « Nous nous sommes mariés. [ … ] Quoi qu’il en soit, tu te doutes qu’il passe au moins régulièrement au Château, et dans le cas contraire il ne doit pas être très loin. Que dirais-tu de passer la nuit ici ? Tu serais sûr de le croiser. »
Fixant le grain de la porte qu’il s’apprêtait à passer, le jeune homme n’avait entendu que quelques mots de la discussion qui prenait place de l’autre côté. Très touché par la douce réponse de sa femme, ce fut néanmoins la voix masculine qui attira presque toute son attention, l’arrêtant dans son élan… Des années s’étaient écoulées, mais c’était toujours la même.
Des années… Ca faisait donc si longtemps ? La dernière fois qu’ils s’étaient vus, Dun et son ancien maître s’étaient pratiquement entretués, ne retenant pas leurs coups et cherchant juste à faire taire le souffle de l’autre. Sans doute avait-ce été le déclic, puisque le jeune Prince s’était vu révéler le passé que son père s’était acharné à faire taire grâce à la Sorcellerie. Un choc psychologique, ou une secousse au cerveau de trop avait délié les liens… Il ne savait pas exactement pourquoi, et le jeune homme s’en fichait éperdument.
Le fait est que la personne qui avait failli le tuer, l’avait abandonné, rejeté, et qui avait involontairement provoqué son exil se trouvait maintenant en sa demeure. Chez lui. Avec sa femme.
« Vous avez fait quérir un guérisseur, ma Dame ? Malheureusement, aucun n’était en état d’assurer une intervention de par ma faute, je vais donc examiner le blessé moi-même. Je me permets d’entrer. »
Prenant un ton officiel comme s’il s’agissait d’une intervention classique, le jeune Sorcier ouvrit donc la porte et s’avança dans la pièce jusqu’aux deux occupants. Là, il fixa longuement son ancien maître d’un regard si froid qu’il aurait pu faire passer la Caverne de Glace comme un lieu de vacances à côté !
« Oh… »
Il ne se donna même pas la peine de feinter une quelconque surprise… N’avait-il pas débarqué de son plein gré, proposant aux médecins de se reposer alors qu’il irait soigner cet éclopé ?
Cet estropié, boiteux, infirme, diminué, accidenté, impotent, invalide, ou je-ne-sais-quel-ver-de-terre qui avait un jour lointain réussi à le mettre à genoux ?!
N’importe quelle personne, bonne ou mauvaise, n’aurait pu accepter toutes les meilleures « excuses » du monde après ce que cet homme avait fait…. !
Si ce n’est Dun ne voyait pas ce qu’il avait à pardonner à Orpheos, et s’il n’y a pas de pardon à octroyer, il n’y avait pas d’excuses à présenter. Tout simplement.
S’asseyant le plus naturellement du monde à côté du blessé, le jeune homme commença alors à trier les outils qu’il renfermait dans la poche de cuir en vue de l’auscultation (différents de ceux qu’il avait utilisé depuis quelques jours, bien sûr).
« « Bien, es-tu passé par les Contrées d’Aozora ? J’y suis moi-même resté un certain temps, et je dois dire que leur passion pour la musique a su me fasciner. J’espère que tu sauras nous impressionner ! Bien que tu l’aies toujours il désigna la lyre d’un coup de tête je gage que tu connais nombre de nouvelles chansons. » [/color][/b]
Se désintéressant momentanément de ses instruments, le Sorcier fixa cette fois le musicien dans les yeux.
« Et j’espère que tu sauras nous en apprendre plus sur les raisons de ton départ ? »
Une simple question, sans animosité ni perversité, guidée par ce merveilleux défaut qu’était la curiosité.