Entrevue avec la Prêtresse

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Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

La jeune femme s’assit un instant dans le fauteuil de son bureau privé. Premier instant de détente de la journée qu’elle s’accordait, et pourtant elle avait le sourire aux lèvres. Elle se réveillait d’une longue torpeur, et voyait l’avenir avec bien plus d’optimisme. Quand bien même rien n’était vraiment arrangé, elle avait la certitude de pouvoir trouver une solution. Son propre espoir retrouvé n’avait pas une influence positive que sur elle. Elle avait l’impression son entourage aussi semblait réjoui de ce changement.

Elle tourna la tête vers la fenêtre, ignorant où se trouvait Link depuis qu’il était reparti. Elle pouvait toutefois savoir qu’il allait bien, et ce simple fait l’apaisait. C’était lui son Espoir. Étrangement le savoir en vie et à ses côtés avait suffit à lui rendre le courage de mener à bien la tâche qui lui échouait depuis son plus jeune âge. Celui de porter tout un Royaume sur ses frêles épaules. Du moins, frêles… Bien sûr elle restait humaine, et elle n’avait jamais connu de guerre auparavant, elle avait été bien peu instruite sur le sujet. Toutefois, elle portait en elle une grande force, qui la pousserait à soulever des montagnes pour sauver ce qu’elle avait de plus cher. Elle ne baisserait pas les bras, jamais. Et ce n’était pas une bonne idée de la sous-estimer.

Quelques coups retentirent à la porte et un domestique fit son apparition. Il s’adressa à elle tout en accompagnant son geste d’une élégante révérence.

« Votre Majesté, la Dame Bleue est en bas. »

« Bien, faites-la monter. »

Elle accompagna sa réponse d’un sourire. Il n’y avait pas si longtemps de cela qu’une nouvelle prêtresse avait été choisie pour représenter le culte de Nayru, et cette dernière avait fait connaître son désir de s’entretenir avec la Princesse. Malheureusement, elle n’avait pu la recevoir plus tôt, sans doute autant par manque de temps qu’à cause de son moral en baisse. Il avait d’ailleurs mieux valu qu’elle ne voit pas trop de monde durant cette période, elle était bien plus à même de donner de sa personne à présent. Elle ignorait la raison pour laquelle la religieuse avait souhaité la voir. Elle n’avait jamais reçu personnellement aucune autre prêtresse, et les croisait assez peu même en circonstances officielles. D’ailleurs, la dernière grande occasion où elle avait été confrontée à l’Église en termes plus solennels avait été la mort de feu son Père, Daphnès. Depuis, si elle avait bien sûr eu affaire à la religion, c’était dans un contexte bien moins formel. Elle tenta l’espace d’un instant d’imaginer à quoi pouvait bien ressembler la jeune femme qui allait faire son entrée.

Ses questions allaient toutefois bientôt trouver réponse, puisque le domestique fut assez rapidement de retour avec la demoiselle, qu’il annonça avant de s’éclipser poliment tandis qu’elle entrait dans la pièce. C’était une jeune femme aux longs cheveux bleus, tels qu’on prétendait être ceux de la Déesse qu’elle symbolisait, qui fit son apparition. Elle semblait bien jeune mais Zelda savait très bien que l’âge ne faisait pas la valeur.

« Bonjour à vous Prêtresse. Je vous en prie, asseyez-vous. J’ai pensé que cet endroit serait plus confortable que la salle d’audience pour vous recevoir, j’espère que cela ne vous ennuie pas ? »

Tout en parlant, elle s’était levée pour venir accueillir la Dame Bleue, et lui tendre la main pour la guider jusqu’à un fauteuil près de celui où elle se trouvait assise juste auparavant. Elle avait eu l’occasion de se renseigner tout de même un peu sur la nouvelle prêtresse, et n’ignorait donc pas la cécité de cette dernière. Voilà la raison première pour laquelle elle ne l’avait pas laissée traverser seule la pièce, outre les éventuelles règles de courtoisie. Elle reprit la parole une fois assise à son tour.

« Je suis désolée de ne pas avoir pu vous recevoir plus tôt. J’espère que votre entrée en fonction se passe bien jusqu’à présent. »

Le ton était bienveillant, et si la prêtresse ne pouvait pas le voir, elle pouvait entendre le sourire de la princesse dans sa voix.


Elle était arrivée très vite au château, après que l’Élu de Farore l'ai raccompagnée au temple, quelques heures plus tôt.
Là on l'avait conduite dans une petite pièce, et un petit page s’était mis en tête de la divertir en lui racontant des histoires et en mimant des animaux en ombre chinoises -qu'elle ne vit pas, mais elle mit un point d'honneur a sourire a chaque citation.

Puis un domestique était arrivé. Tout prévenant, il avait gentil saisit le poignet de la jeune fille, pour la conduire a travers le palais, avant de l'introduire dans un petit bureau.

Là il eu une voix, mélodieuse comme l'eau d'une cascade. Flora eu un frisson. L'écho de Nayru résonna en elle. Elle fit une révérence avant de placer sa main de façon sure dans celle de la souveraine.


"C'est un honneur pour moi d’être ainsi reçue, ma Reine."

Elle pria pour que l’émotion qui l'habitait ne se trahisse pas dans sa voix.
La Reine, elle souriait, Flora pouvait l'entendre, alors qu'elle se laissait guider a travers la pièce, chargée de meuble.

Bien avisée la souveraine, car seule, Flora se serai cognée un peu partout avant d'atteindre le siège qui l'attendait.

"Je vous remercie de votre attention ma Dame."

Alors elle prit place et posa ses mains sur ses genoux. Tout sourire elle pencha la tête a droite et a gauche, guettant les sons de l'activité du lieux.
Puis elle tourna le visage vers la reine.


"J'avoue avoir peu de temps a moi depuis mon entrée en fonction. Je vous ai entendue aux Nuit d'or. Votre discours y était ... chargé d'émotions contradictoire, mais vos mots justes.

Elle ne souhaitait pas gêner la Reine, mais entamer les sujets sérieux, a peine introduite auprès de Sa Majesté ... C'est inconvenant ....

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« Peu de temps ». Cette remarque amusa la princesse : mieux valait en rire qu’en pleurer. Elle ne connaissait que trop bien cette situation : elle-même la vivait en permanence depuis qu’elle était en âge de gouverner. Encore plus depuis le décès de feu son Père. Elle imaginait bien que les journées d’une prêtresse devaient être elles aussi bien remplies. Sans compter que les élues des Déesses avaient pour rôle de veiller – spirituellement du moins – sur le peuple, et ce soutien devait à présent être plus nécessaire que jamais.

« Alors nous sommes deux dans ce cas, le temps est une denrée malheureusement trop rare. »

C’était sa façon de lui exprimer sa compréhension et son soutien. Mais même si la remarque se teintait d’un air de plaisanterie, le ton restait résigné. C’était un triste constat, mais inévitable, et elle n’imaginait pas pouvoir laisser tomber la tâche qui lui incombait. Elle supposait qu’il en était de même pour la demoiselle qui lui faisait face.

Elle prit le temps d’observer à nouveau la prêtresse. Si elle n’avait pas su qu’elle était aveugle, elle aurait certes pu le deviner aux yeux et à la canne de la religieuse, mais pas à l’attitude de la jeune femme. Celle-ci ne semblait pas dérangée par son état, et même la fixer comme si elle la voyait vraiment… Quoi qu’il en soit la prêtresse lui avait semblé réellement émue d’être reçue là. Malgré son jeune âge, elle lui semblait avoir le calme et l’aplomb nécessaire pour le rôle qu’elle avait à jouer. Elle se fit la remarque que jusque là elle lui semblait faire honneur à la Déesse qu’elle représentait, bien qu’elle ait conscience de l’avoir à peine rencontrée.

« Les Nuits d’Or…. »

Il ne s’agissait pas du meilleur de ses souvenirs. Bien qu’à présent derrière elle, elle avait effectivement été partagée entre plusieurs sentiments. Elle avait agit par devoir, mais c’était sans avoir le cœur à la fête. Bien sûr les Nuits d’Or en elles-mêmes n’étaient pas à mettre en cause, elle avait par le passé vécu d’excellentes soirées lors de ces fêtes, mis le contexte de cette année était particulier.

« Des émotions contradictoires, on peut dire cela ainsi. Il est vrai que je n’avais pas tellement la tête à la fête, autant à cause des circonstances actuelles que… Vous savez peut-être ce que cause le vide laissé par l’absence d’un être cher… Mais les temps sont durs pour tout le monde, je n’étais sans doute pas la plus à plaindre, et je pense que ces soirées étaient importantes. Et… Bien que la trêve ait été courte, je crois que le peuple en avait besoin… »

Elle eut un sourire, balayant d’un coup tous ces mauvais souvenirs, remplacés par d’autres, plus récents et plus heureux. Elle avait pour sa part retrouvé ce qu’elle avait perdu, et elle s’en sentait à présent plus forte pour militer en faveur du reste.

« Mais c’est d’une paix durable dont les habitants du Royaume ont besoin. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la leur apporter. »

Un coup retentit à la porte alors qu’elle venait juste de terminer sa phrase, et elle invita son auteur à entrer. C’était le domestique qui avait annoncé la prêtresse un peu plus tôt, qui revenait les bras chargé d’un plateau qu’il posa sur la petite table qui trônait entre les fauteuils des deux femmes. Une théière ainsi que deux tasses et quelques biscuits en formaient le contenu. Après avoir versé du thé dans chacune des deux tasses, le jeune homme fit une nouvelle courbette avant de se retirer, remercié du regard par la princesse.

« Souhaitez-vous une tasse de thé ? Ou des biscuits ? »

Prête à guider la main de la prêtresse si elle avait besoin de son aide, elle reprit toutefois la parole sur un ton plus grave.

« Mais en parlant du peuple… J’aimerais de tout cœur pouvoir le constater par moi-même, et j’y remédierai tant que faire se pourra, mais dites-moi je vous en prie, comment vont nos gens… ? »

Elle se savait bien trop éloignée d’eux, et serait bien descendue dans la rue par elle-même, mais le risque était grand, et pour le royaume avec elle, sans compter ses obligations au château. Elle n’avait pas souhaité pour rien organiser une séance de doléances, mais c’était un événement coûteux en préparation, et en attendant de pouvoir obtenir ainsi des nouvelles, elle avait besoin d’en avoir déjà un aperçu.


La prêtresse de Nayru souriait. La princesse était une personne fort intéressante. Courageuse, forte et sage à la fois. Si elle voyait, la petite Sainte aurait dévisagé cette femme a la poigne de fer dans le gant de velours. La jeune fille tendis la main pour la poser sur le poignet royal de Zelda et murmura :

« Vous êtes trop sévère envers vous-même ma Reine. »

Puis elle prit un air sérieux, acceptant la tasse de thé mais déclinant gentiment les biscuits (ce n’est pas bon pour le teint), avant de reprendre la parole :

« Notre peuple, votre peuple ma Dame, est dans une situation très compliquée. Beaucoup hésitent, et les bonnes gens s’interrogent ouvertement. Ils se demandent quelle est votre efficacité dans ce conflit. Ils ne se rendent pas compte des peines qui vous sont infligées, des pertes que vous avez endurées. Pour certains de vos sujets, il n’y a que ce qu’ils voient qui compte, et ils vous constatent bien au chaud, ici …

Tout ceci, me viens des doléances du Temple du Temps ...»


Elle reprit son souffle, et une gorgée de thé, avant de rougir de son impudence. La Reine était si douce avec elle, Flora ne voulait surtout pas qu'elle se sente agressée par les propos de la jeune fille :

« Je vous demande pardon, Majesté, j’aurais peut être dût prendre des pincettes … »

Flora reposa sa tasse sur la tablette et croisa ses mains dans son giron.

"vous savez, avant, je travaillais en tant que guérisseuse, on prenait soin des corps, mais aussi des âmes. L'écoute était une base ... C'est une habitude qui est restée ..."


La jeune prêtresse avait maintenant le visage tout rouge de gène.

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La Princesse avait tenté de conserver une expression neutre, en vain. Les mots de la religieuse la touchaient, plus encore que ce qu’elle n’aurait pu penser. Elle ne fut pas mécontente en l’instant que la jeune femme ne puisse pas voir son visage, ça lui laissait le temps de reprendre contenance même si son silence parlait pour elle.
Dès qu’elle avait posé sa question, elle s’était quelque peu attendue à la réponse qui lui avait été donnée, mais la vérité n’en était pas moins dure à entendre. C’était toutefois une réaction normale, elle les comprenait. Et elle aurait tout fait pour pouvoir les aider plus, seulement…


Remarquant que son trouble semblait mettre mal à l’aise la Dame Bleue, elle se hâta de la rassurer dès qu’elle fut sûre que sa voix pouvait rester calme et posée.

« Non, vous avez bien fait, vous avez répondu à ma question. »

Bien sûr qu’elle les comprenait… Des souvenirs lui remontaient doucement en tête. Sans doute qu’aucun d’entre eux ne s’en doutait, mais elle avait pourtant vécu pendant sept longues années hors du château, à attendre le retour de Link. Sous une autre apparence bien entendu, et dans un temps révolu, mais la rupture avec son univers habituel avait été nette. Tout s’était passé si rapidement… Elle avait dû fuir précipitamment du château, et elle avait passé les années suivantes loin des tapis de velours du château, sans même avoir toujours un toit sur sa tête, avec heureusement Impa à ses côtés pour lui apprendre à se débrouiller seule. Elle avait connu la faim, la misère, la peur… Avec une nourrice aimante à ses côtés tout de même, mais c’était difficile pour tous, et si elle était sans doute parmi les mieux lotis, elle n’en avait pas moins souffert, soulagée au retour de Link.
Elle n’avait pas besoin de tout ce qui était autour d’elle, or, tapisseries, bibelots, elle aurait tout aussi bien pu se contenter de bien peu. Mais ce n’était pas si simple… Qu’est-ce qui attestait de son pouvoir ? Qu’est-ce qui empêchait tout un chacun de la jeter à bas du trône ? Qu’est-ce qui lui valait l’obéissance des nobles ? Son sang, principalement, mais il semblait bien peu pour la hisser au rang de reine. Personne n’aurait pris au sérieux une princesse qui vivait dans une cabane. Le peuple lui-même, sans doute, ne trouverait pas cela sérieux… Peut-être existait-il des royaumes qui fonctionnaient autrement, mais elle s’y connaissait bien peu sur ce qu’elle n’avait jamais pu voir faute de liberté, et changer l’esprit des gens étaient un long et périlleux processus. Ce qu’elle savait, c’était que le pouvoir était quelque chose de fragile, d’abstrait, et que la sympathie seule n’aurait pas suffit face à l’ambition de certains. Si cet héritage laissé par sa famille était important au château, ce n’était pas par confort, c’était pour garder l’aura qui lui était nécessaire si elle voulait le pouvoir nécessaire pour rester à la tête du Royaume et le protéger.


« Je les comprends. Je sais qu’ils ne comprennent pas la raison d’être de ce luxe, que je suis celle qui, directement et à première vue, en profite. Qui plus est, je vis dans un monde extrêmement lent, où chaque action doit être bien préparée, bien réfléchie, à cause de sa portée… J’aimerais tant pouvoir remédier d’un claquement de doigts à tous les problèmes, mais une erreur… La moindre erreur peut avoir de grandes conséquences… Pourtant pour celui qui a faim, froid, peur… Tout semble si facile à régler, il suffirait d’un peu d’argent parfois, et le problème d’un serait réglé, mais pas de tous, ni sur le long terme. »

Le Désert n’avait toujours pas quitté son esprit. C’avait été une victoire, au moins temporaire, mais à conséquences graves. Elle ne savait pas quelle autre décision aurait été meilleure, mais elle savait ce que ça avait coûté, autant au Royaume qu’à elle-même.

« Je les rencontrerai, je ferai ce que je peux pour atténuer leurs peines dans l’immédiat… Mais je sais que je dois leur prouver que ce qui se prépare au château n’est pas sans incidence pour eux, que je suis en mesure de les aider. Et le plus tôt sera le mieux. »

C’était pour ça qu’elle avait voulu ces doléances… Si elle pouvait au moins régler quelques-uns des problèmes rencontrés par son peuple avant de régler le problème de façon plus globale, elle se sentirait déjà bien plus utile, même si elle se savait ne pas être inactive. Et puis comme Link le lui avait suggéré, elle pourrait partager avec tous les fruits récoltés dans les jardins royaux, qui seraient effectivement bien plus utiles ainsi.


Elle écoutait celle femme d'une oreille attentive.
Et au fond d'elle même, la prêtresse admirait la princesse, mais jamais au grand jamais elle aurait souhaité échanger leur place.


"Oh il est bien une autre chose que vous pouvez faire."


L’avatar de Nayru sourit un instant, avant de lever une main a son col et de la pression de deux doigts, ouvrit la broche qui maintenait fermé le manteau de velours. Celui ci glissa de ses épaules et la jeune fille le ramassa d'une main, avant de le tendre vers Zelda.

"Venez a la rencontre de votre peuple avec moi. Devenez un instant, une servante de Nayru, plutôt que son Élue. Venez écouter ce qui se dit de vous, venez prendre votre propre défense dans les rues."


Elle se doutait bien que la souveraine avait des tas d'autres responsabilités. Que d'un seul mot elle se renfermerait d'elle même dans cette cage dorée.
Quand bien même, la prêtresse de Nayru maintient le manteau entre elles deux.

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Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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La princesse releva la tête, intriguée, en entendant la prêtresse lui proposer une solution. Elle vit cette dernière dégrafer sa cape et la tendre entre les deux jeunes femmes. Elle crut comprendre ce que cela signifiait, les paroles de la Dame Bleue le lui confirmèrent.

« Sortir… ? Mais je… »

Elle avait énormément de travail au château, mais ce n'était pas l'unique raison qui l'empêchait de sortir, elle ne pouvait pas se permettre de prendre le risque de se mettre en danger. Elle n'engageait pas uniquement sa vie, mais aussi la Triforce qu'elle portait, ainsi que le sort du Royaume. Pourtant… Elle observa un instant le tissu qui lui était tendu. Elle avait réussi à échapper à Ganondorf pendant sept ans déjà, bien sûr il connaissait à présent l'identité de Sheik, mais il n'en était pas autant de ce costume. Elle avait réservé son après-midi à la Prêtresse, ignorant la raison exacte de sa visite, et n'avait donc pas prévu d'autres tâches entretemps. Qui s'attendrait à la voir se promener dans le bourg de jour ainsi. Après tout si elle ne s'aventurait pas trop loin… Pas trop longtemps…

Restait la Triforce. Non pour le fait que cette dernière soit en danger, ce qui n'était pas le cas si elle prenait ses précautions, mais parce qu'elle dégageait une énergie qu'en bonne magicienne elle savait facilement reconnaissable. Toutefois si l'excursion était courte, elle se savait en mesure de la dissimuler elle aussi.

« Je ne souhaite pas prendre ma défense… Néanmoins j'aimerais les voir, au moins un peu… »

Tendant la main, elle saisit la cape qui lui était tendue pour la passer sur ses épaules. Elle prit soin de bien la refermer autour d'elle et retirer les bijoux qui auraient pu s'avérer trop visibles, elle conserva uniquement la boucle d'oreille cachée par le tissu bleu. Elle ne s'estima satisfaite que lorsqu'elle fut sûre d'être suffisamment dissimulée et que rien ne pouvait permettre de l'identifier.

Rien ? Pas exactement. Elle retira les longs gants blancs qui protégeaient ses mains, révélant le symbole de la Triforce qui ornait le dos de sa main. Il n'était pas question de sortir avec ses gants habituels alors qu'elle souhaitait arborer une tenue sobre, mais il n'était pas non plus question de laisser sa main nue. Fouillant dans les tiroirs d’une commode qui se trouvait dans la pièce, elle en tira des bandages qu'elle enroula autour de ses mains. Il n'était guère rare de se blesser ou s'abimer les mains lors d’accidents de travail : coupures, brûlures,... Elle se reposerait donc sur ces derniers pour ne pas attirer l’attention. Ainsi prête, elle prit la main de la prêtresse pour l'aider à se lever et la guider dans la pièce.

« Je pense qu’il serait préférable de garder cette sortie officieuse. Si vous le permettez, je serai officiellement votre servante pour quelques heures. Je ne pourrai guère m'absenter plus longtemps, mais ces heures en valent la peine. »

Ouvrant la porte et entrainant la Dame Bleue à sa suite, elle sortit de la pièce d’un air tout naturel, saluée par les gardes. Ces derniers, trompés par une illusion, voyaient simplement une jeune servante du château qui raccompagnait la prêtresse. Sans ce stratagème, ils seraient doutés de quelque chose en voyant que la Prêtresse avait ôté sa cape.

Plus elle avançait ainsi les couloirs et plus elle se sentait coupable de tromper ainsi ces gens chargés de veiller sur elle. Cependant, elle sentait aussi de plus en plus que cette décision était la bonne. Elle était libre. Elle s'était toujours elle-même enfermée. Du moins... Les choses n'étaient pas si simples, elles n'étaient jamais simples, mais peut-être contribuait-elle à les rendre compliquées. Elle lança un instant un regard à la prêtresse. Elle croyait fermement en l'existence des Déesses. Le contraire eut été hypocrite après avoir touché du doigt un pouvoir tel que celui d'un simple fragment de Triforce, mais elle n'avait pas attendu jusque là pour avoir la foi. En revanche, elle avait toujours émis quelques réserves envers l'Eglise. Bien sûr elle n’allait pas jusqu'à mettre en doute sa légitimité, elle ne se le serait pas permis mais elle s’interrogeait parfois ceux qui étaient nommés à sa tête : comment s'assurer que cette volonté était bien celle des Déesses et non des hommes ? Mais en ce jour elle le sentait : Nayru la guidait et lui ouvrait les yeux sur ce qu'elle avait manqué de voir plus tôt.

Protéger sa propre vie, du moins protéger le fragment et le Royaume de cette manière ne servait à rien si c’était pour laisser les gens souffrir. Elle devait les voir, leur venir en aide, elle devait prendre ce risque si elle pouvait leur être utile d’une autre manière. Non pas foncer tête baissée sans précautions, mais il y a des risques qui se doivent d’être pris parce qu’ils en valent la peine. Sans doute la peur de faire de mauvais choix l’avait-elle trop profondément touchée, mais il n’était jamais trop tard pour réparer des erreurs.