Posté le 10/06/2012 19:38
Le gamin souffla, fatigué. Il lui semblait qu'il n'avait plus ni pieds ni jambes, tant il était épuisé. Soudain lui prit l'envie d'aller s'asseoir un instant sur la grosse roche qui se démarquait des autres, sur le flanc de la montagne. Il lui avait fallu courir jusqu'ici pour éviter les étreintes chaleureuses, mais ô combien douloureuses des Gorons, ces êtres de chairs et de pierres. Il ne l'avouerait sans doute jamais, mais Darunia l'avait très largement intimidé. Le Roi de la Montagne lui semblait aussi massif qu'elle même, aussi puissant et tout aussi lunatique. Mieux valait ne pas l'ennuyer, réellement.
Mais au moins avait-il deux pierres ancestrales, désormais ! Tant bien l'Émeraude Kokiri que lui avait légué l'Arbre Mojo avant de s'éteindre – il sentit ses yeux le piquer à cette pensée –, que le Rubis Goron, tout juste offert par son nouveau frère de sang. Le terme lui paraissait étrange, et à dire vrai, il n'avait aucune image concrète à associer à l'idée, mais il se doutait qu'il s'agissait là de quelque chose de gratifiant, aussi avait-il remercié le Seigneur de Pierre d'un grand sourire sincère.
L'Enfant des bois décida donc de s'arrêter. Son premier reflex, une fois assis, fut de laisser glisser les petites bottes de cuirs qui serraient ses pieds depuis son départ de la Forêt – soit un long moment. Il n'aurait su dire combien de jours s'étaient écoulés, mais il lui semblait presque qu'il avait passé sa vie à dormir à le belle étoile.
Le blondinet se laissa aller à un soupir de contentement quand l'air entra en contact avec ses membres meurtries et couverts d'ampoules. Oh, certes, il avait d'autres blessures, éraflures, coupures, plaies et tout ce genre de chose qui va de pair avec l'aventure, mais il avait déjà pris le temps de les panser, en sortant de la Caverne Dodongo, un peu avant de rencontrer le chef des hommes de pierre.
La nuit tombait déjà, et le sommeil le prenait lentement, mais le petit homme savait que ce n'était pas le genre d'endroit où il faisait bon faire une halte. Il bailla ostensiblement, alors que son ventre hurlait sa faim. Ses pieds l'imploraient de ne pas continuer tandis que la petite Fée s'était déjà endormie. L'envoyé de la Princesse posa alors deux yeux bleus tendre sur la petite lumière, touché par l'innocence et la faiblesse de sa camarade. Il n'avait pas le coeur à la réveiller, aussi il décida qu'en dépit du danger, ils s'arrêteraient ici pour la nuit. Pour autant, afin de se prémunir contre les éventuels assauts d'un Araknon en mal de sang, il décida de chercher un peu autour de lui, avec en tête l'idée de trouver quelques brindilles, qui l'aideraient à alimenter un feu. Et même si les arbres n'étaient pas le fort du Mont du Péril, il finit par trouver un Baton Mojo – sans doute laissé là par un aventurier le précédant – qu'il cassa en suffisamment de morceaux pour pouvoir le brûler.
Jamais il n'aurait cru le petit briquet qu'il s'était fabriqué (bois d'acajou, cela va de soi !) lui serait autant utile que ce soir là. C'est sans mal que le petit parvint à faire naître, sur ces brindilles éparses, le début d'un feu.
Son ventre criait plus encore famine qu'auparavant, et Link se saisit ensuite d'un morceau de viande séchée qu'il avait pris avec lui. Ce n'est qu'après un dîner frugal, qu'il prit enfin le parti de se coucher.
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Bien vite, le soleil frappa, et dur. Il fut réveillé par les premiers coups d'Hélios, qui semblait-il, se plaisait à écourter tant que possible ses nuits, pour au mieux rallonger ses journées. Le blond n'était pas reposé le moins du monde, mais déjà Navi lui expliquait qu'il fallait partir. « La belle blague..! » Ne put-il s'empêcher de penser. C'était elle qui s'était effondrée le plus tôt, et lui le feignant désormais. C'est avec une triste mine qu'il récupéra ses affaires – son bouclier, l'épée Kokiri, et sa sacoche – avant de se remettre en route.
C'est aux alentours de midi (après au moins six bonnes heures de marche) que Cocorico pointa le bout de son nez. Encore une fois, la faim le taraudait et l'épuisement était proche. Qui avait dit que l'ascension était plus ardu que la descente ? Non.. En toute franchise, il n'était pas mécontent de voir enfin se dessiner les tuiles des toits du village d'Impa.
Le « preux chevalier » fut aimablement accueilli par le soldat qui lui avait ouvert la grille près d'une semaine plus tôt, apparemment. Et d'après les dires de l'homme en armure, personne ici ne s'attendait à le voir revenir. Link n'ajouta rien, se contentant d'un hochement de tête avant de passer l'imposant portail.
Il prit le reste de la journée pour enquêter sur la troisième pierre que la Princesse de la Destinée lui avait demandé de rapporter. Sans réellement savoir pourquoi, il se refusait à la décevoir. Il avait l'impression de la connaître mieux qu'il n'avait jamais connu quiconque, et pourtant il ignorait tout d'elle. Hormis le fait qu'elle était princesse, et lui simple vagabond – il ne savait toujours pas comment il lui transmettrait les trois Pierres Ancestrales.
Mais pour l'heure, sa réflexion était concentrée sur où trouver la dernière. Et qu'importe à qui il demandait, il était soit écarté de la conversation ( « C'est là discussion de grand, le mioche ! Ta mère n'aimerais pas que tu entendes ! » ) soit regardé comme l'on regarderait un fou, soit plus sobrement envoyé « jouer ailleurs ». N'ayant guère plus le choix, le garçon fila vers la future auberge de NuttyK, pour s'y payer de quoi manger et plus important, toit pour dormir. Sa bourse, considérablement amaigrie, lui offrit même le luxe d'un baquet d'eau chaude en guise de toilette.
C'est propre, frais, et le ventre plein qu'il se leva le lendemain matin pour gagner la plaine d'Hyrule. Il ne savait toujours pas où trouver la dernière relique (il lui semblait que Zelda avait utilisé ce terme).
Aussi se laissa-t-il aller là où ses pieds décidèrent de le porter, un étrange refrain à la bouche. « If you don't keep your feet, there's no knowing where you might be swept off to. »
Sans plus faire attention, il avançait, jusqu'à rencontrer (quel doux euphémisme) un grand canasson. La peste soit ces grandes jambes ! Le gamin tenait son nez – qu'il avait sûrement rouge, maintenant..! – tandis que le cavalier se moquait de son manque d'attention. Au moins savait-il qu'il était au Ranch, désormais. Sans plus écouter cet individu dont il ne connaissait strictement rien, Link s'engouffra dans l'allée principale. C'était la deuxième fois qu'il venait, déjà, mais il s'y sentait bien. La vue de la crinière rousse de la jeune Malon lui étira les lèvres en un petit sourire, et il s'avança dans son dos.
"Hey..!" Fit-il secouant timidement la main, pour attirer son attention.