Kyrie Eleison

[pp]

[ Hors timeline ]

« Dieux, prenez pitié. La prière est l’aveu de nos tourments, notre misère donnée aux cieux. »

La terre battue et fragile sous ses pieds à chaque pas en avant se formait avec la douceur d’une caresse. Derrière elle, l’agrile devenait sable et, porté par le vent, les graines dansaient. Des vagues s’élevaient en montagnes, s’abattaient en fleuves. Les couleurs chatoyantes s’entrechoquaient, titans dans le ciel, devenaient un et milles, le néant et le tout ; puis elles retombaient, à nouveau réunies, un sable rouge, et le tout recommença. La fille avançait.

Elle ne marchait sur aucune route ; elle marchait simplement. Elle n’avançait vers aucun but ; elle avançait au gré du vent. Du temps ? Où la mènerait cette route ? Une réponse muette à une question qu’elle ne posa pas. Elle ne s’était jamais vraiment posé cette question. Toujours, elle ne faisait qu’avancer sur un chemin tracé, sans jamais se demander ce qui l’attendrait au bout de la voie. Maintenant qu’il n’y avait plus ni route ni voie, la fille ne pouvait s’arrêter. Elle devait continuer et marcher, portée au gré des courants.

Devant elle s’étendait une terre sans formes ni couleurs. Une terre infinie et vierge. Derrière elle… mais elle ne se retourna pas. Pas une seule fois. Ce n’était pas permis. Si ? L’enfant leva les yeux. Au-dessus d’elle, les nuages reflétaient la terre, le ciel et la terre s’unissait. Elle voyait une fugace tâche noire au milieu d’une mer de sang. Puis les couleurs s’étiraient et il n’y eut plus que le noir. Confuse, elle se demanda où donc étaient les autres couleurs ; il manquait la vie.

La fille avançait. En portant son corps en avant, elle se dit qu'il manquait une chose importante. Le silence l'enveloppait. Ce seul mouvement, las et simple, d'un pied posé après l'autre n'était plus suffisant. Elle aurait voulu lever les bras, tourner la tête, tourner le corps, courir, jou... non, elle ne pouvait pas.

Son cœur se serrait et lui murmurait qu’elle devait chercher une réponse, mais la fille l’ignora. Une réponse ? Sans question, nulle réponse ; Elle devait chercher quelqu’un, quelque chose. Elle cherchait ce devoir. Il y avait un rôle à jouer pour elle. Elle pensait déjà le maitriser, mais elle quêtait encore la pièce.

Soudain, une fraicheur se répandit sur ses pieds, douceur et bienfait. Elle baissa les yeux. Un fleuve ondoyait d’un éclat mystique. Les pieds dans l’eau, la prêtresse de Din s’arrêta.


[PP: privé prêtresses! Si vous voulez absolument participer, mp moi ou Flo ]

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



L’aveugle sourit et se musa en boule dans le lit. A son doigt, elle sentait le froid du métal. Jouant avec son pouce sur l’alliance, elle soupira. Une main vint s’égarer dans ses cheveux et le doux murmure de son compagnon lui parvint à l’oreille. « A quoi tu rêves ? » Elle haussa les épaules avant de quitter le confort de la couche. « J’ai fait un drôle de rêve. Hyrule était en guerre, car Ganondorf était de retour. Et toi tu avais repris les armes. Et on ne se connaissait pas … enfin pas comme maintenant. » La jeune femme sourit et remua sa main ou brillait l’anneau d’or. Quel songe absurde. Le pays connaissait l’Age d’or depuis que le Héros du Temps et la Princesse de la Destinée avaient touché la Triforce. Le cœur pur de son mari avait demandé la paix éternelle et le pouvoir divin l’avait exaucé.

Aucun nuage noir en vue. Le couple s’était rencontré avant que la dévote ne prononce ses vœux, brisant ainsi un avenir pour Flora en tant que Prêtresse. Elle visait les rangs de Farore et on souhaitait la diriger vers la caste de Nayru, alors de toutes façons, elle hésitait déjà quand à devenir femme de foi. Ils s’étaient mutuellement pansé les blessures de leurs cœurs et de leurs Ames, Flora étant orpheline depuis tout récemment et Link traumatisé par ses aventures. D’une solide amitié, leur relation avait fini par s’épanouir et se transformer en une jolie romance alors que la novice jetait au vent les paroles qui auraient fait d’elle une Sainte. Non pour l’amour et pour une vie normale, avec un homme formidable, on se devait de faire des sacrifices.

L’aveugle se souvenait surtout de l’odeur des cerisiers en fleurs, le jour où tous les deux avaient aménagé dans une petite maison, parmi tant d’autres au sein du Bourg d’Hyrule. C’était le vœu de la Princesse, de pouvoir disposer de son Conseiller tout de vert vêtu en cas de besoin. Fonctions qui rongeait souvent le temps de notre Héros, mais tellement nécessaire pour que perdure la pérennité du pays. Flora quant à elle, disposant de ses dons de soins, avait ouvert une petite boutique de rebouteuse. Elle y soignait tous les maux tant qu’elle le pouvait, se mettant parfois en danger et s’attirant l’inquiétude et les foudres de son mari. …

Bref une vie de rêve pour la jeune femme ….

Pourtant en quittant la douceur de son lit, Flora Del Carmen sut que quelque chose n’allait pas. Saisissant la coursive de bois, exprès installée le long des murs pour pallier a son infirmité, elle se dirigea vers la porte de la maison. Son instinct lui disait d’aller voir dehors. D’ouvrir la porte. De passer le pas …
Une fois dehors, la Prêtresse sentit le rêve voler en éclat, et la réalité lui exploser en pleine face. Son visage s’affaissa alors qu’elle réalisait que les longs mois qu’elle venait de vivre n’avaient été qu’un fantasme, le refuge rassurant d’une âme à l’agonie.

Au désespoir elle chercha à retourner dans son rêve, mais cela lui fut impossible. Nayru avait définitivement verrouillé ces portes et ne les ouvriraient plus jamais. Signe que son temps n’approchait pas de sa fin, Flora se résigna. Les commissures des lèvres tirant un peu vers le bas, cherchant à masquer sa tristesse, l’enfant divin s’aventura sur les chemins du songe. Elle l’avait compris quand sa bulle avait explosé. Un rêve dans un songe. Sa lèvre inferieure trembla alors qu’elle chassait les derniers souvenirs de la paix éprouvée et qu’elle se concentrait. Il y avait quelqu’un. Elle sentait l’odeur de l’eau, pouvait percevoir son humidité sur sa peau. Ironique et de mauvaise humeur, la jeune aveugle songea que quand même, la Déesse pouvait la rendre voyante dans le paysage de ses songes ! Ça serait bien pratique parfois. Un clapotis sur la droite, comme des pas dans l’eau. La jeune femme se tourna vers la source du bruit. Seules deux autres femmes avaient accès ici.

Car à l’aura du rêve, Flora venait de reconnaitre cette partie divine de son âme. Ame qui venait d’entrer en collision avec l’une de ses Sœurs … Restait à savoir laquelle car aucune des Trois ne s’aimait vraiment. Respect tout au plus, Tolérance seulement. Si un affrontement devait avoir lieu ici, cela risquait de perturber l’ordre divin. Elle écarta légèrement les pieds, plia un peu les genoux, prête à bondir dans le fleuve au moindre signe de danger.

« Qui est là ? »

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.