Posté le 21/01/2015 20:04
Il ne s'en sortait finalement pas si mal, pour un étranger malvenu. La princesse à nageoires avait donné l'ordre de le ramener d'où il venait, chose pas si aisée apparemment, au vu des basses protestations des Zoras en charge du prisonnier. Mais leur maîtresse s'en était déjà allée, elle n'avait que faire de ce qu'ils diraient, sa parole était sans retour.
Alors que les gardes rendaient ses effets à Eckard, ceux-ci discutaient entre eux, troublés.
« Comment peut-on le ramener d'où il vient ? Cet homme est arrivé par les réseaux caverneux des hauteurs rocheuses du Domaine Zora.
- Nous n'avons qu'à le foutre dans sa barque et le pousser jusqu'à ce qu'il atteigne la mer, répondit l'un d'entre eux.
- Crétin ! L'eau se jette dans l'étang du Domaine, rétorqua l'autre. Un tel contre-courant est bien trop fort, même pour nous, Zoras. Et le chemin est trop escarpé, c'est un miracle qu'il s'en soit sorti indemne, avec tous ces rochers...
- Emmenons-le au lac et débarrassons-nous en là-bas alors. Les courants se reforment derrière la forêt, peut-être que ça le guidera jusqu'à ses loups et sa neige.
- Bien. Je ferais le trajet vers le lac, envoya l'un des officiers de la garde. Trois d'entre vous pour m'accompagner à emmener l'homme du Nord jusque là-bas. Allez. » Mais les gardes ne semblaient que peu enclins à l'idée d'un voyage qui leur prendrait des jours et des jours. Aucun ne se prononça, et le Zora plus gradé commença à se montrer impatient.
« Bon. Puisque vous parliez tout à l'heure, vous viendrez tous les deux. Et puis toi, là-bas ! Il désigna un de ses congénères au hasard dans la foule de gardes, qui accepta derechef, non sans une moue de mécontentement. À vos ordres. »
Pendant ce temps, Eckard s'évertuait à reboucler sa ceinture avec le fourreau et l'épée, tout cela, les mains toujours liées. Pas facile c'te connerie. Passer la ceinture dans les premiers trous, cela allait. Mais continuer et faire le tour, infaisable. L'homme n'avait pas dérangé ses geôliers, trop occupés à discuter du pourquoi, du comment, du quoi, il n'en avait cure. Le barbu s'empêtrait avec ses affaires et commença à en avoir marre. L'épée tomba par-terre, provoquant un bruit résonnant dans toute la caverne irisée et décorée. Tous les hommes-poissons qui ne faisaient plus trop attention à lui s'étaient alors retournés brusquement. Le silence régnait dès lors et chaque Zora regardait l'homme et l'épée, l'épée et l'homme, successivement. Sans autre bruit.
Eckard se mit alors à agiter ces chaînes qui lui entravaient les bras, les faisant cliqueter devant les yeux des autres qui n'allaient sûrement pas tarder à le prendre pour un fou.
« Et ça ? Fit-il en continuant d'agiter les chaînes. Ça ne va pas s'enlever tout seul. Vous avez entendu votre princesse ? Je suis libre, non ? Alors retirez-moi tout ça... messieurs. »
Le chef des gardes s'approcha alors rapidement de lui et lui empoigna les vêtements au niveau du col, avec une force incroyable venant de sa main palmée. « Tu t'en tires plutôt bien pour un étranger qui vient de débarquer ici. La princesse a été trop bonne avec toi, homme. Crois-moi, si cela dépendait de ma juridiction, il y a longtemps que je t'aurais jeté dans une cellule. Tu ferais mieux de faire profil bas, plutôt que de jouer les costauds. Ta chance ne te sauvera pas deux fois. Pas à Hyrule. »
Le Zora lâcha sa prise et fit volte-face. Il s'avança vers la sortie de la salle d'un pas déterminé et preste. Quelques-uns de ses congénères lui firent un signe de tête lorsqu'il leur eut confié quelques directives à appliquer à voix basse. Puis ce dernier s'exclama à nouveau, de vive voix : « Ré-équipez-le de ses affaires d'humain. L'homme garde ses chaînes. »
Le cortège se reforma tandis que l'intrus roula des yeux d'un air désespéré. Les gardes le dirigèrent de nouveau pour l'emmener à travers les dédales du Domaine Zora, jusqu'à la sortie. Un gigantesque mur d'eau en bloquait le passage. L'un des deux hommes-poissons qui se tenait là sortit un étrange instrument ressemblant à s'y méprendre à une arête de poisson gargantuesque munie de quelques cordes et se mit à gratter une douzaine de notes.
Le mur d'eau disparut instantanément pour ne plus laisser que quelques gouttes tomber du haut de la paroi rocheuse. Le nordique contempla le spectacle, bouche bée. Sorcellerie... Tous franchirent l'ouverture humide et quand ils l'eurent dépassée, Eckard put voir la cascade se reformer dans un tumultueux torrent sonore.
« Au Lac Hylia. Une longue route nous attend. En avant. »
[HRP]Fin du RP.[/HRP]