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La neige a fondu

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Eckard Falskord


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(vide)

Humide. C'était tout ce que le barbu captif pouvait se dire. Humide, et ça pue la poiscaille. On le retenait, mains liées, et confisqués, tous ses effets. L'endroit dans lequel on le faisait déambuler ne le rassurait pas le moins du monde. Une immense caverne brumeuse dont ils se demandait s'il y avait un plafond tant la grandeur était stupéfiante. Un cortège d'hommes-poissons le guidait il ne savait trop où. "Voir le Roi" avait-il compris. Dans quelle merde me suis-je foutu ? Chaque pas qu'effectuaient ces créatures aux écailles irisées faisaient un immonde bruit de succion sur le sol calcaire de la caverne. Comme le bruit que font les poissons lorsqu'on les sort du filet pour les foutre dans les tonneaux, partant pour la revente immédiate. Eckard se demandait comment ces bêtes à nageoires pouvaient avoir échappé aux hameçons des pêcheurs, vu leur taille.

Et si seulement... si seulement il ne se posait que cette question ! Non, il avait la migraine, tant le nombre d'interrogations qu'il se posait était faramineux. À commencer par l'absence de sa toute nouvelle "amie", cette Lucia Naidor disparue, évaporée comme du gaz, fondue comme la neige au soleil. Tombée par-dessus bord, frappée par les rochers, noyée. La seule option que le nordique concevait.
On le poussait par derrière. Eckard avançait par petits pas, curieux des détails qui l'entouraient. La caverne s'était transformée en une sorte de ville souterraine, au fur et à mesure de ses déambulations sur les chemins de pierre calcaire.
Il faisait chaud. Sa veste de cuir et son manteau de fourrure commençaient à la fois à peser, et à le faire instantanément cuir. Étonnant dans une caverne, sensée être froide comme le corps d'un défunt. L'intrus souhaitait se dévêtir mais il s'abstint de toute remarque, ayant remarqué qu'il se trouvait là en présence d'être doués d'intelligence, ou tout du moins, de plus d'intelligence que de simples poissons.

L'odeur se faisait plus forte alors qu'on le traînait de plus en plus haut dans la grotte. Me mènent-ils à la surface, alors qu'ils devraient me plonger plus profondément encore dans les tréfonds des abysses d'où ils proviennent ? On l'avait mené jusqu'à hauteur de la base de déversement de la petite cascade qui se jetait dans le lac. Un regard en bas lui donna l'information que la barque par laquelle il était arrivé avait disparu. Fondue encore, comme de la neige. La tournure que prenaient les choses l'alarma de plus en plus. On ne le laisserait jamais quitter ces sous-sols humides, puants... et beaux malgré tout. Pour sûr, cela se voyait clairement qu'il ne s'agissait pas là de la caverne d'un ours ou d'un tout autre animal sauvage. Il semblait plutôt que la grotte eut été sculptée comme le domaine de toute une civilisation, recluse dans les tréfonds de la terre et de l'eau. Pas tout vu. Sûrement plus de choses dans la flotte. La nausée lui vint alors qu'il s'imaginait des tas de fantasmagories sur ce que pouvait contenir la mer, l'océan.

Le cortège d'hommes à nageoires l'avait dirigé jusque dans un nouveau conduit obscur où ils marchèrent presque à l'aveuglette pendant cinq minutes. Presque car leurs écailles brillaient encore dans le noir. Des reflets argentés parsemaient sa vision de ci, de là, d'éclairs de nacre. On finit par voir une faible lueur. En se rapprochant -toujours avec l’écœurant son des pas- une torche se dessina sur le mur, puis une autre. Encore une et une dernière, avant que n'apparaisse l'aveuglante lumière du bout du tunnel. Eckard voulut mettre sa main devant ses yeux pour s'en protéger, mais il ne fit que grincer les cordelettes qui le retenaient en otage, captif comme un misérable chien. L'homme ferma les yeux si fort que son mal de tête s'accentua, car il voyait encore à travers ses paupières closes la rougeur de l'éclat lumineux. Des voix résonnaient en écho dans sa tête avant que ses mirettes ne s’accommodent à la lumière aveuglante. Petit à petit, il ouvrit les yeux et vit qu'il se trouvait à présent dans une grande salle illuminée de torches, où coulait l'eau de part en part, formant des sortes de ruisseaux sur le sol dans ce qui semblait être de petites canalisations ouvertes. Des piliers de roche décorés de maints signes qui lui étaient étrangers ornaient la pièce à sa gauche et à sa droite. Tout brillait ici, aussi n'était-il guère certain d'avoir enfin atteint la surface, en raison de ces colonnes colorées.
La file d'homme-poissons se défit et chacun de ses membres se posta derrière lui. La pression d'une main sur l'épaule gauche, broyant sa blessure, lui fit ployer le genou. Tout était encore flou, mais en face de lui commençaient à se dessiner les contours bleutés d'un nouvel homme-poisson.


"Agenouilles-toi devant la royauté Zora, étranger."


Les bruissements à la surface de l’eau indiquaient une agitation inhabituelle dans tout le domaine. Qu’avait-il bien pu arriver, encore ? Encore un Zora en surpoids qui était resté coincé dans le tunnel glissant ? Non, on était habitué, maintenant, et c’était le garde du niveau supérieur qui glissait pour le faire sortir à coup de nageoires, maintenant qu’on avait trouvé comment régler le problème…

Là, à tous les étages se multipliaient les pas précipités, accompagnés de ceux, plus rangés, des gardes qui semblaient marcher ensemble, d’une manière plus sévère que pour une simple ronde. Alors il se passait réellement quelque chose ? Ca par exemple !

La Princesse poussa sur ses pieds pour détacher son corps du fond de l’eau où elle s’était allongée pour s’emmurer encore davantage dans son silence. C’est uniquement lorsqu’elle sortit le haut de son visage du liquide – se donnant un air des plus sournois – qu’elle vit arriver tout un groupe de Zoras armés, avec en leur centre un type qui avait bien l’air de venir de la terre ferme.

Tout ce petit monde s’arrêta à l’entrée de la salle d’audience pendant que les billes violettes détaillaient le gaillard autour duquel les gardes se plaçaient pour le montrer à la salle d’audience, au Roi. L’un d’eux le força à s’agenouiller devant la petite famille royale – bien que Ruto ne fût pas franchement visible à cet instant, toujours immergée.

« Agenouille-toi devant la royauté Zora, étranger. »

De son poste d’observation, Ruto put lire la douleur sur les traits de l’étranger, même s’ils étaient cachés sous une épaisse barbe. Elle fronça un sourcil et observa son Père pour voir ce qu’il allait bien pourquoi lui dire, à ce brave barbu. …Rien, celui-ci dormait à nageoire fermée. Ce qu’il pouvait lui faire honte parfois ! Heureusement qu’un Zora était une créature relativement docile, autrement un coup d’état aurait déjà éclaté depuis longtemps avec lui !

Voyant que même les sifflements d’un pauvre débutant dans la Garde ne suffisaient pas, la Princesse plongea pour sauter hors de l’eau dans un geste qui se voulait surprenant et gracieux, pour atterrir devant leur hôte forcé, à quelques mètres. Elle aimait les entrées remarquées.

« Tes vêtements semblent bien chauds pour les terres hyliennes, Etranger. Tu dois probablement venir du Nord. Je suis Ruto, Princesse du Peuple Zora. »

Elle osa faire deux pas en direction du prisonnier, ses yeux dans les siens, malgré les regards désapprobateurs des soldats, craignant certainement un assaut surprise de celui-ci. Le pauvre gaillard lui évoquait davantage un animal pris au piège qu’un criminel. Elle garda néanmoins ses distances, tout en continuant à accrocher son regard.

« Je n’ai pas la moindre idée de ce que tu sais de notre pays, mais sache que nous connaissons des temps difficiles. Aussi, un étranger arrive d’on ne sait où, et pour des raisons tout aussi inconnues, a de quoi inquiéter. Saurais-tu éclaircir ces points ? Ou préfères-tu réfléchir à la question dans un lieu moins agréable que celui-ci ? »

Elle leva une main pour faire signe à un des Zoras de relâcher sa prise sur l’épaule de l’homme. Pas entièrement, juste ce qu’il fallait pour lui montrer que s’il ne faisait pas de bêtises, il n’avait pas encore à craindre quoi que ce soit.

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Eckard Falskord


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(vide)

L'air était plus frais ici. Pour la première fois depuis qu'il eut mis pied à terre, le barbu avait l'impression de respirer. Il faisait diablement chaud en bas, dans ces couloirs étroits. Et l'ambiance suffocante n'avait rien arrangé. On l'avait traîné de force dans les méandres abyssaux d'une caverne d'un pays inconnu, dans un dédale miroitant une étrange luminescence mouvante aux murs, ombres scintillantes ondulant sur un calcaire érodé par l'histoire, la préhistoire.
Autant dire qu'il avait de bonnes raisons de l'avoir, cette incessante migraine. Fallait-il une nouvelle fois énumérer cette différence spectaculaire de température ? Infernale chaleur.
Ses nausées commençaient à se dissiper, et l'espèce de boule qui lui encombrait la gorge également. Les yeux du nordique s'accommodaient petit à petit à la luminosité de la pièce. Mais la migraine persistait comme un cafard, un parasite. Eckard sentit à nouveau la pointe de la flèche dans son épaule quand une main palmée et humide se posa dessus, pourtant à même son épais manteau de fourrure. Un genou à terre, il n'avait pas plus résisté que ça, fatigué, accablé, désemparé. Mais il ne se laisserait pas faire. Oh ça non. Toutefois, il fallait jouer la carte de la finesse et éviter de prendre des risques inutiles.

Le premier spécimen féminin de ces hybrides azur qu'il put croiser se présenta à lui comme étant une princesse. La princesse du peuple Zora. Un système monarchique. Prudence. Ces créatures sont donc bien plus intelligentes que ce que j'imaginais. La voix de cette femme-poisson était douce, mais poivrée d'un soupçon de fermeté. Douce-amère comme disaient les gens de chez lui, rappelant les plats d'inspiration méridionale. Rassurante mais sûrement piquante comme une rose. La garante de leur royaume s'était présentée à lui, la politesse se faisait maintenant garante du dialogue.


« Princesse Ruto du peuple Zora. Je suis honoré de faire votre connaissance, commença l'homme avec une révérence de la tête, forçant sur ses jambes pour se relever. Je viens en effet du Nord. Un Nord probablement pas si lointain que cela, je suppose. Peut-être avez-vous ouï à propos de Fröstvalland, le continent blanc ? Une terre gelée recouverte de neige, de forêts et de loups. » Plus chaleureux qu'ici, pour sûr. Bien que je suffoque, eut-il envie d'ajouter. « Je ne connais pas ces "terres hyliennes" dont vous faites mention. Sommes-nous sur le continent d'Orilucem ?
- Ce n'est pas à toi de poser les questions, étranger, retentit une voix derrière lui, sèche mais posée.
- ...mon peuple est bien peu informé sur les pays frontaliers. Nous vivons seuls et dans l'ignorance des agissements du monde. Je ne peux hélas pas éclaircir grand chose. Tout ce que je souhaite, c'est repartir d'où je viens, bien que je ne connaisse pas le moyen. Je me suis assoupi sur une barque. »

Eckard se sentit alors extrêmement mal à l'aise. Crétin, même. Pour quoi allait-il passer ? Un pauvre pêcheur sans le sou ? T'es bien con, mon gars. Comment paraître crédible dans une situation aussi stupide que la sienne ? Quitter un continent pour en rejoindre un autre, le temps d'un petit somme sur un canot de bois qui contenait deux personnes par-dessus le marché ! Tout paraissait de plus en plus fou alors qu'il réalisait ce qui lui arrivait.

« Sachez que je suis loin de me sentir comme un poisson dans l'eau, fit-il en souriant malicieusement dans sa barbe. Je suis dans une situation très délicate. Captif d'un peuple dont je n'avais idée jusque là, dans un pays qui m'est totalement obscur. Je vous concède que je suis effrayé. »

Ce pseudo-humour mal placé était en quelque sorte sa façon de dissimuler sa profonde inquiétude concernant le devoir dont il s'était investi. Cela ne pouvait attendre. Aussi commençait-il à avoir quelques tiques nerveux. L'homme faisait des nœuds avec ses doigts, se les tripotant sans but, se griffant presque au passage. Outre la sueur chaude conférée par la chaleur qu'il ressentait, habillé tel quel dans un pays au climat relativement différent de ses habitudes, des gouttelettes froides s'amusaient au toboggan le long de son échine. Être aussi loin de chez lui commençait à l'alerter réellement. On me regarde avec des yeux de merlans frits. J'espère ne pas avoir tendu une si grosse perche que ça, manquerait plus qu'on morde à l'hameçon. T'es con, mon gars.

Millième post, champagne !


La princesse écaillée avait dévisagé l’étranger tout le temps où celui-ci avait parlé. C’est à peine si elle avait cligné des paupières, réellement désireuse de trouver dans l’apparence de cet homme-ours quelque détail susceptible d’apporter des précisions sur ce qu’elle venait d’entendre.

Tout d’abord il avait tenté d’avancer un peu de géographie, avant  de ne s’être vu couper par un des Zoras qui le remettait à sa place.


« Ce n'est pas à toi de poser les questions, étranger. » Bien pratique de ne pas avoir à jouer elle-même la méchante. Non pas qu’elle ait un jour eu besoin d’aide pour cela… « Allons, tu vois bien qu’il ignore tout de nos coutumes, il n’y a qu’à voir la manière dont il nous regarde pour le comprendre. » Elle planta d’ailleurs ses deux améthystes dans les billes du brun, lui intimant silencieusement de s’écraser s’il avait quoi que ce soit à rétorquer de désobligeant quant aux poissons.

Cependant il n’était pas bien malin de se montrer désagréable, compte tenu de l’équilibre précaire de la situation. Si cet imbécile barbu était important ou tout du moins apprécié, Ruto n’était pas ravie à l’idée de voir débarquer d’autre spécimens de son genre armés jusqu’à la naissance de la barbe dans le but de venir le récupérer.


Elle ne prit pas la peine de répondre à ses questions, même si les noms qu’il évoquait éveillaient quelques lointains souvenirs à propos de récits moralisateurs selon lesquels le froid viendrait de là-bas geler la rivière si les enfants n’étaient pas sages. Sa lèvre se tordit alors qu’elle retint un sourire en repensant à toutes les occasions où on lui avait servi cette menace, enfant. A croire qu’elle ne l’était pas souvent, sage. Mais l’heure n’était pas à la rigolade, et l’autre commençait à lui parler plus directement de lui.

Elle se hissa sur la pointe des orteils pour encore mieux le détailler par-dessus les lances qui le séparait d’elle. L’air toujours neutre, c’était bien la curiosité qui avait succédé à la menace dans ses yeux alors qu’elle buvait ses paroles. A dire vrai, si elle était tendue par le risque que pouvait représenter ce - … Mais Foutre Din, cette face de Lobo bourré de tiques n’avait même pas daigné leur donner son nom ! – drôle de personnage, elle était aussi bien fascinée, ayant perdu l’habitude de voir une autre espèce pénétrer leur domaine.


« Eh bien Brave visiteur de Fröstvalland… Je ne sais s’il est plus raisonnable de penser que tu es aussi faible d’esprit que les faits ne semblent le prouver, ou que tu essaies de te payer ma tête. Dans tous les cas, puisqu’il a été si facile pour toi de venir, j’imagine qu’il sera tout aussi aisé pour nous de t’y ramener. Je ne tiens pas à te laisser sortir d’ici et gambader tranquillement dans mon Pays en ignorant tes potentielles intentions. »


Ruto fit à nouveau quelques pas vers l’étranger et se planta bien droite devant lui, les bras croisé sur la poitrine, et le regard bien déterminé. « Aussi si tu as quelque chose à ajouter, j’imagine que c’est le moment. Car mes gardes sont tout aussi piquants que moi, mais d’une manière plus physique, si je puis dire. » lâcha-t-elle d’une voix bien plus posée que le ton qui était pourtant donné.

Elle fit un signe à ses gardes qu’ils comprirent aussitôt. Elle se retourna, rentrant peu à peu dans l’eau d’où elle était apparue. Elle ponctua sa sortie d’une ultime pique - « Ramenez cet asticot là où vous l’avez trouvé, et veillez à ce qu’il rentre bien saluer ses flocons du nord. » - comme pour le situer par rapport aux ‘poissons’ qu’il semblait voir en eux. S’il remuait trop dans l’eau, il risquait de se faire avaler tout rond.

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Eckard Falskord


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Il ne s'en sortait finalement pas si mal, pour un étranger malvenu. La princesse à nageoires avait donné l'ordre de le ramener d'où il venait, chose pas si aisée apparemment, au vu des basses protestations des Zoras en charge du prisonnier. Mais leur maîtresse s'en était déjà allée, elle n'avait que faire de ce qu'ils diraient, sa parole était sans retour.
Alors que les gardes rendaient ses effets à Eckard, ceux-ci discutaient entre eux, troublés.


« Comment peut-on le ramener d'où il vient ? Cet homme est arrivé par les réseaux caverneux des hauteurs rocheuses du Domaine Zora.
- Nous n'avons qu'à le foutre dans sa barque et le pousser jusqu'à ce qu'il atteigne la mer, répondit l'un d'entre eux.
- Crétin ! L'eau se jette dans l'étang du Domaine, rétorqua l'autre. Un tel contre-courant est bien trop fort, même pour nous, Zoras. Et le chemin est trop escarpé, c'est un miracle qu'il s'en soit sorti indemne, avec tous ces rochers...
- Emmenons-le au lac et débarrassons-nous en là-bas alors. Les courants se reforment derrière la forêt, peut-être que ça le guidera jusqu'à ses loups et sa neige.
- Bien. Je ferais le trajet vers le lac, envoya l'un des officiers de la garde. Trois d'entre vous pour m'accompagner à emmener l'homme du Nord jusque là-bas. Allez. » Mais les gardes ne semblaient que peu enclins à l'idée d'un voyage qui leur prendrait des jours et des jours. Aucun ne se prononça, et le Zora plus gradé commença à se montrer impatient.
« Bon. Puisque vous parliez tout à l'heure, vous viendrez tous les deux. Et puis toi, là-bas ! Il désigna un de ses congénères au hasard dans la foule de gardes, qui accepta derechef, non sans une moue de mécontentement. À vos ordres. »

Pendant ce temps, Eckard s'évertuait à reboucler sa ceinture avec le fourreau et l'épée, tout cela, les mains toujours liées. Pas facile c'te connerie. Passer la ceinture dans les premiers trous, cela allait. Mais continuer et faire le tour, infaisable. L'homme n'avait pas dérangé ses geôliers, trop occupés à discuter du pourquoi, du comment, du quoi, il n'en avait cure. Le barbu s'empêtrait avec ses affaires et commença à en avoir marre. L'épée tomba par-terre, provoquant un bruit résonnant dans toute la caverne irisée et décorée. Tous les hommes-poissons qui ne faisaient plus trop attention à lui s'étaient alors retournés brusquement. Le silence régnait dès lors et chaque Zora regardait l'homme et l'épée, l'épée et l'homme, successivement. Sans autre bruit.
Eckard se mit alors à agiter ces chaînes qui lui entravaient les bras, les faisant cliqueter devant les yeux des autres qui n'allaient sûrement pas tarder à le prendre pour un fou.

« Et ça ? Fit-il en continuant d'agiter les chaînes. Ça ne va pas s'enlever tout seul. Vous avez entendu votre princesse ? Je suis libre, non ? Alors retirez-moi tout ça... messieurs. »

Le chef des gardes s'approcha alors rapidement de lui et lui empoigna les vêtements au niveau du col, avec une force incroyable venant de sa main palmée. « Tu t'en tires plutôt bien pour un étranger qui vient de débarquer ici. La princesse a été trop bonne avec toi, homme. Crois-moi, si cela dépendait de ma juridiction, il y a longtemps que je t'aurais jeté dans une cellule. Tu ferais mieux de faire profil bas, plutôt que de jouer les costauds. Ta chance ne te sauvera pas deux fois. Pas à Hyrule. »

Le Zora lâcha sa prise et fit volte-face. Il s'avança vers la sortie de la salle d'un pas déterminé et preste. Quelques-uns de ses congénères lui firent un signe de tête lorsqu'il leur eut confié quelques directives à appliquer à voix basse. Puis ce dernier s'exclama à nouveau, de vive voix : « Ré-équipez-le de ses affaires d'humain. L'homme garde ses chaînes. »

Le cortège se reforma tandis que l'intrus roula des yeux d'un air désespéré. Les gardes le dirigèrent de nouveau pour l'emmener à travers les dédales du Domaine Zora, jusqu'à la sortie. Un gigantesque mur d'eau en bloquait le passage. L'un des deux hommes-poissons qui se tenait là sortit un étrange instrument ressemblant à s'y méprendre à une arête de poisson gargantuesque munie de quelques cordes et se mit à gratter une douzaine de notes.
Le mur d'eau disparut instantanément pour ne plus laisser que quelques gouttes tomber du haut de la paroi rocheuse. Le nordique contempla le spectacle, bouche bée. Sorcellerie... Tous franchirent l'ouverture humide et quand ils l'eurent dépassée, Eckard put voir la cascade se reformer dans un tumultueux torrent sonore.


« Au Lac Hylia. Une longue route nous attend. En avant. »



[HRP]Fin du RP.[/HRP]