Posté le 08/05/2011 20:38
La petite eu un mouvement de recul quand la femme se retourna, et une moue gênée, encore inquiète, lorsque celle-ci la défigura. Elle se sentit pâlir, plus encore que lorsque le chagrin l'avait surprise, au milieu de nulle part. Son visage candide devenait plus blanc de minute en minute, et son regard se posait désormais sur ses bottines noires. Du bout de son pied elle dessinait de petits cercles sur le sol broussailleux qui accueillait les deux filles. Ses doigts faisaient des noeuds autour des trois pinceaux, qu'elle gardait cachés, derrière son dos. Sa mine déconfite, et sa gène apparente, elle finit par relever la tête, la curiosité plus forte que la peur, chez cette petite entrant tout juste dans le monde des adultes.
-...
La jeune fille resta bouche bée. Ses lèvres ne parvenaient plus à se refermer, et ses yeux parcourraient la jeune femme. Rarement elle avait vu aussi belle Dame, car clairement, cette femme avait tout d'une noble. Sa mère elle-même n'était pas aussi belle que cette femme aux cheveux flamboyants, et à la peau matte. Ses longs cheveux de feu laissaient Alyra sur les fesses, presque envieuse. Toujours elle s'était demandée pourquoi elle n'avait pas eu le droit de naître avec une pigmentation normale. Elle était pale, sans être albinos, comme l'était son frère. Elle en avait tout les symptômes, sauf ces fameux yeux de sang. Ses grands yeux bleus clair ne voulaient plus se décoller de la silhouette gracieuse et dure, fine et piquante, belle et effrayante de cette Hylienne qu'elle ne connaissait pas.
Son estomac se tordait sous l'effet de la peur que lui faisait cette femme, et à nouveau elle se mordit les lèvres pour les maintenir fermées, bien consciente de l'impolitesse de l’évènement qui venait d'avoir lieu, et elle s'inquiéta de la réaction de cette splendide femme. Symbole de l'autorité féminine, peut être..?
-Je.. Eum.. Excusez moi, grande Dame. Je ne voulais pas vous déranger...
Son poing se ferma et ses jointures émirent un bruit peu agréable. Encore une fois, elle eu la crainte que ce soit mal interprété, elle n'avait aucune intention belliqueuses. Elle préférait laisser ce domaine à ceux qui l'avaient choisi.
Honteuse, elle ne fermait le poing que parce qu'elle n'avait su tenir sa voix, qui s'était encore brisée. Cette femme lui imposait le respect, forçait son admiration. Alyra faisait face à une dame. Une vraie, comme celle qu'on en voit plus.
Ses yeux se posèrent sur la main qui brûlait un instant plus tôt, et elle ne fut pas surprise de découvrir que celle-ci n'avait rien. Cette aura que dégageait l'Hylienne ne pouvait être que naturelle.
Et dans l'infinie noirceur et colère qu'elle dégageait, Alyra sentait poindre comme une once de tristesse indéfinissable. Sans qu'elle ne s'en rende compte ses mains montèrent devant sa poitrine, et se refermèrent sur son coeur. Elle ferma les yeux.
Mais malgré la maigre protection qu'offraient ses petites dextres, belles, fines, et blanches, son palpitant se retrouva cloué. Cloué par cette femme et ses allures de froideurs. Et ses airs imbus. Ses paupières ne surent retenir ses larmes, qui coulèrent en silence sur ses joues. Ses pleurs tracèrent deux haies sur son visage blanc, et le chagrin, fourbe et traître la saisissait.
Ses yeux se voulaient durs quand elle les rouvrit sur la grande femme, mais la petite fille qu'elle était ne parvenait pas à lui en vouloir. Comment aurait-elle pu ? Elles ne se connaissaient pas le moins du monde, et cette femme ne pouvait pas savoir pour sa part.
-Mais excusez-moi d'insister, ma Dame, car non, vous n'avez pas l'air bien. Et même si je me doute ne pouvoir vous aider à vous délester de ce chagrin qui alourdit votre coeur, je peux m’inquiéter pour vous.
Comme toujours, elle disait son sentiment, franche et droite comme son père le lui avait enseigné. Ses yeux trahissaient sa tristesse, mais aussi une certaine compassion, pour cette femme qui n'était pas si froide et piquante pour rien.