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Un Tueur Né

[Privé with Ach']

Milieu de l'été - 2 ans 6 mois 4 semaines 1 jour avant (voir la timeline)

Eisuke


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(vide)

La nuit était tombé sur Hyrule et le Lac Hylia. Et bientôt, très bientôt même, douze coups de minuit allaient sonner.
Eisuke remonta à la surface du lac, prenant au passage une énorme bouffée d'air frais. D'où sortait-il ? Du Domaine Zora, pardi ! Il n'avait fais qu'emprunter le raccourci sous-marin qui menait tout de suite au lac. Le garçon ne voulait en effet surtout pas manquer les assassins sensés se rassembler en ce lieu ; eux qui devaient avoir tellement à lui raconter !
Le garçon se voyait déjà connaître tous les détails de son histoire avant même que cela ne commence. Qu'allait-il lui révéler ? Allait-il retrouver ses origines ? Quel était son lien avec l'organisation ? Toutes ces questions se remuaient dans sa tête depuis qu'il avait fini sa patrouille aux côtés d'Aaluna et d'Inuyasha. Celle-ci s'était déroulée sans encombres, comme il l'avait souhaité. Car mine de rien, un combat était toujours envisageable, avec des assassins comme interlocuteurs !

Le jeune épéiste nagea jusqu'à la berge, puis se leva fièrement. Il lui semblait être bien seul en ce lieu à une telle heure. Pas de visiteur, ni rien d'autre si ce n'est quelques monstres éparpillés aux quatre coins. Pas de menaces potentielles, donc.
Il avait peut-être un peu peur. Peur d'enfin connaître une vérité qui lui était cachée depuis plus de onze années durant. Forcément, une pression commençait à naître, et il se demandait si faire confiance à Sasha Léones avait été une si bonne idée. Mais bien vite, il se rendit compte qu'il était trop curieux pour refuser une telle piste. C'était tout de même toute son enfance qui était en jeu ! Presque la moitié de sa vie, qu'il avait oublié.

Alors que les gouttes d'eau perlaient sur son visage, il put, malgré l'obscurité, percevoir une forme, posée non loin : celle d'un être humain. Mais son visage était caché par un capuchon. Un assassin de l'Ordre des XV ? Possible... Mais ils devaient être plusieurs, à la base, qu'il sache...
Il avait plus des habits de voyageur qu'autre chose ; un style vestimentaire un peu "je m'en foutiste" en fait. Mais il ne voyait personne d'autre dans les parages.

Sa marche la conduit jusqu'à cet homme, visiblement peu dérangé par la venue du voleur près de lui. Il ne savait pas vraiment comment l'aborder, les relations sociales n'étant pas vraiment son fort. Néanmoins, la possibilité de passer un peu de temps en compagnie d'un autre homme avant de voir les assassins de l'ordre rappliquer. Toutefois, la première questions qui lui venait à l'esprit avait pour but de confirmer sa première impression, c'est à dire que cet homme au capuchon n'avait rien à voir avec lui.

" Dis-moi, t'es un assassin, ou un simple voyageur qui trace sa route ? "

Il aurait pu être plus direct, il pensait bien rester soft sur le coup. Et à présent, il attendait sa réponse, tremblant légèrement, à cause du froid de la nuit d'Hyrule et du fait que ses fringues soient trempées.


Lanre


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Le froid s'infiltrait dans les cavités de ses vêtements usés et sales. Bien que l'Hiver commençait à reculer les vents ne se plaisaient pas à battre en retraite, bien au contraire. Gagnant en puissance ce vent dont il ne savait distinguer la provenance lui battait les cheveux, mordait chairs et os, griffant sa peau et attaquait ses nerfs.

La veille – ou l'avant veille – encore, il était affalé sur les pavés de la place du marché, caché dans quelques sombres ruelles, noyé dans son vomi et crachant ses tripes. Encore maintenant, il n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait signaler cet accès de... de quoi exactement ? Loin d'être stupide au point de ne se douter de rien, l'Étranger savait que son organisme tirait une sonnette d'alarme, le prévenant qu'il ne suivait pas les rails. Mais quels rails, in fine, fallait-il éviter ?

L'occidental tournait et retournait ces interrogations dans son crâne depuis qu'il avait pu se relever et marcher. Aussitôt qu'il regagnait un minimum de contenance et de force à proprement parler (ses jambes ne le portant plus auparavant), il se dirigea vers de quoi se laver. L'odeur qu'il dégageait venait à le déranger lui même, accentuant le dégoût de sa propre personne qui naissait en lui.
Sacrifiant ses derniers rubis il s'offrit le loisir d'une chambre – quelques heures, seulement, avant la fin de la nuit – et le luxe d'un bain.

Les souvenirs de cette nuit d'horreurs toujours en tête, il se contenta d'une toilette des plus sommaires, mais largement suffisante pour se sentir propre, et regagner un semblant de dignité. Si l'orgueil n'était pas un péché dont souffrait le bâtard, il avait tendance à aimer rester un tant soit peu digne, humain.

C'est décrassé et rasé qu'il quitta les lieux de bain de l'auberge, pour rejoindre sa chambre. La nuit était déjà bien avancée, et à dire vrai, parler de tôt dans la matinée eut été plus véridique. Le sommeil ne le frappait pas plus que cela, aussi avait-il pris le parti de se vêtir et de s'en aller. Qui sait, peut être aurait-il le loisir de récupérer l'argent durement gagné et bien vite dépensé ?
Une fois paré de ses étoffes, il avait alourdit son flanc gauche de son épée et le droit de son couteau. Prêt à sortir, il s'engouffra dehors, non sans avoir récupéré son dû. Qu'est-ce qu'une cinquantaine de rubis changerait dans la vie d'un aubergiste, au fond ?

L'air froid fut la première claque de la soirée. Ce froid fourbe et sournois, qui s'immisçait partout. Rude et violent. Peut être plus que le chaud, parfois. Les doigts du Calicien craquèrent quand il ferma le poing autour de la fusée de fer de sa lame. Un bref instant pour s'adapter, avant de braver le vent.

La deuxième claque ne tarda pas vraiment. Au détour d'une ruelle, Väals percuta violemment un homme qui lui était resté invisible dans le noir intense de cette nuit sans lune. S'il parvint pour sa part à rester debout, le deuxième individu chuta lourdement sur les pavés gris. Gémissant et maugréant, il dédaigna la main tendue par l'Étranger prétextant qu'il avait mieux à faire.
Le pauvre diable fila aussi vite que faire se peut, laissant derrière une bourse qu'il avait perdu. Le temps de tourner la tête pour l'avertir, il avait disparu. Septentrion ne prit dès lors pas la peine de lui venir plus en aide que cela et récupéra la bourse par curiosité plus que par vénalité.

***

Les braises qui rougeoyaient dans l'âtre donnait à son visage une teinte un peu effrayante. Le haut masqué par la nuit et le capuchon rabattu sur son crâne, le bas mangé par une barbe naissante de quelques jours et faiblement éclairé par la lueur d'une pipe.
Acheleus attendait sagement, adossé contre un arbre, en retrait du lac, cette fameuse cérémonie qu'évoquait le billet dans la bourse. La curiosité piquée au vif, il avait immédiatement fait route vers le lac. N'ayant rien de bien particulier à faire – à entendre par là, pas de travail dans l'immédiat – il s'était décidé à prendre la route. Aussi fou que cela puisse paraître, il avait voyagé seul, à pied, de la Capitale Hylienne jusqu'au plus gros point d'eau du Royaume. Bien que le voyage ai prit un nombre de jours considérables, il était désormais sur place.

Hélas, le temps se fit long, et bien que l'homme fut patient, la dite réunion lui apparaissait de plus en plus être une sorte de coup monté, ou de canular. Le contexte ne se prêtait que peu à ce genre d'événements, d'un côté. D'autre part, il n'aurait pas été étonné de voir apparaître des groupes (car c'était de ça dont parlait la note), pour la défense du Royaume. La perplexité dans laquelle était plongée l'homme de l'Ouest faisait naître de plus en plus d'interrogations chez lui, ravivant d'autant plus sa curiosité.

Après un instant qu'il aurait difficilement pu quantifier, en raison des nuages maculant le ciel, cachant la route des étoiles, son attention se focalisa en un point. De l'eau venait d'émerger un corps qui ne semblait en rien similaires aux quelques arachnes étranges, bleutées et aux quatre pattes velues. De tout évidence il s'agissait d'un humain.

Attentif comme il savait l'être, il n'eut pas de grand mal à comprendre que l'individu escaladait la pente en sa direction, vraisemblablement animé par le désir de le rejoindre. Sans doute cette fameuse réunion allait-elle débuter, désormais. La pression sur la hampe de son surin s'accentua.
Pour la première fois depuis bien des heures et des jours, il reprenait contact avec un Hyrulien.


"Nye eaa hecil." Lâcha-t-il simplement, en Occidentin. Nul doute que l'homme n'en saisirait pas la moindre chose, mais c'était voulu. S'il utilisait sa propre langue – bien que le ton soit serein – c'était pour faire passer un message clair. Il n'avait nulle envie d'être dérangé. Et si ce n'était pas assez explicite, sans doute le poing verrouillé sur la hampe du poignard le serait-il.
Toutefois, dans sa précipitation, son interlocuteur (dans la mesure ou le terme peut apparaître approprié) venait de lui fournir. La réunion concernait donc certainement des assassins, et la question, si simple soit-elle, trahissait la non-appartenance du jeune homme au groupe. Ou son statut de novice en la matière, au choix.


Eisuke


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En temps normal, peut-être Eisuke aurait-il été gêné d'une telle réponse de la part d'un homme qu'il ne connaissait pas et qui, visiblement, souhaitait avant tout qu'il le laisse en paix. La façon de le dire, dans une autre langue, tant la façon de le montrer - l'homme au capuchon avait la main sur son poignard, prêt à le dégainer... - ne plaisait pas du tout au jeune homme. En même temps, lui non plus n'avait pas mis les formes, quand il avait posé sa question, un brin trop directe.
De toute façon, nous n'étions pas en "temps normal" pour le voleur ; il avait une blessure en voie de guérison, et la dernière des choses qu'il voulait qu'il se passe aurait été un combat stupide qui n'aurait fait qu'empirer son état. D'autant qu'il avait mieux à faire, ce soir. Alors, non sans exprimer son mécontentement avec un juron à l'égard du guerrier, il fit volte-face, et s'apprêta à s'écarter, à la recherche des assassins de l'Ordre. Sauf qu'il n'en eut pas le temps.

Car aussitôt retourné, la pointe d'une lame argentée apparut juste sous son menton. Des ombres et des ténèbres nocturnes sortirent ensuite une dizaine de silhouettes ; elles encerclaient les deux individus, Eisuke et l'autre homme, chacun une arme braquée contre le cou. Aucun visage n'était perceptible, pas même pour le voleur pourtant habitué au noir, car chacun des ces étranges guerriers avait la figure voilée par l'ombre d'un capuchon.
Quelques instants, le temps sembla se figer, car aucun des protagonistes présents n'osaient bouger en l'état actuel des choses. Eisuke, lui, ne bougeait pas. L'air sûr de lui, il ne savait vers quelle personne se tourner pour engager la conversation. En espérant que ce soit bien ces types, qui étaient au passage une bonne douzaine, qu'il recherchait.
Après ce moment d'observation, une voix sortit de nulle part :

" Je crains qu'il ne faille que vous partiez, messieurs. Cet endroit est bien trop dangereux pour vous, dès maintenant... Vous nous gêneriez. "

C'était une voix assurément rauque, souillée par une surconsommation de tabac. Le ton se voulait bien sûr menaçant au possible, peut-être un peu trop pour le coup. Mais il était impossible de déterminer laquelle de ces personnes venait de parler. L'interlocuteur restait un mystère pour Eisuke, qui au contraire aurait aimé faire face à lui. Son agacement ne se lisait pourtant pas sur son visage, toujours aussi impassible, et ce malgré cette lame s'appuyant toujours contre son cou, de plus en plus fort à mesure que les secondes passaient - sans doute pour se montrer plus intimidants.

" Vous ne comprenez pas ce qu'on vous dis ? Partez !"

" Pas moi, non. Au contraire je pense que vous avez beaucoup à me dire... "

Lâcha le brun d'un ton sec, tandis qu'il tirait sur son tee-shirt trempé pour laisser apparaître son tatouage à ceux qui lui faisaient face. Le Porteur du XIII réapparaissait à leurs yeux pour la première fois depuis plus de douze ans...
Rapidement, des murmures se perdirent par-ci par-là entre les assassins, si bien que très vite même ceux qui n'avaient pu voir la marque étaient au courant de la réapparition du voleur. Celui-ci laissa échapper un sourire, et une réflexion bien dans son style :

" Bon, je vois qu'on est du même avis, n'est-ce pas ? "

" Certes. Mais qui es-tu, toi ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? "

Ces propos étaient directement adressés au seul qui se trouvait assis dans l'herbe ; l'étrange guerrier qui était là et qui avait répondu d'une bien étrange manière au garçon.


Lanre


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Le visage toujours drapé de tissu, il ne bougea pas, n'ajouta rien, quand bien même l'autre homme lançait un juron. Si cela n'était pas prétexte à s'engager dans un duel pour Acheleus, c'était une tout autre motivation qui le poussait à ne pas surenchérir. D'un peu partout, plus loin, dans l'ombre de la nuit, se mouvaient des silhouettes aux contours flous. Le noir de ce qu'il soupçonnait être leurs vêtements le poussait à croire que ces gens-là aimaient rester discrets de nuit – si de gens il s'agissait bien.

Dès lors, l'essentiel de son attention fut transvasée sur ces mouvances dans l'ombre. À en croire le nageur de minuit se réuniraient ici des assassins et plaisanter avec homme armé n'est que très rarement une bonne idée. Il restait donc sur ses gardes, sans paraître tendu. La menace n'était pas identifiée, elle restait potentielle. Et c'était justement en cela qu'elle devenait d'autant plus dangereuse. N'importe quel vétéran l'eut dit : connais ton ennemi avant de t'engager dans la bataille. Si tu ne sais d'où viens le danger, reste en arrière et étudies le.
Il ne fut pas à même de compter précisément le nombre de formes mouvantes, mais il l'estimait dans une fourchette de cinq à dix. Un manque de précision pouvant se révéler inquiétant.

Avant que son compagnon d'infortune, où lui même n'aient eu le temps de bouger leurs cous sentirent le froid du fer appuyé contre la peau. La menace était désormais bien réelle.
Väals n'avait pas eu le temps de bouger, il n'eut pas l'occasion de le faire à nouveau. Se jeter tête baissée dans une situation pire encore n'était pas dans ses intentions, aussi opta-t-il pour un calme stoïque, et une aphasie sereine. La peur était une arme autant que les lames qui assuraient à leurs propriétaires d'être écoutés, et laisser paraître son inquiétude était offrir sur un plateau d'argent les défaillances de son armure.

S'il avait peur, nul n'aurait pu le dire. Un humain normalement constitué aurait logiquement été pris de quelque chose se rapprochant de la chose, et l'on peut donc possiblement supposer que c'était donc aussi son cas. Toutefois, dans ce cas-ci comme dans l'inverse, le bâtard ne fit preuve que d'un calme olympien. La maîtrise de soi avait toujours été une de ses qualités, et une fois et unique fois elle l'avait trahi. Il y a quelques cycles de cela.
L'acier fit un peu plus pression sur sa gorge, et il pencha la tête à droite pour se soustraire discrètement aux pulsions de son bourreau. Lequel remarqua néanmoins, mais ne se permit pas de prendre la parole en même temps que son camarade. D'un geste simple de l'épée – ou de ce qui semblait être une épée, bien que peu probable pour des assassins, comme arme de prédilection – il rejeta son capuchon en arrière, découvrant le visage de l'Occidental.

Toujours silencieux, le Calicien serrait les dents sur la tige de sa pipe, ne s'autorisant même plus à tirer une bouffée de tabac. Il était légèrement agacé par le ton de l'autre homme, celui dont la voix venait du noir. Même si les rapports n'étaient pas en sa faveur, il lui semblait que tout était fait dans la démesure. Ces fameux assassins étaient bien trop nombreux (et lui trop peu – pour ne pas dire pas du tout – belliqueux de nature) pour qu'il engage le combat, néanmoins il était clair qu'ils n'avaient pas réfléchi bien longtemps : à quoi bon commencer ainsi, alors qu'ils auraient simplement pu trouver un argument plus simple pour les faire s'en aller ? S'ils sortaient vivant, le nageur de minuit et lui, les soupçons pèseraient vite. La dizaine d'hommes ne venait que de rendre son ordre plus louche qu'il ne l'était déjà, laissant de côté la discrétion pour un aspect trop brillant, collant peu avec leurs ambitions. Autrement, l'enfant de Westingale se trompait sur toute la ligne.

La conversation s'engagea avec son compagnon d'infortune. Manifestement, il était surprenant pour eux de voir ce que l'autre avait montré (et qui restait caché à l'homme de l'ouest, n'ayant vu que sur son dos). Les murmures courant un peu partout le confirmait. Acheleus glissa un coup d'oeil rapide à son "tortionnaire". Toujours silencieux, lui aussi. Avec un sourire fou bien visible sous le voile qui drapait son faciès.


"Moi..?" Se risqua-t-il à demander, quand ce fut son tour de s'expliquer, un petit sourire un peu moqueur (et masqué par Dame la Nuit) étirant ses lèvres. « Je fume. » Reprit alors le tourne-casaque, montrant sa pipe, comme il aurait pu l'expliquer à des enfants (en moins poussé). En effet, il les tournait légèrement en ridicule, tant tout ce jeu d'intimidation commençait à l'agacer. La pression se fit plus vive de nouveau, dénotant le peu d'humour dont disposaient ces hommes là. Une petit moquerie, pas méchante pour un sou pouvait tendre plus encore la situation.

Acheleus écarta la lame de son cou, à l'aide de la tige de sa pipe, à l'intérieur de laquelle mourrait les braises. Son autre main vint chercher la petite bourse dans laquelle il avait trouvé le pli, et il la lança vers le centre de la foule.

"L'un d'entre vous a perdu ça." Lâcha-t-il, pour finir, la pipe de nouveau entre les dents, et ses mains à la recherche de son briquet d'acajou dans ses poches.


Eisuke


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La tension était bel et bien palpable, lorsque le voyageur balança une bourse au milieu des assassins. Des regards s'entrecroisèrent, de nouveaux murmures s'élevèrent au fil des secondes ; Eisuke parvenait à entendre certains mots. Certains le voyait comme une menace, d'autres non, et même un semblait plus énervé que les autres. Les entendre était drôle, sans doute parce que le voleur savait à présent qu'aucun d'entre eux ne porterait la main sur lui, le Porteur du Numéro XIII. Il était pourtant très loin encore de se douter quel genre d'hommes ils étaient, et l'importance qu'ils pouvaient accorder à un membre " oublié " de l'Ordre - car ce devait être à peu près ça, c'était ce qu'il avait pu conclure de sa seule rencontre avec Sasha Léones.
Cependant, même s'il ne les connaissait pas, il observa bien vite que ces assassins étaient loin d'être des plaisantins et que le voyageur les dérangeait vraiment. Et bien évidemment, la sanction à son égard pour être venu et s'être joué de l'un des leurs en leur dérobant une bourse était très... prévisible. Or le garçon ne voulait pas perdre son temps en quelque autre affaire que ce qu'il était venu faire ici. Et tuer un innocent ne l'enchantait guère, d'autant plus que c'était un étranger. Aussi, lorsqu'Eisuke entendit une lame sortir de son fourreau, à droite de l'individu, il tenta de minimiser la gravité de la situation :

" Laissez-le. Comment un étranger pourrait-il causer du tort à un ordre d'assassins ? Il est seul ; il est - j'en suis convaincu - venu par pure curiosité. Le tuer ne servira à rien. C'est un vulgaire spectateur. Que je sache, il ne sait rien de vous, comme moi. "

Le jeune homme regarda les assassins un à un, comme s'il attendait la réponse. Comme s'il la cherchait. Il sut que c'était bon lorsqu'il entendit l'arme rentrer dans son fourreau, au bout de quelques instants seulement. Un long silence s'installa alors, seulement troublé par le bruit du vent contre la roche, et, en aval, si on tendait bien l'oreille, l'eau du Lac Hylia. Quelques murmures entre les membres de l'ordre vinrent finalement rompre le silence et installer une nouvelle pression. L'atmosphère devenait étrangement lourde, tant et si bien que l'épéiste n'osait presque plus bouger. Seul le voyageur restait serein, fumant tranquillement, l'épée toujours sous la gorge.

Puis, au bout de quelques temps, les assassins s'écartèrent, et allèrent presque se perdre dans l'obscurité de la nuit. Seuls trois d'entre eux restèrent, dont celui qui menaçait le voyageur de sa lame. Les deux autres se postèrent face au Voleur de Minuit, puis ils se découvrirent de leur capuchon. Le premier était un homme dans la force de l'âge, bien bâti et imposant. A ses côtés, une belle femme au regard noir, beaucoup plus fine, une hallebarde accrochée au dos.
L'homme prit une grande inspiration, et racla sa gorge par deux fois. Et lorsqu'il se mit à parler de sa voix rauque, Eisuke en bu chaque parole, presque hypnotisé, mais aussi pressé de connaître une partie de son passé.

" Je m'appelle Bakar Saal, numéro III de l'Ordre des XV. Et voici Swann Villarreal, qui pourra t'éclairer sur de nombreux points. Mais avant que tu ne passes aux questions, tu vas d'abord répondre aux nôtres, histoire que tout soit parfaitement clair. "

L'air de la jeune femme le fixant était toujours aussi noir, si ce n'était plus. Dans son regard, Eisuke pouvait percevoir une haine grandissante qu'il ne comprenait pas ; un air implacable, froid, presque figé. Et le fait de se retrouvé en position d'interrogé ne l'aidait pas à se détendre davantage...

" Tu as rencontré Sasha Léones, le numéro IX de l'Ordre, récemment. Vrai ? "

" Je ne sais pas si on peut... "

" Répond à ma question simplement. Je veux du bref. " Rétorqua la voix rauque de l'assassin.

" Alors... Oui. "

" Nous avons fais notre enquête, et on nous a rapporté qu'il y avait eu quelques affrontements le soir de la mort de Sasha. Tu peux nous en dire plus ? "

Si au départ Eisuke eut du mal à trouver ses mots, il répondit finalement aux deux assassins. Le tout était de ne pas mentionner le fait qu'il était membre de la garde, ce qui aurait été franchement stupide. Il expliqua donc tout, jusqu'au face à face avec Sasha, qu'il avait finis par transpercé de sa lame, alors qu'il n'avait pas encore aperçu la marque sur son torse.
L'homme restait de marbre, et semblait suivre le discours du voleur avec beaucoup de sérieux. Swann, elle, semblait bien plus nerveuse, et surtout son regard se remplissait de noirceur à chaque instant. Il se demandait sincèrement le pourquoi de ce regard à son égard... Qu'avait-il pu bien faire à cette fille qu'il n'avait jamais vu avant, pourtant.

" Dis-moi, tu as un problème ? "

Elle ne répondit pas. Son air ne changeait pourtant pas le moins du monde. On eut dis une statue, tant elle manquait de réaction. Elle ne bronchait pas le moins du monde. Tout son regard était concentré sur une unique personne : lui, et rien, non rien au monde ne semblait prêt à la déstabiliser. Face au manque de réponse, Bakar Saal intervint, et expliqua enfin la raison de ces yeux :

" Sasha était sa meilleure amie. Il est normal qu'elle vous en veuille encore un peu... "

Au moins, il avait sa réponse. Il en était intérieurement désolé, et d'ailleurs lui-même regrettait son geste. Bien sûr, il aurait préféré que Sasha Léones soit toujours vivante. Même s'il ne l'avait pas connu, le simple fait qu'elle possédait cette marque l'avait fais se sentir assez mal quant à ça... Il aurait préféré la voir avant.
Il réussit à finir son explication, la tête encore bourrée de question, mais aussi de remords, par respect pour son amie, qui allait malgré tout devoir faire avec. Car il était évident d'une chose maintenant, et ce même s'il manquait encore d'informations sur l'Ordre : il en faisait partie, rien qu'à cause de la marque.

" Je vois... " Lâcha simplement le Numéro III, avant de faire mine de réfléchir un moment et de dire : " Ce soir est un grand soir pour l'Ordre. Car même si nous avons perdu un membre récemment, sa mission est accomplie. Toi, Eisuke, tu es de retour. Et c'est là l'essentiel, car nous t'attendions. Certains plus que d'autres... "

" Attendez... Comment connaissez-vous mon nom ? " Fit le voleur, surpris.

" Tout le monde te connait ici " Répondit cette fois une autre voix ; celle de Swann. " Ca fait plus d'une dizaine d'années qu'on te cherche, tout en accomplissant notre travail à côté. Et sache que ce n'est pas facile, surtout si tu disparais de tous les registres. C'est une chance que Sasha te soit tombé dessus une nuit de travail... "

" Comment ça ' disparu des registres ' ? "

" On a perdu toute trace de toi le jour de ta disparition. Là où tu as été retrouvé, on ne connaissait pas ton nom de famille, du coup ' Eisuke Taka ' a été effacé, puis oublié. C'est normal, dans un sens. "

" ' Taka ' ... "

Ce nom n'évoquait absolument rien pour notre jeune Numéro XIII. Mais visiblement, son passé avait été bien mouvementé. " disparition "... C'était le mot que Swann avait employé. Ainsi, il avait raté tout une partie de sa vie. Et il ne se souvenait de rien. Il ne savait pas quoi dire, en vérité. L'esprit encore troublé par ces révélations et la découverte de son véritable nom, et malgré le nombre de questions qu'il avait à poser, il ne savait pas par où commencer. Et finalement, ce fut Bakar Saal qui reprit la parole :

" Eisuke Taka, écoute-moi. Tu es né il y a 19 ans, 1 mois et 4 jours dans un village isolé, proche du désert gérudo. Un village qui n'existe plus, malheureusement. Tes parents étaient des membres de l'Ordre, aussi, tu étais destiné à devenir toi-même un de nos assassins. Tu possédais un potentiel exceptionnel, qui n'a pas été gâché heureusement, puisque tu as réussi à vaincre Sasha Léones. Tout se passait relativement bien, jusqu'à tes huit ans.
Tes parents, traqués, furent tués, et toi, tu as disparu. On ne sait pas trop comment cela s'est passé. Nous savons juste que les numéros IV et V sont morts de la main de garde royaux. Ta maison fut brûlées, nous pensions donc que tu étais mort dans l'incendie. Mais tu es en vie...
Ce qu'il faut que tu saches d'autre est qu'à cinq ans, nous t'avons tatoué de la marque du XIII, et tu étais destiné à prendre le leadership de la dernière génération de l'Ordre des XV afin d'accomplir la dernière tâche de notre projet. Ce dont je vais te parler à présent... "


Depuis un moment déjà, le voleur avait la tête baissée ; beaucoup moins fier, beaucoup mois assuré. Il ne savait pas trop où donner de la tête, et son poing se serrait à chaque qu'il s'imaginait sa maison brûler à cause des gardes royaux. Sa haine envers eux augmentait toujours un peu plus, même si ce n'était pas à eux qu'il en voulait le plus. C'était davantage envers ses parents qu'il était le plus en colère. Par leur faute, il avait été coupé de ses racines, et avait passé une enfance terriblement difficile.
Des imprécisions restaient, malheureusement. Où était-il, lui, lorsque ses parents mourraient ? Quelqu'un l'avait-il aidé à s'enfuir ? Et rien ne disait pourquoi il avait perdu la mémoire, encore une fois.

" Je sais que des points d'ombres persistes sur ton passé, pour toi comme pour nous. Nous ne pouvons te révéler que ce que nous savons. Et justement, je vais te parler un peu de nous.
L'Ordre des XV est un groupe composé de quinze assassins talentueux, créé il y a plusieurs années. En vérité, au début, il n'y en avait que cinq, composé du Fondateur le Numéro I, et les suivants jusqu'au V. Ainsi, tes parents étaient de la première génération. Comme le souhaitait notre chef, notre mission était de composé deux nouveaux groupes d'assassins dans notre Ordre, que l'on appellerait les deuxième et troisième génération. C'est la période de ' Formation '.
La seconde génération, celle de Sasha Léones, devait entamer le ' Nettoyage ', c'est-à-dire l'assassinat de plusieurs cibles dans Hyrule que nous considérons comme dangereux, corrompu, ou bien les deux à la fois. Leur mission principale est de passer un coup de balais et d'éliminer la raclure. Nous avons aussi dû détruire tous ceux étant contre nous, car bien sûr certains ont bien tenté de nous empêcher d'accomplir certaines missions. De plus, nous avons pris du retard sur notre programme, car nous avons dépenser beaucoup de temps à te chercher.
Enfin, la dernière génération, celle dont tu fais partie et dont tu dois prendre la tête. Ce qu'il faut savoir, c'est que notre Ordre n'agit pas qu'en Hyrule. Les deux premières générations assuraient une totale souveraineté pour le Royaume surtout en agissant dans les régions bordant nos frontières. Hyrule, c'est pour la dernière génération, sensée accomplir la dernière phase : la ' Reconnaissance '. Pour faire simple, notre groupe est secret, car jamais la Princesse n'approuverait nos méthodes. Et justement, le but est d'amener l'Ordre à être reconnu, grâce à toi, et de devenir le groupe le plus puissant d'ici quelques années. Et ainsi, pouvoir nous opposer directement face à Ganondorf, l'éliminer une bonne fois pour toutes.
Voila en quelques mots ce que notre Ordre tente d'accomplir. "


" Mais beaucoup déjà le font. Les Chevalier Phoenix et Rédemption d'Ambre ont déjà été créé pour faire tomber le Seigneur Noir " Rétorqua Eisuke.

" Mais jamais ils n'y parviendrons. Ganondorf a toujours plusieurs coups d'avance, et tu le sais. C'est ce pourquoi nous devons grandir dans l'ombre, et surgir de nulle part le moment venu. C'est l'objectif ultime de l'Ordre, et c'est ce pourquoi tu disposes d'une équipe d'assassins parfaitement complémentaires pour l'accomplir. "

Et le silence revint. Un silence qui sonnait comme pour un temps de réflexion pour le Porteur du XIII. Le discours de Bakar Saal se tenait, dans un sens. L'objectif était finalement bien plus honorable qu'Eisuke aurait pu le penser. Et les agissements, bien qu'un peu extrêmes car nous parlons bien d'assassinat, étaient bien nécessaires contre les vrais méchants d'Hyrule. Des hommes puissants, installés à la tête de leur petite organisation clandestine, en secret. l'Ordre des XV était là pour les trouver, et les éliminer.
Inutile de préciser que le projet avait finalement bien séduis Eisuke, totalement convaincu par ce genre de méthodes. Tant que la volonté d'en finir avec Ganondorf était la même que pour Rédemption et les Chevaliers, la manière importait bien peu. C'est ce qu'il pensait.

Le Voleur de Minuit regarda Bakar Saal s'écarter, rejoindre les autres assassins restés en retrait. Ne restait face à lui qu'une femme qui ne l'aimait guère, prête sans doute à tirer son couteau et de le planter dans son coeur, afin de venger l'ancienne Numéro IX. Afin de ne pas avoir à affronter davantage ses yeux accusateurs, il détourna son propre regard pour le reposer un instant sur l'autre assassin et le voyageur.
Puis, après quelques instants pour se remettre les idées bien en place, Swann lui posa la question fatidique, qui devait arriver d'un moment à l'autre. Eisuke n'avait fais que l'attendre jusqu'ici, et sa réponse était déjà toute prête.

" Alors, tu es toujours avec nous ? "

Sous-entendu, même lorsqu'il l'ignorait pendant onze longues années, il était considéré comme étant des leurs. Un fin sourire vint s'inviter au coin de ses lèvres, puis il lâcha :

" Bien sûr. Je ne vais pas me défiler maintenant que j'ai trouvé ce que je cherchais. "

" Dans ce cas, retrouve nous dans deux jours au Bourg. Nous avons du retard à rattraper, comme tu l'as compris. Tu as toutes les informations qu'il te faut dans cette enveloppe " Fit Swann en tendant un papier au néo-assassin. " Bienvenue chez toi, Eisuke Taka. "

Fit-elle avant de se retirer à son tour, suivi du dernier assassin. Elle s'arrêta cependant un instant, et se retourna, pointant du doigt l'étrange voyageur à son nouvel équipier.

" Au fait, je te conseil de le tuer. Sauf si tu le connais et qu'il est digne de confiance. Si l'Ordre apprend que des informations ont filtré, tu le paieras cher. "

Puis elle repartit, sans rien ajouter de plus.
Eisuke resta planter un bon moment sur place, réfléchissant encore. Il se sentait heureux ; heureux car il avait enfin la réponse pour sa plus grande question : cette marque sur son torse. Et même si cette réponse avait amené à se poser de nouvelles questions sur son enfance et ses parents, le garçon était satisfait de son entrevue cette nuit là.
Il ne tua pas l'inconnu non plus. Il était de trop bonne humeur pour commettre un meurtre, aussi, il ne fit que partir, sans lui dire le moindre mot ; un simple clin d'oeil au moment où il partait, et l'homme avait dû comprendre qu'il ne lui arriverait rien. Du moins, pour le moment...