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Perdue de vue

RP avec Tsubaki -Terminé

[ Hors timeline ]

Astre


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Les rayons couvraient la surface du lac d’une couche de diamants qui ne semblait en rien superflue et ajoutait à la beauté de l’étendue un certain mystère. Astre, épée au côté, vêtu comme un va-t-en-guerre, marchait souplement le long du lac avec en tête le code d’honneur du chevalier. Les préceptes qui établissaient l’architecture rigide de sa manière de pensée s’étaient établis au cours des nombreuses batailles qu’il avait livrées lorsqu’il n’était encore qu’un jeune louveteau, avec son surplus de vigueur et sa morgue, vertu essentielle de tout seigneur qui se respecte. L’honneur pour Astre se divisait en sous-catégories ; pour lui, un homme qui mérite de vivre doit –outre avoir une ascendance noble, ou alors -si roturière elle est- posséder des qualités qui ne se donnent pas au premier venu- premièrement cultiver un certain courage. Attention, qui dit courage dit réflexion. La témérité peut parfois satisfaire le chevalier dans une situation de tension. Cependant elle n’est pas forcée de mener à la réussite. L’intelligence et l’observation permettent au combattant de guetter les moments opportuns où il doit agir. S’il risque sa vie pour un idéal, il faut que cet idéal soit justifié. Sauver un va-nu-pieds des griffes de nobles peut valoir les félicitations de toute une assemblée de péquenauds et même quelques récompenses matérielles (un jambon, une bière, le gîte et le couvert, parfois même quelques deniers) mais prendre la vie d’un noble n’est pas chose aisée à effectuer, car si les nobles et les roturiers existent, c’est bien parce que chaque vie n’a pas le même prix. Surtout, un guerrier doit rester fidèle à ses principes (si tant est que ses principes soient bons, mais a priori, un principe n’est jamais mauvais puisqu’il permet de renforcer la droiture de l’esprit et donc de rigidifier les agissements d’un être vivant). Le chevalier doit également savoir qu’il appartient à une caste très spéciale de personnes. Au moment même où il jure de respecter le code de la chevalerie, c’est pour toute sa vie qu’il s’engage. Quel que soit ce code –il y en a de nombreuses versions-, il ne doit rien trahir, contrairement au commun des mortels qui est sans foi ni lois.

Astre touillait intérieurement toutes ces questions d’honneur depuis de nombreux mois maintenant. Quelque part, le schisme qui avait bouleversé sa vie et les amitiés auxquelles il croyait dur comme fer lui avait permis de se rendre compte que l’être humain ne cherchait qu’à tirer profit de tout ce qui lui passait par la main, et quelque part, il lui était impossible de vivre une vie saine (matériellement ou spirituellement). En y repensant, l’ancien sbire de Ganondorf savait bien qu’il avait mené une vie de loisirs, et qu’il avait pris plaisir aux vies qu’il prenait. Car Astre était un être cruel, et bien que régi par des principes qui étaient vitaux pour lui, il lui arrivait d’éprouver des sentiments contraires à l’éthique qu’il se faisait de lui. Bah… je suis un Sheikah. Et je vis sur la terre de tous les vices. Voilà comment il excusait son comportement, et c’était pour la forme qu’il l’excusait, car il ne regrettait en rien ses émotions violentes, son orgueil princier et sa folie destructrice. « Je suis Astre, oui. Et ce n’est pas rien de le dire. » La confiance le regagnait après tous ces mois de décrépitude, d’extrême solitude et de tristesse inconsolable. La confiance revenait et il allait se refaire une place de choix dans ce monde barbare. Il avait payé cher sa naïveté ; il croyait que les choses évolueraient, il s’était trompé. Pourtant ses objectifs ne sont en rien changés, car après tout, ceux qu’il s’était fixés témoignaient de sa trempe, de son honneur naturel et de son courage.
« Et même si je ne change pas le monde, l’important ce n’est peut-être pas cela. C’est peut-être la volonté qui se cache derrière cette multitude d’actions entraînées; c'est ce courage et cette détermination. Oui, l’issue importe peu… ».

Son pied heurta un caillou, qui partit embrasser le lac dans un « plouf » joyeux. Astre rayonnait, son visage prenait des teintes juvéniles qu’il n’avait pas ressenties depuis des lustres. Bénédiction… « Je suis de retour… » souffla-t-il, émerveillé comme un nourrisson devant son premier jouet.


Aurore


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Les berges du lac Hylia. Véritable havre de paix. Peu de personnes fréquentaient cet endroit. Certains disaient qu’un fou vivait au laboratoire ; éloignant ainsi les plus craintifs. On pouvait donc en conclure que les personnes qui s’y rendaient avaient une certaine trempe. Ce n’étaient plus des enfants apeurés par les « on dit ». Tsubaki conservait un mauvais souvenir de sa dernière venue au lac. Elle se sentait encore un peu faible physiquement mais elle s’était promis de retrouver sa forme physique d’entant. Mentalement les choses étaient rentrées dans l’ordre excepté qu’elle avait en quelques sortes perdu un ami cher à ses yeux.
C’est donc un peu nostalgique que la Dame louve était venue se promener sur les bords de l’étendue d’eau.
Malheureusement pour elle, le sort avait décidé qu’elle ne serait pas seule cette près midi là. Un individu aux cheveux couleur ébène semblait mirer son reflet dans l’eau avec une certaine satisfaction. La louve d’ordinaire solitaire décida de s’approcher de l’inconnu.
Des yeux rouges la regardèrent par le biais du miroir d’eau.

Astre.

Elle avait voulu saluer l’inconnu mais ne savait comment réagir avec le « connu ». Ils se dévisagèrent l’un l’autre de longues minutes, puis elle décida qu’il était temps de rompre le silence.


« Bonjour… »


Astre


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Et cette joie, cette euphorie si spontanée dont l’inattendue perspective la rendait aussi fragile qu’un cristal de premier choix, éclata en mille morceaux. Alors qu’il s’évertuait, pensif, à lire son avenir dans les ondulations hypnotiques du lac, son reflet se fit double. Oui, à côté du visage qui était le sien apparut un deuxième ovale de chair et d’os. La même expression faciale, la même lueur dans les yeux. Rapidement, Astre constata que les traits étaient bien trop fins et bien trop élégants pour appartenir à un homme. Après plusieurs instants de méditation mutuelle, le silence fut brisé :

« Bonjour », sembla-t-elle chuchoter de sa voix douce et flutée.

Les Déesses étaient bien mesquines pour lui infliger pareille visite après qu’il se soit déclaré guéri de tous les coups bas subis. Ces espèces de salopes ne voulaient pas lui lâcher la grappe. Mais s’il s’était déclaré guéri, ce n’était pas des mots en l’air. Les muscles faciaux congestionnés se détendirent progressivement et sur son visage se dessina un petit sourire de circonstance, gardant néanmoins une légère crispation au-dessus des lèvres.

« Eh là, Tsubaki. Que fait donc une femme de ton rang dans cet endroit mal famé ? Les créatures sans vergogne guettent chaque mouvement étranger et seraient bien heureux de trouver une chair aussi tendre que la tienne. »

Il ponctua ses dires d’une intonation légèrement ironique.

« Je suis surpris de te voir ainsi dépouillée de toute escorte. Se seraient-ils perdus en chemin ? »

Il ne voulait pas être méchant, pourtant il n’arrivait pas à retenir ses railleries. Les stigmates n’avaient pas totalement disparu, à entendre le seigneur en perdition. Mais il repensa à son code d’honneur, à la virilité dont devait faire preuve tout combattant hors pair. Or railler par faiblesse était une action honteuse et peu honorable. Il dodelina de la tête, tic qui ne lui était pas arrivé depuis très longtemps. Une énorme parabole en guise de bouche, Astre avait retrouvé son ancien-lui, le maître du sarcasme et de la haine, et la vitalité qui s’instillait dans ses veines comme le plus agréable des venins brûlait sous sa peau blafarde, mais la douleur était étrangement bénigne. Je ne dois pas m’apitoyer sur mon sort… eheheh… Il éclata de rire.

« Pardonne ma mauvaise humeur, mais quel bon vent t’amène ? ». Une expression plus aimable sur le visage, plus engageante, comme s’il rétractait sa rancœur comme un chat rétracte ses griffes… la comparaison n’était peut-être pas aussi bien adaptée car Astre avait gardé sa rancœur et sa haine de côté dans l’échec cuisant duquel avait suivi sa période d’inertie.


Aurore


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« Eh là, Tsubaki. Que fait donc une femme de ton rang dans cet endroit mal famé ? Les créatures sans vergogne guettent chaque mouvement étranger et seraient bien heureux de trouver une chair aussi tendre que la tienne. »

Tsubaki ne s’offusqua aucunement de cette réplique. Se doutant bien qu’elle n’était que la première d’une longue série elle attendit patiemment la prochaine qui d’ailleurs ne se fit pas attendre très longtemps.


« Je suis surpris de te voir ainsi dépouillée de toute escorte. Se seraient-ils perdus en chemin ? »

Elle ne se fit pas prier pour répondre sur un ton sérieux contrairement à son interlocuteur :


« Allons bon, mon cher Astre, tu sais bien que je n’ai jamais eu besoin de quelque escorte que cela soit. Qu’y puis-je si certaines âmes veulent se sacrifier pour moi ? »

Le venin d’Astre n’avait jamais eu d’effet sur la Dame Louve et c’était certainement pour cette raison précise qu’ils avaient réussi à devenir amis. Le jeune homme semblait en proie au doute. Sur son visage passaient différentes expressions, reflet du combat intérieur qu’il subissait. Après quelques minutes de réflexion il reprit plus amène :

« Pardonne ma mauvaise humeur, mais quel bon vent t’amène ? »

« La nostalgie et … notre dernière rencontre. J’étais justement en train de penser que j’aimerai avoir de tes nouvelles. Quelle ironie n’est-ce pas ? A ce que j’ai ouïe dire tu es entré chez les Phoenixiens ? Conan n’a pas perdu une miette de son pouvoir de persuasion à ce que je vois. »

Elle se tue quelques instants puis reprit :

« Mais j’ai une question bien plus importante à te poser ; comment vas-tu ? » lui demanda-t-elle en le regardant dans les yeux, sachant que quoiqu’il dise ces derniers trahiraient le fond de sa pensée.


Astre


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Son interlocutrice avait gardé le silence tandis qu’il se jouait d’elle. Pourtant, n’étant pas de nature à encaisser sans riposter, elle s’était permise une remarque tout à fait bien tournée.

« Allons bon, mon cher Astre, tu sais bien que je n’ai jamais eu besoin de quelque escorte que cela soit. Qu’y puis-je si certaines âmes veulent se sacrifier pour moi ? »

Le Chevalier aux yeux rouges s’était contenté d’un demi-sourire. Elle n’était peut-être pas aussi rapide que lui pour la rhétorique, mais tenace, elle l’était pour sûr. Douce Tsubaki. Astre n’avait pas résisté à cette nostalgie qui lui avait subitement agressé le « cœur ». Les séances de combats à la zone, les coups échangés puis les soupirs d’aise une fois l’échange terminé, les conversations aussi peu aimables que violentes sur les déchets qui les entouraient, tous ces points de vue communs qui les avaient rapprochés l’un de l’autre ; cela manquait à Astre, cet amour fraternel –car oui, Tsubaki avait été sa sœur, sœur de fer et sœur de miel- qui les avait unis, jadis.
Lorsqu’il sortit de sa bulle, elle avait répondu à sa dernière question.


« La nostalgie et … notre dernière rencontre. J’étais justement en train de penser que j’aimerai avoir de tes nouvelles. Quelle ironie n’est-ce pas ? A ce que j’ai ouïe dire tu es entré chez les Phoenixiens ? Conan n’a pas perdu une miette de son pouvoir de persuasion à ce que je vois. »

« Mais oui, je suis un Phénix. Un ardent chevalier du Bien qui se bat pour sauver la veuve et l’orphelin. Je balbutie niaisement devant la gente méchante, je me ratatine devant les harangues assassines proférées par les ombres d’en face. Il n’y a que dans mon cœur que je lutte contre le mal, car je ne voudrais souffrir le tort d’avoir blessé une âme en péril, déjà affaiblie par les ténèbres qui prolifèrent tout autour de nous. Je suis atteint d’une débilité mentale qui paralyse toute entreprise intelligente. Je suis un être faible, obligé de me sustenter de la présence des autres pour survivre, et la persuasion renarde de Conan m’a convaincu à elle seule de le rejoindre », voilà ce que pensait sarcastiquement Astre en réponse à son amie d’antan.

« Tu as bien entendu. Je suis entré dans le Clan Phénix… de mon propre chef. Quitte à servir quelqu’un, autant le faire pour gagner sa croûte. Et la différence entre les Phénix et la meute Dragmirienne est si mince qu’être dans un camp ou dans l’autre n’a pas grande importance. »

Son visage s’était figé, tel le masque de pierre des statues qui gargouillent. L’absence totale de réflexe nerveux sur sa figure si lisse le confondait des morts. Sa rigidité complétait l’image d’une sentinelle antique, ou d’un corps sans vie.

« Mais j’ai une question bien plus importante à te poser ; comment vas-tu ? »

Astre eut un sourire affable qui fit s’effondrer toute la morte impression conférée par son anatomie glacée. « Eh ! Je vais bien, ma chère. A dire vrai, je ne me suis jamais senti aussi bien qu’en ce jour au ciel fatigué. » Et il ne mentait pas en disant cela.


Aurore


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« Tu as bien entendu. Je suis entré dans le Clan Phénix… de mon propre chef. Quitte à servir quelqu’un, autant le faire pour gagner sa croûte. Et la différence entre les Phénix et la meute Dragmirienne est si mince qu’être dans un camp ou dans l’autre n’a pas grande importance. »
Il était digne. Fier. Ce vieil ami, ce vieux frère. Comme la Dignité le comprenait ! Pouvait-elle lui reprocher de vouloir redorer son blason ? Non bien sûr que non. Pourtant Astre se trompait lourdement dans ce qu’il avançait. Et la dame louve sentait que son devoir était de lui ouvrir les yeux.

« Eh ! Je vais bien, ma chère. A dire vrai, je ne me suis jamais senti aussi bien qu’en ce jour au ciel fatigué. »

N’est-il rien de plus cruel que d’entendre un ami vous dire qu’il n’a jamais été aussi bien le jour où vous ne faite plus partie de sa vie ? Mais Tsubaki encaissa le coup. Encore une fois. Et c’est ainsi qu’elle commença une longue tirade :

« Pas grande importance ? Allons bon mon ami tu sais bien que cela en a. Astre tu mérites mieux. Laisse-moi de dire franchement qu’une personne de ta trempe mérite mieux que cela. Te rend tu compte qu’on entend même plus parler de toi ? Cela te ressemble si peu !
A l’époque nous rêvions de gloire, d’honneur de prestige … ! Que t’offrent les phoenixiens?
Mon frère… ressaisit toi par pitié… Tu n’es plus que l’ombre de toi-même.
Je ne te reproche pas d’avoir essayé de te joindre aux phenixs. Tu as essayé et quelque part tu as sans doute eu raison mais avoue quand même qu’ils ne t’élèvent pas au rang que tu mérites.
Tu sais… J’ai beau avoir quantité de frères et sœurs grâce au clan des dragmires, mais je n’ai jamais réussi à retrouver quelqu’un comme toi. Nous partagions tout, la victoire, la défaite, la honte, le prestige, les combats, les insultes… Personne ne pourra partager tout ce que nous avons partagé. Reviens au près du Père.
»

Elle lui laissa quelques instants pour digérer ces dires puis repris son discours qui cette fois-ci portait sur la dernière phrase de l’Ex sénéchal.

« Tu sais ce qui est le plus affligeant dans tout cela ? Le fait que tu puisses croire que tu ne te sois jamais senti mieux qu’aujourd’hui. Tu en viens à te mentir à toi-même.
Cependant si toutefois ta dernière phrase est vraie alors je suis triste pour toi. Car je ne te sens pas bien que cela. Je peux te faire connaître mieux Astre. Je le ferais si tu peux m’accorder une nouvelle fois ta confiance.
»

Elle avait tout dit. Elle se sentait libre. Enfin il savait. Il savait tout. Elle n’avait pas supporté ces longs mois de silence. Elle avait fait semblant, que tout allait bien, que rien ne la tracassait mais c’était faux. C’était peut être du fait du peu d’amis qu’elle avait eu ; mais elle n’avait jamais bien supporté le fait d’être en froid avec l’un d’entre eux.
Astre devait revenir à la raison. Il le fallait. Et ainsi son monde redeviendrait parfait.
Au fond c’était égoïste et elle le savait mais peu lui importait.


Astre


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La brise faisait l’effet d’une voyeuse perverse. Les clapotis réguliers provoqués par la faune marine locale se moquaient des deux individus ; le ciel-même riait des pauvres mortels, la Lune en croissant, sourire narquois aux coins des étoiles. Astre sentait que ses mots avaient blessé Tsubaki. Heureux, il l’était, soulagé il l’était. Le sang vicié qui coulait dans ses veines moroses s’était enfin estompé. Epuré… Mais le Chevalier penchait la tête sur le côté droit, déjà las de cette rencontre. Las, et surtout triste. Les temps avaient changé.

« Pas grande importance ? Allons bon mon ami tu sais bien que cela en a. Astre tu mérites mieux. Laisse-moi de dire franchement qu’une personne de ta trempe mérite mieux que cela. Te rend tu compte qu’on entend même plus parler de toi ? Cela te ressemble si peu !
A l’époque nous rêvions de gloire, d’honneur de prestige … ! Que t’offrent les phoenixiens?
Mon frère… ressaisit toi par pitié… Tu n’es plus que l’ombre de toi-même.
Je ne te reproche pas d’avoir essayé de te joindre aux phenixs. Tu as essayé et quelque part tu as sans doute eu raison mais avoue quand même qu’ils ne t’élèvent pas au rang que tu mérites.
Tu sais… J’ai beau avoir quantité de frères et sœurs grâce au clan des dragmires, mais je n’ai jamais réussi à retrouver quelqu’un comme toi. Nous partagions tout, la victoire, la défaite, la honte, le prestige, les combats, les insultes… Personne ne pourra partager tout ce que nous avons partagé. Reviens au près du Père.
»

Astre n’arrivait pas à détacher ses yeux de la jeune femme, qui s’évertuait à le convaincre de revenir au foyer. « Rentre à la maison », semblait-elle lui dire. Le pauvre homme, déchiré par tant d’idéaux féroces, tant d’amours déçus, aurait voulu la croire. Les étoiles brillaient dans les yeux farouches de son ancienne amie ; elle semblait sincère, et c’était probablement le plus dur, faire face à cette sincérité après tant de coups essuyés. On dit des crocodiles qu’ils pleurent des larmes fausses. Si c’est le cas, Astre n’est pas un crocodile. Car son visage d’enfant saignait, oui, non de sang mais de chagrin… le chagrin s’enfuyait, le débit lent et digne, hors de ses deux yeux malheureux.

« Tu sais ce qui est le plus affligeant dans tout cela ? Le fait que tu puisses croire que tu ne te sois jamais senti mieux qu’aujourd’hui. Tu en viens à te mentir à toi-même.
Cependant si toutefois ta dernière phrase est vraie alors je suis triste pour toi. Car je ne te sens pas bien que cela. Je peux te faire connaître mieux Astre. Je le ferais si tu peux m’accorder une nouvelle fois ta confiance.
»

Et puis, les larmes, éphémères papillons d’eau, disparurent de son visage. Le sérieux revenait de lui-même, l’honneur masculin lui intimait de cesser ces jérémiades. Tu n’es plus un enfant, Astre. Tu n’es plus un enfant, tu es un guerrier, un féroce guerrier, et le sang qui coule dans ton corps est celui d’un seigneur. Un seigneur ne pleure pas, Astre, un Seigneur fait pleurer. Il suffit de cette faiblesse agaçante. Tu as évacué, très bien, il n’est maintenant plus question pour toi de te laisser aller. Montre-lui qui est le plus fort, montre lui qui est l’homme. Et le feu se ralluma de lui-même, après tant de mois d’auto-appitoiement. Oui, le feu brûlait et la danse des étincelles faisait résonner l’âtre humide de son cœur. L'esprit en fête. Oui, la vigueur revint, consumée à grande joie par la colère.

« Laisse-moi. Tu n’y es pas du tout ! Rejoindre Ganondorf, gagner gloriole en babillant amoureusement aux pieds du peuple ? Jamais, tu m’entends. Il est mieux de disparaître dans l’anonymat en suivant une vie en accord avec ses principes, que de tirer plaisir et orgueil du dandinement malsain auprès de geignards. Je ne suis pas un lâche. Votre petite armée n’est qu’une division de sordides usurpateurs. Je reconnais bien là mon ancien maître ; s’entourer d’une cour de guignols a toujours été son pêché mignon. Mais, que dis-je ? Pas de libre arbitre pour le Seigneur Ganondorf, seul l’asservissement intégral auprès de son cher maître, le traître à la couronne Dun Loireag. Je ne veux pas entendre parler de tout ça, ma chère… Tu ne me convaincras pas. »

Et il accueillait à bras ouverts cette colère appétissante, dont il se délectait à chaque tirade. Oui, il aimait sentir pétiller sur sa langue l’acidité de ses propos. Il sentait la verve meurtrière s’installer à nouveau sur le bout du muscle buccal. Ça va saigner ce soir, messieurs-dames. On prépare du cochon, qui en veut ?


Aurore


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Elle avait gagné. Pas en apparence mais au fond elle le savait. Un jour viendrait où Astre se rendrait compte que c’était grâce à elle qu’il était redevenu entier. Elle avait excité sa haine. La haine. Ce sentiment qu’Astre avait toujours suscité chez les autres. Ce sentiment qui le rendait entier. Et Tsubaki devait bien l’avouer c’est ce qui l’avait séduite chez Astre. Sa haine. Sa langue de vipère. Cette lueur au fond de ses yeux qui vacillait frénétiquement.
Peu importait comment se finirait cette rencontre. Un jour il reviendrait vers elle. Et cette idée emplie instantanément Tsubaki de bonheur.

Mais pour l’instant il ne fallait rien lui révéler. Astre devrait se rendre compte de tout cela par lui-même. Peut être cela prendrait-il du temps ; peut être pas. L’important serait qu’il en arrive à la même conclusion qu’elle-même : sans Arkhams, sans elle, et sans son Maître, il n’était plus qu’une pâle imitation de lui-même.

C’est pourquoi elle lui répondit avec calme :


« Comme tu voudras Astre. Comme tu voudras. Voulais tu que nous discutions d’autre chose ? »


Astre


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Son air de satisfaction ne plaisait pas du tout à Astre, mais il n’en tint pas compte. A dire vrai, il était peu intéressé de ce qu’elle pouvait penser, tant est qu’elle ait pu penser quoique soit avec l’esprit embrumé par toutes ces sornettes. Le Chevalier sentait la hargne lui charger de l’électricité dans la colonne vertébrale, contaminant toute sa masse osseuse de ce sévère sentiment. Il se sentait pousser des ailes, ses dents s’acérer, sa mâchoire gonfler, sous cette haine colossale. Oui, il avait envie d’écrabouiller les jointures de ses doigts sur ce visage au sourire énigmatique, il aurait voulu l’étrangler et voir sa langue sortir disgracieusement hors de sa bouche, limace bleutée sans vie. Tsubaki… n’aiguise pas ma colère ou il t’en cuira.

Il ne comprenait même pas comment son corps pouvait supporter autant de colère. Son sang tourbillonnait dans son corps, ses yeux se révulsaient, voilà ce qu’il était en train de se dire. Je vais m’arracher les cheveux, je vais briser ses défenses d’un direct dans la joue. Ses dents vont tomber comme des mouches et mon front va rencontrer l’arrête de son nez.
« Dieux ! » souffla Astre. Tant d’images violentes lui parcouraient la tête, il ne comprenait pas. Il avait envie de tuer, il avait envie de sentir l’odeur de fer du sang caresser les ailes de ses narines, envie des murmures soupirants des agonisants. Il avait l’impression que ses cheveux formaient une haie de lances sur son crâne car ils semblaient se hérisser sous ces pulsions amorales. Coup de tête… je sors mon épée et je lui ouvre le ventre. Je fais du boudin avec ses boyaux… Oh… c’était si envoûtant… ce n’était pas autant contre Tsubaki que contre l’être vivant qu’il avait devant lui qu’il entretenait cette haine destructrice. Il voulait aspirer toute pulsation synonyme de vie dans un rayon de mille lieues. Après elle, il s’occuperait des autres.

Astre s’attrapa le crâne, car quelqu’un tambourinait à l’intérieur et chantait à tue-tête des « On va les écrabouiller, en faire de la chair à saucisse, on va les annihiler et leur faire bien boire ta pisse », des chants ridiculement violents n’ayant pour objectifs apparents que de déclencher la haine de celui qui les écoute. Il ne savait même pas d’où il les tenait… Le Chevalier grogna, puis tenta de se maîtriser. « De rien, ma chère. Peut-être nous reverrons-nous… En attendant, porte toi bien. » N’en pouvant plus, Astre fit volte-face et marcha d’un pas rapide pour s’éloigner d’elle et éviter de tuer son ancienne amie.