Posté le 08/05/2013 22:51
Swann ne répondit pas lorsque Judith s'attarda sur les cicatrices qui lui parcouraient le corps de long en large. Elles étaient comme une sorte de souvenir de ses longs et pénibles combats qu'elle avait mené ces derniers temps, où rares avaient été ceux sans conséquences. Plus d'une fois déjà, elle avait failli mourir, mais le destin avait toujours voulu la garder en vie pour elle ne savait trop quelle raison stupide. L'ironie, sans doute ? Quoiqu'il en soit la frêle jeune femme ne s'attarda pas sur la question de la blonde ; voila qu'elle se refermait à nouveau sur elle-même, comme tétanisée par les obscures pensées qui la hantaient. Peut-être aurait-elle mieux fait de répondre à ces questions d'ailleurs, puisque ça lui aurait permis de penser à autre chose. Simplement, la dose d'alcool ingurgitée l'empêchait de faire preuve d'un peu de bon sens sur ce coup-là.
Lorsqu'elle vit le jeu de Judith, elle comprit qu'elle ne gagnerait pas cette partie. Sans que cela ne se voit trop en extérieur, une relative crainte s'était emparée de la dragmire, et son sourire malicieux et tout complice qu'il pu être avait disparu pour de bon. Pour autant, elle ne déprimait pas, elle prenait simplement un certain recul quant à la situation et le jeu qu'elle avait lancé ; le jeu, c'est le jeu, et elle dû se rendre à l'évidence qu'elle l'avait perdu sur les deux fronts. Sur l'instant elle pesta contre elle-même de s'être trop emballée et de ne pas avoir proposé une version plus soft du jeu, avant de commencer à se dévêtir de l'unique pantalon qui faisait partie de sa garde-robe. L'entrain dont faisait preuve sa Sœur de Feu provoqua en elle un étrange mélange d'insatisfaction et de gêne, et elle faillit s'en retrouver tétaniser, comme un enfant trop optimiste qui ne se rendait pas bien compte des enjeux et sur tout le poids de ceux-ci lui retombait subitement sur les épaules. En fait, elle n'avait pas imaginer que cela puisse se passer ainsi ; que Cécilia se prenne totalement au jeu et qu'elle en perde ses moyens.
La douce paume de la danseuse au contact de sa jambe lui arracha un frisson interdit. La remarque, quant à elle, lui passa au-dessus, et tant mieux. Les mouvements du Cygne s'était petit à petit alourdis et étaient moins spontanés à cause de ce frisson qui la gelait encore jusqu'à l'os. Mais ce doux frisson de désir disparut tout aussi vite que la main gauche de la demoiselle lui claqua la cuisse. L'esprit tout retourné par ce revirement de situation, elle n'arriva pas à en rire bien qu'elle savait qu'elle aurait dû, rien que pour le rendre à Cécilia. Mais elle ne trouva pas la situation drôle, et tout son être se braqua alors contre cet amusement qu'elle trouvait déplacé, voir irrespectueux. Pourtant, elle ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas lui avoir sondé l'esprit pour comprendre ce qui la taraudait doucement depuis plusieurs minutes. Alors elle ne dit rien, se contentant de lui rendre un furtif sourire sans rien dire de plus, les rougeurs à ses joues parlant bien mieux pour elle que n'auraient su le faire des mots.
« Mais qu'est-ce... », pu-t-elle seulement dire alors que son objectif se matérialisait puisque Cécilia commençait à se déshabiller. Elle ne pouvait pas s'en satisfaire pourtant, et voir l'alchimiste ainsi lui fit tout drôle. L'alcool avait semblait-il terminé son travail avec elle, tant et si bien qu'elle n'avait plus tellement conscience de ce qu'elle entreprenait de faire. C'était peut-être à cause de cela, en fait... cet alcool avait tout gâché. Elles en avaient trop abusé ce soir, et Swann en comprit tous les contre-coups alors.
« Arrête, Céci... », dit-elle tout bas, tellement que personne ne l'entendit. C'eut été une pensée que l'effet aurait été le même, puisque la belle brune finit de se dévêtir et incita Judith à faire de même. Soucieuse de l'état de santé de la jeune femme, l'assassin se leva lorsqu'elle la vit éclater de rire, complètement enivrée par le liquide alcoolisé. « Arrête maintenant, ça suffit ! » Lâcha-t-elle avec beaucoup plus d'entrain et de vigueur, alors qu'elle lui attrapait un bras un peu violemment.
Mais les deux miss, dont les mouvements et l'équilibre étaient plus que bancales, trébuchèrent ensemble on ne sait comment. Le hasard fit bien les choses, lorsque l'ambrée se retrouva sur le dos avec la femme au félin par dessus. Après quelques secondes pour que le cerveau assimile la chute et la situation, Swann comprit ; elle sentit la chaleur des deux corps collés l'un contre l'autre lui traverser tout son être, une étrange sensation qui la fuyait depuis des mois et des jours. La dernière fois, ça avait été avec un homme, et c'était elle qui se trouvait en dessous. Tout sonnait comme un doux rappel de cet instant, à ceci près qu'elle frissonnait d'autant plus à chaque bouffé d'air lui passant par les naseaux, ceux-ci humant le doux parfum d'une femme. Quelques secondes défilèrent ainsi, sans bouger, à simplement profiter de l'instant présent. Et lorsque le Cygne Noir se rendit compte enfin de l’envoûtement, il cessa aussitôt et son corps se détacha de celui de sa sœur précipitamment.
" E-Excuse-moi ! Enfin... pardon... ", bafouilla-t-elle. " J-J'm'excuse, okey ? "
La situation était juste gênante, à un point que la dragmire n'avait pas imaginé. Non seulement elle était resté ainsi contre le corps de la gérudo, mais en plus ce devant Judith ! Une bonne amie qui n'avait clairement pas besoin qu'on lui gâche la fête ainsi. Alors sans ajouter un seul mot, l'assassin se saisit de sa chemise qu'elle enfila à la va-vite pour mettre un terme définitif à cette partie de carte aux règles osées. Lui descendant jusqu'à mi cuisse, elle cacha ainsi tout le reste. Et sans un mot de trop, sa porteuse commença à s'éloigner par de petits pas rapides et précipités vers le Lac, sous les yeux incompris d'Esperanza, spectatrice de la scène en compagnie de Judith depuis tout ce temps. Et pour une fois, elle se garda bien de suivre sa mère, et se recoucha simplement après un long bâillement.
Quant à la Villarreal, elle se laissa glisser dans l'eau du Lac, espérant que l'eau froide lui rafraîchisse l'esprit. Elle prit plusieurs fois de l'eau pour se l'envoyer à la figure, comme si elle voulait se réveiller de se cauchemar éveillé. Elle ne savait plus comment réagir, et tout ce qu'elle gagnait c'était d'augmenter ses chances d'attraper un rhume dans les prochaines minutes. C'était peut-être la première fois qu'elle se retrouvait à ne pas pouvoir assumer pleinement ce qu'elle venait de faire, et elle ne savait plus où donner de la tête. « Quelle conne... », souffla-t-elle, consciente d'avoir gâché bêtement un de ces rares moments de bonheur et d’insouciance qu'elle arrivait si peu à faire partager en ce moment...