Posté le 19/11/2013 00:55
"Excusez mon ignorance Seigneur, mais quel est ce lieu ? En quoi affecterait-il le héros du temps ?"
Ganondorf la regarde, mi surprit mi amusé, avant de réaliser qu'en effet, il était tout à fait probable que la majorité de hyliens ne sachent presque rien de son ancienne citadelle. Les journaux du royaumes avaient écrit sur cette bataille et sur la défaite du Lion transformée en victoire par la ruse, mais pour l'homme du commun et le civil, qui n'avait pas combattu dans la citadelle, cette silhouette sombre et majestueuse ne devait pas avoir beaucoup de sens. C'est avec une nostalgie et une fierté certaine que le gérudo répondit à sa fille,
"La dernière fois que Link comme moi avions vu ce bâtiment, il était en ruine. Mes ennemis en avaient ébranlé jusqu'aux fondations. C'est la seule victoire militaire que pourrait revendiquer Zelda... Si son dernier acte n'avait pas été aussi sublime qu'imprévisible. Ce que tu vois devant toi, ma chère Astrid, est ma citadelle noire, où le prince Dun a trahit sa femme et où le héros du temps a perdu...ceci."
Et, disant cela, il lui montra le dos de sa main, où s'illumina le fragment du courage.
Beaucoup encore se demandaient ce qu'il était advenu du prince renégat. Mort ? Disparu ? Ganondorf lui même entretenait un certain mystère sur cette question. Il était bon que ses ennemis pensent le trône encore plus dangereux qu'il ne l'était déjà. En vérité, Dun s'était évanouit dans le désert, comme aspiré par les sables, comme si il n'avait jamais réellement existé. Un cauchemar, envoyé par les dieux pour tourmenter ses adversaires. Mais si Dun s'était montré très utile, son absence ne dérangeait plus le Lion. Au final, toute cette époque appartenait au passé, et au temps révolu de la croisade sanglante.
Le temps était venu du Trône. Plus puissant que jamais. Et cette citadelle, à nouveau dressée fièrement au sein de ce désert brûlant, en était une preuve manifeste. Radieux, il observa quelques instants le doux spectacle devant lui. Son regard suivait les lignes droites ou courbes du monument, en appréciait l'architecture massive, royale même, et s'acharnait à y distinguer le moindre détail.
« Votre voyage a dû être long et fastidieux », sa voix sortit Ganondorf de sa contemplation, qui se tourna vers elle avec une bonne humeur évidente, « Suivez-moi à l'intérieur, l'air frais n'y manque pas »
Le Roi faillit lui rétorquer qu'un lion ne souffre pas de la chaleur, mais il se souvint qu'Astrid était hylienne, et à en juger par sa pâleur, peu habituée à un tel pays. Il remonta en selle et, avant qu'il ne puisse inviter Swann à monter derrière lui, celle ci descendit la dune afin de leur ouvrir la voie. D'un signe, le Lion fit redémarrer la colonne derrière lui. A mesure qu'il approchait du bâtiment, il observait les ouvriers...ou plutôt les travailleurs forcés qui travaillaient là. Aucun ne soutenaient son regard plus l'instant qu'une fraction de seconde, le temps de le reconnaître. Plusieurs avaient des marques de coups de fouet. Les gérudos savaient y faire pour mener des hommes, et en cela, Swann était sans doute plus gérudo que toute autre.
L'agitation était grande mais l'escorte se fraya sans problème un chemin au travers de la piétaille. Un cheval imposant suffit à faire s'écarter le tout venant, alors quand ce cheval portait le grand Ganondorf, dont un claquement de doigt suffisait à donner la mort... Une chose frappa néanmoins le Lion : le nombre d'âmes que semblait rassembler la reconstruction. Tentes et abris de fortune s'amassait en un véritable dédale dont on peinait à voir les limites et de ce qu'il pouvait déjà voir de la citadelle, celle ci ne manquait pas non plus de vie.
Lorsqu'ils parvinrent dans le grand hall, le gérudo comprit à quel point sa fille avait vu les choses en grand. Si il retrouvait là l'esprit de son ancienne demeure, ses dimensions n'avaient plus rien de semblable, et l'édifice lui semblait aussi commun au souvenir qu'il en gardait qu'une chapelle peut l'être à une cathédrale. Ganondorf fit quelques pas, claquant du talon sur le sol de marbre. L'échos de ses bottes s'amplifia à un tel point qu'on eut dit qu'un géant en était à l'origine.
Là encore, ses yeux parcouraient tout ce qui s'offrait à sa vue, détaillaient les statues et sa mémoire s'efforçait de trouver ce qui avait été changé. Cette pensée le figea soudain. Pressé par les événements, il n'avait pu s'occuper de sa bibliothèque et de certaines réserves contenant des objets d'une valeur difficilement estimables. L'espace d'un instant, il imagina que tout avait disparu, ouvrages anciens comme artefacts précieux, abandonnés à la ruine et aux dégâts du temps. Et puis, il repéra une gérudo portant deux globes, intacts, qu'il reconnu aussitôt, et poussa un profond soupire de soulagement. Avec une guerre à mener, le Roi ne voulait se défausser d'aucune carte de son jeu.
Tandis qu'il observait sa soeur emprunter le chemin d'une des réserves secrètes, sa meilleure carte lui déclara précipitamment, comme si elle craignait sa réaction.
« Il faut tout de même que je vous dise que j'ai changé certaines choses ici... plus par nécessité que par réel désir. J'ai fais ce que j'ai pu, avec les impératifs que vous pouvez observer »
Son regard se posa sur une famille d'hylien au repos, ce qui n'échappa pas à Ganondorf. Ainsi, même si elle les avait enlevés à leurs maisons et à leurs familles, sa fille s'efforçait de ne pas les traiter en esclaves bons à user et à jeter. Il reconnaissait bien là le paradoxe du Cygne Noir, sa bienveillance pour le peuple qui contrastait avec sa haine de la cour. Alors, compréhensif, il lui sourit et répondit,
"Je ne doute pas que tu ais fait au mieux. Mais pour ce qui est de..."
"Mais vous retrouverez facilement vos appartements. Ça, je ne l'ai pas changé "
Perspicace, elle avait deviné vers quelle partie de la citadelle ses pensées n'allaient pas manquer de le mener. Après tout, Ganondorf avait vécu un certain temps entre ces murs, et dans ses appartements, goûté à de nombreuses nuits de bonheur avec sa femme, la prêtresse de Din. Son sourire manqua de s'effacer mais il le refusa. Ce jour était un renouveau, un nouveau départ pour cette citadelle. Même une si grande peine ne devait pas l'obscurcir. Il devait bien cela à ses filles.
Doucement, il posa une main sur l'épaule de Swann et fit signe à Astrid de s'approcher, avant de faire de même avec son autre main. Là, entouré de ces deux filles, il déclara, fier et plein d'emphase,
"La renaissance de cette citadelle est un signe. Les temps nous sont favorables, et bientôt nous en bâtirons une nouvelle sur les ruines fumantes du château de nos ennemis. Swann, je suis fier de toi. Tu as redonné vie à ce lieu. A nous, à présent, d'y faire grandir la flamme de notre famille ! A présent, venez. Allons retrouver notre Trône."
Impatient, comme survolté, Ganondorf ne se retint que difficilement de courir en direction des grandes portes qui séparaient le grand hall de la salle du trône. Lorsqu'il fut sur le seuil, il passa sa main sur le métal noir finement gravé, comme si il y ramassaient des souvenirs depuis longtemps laissés là. Et puis, soudainement, il les ouvrit en grand, et devant lui, il revit enfin le siège du roi des rois. Le Trône du Lion.
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