« Dans le silence des dunes une voix vous appelle ; Un pharaon de pierre interpelle les mortels »

RP semi-privé (envoyer un MP pour participer) avec Cecilia. [Titre : A. Rimbaud]

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Lanre


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Le bâtiment avait cette superbe qui ne saurait inspirer autre chose que la crainte d'un châtiment divin. Son faciès de pierre exprimait une sérénité à toute épreuve. Le genre de sérénité que nous ne connaissions plus depuis des lunes. Depuis une nuit par trop oppressante, sans lumière — aucune. Ca nous était interdit, d'être aussi calme et apaisé que ne pouvait l'être ce colosse de pierre.

Et pourtant, malgré cette quiétude ancestrale qu'exhalait cette femme de roc et de sable, nous en avions peur. Ca nous effrayait, véritablement. Pas autant que la Montagne-enragée n'avait su le faire, sans doute, mais je voyais bien que l'animal qui vivait sous les peaux et les chairs du Traqueur se sentait complètement écrasé par la bâtisse. Ses doigts recourbés et ses coudes sortis, mon geôlier n'avait de cesse de tourner autour de cette Reine du Désert. L'inquiétude qui le prenait différait fondamentalement de la mienne, mais au fond nos sentiments étaient les mêmes.

Car ça nous faisait peur. Tant à lui qu'à moi. Jamais aucun arbre ne s'était élevé si haut dans le ciel, et jamais le Volcan n'avait rugi avec une telle force notre nom. Sous l'oeil tranquille de la Déesse des Sables, nous ne formions plus qu'une seule entité difforme et boiteuse : un tout vivant tant bien que mal envers et contre une majorité des lois qu'imposaient des êtres aussi révérencieux que le Vénérable.


"Sssssssssss..!" Gémissait-il parfois, alors qu'inexorablement nous nous lancions dans un nouveau tour du Vieux Sphinx. « Eeernh ! Où sont ?! Où sont passés les Corps-de-Fumée ?! » S'indigna-t-il presque, se stoppant subitement dans le tracé de l'énième cercle que nous avions débuté. Le museau décharné de cet imposant crâne de cerf qui faisait office de coiffe pointa aussi haut qu'il lui était possible de le faire sans mettre en danger sa nuque. Si j'avais pu là lui briser... Triste ironie qu'une mort semblable à celles qu'il se plaisait à donner. Et frustration sans commune mesure — à la hauteur de mon impuissance. Je sentais mes mains brûler d'envie de frapper sur ma prison de cristal jusqu'à l'en briser ; quitte à me déchirer chaque centimètre de peau. Aussi inutile qu'impossible : je n'ai jamais eu la force nécessaire pour rompre autre chose qu'un cheminement intellectuel.

"C'est toi..." Reprit ce limier ahuri en posant ses larges mains assassines sur les bases du Colosse. « Quoi, moi ? » M'entendaiss-je dire, en sachant pertinemment que ma voix ne passerait pas les quatre murs transparents de ma prison. « Oh, oui, c'est toi..! » Siffla-t-il, en proie à une colère que je ne lui connaissais que trop bien. Nouveau caprice auquel j'aurais souhaité mettre un terme. « Voleuse ! Menteuse ! Vilaine dame-de-pierre ! Eeernh ! » Cracha-t-il avec violence, tout en amorçant une ascension que je ne comprenais pas. Qui aurait compris cette bête sans cervelle, de toute façon..?

Il ne dit plus rien, à mesure que le sol s'éloignait un peu plus de nous. Chacun de ses doigts venait se loger dans chacune des aspérités, chaque imperfection de la pierre. Notre survie à tout les deux ne tenait parfois qu'à une phalange sans que ne s'arrête cette escalade aussi folle que dénuée du moindre sens qui acheva de me faire voir la mort en face. Quel idiot pouvait-il être pour vouloir parler avec une statue ?!
Ses pieds nus s'appuyaient en douceur sur la Mère-des-Gérudos pour le propulser avec une force insoupçonnée vers des hauteurs plus dangereuses encore. Mon coeur se soulevait un peu plus à chaque fois. La nausée ne tarda pas à me gagner, la tête me tournait. Ma main droite se posa en soutien naturel sur l'une des parois de ma cellule, pour m'empêcher de chuter, mais c'était sans compter sur son envie de se hisser toujours aux cimes. Une traction sur les muscles de ses bras me laissa allongée ; le crâne maculé de sang. Triste mort que celle qui m'apparaissait. Et dernière vision non moins misérable.

"Eeernh !" Toussa-t-il encore, du haut de la tête de la Déesse, face au spectacle d'une lune aussi silencieuse qu'accablée. « Le Roi-aux-longues-cornes le Traqueur a tué ! Des Corps-de-Fumé, il est le Roi ! »


Cecilia Iole Mentina


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[Niveau chronologie, le rp se passe après l'event à la place du marché]


C'était devenu un rituel. Lorsque l'envie la prenait, l'alchimiste se rendait dans le désert hanté et elle pouvait passer des heures à observer l'horizon. Plus le temps passait et plus elle ne savait pas réellement pour quelles raisons elle se trouvait là. A chaque fois, elle se rendait près de cet édifice de pierre et elle avait toujours son regard posé sur cette même direction, là où se trouvait, perdu au fin fond du désert, son village natale et l'ancien repaire du groupe de voleurs auquel elle appartenait. Quelques fois, elle avait envie de retourner là-bas, juste pour voir par curiosité s'il y avait des changements et si le calme était de retour. Mais il y avait bien trop de choses qui lui étaient précieuses à Hyrule pour qu'elle parte, du moins pour l'instant. Elle se retourna un instant et regarda derrière elle. Le vent qui soufflait semblait s'être intensifié et il y avait une ambiance assez bizarre qui commençait à régner dans le désert, ambiance qui rappelait une certaine chose à la danseuse. Il était préférable de ne pas retourner en direction de la forteresse gerudo pour le moment mais il fallait néanmoins trouver un abri en attendant que les choses se calment.

Cecilia descendit de l'édifice et commença à marcher dans la direction bien opposée à celle de la forteresse. C'était risqué de faire ça mais peut)être encore moins que de rester là et d'aller au cœur de la tempête qui semblait arriver. De toute façon, ayant toujours vécu dans le désert, elle savait qu'elle retrouverait facilement le chemin vers la forteresse gerudo. Les minutes passèrent, jusqu'à devenir des heures. Malgré la fatigue qui commençait à s'emparer progressivement de ses jambes, l'alchimiste continuait de progresser difficilement dans le sable. Le soleil s'était couché et avait fait place à la lune, enfin c'est ce qu'elle en déduisait car la nuit était tombé et le sable avait nettement réduit sa visibilité. Elle finit par s'arrêter brutalement lorsqu'elle aperçut quelque chose devant elle, comme un drapeau rouge, le même que ceux qui se trouvent à l'entrée du désert hanté. Finalement, elle avait regagné la forteresse par un autre chemin et elle avait pu éviter le danger.

Ce fut un tout autre décor qui s'offrit à elle. Le vent s'était calmé et elle pouvait enfin voir où elle se trouvait. La bâtisse qui se trouvait devant elle était impressionnante et l'immense femme qui était taillée dans la pierre était magnifique. Sur le coup, Cecilia se demanda si elle était encore à Hyrule ou non. Mais en observant la sculpture, cette dame avait les traits typiques des gerudos et c'est ce qui lui mit la puce à l'oreille. Elle avait entendu qu'il y avait un endroit important pour les gerudos au-delà du désert, un lieu appelé le colosse du désert. Elle se serait donc égarée jusqu'ici sans le vouloir, peut-être des gerudos se trouvaient par ici et pourraient l'aider plus tard à regagner la forteresse gerudo.

Elle s'avança jusqu'à la sculpture et leva la tête, impressionnée par la grandeur de cette femme. Pendant un moment elle l'observa avant de reposer son regard droit devant elle et ainsi voir qu'il y avait une entrée. L'alchimiste regarda autour d'elle, tentant de voir s'il y avait une autre âme dans cet endroit mais elle avait l'impression d'être seule dans le désert. Elle reposa ses yeux sur l'entrée du temple de l'esprit, se demandant s'il y avait quelqu'un à l'intérieur. Poussée par la curiosité, la jeune femme se dirigea vers l'entrée du temple, prête à y entrer.


Lanre


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Ce ne fut pas un de ces pittoresques « corps-de-fumée » qui finit par rejoindre l'immense et spirituelle demeure au dessus de laquelle nous avions élu domicile. L'insoumis limier qu'était le Traqueur se releva en silence, alors qu'avançait une femme — de chair et de sang.

Des lieux et des coudées trop bas pour que je ne puisse la voir réellement, elle semblait minuscule face à l'immensité des landes de sables. Petite, et boulotte. Loin des silhouettes élancées qu'avaient les courbes du désert. Une gamine suffisamment sotte, sans doute, pour pénétrer des lieux en tout point hostile à son être. Pauvre idiote, que celle qui s'expose à la colère des Dieux — et de ce stupide homme-bête.

Il se hissa doucement sur ses pattes avant, comme l'eut fait un félin, avant de relever la main sur l'ossature qui lui servait de heaume. De son autre main, il laissa les doigts glisser et s'immiscer entre les rainures taillées dans la pierre, pour symboliser la chevelure de cette femme fatale plantée au milieu du Désert. D'entre ses lèvres, prises de convulsions, s'échapper une nouvelle chanson morbide, alors qu'il restait tendu ; gainé, prêt à jaillir comme saurait le faire l'aspic.

Deux-cent mètres. La lune brillait dans le dos de la jeune femme, n'éclairant que le bas de la Dame-de-Roc. Impossible de voir ce qui se tramait en son sommet. Pauvre petite. Le Traqueur se mit en mouvement, entamant un petit bond. Nous nous envolèrent sans faire de bruit, au plus profond de la nuit.
Cent-cinquante mètres. Une main rencontra la pupille du Colosse — je n'aurais su dire laquelle. Les doigts de l'animal nous maintinrent sur la prise, une fois de plus. Quand bien même c'était là une habitude, je ne pouvais cesser de... Cela m'effrayait. J'avais cette impression – toujours – que mon coeur allait lâcher. Pour l'heure, tout se terminait contre le verre que je n'avais jamais su apprécier autrement que par la haine. Mon sang trônait déjà dessus qu'il fallait que je retourne l'étreindre. La peste soit la souplesse que lui avait offert Farore..!
Cent mètres. Ainsi commença la chute. Ses doigts lâchèrent un a un dans le silence le plus total. Sa respiration s'était arrêté au moment précis où nous avions décollé. Son pied rencontra la pierre. Jamais je ne su comment l'articulation resista. Avant qu'aucune explication ne me vienne, nous nous élancions déjà — encore. En moins de quelques secondes, nous nous hissâmes sur l'énorme paume ouverte vers le ciel.


"Petit oiseau va finir mangé. Eeeernh."

Elle posa le pied sur le parvis. Nous avions déjà repris le vol. Au moment ou la demoiselle s'apprêtait à entrer, nous nous effondrions sur ses épaules. Les deux pieds nus du Traqueur prirent appuis sur ses humérus respectifs, alors qu'il agrippait ses cheveux à pleines mains. Il tira dessus, comme le maître tire sur la laisse du chiot, avant de sauter en arrière ; derrière elle. La traction arrière allait certainement la jeter au sol — et signer sa mort.


Cecilia Iole Mentina


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Tout se déroulait très vite. Avant même que Cecilia puisse entrer dans le temple, quelque chose lui tomba brutalement sur les épaules. Elle était un peu sonnée mais elle avait réussi à garder l'équilibre. Néanmoins, elle sentait qu'il y avait quelque chose qui était près d'elle et qui l'empêchait de se mouvoir correctement. Elle n'arrivait pas à voir ce qui l'avait attaqué mais une chose était sûre, cela ne lui voulait pas du bien. Vint le moment où cette chose lui agrippa les cheveux et les lui tira brusquement. Volontairement, la danseuse se pencha en arrière et posa ses mains au sol, accompagnant ainsi le mouvement de la brute pour éviter qu'il ne lui brise le cou. Heureusement qu'elle était très agile et souple car une telle figure pouvait facilement rompre des membres, voire blesser. Cependant, en faisant cela, la douleur à la tête s'intensifiait, il fallait absolument qu'elle se libère ou cette douleur deviendrait très vite insupportable.

Elle put voir brièvement la personne qui s'était attaquée à elle, un homme avec un accoutrement assez bizarre. Pour qu'il puisse la lâcher, l'alchimiste invoqua rapidement une lame de vent qu'elle lança sur les bras de l'homme. Son intention était simplement de le faire lâcher prise et de le blesser légèrement. Une fois qu'il l'avait enfin lâché, elle finit sa petite cabriole pour pouvoir se remettre debout et faire face rapidement à son agresseur tout en restant sur ses gardes. Il avait surgit de nulle part et l'avait directement attaqué sans dire un seul mot et sans une seule raison valable. Il valait mieux rester prudent face à quelqu'un comme ça.


"Hey toi ! Je ne sais pas ce que tu fais ici, ni même la raison pour laquelle tu m'as attaqué mais si tu tentes à nouveau quelque chose contre moi, je n'hésiterais pas à me défendre !"

Sa nuque et ses épaules lui faisaient toujours un peu mal suite au choc qu'elle avait reçu avant qu'il lui agrippe les cheveux mais si elle devait combattre, il fallait qu'elle fasse abstraction de la douleur, chose qui ne sera pas facile certes mais elle n'avait pas le choix. C'était la première fois qu'elle voyait un homme habillé comme cela, avec une tête de cerf sur la tête et son pelage qui lui recouvrait le dos. Vu ses habits et la manière dont il était habillé, Cecilia avait un peu l'impression que cette personne était un peu... sauvage. Elle pouvait donc être très imprévisible, voire très agressive. Elle n'aurait jamais pensé qu'il y avait encore quelqu'un de ce genre dans le coin, surtout à Hyrule mais cela lui montrait bien que tout était possible.

Elle agrippa le manche de l'une de ses dagues avec sa main gauche mais elle laissa la lame dissimuler derrière son dos. Elle ne savait pas comment il pouvait réagir et s'il voyait qu'elle était armée, il pouvait très vite devenir fou et tenter de l'attaquer à nouveau. Elle se servirait de son arme que s'il s'approchait d'elle et au pire, il y avait toujours la magie pour se protéger ou pour esquiver ses attaques. Mais au final... qui était cet homme et pourquoi était-il dans ce lieu ? Tant de questions auxquelles il manque des réponses...


"Qui êtes-vous ? Et que faites vous ici ?"

Elle avait baissé le ton par rapport à ses précédentes paroles. Si elle tentait de le mettre en confiance et de ne pas l'effrayer, peut-être qu'il éviterait de l'attaquer. Mais il fallait se l'avouer, cet homme lui faisait peur et elle ne se sentait pas du tout à l'aise dans cet endroit en sa compagnie. Tout ce qu'elle espérait, c'est que les choses se calment mais elle ne pouvait rien prévoir, et surtout ce qui pouvait se passer.


Lanre


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Pauvre sotte. Stupide enfant naïve, pleine de bonnes intentions et parangon de vertus toutes plus louables les unes que les autres. Dont l'imbécilité propre à une grande majorité de ces gens trop bons qui, prêts à donner le doigt, se laissent dévorer le bras jusqu'à ce que l'humérus apparaisse sali de lambeaux de chair sanglante, et marqué par les dents du prédateur.

Que les Déesses soient clémentes, et ça ne ferait que précipiter sa perte. Qu'elles soient ces trois espèces de statues frigides perchées sur autant de piedestals qu'elles avaient toujours été pour moi, et cette gamine insouciante emporterait tous ses amis véritables – quelques irréductibles aussi idiots qu'elle, à l'évidence – dans la tombe. Et un sens, cette idée me délectait. Il ne pouvait exister une injustice dans le jugement des Trois. Aussi, si j'avais été traitée avec tout le mépris dont elles avaient fait preuve à mon égard, il ne pouvait en être différemment pour les autres. J'avais eu droit a un abandon pur et simple : je ne saurais tolérer un traitement de faveur supplémentaire.

Mon coeur martelait mon thorax du désir sadique de voir cette jeune fille massacrée par le Traqueur. Tout aussi grande que pouvait être ma haine à l'égard de cet animal sauvage et meurtrier, l'excitation faisait trembler tous mes membres, vibrer tous mes muscles alors que, fébrile, je voyais déjà la Gérudo pendue avec ses tripes, accrochée à l'oeil du Colosse. Comme on aurait pu pendre un nobliau grassouillet d'un crochet de boucher au plus profond de l'orbite. Mes lèvres s'étiraient sans que je n'y puisse quoique ce soit. Un plaisir malsain qui m'effrayait autant qu'il ne me dominait m'avait déjà conquis. A quoi bon lutter ? Chassez le naturel, il reviendra au galop.

J'étais investie de cette rage qui n'était à l'origine pas mienne, mais qui avait su insidieusement le devenir. Le Traqueur avait lâché sa prise sur les cheveux de sa victime. Celles-ci reposaient comme l'auraient fait celles d'un singe. Les coudes sortis, et le dos de la main appuyé sur le sol. Son torse se soulevait vigoureusement, témoignant des battements fulgurants de son coeur. On aurait pu le croire de pierre, mais il n'en était rien. C'était un palpitant de loup, de serpent et de chien. Reglé pour plier la nuque face à plus violent, pour mordre avant que ne soit prouvé la force de l'opposant.

Pauvre sotte. Stupide enfant naïve, pleine de bonne intentions et paragon de vertus toutes plus louables les unes que les autres. Je radote certainement. Certains chocs vous endommagent le crâne, voyez-vous. Mais qu'importe ! Après tout, elle le méritait, avec sa voix de crécelle, de vierge effarouchée ! Qui es-tu ? Que me veux-tu ? Ce satané credo habituel. Comme si les motivations de l'Ignominie n'étaient pas suffisamment claire. Un fou contre une linotte. Voilà de quoi faire un affrontement si épique qu'il en ferait rire les Kokiris, secoués de saccades nerveuses jusqu'à ce que le fou ne commence aimablement à arracher les ailes de la Linotte. Pauvre sotte. Stupide enfant naïve.

Tandis que les mots naissaient entre les lèvres de l'inconnue, le Traqueur s'éloigna d'elle. Il ne daigna plus lui accorder un regard, pas un seul, commençant à tourner autour de cette immense femme de roc, comme l'animal qui cherche son terrier, tout en titillant la large bille de soie qu'il portait accrochée tout près de moi. J'avais toujours été fascinée par ces morceaux de rejet arachnide, si discrets et pourtant si sublimes.

Sa propre voix s'éleva de partout à la fois, comme si le Désert tout entier se prenait à répondre à ses chants, dans une synchronisation presque parfaite
. « Vilaine, vilaine, très vilaine ! ~ » Susurrait-il aux Dunes qui reprenaient ses mots... Je ne parvenait plus à savoir où il était, tant chaque murmure venait de partout. Ouest ? Nord ? Sud ? Est ? Nord-Ouest ? La peste ! Il n'était pas capable d'ubiquité tout de même, si..?! « La vilaine, toujours punie doit être ~ » Chantaient les sandlands, meurtriers et sinistres. L'effroi secoua mon corps, et je me prie à prier pour la pauvre linotte. Les mouvements de la créature étaient aussi silencieux que ne savaient l'être les étoiles — même quand elles se paraient des plus belles robes que Fedo et moi aimions à contempler. Et le Désert, autrefois muet comme une carpe, s'était improvisé son meilleur allié. Il était purement et simplement impossible de déterminer une source précise à la naissance des murmures et des échos. Encerclée. Oppressée. Alors même que j'étais à ses côtés, appuyée sur sa hanche, j'avais le sentiment d'être prise au milieu d'une ronde de Traqueurs. Rien n'aurait su... Maudits fussent ces yeux trop-pleins d'eaux dont m'avaient gratifiée trois stupides bécasses perchées par delà les nuages.
La vilaine-aux-deux-jambes n'a pas saisi
Ce que nous faisions ici
Pour les gorges et pour les proies
Point de sursis
Le Traqueur tous les étranglera ! ~

Tous, oui, tous. Fussent-ils de bois, je le savais pertinemment. Combien de Kokiris avait-il tué, déjà ? Dix ? Vingt ? Cent ? Je n'aurais su le dire. Trop, indéniablement. Au moins d'autres Fées devaient partager mon fardeau ! C'était là la seule chose qui me réconfortait en réalité. Encore une fois, je ne sais quel phénomène physique, mécanique, ou magique portait sa voix partout à la fois. Je ne savais retenir les larmes qui traçaient d'immenses sillons le long de mes joues maculées par des années de crasse et de passages à tabac involontaire à chaque choc qu'il m'infligeait. Ses mains passèrent en silence, tout près de moi. Elles tenaient quelque chose que je ne saurais définir.

"Tous. Vraiment tous ~" Murmura-t-il si bas qu'il aurait fallu avoir l'oreille contre ses lèvres pour entendre.

C'est seulement à ce moment là que je compris où nous nous étions rendus. De nouveau tout en haut du Colosse. L'enfant n'avait pas bougé, quand il lâcha son piège. Un énorme filet de soie auquel était attachés une dizaine, si pas plus, de vers des sables. Longs, gros, et surtout pleins de dents, déchainés. De toute évidence, si la jeune femme était prise dans le filet qu'avait confectionné l'animal, elle n'en sortirait pas, ou atrocement mutilée. Ai-je dit que le Traqueur allait arracher les ailes de l'Oiseau ? Je me suis trompé. Le Traqueur s'apprêtait à charcuter l'oiseau.

La gravité nous rattrapa quand il se laissa tomber, prompt et leste. En quelques bonds, il fut en bas, à terre. Sa main fila vers le bas-ventre de la demoiselle. Je réalisais alors qu'elle (la main) était armée du même animal que ceux qui ornaient le filet. Il frappa à nouveau, tandis que je fermais les yeux, plongée dans un tourbillon de tourments et d'effroi. Enfin, il frappa pour la quatrième fois, après trois coups portés respectivement au nombril, au torse, et à la gorge, sur le crâne. Si le Leever parvenait à mordre...


Cecilia Iole Mentina


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Sa main était toujours à proximité du manche de l'une de ses dagues alors que ses yeux ne quittaient pas le sauvage. Il était très rapide et imprévisible, le moindre instant d'inattention pouvait lui être fatal. Son adversaire ne semblait pas réagir, peut-être s'était-il calmé, enfin c'est ce qu'elle pensait. Mais au final, ce dernier semblait plutôt s'énerver, déterminée à la punir. Puisque des simples paroles ne pouvaient pas le dissuader de l'attaquer, la danseuse agrippa rapidement sa dague avant de se mettre en garde, alors que sa main libre vint doucement se poser sur le manche de sa seconde dague qu'elle déploierait si jamais il venait l'attaquer directement. La voix du sauvage raisonnait dans tout le temple, comme s'il se trouvait à plusieurs endroits en même temps. Par réflexe, l'alchimiste avait détourné les yeux, regardant tout autour d'elle s'il n'y avait pas quelqu'un d'autre de présent. Mais au final, lorsqu'elle regarda à nouveau devant elle, il n'était plus là, et c'était mauvais signe.

La gerudo prit sa seconde dague dans sa main libre avant de s'avancer prudemment à l'endroit où était le sauvage. Il ne semblait plus être dans le coin et pourtant, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il devait être quelque part dans les parages, il ne serait jamais partit comme ça sans rien demander. Il devait sûrement préparer quelque chose de malsain, elle avait intérêt à se tenir sur ses gardes si elle ne souhaitait pas se faire attaquer de nouveau par surprise. Sur le coup, elle aurait pu essayer de fuir cet endroit et retourner dans le désert hanté, elle y serait sûrement plus en sécurité que ici où elle était nettement désavantagée par rapport à son adversaire. Mais il était hors de question pour elle de fuir, pas encore. Pour une fois, elle affronterait le danger quoi qu'il arrive.

Elle finit par distinguer un son étrange qui devenait de plus en plus perceptible. Déduisant après quelques secondes qu'il provenait d'en haut, la gerudo eut tout juste le temps de voir qu'un piège se précipitait sur elle avant de reculer rapidement, l'évitant de peu. Elle ne put s'empêcher de fixer avec surprise ce filet qui avait failli lui tomber dessus, un bien étrange piège constitué de monstres du désert. C'était bien la première fois qu'elle voyait quelque chose comme ça et cela ne la rassurait pas du tout, voire l'inquiéter. Mais à qui avait-elle affaire ?

Elle avait baissé sa garde, comme une débutante. Son adversaire venait à nouveau de tomber du ciel et s'apprêtait à l'attaquer alors qu'elle n'était même pas prête à riposter. Elle reçut un coup violent dans le ventre puis le torse avant d'esquiver de justesse les deux autres coups qui visaient sa gorge et sa tête. Elle recula, prête à riposter lorsque contre toute attente, elle fut prise de douleurs aux endroits où elle avait été touchée. Sous le coup, elle était tombée à genoux au sol et avait lâché sa dague avant de poser sa main droite sur son ventre. Elle avait deux énormes plaies et elle sentait son sang s'en écouler doucement, imprégnant au passage sa main. Elle releva la tête et constata seulement à ce moment là que le sauvage tenait dans sa main le même monstre qui se trouvait dans les filets. Au final elle avait eu beaucoup de chances car si elle avait été touchée à la gorge, voire à la tête, il était sûr et certain qu'elle aurait été tuée sur le coup. Les choses étaient beaucoup trop sérieuses et dangereuses à son goût et pourtant, elle reprit dans sa main droite sa dague avant de se lever doucement.


"Tu commences sérieusement à m'énerver..."

Une fois debout, elle fixa son adversaire. Du sang commençait doucement à s'échapper de sa bouche, chose qui était prévisible puisqu'elle s'était levée alors que ses blessures étaient quand même importantes. Mais de toute façon, si elle restait là assise au beau milieu du temple, il était sûr qu'elle se ferait instantanément tuer. Elle préférait largement se battre et donner le meilleur d'elle-même plutôt que d'attendre que cet homme ne se jette sur elle avec la seule intention de l'achever. Il ne l'aurait pas aussi facilement, oh que non !

"Les mots ne suffisent pas et comme je te l'ai promis, je vais m'occuper de ton cas."

Faire attraction de ses blessures était une chose assez compliquée et pourtant, Cecilia se tenait debout devant lui avec la ferme intention de lui rabattre sa fierté dans ses dents. Ce n'était pas parce qu'elle était une femme -et donc en théorie plus faible que lui- qu'elle allait se laisser faire sans agir. Le sang des gerudos coulait dans ses veines et en aucun cas elle ferait déshonneur à la tribu de sa mère, même après ce qu'elles lui avaient fait subir.

Elle fixa du regard le piège qui se trouvait à proximité du sauvage et d'un geste vif, elle lança une bourrasque de vent assez suffisante pour le déplacer et le renvoyer à son destinataire. Bien sûr, elle savait bien que ce simple petit tour de passe-passe n'allait jamais être suffisant pour venir à bout de lui et c'était la raison pour laquelle elle s'était précipitée vers lui et après l'avoir rapidement contourné pour être derrière lui, elle en profita pour abattre ses lames au niveau des jambes de son ennemi, espérant que de cette manière qu'il soit ralentit dans ses mouvements si jamais il tentait à nouveau de l'attaquer. Elle s'écarta rapidement de lui et en profita pour lancer à nouveau une bourrasque de vent derrière lui, bien plus dangereuse que la première étant donné que celle-ci était constituée également de lames de vent tranchantes.

L'alchimiste se tint à l'écart tout en restant sur ses gardes, prête à attaquer de nouveau. Elle espérait que ses attaques aient touchées son adversaire et qu'il soit sérieusement blessé, même si au fond d'elle elle en doutait. Mais de toute façon, elle était prête à riposter si jamais il décidait de l'attaquer de nouveau et cette fois-ci, elle ne se laisserait pas distraire aussi facilement.