Squelette malhonnête, maux et corbeaux

Semi-privé. (MP pour participer)

[ Hors timeline ]

Gris


Inventaire

0,00


(vide)

Cette lune. Mon visage. Sans couleurs…
Non.
Il est gris. Profondément gris.


Krr krr krr...
Cette flaque d'eau m'importune. Va-t-en petite flaque. Va, va ! Coule donc ta vie dans d'autres creux ! Misérable sois-tu.
Quel horrible visage. Lune. Visage. Lune. Gris. Ohhh...

Ooooh !

Allons-nous en. Oui. Au diable.
Mieux à faire là-bas. Où ? Comment le saurais-je ?
Des feuilles. Partout. Des arbres. Aussi. Le ciel ? Nulle part. Les branches crochues. Trop épaisses.

Des corbeaux chantent autour de moi. Ou bien hurlent-ils ? Mangent-ils ?

On ne s'amuse pas ici. Marcher, marcher, marcher. Ramper. Grimper.
Même pas un écureuil à qui tordre le cou. Pas de lièvres non plus. Krr krr krr !

Que faire ?

Des craquements. Mes os ? À moi. Je les aime eux, au moins. Douce mélodie.
Détestable.

Grimper une nouvelle fois. Mes griffes dans l'écorce. Quelle facilité !
Je dois ressembler à une araignée, eh eh eh...
Une branche qui craque. La chute.

« Aaargh ! Salope de branche ! Zut ! Flûte !
Flûte ? Ohhh !
»

Jouons un peu ! Ma flûte, vite. Vite ! Ah ! La voilà.
Un petit air. Quel mélomane. Des notes tordues. Comme moi.
Krr krr krr !

Sonorités macabres, grinçantes. Notes aiguës, résonnantes.

Oh ? Qu'est-ce que j'entends ? Quelqu'un arrive... des pas ?
Des pas ! Des pas ! Hahaha ! Ouiiiiiii !
Cachons-nous ! Cachons-nous ! Krr krr krr...

Amusons-nous.


Ketherah Aedelghyr


Inventaire

0,00


(vide)

Voilà à présent quelques mois que Ketherah voyageait aux côtés d’hommes à l’allure douteuse. Tous, elle y comprit portait un masque accroché à leurs hardes, plus ou moins dissimulés sous leurs capes. Des masques aux traits grotesques, censés inspirer de la crainte.
Elle était à l’origine en compagnie d’un seul d’entre eux, mais la force des choses les poussèrent à fonder cette bande de mercenaires disparates. En effet, la jeune femme souhaitait entre autre, poussée par son désir de décrypter les caractères anciens présents sur la bague de feu sa génitrice, se rendre dans le royaume d’Hyrule. Elle avait appris les rudiments de la langue locale grâce à celle-ci, bien qu’elle peinait encore énormément à comprendre et utiliser certains expressions, et ce malgré qu’elle puisse la pratiquer avec deux de ses compagnons de route eux-mêmes originaires de ces terres.
La route fut très longue, et bien que cela blessait profondément sa fierté, elle reconnut avoir besoin d’aide pour ce voyage périlleux.

Le groupe hétéroclite faisait une halte à l’orée d’un bois. À l’origine cinq, ils venaient de perdre un membre de leur convoi, ainsi que trois montures, suite à une attaque d’insectoïdes. Un des survivants était très mal en point et végétait à demi-conscient adossé à un arbre. Ketherah, à l’aide d’un morceau de tissu, avait placé un garrot juste sous son épaule. Elle était intimement convaincue qu’il était trop tard au vu de la vitesse à laquelle le poison avait envahi le corps de son camarade, mais était prête à l’amputer et tenter le tout pour le tout. Elle s’adressa à un autre de sa troupe, d’un ton accusateur :
« Pourquoi tu te tords les puces et n’essaies pas quelque chose ? Je sais que tu en es capable Sorcier à la noix ! L’homme ainsi interpelé esquissa un sourire amusé par les lacunes lexicales de son amie, puis répondit, d’une voix cinglante :
-Je n’ai pas l’intention d’épuiser mes forces pour cet avorton. Il récolte les fruits de son imprudence. Qu’est-ce qu’il te prend d’avoir soudain pitié de lui ? ajouta-il d’un ton plus doucereux.
-C’est bon, ferme-la Laviel. »

La gerudo n’était en effet pas du genre à s’apitoyer sur le sort d’un mâle, mais elle avait un sens pointu de la loyauté. Elle se ravisa quant à l’amputation improvisée, choisissant finalement d’abréger les souffrances du blessé, et transperça son cœur à l’aide d’une dague, en jetant un regard provocateur à Laviel, qui ne manqua pas de réagir.
« Quel gâchis, si tu souhaites réellement que je te vienne en aide pour tes edegert'h évite de ruiner les potentiels composants de mes remèdes, gamine.
-Pff, remèdes ?
Laviel ne réagit pas, jetant un regard vers l’horizon, d’où pointait le crépuscule.
-Notre priorité est de ne pas nous attarder ici et de filer avant la tombée de la nuit, pas envie de finir en stalfos.
-Ah ah ! Tu crois à ces balivernes ? Ria grassement l’homme resté jusque-là discret, occupé à trier leurs bagages pour alléger le poids sur les juments restantes.
-C’est quoi ces histoires Sam ? demanda Ketherah, soudainement intriguée.
-Mieux vaut pas que tu saches ça, ça va te monter le bourrichon toi et tes superstitions, répondit l’intéressé.
-Nous nous trouvons actuellement dangereusement proche des bois perdus, des bois réputés pour annihiler toutes les possibilités de s’orienter en son sein… Et qui dévorent l’âme des malheureux égarés pour les transformer en monstre ! »

Laviel prit un malin plaisir à lui résumer cette légende, à laquelle peu de gens accordait crédit aujourd’hui. Mais il connaissait bien la petite rouquine à présent et savait pertinemment que cette histoire ferait son effet, et ça ne manqua pas. Ketherah senti un frisson lui parcourir l’échine, visualisant les dires du sorcier, et elle se sentit soudain inquiète de se trouver en territoire inconnu.
Après un silence plutôt long, Laviel s’approcha de la jeune fille et lui tendit une clef, ornée d’une représentation de chouette.
« Écoute, si par un malheureux hasard on devait poursuivre notre route séparés, prends cette clef et rends toi à la citadelle d’Hylia, dans les bas quartier, et débrouille-toi pour trouver une porte sous un seuil de pierre gravé d’une figure similaire. Mon labo est là-bas, et c’est seulement en ce lieu que je pourrais t’aider. Mais quoi qu’il arrive trace ta route.
-Pourquoi cet air dramatique tout à coup ? » Le ton de son ami l’inquiétait, lui qui était la plupart du temps d’humeur taquine, il était plutôt de mauvaise augure qu’il en soit autrement.


« Krr krr krr ! »

Des feuillages soudainement agités près de leur camp de fortunes interrompu brusquement leur conversation. Laviel se dirigea instinctivement vers une des juments, quand Sam ramassa les derniers vivres à ranger dans les sacoches de la seconde. Ketherah, elle, dégaina un cimeterre et se dirigea vers les buissons, dans le but de débusquer l’animal jouant les importuns.


Gris


Inventaire

0,00


(vide)

Ranger la flûte. Plus de musique. Fini. Terminé.
Ding dong ! L'heure de la chasse a sonné.
Cling cling, petit carillon d'âmes. Tintent, tintent, petites âmes dans le creux de mes mains.

Krr krr krr.

Celui qui s'occupe des bestioles à quatre pattes et longue chevelure. Pas l'air malin. Jouons avec lui.
Un petit jet de caillou derrière les autres pour les occuper. On se faufile. Invisible. Parmi les arbres. Pas de bruit.

Les feuilles volent dans notre sillage. Le vent siffle, murmure. Il parle de mort. Froid.

On frotte les feuilles noires de sous-la-terre sur notre écharpe. Poison. Très drôle. Avec ça, peut plus bouger. Plus de force. Facile de tuer. On s'avance dans le dos de la grande personne. Enroulons notre écharpe autour d'une main crochue. On passe sous ses jambes. Très vite. Le poing-écharpe entièrement dans la bouche. Peut plus crier. Krr krr krr.
On le pousse par terre, tombe sur le dos. Suis sur son ventre, accroupi.
Ses yeux tournent, tout blancs. Le corps tout mou. Mais toujours vivant. Ça, très drôle.
Retirer l'écharpe de la main. La bouche pleine de bave. Pas belle, grimace. Pas belle.

Il faut sourire quand on joue. Amuses-toi ! Allez !
Veut pas jouer. Tant pis. On met les deux mains dans la bouche. Il faut sourire.
Un peu.
Un peu plus.
Encore.

*CRAC*

Oh ! Hahahahaha ! Voilà ! Joli sourire ! Gentille grande personne.
Mmh ? Qu'est-ce qu'il dit ? Mmh ?
Comprends pas. Articule.


« Geeh eeeh... uhh... »

Faut pas pleurer. Tu souris déjà. Peut pas faire les deux en même temps.
T'es bizarre. Attends un peu, on va te faire rire.

On lui prend les mains. Délicatement. Gentil, moi. On joue bien. Mais il a du mal. On lui prend les mains et on arrache un ongle. Deux. Trois. Quatre. Cinq.
Vite, l'autre main ! Avant que les autres voient ! Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. On range les ongles dans la popoche. Pour la collection.
Merci ! Pas fini, par contre. Manque plein de choses. On a beaucoup de collections ! Ça oui !

On se rapproche de sa tête. Pas de bisou. Truc de grande personne ça. Moi je mord.
Les oreilles. Très beau pour la collection. Très beau pour les colliers.

On en a deux nouvelles ! Toutes rouges ! Ouiiiiiii !
Chuuut... les quatre-pattes-longue-chevelure s'agitent. L'odeur du sang.
Chut. Pas faire de bruit. Ou la forêt vous mangera tout cru.

Pourquoi tu pleures toi ? On joue ! Maaaaaaais ! Arrête ! Arrête ! T'entend pas ?
On se relève. Pas content. Il joue pas. Nul.

Des coups de pieds dans sa bouche déformée. Encore des coups de pieds. Pas bien ! J'ai dis que je voulais jouer !

*CRAC*

Ah ! La mâchoire ! Ça s'est décroché ! Haha ! Amusant, ça ! Merci pour le cadeau !
On collectionne aussi les dents. Comment tu le savais ? Petit futé. Tu sais pas jouer mais t'es gentil.
La mâchoire entière dans la popoche aussi.

Manque plus que les yeux maintenant.
Ils font quoi les autres, au fait ?


Ketherah Aedelghyr


Inventaire

0,00


(vide)

La gerudo inspectant les alentours finit par rebrousser chemin lorsqu’elle se rendit compte de son éloignement du camp. La légende que lui avait contée son ami l’avait définitivement convaincue de déguerpir au plus vite. L’obscurité qui s’emparait doucement de l’étendue de la forêt ne la rassurait pas, ce n’était pas le moment de s’attarder dans les fourrés. Le hennissement des chevaux l’alerta davantage et elle pressa le pas. Ses reflexes de Lame-de-Brume la poussèrent à approcher de manière furtive, tapie dans l’ombre.

La scène qui se dessina sous ses yeux  était difficile à déchiffrer, tout ce qu’elle saisissait, c’était cette petite silhouette de dos, de la taille d’un enfant, les bras ensanglanté tout comme le corps de son camarade au sol.
Son sang ne fit qu’un tour, elle sentait la colère monter,  mais la domina. Peu importe son âge, il était une nuisance. Elle profita du bref moment où le petit homme se redressa pour surgir dans son dos et lui assener un vif coup de cimeterre, visant son cou.
Le reflet de sa lame lui révéla l’immonde faciès de l’être qu’elle attaquait. Ketherah, hagarde, détailla la créature du regard, ne réalisant qu'à ce moment sa nature étrange.

Elle jeta un rapide coup d’œil sur son compagnon encore à terre.  Suffocant, étouffé par son propre sang. Incapable de lui venir en aide elle se hâta naturellement d’écourter son agonie, non sans désarroi, avant de se refocaliser sur la bestiole crasseuse responsable de ce massacre.

« T’es quoi au juste ? » aboya Ketherah, le visage déformé par un rictus de rage et de haine, non sans ressentir une certaine crainte. L’individu se dressant en face d’elle ne correspondait effectivement à rien de ce qu’elle avait pu rencontrer au cours de ses voyages. Elle s’inquiétait également de n'apercevoir son second acolyte nulle part près du campement.

Elle tenta d’anticiper toute action de sa part en jetant aux pieds de la bête une noix mojo dans le but de l’aveugler. Tout en gardant une posture de garde, elle se faufila de nouveau dans son dos afin de répéter son premier assaut.