Posté le 19/09/2017 22:39
Voilà à présent quelques mois que Ketherah voyageait aux côtés d’hommes à l’allure douteuse. Tous, elle y comprit portait un masque accroché à leurs hardes, plus ou moins dissimulés sous leurs capes. Des masques aux traits grotesques, censés inspirer de la crainte.
Elle était à l’origine en compagnie d’un seul d’entre eux, mais la force des choses les poussèrent à fonder cette bande de mercenaires disparates. En effet, la jeune femme souhaitait entre autre, poussée par son désir de décrypter les caractères anciens présents sur la bague de feu sa génitrice, se rendre dans le royaume d’Hyrule. Elle avait appris les rudiments de la langue locale grâce à celle-ci, bien qu’elle peinait encore énormément à comprendre et utiliser certains expressions, et ce malgré qu’elle puisse la pratiquer avec deux de ses compagnons de route eux-mêmes originaires de ces terres.
La route fut très longue, et bien que cela blessait profondément sa fierté, elle reconnut avoir besoin d’aide pour ce voyage périlleux.
Le groupe hétéroclite faisait une halte à l’orée d’un bois. À l’origine cinq, ils venaient de perdre un membre de leur convoi, ainsi que trois montures, suite à une attaque d’insectoïdes. Un des survivants était très mal en point et végétait à demi-conscient adossé à un arbre. Ketherah, à l’aide d’un morceau de tissu, avait placé un garrot juste sous son épaule. Elle était intimement convaincue qu’il était trop tard au vu de la vitesse à laquelle le poison avait envahi le corps de son camarade, mais était prête à l’amputer et tenter le tout pour le tout. Elle s’adressa à un autre de sa troupe, d’un ton accusateur :
« Pourquoi tu te tords les puces et n’essaies pas quelque chose ? Je sais que tu en es capable Sorcier à la noix ! L’homme ainsi interpelé esquissa un sourire amusé par les lacunes lexicales de son amie, puis répondit, d’une voix cinglante :
-Je n’ai pas l’intention d’épuiser mes forces pour cet avorton. Il récolte les fruits de son imprudence. Qu’est-ce qu’il te prend d’avoir soudain pitié de lui ? ajouta-il d’un ton plus doucereux.
-C’est bon, ferme-la Laviel. »
La gerudo n’était en effet pas du genre à s’apitoyer sur le sort d’un mâle, mais elle avait un sens pointu de la loyauté. Elle se ravisa quant à l’amputation improvisée, choisissant finalement d’abréger les souffrances du blessé, et transperça son cœur à l’aide d’une dague, en jetant un regard provocateur à Laviel, qui ne manqua pas de réagir.
« Quel gâchis, si tu souhaites réellement que je te vienne en aide pour tes edegert'h évite de ruiner les potentiels composants de mes remèdes, gamine.
-Pff, remèdes ?
Laviel ne réagit pas, jetant un regard vers l’horizon, d’où pointait le crépuscule.
-Notre priorité est de ne pas nous attarder ici et de filer avant la tombée de la nuit, pas envie de finir en stalfos.
-Ah ah ! Tu crois à ces balivernes ? Ria grassement l’homme resté jusque-là discret, occupé à trier leurs bagages pour alléger le poids sur les juments restantes.
-C’est quoi ces histoires Sam ? demanda Ketherah, soudainement intriguée.
-Mieux vaut pas que tu saches ça, ça va te monter le bourrichon toi et tes superstitions, répondit l’intéressé.
-Nous nous trouvons actuellement dangereusement proche des bois perdus, des bois réputés pour annihiler toutes les possibilités de s’orienter en son sein… Et qui dévorent l’âme des malheureux égarés pour les transformer en monstre ! »
Laviel prit un malin plaisir à lui résumer cette légende, à laquelle peu de gens accordait crédit aujourd’hui. Mais il connaissait bien la petite rouquine à présent et savait pertinemment que cette histoire ferait son effet, et ça ne manqua pas. Ketherah senti un frisson lui parcourir l’échine, visualisant les dires du sorcier, et elle se sentit soudain inquiète de se trouver en territoire inconnu.
Après un silence plutôt long, Laviel s’approcha de la jeune fille et lui tendit une clef, ornée d’une représentation de chouette.
« Écoute, si par un malheureux hasard on devait poursuivre notre route séparés, prends cette clef et rends toi à la citadelle d’Hylia, dans les bas quartier, et débrouille-toi pour trouver une porte sous un seuil de pierre gravé d’une figure similaire. Mon labo est là-bas, et c’est seulement en ce lieu que je pourrais t’aider. Mais quoi qu’il arrive trace ta route.
-Pourquoi cet air dramatique tout à coup ? » Le ton de son ami l’inquiétait, lui qui était la plupart du temps d’humeur taquine, il était plutôt de mauvaise augure qu’il en soit autrement.
« Krr krr krr ! »
Des feuillages soudainement agités près de leur camp de fortunes interrompu brusquement leur conversation. Laviel se dirigea instinctivement vers une des juments, quand Sam ramassa les derniers vivres à ranger dans les sacoches de la seconde. Ketherah, elle, dégaina un cimeterre et se dirigea vers les buissons, dans le but de débusquer l’animal jouant les importuns.