Hyrule's Journey

D’étranges esprits, dit-on, habitent cette forêt. D’aucuns, parmi les plus superstitieux et les plus croyants, en font un domaine sacré, que nul n’aurait jamais foulé du pied : ce serait alors le domaine de dieux ancestraux ainsi que de géants oubliés à la cruauté tenace et la rage vorace.
En vérité, personne ne saurait dire avec précision ce qui se cache par delà cette sylve engoncée dans l’obscurité. Même les plus braves des chasseurs se refusent à en approcher la lisière, que tous ne placent d’ailleurs pas exactement au même endroit. Les Bois Perdus, ainsi que certains des locaux ont pris l’habitude de les nommer, se cachent au cœur de la Grande Forêt d’Hyrule. C’est une zone maudite, frappée de maléfices anciens et effrayants. Un nombre conséquent des braconniers de la région la prétendent d’ailleurs vivante, et assurent que la frontière à ne pas franchir est mouvante. Qu’il lui arrive de se faufiler derrière certains des giboyeurs les moins avisés et d’à jamais les avaler.
Pourtant, de vieilles pierres levées et marquées d’antiques pigments dressent un chemin à travers le brouillard. Il constitue, assurent quelques-uns des érudits qui ont eu l’occasion de se pencher sur la question, l’invisible preuve que les Bois, un jour ou l’autre, ont été habités par des entités douées d’une capacité de révérence — d’une propension à la spiritualité. En outre, les nombreuses légendes qui font état de cadavres réanimés – parfois même après avoir été vidé, à l’image des vieux rois des Tourbières – et de fantômes errant à l’orée de la futaie laissent à voir un passé où l’humain aurait eu sa place.
Certains on-dit narrent ainsi le récit des conflits de jadis, qui aurait déchiré en deux la forêt et d’où le maudissement trouverait racine. De vieilles ruines, éventrées par les arbres autant que par le fer des lances d’autrefois, jonchent encore l’humus sanglant de cette partie perdue de la chênaie. Le maléfice est d’autant plus fort qu’il aurait été prononcé par les servantes d’une déesse oubliée, profanée par des hommes d’armes sans aucun respect pour le sacré.