Posté le 29/06/2013 11:59
La cage de verre emprisonnait mon voyage vers le paisible ailleurs. Ses parois noires et denses étaient froides, cruelles et moqueuses. « Jamais tu ne passeras, tu es éternellement condamné à errer dans cette boite sans fond. » Semblait-elle me murmurer. La panique de l’emprisonnement aurait pu saisir mon cœur si un enfant au timbre glauque ne ricanait pas au loin. Sa voix n’était que tintement de clochette au vent, que flutiaux de bois aux notes funèbres. C’est alors qu’apparut le géant garnement, Dieu infantile et sans pitié. Son absence de visage, sa tribale tenue, son rire épouvantable me dégoutaient. Mais que faire ? Je devais le laisser m’attraper de ses fines griffes. Il était le maitre de ce lieu, après tout.
Ses ongles d’écorces centenaires plantèrent, autant que faire se peut, mon corps éthéré. Son poison gagna ma conscience. Ses souffrances qui étaient constituées de solitude, de moquerie, de jalousie, de tristesse, de hargne, de cruauté, pourrirent mes sens. Ma vie de philosophie, de sérénité, fut broyée dans la divine poigne de ce malheureux enfant. Il m’accueillait dans son désespoir. Haineux d’être le seul à pleurer sa misère, il faisait de moi son frère de tristesse.
Au creux de sa main, vulnérable marionnette humaine, j’attendais le début de ma damnation. Il ne vint jamais, car il grimaçait de son hideuse et lumineuse bouche. L’enfant géant me détesta pour une raison inconnue, il ne voulut plus de mon âme, ne semblait plus désirer jouer avec moi. Peut-être la douce mélodie, apaisante suite de notes, nouvellement apparue, l’avait dissuadé de me torturer. Je le dégoutais comme une femme exècre son mari saoul. Le Dieu des pleureuses forêts me jeta vers le bas. La chute fut intense, l’atterrissage agréable.
Mes paupières, réelles et non plus éthérées cette fois, levèrent le voile sur un monde de verdure douce. Le plafond était d’un bois encore vivant, ses veines étaient gorgeaient de vitalité, son teint remplie de soleil. Le matelas, à l’odeur, devait être un tapis de mousses compact mais toujours frais. Je découvris l’architecture, petit à petit, de la cabane où j’avais était transporté par je ne sais quoi, je ne sais qui. Je fus impressionné, saisi par la magnificence et la sérénité de l’endroit. J’étais dans le cœur d’un arbre encore en vie, choyé par ce dernier comme un écureuil effrayé par les frimas de l’hiver au dehors. Le bois me couvrait la peau d’une chaleur et d’une atmosphère protectrices. Le chêne était comme un parent aimant, une délicieuse maman.
« …Mère ? »
Parvins-je à éructer d’une voix brouillée et brisée par mon séjour dans les limbes. Je ne sentis et ne vis pas mon corps, ma nuque était trop sclérosée pour cela. Au sein d’un tronc, dorloté, je pensais être devenu un animal des bois. En quoi les Dieux m'avaient ils réincarné ? En hirondelle, messagère du printemps, peut-être ? Je l’espérais de toute mon âme. Croyant à cela, je pleurai d’une joie mystérieuse.