Posté le 16/01/2014 17:44
Le vent braisé du désert soufflait fort sur son visage ; depuis bientôt plus de trois heures qu'elles avaient quittées la forteresse déjà. Swann aurait pensé pouvoir s'y habituer à force de vivre mais ce n'était pas aussi simple. Il fallait naître gérudo pour supporter un temps pareil. Même après plusieurs semaines à vivre dans le domaine dragmire, elle avait toujours aussi chaud et elle ne se faisait pas à ces intempéries. Ce jour là plus que tout autre. C'était à peine si l'on voyait à plus de quinze mètres devant soi et c'était ainsi depuis leur départ aux premières lueurs du soleil.
C'était un jour particulièrement merdique.
Cecilia n'aurait pas pu quérir sa sœur en une pire journée que celle-ci. L'assassin se demandait encore comment son papillon avait pu voler jusqu'à elle à travers ces landes désertiques et arriver jusqu'à elle sain et sauf pour lui porter le message de la jeune femme puisque même Esperanza avançait péniblement en un temps pareil. Le guépard, habituellement soucieux de mener la marche quelques mètres devant, marchait lentement derrière elle et Astrid, son amie à qui elle avait proposée cette petite excursion en terres sauvages. Elle était contente qu'elle accepte. Swann voulait que la gérudo voit à travers cette jeune femme que le Trône n'était pas dirigé par des monstres sans cœur qui n'avaient comme préoccupation que celle de devenir plus grands, plus forts. L'ambition existait chez le Trône sans qu'elle ne devienne un moteur pour autant.
Le Cygne Noir sentait la présence de sa jeune amie pas loin bien qu'elle ne la voyait pas encore. Les ruines où elle lui avait donné rendez-vous ne devaient plus être très loin ; enfin leur longue et pénible marche allait s'achever. Que ne ferait-elle pas pour elle ? « Nous arrivons », dit-elle en se tournant vers son amie, s'arrêtant alors pour éviter d'être vu. Elle avait d'abord quelques directives à lui transmettre avant qu'elle ne rencontre Cecilia. « Écoutes-moi bien, Astrid », commença-t-elle en posant une main sur son épaule. Le vent soufflait fort et couvrait à moitié ses paroles même si elle essayait de parler clairement à l'albinos. « Je ne sais pas comment elle réagira en te voyant, mais je peux t'assurer que même sans te connaître elle te déteste déjà. Méfie-toi d'elle comme de la peste. Ne lui tournes jamais le dos », conclut-elle.
Swann relâcha son épaule et s'avança de deux pas en avant ; là, elle tourna légèrement la tête en arrière : « Je vais vérifier qu'il ne s'agit pas d'un piège. Avance tout droit sans t'arrêter jusqu'à ce que tu la vois. » Elle s'enfonça dans l'embryon de tempête jusqu'à ne plus être vu de la jeune dragmire. Elle s'écarta légèrement du chemin principal, la fille-félin à sa suite, jusqu'à ce qu'elle puisse voir les ruines non loin. Une silhouette était perchée sur l'une d'elle ; ce devait être sa sœur de feu, sans aucun doute. Il n'y avait pas trace d'autres personnes au alentours, ce qui la rassura. Elle s'avança vers les ruines de façon à les contourner pour arriver par derrière.
C'était encore plus difficile de marcher seule dans cet enfer qu'avec une présence à ses côtés pour la soutenir. Malgré ses habits confectionnés pour l'affronter, le désert continuait d'avoir le dessus. Vêtue d'une tunique blanche lui descendant jusqu'au genoux, d'un pantalon en toile gris et d'un fouloir qu'elle avait rabattu sur la moitié inférieur de son visage, il restait néanmoins la partie supérieur de celui-ci qui se prenait de plein fouet le vent et les grains de sables qu'il soulevait. Et à vrai dire, le sable avait déjà infiltré ses vêtements, ce qui était loin d'être agréable.
Après quelques minutes, elle était enfin derrière la danseuse. Elle n'avait pas remarqué sa présence et s'adressait à l'ancienne marchande pendant que Swann escaladait en silence les ruines. Elle avait d'abord pris le soin d'observer le coin sans trouver trace d'une autre personne dans les parages. Elle se trouvait bête d'agir ainsi et pourtant... depuis les dernières discussions qu'elle eut avec Cecilia, elle avait des raisons de s'en méfier. Sa haine à l'égard des dragmires avait grandi à mesure que la brune s'y était attachée ; elle avait des raisons de croire qu'elle tente quelque chose, surtout en l'amenant si loin de sa Citadelle. Pour autant qu'elle le sache, elle ne lui avait pas encore révéler l'intérêt de cette entrevue, et l'ancienne ambrée doutait qu'il pouvait s'agir là qu'une envie soudaine de discuter - bien que cela fasse plusieurs longues semaines qu'elles ne s'étaient pas vu.
Elle se saisi de sa gourde pour boire quelques gorgées d'eau, le tout en faisant assez de bruit pour que l'alchimiste la remarque et se retourne vers elle. Elle avait déjà pu discuter très succinctement avec la seconde dragmire, à qui Swann fit un geste pour l'inviter à s'avancer davantage et la rejoindre. « Tu as plutôt mal choisi ton jour pour venir ici », dit-elle avec une touche d'humour. Elle ne prit pas la peine de retirer le foulard qu'elle portait au visage, la simple vu de ses larmes noires devait avoir suffit à la gérudo pour la reconnaître.