Posté le 13/04/2014 14:56
De part les collines embrasés, au-delà la poussière dorée, il faut aller... Oh, ces belles falaises rougies par les dernières lueurs de l'astre-qui-surveille-au-loin, qu'il avait été beau d'enfin les trouver, à l'opposé du Mont périlleux. Longue avait été son voyage solitaire, sa quête du destin lointain, mais enfin elle l'avait atteint, quittant l'ombre du ranch et l’herbe verdoyante. Le Désert.
Helrym s'adossa à la paroi rouge, accroupie, et attendit, retenant sa respiration. Deux, trois, quatre. Il n'y avait personne ; elle relâcha la tension accumulée, et s'assit, toujours à l'affût. Hier encore, elle avait aperçue des garnisons du royaume installés à quelques Kilomètre des l'entrée du Désert. Mieux valait être prudent car, si jusque là elle avait su se montrer discrète, sa sortie au Temple, elle, ne s'était pas aussi bien passée que prévue ; ce n'était vraiment pas le moment de se faire capturer, si près du but. Fouillant dans la "sacoche" confectionnée de bandes de tissu qui lui permettait de garder ses quelques possessions, ses doigts effleurèrent du bois, recouvert de glace. Et de sang. Les flèches. Elle en prit une, et la leva devant ses yeux de la couleur du sable: celle-ci s'était planté dans le cœur de Dahlia, elle reconnaissait la fissure au milieu, elle l'avait faite en arrachant la flèche au corps inerte. Eternel vestige de la fragilité humaine. Elle ne l'oublierait pas, jamais : elle n'était qu'un grain de sable dans le Désert. De ceux qui étaient emportés dans le vent, certes ; mais grain de sable tout de même.
La fillette rangea les flèches et sorti une cuisse grillée, d’un oiseau attrapé sur la route ; il ne lui restait plus beaucoup de ressources et, ici, il était difficile d’en trouver. Si les plaines vertes regorgeaient de vie et de fécondité, la vallée, elle était desséchée, stérile. Le jour un vent brulant l'embrasait. Lorsque la nuit tombait le vent devenait glacial.
Le vent...apporte avec lui la mort. Un peuple y vivait, reclus des autres, repoussé, fier cependant. Un peuple pour lequel le temps était venu de reprendre ses droits.
La prêtresse de Din se remit en route, pas par pas. Elle était toute proche du Passeur, à présent.
Certes, la vie n’habitait pas les terres dorées. Non, il y avait autre chose, ici ; Elle l’avait senti, dès la première fois qu’elle y avait posé le pied : Une énergie pareille à nulle autre. La vie est vaine, la vie est futile. Mais cette puissance qui pulsait du sein même de la terre jusqu’aux veines arides était bien plus ancienne que la vie, bien plus forte. Ici, tout son être résonnait en harmonie avec la Terre. Elle ne pouvait pas encore l’expliquer, mais une sensation agréable se répandait en elle ici. Quelque chose qu’elle n’avait encore jamais connu, même dans le lointain passé de cendre.
Un vent sec, apportant avec lui la mort, les éclats dorés dansant, se mêlèrent à ses cheveux flamboyant, virevoltants. Elle essayait, en vain, de protéger ses yeux avec la miteuse cape « empruntée » au couvent. La jeune Dafiren ne voyait point loin, dans cette tempête. Peut être même s’était t’elle déjà perdue, et s’enfonçait-elle dans les sables mouvants. Peut être allait-elle mourir ici. Possible, mais elle ne croyait pas que le moment de partir était déjà venu. Il lui restait encore quelque chose à faire, cela au moins était certain. Les tourbillons autour d’elle dessinaient des silhouettes trompeuses, des restes de voix semblaient planer dans l’air.
Il était inutile de résister plus longtemps, de tâtonner dans le vide. Elle s’arrêta. Ses cheveux dansaient autour d’elle. Elle leva les bras, vers le ciel, ferma les yeux. « Je ne vous implorerai pas, Mère. Il n’y a plus que le vent qui appelle, l’eau qui coule et les flammes consumée, ici bas. Il me faudrait juste un signe, pour que je puisse atteindre le Passeur… »
Helrym baissa ses bras. Rien, d’abord. Elle scruta la tempête, à l’affût. Rien… Non, qu’était-ce que cela ? Elle sentait l’odeur d’un feu consumé … elle sentait une aura. Une aura brûlante, évoquant à la fois la destruction et le renouveau. Semblable à la sienne, toute proche. Comment l’atteindre ? Hum. Elle tendit une main au dessus de sa tête, l’autre sur son cœur. Une mélodie pulsait dans son âme. Elle pria. La peau devint brûlante, fiévreuse. Elle concentra la Force dans sa paume tendu, et l’ouvrit ; le vent l’embrasa. La fille du feu en enveloppa toute sa main, à la manière d’une torche ; ses flammes répandirent autour d’elle l’appel d’une âme cherchant écho.
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