De sentiers sinueux et de poussière

Premier post pour Cecilia Iole Mentina. MP pour participer !

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Lanre


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(vide)

Les cordes lui sciaient les poignets, brûlantes et cruelles. Une mèche carmin lui barrait le visage et tombait devant le vert de ses yeux. Ses dents grinçaient, tandis que derrière lui chutait Erikk. Le poids du bûcheron manqua de l'entraîner également. Les hommes d'Hìl les tenaient comme on maintient la bride sur un chien. A ceci près que la plupart des chiens ne connaissaient pas le fouet quand ils font escale. Le Ceald jeta un oeil, tant bien que mal, par dessus son épaule. L'homme qui le suivait n'avait jamais été son ami, mais il avait toujours été droit et honnête, et la bataille l'avait laissé rudement blessé. Il y avait abandonné tout une partie de la main, s'y était brisé l'avant-bras. Et avait du s'amputer d'une cheville. La marche forcée qui était ainsi imposée aux survivants avait eu raison de lui. Il murmura quelques mots, simple prière que lui avait enseigné Brann, jadis, quand il avait eu l'âge de comprendre ce que mourir voulait dire. Et bientôt son dos se déchira de nouveau à trois reprises. Les cavaliers du Neaìdr frappaient ; encore et toujours. Ses traits se durcirent, tandis que ses lèvres ne se fendaient en une grimace de douleur sur laquelle un masque de colère, de rage et de haine ne tardait pas à s'imprimer. Il ne laisserait ni la peste ni l'âge les prendre. Tous passeraient par le fil de l'acier.
***

Il s'arracha à ce qui lui avait servi de couche plus brusquement que n'éclate la fureur de Snjàr sur les marins égarés, haletant et trempé. Les sueurs froides faisaient briller son front autant qu'elles ne poissaient ses tempes. Ses doigts, âprement fermés sur le couteau d'os qui ne l'avait plus quitté depuis des lustres, ses yeux se perdaient dans le vague de la nuit, à la recherche d'une quelconque menace qui n'existait à l'évidence pas. Lentement mais sûrement, sa vue cessa de se brouiller, tandis que le sommeil le quittait — sans pour autant que la fatigue ne l'oublie. Alors, sa poigne commença à faiblir, et même s'il restait alerte sa vigilance se relâchait petit à petit. Il était seul ; une fois de plus. Seul avec les étoiles et la nuit.

Ses doigts finirent par déposer le petit coutelas près du reste de ses effets. Une bien maigre besace, qui ne contenait guère plus que les restes du lapin qu'il avait su attraper l'avant-veille et un fond de bière aussi rance qu'âgée ; une lanière de cuir et quelques cailloux plats en guise de projectiles. Pas de quoi tenir des jours durant, en vérité, mais au moins pour la soirée. Demain serait un autre jour, et il ne s'en inquiéterait pas avant d'avoir passé la nuit. Du moins... Croyait-il. Il se tira à son lit de caillasse parsemée ça et là des quelques brindilles qu'il avait tant peiné à trouver, mû par une envie aussi soudaine que pressante. Sans doute la gorgée de bière, à défaut d'eau fraîche, qu'il avait avalé avant de s'allonger — aussi serein qu'un loup blessé, exclu de ses paires et traqué. Par eux, par d'autres. Par le monde, il lui semblait parfois. Il n'avait plus de meute, et sans doute n'en voulait-il plus. Mais... Bien qu'il ne l'avouerait sans doute pas, savoir l'ensemble de ses frères désireux de retrouver sa tête sur une pique ou son cadavre ballotté par les flots avait de quoi peser sur son coeur, au moins dans certaine situations.

L'Etranger s'éloigna un peu, non sans un regard sur les braises du feu de camp qu'il avait su faire partir tout à l'heure, pour ne pas geler pendant son sommeil. Tout était à refaire. Encore une fois. Une fois de plus, il repartait de rien. Comme toujours, depuis que les Cealds laissaient battre les tambours et tinter les épées, à la mesure de leurs ambitions.

Il ne tarda pas à la besogne, après s'être trouvé un coin plus paisible encore que celui qu'il s'était choisi pour dormir. A croire que la chaleur qui frappait ces montagnes assommait trop les bêtes pour qu'elles aient encore la force de sortir la nuit. Des jours qu'il n'avait rien rencontré, sinon un pauvre et unique lapin dont il viendrait bientôt à bout. Reniflant sans le moindre ménagement, il récupéra son unique arme et la glissa à sa ceinture, dans le dos. Un peu en dessous des hanches, de façon à pouvoir l'atteindre d'un simple geste sans risquer de s'ouvrir la cuisse lors d'une mauvaise chute. La lame que cet esprit des bois, comme il s'était un temps plu à l'appeler, était tranchante sans nulle doute. Mais elle manquait d'un véritable fourreau. Il n'avait jamais été de ceux qui ne partait pas en guerre sans ; comme aucun des Ceald. Ça n'était pas, chez lui, quelque chose de foncièrement répandu, au nord du mur. Plus bas, sans doute. Mais plus bas se tenaient des hommes aussi dociles et craintifs que des biches tandis que les femmes n'auraient su parler, boire, rire et chanter comme aucune de celles qu'il avait côtoyé. Dans les faits, elles étaient aussi faibles, sinon davantage, que les hommes qui peuplaient le Sud. A nouveau, il renifla, tuant de son dédain le silence tranquille qui régnait sur les flancs écharpés.

Se saisissant d'une brindille après s'être accroupi, il entreprit de fouiller les braises, à la recherche d'un éventuel foyer encore prêt à prendre. Mais après s'y être pris à plusieurs reprises, force était de constater que les cendres resteraient toujours aussi ternes et aussi grises qu'elles ne l'étaient. Rageur, il jeta la frêle branche, avant de se décider à partir. Puisqu'il était éveillé, et puisqu'il ne saurait allumer un second feu de camp, autant prendre de l'avance et rejoindre au plus vite les plaines qu'il avait pu distinguer les jours précédents. Il aurait, sans nul doute, bien plus de chances une fois en contrebas. Sans troubler cet état de petite mort qui refroidissait tout autour de lui, il récupéra ses trop maigres possessions. La nuit était noire, et le chemin dangereux. Les ravines serpentaient certainement, ça et là, alors que les versants plongeaient dans une obscurité mortelle. Qu'importe. Il n'était pas - plus ? - de ceux qui attendaient, et il n'avait de toute façon plus grand chose à perdre. Un peu de fourrure, une dague d'os, deux pattes de lapin et un peu de viande. En outre, il escomptait vivre et savait qu'il avait déjà affronté plus dur que ça jusqu'à présent. S'il aurait été purement et simplement incapable de dire quand avait commencé son exil (un an plus tôt ? Deux ? Trois ?) il aurait tout de même été capable de dire quels périples il avait du surmonter. Tant qu'il s'acharnait à rester prudent, tout devrait aller.

C'est donc précautionneusement qu'il s'engagea sur les voies qui lui étaient tout aussi inconnues qu'il n'était un étranger perdu dans ces landes dont il ignorait tout. Du nom jusqu'à la location géographique. Depuis le naufrage du vaisseau sur lequel il avait été contraint et forcé d’appareillé, il avait perdu l'essentiel de ses repères. Il était peut être à quelques lieux des côtes de Celves, comme il se trouvait peut être à des années de voyage. Tout lui était d'apparence si lointaine.

Sous ses pieds, le sol se fit instable. C'est à peine s'il eu le temps de grogner et de regretter que son esprit ne se tourne vers les terres qui l'avaient porté, qui avaient vu vivre et mourir ses aïeuls. Déjà, les éboulis se dérobaient. Sa main ripa contre la roche qui aurait pu lui servir de point d'ancrage, ne sachant le retenir. Plus que de chuter véritablement, il commença à glisser avec le reste des caillasses qui se détachaient de la paroi. Ses deux bras vinrent protéger son visage, tandis que son dos et ses jambes percutaient irrégulièrement l'aval de cette montagne solitaire, lui tirant un unique râle qu'il aurait pu avoir alors que les cuirs des mercenaires de Vaal'an lui saignaient le dos.

La plante de ses pieds finit par retrouver un sol dur, et non plus fuyant. D'instinct, il se jeta au sol. Ou alors était-ce son équilibre chancelant qui le précipitait ainsi contre la pierre ; tout allait encore trop vite pour qu'il ne puisse prétendre lui même comprendre : l'essentiel était qu'il s'éloigne un maximum du point de chute du reste de ce petit éboulement. Roulant aussi bien que faire se peut dans les conditions qui étaient les siennes, il s'abrita derrière un monticule en attendant que cesse le vacarme qu'il avait involontairement provoqué. « Faènn...— » Pesta-il dans un murmure, tandis que sur sa joue se dessinait une fine larme de sang. L'Occidentin poussa un profond soupir, avant se laisser aller. Bientôt, ses jambes se détendirent, son dos glissait contre la face poreuse du roc derrière lui, et le haut de son crâne vint y trouver un appui réconfortant. De tous les sièges qu'il avait eu loisir de tester, ça n'était vraisemblablement pas son favori, mais ça ferait l'affaire. Il faudrait bien, puisque de toute évidence, il n'irait pas plus loin pour la nuit. Ses yeux se portèrent partout aux alentours ; là où l'ombre n'avait pas assez d'emprise pour que son regard et la lueur de la lune ne puisse percer, à la recherche d'une quelconque source de bois, ou de feu. Les montagnes de chez lui abritait tant de pins qu'il peinait véritablement à croire que la végétation puisse ne pas exister ailleurs. Par tous les Wyrms, quelle était donc cette contrée qu'il foulait de la botte ?!

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Cecilia Iole Mentina


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(vide)

Le soleil commençait doucement à disparaitre à l’horizon pour laisser place à la lune. S’étant laissée surprendre par l’arrivée de la nuit, l’ambrée avait finalement décidée de s’installer sur un rocher pour observer le coucher du soleil. Elle n’avait pas eu le temps de se reposer ces derniers jours et un instant comme celui-là arrivait rarement. Pendant un instant, son regard se dirigea vers le sommet du mont du Péril, un lieu qu’elle ne connaissait pas beaucoup mais qui lui avait quand même laissé certains souvenirs. Elle se mit à soupirer puis ferma les yeux avant de baisser la tête : cela faisait depuis un moment qu’elle n’avait pas revu sa sœur et malgré toutes ses tentatives pour reprendre contact avec elle, elle n’avait pas pu la revoir. Une seule chose était sûre, le cygne noir était toujours en vie et elle en était certaine puisque son nom se trouvait toujours sur le bracelet qu’elle lui avait confié. L’alchimiste finit par se recroqueviller sur elle-même avant d’enfouir sa tête dans ses bras pour pouvoir se perdre dans ses pensées et se remémorer ce jour où elles avaient combattues ensemble et surmontées cette épreuve difficile.

Bougeant doucement sa tête de droite à gauche, elle finit par relever la tête avant d’observer à nouveau la lune qui était bien plus haute dans le ciel. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle se trouvait assise là mais au final, cela l’importait peu. Papillon d’Hiver ne semblait pas du même avis car il se posa sur le nez de la jeune femme, tentant par la même occasion de la faire revenir sur terre. Soupirant une nouvelle fois, la gerudo finit finalement par se lever et, sans attendre une seule seconde, descendit de son perchoir avant d’entamer directement la descente du mont du péril. Elle n’avait plus rien à faire dans cet endroit et même si le volcan était l’un des points les plus chauds d’Hyrule, les températures pouvaient être très basses la nuit sur la montagne et même si elle avait pris soin d'emporter avec elle son châle brun, cela ne pourrait pas la protéger du froid. Le papillon blanc accéléra la cadence pour pouvoir se réfugier dans sa sacoche, à l’abri de ce froid qui commençait à influencer ses petites ailes.

Alors qu’elle commençait à rejoindre le chemin menant au village Cocorico, un bruit sourd la stoppa net dans sa marche, comme un éboulement. Instantanément, elle se retourna pour s’assurer que cela ne s’était pas déclenché à proximité de l’endroit où elle se trouvait, au cas où elle devrait se protéger des rochers qui pouvaient aller dans sa direction. Rien n’arrivait dans sa direction mais cet éboulement ne pouvait pas s’être déclenché tout seul : il était fort probable qu’il y ait quelqu’un ou quelque chose sur la montagne. Se demandant ce que cela pouvait bien être, l’alchimiste décida d’aller s’aventurer dans cette direction. Qui sait, il pouvait y avoir une personne qui avait besoin d’aide ou bien un énième danger qui pouvait menacer le village Cocorico ou Goron.

Il ne lui fallut que quelques minutes pour arriver sur le lieu de l'incident. Le relief était devenu irrégulier, montrant qu'un pan de la falaise s'était effondré. Étrangement, le lieu était calme, bien trop calme pour l'ambrée qui commença à s'inquiéter. Elle regarda tout autour d'elle mais elle ne vit pas grand-chose à cause de la nuit, malgré la lumière de la lune.


"Est-ce qu'il y a quelqu'un ?"

Ce qu'elle venait de faire était risquée et elle le savait. Elle n'avait pas pu voir ce qui avait provoqué tout ce bazar et il se pouvait que le responsable soit toujours dans les parages. Mais elle ne pouvait pas négliger l'hypothèse qu'un villageois s'était aventuré dans les monts et qu'il serait blessé suite à cet éboulement. De toute façon, pendant qu'elle continuait de marcher et d'inspecter l'endroit, sa main droite était toujours à proximité du manche de l'une de ses dagues, prête à être dégainée si quelque chose s'en prenait à elle.


Lanre


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Ses doigts caressaient l'osselet qui faisait office de hampe à la dague qui sommeillait encore dans son dos, accrochée au dessus de son bassin. Il était drapé dans l'obscurité céleste, alors que Faal Krein avait décidé de laisser sa place à son frère. L'Etranger jeta un œil vers les cieux tandis que la roche continuait à camoufler le moindre de ses mouvements. La lune brillait peu ce soir, et sans doute ne saurait-elle plus éclairer ses pas maintenant qu'à l'époque de l'accident. Le Ceald porta néanmoins le poing sur son cœur, tant pour saluer l'Astre que pour implorer son pardon. « Bròn.. — », murmura-t-il, la main toujours appuyée sur le torse, et les émeraudes — ses fenêtres sur le monde et l'inconnu —  toujours perdues au fond de la nuit.

Une voix s'éleva, et il grinça des dents. L'os lécha le cuir, avide mais silencieux, tandis que sa poigne se fermait concrètement sur son coutelas. Jusqu'à présent sa volonté, son intention, tout était resté flou et évasif. Mais dès à présent, il lui semblait que l'ivoire vibrait de nouveau sous sa chaire, que sa force remontait l'ensemble de son bras. La main qui reposait sur son pectoral vint s'appuyer sur cette pierre si étrange, qu'il n'avait jamais eu ni à peindre, ni à tailler, ni à escalader. Ses genoux fléchis, ses muscles prêts à réagir, il redevenait cet animal traqué, dangereux. Il avança d'un pas, pour pouvoir glisser un regard et analyser un tant soit peu la situation. S'il n'avait entendu qu'une voix de femme, rien n'indiquait qu'elle n'ait aucun compagnons. Et puisqu'il n'avait pas compris son dialecte, mieux valait s'en assurer avant de se jeter à découvert.

La femme lui tournait le dos, et semblait aussi perdue qu'il ne pouvait l'être. Son pied gauche se posa au sol, sans rompre le silence qui régnait sur le mont solitaire, depuis l'effondrement qu'il avait provoqué. Et bientôt il trouva dans l'ombre d'une nouvelle roche sa seconde tanière. La nuit masquait son avancée et des années de chasse lui avaient appris à surprendre la biche comme à éventrer le cerf. Par dessus l'épaule et les gravats, le paria chercha la menace potentielle qui se profilait au travers de la silhouette. Elle ne lui paraissait pas avoir bougé, mais il préféra attendre, patienter, s'assurer et jauger le danger réel. Eïleen prétendait parfois que les loups continuaient à mordre, qu'importe qu'ils aient encore la tête sur les épaules, mais le fait était qu'il préférait encore garder la sienne vissé sur son cou.

Pour autant, il s'élança. Non pas comme un loup — jamais il n'avait prétendu en être un —, non plus comme un ours, cet animal que Berne affectionnait et admirait tant. Il n'avait rien non plus du faucon qu'Aaricia avait su attraper et maîtriser pour en offrir une plume à Olwenn. Non, il n'avait rien de tout ça, et pourtant sa main gauche monta à l'assaut, dès lors qu'il fut suffisamment prêt. Le vagabond avait su s'approcher suffisamment près pour lancer son bras et son poing droit sur la jeune femme. Ses doigts gagnèrent les lèvres de l'inconnue tandis que sa paume la bâillonnait rudimentairement. Du genou, il frappa, cherchant la colonne vertébrale. Si les Wyrms l'autorisaient, sans doute n'aurait-il pas à la tuer, tout juste à la laisser paralysée.

Ce qui n'empêcha pas sa lame de trouver le chemin de sa gorge. Son bras comme son cœur l'avait emprunté si souvent qu'aucun de ses pièges ne pouvaient plus rien contre lui. De nouveau il éleva la jambe, dans l'idée abattre son pied dans l'intérieur de l'articulation de son ennemi. Un homme qui ne peut plus marcher n'a plus grand chose de dangereux. Le fil de son arme entretenait une relation déjà intime avec le cou de l'inconnue, la pression s'accentua néanmoins. « Bàs ! » Souffla-t-il alors, avant de la pousser violemment vers l'avant. Sa dague ripa, du moins il lui sembla qu'elle ripait, tandis qu'il dégageait la gorge de la brune et que la main qui couvrait ses lèvres un instant plutôt venait désormais la jeter droit vers les débris de l'éboulement. Avec un peu de chance, le choc contre les pierres suffiraient à lui fracasser le crâne ; mais la tenue de voyage qu'elle portait lui apparaissait bien trop habillée et décorée pour qu'elle fut autre chose qu'une de ces femmelettes du Sud. Une de celles qui avait troqué l'épée pour le balais, opté pour la louche au détriment de la hache. Et si le couteau qu'il gardait au poing trahissait sa méfiance, il reconsidérait toutefois la menace. Son œil restait vif, autant qu'il lui était possible.