Un Visage Connu / La Fin de l'Ordre & Révélations

[privé with Ach]

Milieu de l'été - 2 ans 6 mois 3 semaines 4 jours avant (voir la timeline)

Eisuke


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(vide)

La vie de notre jeune ami venait de prendre un tournant. En devenant un assassin, Eisuke ne changeait pas pour autant de train de vie - il agissait toujours de nuit -, mais mentalement, il se découvrait. Cela faisait plusieurs jours déjà, et il avait déjà mit fin à l'éxistence de quatre personnes différentes. Et jamais tuer quelqu'un n'avait été aussi simple pour lui. La plupart du temps, il arrivait dans le dos, puis frappait le coeur. Sans remords, sans scrupules. La facilité avec laquelle il hôtait la vie de certaines personnes ne le dérangeait pas.

Sauf cette nuit là. Accompagné de Swann pour cette mission, le jeune homme n'avait pas eu qu'une ordure à abattre. Des témoins, innocents, avaient malheureusement vu son visage, et, sous l'impulsion d'une Swann autoritaire et décidée, il les avait fais passé à l'état de cadavres...
Même si sa coéquipière tenta de le réconforté en affirmant que c'était des risques à prendre parfois, il en restait touché, et c'est sûrement pour cela que peu de temps après, peut-être qu'une petite heure, on le retrouvait seul, accoudé au bar de l'auberge NuttyK, face à quatre verre vide.

Il n'était pas complètement abbatu, mais ça le travaillait. Il s'en voulait même un peu... Ça l'empêcherait de dormir, c'était sûr. Du coup il préférait s'alcooliser, seul, puisque le bar était vide. La plupart des gens étaient déjà partis dormir, et si le barman restait pour le servir, c'était avant tout car Eisuke était un habitué de l'établissement. Il le laissait donc, et s'occupait du rangement, de l'inventaire, etc...
Cinquième verre. Il tenait toujours debout.

Au moins, il aimait ce qu'il faisait. Il avait vraiment l'impression d'être revenu à sa place, parmi les siens. Même si des tensions persistaient avec Swann, ils arrivaient à travailler ensemble. L'Ordre était une bouffée d'air frais pour lui ; il trouvait enfin une activité à sa mesure.
Néanmoins, et c'était un détail assez amusant, le jeune homme repensait aussi à ce type aux cheveux verts, lorsqu'il était à la Citadelle Noire. Il lui avait proposé de venir à Rédemption d'Ambre, proposition écartée dans un premier temps... puis dans un second, il y avait réfléchi, à cause de ces innocents tués cette nuit. Eux, jamais ils ne feraient ça... Du coup le jeune homme avait l'impression que moralement, il ne pourrait pas les rejoindre.
Mais pas le temps d'y réfléchir plus : son verre était de nouveau vide.

" Met moi un autre Whisky " Fit il au barman, qui le lui servi dans la minute.


Lanre


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(vide)

Plus âme qui vive dans ce bar, et le voyageur décida qu'il était largement de décoller. Dehors la nuit était tombée depuis bien des heures, et sans doute l'astre lunaire brillait-il avec une intensité largement amoindrie, pour ne pouvoir percer parmi les quelques trous du toit de chaume.
La taverne qu'il avait choisi pour cette soirée n'avait rien à envier à la chaussée, en fait, et ce début de nuit n'avait point été fructueux pour le tourne-casaque. Et pourtant, il y avait à faire : les assauts qu'avaient pu subir la Nation Hylienne la laissait meurtrie. Quoi qu'il avait pu entendre de Ganondorf, c'était toujours pour parler d'attentats, de batailles, de défaites et de craintes.
Un instant, il avait songé à mettre son épée à la disposition de la couronne. Mais... A quoi bon s'aliéner à tel ou tel maître, là où il souhaitait plus que tout conserver sa propre liberté ? Le merçenariat était une sorte de solution hybride pour s'assurer pitance tout en conservant sa part d'autonomie.

Il se décida à attendre la fin de sa pipe, repensant un instant à Llanistar. Cet homme là lui avait donné le courage de ne point continuer. De stopper sa fuite pour au contraire cesser de vivre dans l'enclavement. Au nom de cette liberté par tant chérie, il ne pouvait continuer sa route pour l'Est et l'Orient. Karl le pardonne, il lui était désormais devenu impossible d'envisager ne jamais s'en retourner vers l'Ouest. Quelles nouvelles ? Quelles nouvelles de l'Ouest, depuis cinq cycles ? Il n'était aucun vent (aussi errant soit-il) venu lui conter quelques informations sur ses terres de coeur.
Dans l'âtre, et une fois de plus, moururent les braises. Lueur rougie mais faiblissante, alors que se taisait le feu.

Chose promise, chose due. Une fois le tabac en son entier consommé, l'Occidental se leva, et salua le tavernier d'un signe de tête, avant de se diriger droit vers le comptoir, un rubis bleu en main. Une unique pinte ne devrait point lui coûter bien plus cher, n'est-ce pas ? C'était, de toute façon, l'unique rubis qu'il possédait encore, et comme souvent il serait contraint de dormir avec pour seule couverture, les rayons d'une lune paresseuse.

Il arqua le sourcil. Au final, l'ingénu avachi sur le comptoir n'était pas encore ivre mort, puisqu'il fit doucement (mais suffisamment) claquer son verre sur le bois, en ajoutant d'une façon des plus pertinentes que celui-ci était vide. Il ne fallut pas très longtemps au bâtard pour poser un visage sur la voix. Quand bien même en voyait-il passer plusieurs, celui-là restait relativement récent.
Il lui était néanmoins plus ardu de se remémorer son patronyme. Un nom lui revenait bien, quelque chose comme Taka, mais l'Occidentin n'aurait pu jurer qu'il avait juste.
D'un geste du pouce et de l'index, il envoya voler la rubis droit des les mains du patron, avant d'assener une belle claque dans le dos du presqu'inconnu.

"Je doute que tuer ton foie soit d'une quelconque aide pour rayer des gens des listes, numéro XIII." Fit-il, légèrement narquois.


Eisuke


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(vide)

Le regard du Porteur du XIII était rivé sur son verre. Pour autant, est-ce qu'il le regardait ? Sans doute ne se rendait-il même pas compte de cela. L'alcool commençait à lui monter à la tête, à se mélanger à son sang, si violemment qu'il eut un haut-de-coeur soudain. Le jeune homme tenait plutôt bien, il le savait, mais il allait vite en besogne ce soir. Bien qu'en vérité, en l'état actuel, il ne savait plus grand-chose. Il était absent, totalement. Ses membres s'engourdissaient à grande vitesse, sans qu'il ne s'en aperçoive, tant son esprit était ailleurs. Il rêvait, les yeux ouverts ; parfois, il se sentait chuter en avant - alors qu'il ne bougeait pas d'un pouce en réalité -, et se redressait subitement. Cela marquait la fin d'une pensée, d'une idée. Mais une autre arrivait dans la seconde suivante, et c'était reparti pour un nouvel instant de somnolence alcoolisé.

Des images se bousculaient dans son esprit, et malgré la volonté de se concentrer sur l'une d'entre-elle, Eisuke n'y arrivait pas. Cependant, il savait ce qu'il voyait : les visages de ces innocents qu'il avait tué ce soir. Il revoyait l'épée qu'il plantait dans leur poitrine, pile au centre, avec force et précision. Il revoyait aussi Swann, sa jeune coéquipière de mission, l'incitant à en finir au plus vite, avec une autorité rare. Ou peut-être était-ce de l'énervement dû à une volonté de précipité leur fuite ? Le jeune assassin n'en était plus trop sûr... Il n'était plus trop sûr de rien, de toute évidence. Ses pensées allaient à droite, à gauche. Le temps semblait s'écouler vite et lentement à la fois. Il avait la nette impression de se concentrer sur quelque chose parfois, puis l'instant d'après, il avait oublié. Alors, il reconnaissait être fortement touché par la boisson, et se disait qu'il ne devrait finir son verre. Puis il oubliait. Repensait, seul. Une spirale infernale.

Il ne parvenait même plus à mettre un mot sur les sentiments qu'il éprouvait. Des remords ? Du chagrin ? De la colère ? Impossible à mettre le moindre mot, et d'ailleurs, qu'importe le mot qu'il mettrait, il l'oublierait tout aussi vite. Il était alcoolisé, point. Et puis... Bref. De quoi parlait-on déjà ? Décidément...
Puis soudainement, il se sentit tomber en avant. Il rouvrit les yeux, se réveillant pour la énième fois ; il se rendit compte que son verre était plein de whisky ; pourtant, quelque seconde auparavant, il lui semblait qu'il était vide, non ? A combien en était-il déjà ?
Une voix retentit dans son dos, résonna dans sa tête. Il n'entendit que la voix, mais ne comprit pas le sens de la phrase. Il se retourna alors lentement, faisant tomber son verre posé sur le comptoir - il ne le vit même pas. Il plissa des yeux plusieurs fois, les ouvrait en grand l'instant suivant. Et bien qu'il cru ne pas mettre beaucoup de temps à répondre, il avait au moins pris dix bonnes secondes pour rétorquer, d'un ton calme :

" J'suis pas Numéro XIII... Enfin, un peu, mais... Mon nom c'est Eisuke ! Rappelle t'en, voyageur-dont-je-ne-connais-le-nom-alors-que... J'me souviens de toi. "

Le ton sonnait faux. On sentait la difficulté à s'exprimer.
Il avait déjà vu cet homme auparavant ; au Lac Hylia ! Comment oublier une personne si sereine, pourtant menacée par une arme sous la gorge cette nuit-là ? Seulement le visage lui revenait en mémoire, mais pas le nom. Le lui avait-il donné, d'ailleurs, à un moment quelconque ?
Impossible de s'en souvenir dans son état.

" J'ai tué trois personnes aujourd'hui... Pas mal hein ? "

Pourquoi avait-il dis ça ? C'était sorti tout seul. Ce devait être impulsif, il lui semblait avoir entendu " tuer " de la bouche de son interlocuteur, et dans un soucis de réponse... Enfin bref. Penser devenait de plus en plus difficile, les haut-le-coeur plus nombreux. Son foie prenait cher, en cet instant, comme le lui avait lancé l'autre type.
Eisuke se savait dès lors très proche de la fin de son rêve alcoolisé. Il s'en rendait compte, une nouvelle fois, mais cette fois, il ne passa pas dessus.

" Eh voyageur... Tu peux m'accompagner dehors, mec ? "

Le seul moyen de ne pas oublier et de tout dégueulasser était d'en informer quelqu'un, normalement plus sobre. Car celle-ci n'oublierait pas aussi vite que lui...


Lanre


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(vide)

Clairement, le gamin n'était pas bien. L'Occidentin jeta un regard lourd de questions au tavernier. Sans être moralisateur, ou quoi que ce soit du genre, cependant : il ne s'agissait que d'une question. Par la barbe de l'Enchanteur, combien de verre avait pu boire le gamin pour se retrouver dans un état pareil ?
Un bref coup d'oeil au comptoir lui indiqua la nature de la boisson. Un whisky. Rien de plus efficace pour saouler vite est élégamment un jeune homme d'une corpulence moyenne comme celle-là qu'arborait notre fier Numéro Treize.
Il lui avait fallu un bon moment avant de répondre d'une voix mal assurée, puis d'enchaîner sur le nombre de ses victimes de la journée. Väals s'était bien douté que ces hommes du lac n'étaient pas des guignols, de là à en faire de véritables assassins (ou du moins, un vrai groupe soudé) et de là à en faire les mentors d'un gamin – car il était bien quelques cycles qui séparaient les deux hommes – il y avait un monde.

Le plus étonnant était sans doute qu'il n'avait jamais ouïe dire à propos de ces meurtriers. De quoi les discréditer, ou... Bien au contraire, les créditer. Quoi de plus impressionnant que la discrétion pour un ordre d'une telle ambition ?
Sans doute, cela allait de soi, le contexte les aidait à rester dans l'ombre. Une guerre d'une pareille ampleur (sans ironie, ou très peu.) laissait souvent la société désaxée de telle sorte qu'il était particulièrement aisé de faire disparaître un citoyen de plus. Pis encore, quand certaines rumeurs donnaient à Ganondorf le don d'ubiquité, et le rendait responsable de la totalité des massacres touchant Hyrule, fussent-ils effectifs au même moment. Quoi de plus simple, dès lors, que de maquiller un meurtre en crime de guerre ?

L'aubergiste décocha un regard à ce cher Taka que l'alcool lui épargna de voir. L'Homme de l'Ouest ne manqua pas de remarquer la main qui descendit sous l'épaisse latte de bois vernis qu'était le comptoir. Et dans le doute, il lâcha :


"Mon ami ne sait plus qui il est, tavernier. Je reviendrais demain avec de quoi te payer, mais pour l'heure il me faut le conduire chez lui." L'homme ne dit rien, et son regard resta insistant. Mais sa main reparut, vide de toute autre chose que d'un chiffon blanc, lequel lui servait à essuyer les verres.

Le néo-assassin lui même ne semblait pas avoir saisi ce que disait le tourne-casque : il proposa un instant plus tard de sortir, en compagnie du mercenaire. Il ne leur fallut que peu de temps pour se lever (ou du moins, il ne lui fallut que peu de temps, le XIII étant atteint d'une alcoolémie par multiple fois trop élevée...), mais le patron ne les lâchaient toujours pas du regard, essuyant doucement son outil de travail.


"Allez. Debout." Il avait désormais l'impression de ressortir la même rengaine qu'au Rusadir, croisé bien plus tôt. Dieu le garde, mais, en l'honneur de quoi se fourrait-il toujours dans les mêmes pétrins ?
Le bâtard posa ensuite son regard sur la porte, prêt à partir. Il savait dans son dos tant l'assassin que le tavernier, et un court instant, l'idée que pouvait se tenir derrière lui deux hommes si différents lui arracha un sourire discret mais narquois.
Mais les commissure de ses lèvres eurent le temps de se rétracter, et son visage celui de se faire de nouveau relativement austère. Il se retourna prestement, surpris par ce bruit de verre qui casse, pour trouver un aubergiste plié en deux et grommelant quelque chose (vraisemblablement un juron), alors qu'il tachait sans doute de ramasser les débris du verre. Sans réellement réfléchir, et son compagnon l'air toujours benêt tombé du ciel, à travers les nuages (quel heureux présage..!), il se saisit de celui-ci au poignet, avant de siffler un
"Viens..!" assez agacé. Il n'avait pas la moindre idée de ce qui venait de se passer, mais savait par expérience que c'était le genre de situation à fuir, comme il ne pouvait juger du degré de responsabilité de Taka dans cette affaire directe, au vu de son état. Ca n'excluait absolument pas qu'il soit l'entier responsable... Et énerver le tavernier n'était pas chose à faire, d'autant plus après pareille révélation.

Le Calicien eu tôt fait de tirer l'autre dehors, et loin. L'emmenant par quelques ruelles, en quelques minutes, ils s'étaient éloignés de cette auberge poisseuse (et par un beau hasard se rapprocher de cette maison close qu'il avait visité une fois, par le passé..!)


"Par Got, qu'est-ce qui te prends ? Lâcha-t-il, sans réellement savoir pourquoi il disait ça. Après tout il ne le connaissait pas, et il aurait tout à fait pu le laisser dans ses ennuis...


Eisuke


Inventaire

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(vide)

Qu'était-il arrivé au néo-assassin pour tomber aussi bas ? Si le garçon avait pu se voir, il se serait reconnu dans ce qu'il décrivait comme déchet ; ces ivrognes, pas capables de marcher plus de dix pas sans s'écrouler au sol, qu'il voyait sans cesse dans cette auberge. Peut-être se serait-il tuer, s'il avait été un brin conscient à cet instant. Mais la réalité, altérée par l'alcool et ses bienfaits, était bien différente de ce qu'il imaginait. Comme entré dans un rêve interminable, il se trouvait dans un tel état que dire s'il vivait l'instant ou non lui était impossible. D'ailleurs, dire la moindre chose lui demandait un effort terrible. Déjà était-il sorti de l'auberge par le Calicien qu'il en oubliait ce qu'il était venu faire ici. Que s'était-il passé, cette nuit ? Pourquoi cet homme le tenait-il par le bras ?

Il se ramassa deux, peut-être trois fois sur le sol terreux de Cocorico. Et toujours, cet homme dont il ne connaissait pas le nom le trainait, l'aidait à se relever lorsqu'il tombait. Il lui parla, quelque fois, du moins il lui sembla. Répondait-il ? Il l'ignorait. D'ailleurs, pour avoir un peu plus d'information sur la fin de cette nuit, il ne fallait pas chercher dans la tête du jeune assassin ; le lendemain, il avait déjà tout oublié.
Le spectateur lambda eut tout le loisir, lui, d'observer Acheleus plonger quatre fois la tête de son futur grand ami dans un bassin réservé aux chevaux. Dans la rue déserte, il rejeta le trop plein d'alcool par deux fois, soit par pression sur l'estomac, soit par simple indigestion. Le foi ne pouvait tout simplement pas le supporter, d'autant que l'Hylien n'était pas un grand consommateur d'alcool. Il était rare qu'il se laisse aller à de telles extrémités, lui qui était si attaché à son estime de soi.

Le fait qu'il oublia tout l'aida sans aucun doute à conserver cette même estime de lui-même le lendemain, malgré le profond mal de crâne dont il fut la victime. L'autre homme - dans un souci de bonne conscience ? - ne l'avait pas quitté. Partageant sa chambre la nuit, il discuta avec lui durant la journée toute entière, jusqu'en fin d'après-midi. Eisuke se devait de rejoindre l'Ordre, et Swann Villarreal, pour une nouvelle mission. L'heure des adieux entre les deux hommes ? En fait, non. Leur destin était tout aussi lié à ce moment de leur vie qu'ils avaient été seuls jusque là...

~*¤*~


Qu'était-il arrivé à l'assassin pour tomber d'aussi haut ? Que diable avait-il fait à la vie pour qu'elle lui réserve d'aussi terribles surprises ? Tout ce qu'il avait toujours voulu, ce n'était qu'une illusion. Peut-être n'avait-il simplement pas eu envie de le voir, sur le coup ? Pourtant, cela lui pendait au nez. Comme quelque chose de trop près pour qu'on puisse le voir ; l'Ordre des XV n'avait été qu'une façade derrière laquelle se cachait ses pires ennemis. Des guerriers, avides de pouvoir et de sang. Il s'en était douté, dans ses rêves les plus fous, mais jamais il n'avait voulu le croire jusqu'à ce qu'une jeune femme le réveille d'une belle claque en pleine figure. Une femme qui aurait tout aussi bien pu tout lui expliquer dès le début.
C'est la nuit de la mort de toute son équipe qu'il aurait dû déterré le piège. Au lieu de cela, il l'avait fui. Le fait de faire parti d'une telle organisation lui avait prodigué tellement de bonheur intérieur qu'il en avait oublié de raisonné par lui-même. L'épéiste, pourtant si malin par le passé, n'avait rien flairé. Alors, en plus de sa vue baissante, son odorat était lui aussi défaillant à présent ?

Merci pour tout, semblait-il déjà vouloir dire à son compagnon, d'un regard imperturbable. Car les deux compères arrivaient enfin à la fin de la Purge. La fin d'un long périple de plusieurs mois qui les avait vu se rapprocher tellement près, autant d'un point de vue idéologique qu'humain. Frères d'armes, pour certains. Eisuke se voyait avec lui comme des Revenants de l'Enfer. Pour revenir de là où ils s'étaient trainé, il fallait en effet avoir un brin d'immortalité en soi. Combien de fois avait-il sauvé la vie de son frère ? Autant que l'inverse, sans doute.
La main ferme sur la poignée de son katana ensanglanté, il pénétra dans l'antichambre du Diable, enjambant les cadavres des derniers serviteurs du Malin qui avaient tenté de lui barrer la route. Celle menant droit à la vérité. Les dernières réponses.

La traque avait débuté quelque mois plus tôt, au sortir de l'hiver. Si Eisuke avait massacré ses deux premiers ennemis en solitaire, le troisième sur sa liste avait failli avoir raison de sa précipitation. Mais comme dit précédemment, parfois, certains destins sont liés sans le savoir. Acheleus était un imperturbable, un homme d'honneur lui aussi. Un homme qui erre, et qui tombe un jour, puis l'autre, et l'autre également, sur son parfait complice.
En sauvant l'assassin de la mort ce jour là, les deux hommes avaient compris qu'Hyrule était leur terre de rencontre. C'est à partir de ce jour qu'ils ne se quittèrent presque plus. C'est à partir de ce jour qu'Eisuke lui expliqua la situation, et qu'Acheleus lui fit la promesse de venger une mère qui n'avait pas eu la chance de pouvoir élever ses enfants plus de huit ans...

Restait alors à trouver la tête de l'organisation. Le cerveau. Le numéro I de l'Ordre. Pour le trouver, il fallait remonter jusqu'à lui par les racines, en éliminant d'abord celui qui avait trouvé les mots pour convaincre le jeune homme de s'engager avec ces hommes malhonnêtes : Bakar Saal. Ce combat, Eisuke le mena seul, comme s'il avait une revanche à prendre sur cet homme qui l'avait trompé. Celui qui l'avait manipulé. A aucun moment l'ancien soldat ne rééquilibra le combat. Une véritable boucherie.
Ce fut alors au tour du Numéro II. Incconu du bataillon jusque là, le co-fondateur fut sans doute le guerrier le plus difficile à trouver. Et à vaincre. Puisants dans leurs dernières ressources, le Calicien et l'Hylien allièrent puissance et détermination pour venir d'un ennemi plus puissant que les deux hommes réunis. Un guerrier au style très particulier, et à la culture étrange également. Dans ses derniers instants de vie, il révêla, par honneur, où se trouvait le dernier de l'Ordre. Le Survivant. Un homme qu'il n'avait vu qu'une seule fois dans sa vie, et qui donnait ses ordres à distance.

Aucun nom. Aucun visage. Eisuke ne savait pas sur qui il allait tomber face à face. En entrant dans la caverne - située non loin en dehors du village Cocorico -, il souhaitait avoir les dernières réponses à ses dernières questions. Des questions soulevées par une nouvelle grande amie, là aussi.

" Swann... Merci de m'avoir ouvert les yeux... " souffla-t-il, une larme montant à son oeil gauche sous l'émotion. Puis, se tournant vers son complice : " Tu as le droit de faire demi-tour maintenant, Acheleus. Tu m'as déjà assez aidé comme ça. "

Non sans un sourire amical, bien sûr. Il l'avait retrouvé, ce sourire qui lui allait si bien. Grâce à eux.


Lanre


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(vide)

Grognement sourd. Un début de barbe dévorait les joues du Calicien, tandis que ses cheveux sales lui retombaient sur le crâne. Ses dents crissèrent, mâchoire serrée. Ses yeux arpentaient tant bien que mal le noir qui régnait en maître sur les lieux. Maudits soient les Dieux ! Pourquoi fallait-il toujours que ces gens là, leaders de quelques organisations aux desseins souvent bien sombres, se donnent autant en spectacle ? La logique même le voulait : aucun oeil humain ne pouvait percer ce mur opaque formé par l'absence de lumière.

"Attends une seconde." Grommela-t-il d'un ton qui trahissait sa mauvaise humeur. Il ne savait pas où se situait précisément son ami, le noir complet l'empêchait de le distinguer quoique ce soit se situant plus loin que son nez.
Sa main se porta à la sacoche qui l'accompagnait en permanence. Il en tira une longue pipe de bois – faîte pour le tabac – qu'il cala entre ses dents, avant de la bourrer d'herbes à fumer.
« Bordel..! » Lâcha-t-il, la voix étouffé par le fait qu'il dusse garder l'instrument entre ses mâchoires, alors qu'il sentait un peu d'havanne lui filer des doigts.

Un instant plus tard, la Caverne s'éclaira d'une faible lueur : celle d'un copo de bois embrassé après un frottement intempestif. Väals n'eut pas besoin d'un instant de plus pour allumer sa pipe. Si le feu n'était plus, dormaient encore les braises rouges dans l'âtre. Il inspira, inhala. Il se savait faible. Incroyablement faible : des mois qu'il n'avait plus la moindre once de Balphas, et son organisme ne cessait de le lui rappeler. De toute évidence, il finirait pas en crever. Il n'était pas un jour où il ne faisait pas un malaise, pas un instant où il ne se sentait défaillir. Pas une semaine sans qu'il crachât son sang, sans qu'il n'éructa tripes et boyaux. Mais ça, nul ne le savait. « Montres toi faible, et tu seras dévoré. » Et tout impuissant qu'il était, il ne désirait certainement pas finir avalé. Foutu instinct de survie, ne put-il s'empêcher de penser. Le fait était pourtant clair, il était d'ores et déjà condamné. Pourtant il ne concédait rien : ni cette implacabilité, ni ce caractère stoïque. Pas même ne se résolvait-il à accepter la défaite. Il était mort et refusait d'y croire.

L'acier fut rapidement tiré
. « Allons-y, cracha-t-il, presque impatient entre deux bouffées de tabac. J'en ai plus qu'assez. »

Il ramena son arme au plus près de son visage, ne la tenant qu'à une main. Épée bâtarde – à l'instar de son propriétaire –, rouillée et volée à une victime, durant l'une des batailles dans les confins du Westingale, pour la protection d'Ibanos – quelque ville perdue dont vous ne connaissez rien –. Elle même se trouvait être en fin de vie, mais ne luisait pas moins d'un éclat particulièrement inquiétant, miroitement rouge du aux cendres. Quoi de plus dangereux que celui qui se sait condamné, après tout ?


Eisuke


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(vide)

Eisuke le savait pas au mieux de sa forme. Il le voyait bien ; après tout, qu'est-ce qu'un frère incapable de comprendre son frère ? Plus le temps avançait et plus son compagnon s'affaiblissait. Mais il n'était nullement question de montrer son inquiétude. Il le connaissait bien, et il savait que le Calicien était déjà d'assez mauvais humeur comme ça. Tout comme il savait qu'il ne supporterait pas d'avoir le sentiment que son ami le prenne en pitié. Alors l'assassin ne dit rien, se contenta d'attendre qu'il allume sa pipe.
Le garçon était tout de même bien peiné de le voir dans cet état. A en croire que les deux hommes n'avaient pas le droit d'être en bonne forme en même temps ! Il se rappelait bien ce jour, à la taverne. Qui était le plus piteux, à l'époque ? Les rôles s'étaient inversés, alors qu'Eisuke retrouvait petit à petit son goût de la vie. Il avait sorti la tête de l'eau, grâce à un homme et une femme. Une femme qui n'était pas là aujourd'hui. Ce n'était pas son combat, après tout. C'était celui de deux guerriers unis par des liens d'amitié que même la Faucheuse n'aurait pu trancher.




Quelques mois plus tôt...


La lame de son arme menaçait de lui trancher le gosier. Une fine goutte de sang la longea, pour mourir contre le pommeau. Pourtant, la jeune femme ne bronchait pas. Avait-elle déjà eu la moindre réaction faciale, d'ailleurs, en y repensant ? Jamais le garçon n'avait pu en apercevoir sur elle. Jamais elle n'avait trahit la moindre émotion. Il n'y avait que de la haine, que du noir dans ses yeux. Eisuke n'y avait jamais vu que de l'autorité. Néanmoins, il avait toujours su que cela cachait quelque chose.
Ce n'était pas elle qui l'amenait ici. Ce soir là, il venait chercher des réponses chez la seule personne qu'il savait vraie dans le choix de ses mots. Swann Villarreal n'était pas une menteuse. Du moins pas avec lui. Si effectivement elle retenait quelque chose à son égard, le moindre mot qu'elle lâchait transpirait de vrai. C'était sûrement pour ça qu'elle évitait de lui adresser la parole. Elle ne pouvait pas lui mentir.

" Tu te décides ? " Siffla l'assassin, toujours plus menaçant à chaque instant.

" Et toi ? "

Menaçant, mais pas assez finalement. Le jeune homme ne savait plus trop quoi faire face à elle. Même dans une telle situation, elle se refusait encore à passer aux aveux. Redoublant de provocation, il savait qu'il ne la ferait pas plié. Il savait qu'elle savait. Il ne passerait jamais à l'acte.
D'un coup sec, il tira son épée. D'une extrême précision, il ne fit qu'effleurer la gorge de son otage. Deux choses lui apparurent alors ; deux choses qui l'étonnèrent. La première fut le sourcillement de la jeune femme. Presque imperceptible, il ne lui avait pas échappé. Mais plus étrange encore : il sentit son coeur battre plus fort, sur l'instant. Inconcevable, mais vrai : il s'était fais peur lui-même, d'un geste qu'il avait effectué sur tellement de ses ennemis pourtant.

L'avait-elle remarqué ? Pas le temps de montrer ses états d'âme !

" Dis-moi ce que tu sais ! MAINTENANT ! " Lâcha-t-il sauvagement en l'agrippant par les cheveux, et de lui baisser la tête de force. Il perdait son calme.




" Allons-y. J'en ai plus qu'assez. "

L'Hylien était assez d'accord, ils n'avaient que trop traîné. Sans attendre plus longtemps, le duo s'engagea dans le dédale de souterrain de la caverne. On n'y voyait pas grand-chose, pour un homme aux yeux non-habitué aux ténèbres. Mais ce n'était pas le cas de l'assassin aux yeux d'or, qui tel un chat, parvenait à se guider dans un noir presque absolu.
Le chemin était long, et silencieux. Seuls les souffles respectifs des deux compères et le bruit de leur pas rythmait une marche pénible. Pénible car les appuis étaient difficile, le sol épineux et dangereux. Plusieurs fois le gamin s'écorcha un genoux ou une jambe. Mais c'était comme s'il ne s'en rendait même plus compte. Déjà, il avait cessé de dire le moindre mot. Son souffle était court ; le coeur battait vite. Et cette marche, qui dura une bonne dizaine de minutes, lui parut une éternité. Car au bout, il allait enfin savoir qui tirait les ficelles depuis le début, et surtout dans quel but. Il ne pouvait pas croire un seul instant que l'objectif de l'Ordre des XV concernait Hyrule une seule seconde. Il ne pouvait croire à ce discours de Bakar Saal, l'ex-Numéro III. Sauf si lui aussi, il avait été trompé... ?

Les deux hommes débouchèrent en plein air, dans un lieu visiblement peu connu et peu fréquenté. Eisuke lui-même, grand explorateur d'Hyrule dans sa jeunesse, n'avait eu aucune connaissance de pareil endroit jusqu'à ce moment. Vu la chaleur, malgré le soleil couchant, ce devait être un passage vers le Mont du Péril. L'assassin transpirait. Peut-être plus d'excitation qu'à cause de la chaleur... Qu'importe. Il savait qu'ils étaient arrivés là où se trouvait son ennemi.
Il regarda autours de lui, toujours sans un mot. Eisuke et Acheleus n'était ni plus ni moins que dans une arêne, assez grande pour contenir une centaine d'hommes sans aucun problème. L'étrange sensation que tout cela n'était qu'une mise en scène le ténaillait. S'étaient-ils jeté dans la gueule du loup ?
On ne piège pas un Traqueur. Bien au contraire. Au nom de Rédemption, il ne pouvait pas tomber dans un piège qu'il aurait pu concevoir lui-même de toute pièce. En attendant l'apparition de l'ennemi tant redouté, il s'imaginait déjà bon nombre de traquenard qu'il aurait pu mener en pareil endroit. Sûr qu'ici, en moins de deux minutes, il aurait pu exterminer une vingtaine d'hommes bien entrainés, seul. Pourquoi diable le Numéro I s'était-il enterré ici ?

Des bruits de pas résonnèrent, par l'entrée opposée par laquelle le duo était arrivé. Lui. C'était lui. Il arrivait. Les poils hérissé, tous ses sens en éveil, le garçon guettait le moindre mouvement. Déjà, il ne respirait plus. Le Temps lui-même s'arrêtait. Il ne percevait plus aucune sensation, plus rien. Seulement ces bruits de pas progressant vers le duo à un rythme lent et sacadé.
Une fine silhouette apparut. Un homme grand, pas épaix. Il boitait, marchait avec l'aide d'un bâton. Quelque chose frappa alors le jeune épéiste. Ce fut comme une claque ; l'aura ! L'aura que cette homme dégageait lui était familière. Il connaissait cette sensation !
Avant même qu'il n'aparaisse totalement, Eisuke avait compris. Ou plutôt, non, il ne comprenait pas. Comment était-ce possible ? Cet homme... Cet ennemi tant recherché depuis de si longs mois n'était autre que son ancien...

" M... Maître ? " Bégaya-t-il à peine, sous le coup de l'étonnement.


Lanre


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(vide)

Il arqua le sourcil. Par la barbe de l'Enchanteur, il en avait assez de toute ces mises en scène. A quoi donc tout cela rimait ? La peste prennent ces fous mégalos. Qu'il s'agisse de ce Numéro I, de Ganondorf, ou encore de l'Ystar comme du Roy, il en avait plus qu'assez. Par les Dieux, pourquoi les hommes étaient-ils doués d'une telle ambition, et d'un tel besoin de reconnaissance d'autrui ?

Une arène. Rien que ça..? Le Calicien n'y trouvait comme seul avantage que l'éclairage naturel qui y régnait. Au moins pouvait-il y voir quelque chose sans avoir à s'éclairer avec sa pipe. Grâces rendues aux étoiles et à Artémis, Déesse des Chasseresses et de la Lune.
Il patienta, alors, tirant sur l'instrument, avant de cracher quelques ronds de fumés bien sentis. Cela allait de soi, il était normal d'attendre un temps aléatoirement long avant l'arrivée de ce genre d'hommes. Il l'avait si souvent constaté, et si souvent il s'en était agacé.

Enfin, l'ennemi daigna venir à eux. Une seconde fois, il arqua le sourcil : l'injonction, le questionnement (le ton tenait à la fois des deux, tant il transpirait la surprise) d'Eisuke le força à se retourner sur son compagnon.
« Qu'est-ce que...? » Grommela-t-il, dans sa barbe, avec un regard inquisiteur (et franchement pas de bonne humeur) pour son ami. « Qu'est-ce que tu fous..? Bouge ! »

Acheleus se jeta sur l'assassin, le bousculant sur la gauche d'un coup d'épaule bien rude. Il n'avait le choix : c'était ça ou le laisser se faire trancher en deux.
Il para tant bien que mal l'acier qui s'effondrait sur son avant-bras. Il grogna, sous la douleur, alors que le katana pénétrait sa chair sans la moindre vergogne. Sa pipe tomba, et d'un coup de pied largement indélicat, il l'écarta vers Eisuke, espérant que celui-ci comprendrait quoi en faire.
Svelte. Austère, aux cheveux noir-corbeau. Glabre, l'air sévère, les yeux déterminés. Le regard du bâtard plongé dans celui de l'ancien précepteur de son ami, il ne vit pas venir les deux doigts qui le frappèrent aux yeux.

Il hurla. La chance qu'étaient ces réflexes, il avait jeté ses paupières en un voile de protection aussi fin qu'il n'était solide. Il avait déjà perdu un oeil par le passé, et savait cette expérience trop désagréable pour être renouvelée.

La main sur les yeux, les paupières closes, le bras en sang, la pipe et l'acier perdu, il fut contraint de reculer, le dos courbé.


Eisuke


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(vide)

Eisuke était déjà K.O., alors que le combat contre son plus grand adversaire n'avait pas encore commencé. Le Maître. Celui qui lui avait tout enseigné, tout appris. Cet homme, ce guerrier, qui lui avait montré la façon de se servir d'une arme ; il l'avait sorti de la misère dans laquelle il était empêtré avec Lira. Il lui avait fais découvrir son fameux élément ténèbreux, l'avait aidé à s'en servir, à développer ses techniques. Il l'avait aussi aidé sur le plan mental ; sa façon de penser, d'aborder les évènements... L'ex-voleur l'avait pris en modèle. Il avait toujours représenté ce père qu'il n'avait jamais eu. Alors, forcément, comment imaginer que celui qu'il pensait être la pire des ordures était aussi celui qui représentait depuis toujours son modèle ?
Il en restait pétrifié. Le temps n'avait plus d'impact, et il ne remarqua pas qu'il défilait. Il ne remarqua pas que cet homme avait lâché son bâton ; il fonçait sur lui, la lame pointé sur son coeur. Il ne sentit pas non plus la poussette de son ami, qui le sauva de justesse. Tout allait trop vite. Beaucoup trop vite. Autant physiquement que mentalement, il bouillonnait d'incompréhension, de déception, et de haine.




" Dis-moi ce que tu sais ! MAINTENANT ! "

" Arrête ! Eisuke, laisse-moi, je n'ai rien à voir avec tout ça ! "

" Avec quoi ?! Parle ! "

" Mais que veux-tu que je te dise ?! "[/b]

Elle le prenait pour un imbécile, et l'assassin n'aimait pas ça. Surtout pas quand cela concernait son passé. Elle savait des choses qu'elle ne voulait visiblement pas lui révéler. Mais elle ne pourrait pas nier plus longtemps, tant il savait se montrer extrêmement convaincant dans ces moments. Le tout était de ne pas trop lui faire de mal ; déjà qu'il n'aimait pas frapper une femme, il avait encore plus de difficulté à faire ça à elle. Il la respectait. Sans trop savoir pourquoi, il la respectait.
Mais sa patience avait des limites, et les nerfs à vif, on oublie rapidement tout sentiment positif. On se laisse entrainer par la colère. Et c'est bien ce qu'il fit, en envoyant Swann dans le mur. Sa tête cogna fortement, et elle tomba à genoux, avant qu'Eisuke ne l'attrape à la gorge et ne la redresse, face à lui. Le sang coulait, le long de son visage, sur sa droite. L'arcane sourcilière semblait ouverte. Et Swann ne bronchait toujours pas, ou à peine...

Cette vision perturba totalement le jeune homme. La même qui serrait fermement la gorge de son ex-équipière n'était plus aussi ferme, justement. Il tremblait, de peur d'avoir été trop dur. Ce genre de moment, où l'on se rend compte de la portée véritable, des conséquence d'un geste d'humeur. Et dire qu'elle ne disait toujours rien, qu'elle ne montrait toujours rien. Elle avait simplement les yeux fermés, comme pour intériorisé la douleur qui la ténaillait. Quel courage. Quelle femme. Comment ne pas respecter un tel comportement ?

" Dis-moi... Swann. J'ai besoin de savoir... "

C'était un peu dur, pour lui. Il se sentait comme impuissant face à elle. Il se demandait pourquoi elle n'essayait pas de se débattre. Pourquoi elle ne levait pas la main sur lui, alors qu'elle en avait eu l'opportunité à plusieurs reprises. Que de remords, pour un jeune garçon aussi sûr de lui habituellement. Mais il avait comme l'impression qu'elle ne lui laissait pas le choix.
Quelques secondes passèrent, il décida de sortir son va-tout devant le mutisme de la jeune femme. Ce qui avait tout changé ; sa vision des choses. Ce qui l'avait fais tiquer, tout simplement. Ce qui le poussait à venir la voir, elle, pour qu'elle lui explique.

" Regarde... " souffla-t-il, dérangé de devoir regardé le visage couvert partiellement de Swann ; presque dégouté, même. " J'ai trouvé ça hier soir en fouillant dans tes affaires. "

Elle ouvrit un oeil. Puis l'autre, lentement. A peine eut-elle vu le papier qu'il tendait qu'elle laissait échapper un soupire, et que son regard tombait sur le sol. Elle avait compris ; elle ne pouvait pas lui cacher la vérité plus longtemps. Et comme pour la relancer, l'inciter à enfin lui répondre, le garçon renchérit, calmement :

" C'est une lettre écrite il y a 12 ans par une mère pour son enfant qui porte mon nom. Elle demande à ce que je revienne auprès d'el... Auprès d'elle... " bulbutia le garçon.

L'émotion le gagna alors. Rien que prononcé ces mots, cela lui avait fait du mal. Il ne pouvait résister. Sa poigne se déserra, jusqu'à ce que sa main retombe ; et sa tête tomba contre l'épaule de la jeune femme.

" S'il te plait... Je t'en supplie... "

Il pleurait à chaudes larmes. Lorsqu'il avait trouvé cette lettre, il ne l'avait pas fais, peut-être car il ne voulait pas le faire seul. C'était comme s'il avait attendu de se retrouver avec Swann, pour tout lâcher d'un seul coup. Toutes ces larmes... La jeune femme en avait la boule au ventre. Ses yeux se radoucirent. Elle ne bougea pas. Contrairement à lui, elle avait déjà pleuré tout ce qu'elle avait pu, par le passé... Elle le comprenait. Plus que n'importe qui d'autre.
Délicatement, elle passa une main dans le dos du jeune assassin, l'autre derrière sa tête. Puis elle ferma les yeux, et souffla :

" C'est compliqué... "




Le katana sous la gorge. Il ne répondait pas, ne ougeait toujours pas. Eisuke ne pouvait cette fois pas être sauvé par son compère, trop touché, déjà, en quelques mouvements. Son ancien maître n'avait vraissemblalement rien perdu de ses capacités au combat. Peut-être même s'était-il améliorer, allez savoir. Il ne pouvait pas s'en rendre compte lui-même, tant il n'arrivait pas à esquisser le moindre geste. Et il allait bientôt payer le prix cher son manque de réaction. Mais il tombait de trop haut pour remonter la pente. Il ne comprenait pas. C'était comme à chaque fois : lorsqu'il pensait aller trouver des réponses, il arrivait avec toujours plus de question en voyant ce qui l'attendait. Un vrai manque de chance.
C'était le drame de sa vie.

" Je t'ai connu plus réactif, gamin. Qu'est-ce qui t'arrive ? "

Le puissant poing de l'ancien soldat le tapa en pleine tête, et le fit choir au sol. Eisuke ne parvenait toujours pas à réagir, malheureusement. A peine parvint-il à chuchoter ce mot. Signe d'incompréhension totale.

" Pourquoi... ? "

Un rictus amusé s'imprima sur les lèvres du maître.

" Forcément, il fallait que j'en arrive aux explications. "

Le guerrier releva le menton du gamin, du bout de sa lame. Toujours éfondré par terre, Eisuke ne parvenait pas à réaliser. Il était mentalement détruis, plus que le soir de la trouvaille de la lettre de sa mère. Plus que le soir où il s'était laissé aller contre l'épaule de Swann. Il se demandait comment il avait pu en arriver là, pourquoi la vie lui jouait-elle un tour aussi terrible. Et c'est dans cet état là, presque désemparé, presque sans plus aucune envie de vivre, qu'il écouta les paroles de cet homme. Son modèle. Du moins, il l'avait cru jusqu'à cette heure fatidique, tournant de son existence.

" Pauvre enfant... C'est terrible de t'impliquer là-dedans. Je t'aimais bien, pourtant. Dis toi que rien n'est de ta faute, que tu n'as simplement pas eu de chance d'être né ainsi : destiné à souffrir. Dis toi aussi que tu as quand même sauver les meubles, mine de rien. "

Il jeta un coup d'oeil vers le Calicien pour s'assurer qu'il ne l'interromperait pas. Il ne pensait pas qu'Eisuke viendrait accompagné, lui pourtant si solitaire depuis toujours. Ca n'était pas d'une grande importance ceci dit ; tout son plan avait - presque - fonctionné à merveille. Ne restait plus qu'à le finaliser. S'assurer de sa réussite complète.

" Tout commence il y a bien des lunes, mon ami. Mon père, général en d'autres terres qui te sont inconnues, était un héros de guerre. Il m'apprit tout ce que je sais ; tout ce que je pu te transmettre. Il était décris par ses ennemis comme redoutable, immortel et invincible. Une légende vivante qui ne connaissait pas l'échec. Il inspirait un peuple entier à la révolte, et faisait face aux légions du Mal. Il réussissait tout ce qu'il entreprenait. Adulé par des milliers de personnes sur les terres qu'il avait conquis et libéré, il ne connaissait pas l'échec. Mais tout bascula en entrant sur ces terres degueulasses. Ce que tu appelles le Royaume d'Hyrule. "

L'épéiste recula de quelques mètres, trainant des pieds. Comme si cette époque le tracassait encore, il se retourna ; le visage crispé, peut-être. Un brin de tristesse aurait peut-être pu se lire dans ses yeux. Mais Eisuke se reconcentra bien vite sur les mots plus que sur le faciès.

" Il n'était pas venu ici en soldat conquérant, mais el et bien seul, à la quête de quelque chose que j'ignore encore. Il y rencontra une femme, plus jeune que lui d'une dizaine d'année. Ta mère. Il en tomba éperdument amoureux, mais contre toute attente, elle repoussa ses avances. Elle n'était jamais satisfaite de ce qu'il lui proposait, et il en perdit la tête. L'homme si sûr de lui habituellement devint faiblard. Il perdit la volonté. Il se refusait à lui faire du mal, la trouvant sans doute trop belle. Mais ce n'était qu'un voile ! La vraie personnalité de cette femme était éxécrable. Une traînée, une pauvre femme sans dignité vendant son corps dans les bordels d'Hyrule ! Et alors que Père voulait l'aider à devenir meilleure, elle le rembarra ; qu'est-ce qui n'allait pas, chez elle ?! " L'ancien soldat serra le poing fermement. " Tu n'as pas idée de ce que cela fait de voir son héros faiblir. Je ne sais toujours pas comment elle a fais pour lui voler le coeur. Il l'aimait. Je ne saurais trop dire pourquoi, mais il l'aimait. Et il ne supporta pas cet échec... Il perdit la vie ; la raison perdue dans son chagrin, il se laissa tuer par des bandits. Je ne lui ai jamais pardonné son manque de volonté. Tout comme je n'ai jamais pardonné à ta mère. "

Il se tourna, et reprit d'un ton beaucoup plus assuré, plus sec. Presque menaçant, tandis qu'Eisuke parvenait petit à petit à digéré l'information qui l'avait mis si mal. Mais il lui fallait encore trouver la force de se relever, ce qui était loin d'être fait. Comme à son habitude il préféra se concentré sur ce qu'il pouvait faire en cet instant : écouter.

" Avec la perte de mon père, je perdais tout simplement de vue les traces que je voulais suivre. Je mis du temps à remonter la pente. Je décidais d'abord de quitter mes terres, de voyager. Et après de multiples chemins parcourus, j'arrivais en Hyrule. J'ignorais encore de quoi mon père était mort à ce moment. Mais je ne mis pas trop de temps à comprendre, lorsque j'entendais dans une taverne parler d'un grand guerrier venu en Hyrule, dont la description correspondait parfaitement à mon père, tant physiquement que moralement. Là, j'appris toute l'histoire. Et je décidais de me venger. Sauf que je ne pouvais pas simplement tuer ta mère. Il fallait que la fasse souffrir plus que n'importe qui d'autre. Que je lui vole son coeur comme elle avait volé celui de mon père. "

En parlant de coeur, celui d'Eisuke battait beaucoup plus fort tout d'un coup. Comme s'il réagissait à l'histoire que l'épéiste contait. Posant une main sur le plexus, il tenta de reguler sa respiration ; rien à faire. Et son ennemi continuait, toujours d'un ton plus dur que l'acier.

" Apprenant qu'elle avait eu deux enfants - des batârds sans doute, elle préférait visiblement cela à un sang plus pûr et noble -, je la retrouvais. Ainsi que toi, Eisuke. Et ta soeur, à peine plus âgée que toi d'un ou deux ans. Vous n'étiez que des bébés. Alors une idée me vint en tête... Je décidais de fonder l'Ordre des XV, réunissant les guerriers les plus détraqués, puissants et aussi stupides, afin d'avoir un parfait contrôle sur eux. Je préférais manger ma vengeance dans un plat chaud, bien saignant, tu comprends ? Cet confrérie n'était qu'un instrument que je comptais sacrifier bien des années plus tard. Et alors, j'allais voir ta mère, qui avait bien trop peu de sous pour te nourrir suffisamment avec ta soeur. Je lui proposait une aide financière, en échange de quoi je prenais les enfants à ma charge pour les instruire. Le jour où je suis venu vous chercher fut le dernier où elle vous vit de ses yeux. "

L'assassin se raidit à cette phrase. Son coeur lui fit mal, d'un seul coup. Ses douleurs habituelles, celles qu'il ne pouvait expliquer. L'ancien soldat, lui, poursuivait son récit sans s'interrompre.

" Il fallait alors faire un choix. Quelque chose devait être fait à présent pour que ta mère puisse souffrir autant que j'ai souffert. Mais il fallait aussi que ses gosses en pâtisse. J'imaginais alors mon plan, et le mettais en route le jour où je reçus une lettre de ta mère, me disant qu'elle arrivait pour récupérer ses enfants. Lorsqu'elle arriva, je lui arrachais à pleine main son coeur encore palpitant, devant ses yeux. Sa dernière vision. Ses derniers instants de vie. Et alors, je te choisis tout sépécialement pour accueillir le plus beau des cadeaux qu'une mère puisse faire à son enfant. "

Il sourit à pleine dents, tandis qu'Eisuke écarquillait les yeux de peur de n'avoir que trop bien compris ce qu'il voulait dire.

" Oui, Eisuke... J'ai implanté le coeur de ta défunte mère en toi ! "

Le garçon en resta bouche bée. Cet homme... Comment cet homme avait-il pu faire quelque chose d'aussi horrible ?! Comment avait-il pu imaginer pareil chose ?! Eisuke vivait un véritable cauchemar ce soir-là. Il n'en revenait pas, et cela lui coupa subitement le souffle, tandis que son coeur s'emballait et prenait un rythme sacadé. Comme si... Comme si il pleurait. Les douleurs furent alors plus atroces qu'à aucun moment jusqu'ici, et il rejeta une flaque de sang par le nez et la bouche. La main sur le coeur, il essayait de le contrôler, mais rien à faire ; il avait mal, terriblement mal.
Et il ne pouvait dire la moindre chose. En fait, il n'y avait rien à dire. C'était tout simplement une sensation horrible. Sentir le coeur de sa propre mère battre en lui... Cela lui faisait bien plus mal psychologiquement que moralement.

" Dur à avaler, n'est-ce pas ? C'était toi ou la fille. Bref, reprenons. Tu vas t'en remettre, aller... "[/b] Railla-t-il, finissant alors son récit, l'histoire la plus malsaine qu'ait pu entendre le garçon. " L'Ordre des XV vous entrainait alors, avec ta soeur. Je souhaitais vous contrôler, vous manipuler. Vous faire souffrir sans que vous ne vous rendiez compte que c'était moi qui vous faisais tant de mal. Mais... Je faillis perdre le contrôle. Ta soeur te souhaitait une plus belle vie que celle d'un assassin. Alors elle t'effaça la mémoire, par la magie, et t'emmena en lieux sûr. Je pensais t'avoir perdu à jamais. Mais je te retrouvais, par chance, cinq ans plus tard, dans un piteux hôtel. Ne me restais plus qu'à rattraper le temps perdu : t'entraîner, et te faire revenir petit à petit vers l'Ordre. Puis je t'amenais tout doucement vers moi. Je savais que tu parviendrais à me rejoindre. Le dernier acte s'écrira dans les instants à suivre. "

Il pointa son arme en direction du jeune homme, sans que celui-ci n'esquisse le moindre geste. Trop affaiblis par tant de révélation. Beaucoup trop... Trop de claque en pleine gueule, et alors qu'il avait peut-être sentis un peu de force pour se relever quelques secondes avant, il était de nouveau terrassé par la vérité.

" Voici le choix que tu dois faire, garçon : mourir de ma lame, mettre fin aux dernières souffrances de ta mère et les tiennes, ou mourir d'ici un ou deux ans. Car ta mère étant d'élément Foudre, et toi de Ténèbres, ton corps ne supportera pas longtemps le conflit magique intérieur qui te ronge depuis le réveil de son âme, toujours emprisonnée dans ton corps depuis tant d'années. Mais pour cela, il va falloir m'échapper ! Alors, arriveras-tu à préserver son coeur, Eisuke ?! En auras-tu la force ?! "

Sans plus attendre, il lui fonça droit dessus. Droit sur un jeune homme déjà mort. Après tout, ce n'était pas son coeur qui battait dans sa poitrine... Il pouvait bien se laisser mourir une nouvelle fois. Fini les combats. Fini les souffrances. Et sa mère en serait délivré, enfin, elle qui a si mal depuis son réveil...


Lanre


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(vide)

Chance pour le tourne-casaque ; les doigts du "maître" étaient, à l'instar de ceux de n'importe quel être, faits d'os, de chair et de sang. Il avait déjà goûté à l'acier entre les paupières, et savait que jamais il ne voudrait y goûter de nouveau.

Il battait en retraite, la douleur restant foutrement vive. La main toujours rabattue sur les yeux, et son bras pissant le sang comme vache qui pisse. Sa colonne vertébrale semblait faire un "C" difforme et retourné, tandis que ses pieds le menaient sans cesse plus en arrière. Le Calicien fendit l'air d'un grand coup de son bras encore valide, l'acier virevoltant sans qu'il ne le voit. De fait, il n'était pas encore assez malade pour ne pas savoir qu'il frappait dans le vide, mais la réalité était autre : il tailladait de mauvais souvenirs, remontés par son cerveau en raison d'un délire, lui même du à une crise de manque.
Oh non ; la fin n'était plus bien loin.

Son épée trancha. D'abord Hétaïl, époux de sa cousine d'esprit, et femme de coeur. Ce fils de pute l'avait tué. Il le tua à nouveau. Une deuxième fois. Puis, il tailla sa cousine. Pour l'avoir abandonné. Elle aussi était déjà morte. Elle tomba une deuxième fois.

Un éclat de voix. Un autre fils de chienne. Le fameux maître de son ami.
Le bâtard n'avait cure de ce que pouvait bien raconter le numéro I de ce fameux Ordre des XV. Quelques anneries, à l'évidence, servant sa mise en scène, et ayant pour seul objectif de les pousser à l'erreur.

Mais l'erreur ne venait pas des deux. Elle venait du Un.
Le monologue, ou l'art du discours, était bien là quelque chose d'adapté au théâtre, au spectacle, ou à la mise en scène. Il servait politique, coup d'éclats, et rebondissement, mais assurément n'avait aucune place en combat. Soyons franc : votre ennemi cesse de se battre pour discourir pendant une demi heure, il finit éventré avant le quart.

A pas de loup, Acheleus se rapprocha, la douleur frappant ses yeux commençant doucement à s'amoindrir. Son épée fermement tenue en main, et son dos toujours arcbouté vers l'avant ; le sang qui courait le long de son bras, sa chevelure sale et sa barbe rêche lui donnait un air de clochard.


"En auras-tu la force ?! " Cracha-t-il comme un défi. « Tu parles trop. » Lança en réponse le fils du Westingale, abattant son épée sur l'épaule gauche du Maître. Et le sang gicla, tandis que les genoux de l'assassin se pliaient sous le choc et le poid de l'acier.


Eisuke


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Le Maître allait parachever son succès. D'un coup net et précis, il allait détruire ses ennemis de toujours. Ce n'était plus qu'une question de demi-seconde, que dis-je, d'un quart simplement ! Sa cible était comme déjà morte ; c'était bien le résultat escompté. Comme s'il avait livré le combat déjà, en l'assommant de terribles révélations. Ne restait qu'à donné le coup de grâce. Mais voilà, il y avait un hic. Une épine, qu'il avait oublié d'enlever. Un simple détail, qu'il avait cru écarter suffisamment méchamment pour qu'il ne revienne pas à la charge. Impensable. Eisuke s'était dôté d'un atout considérable : un allié fidèle qui ne le laisserait pas tomber.
Et alors qu'il allait bondir, au moment de l'impulsion, le coup le trancha. La douleur ressentit lui rappela d'anciens souvenirs de guerre ; son épaule était meurtrie, par la faute de cet homme. Väals. Il aurait dû davantage se méfier. Mais dans le pire des cas, il n'était qu'un léger contre-temps. C'était juste qu'il ne trouvait pas juste que son scénario suive le cour qu'il avait imaginé. Lui d'habitude si prévoyant, si calculateur. Erreur de bleu.

" Enculé. "

Il n'avait pas besoin de son épaule pour les vaincre. Aussi bien Eisuke qu'Acheleus, c'était des ennemis largement à sa portée. Des ennemis affaiblis, l'un physiquement, l'autre psychologiquement. Aucun des deux ne pouvait tenir la comparaison avec l'ancien soldat, dans la forme de sa vie. Il avait tellement attendu ce jour que rien n'aurait pu le battre en cet instant.
Sauf que les plans sont fais pour être suivis à la lettre, et le fait que le Calicien ait tout perturbé le mettait en rogne. Le guerrier était à présent tendu comme une corde d'arc. Il se retourna, et frappa avec précision la lame de son adversaire, qui malgré sa volonté ne pourrait pas tenir son arme plus longtemps. Le vieil homme avait eu tort de s'interposer.

Recentrant toute son attention sur ce type, il frappa de nouveau, de la jambe cette fois et en plein estomac. Avant qu'il n'ait pu s'en rendre compte, il frappa ensuite de l'épée en pleine jambe droite, visant le genoux et donc l'articulation de Väals. Il était hors de question qu'il revienne à la charge - bien que le coup dans le ventre devait déjà l'avoir fortement refroidi.

" Il t'en faudra du courage, pour te remettre de ces blessures, voyageur. Mais de mon avis que tu vas mourir, une fois ton tour venu. Attends encore un peu. "[/b]

Le chassé qui suivi était plus pour la forme qu'autre chose. Le mettre au sol, de façon à ce qu'il ne l'emmerde pas plus. Il gardait une redoutable lucidité, malgré l'enjeu de cette soirée. La marque des grands guerriers. Il était d'ailleurs grandement dommage qu'un tel talent se soit rangé du côté du mal ; visiblement, la rancoeur et la haine étaient de ces rares sentiments qui le submergeaient entièrement et l'empêchait de voir la vérité en face. Il n'était pas le gentil, dans l'affaire, ni le vengeur de qui que ce soit. Un aveugle, simplement.

Eisuke était loin de ce monde, désormais. Il ne vit rien. Ni le sauvetage d'Acheleus, ni la rouste prit par son partenaire. Il était déjà mort, dans sa tête. Perdu dans une autre dimension, où il se voyait déjà aux côtés de sa défunte mère. Là, plantée là ; au bord d'une rivière, elle l'attendait, l'acueillait à bras ouverts. Il pouvait voir son visage, le plus radieux et plus heureux qu'il ait pu voir de toute sa vie. Un sourire magnifique. Une beauté sans pareille, nul doute. La mère de l'assassin devait avoir eu beaucoup de succès, dans une autre vie. Celui-ci pouvait alors bien comprendre comment bien des hommes avaient pu perdre la raison rien qu'en l'approchant. Un visage divin et doux, que rien ne semblait pouvoir déformer maintenant que son enfant était de retour auprès d'elle.
Le temps n'avait pas eu d'emprise sur elle. On eut l'impression qu'elle avait toujours vingt ans, tout au plus, alors qu'elle était bien décédée à l'aube de la quarantaine. Comme si on eut voulu retenir que le plus beau de cette femme. Un magnifique tatouage dans son dos la sublimait davantage, alors qu'elle n'eut sans doute aucunement esoin de ça en vérité. Présente en contre-bas, le garçon ne pouvait forcément pas s'empêcher de descendre la rejoindre. A bras ouverts, et malgré une nudité partielle de sa génitrice - comme pour rappeler sa profession passée -, il l'attrapa et la serra fort contre lui. Elle, beaucoup plus délicatement. L'émotion la subjugua forcément, et elle ne pu retenir une larme. Une larme de joie, pour la première fois depuis bien longtemps.

Le paysage changea soudainement ; le vent se leva, les nuages obscurcissèrent le ciel jusque là d'un bleu merveilleux. Le soleil disparut derrière l'orage qui s'annonçait. Ce changement brutal surprit le jeune homme, qui resta malgré tout dans les bras de sa mère. Il avait peur. Peur que ce rêve ne se termine pour eux deux. Que leurs retrouvailles ne soient que de trop courtes durée. Il s'agrippa de toutes ces forces à la jeune femme, qui se laissa faire. Le Tonnerre gronda alors dans le ciel, et la pluie se mit à tomber abondamment. Eisuke ne voulait plus lâcher. Hors de question de la laisser filer une nouvelle fois.

" Eisuke... "

Malgré la tempête, il pouvait parfaitement distinguer sa voix. Douce, chaleureuse. Rassurante.

" N'ai pas peur, mon fils. Je suis là. "

Son coeur, qui s'était emballé, venait de se calmer en un temps record. Quoi de plus rassurants que les mots d'une mère pour son enfant. Il lui accordait une totale confiance. Tout ce qu'il avait à jamais cherché ; ne pas avoir à réfléchir, simplement se calmer aux moindres mots d'une figure maternelle. Celle qu'il n'avait jamais eu, et qu'il avait tant recherché toutes ces années. Il ferma donc les yeux, tandis que la tempête détuisait avec sauvagerie tout le paysage alentours. Le vent soulevait les arbres. La pluie innondait les plaines en un torrent ravageur. Et la foudre, qui descendait du ciel, se montrait de plus en plus menaçante.

Il sentit alors l'étreinte de sa mère se desserrer. Il rouvrit les yeux, et se rendit compte que son visage était toujours aussi radieux et souriant. Toujours aussi rassurant de sereinité, alors que la tempête faisait rage tout autours d'eux. Ils étaient les derniers épargnés. Son sourire innocent s'effaça. Elle regarda le ciel ; la foudre était juste au-dessus d'eux. Le Numéro XIII leva à son tour le regard. Puis il fut aveuglé, alors que le Tonnerre grondait et que la Foudre s'abattait sur lui. Fin des retrouvailles.

Il rouvrit les yeux. Dur retour à la réalité. Il retournait d'où il était venu ; cette fameuse arêne, ce soir-là. De retour dans son combat contre cet homme abjecte et sans scrupule. Que s'était-il passé, durant tout ce temps ? Il voyait Acheleus, blessé, mal en point. Qu'était-il arrivé à son ami ? Et que lui était-il arrivé, aussi ? Un rêve ? Une vision ?
La première chose qu'il remarqua d'emblée fut son rythme cardiaque revenu à la normal. Il n'avait plus mal. Elle était là, maintenant, pour le soutenir et l'aider.
Il n'avait fais qu'un voyage au plus profond de lui-même, de toute évidence. Ce genre de chose qui vous fais croire à la mort et à la vie en même temps, qui semble avoir été un moment si court et si long à la fois. Il avait retrouvé sa mère. Il avait retrouvé son coeur, et toute cette énergie qui allait avec.

Il se redressa sans aucune difficulté, et sortit de suite le katana de son fourreaux. Un second souffle lui était accordé, et il n'allait pas être de trop pour affronter son pire ennemi. Il avait eu le temps de digérer, à présent ; le chagrin était passé aussi subitement qu'il était arrivé. Il était comme réconcilié avec une part de lui-même, enfouie au fond de l'endroit qu'il n'aurait jamais pensé sonder de la sorte. Il avait vu ce qu'il avait toujours voulu voir.

Et elle était toujours là, près de lui ; prête à se battre pour leur vengeance.


Lanre


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Parmi tous les défauts dont il écopait existait sans nul conteste possible celui d'être borné. Têtu. Étroit d'esprit selon certains même. L'on ne pouvait nier qu'Acheleus restait indéniablement fermé sur certaines idées ; qu'il s'agisse de la Noblesse et des roturiers, ou tout simplement de sa propre vie. Le fait était qu'il n'avait en aucun cas dans l'intention de périr pour l'heure.

Soit ; ce fameux maître sans nom avait vaincu des centaines – voir plus – d'adversaires. Il en avait fait de même. Ce soldat là n'avait pas connu la guerre (du moins jamais ne l'avait seulement mentionnée ou même évoquée), au contraire du Calicien. Sept long cycles de guerre, et à dire vrai, il ne serait pas étonné que celle-ci continuât encore actuellement. Mais au fond... Qu'importe ? Qu'importe celui qui tue mille milliers d'ennemis, car c'est celui qui se vainc sois même dont transpire le succès. Point un autre.
Le maître n'y parvenait en rien, à l'évidence : il en perdait même la raison. Incapable de triompher de soi même tant qu'il aurait vengeance à mener.

Le bâtard ne pouvait prétendre à mieux, de toute façon. Il avait lui même perpétré sa vengeance contre l'époux de son amante, et désormais était incapable de résister aux assauts de son organisme ; incapable de supporter le manque de Balphas. Il échouait sur toute la ligne. Toute.

Il passa outre la pique de la tête de l'Ordre. Il savait pertinemment qu'il aurait à souffrir une réplique, et sans doute à manger le sol. Mais c'était un moindre mal en comparaison de celui qu'il allait infliger. Car, dorénavant, il disposait du sang de l'ennemi.
Acheleus cracha tout son saoul, jusqu'à n'avoir plus la moindre goutte de son propre sang en bouche. L'homme s'était une nouvelle fois retourné sur Taka, lequel était plongé dans quelque souvenir incongru. *Bordel... Bouge, abruti. T'attends quoi, merde ?!* Les mots avaient fusé dans son esprit. L'homme de l'Ouest ne s'était même pas surpris à les penser.

Et sans bruit, aucun, Septentrion récupéra son épée tachée du sang du soldat. Accroupi et théoriquement prêt à bondir – le coup au genoux l'avait trop endommagé pour que ce fut le cas en pratique –, il passa sa langue sur le fil de l'acier. Le goût du fer se mêla au chaud du sang qu'il venait de récupérer.

Mal en point, il se releva, mais sur de lui, sans nul doute. La tête ne pourrait pas ne pas être affectée, puisque son propre sang liait l'illusion. Illusion plus vraie que nature, par ailleurs

Gouffre profond, vers le vide aspiré – pour l'éternité.

Sa voix rauque emplit l'air, déjà surchargé, tant par la poussière de pierre que par les éclairs qui se mettaient mystérieusement à zébrer le ciel. Et déjà commençait la tourmente.
Gouffre profond ; sans bougie, jeunesse flétrie.

Dès lors, sous les pieds du maître et dans un fracas abominable le flanc de la montagne s'éventra. Un vide abyssal et sans fin se dessinait sous ses pieds, si noir que s'il absorbait la lumière même. Aucune flamme qu'elle soit de feu, de ténèbres de lumière, aucun rayon du soleil, aucun éclairage ne pourrait jamais percer ce voile d'obscurité, ce gouffre profond.
Gouffre profond, point de chandelle – chute mortelle.

Le tempo s'accélérait, l'air saturait de la voix du chanteur. Le maître tomba, aspiré par le vide. Et ses yeux perdirent tout de vue sinon le noir. Seule lui parvenait encore la – stressante, oppressante, de plus en plus faible (presque un murmure, mais d'autant plus inquiétante), de plus en plus rapide – voix du Calicien. Et de même qu'il accélérait, accélérait sa chute.
Gouffre profond, noir néant – inlassablement.

De fait ; rien d'autre n'existait plus que le néant. Le néant et la mort. Car tandis que chantait Acheleus, hurla l'acier.


Eisuke


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[ Bon aller, un post qui attend depuis bien trop longtemps :p ]


Il pensait sans doute que déjà tout était fini. Le Maître savourait déjà son succès, sans même penser une seule seconde qu'un autre scénario était encore possible. Passivement, il observa le garçon se relever sans difficulté. Il se préparait à en finir ; l'acier allait lui trancher la gorge, comme il l'avait rêvé des centaines de fois auparavant. Néanmoins, cela ne resterait qu'un futur alternatif qu'il avait imaginé, et rien d'autre.
Il ne comprit pas au début. Le sol qui se fendait en deux, le flanc de la montagne s'écroulant dans sa direction, le ciel orageux. Puis, se rendit compte de la grossière erreur d'avoir laissé en vie l'épéiste accompagnant Eisuke. Il était maintenant piégé dans son illusion. A son grand damne, il ne pourrait en sortir avant un long moment. Sans paniqué, il se laissa tomber dans le vide obscure, jusqu'à ne plus rien y voir. Serein, il attendit patiemment. Eisuke allait le rejoindre, très certainement, et dans les plus brefs délais.

L'ex-Numéro XIII avait le katana en main. Il serrait tellement fort le pommeau de son arme qu'il en eut provoqua quelques éraflures sur la paume. Il se sentait tellement mieux, tellement plus léger. Et pourtant, il avait, toujours enfoui en lui, cette envie de meurtre. Cet homme, celui qu'il avait considéré comme son Maître tant d'années... ne méritait plus que la mort. Pour sa mère, tuée ; il était grand temps de la venger. Pour sa soeur, exploitée ; il était temps d'en finir avec l'Ordre des XV.
Une étrange alchimie provoqua en lui un nouveau haut-le-coeur. Si celui-ci s'était grandement calmé, il n'était pas tout à fait guéri pour autant. Cependant, il lui transmit une énergie nouvelle, complémentaire avec la sienne, que jamais il n'aurait pensé possédé un jour.

Vaäls avait fais le gros du boulot. C'était à l'ex-assassin, dorénavant, d'écrire la fin de l'histoire. De fins éclairs commencèrent à tourner tout autours de son corps. Ses yeux, plus noirs et durs que jamais, étaient braqués sur sa cible. Plus les secondes passèrent, et plus les éclairs redoublaient d'intensité. La lame de son katana s'en imprégna, tant et si bien qu'elle en devenait presque noire. Ce n'était pas les éclairs lumineux habituels. Ceux-ci étaient obscurs, autant que pouvait l'être l'âme du garçon.
Il s'élança. Plus rapide, plus vif, plus puissant qu'il ne l'avait jamais été, il ne mit que quelques secondes à couvrir la vingtaine de mètres qui le séparait de sa cible. Il balança son épée ; la tête du Maître allait s'envoler. Il n'en fut rien.

Celui-ci avait carrément anticipé l'assaut. L'illusion malheureusement toujours active, il pouvait néanmoins sentir l'aura d'un garçon qu'il connaissait par coeur. Le métal rencontra donc le métal, avec fracas, jusqu'à ce que s'installe une épreuve de force entre les deux guerriers.
Ses yeux purent revoir ce qu'était la réalité. Et voir à quel point son ancien élève semblait remonté.

" Inutile d'insister, pauvre enfant ! Ta force est insuffisante pour me faire plier ! "

Et comme pour le lui affirmer, il envoya le garçon cinq ou six mètres plus loin, le tout d'une simple impulsion contre sa lame. Mais aussitôt le geste accompli, l'élève revenait à la charge en moins de deux. Nouveau contact. Comme pour s'imposer et montrer sa supériorité, le Maître tenta le même coup. Ce fut malheureusement sans succès cette fois.

" Qu... ? "

" Crève !! "

Les éclairs gagnèrent en intensité et en puissance. C'était comme une débauche, que dis-je, une explosion de magie ! Toutes ses réserves y passaient. La Maître ne put qu'essayer de contenir cette puissance nouvelle. En lui donnant ce coeur, il avait peut-être fais une erreur de plus grossière, finalement... Quelle était cette puissance si soudaine ?
Puis il y eu comme un souffle. Un souffle qui envoya le mystérieux guerrier s'écraser contre un mur avec une telle violence qu'il en cracha du sang. Le souffle coupé, il tenta de le reprendre d'instant. Ce fut son dernier.
Quelle étrange sensation. Le corps, si chaud à l'intérieur, se faisant transpercer par un trait glacé. Le froid de l'acier, déchirant son coeur, le transperçant, le rendant inutile. Puis plus rien. Le néant. La vie le quitta si vite qu'il n'eut pas même le temps de se rendre compte qu'il devenait comme tous ceux qu'il avait tué.

Eisuke laissa choir le corps au sol. Les éclairs disparurent. Son coeur, battant très vite, se calma enfin. Il reprit son souffle, et rangea son arme sous son habituel long manteau. Quelques instants plus tard, il se dirigea vers son frère d'arme, qu'il aida à se relever. Il pouvait tenir debout, malgré les blessures.

" C'est fini, Acheleus. " Lui fit-il avec un sourire amical qui en disait énormément sur le soulagement du jeune épéiste. " On peut rentrer pour souffler. On en a fini avec ce pays... " Il se mit en marche dès lors, avant de lâcher ces derniers mots, plus pour lui-même : " ... pour le moment, en tout cas. "