Car j'ai beaucoup d'or et de noblesse.

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Les nervures étaient encore émeraudes, mais le reste de la matière tirait sur le dorée avec quelques taches brunes, de-ci de-là. Molle et humide, il prit peur de la déchirer entre ses doigts malhabiles. La tige était solide cependant, il l’attrapa entre le pouce et l’index et regarda le Ranch Lonlon à travers un trou creusé par une larve vorace, éjectée plus tôt de son frugal repas. La feuille d’érable se tordit au grès du vent d’automne. DarkLink décida de la libérer et de laisser la nature décomposer cet enfant d’arbre.

Il avait perdu courage (un comble pour un Double de Link !) devant la bute qui précédait l’entrée de la célèbre ferme. La lumière du timide soleil éclairait avec mélancolie le paysage et le Héros s’était laissé gagner par la contemplation au lieu de marcher. Toujours il devait marcher. Son Père Ganondorf lui ordonnait ceci, il allait crapahuter là-bas. Cette situation n’était plus acceptable pour l’Incarnation chevaleresque du Roi d’Ombre Et Flamme. On ne lui avait pas donné de DarkEpona à sa naissance ? Tant pis ! Il avait dérobé à son Altesse de paternel quelques rubis inestimables pour compenser ce défaut de la nature. Et pourquoi pas dénicher dans cette crasseuse mais charmante ferme un lad obéissant et admiratif de ses futurs exploits ? L’idée l’enchantait, c’est pourquoi il se remit en marche.

Le poulet girouette au sommet des baraquements gigotait sans cesse. Un coup au Nord, un coup à l’Ouest, un coup au Sud-Est, la pauvre chose métallique ne savait plus où en donner du bec. Les femelles de chairs et d’os caquetaient paisiblement les graines de tournesols morts, au pied de la girouette. Certaines le regardèrent avec méfiance et il soupira.

« Même mes biens aimées poulettes … ? »

Les Déesses avaient été décidemment bien cruelles avec lui. Mais le but de sa visite n’était pas d’établir un rapport sur ses relations avec le monde animal, mais bien de se chercher un digne équidé qui fendrait le vent avec fierté durant de sordides batailles pour la paix d’Hyrule !

Il posa la main et poussa la grille branlante et bruyante du Ranch. Il n’y avait pas foule, à part un ouvrier grossier qui pestait contre son inutile travail : celui de ramasser les feuilles rouges et or et de les déposer au pied des arbres. Il s’approcha de ce dernier, mais pas de trop prés. En effet le lard du paysan menaçait de faire éclater un bouton de sa salopette et DarkLink ne souhaitait pas particulièrement être fusillé dans ces circonstances. Quelle disgrâce cela aurait été pour son Père !



« Vous savez mon brave, la petitesse de votre travail est d’une importance capitale. Voyez comme vous embellissez le paysage en nourrissant les arbres de votre labeur ?

-Qeq’y’m’chante l’Seigneur ? Z’ètes tout noir. Pas confiance moi aux gens du désert. Z’ètes tous des voleurs et des zigouilleurs d’bonnes femmes !

-Oh ça ! C’est une malformation de ma noble naissance. Si vous m’aidez à trouver l’étable, je terminerai votre travail.

-Pas fou l’paysan ! J’suis payé pour c’maudite tâche. Bas les pattes d’mon gagne-pain et allez là-bas. Pas compliqué, l’étable c’est là où que ça schlingue le plus la bouse. »


Il indiqua de son doigt courtaud mais sympathique et salutaire un bâtiment entièrement en bois. DarkLink se retourna vers le dit-logis et entendit le fermier se gratter le derrière et cracher. Il avança avec joie vers la maison de son futur destrier. Effectivement, cela sentait fort. L’odeur ne lui déplaisait pas, il aimait pas mal la nature pour dire vrai, bien que celle-ci fût si ingrate avec lui. Les Déesses le lui rendront un jour, il l’espérait.

Il retira son bonnet noir et son gantelet de cuir puis frappa à la porte de bois. Entre-ouverte, il passa sombre visage à l’intérieur.



« S’il vous plait ? Quelqu’un … ? »

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



L’automne frappait aux portes du Royaume d’Hyrule. Le sol du Ranch était décoré joliment par les feuilles mortes aux milles couleurs chaudes et Malon se demandait souvent à quoi ressemblaient les forêts Kokiri par ce temps-ci. Si les bois de ces drôles de petits lutins devaient être splendides, elle doutait néanmoins qu’ils ne ramassent les feuilles mortes. Ce jour-ci était, au Ranch en tout cas, consacré à un ménage bien spécial : grand nettoyage de la cours extérieure qui débutait dès la petite aurore pour pratiquement tout le monde. Malon y mit aussi du sien.

Après près d’une heure et demie de travail avec le ventre creux, Marine sonna la soupe. Tous s’y précipitèrent, mais Malon en arrêta un dans sa grande course : Nann, un vieux fermier au ventre proéminent. Celui-ci était arrivé en retard à la corvée de la matinée, comme bien souvent. De droit, il resterait seul à continuer seul le travail, afin d’avoir, au bout du compte, participer autant que les autres. Lorsque Malon apposa sa main sur son épaule, le visage souriant de l’ouvrier se métamorphosa tristement : il savait quel sort lui réservait sa patronne.


« Nann, tu restes. Tu prendras ton petit déjeuner plus tard. »
« Mais mam’zell’ M’lon y res’tra plus rien ! »
« Ne t’inquiètes pas, je te garderai une assiette raisonnable. »

En fixant Malon dans les yeux, Naan savait qu’il ne pouvait rien dire de plus pour aider sa cause. Il soupira avant de s’en retourner, penaud. Et dès qu’il eut le dos tourné, le pauvre homme s’était mis à insulter les Déesses, le coq, son lit trop confortable, et encore. Femme de parole, Malon lui réserva une assiette avant de se diriger vers l’étable, s’occuper des chevaux. Elle ne mangea pas, l’appétit n’étant point au rendez-vous, comme bien souvent. Et puis Feu-Follet, l’un des équidés, ne semblait être dans son assiette depuis un moment. Depuis qu’Edval avait disparu, en réalité.

En entrant dans l’étable, elle s’aperçût que Feu-follet était tranquille, dans son box, au côté de celui d’Epona, qui regardait sa maîtresse d’un œil éveillé. Normalement, Feu-Follet se trouvait à l’opposé de la pièce, mais depuis les événements du Ranch, il semblait que la présence d’Epona à ses côtés le calmait. Ce qui était une très bonne chose, le destrier étant un très grand cheval à la robe vermillon. En plus d’être immense, il était d’une force incroyable : après tout, on l’employait pour tirer des charrettes ou encore pour labourer les terres à l’aide des charrues. Puissant, mais lent. Impétueux et hyperactif. Orgueilleux, aussi, à l’occasion. Il n’y avait qu’Edval qui semblait pouvoir donner des ordres au destrier.

Seulement, Edval n’était plus depuis l’attaque de Ganondorf sur les Terres de la jeune femme. D’ailleurs, Malon ne savait pas comment elle avait fait pour s’en sortir sans trop de mal. Elle ne savait si elle devait remercier les Déesses ou tout simplement croire à un hasard bienfaiteur.

Malon s’approcha du puissant animal pour lui caresser les naseaux. Feu-Follet ne sembla aimer le geste de la douce, mais s’y contraignit rapidement. Elle entreprit d’ouvrir la porte et surtout de lui mettre un mors d’acier forgé pour le sortir (puis le guider) de son enclos et l’attacher à n’importe quel piquet de bois disponible. Les autres box étaient occupés ou alors trop petits pour Feu-Follet. Même si l’équidé était de grande taille, Malon ne montrait aucun signe de peur. Probablement parce qu’intérieurement, elle chantait l’air si réconfortant de sa mère. Après avoir vérifié que la sangle était bel et bien attachée solidement – elle n’était jamais trop prudente avec ce cheval – elle entreprit de se glisser dans son enclos, fourche à la main. La jument souffla fort dans les cheveux de la rouquine, la décoiffant bien plus qu’il n’était convenable. Une chance que les écuries soient vides de tout homme, autrement Adrian aurait tôt fait de l’enquiquiner fébrilement.

C’est seulement après quelques minutes de nettoyage que Malon releva la tête de la crasse : il lui avait semblé entendre une voix. Dégageant son épaisse chevelure de son visage, Malon entreprit de sortir de l’enclos, quelque peu maladroitement, les yeux rivés sur la porte de l’étable. Au bout de quelques pas, la fermière aperçut une drôle de tête dans l’ouverture, une tête qui l’a fit presque frissonner de dégoût. Cette sensation, Malon l’avait déjà ressentie au village Cocorico, quand le Seigneur Noir avait invité le peuple à l’asseoir sur le trône de la famille royale.

Malgré la sensation désagréable, Malon fit encore quelques pas en direction de la porte, piquant sa fourche dans une balle de foin et essuyant ses mains salies sur son tablier qui l’était tout autant.


« Bonjour. Je peux faire quelque chose pour vous ? »

Son ton était moins joyeux qu’à l’habitude, mais pour un inconnu, cela ne se voyait certainement pas. Quelque part, au plus profond d’elle-même, Malon sentait qu’elle aurait dû rester terrée dans le box crade de Feu-Follet.

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