Posté le 01/10/2012 13:22
La belle enfant finissait dans écuries. C'était sa nuit de veille, car les animaux étaient assez agités ces derniers temps ; tant et si bien qu'il avait fallu instaurer des tour dits « de garde » afin de veiller à ce que les bêtes aillent bien. Sans doute planait encore le spectre de l'assaut qu'avait porté le vil cavalier du Désert – elle n'osait pas le nommer – sur le Ranch, l'été passé.
La nuit était chaude, et les palefrois relativement calmes, hormis Feu-Follet. Ce dernier avait été nommé ainsi sans réelle référence à la légende, mais bien pour la couleur de sa robe, son côté impétueux, fier et parfois violent du destrier. Il en arrivait parfois à effrayer Marine, qui partageait pourtant comme tous les autres travaillant ici cette passion touchant les animaux, et tout particulièrement les chevaux. Pour autant, quand Feu-Follet se décidait à entrer dans une fureur noire, elle ne contrôlait pas cette crainte qui lui venait de l'accident qu'elle avait eu avec lui. Pour peu il la piétinait et la tuait.
C'était toujours Edval qui le calmait. Edval.. Elle aimait encore ce garçon et ne parvenait pas à tourner la page quand bien même rien ne pourrait plus jamais avoir lieu. La chance avait voulu qu'Ingo insiste pour l'emmener avec eux, et elle avait évité le sort de nombres de ses amis, quand le Seigneur Noir avait ordonné à ce que soient exterminés tous les gens présents sur le Ranch.
Et Edval avait disparu. Jamais plus son rire n'égaierait les journées de la petite. Pour l'éternité elle serait contrainte de rêver et d'imaginer le voir un jour à nouveau sourire. Mais elle savait que dans les faits, un pan entier de sa vie était mort avec le palefrenier. Il n'y avait guère plus que Malon qui parvenait à lui arracher un semblant de sourire triste, de temps à autres. Oh.. Elle tachait d'être forte, et préférait se montrer insensible, mais en réalité personne n'ignorait que l'amour de sa vie avait été happé par le Désert alors que le Ranch était en proie aux flammes. Et si forte qu'elle voulait être, elle avait déjà pleuré plus de larmes que son corps ne pourrait en contenir.
Elle priait les Déesses qu'il soit mort heureux, et d'une mort rapide. Et elle les priait aussi, parfois, de lui accorder le droit de le rejoindre vite. Quand bien même elle se doutait qu'il ne l'avait jamais vu que comme une bonne amie – le petit Edval était du genre pêcheur et changeait de prise régulièrement – elle préférait l'avoir ainsi que pas du tout. La vie sans lui n'était... La vie n'était plus ce champ des possibles qu'elle était supposée être : la seule porte qu'elle ai jamais voulu emprunter lui avait été barrée, interdite. Sa vue se brouilla, les larmes montèrent. Elle ne retint pas un sanglot, et sa main s'écrasa sur sa bouche, alors que Marine tombait à genoux sur le sol de terre des écuries du Ranch Lonlon. Et comme chaque soir ; elle pleura.
L'on dit des animaux qu'ils ne sont pas cruels, et c'est là un fait avéré, néanmoins sot serait le badaud que de croire qu'un animal est exempt de gestes qui peuvent y faire penser. Celui qui avait été le meilleur ami de la jeune femme et qui incarnait désormais sa crainte la plus profonde rua à nouveau. Elle eut un mouvement de recul et un petit cri étouffé, et tomba sur le dos, en appui sur le coude. Sa main droite vint masquer son visage, frêle protection contre la puissance de l'étalon qui avait sans mal ouvert son box.
Une seule pensée lui traversa l'esprit : elle allait mourir.
Une torche vint faire battre le cheval en retraite. D'amples mouvements néanmoins assez malhabiles forcèrent l'animal à reculer sans broyer Marine-la-jolie. Adrian avait le nez bien rouge et sentait l'alcool, mais au moins parvenait-il à sauver cette vie. Et il s'en verrait récompensé, se promit-il. « WOOF ! WOOF ! T'veux te battez eul'canassason.. Canna... Bordel..![/b] » L'alcool lui faisait perdre ses mots, le canasson en question émis un hennissement menaçant. « Ta gueule, pédé ! Pédé ![/b] » Il remua à nouveau la torche, alors que Marine s'écrasait au sol, inquiète, morte de peur, et évitant la torche qui ne manquait que de peu de lui embraser les cheveux. La panique se leva dans l'écurie, et les autres bêtes commencèrent de concert à faire un barouf impressionnant, qui accentuait le malaise de la jeune fille. Elle ne savait de quoi la punissaient les Déesses, et elle en venait à regretter amèrement d'être née, et se jura que si elle s'en sortait elle se rendrait au Temple du Temps pour s'en excuser auprès des Saintes Trois. «Tu crois p'têt qu'c'est qu'toi qu'est eul'plus balèze ?! TU VEUX TE BATTEZ ?![/b] » C'est un Adrian violent, brutal et ivre qui frappa le premier. La torche percuta le flanc de Feu-Follet, et sa belle robe fut bien vite léchée par les flammes.
L'animal hurla, dans la mesure ou l'on peut prêter ce genre de comportement à un équidé. Et alors que le feu le dévorait, Marine coupla son cri. Malgré la peur qu'elle avait de l'animal, il restait son meilleur ami, et toujours elle avait espéré pouvoir récupérer ce lien privilégié qu'elle avait eu avec, de même que Malon et Epona. Et elle pleura à nouveau, en se relevant. La panique gagnait son meilleur ami, la douleur le mattait. Elle arracha la torche des mains du saoulard et la plongea de toute urgence dans le bac à eau, avant d'attraper en vitesse un des sceaux pour l'y plonger aussi. Sans plus attendre elle en jeta le contenu sur Feu-Follet, maîtrisant l'incendie naissant. Dès demain elle l'emmènerait voir Gros-Tom, mais déjà la petite savait qu'il garderait une marque à vie..
"TOI !" Commença-t-elle, pointant un index accusateur sur Adrian. Sa fureur éclatait. « Espèce de triple-imbé... » Elle fut coupée par un baiser malvenu. Sa gueule puait l'hypocras, et elle savait d'ores et déjà qu'il avait été piqué dans la réserve du vieux Talon. Avant qu'elle ne comprenne et ne réalise ce qui se passait réellement, la langue encore goûteuse de cet alcool qui lui faisait tourner la tête en deux verres avait forcé l'entrée de sa bouche, et la main d'Adrian montait sur son sein. Elle ne se débattit pas. Pas tout de suite. Sans doute trop surprise pour quoique ce soit, et les dernières caresses d'un homme remontaient à si loin...
C'est qu'il aimait ça, quand elle s'énervait. Sa deuxième main entreprit de descendre un peu trop bas, sur son fessier, pour la plaquer contre son bassin.
Elle se dégagea. Sa main vint claquer contre la joue du poivrot, alors que ses lèvres gardaient le souvenir de ce baiser alcoolisé dont elle n'avait pas voulu. « Sale porc..! » Hurla-t-elle. Et quand elle vit ses yeux, elle fut pris d'une peur qui la tétanisa presque. Il lui envoya son poing dans le ventre.
"Puis'ke t'veux pas m'aimer, vais t'y aider.[/b]" Lâcha-t-il d'une voix encore pâteuse et embrumée par l'alcool, alors qu'elle tombait au sol le souffle coupé.
Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.