Posté le 24/10/2010 14:52
[Suite du RP "Ordre et Espace", dans les bois perdus. RP libre, mais le premier post est réservé à Dun ou Altharanth. Pour les intéressés voulant prendre part au RP, lisez également "L'affaire Bonnie" sur la place du marché afin de connaître un peu plus de background lié au RP (si bien sûr vous en avez le courage, on sait jamais xD)]
La pluie faisait rage au dessus du bourg, et de temps à autres, des éclairs menaçants transperçaient le linceul noir de la nuit. Les rues étaient sombres et les fenêtres laissant passer la lumière de l'intérieur vers l'extérieur des chaumières donnait l'impression que les bâtisses observaient les rares passants errant dans la ville. Et des passants, il n'y en avait pas des masses. A vrai dire, il aurait fallu être fou, avoir envie d'attraper une pneumonie ou de se faire voler pour sortir avec un temps pareil...
...Ou alors il fallait avoir un objectif précis.
Liam avait cet objectif. Ce petit garçon de dix ans armé d'une épée en bois à la main gauche et d'une lanterne en fer forgé à la main droite parcourait les rues à la recherche de fantômes. Mais pas de n'importe quel fantôme. Il cherchait ceux qui hantaient ses rêves, ceux qui chaque nuit revenaient sans cesse et tourmentaient ses nuits, ceux qui jetaient le mauvais sort sur sa famille. La vie ne l'avait pas gâté, lui et les siens. Son père était infirme et gagnait sa vie en jouant au clown manchot dans un cirque, ce qui n'était pas très honorable... Et les infirmes n'occupaient pas ou peu de postes à responsabilité dans la société hylienne. De plus, les métiers les plus « accessibles » étaient les métiers manuels, ce qui est embarrassant quant il vous manque un bras. La mère de Liam quant à elle complétait le maigre pécule de la famille en travaillant comme serveuse dans une auberge du quartier pauvre. L'âge et le labeur ayant fait son oeuvre, elle devenait plus lente dans la besogne, et entre les cris de son patron qui jugeait qu'elle devait "se bouger les miches" et les jérémiades ou les blagues malsaines des péquenots engraissés posant leur postérieur sur les malheureuses chaises en bois qui n'avait rien demandé pour se saouler jusqu'à la fermeture afin d'oublier leur misérable vie l'espace de quelques heures, elle ne trouvait plus la force d'avancer, que ce soit en tenant un plateau plein de coupes d'hydromel ou dans sa propre vie...
"Pourquoi sommes nous comme ça maman? Pourquoi les gens sont-ils si méchant avec nous?" demanda un jour Liam a sa mère.
Et c'est ainsi que celle-ci décida de lui parler des esprits; ces spectres malsain qui volaient autours de leur maison pour tenter par tous les moyens possible de leur pourrir la vie.
"C'est à cause d'eux que ton père est... Ce qu'il est. Mais nous ne pouvons lutter contre eux. C'est le destin qui les envoi."
Cette explication imagée du mauvais sort aurait pu convenir à un enfant plus jeune, ou à un gamin froussard. Ce n'était pas l'explication a donner à un enfant aimant ses parents et voulant par tout les moyens déjouer cette malédiction, qu'elle qu'en soit le prix a payer. Après cette discution, Liam ne trouvait plus le sommeil. Il avait la raison des tourments qui s'abattaient sur lui et les siens. Quelques jours plus tard, ces entités maléfiques s'en prenaient à lui via ses rêves, et ces spectres devinrent son obsession. Il décida alors qu'il fallait faire quelque chose.
Après tout, quand nous sommes des gamins, nous ne savons pas évaluer l'ampleur des choses et les risques prit après une décision.
C'est ainsi qu'après avoir saisi son épée en bois et la lanterne sur son chevet, il s'échappa discrètement de sa maison pour tenter de régler le problème lui-même.
On ne l'a plus jamais revu depuis.
****************
Bourg d'hyrule, le bar Les Fleurs du Malt.
Un homme apeuré ouvre la porte de l'établissement brusquement, et s'approche du propriétaire des lieux; un vieillard se nommant Beaudeverre. Celui-ci ne daigna pas lever les yeux lorsque son interlocuteur commença à lui parler, et essuyait machinalement la même chopine depuis dix minutes déjà.
"J'ai besoin d'un lieu sûr pour... Discuter avec quelqu'un sans être déranger. C'est possible?"
Aucune réponse. Pas même un regard vers lui. Il attendit alors que Beaudeverre finisse son œuvre. Après dix minutes d'attente, le voyageur ne put s'empêcher de se mettre sur la pointe des pieds pour regarder la chopine entre les mains du barman; mais qu'avait donc cet objet de si fascinant pour que son propriétaire mette autant de temps a le nettoyer? Peut-être était-ce à cause du chiffon plein de crasses qui au lieu de faire briller l'ustensile, rajoutait encore une couche de graisse et de suie sur le verre. Après avoir fini sa besogne, Baudeverre leva les yeux et déclara d'une voix caverneuse:
"Ici, on consomme, après on parle..."
Cette phrase glaça le sang du nouvel arrivant, qui se demandait si ce qui l'attendait dehors était réellement plus menaçant que de devoir boire les boissons aux origines douteuses de l'établissement dans des verres qui devait contenir en leur fond le typhus, le chlamydia et l'herpès réunis (car après tout, on ne savait pas ce que les clients de cet endroit malsain s'amusaient a faire avec la vaisselle...). Boire du détergeant ou de la mort-au-rat aurait été plus sûr, mais il n'avait évidement pas le choix.
Alors, vous prenez quoi? S'impatienta le barman.
-Auriez vous une bière par hasard?
-EH LES MECS, VOUS AVEZ ENTENDUS?! CE MEC COMMANDE UNE BIERE!!!
Cette phrase avait résonné dans la salle et sortait de la bouche d'un fermier du coin déjà bien aviné. Le silence occasionné par cette révélation laissa place à un fou-rire général, puis à des chants enjoués aux paroles très intellectuelles:
"OOOH LA LOPEEETTEUUUH!!! OOOH LA TAPEEEEETTEUUUH!!!"
Beaudeverre fusilla du regard les soulards fauteurs de troubles et prépara une étrange mixture qu'il servit dans un verre et qu'il tendit vers la « lopette ».
Tenez. Ca fera 10 rubis.
-Mais... Ce n'est pas ne bière ça!
Le liquide noirâtre se trouvant dans la chopine n'était pas vraiment une invitation au rêve, mais plutôt au trépas. De plus, une fumée inquiétante s'en dégageait. Peut-être était-ce à cause des morceaux non identifiés qui nageaient à la surface de cette étrange mixture et que l'alcool à 90 degrés celsius et non volumique faisait littéralement mariner. Le barman s'écria d'une voix rauque.
Bois et fait pas d'histoire, tafiole...
-C'est Bonnie, pas tafiole.
-Rien a cirer. Maintenant, bois, ou jte fous un coup de pied au cul qui va te faire décoller jusqu'au trottoir!
Décidément, c'était tous des poètes ici... Bonnie prit son courage et sa chopine à deux mains et tenta de boire le brevage en une seule fois.
Grossière erreur. Une erreur qui déboucha sur un trou noir.
Quand il se réveilla, il était la tête dans une bassine, à nager dans son déjeuner de la veille. Son foie n'avait pas réussi a tenir le coup, et il se trouvait a l'arrière boutique. Le propriétaire des lieux l'avait placé là pour deux raisons: la première était qu'après tout, ce monsieur avait demandé une salle où il pouvait être tranquille pour avoir un rendez-vous, et la seconde était qu'il ne voulait pas voir débarquer les services d'hygiène à cause d'un gringalet qui ne tenait pas l'alcool et qui n'avait pas lu le panneau à l'entrée « Ici, on dégueule devant l'établissement, pas dedans. ». Après avoir expulsés les derniers reflux venant de son estomac, il se retourna, et vit une silhouette sombre, séduisante, aux cheveux châtains clairs ondulés, encadrant un visage fin et souriant. On aurait dit un ange. N'importe qui aurait été charmé par cette vision, mais pas Bonnie. Car il savait que cette « chose » qui se trouvait devant lui n'annonçait rien de bon.
"Bonnie, ça faisait longtemps... Quelques siècles n'est-ce pas?"
Une expression d'horreur s'afficha sur le visage potelé de l'homme, qui présageait le pire.
-Tu ne peux rien me faire ici! Tout le monde t'as vu passer la porte de l'arrière boutique!
-Qui te dis que je suis passé par là? Tu me déçoit vraiment... Mais ne t'inquiète pas, ça ne te feras presque pas mal... Juste assez pour que tu me dises tout ce que je veux entendre.
Vingt minutes plus tard.
Bonnie est attaché sur une chaise, en sang, lacéré et dépouillé d'une oreille. Un homme aux long cheveux bruns pousse la porte, et une flamme magique s'allume, dévoilant un tableau macabre. Ce que le jeune homme ne savait pas, c'est que cette flamme n'en était pas une. Certes, elle illuminait la pièce, mais elle permettait à la personne qui l'avait invoqué d'observer la scène à distance.
*C'est donc toi Lliude... Je t'avais imaginé plus musclé. Mais bon, si Aggripa t'as choisi et a envoyé son larbin a ta rencontre, ce ne doit pas être pour rien. Voyons voir si tu arrives a trouver ce que je cherche...*
****************
Le temple du Temps, la nuit.
Deux hommes encapuchonnés arrivent devant les portes massives de l'édifice sacré. Une brume épaisse parcourt les lieux, et place les bases d'une atmosphère inquiétante. Le bruit des pas des voyageurs semblent presque résonner tellement l'endroit est silencieux. L'un de ces hommes se retourne vers son compagnon et enlève la capuche qui cachait jusqu'alors son visage, dévoilant de long cheveux d'un noir de jais. Il fouille dans sa sacoche et en retire un petit miroir. Il le place en face de lui et déclare d'une voix grave:
"Prince, j'ai a vous parler."
Lliude plongea son autre main dans sa sacoche et en retira l'orbe restante qu'il avait trouvé dans le "temple de l'espace". Il l'approcha du miroir lentement, et celui-ci se mit a réagir étrangement; sa surface ondula, comme lorsqu'une onde sonore puissante se répercute sur la vitre d'une fenêtre. L'ondulation devint de plus en plus forte, et lorsque celle-ci atteint son paroxysme, il replaça la relique dans la sacoche de cuir.
Je pense que ceci devrait vous intéresser..." murmura le métamorphe avant de ranger le miroir.
Ce qui venait de se passer était tout bonnement impressionnant. Dun avait sûrement regardé dans le miroir du groupe sans nom, et l'orbe avait réagit face à la vue de son propriétaire, faisant passer son énergie de son miroir à celui de Dun. Il savait que cette relique était puissante, mais le miroir n'était pas un artefact anodin, il ne pensait pas que la magie aurait pu traverser a ce point la glace. Quoi qu'il a soit, sa mise en scène avait dû faire son petit effet, et l'ancien chancelier des sciences et des magies serait là d'une minute à l'autre.
Le mercenaire s'approcha du temple et posa une main contre la pierre froide de la bâtisse. Il pouvait sentir la magie du temps s'échapper par les pores de la pierre, errer autours du lieu saint sous forme de mince filet magique presque visible. Lliude avait l'impression que cette magie entrait en lui et qu'il aurait pu trouver l'essence du temps rien qu'en suivant ces filets. Il était vrai que cette magie pouvait montrer quelque chose aux gens qui devait jeter un regard sur des événement du passé ou du futur. Et c'est ce qui se passa.
Le métamorphe se senti soudain observé. Non pas par son compagnon, mais par quelqu'un d'autre. Il tourna la tête vers la gauche et vit un petit garçon armé d'une épée en bois, se cachant à l'angle du temple et observant les deux êtres encapuchonnés. Dès que leur regard se croisèrent, le gamin prit la fuite, et Lliude le suivit.
"Eh, toi là bas!" s'écria d'une voix forte le jeune homme afin d'interpeller le jeune garçon.
Mais celui-ci ne s'arrêtait pas. Il courait et avec un rythme soutenu et une remarquable rapidité, semant presque son poursuivant. Le mercenaire déboucha sur les jardins du temple; mais sa course s'arrêta à cet endroit, car le garçonnet avait plongé dans un terrier de lapin, chose qui ne manqua pas de surprendre le métamorphe. Qui était ce garçon? Etait-il réel? Il se tourna vers Altharanth qui l'avait talonné son compagnon de peu et déclara:
"Tu l'as vu, n'est-ce pas?"
L'expression étonnée du démon montrait à Lliude que ce n'était pas le cas.
"Mais... Je ne suis pas fou, j'ai bien vu un gamin armé d'une épée en bois et d'une lanterne qui nous observait! Il s'est mis a courir jusqu'ici! Il a sauté là, dans ce terrier!" dit-il entre deux expirations.
Le terrier désigné pouvait effectivement laisser passer un gros lapin, ou un enfant de dix ans plutôt mince. La moue intriguée d'Altharanth en disait long sur ce qu'il devait penser à l'instant. Lliude décida alors de laisser tomber pour l'instant et d'attendre Dun. Mais au fond de lui, il était sûr de ce qu'il avait vu.
Peut-être qu'il y avait vraiment quelque chose a faire, dans ce jardin.