Sombres ou lumineux sont les guerriers

RP avec Syrma

[ Hors timeline ]

Astre


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(vide)

"Perle de lumière, écorche-moi un passage à travers les languissantes ténèbres." Astre se répétait cette phrase depuis qu'il avait quitté la réunion de sa guilde avec celle d'une certaine Calypso. Il était terrassé par la fatigue, il se sentait malade, d'ailleurs sont teint habituellement pâle était à présent translucide. Tout d'un coup, le mercenaire attrapa la peur dans son ventre, un soudain effroi qui lui glissait la mort et l'agoraphobie dans les veines.
C'était la nuit noire, et sur la Place, une seule lueur ou deux parvenait à s'immiscer dans l'obscurité. Astre se pressait contre le mur, angoissé au possible, l'horreur crispant son ventre lui donnant la nausée. Il s'arrêta soudainement, se retourna et vit plusieurs ombres défiler autour de lui. Pourtant, personne ne semblait exister à cette heure tardive. Il continua sa rapide marche, et aperçut quelques soûlards qui sortaient de l'auberge de NuttyK.

-Eh ! Y a quel... y a quelqu'un là-bas ! bafouillait l'un d'eux en pointant de son doigt graisseux la silhouette ambigüe du guerrier sombre.

Astre tendit l'oreille, les vomissements de certains lui retournant l'estomac. "Ils me donnent la gerbe !" La peur laissa place à l'envie de meurtre qu'il n'avait pas pu satisfaire tout à l'heure devant la jeune sorcière. Il s'approcha des trois, non, quatre abrutis, et sortant doucement et avec amour sa longue lame, se tint devant eux, le port fier et droit.

-Qu'est-ce' tu veux, bouh, le gamin ? cria l'un d'eux en gesticulant. Tu veux nous la sucer ?

Les rires gras fusèrent, et un sourire large s'étira sur les lèvres du mercenaire. "Je vais te la couper, mécréant..." pensa sournoisement le jeune ami d'Arkhams. Astre baissa les yeux vers son arme, demi-rictus demi-sourire sur sa face albinos. Ils s'avancèrent vers lui, mais d'un mouvement fluide et froid, faisant retentir le souffle pernicieux du vent, il les étripa tous les quatre. Le bruit de succion que fit les intestins et autres organes en sortant de leur panse caressa l'ouïe fine d'Astre. Il ricana, sa voix portant, dans l'air frais de minuit, un étrange hululement perçant les noirceurs étendues. Il continua sa marche, sans qu'aucune angoisse ne vienne le blesser à nouveau. En y repensant, il ne comprenait pas ce qui lui était arrivé. Il ne savait pas pourquoi, mais c'était une sorte de faiblesse qu'il lui faudrait guérir. Il essuya sa lame sur l'un des corps, la rangea délicatement dans son fourreau, et fouilla les cadavres. Il ramassa quelques piécettes, une chaîne de croyant et un jeton pour la fameuse auberge du coin.
Astre partit, se grattant une barbe de trois jours qui lui poussait. "Je la raserai." Mais soudain, le mercenaire remarqua qu'il ne se dirigeait pas vers sa maison, une petite bâtisse lorgnant les arbres aux feuilles émeraude du Bois Kokiri. Il retourna donc sur ses pas, courant ou plutôt voletant presque sur les tristes pavés. Seulement, un bruit l'intrigua. Il arrêta prématurément sa course, sa cheville prenant les conséquences.

-Bordel de dieu de merde, jura silencieusement le disciple de Ganondorf. Qui est là ? demanda-t-il à haute voix.

Il n'avait pas peur, il sentait juste l'envie de sang revenir malgré sa magnifique fatigue.


Aegis


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(vide)

Environ deux semaines après la nuit de pleine lune, la place du marché était naturellement plongée dans une obscurité parfaite, dangereuse et d'un calme hypocrite. Pourtant, ce jour-là, Syrma crut remarquer une agitation peu habituelle ; de cela, il en savait quelque chose, puisqu'à cette période du mois, c'était toujours au chevalier d'assurer la garde du château et de ses environs à partir de minuit jusqu'à peu après l'aube. La température frisquette de l'instant précis ne rendait la tâche que plus ardue. Soufflant dans ses mains comme pour les réchauffer, il manqua de peu de faire tomber sa lance sur laquelle l'insigne gravé de la famille royale démontrait la fonction de son détenteur.
Étrangement, ce soir-là, le kokiri se sentait d'une irritabilité anormale, contrastant en tout point avec son calme habituel ; il fallait dire que ce type de silences louches et doucereux avait tendance à l'agacer. Pis, il sentait comme une présence exécrable dans les environs, et deviner son impression justifiée le frustrait au plus haut point, aussi décida-t-il finalement de fouiller les moindres recoins pouvant cacher une telle personnailté, quitte à y perdre temps et force.

C'est d'ailleurs à une trentaine de mètres d'où il était qu'un relent de tripes accompagné d'une odeur âcre de sang l'interpellèrent, le garde royal se stoppa net pour balayer les environs du regard. Il dut même réprimer un haut-le-cœur lorsqu'il remarqua qu'il était à un pas de piétiner un cadavre encore chaud, étripé et gisant dans une position très peu grâcieuse ; une odeur d'alcool se mêlant à celle du corps dans un mélange des plus désagréables. A ses côtés, se trouvait un autre homme, a priori d'une même tranche âge, et ayant subi un même traîtement. Le chevalier n'avait pas fait attention au détail de ses vêtements sur lesquels une lame venait d'être essuyée, le peu de lumière qu'il y avait ne suffisant pas à ses pupilles dilatées par l'obscurité. Au surplus, il dut même faire quelques pas en plus avant d'aviser un tiers cadavre à deux mètres des premiers, à son tour surplombé par un dernier, tout aussi bien opéré. Il se surprit même à se pencher dessus, afin d'admirer cette découpe parfaite : le coupable avait fait preuve d'un sang-froid à toute épreuve en tuant ses victimes, et le chevalier en sentait une étrange excitation, tant paradoxale que le châtain finit par la trouver agréable, le dispensant de sa routine ennuyeuse, et ce, malgré la soudaine méfiance dont il se dota, mais également de son odorat qui l'aurait bien prié de partir.

Se redressant brusquement, il scruta les environs tout en s'efforçant de faire rapidement un choix de direction à prendre. Décidé, il s'engagea en vitesse dans une ruelle sombre à côté, usant de toute la discrétion dont il pouvait faire preuve. Toutefois, un bruit insolite retint son attention, lui faisant cesser tout mouvement, et au moment où il distingua une sorte de silhouette sortir d'un détour, il eut le réflexe de se cacher dans un autre croisement obscur de rues, observant le jeune homme avec une certaine nervosité. Lorsque ce dernier fut raisonnablement proche, l'évidence de son identité sauta aux yeux de Syrma qui retint de justesse une interjection de surprise.


*Un disciple de Ganondorf... J'en étais sûr ! *

En effet, ce personnage qui courait dans le pâté de maisons correspondait en tout points à Astre, un des membres refondateurs de la guilde du Mal. Il ne tenait d'ailleurs pas cette information que de la garde royale ; il avait eu vent de ses agissements derniers chez les Chevaliers du Phénix. A ce constat, le magicien de glace crispa ses doigts sur sa lance en se mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Son cœur rata un battement lorsque le brun s'arrêta soudain pour le chercher du regard.

Apparemment, il n'a pas été assez discret...


-Qui est là ? demanda l'individus à voix haute, de façon à ce que le kokiri l'entende clairement.

Tant pis... !

Inspirant profondément, il sortit subitement de son abri improvisé, se retrouvant en face du sbire du Malin en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire ; à vrai dire, il était habitué au service nocturne, ce qui expliquait bien la vivacité dont il pouvait faire preuve à une heure pareille. Sa lance dressée à ses côtés, faisant environ un demi mètre de plus que lui, une lueur fugace passa dans ses yeux alors qu'il s'adressait à son vis-à-vis sur un ton de défi.


-Il ne vous sied pas de me poser cette question. Oh, et par ailleurs, seriez-vous par hasard l'auteur de la charcuterie à quelques mètres d'ici, Astre ?

D'où il était, et avec l'obscurité qu'il faisait, il ne pouvait pas voir avec précision l'expression qu'arborait le jeune homme, mais il lui sembla distinguer une sorte de rictus déformer les lèvres du sheikah, faisant froncer sévèrement les sourcils du kokiri qui serrait fortement son arme autour de ses doigts pour se donner du calme.


Astre


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(vide)

Astre se demandait quand l’autre allait répondre. Il scrutait l’espace obscurité avec fébrilité, l’adrénaline et la fatigue se battant en un vrai duel. Pourquoi tout le monde voulait à ce point l’empêchait de se reposer ? Cela l’énervait, et une pulsion de destruction remplaçait celle du meurtre. Cependant, il ne devait pas oublier qu’il était le rédacteur-en-chef, et qu’outre les rumeurs sur ses actions peu orthodoxes, il ne devait pas se faire prendre la main dans le sac. Ses jointures furent assemblées, et en un craquement sinistre, il brisa le silence froid. Astre se demandait quand on trouverait les cadavres des pauvres fous, et sa question reçut une réponse. Car dans le fond de l’air, dans la fraicheur tiède, dans l’aura de la nuit, un enfant sortit des ombres.

-Il ne vous sied pas de me poser cette question. Oh, et par ailleurs, seriez-vous par hasard l'auteur de la charcuterie à quelques mètres d'ici, Astre ?

« Il ne me sied pas… il ne me sied pas ?! Pour qui me prends-tu, sous-raclure ? » Astre contemplait le visage juvénile du petit homme, et il se rendit compte que ce n’était point un gamin mais un Kokiri. Cet être-là pouvait très bien avoir quarante, cinquante ans, la Mort ne viendrait pas marquer ses traits petit à petit comme elle le faisait sur les Hyliens ou les Sheikahs. La lune formait un assidu croissant dans le jet d’encre qui s’étalait au dessus de leurs têtes. Que pensaient les Déesses, en contemplant leurs créations ?

-Petit homme, que fais-tu donc à cette heure-ci ? demanda ironiquement Astre, se doutant bien que le pauvre nain n’était pas un total bambin. Tu sais…

Astre arrêta ses dires, car il venait de contempler le col vert typique des gardes, l’insigne de la triforce brodé sur le tissu feuillu. Le mercenaire laissa un énorme sourire se peindre sur ses traits, ses doigts pianotant sa hanche. Une lueur d’intérêt s’allumait dans son regard pourpre. Il avait l’air d’un spectre, avec sa peau lacté et ses yeux de Démon, ses cheveux invisibles dans le noir, de même que ses sombres vêtements.

-Un garde royal ! Ils vont les chercher à l’école, maintenant ? Que me veux-tu, demi-portion ? Je sais bien que je vous ai légèrement critiqué (Il sourit à ses mots) dans ma dernière édition, que je me suis plus ou moins déclaré comme compatriote du Seigneur Ganondorf, mais… il ne faut pas croire tout ce que l’on raconte, n’est-ce pas ?

Astre éclate d’un rire cristallin, et l’on sent un vent glacial accompagné sa joie cruelle. Le mercenaire, de plus, n’avait pas oublié la seconde question du sous-homme, et c’est en voyant un petit insigne doré, représentant un phénix, qu’il se décida à continuer à humilier le kokiri.

-Quelle charcuterie ? De quoi parles-tu ?
questionna-t-il, un froncement de sourcils théâtral montrant qu’il en savait plus. S’il y a un meurtre, c’est peut être tes collègues un peu bourrés qui ont dû se montrer, brillants comme des étoiles, et tabasser quelques mécontents. Sur ce, je crois que je vais te laisser, car ta présence, si infime soit-elle (Astre continue à sourire) me gêne.

Il laissa le kokiri, jetant un dernier coup d’œil à l’insigne des Chevaliers, lui-même ayant un brassard des Profondes Ténèbres caché sous ses légères manches. Il n’avait pas encore été adoubé par le Sire du Malin, mais bientôt, il recevrait l’ultime honneur, et le Monde commencera à changer d’angle, se tournant vers les enfers. Le mercenaire ricana, et puis eut une pensée pour Arkhams, continuant à marcher dans les allées plus invisibles les unes que les autres.


Aegis


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(vide)

[HRP : Je suis vraiment inexcusable, j'ai eu quelques contre-temps IRL, mais ça n'explique pas vraiment la qualité proche du zéro de ce post ; désolée >>]

Le visage marqué par une totale indifférence, Syrma observait Astre qui ne se gênait pas non plus pour le détailler ouvertement ; il n'eut de ce fait pas à s'inquiéter d'être pris pour un enfant, le rédacteur en-chef ne pouvant pas être plus crédule qu'il n'en donnait l'air, ce qui, en soi, est assez ironique comme phrase.
Une sensation terriblement désagréable flottait dans l'air, quoique le kokiri se doutât que l'aura malsaine de son vis-à-vis en était la cause. Ce dernier mit d'ailleurs un certain temps à répondre à l'interrogation du garde royal qui ne s'impatienta aucunement. Il n'avait pas besoin d'une réponse et s'il en attendait, c'était parce que des aveux seraient largement souhaitables. Après tout, très rares étaient ceux qui arrivaient à faire passer le meurtre inaperçu, ou plutôt devrait-il dire inentendu car la vision qui s'était offerte à lui quelques moments plus tôt était des plus spectaculaires. A cette pensée, son visage s'assombrit un instant ; c'était presque la signature des Profondes Ténèbres, et plus que jamais, il était convaincu d'être en face du coupable, quoique cette perspective ne fût pas des plus rassurantes.


-Petit homme, que fais-tu donc à cette heure-ci ? Tu sais…

Le chevalier l'écouta patiemment, voyant clairement de la provocation dans les propos du jeune homme ; il avait beau avoir l'intention de répondre, il préférait toujours laisser les autres débiter leurs paroles sans intelligence pour mieux avoir le dernier mot. L'interruption de la phrase ironique de l'écrivain sonna comme une anomalie aux oreilles du pantin qui comprit que le ton mielleux que l'autre employait allait bien vite changer, chose qui a priori ne l'importait que très peu. Les lèvres du brun s'étirèrent imprévisiblement dans un large sourire jusqu'aux oreilles, accompagné par des gestes témoignant de son excitation grandissante, au point que le kokiri craignit un instant que l'écrivain ne se jette sauvagement sur lui sans préavis, accusation qui ne pouvait que lui seoir, après l'épisode des quatre ivrognes.

-Un garde royal ! Ils vont les chercher à l’école, maintenant ? Que me veux-tu, demi-portion ? Je sais bien que je vous ai légèrement critiqué (Il sourit à ses mots) dans ma dernière édition, que je me suis plus ou moins déclaré comme compatriote du Seigneur Ganondorf, mais… il ne faut pas croire tout ce que l’on raconte, n’est-ce pas ?

La dite demi-portion resta silencieuse, presque perplexe par l'attitude de l'autre personne ; Ses orbes, complètement éteintes la minute d'avant, brillaient maintenant d'une lueur étrange, effrayante.Il s'agissait presque d'une démence dans ses yeux, une sorte de folie destructrice que l'on ne ressent qu'en étant complètement perverti par Ganondorf. A ce constat, le kokiri fronça sévèrement les sourcils, observant dans les moindres détails l'autre qui éclata d'un rire clair, obligeant le châtain à réprimer de justesse un frisson de dégoût. Les yeux posés sur l'insigne des Chevaliers du Phénix, fièrement exhibé, il continua en tout sarcasme.


-Quelle charcuterie ? De quoi parles-tu ? demanda-t-il en fronçant exagérément les sourcils. S’il y a un meurtre, c’est peut être tes collègues un peu bourrés qui ont dû se montrer, brillants comme des étoiles, et tabasser quelques mécontents. Sur ce, je crois que je vais te laisser, car ta présence, si infime soit-elle (Astre continue à sourire) me gêne.

S'il avait été capable d'un sourire, il en aurait eu un de collé narquoisement au coin des lèvres, une réaction sûrement insensée si l'on ne comprend le clair message qu'adressait le rédacteur en-chef du Journal d'Hyrule, une reconnaissance implicite des faits car il était le seul garde à cet endroit, et quand bien même il ne le serait pas, une situation telle que le brun l'avait décrite pouvait-elle être vraisemblable ? Le sang-froid et la précision employée ne pouvaient définitivement pas appartenir à une personne ivre. D'ailleurs, l'écrivain ne tarda pas à lui tourner les talons, mais à peine eut-il le temps de faire quelques pas que la compagnie qui l'importunait tant revint irriter ses yeux pétillants de sadisme. De quelques mouvements brusques et vifs, il refit face au ténébreux, croisant les bras sur son torse et soutenant sans mal le regard de l'autre.

-Même sobre, une telle précision de découpage n'est digne que d'un aliéné comme vous, Monsieur le rédacteur en-chef.

Comme par provocation, il insista à bien articuler sa dernière phrase, fixant avec insistance les manches du brun qu'il avait accidentellement soulevées en passant à ses côtés et instinctivement, il resserra sa prise autour de son arme, sentant que l'envie meurtrière du jeune homme le prenait pour cible. Une lueur fugace de défi passa dans son regard lorsqu'il croisa celui plein de cruauté d'Astre, s'éteignant aussitôt pour laisser une pure froideur s'installer dans ses orbes bleues. Syrma eut un mouvement de recul en se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire de ce fou ; ce qu'il avait sur son bras ressemblait en tout points à l'emblème de la guilde du Mal, ce qui impliquait une tonne de choses pour lesquelles le garde royal ne pouvait finalement pas le laisser partir ainsi.


Astre


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(vide)

[Excuse-moi également pour le temps de réponse et cette suite peu élaborée]

Astre s’en allait, décidant qu’il en avait fini de ce petit jeu enfantin avec ce Kokiri. Ses iris avides de sang criaient grâce à sa volonté. La main du sombre partisan frétillait contre sa hanche, une envie de prendre le coutelas qui pendait dans un fourreau de cuir noir à son côté. Cependant, il résista à cette tentation. La fatigue venait de récupérer son étreinte langoureuse, et il n’avait plus envie de jouer, il voulait s’en aller, s’abandonner dans les bras de Morphée et s’enfuir au pays des mille rêves.
Le petit garde ne semblait pas avoir les mêmes idées en tête. De son air buté, alors qu’Astre commençait à repartir, il fila dans un soufflement de vent au devant du guerrier du Mal, tel un parasite. Avec l’air de l’enfant boudeur le plus parfait, la parodie de preux de la Reine emmêla ses bras et d’un regard têtu, il s’exprima pour répondre au détenteur de la plume.

-Même sobre, une telle précision de découpage n’est digne que d’un aliéné comme vous, Monsieur le rédacteur en chef.

Les mots avaient été prononcés avec une agaçante perfection, et comme s’il avait deviné qu’il avait dépassé les bornes, il s’était tu d’un coup en contemplant avec un effroi contrôlé le tatouage de sang qui peignait l’avant-bras droit d’Astre. Le jeune Sheikah examina les pupilles dilatées de son interlocuteur, puis baissa ses yeux vers sa marque de dignité. Il ressentit en son for intérieur une vague de rage, non pas qu’il trouvait les mots de l’enfant épuisants, mais son attitude de petit lutin des forêts l’exaspérait, et surtout, oui surtout, il avait un semblant de preuve. Le garde avait perdu toutes ses couleurs, et d’un pas en arrière comme pour signifier sa peur, il donna au haut-dignitaire ténébreux une occasion de sourire.

-Je vais prendre cela comme un compliment… dit-il d’un ton doucereux. Il est vrai que je suis… bon cuisinier.

Il éclata d’un rire cristallin, qui à mesure que les sons flutés sortaient de sa gorge se transformait en un rire froid et acéré. La sorcellerie du Sire Ganondorf s’empara de son âme, et d’un manteau de fumée noire, il cacha sa vue au petit Kokiri. A l’aide d’une magie mineure, il recouvra l’infâme tatouage d’un tissu de peau, et enfin, la fumée disparut.

-Vous semblez tout émoustillé ! Que vous arrive-t-il, petit Hylien ?

Astre présentait son avant-bras bien en avant pour montrer toute l’ironie de la scène. Il fouilla dans ses poches, puis, extirpa finalement une petite fiole au contenu douteux, qu’il envoya au Kokiri avant de lâcher ses mots :

-Voilà de quoi te requinquer.

Il tourna au dos, s’attendant à attendre ou un brisement de verre qui laisserait répandre des effluves empoisonnées, ou un bruit sourd indiquant que le garde miniature aurait récupérer la fiole. Les orbes pourpres d’Astre brillèrent d’un éclat malsain dans cette nuit au vent frais, doux. Ce serait agréable que de voir quelqu’un agoniser sur le sol dallé de cette Place du Marché. D’un sourire, Astre attendit la suite.