Amour, gloire et beauté.

Débat philosophique entre Brian et Josh.

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John Doe


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On parle rarement des voyages en Hyrule. C'est un tord car chaque vagabondage apporte son lot de mésaventures. Les brigands n'étaient pas très belliqueux envers le Sire. Ils devaient sentir le danger, tels des rats, lorsqu'ils reniflaient de leur groin misérable son sceau de Damné. Pour un homme comme Arkhams, traverser la grande plaine, de la forêt des Kokiris d'où il venait jusqu'à la célèbre place des marchés, était une torture. Il n'avait plus de chaussure, plus de monture. C'est les pieds en sang, la barbe mal taillée et humide de sueur qu'il passa devant les sentinelles du Château. Les douves cristallines et calme charriaient avec elles une très légère brise fraiche.

Après avoir ignorait les moqueries de la soldatesque royale à la vue du pouilleux qu'était Arkhams, ce dernier décida de faire un bilan sur lui même. Il était toujours aussi beau, aussi grand, aussi fort et aussi noble que d'habitude. Mais ce constat n'était possible que grâce à ses talents d'analyse incroyables car derrière ses frusques crottées, il était difficile de remarquer son exceptionnel pédigrée. Quelque peu honteux, l'homme fouilla à l’intérieur de sa chemise brune de glaise. Un rubis, deux rubis ... finalement cinq rubis crasseux qu'il lui restait. Pas assez pour se payer les meilleurs tissus d'Hyrule. Cependant il attrapa la première cape grossièrement tissée qu'il voyait. Le marchand grogna en sa direction et admira l'argent d'Arkhams en les comptant soigneusement.


« Bwerf, pour toi ce sera six rubis, petit clochard. »


Le rat. Imperturbable, le Sire fit discrètement sortir le fourreau de son épée. Ses dorures brillèrent et éblouirent le vendeur malhonnête. L'arme provenait manifestement d'une riche famille et importante, cela se voyait.

« Et pour toi ce sera jour de solde aujourd'hui, marchand. »

Ne voulant guère d’ennuis, le tisserand daigna céder sa cape aux coutures grossières.

« Et estime toi heureux de te débarrasser de cette chose. C'est invendable. Je fais l'aumône aux marchands pour gueux ce midi, tu as de la chance. »

Rétorqua en prime Arkhams. Il avait certes tout d'un alcoolique pommé, mais il possédait la vanité d'un noble, ainsi que d'une épée assez unique.

Moins ridicule à présent, le Sire prit le temps d'observer la place circulaire. L'énorme fontaine ronronnait au milieu des acheteurs, des femmes avec un panier d'osier aux bras pour la plupart. Beaucoup de bourgeois flânaient des épices et autres fruits exotiques très onéreux. En étant patient, Arkhams apprendrait où se trouvait le dernier membre vivant de sa famille. Nombre des citadins détournèrent les yeux quand il les questionnait sur un homme grand aux yeux verts, richement habillés et lourdement armé. Certains lui répondirent qu'il ne connaissait aucun diable répondant au nom de Valheim. Arkhams se permettait d'insister en ajoutant que celui qu'il cherchait était affreusement stupide et incorrigiblement malpolie envers les jeunes femmes. Rien à y faire. Assis sur le bord de la fontaine, le dos rafraichis par les mouvements de l'eau, le Sire désespérait.


« Où traines tu, Réminiscence Cloportesque ? »

Arkhams bailla, se laissant rêvasser à propos des volailles cuites qui l’enivraient et dont il ne pouvait pas s'offrir.


Eckard Falskord


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Lassé de l'embarras qu'incombe l'ennui de la vie diurne actuellement, Valheim flânait en Hyrule, au gré de son humeur changeante. Il ne savait que faire de ses journées, si ce n'est importuner la gente combattant régulièrement dans la plaine. Ses pieds le guidèrent à la Place du Marché. Il était affamé et cherchait de quoi se rassasier pour aujourd'hui. On pouvait lire sur son regard, bien que d'habitude inexpressif, la fatalité d'une vie déprimante.

" Je me demande où je pourrais bien trouver de la viande ici... "

Il continua d'avancer, lentement, d'un pas lourd presque hésitant. Le guerrier observait tout autour de lui la foule qui se faisait presque suffocante, on ne pouvait quasiment pas distinguer les stands et magasins alentours. Il grommela, agacé, reniflant spontanément les odeurs de nourriture qui lui chatouillaient le nez. Ne finissant d'achever sa démarche que pour observer la seule personne qui se tenait immobile, rêvassant devant lui, contre la fontaine. Valheim s'approcha derrière lui précautionneusement et mit une main sur l'épaule de cet homme en cape.

" Dis-moi, saurais-tu où je pourrais trouver une bonne boucherie ? "

Quand l'homme se retourna, Valheim ravala sa salive et le regarda avec de grands yeux. Il laissa son bras tomber le long de son corps, comme l'aurait fait celui d'une marionnette dont on aurait lâché les fils. Il recula d'un pas, pour finalement avancer son pied.

" ... Toi... ?! "


John Doe


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Ah, ça y est, il y était, à l’intérieur de son songe culinaire où volatiles et porcins gras côtoyaient des légumes grillés baignant dans une sauce parfaitement salée. Un peu de cuisse, un peu d'ailes ... Un gigot bien rose fut portée à une bouche bavante et avide. On le bouscula, la viande tomba. Colère. Qui donc le dérangeait ?! Flouté mais assez gros pour savoir ce qui avait perturbé son dîner nébuleux, Arkhams fut choqué. Une sorte de sanglier venu des enfers regardait avec hargne de ses yeux noirs et globuleux le Sire. La bête avait percuté son épaule et continuait de grogner. Arkhams avait il par accident dévorer sa descendance ? Improbable, ce n'était qu'un rêve.

D'ailleurs, son cerveau se remit à fonctionner après avoir prononcé mentalement ce mot. Le porc géant disparut comme une volute de fumée. Derrière ce gaz opaque, la lumière du soleil brula les rétines ensommeillée du Sire. Le brouhaha des brocanteurs éclatèrent ses tympans. Tout ceci n'était qu'une maigre douleur comparé au choc assourdissant de sa découverte. Ce n'était pas un sanglier vengeur qui avait cogné son épaule, mais un homme, grand, très grand, aux muscles saillants, aux regards surpris et verdoyant, à l'amure parfaitement lustrée.

Les vieux réflexes endormies d'Arkhams sortirent de leur hibernation. Il sauta du rebord de la fontaine et fit volte face, d'un mouvement unique et rapide. Sa main était déjà vissée sur la garde de son épée antique. Passé du paradis à ce feu d'artifices de haine était douloureux pour le coeur du Sire. Il eut du mal à s'exprimer et même à formuler des pensées cohérentes.


... Nabot ... !

Son cerveau n'avait certainement pas ordonnait à sa langue d'émettre ce son étranglé, ou plutôt cette insulte à peine audible.

Les Déesses t'envoient t'empaler directement sur ma lame, fumier de poules !

Ca y est, toute la douloureuse solitude d'Arkhams contrôla ses paroles. Un flot ininterrompu de mots s’abattirent sur Valheim.

Lâche, traitre à ton sang et à ton rang ! Comment se sont déroulées tes vacances balnéaire aux frais du Maitre ?! Sais tu que ton propre frère, Arkhams, moi, a détruit son corps pour ramener le Grand Monarque au sommet de sa gloire ? Que faisait la Réminiscence absente lorsque j'ai combattu au Temple ? Lorsque tu te faisais griller ton épiderme dégoutant de pleutre, je payais le prix de tes rêves stupides d'une armée plus grande que celle du Maitre, je subissais le courroux de notre Dieu, j'encaissais la fureur de nos trahisons ! Je vais te détruire, raclure informe.

Un potier, un malheureux vendeur de poteries était dans le dos d'Arkhams. Sous ses yeux interloqués, il vit une pièce de sa marchandise dérobée par le Sire rendu fou par Valheim. Un vase d'un volume honnête dans la main, l'Illusion Dépravée y concentra sa haine et le projeta vers le visage surpris de son frère de sang.

Vermine !


Eckard Falskord


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Hein ? Comment ? Quoi ? Peu de temps pour réagir correctement en fait. À peine eut-il le temps d'entrouvrir la bouche pour répondre qu'un vase s'explosa violemment sur son visage. Valheim, la figure à présent ensanglantée rouvrit les yeux pour distinguer ce maroufle qui gesticulait en tous sens, ne cessant de déblatérer des insultes à ne plus savoir qu'en faire. Autant dire tout de suite qu'il vociférait un vocabulaire des plus exécrables. Valheim lui-même n'en comprenait pas le moindre mot. Il passa sa main sur son faciès pour enlever le sang qui le faisait voir trouble. Après quoi il s'empressa de rétorquer.

" Cesse donc de m'importuner, raclure de mojo ! Je ne comprends pas un traitre mot de ce que tu racontes. En plus, tu viens de me casser le nez, alors que je reniflais le doux fumet de la viande. Au moins je ne sentirais plus cette odeur de fiente que tu dégages, pouilleux comme tu es ! Regardes-toi. Tu ne ressembles plus à rien, avec cet air rabougri. On dirait un clochard qui s'efforce de rester debout. Et à qui diantre as-tu volé cette épée ? "

Valheim n'en revenait pas que ce gueux soit revenu hanter ces lieux. Qu'était-il revenu faire ici ? Si ce n'est se plaindre ? Ce qu'il disait n'avait d'ailleurs ni queue ni tête, lui ayant perdu la sienne faut-il croire. Enfin, le guerrier reprit ses esprits et chercha le premier objet qu'il pourrait fracasser sur le crâne de cet ahuri...
Ni une, ni deux, il fonça vers lui pour l'attraper par le col, le soulever à l'aide de son autre main qu'il plaça sans hésitation au niveau de son entrejambe, et le jeta dans la fontaine. Tout cela sous les yeux ébahis des passants.

" Je t'ai donc manqué à ce point, vieux chou dépravé ? "


John Doe


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Cela faisait très longtemps qu'Arkhams n'avait pas vu d'homme voler avec tant de ... disgrâce. Malheureusement pour le Sire, c'était lui la marionnette qui filait à travers l'atmosphère. Il aurait du fermer les yeux à l’atterrissage afin d'éviter la frayeur qui lui déchira la gorge. Telle une magnifique colombe mourante, tel un noble aigle paraplégique, tel un frêle moineau invalide de guerre, l'homme à l'allure clocharde se fracassa, mâchoire la première sur les briques de la fontaine. Cette fois, Arkhams eu la présence d'esprit de fermer les yeux, pour ne pas distinguer l'ignoble spectacle de son sang qui ruisselait de sa bouche, bien plus que le débit irrégulier de la fontaine d'ailleurs.

Il se releva avec mal, son cerveau mit plusieurs longues secondes à enregistrer les paroles de l'homme en armure argentée. Arkhams cracha un bon décilitre d’hémoglobine dans l'eau, celle ci perdit soudain sa grande beauté, avec cette encre rouge qui s'y répandait.


Tu cherches un bouché hein ?

Il fut ravi de voir la face dégoutante de Valheim noire de sang. Une colère, due à une souffrance accumulé pendant de longues années, était charriée par ses veines. Elle lui brûlait le coeur, ce dernier avait un pouls chaotique voire presque inexistant. Cette fureur éveillant une puissance latente jadis incroyable. Arkhams, l'Illusion Dépravée, joignit ses mains et fit des signes dans une chorégraphie macabre. Le visage déformé par cette afflux de magie, le Sire grogna de plaisir.

L'eau de la fontaine se mit à bouillir. Le liquide orangée par le sang s'éleva et frappa avec violence contre les pierres de l'édifice, les arrachant de la fontaine. Ces blocs flottaient dans l'eau, elle même maintenue en l'air par une sombre magie.


En effet, tu m'as manqué. Et cette lame bourgeoise provient de notre ancienne Demeure, stupide Valhou'. Le maitre a peut être oublié tes traitrises récurrentes, mais pas moi.

Arkhams balança son poing dans le vide avec hargne. L'eau remplit de roche se projeta vers le guerrier aux yeux verts et à l'épée de taille inhumaine. En plus de la violence du torrent, chaque dalle de la fontaine allait s'écraser sur la face répugnante de Valheim. Le sire cria d'une joie malsaine, la main caressant sa mâchoire quasiment brisée.

Qu'on aime se faire du mal, n'est-ce pas mon frère ?!


Eckard Falskord


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Une quelque demi-douzaine de briques emmitouflées d'un jet aquatique d'une puissance phénoménale se dirigèrent droit vers le guerrier, qui s'arma par réflexe de son sabre pour parer ces objets fonçant avec violence sur lui. Il en para une, deux... La troisième, trop rapide s'enfonça dans sa joue, sans qu'il n'eut le temps de crier gare. Les autres briques finirent de le faire tomber avec rudesse sur le sol, telle une branche morte qui venait de se casser de son arbre. L'être malsain le regardait de haut, encore une fois. Il riait sans arrêt, d'une intonation lugubre. On aurait dit qu'il n'avait pas rit depuis des années. Il se lâchait, en rustre qu'il était, ne faisait guère attention à la populace alentours qui admirait le triste spectacle.
Valheim s'appuya avec son sabre pour se relever, manquant de trébucher.

" Mon pauvre. Si tu continues de rire ainsi, tu risquerais de t'étouffer avec tes quelques dents cassées. "

Il rit également de sa propre phrase, faillit presque s'étouffer lui-même d'ailleurs. Ça lui apprendra à sortir ce genre de moqueries. À peine ayant terminé de se relever, qu'il enfonça son sabre dans le ventre de l'autre attardé. Tenant fermement son arme comme pour se maintenir lui-même en vie, pour ne pas perdre conscience. Son bras tremblait. Était-ce de l'excitation ? Ses nerfs ? De la peur ? Valheim n'aurait pu le dire.

" Je crois bien que tu m'as manqué aussi, vieux frère. "