Posté le 18/09/2011 21:51
On parle rarement des voyages en Hyrule. C'est un tord car chaque vagabondage apporte son lot de mésaventures. Les brigands n'étaient pas très belliqueux envers le Sire. Ils devaient sentir le danger, tels des rats, lorsqu'ils reniflaient de leur groin misérable son sceau de Damné. Pour un homme comme Arkhams, traverser la grande plaine, de la forêt des Kokiris d'où il venait jusqu'à la célèbre place des marchés, était une torture. Il n'avait plus de chaussure, plus de monture. C'est les pieds en sang, la barbe mal taillée et humide de sueur qu'il passa devant les sentinelles du Château. Les douves cristallines et calme charriaient avec elles une très légère brise fraiche.
Après avoir ignorait les moqueries de la soldatesque royale à la vue du pouilleux qu'était Arkhams, ce dernier décida de faire un bilan sur lui même. Il était toujours aussi beau, aussi grand, aussi fort et aussi noble que d'habitude. Mais ce constat n'était possible que grâce à ses talents d'analyse incroyables car derrière ses frusques crottées, il était difficile de remarquer son exceptionnel pédigrée. Quelque peu honteux, l'homme fouilla à l’intérieur de sa chemise brune de glaise. Un rubis, deux rubis ... finalement cinq rubis crasseux qu'il lui restait. Pas assez pour se payer les meilleurs tissus d'Hyrule. Cependant il attrapa la première cape grossièrement tissée qu'il voyait. Le marchand grogna en sa direction et admira l'argent d'Arkhams en les comptant soigneusement.
« Bwerf, pour toi ce sera six rubis, petit clochard. »
Le rat. Imperturbable, le Sire fit discrètement sortir le fourreau de son épée. Ses dorures brillèrent et éblouirent le vendeur malhonnête. L'arme provenait manifestement d'une riche famille et importante, cela se voyait.
« Et pour toi ce sera jour de solde aujourd'hui, marchand. »
Ne voulant guère d’ennuis, le tisserand daigna céder sa cape aux coutures grossières.
« Et estime toi heureux de te débarrasser de cette chose. C'est invendable. Je fais l'aumône aux marchands pour gueux ce midi, tu as de la chance. »
Rétorqua en prime Arkhams. Il avait certes tout d'un alcoolique pommé, mais il possédait la vanité d'un noble, ainsi que d'une épée assez unique.
Moins ridicule à présent, le Sire prit le temps d'observer la place circulaire. L'énorme fontaine ronronnait au milieu des acheteurs, des femmes avec un panier d'osier aux bras pour la plupart. Beaucoup de bourgeois flânaient des épices et autres fruits exotiques très onéreux. En étant patient, Arkhams apprendrait où se trouvait le dernier membre vivant de sa famille. Nombre des citadins détournèrent les yeux quand il les questionnait sur un homme grand aux yeux verts, richement habillés et lourdement armé. Certains lui répondirent qu'il ne connaissait aucun diable répondant au nom de Valheim. Arkhams se permettait d'insister en ajoutant que celui qu'il cherchait était affreusement stupide et incorrigiblement malpolie envers les jeunes femmes. Rien à y faire. Assis sur le bord de la fontaine, le dos rafraichis par les mouvements de l'eau, le Sire désespérait.
« Où traines tu, Réminiscence Cloportesque ? »
Arkhams bailla, se laissant rêvasser à propos des volailles cuites qui l’enivraient et dont il ne pouvait pas s'offrir.