Posté le 02/10/2011 14:25
C'était à se demander, en lisant à droite et à gauche ( et au milieu, on oublie toujours le milieu ! ), s'il existait une seule journée de pluie à Hyrule. Il y fait en permanence beau, c'était attristant. Pauvres paysans creusant leur terre ... Bah, c'était sans compter la Magie qui rendait leur lopin fertile malgré le beau temps perpétuel. La vie est bien faite. Même si, la pluie, c'était parfois très divertissant. Divertir ... divertir ... Cela faisait un baille, n'est-ce pas ? Ne gâchons pas votre plaisir ou déplaisir et commençons ou plutôt, finissons cette introduction longuette.
Ainsi, il faisait beau. Pas un temps parfait comme souvent, mais une météo nuageuse avec quelques éclaircies éblouissantes ça et là. Les marchands alourdis en rubis de leurs ventes fructueuses et souvent malhonnêtes remballaient lourdement leur victuailles sous le soleil, un peu faiblard en ce mois, de la fin du midi. Les vieilles dames se trainaient vers leur modeste domicile dans les ruelles silencieuses et à l'ombre. Certains prêtres aimables retournaient vers leur méditation au Temple, souillé à jamais par quelque rituel sanglant, après la messe dominical(e). Le gros Talon, insulté par sa peste de fille pour sa lenteur épique, transpirait abondamment en transportant son délicieux lait invendu. La routine semblait anesthésier les citadins, ni joyeux, ni triste, seulement absents, presque inhumains. Des petits garçons mirent fin à leur étrange jeu de balle aux règles obscures pour pointer d'un doigt moqueur le plus inhumain des humains : l'être blanchâtre, sourieur, venimeux et implacable aux habits brillants de couleurs grotesques.
Les gamins suivirent des yeux l'homme loufoque marcher avec grâce. Il lévita ainsi jusqu'au centre de la place. D'une cabriole, le marginal se lança au sommet de la grande fontaine. Atterrissant sur une main, en position de poirier, il éclaircissait sa voix cristalline en se frappant le haut du torse. La tête à l'envers, fixant le peu de passants présents à cette heure de sieste ou de repas pour les plus gourmands et gras des Hyruliens.
« Hum hum ... hum ? Hum ! Him ham hum hum him ham ! »
Le drôle de personnage semblait découvrir qu'il pouvait créer un semblant de musique rythmique avec des bruits sans sens. Ragaillardi par la découverte, il entama enfin son discours, devant une quasi absence d'auditoire.
« Oyez. Oyez. Nobles gueux, écoutez le stupide Fou qui vous parle, que dis-je, qui vous hurle ceci ! Utilisez votre cerveau atrophié par votre quotidien hideux. Regardez vous ! Que votre routine est nauséabonde. Ouvrez les yeux sur ce château ... »
En équilibre sur une main, hurluberlu montra le château de la Famille Royale de l'autre sans trembler. Qu'il était agile, cet adulte aux vêtements stupides, pensèrent les enfants du bourg.
« ... J'y habite héhé ... Plus fou encore, je connais très biens ses habitants. Ne vous êtes vous pas interrogez sur votre dirigeante ? Non, bande de mollusques Zoras. Princesse Zelda. Une princesse mariée à un prince ... Sans père ... Ne devrait elle pas être Reine plutôt ? Ah ! Je vais alléger votre cerveau en réfléchissant à votre place. Si elle n'est pas Reine, c'est qu'il y a déjà un Roi caché et inconnu de tous. Et ce Roi, c'est Moi ! »
Il se tut. Laissant le silence magnifier son effet.
« Prince du Rire, général des Pitres, élite de la Folie ... mais Fol Roi d'Hyrule !
Il se mit assis sur la fontaine, le paisible jet glaçant ses fesses, le menton reposé dans la paume de sa main, songeur et faisant la moue.
Je laisse ma cousine, Zelda, diriger l'administration. Je vais m'occuper du reste, du plus essentiel : le rire, l'intelligence et la joie ! Hé oui, votre vrai héros, mes bonnes gens, est de retour. Fol se réveille et vient pour vous ravir de ses bon mots ! »
Il sourit et balaya des yeux son public.
« La grande nouvelle est propagée, votre salut est annoncée. A présent, votre sauveur va maintenant acheter des patates, faites place. »
Il sauta de son piédestal et alla faire ses emplettes d'une démarche pleine d'importance, à nouveau incognito dans la petite foule.