Dans le ventre de la bête

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Llanistar van Rusadir


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(vide)

Le soir tombait sur la cité d'Hyrule. Dans les quartiers pauvres, les habitants ne s'endormaient pas tranquilles mais en cette heure, tous tombaient dans le sommeil. Seul un cavalier allait et venait encore dans le labyrinthe de ruelles qui le menaient en une destination qu'il était seul à connaître. Mais alors qu'il tournait à un coin de rue, un homme se jeta dans sa direction...sur le sol.

"Mon seigneur! Vous n'auriez pas une petit vert pour un pauvre malheureux?"

Le regard de Llanistar se posa sur le vieillard agenouillé dans la boue, les mains en coupe levés en sa direction. Sale, puant et assez laid, le mendiant ne devait pas avoir eu beaucoup de succès en ces temps de disette. Par la faute de Ganondorf et de son raid sur le ranch, la population la plus simple et la plus fragile du bourg connaissait de très lourdes difficultés à se nourrir, alors un mendiant...Il devait crever de faim. Et ca n'était pas la promesse d'une distribution prochaine de nourriture qui allait lui remplir l'estomac ce soir là.
Après lui avoir fait signe de rester, il fouilla sous son manteau et en tira un rubis bleu. Assez pour qu'il mange bien, trop peu pour que des voleurs s'intéressent à lui. Lui donner un rubis rouge aurait été le meilleur moyen pour qu'il se retrouve la gorge tranchée dans une ruelle sombre. Les bas quartiers du bourg d'Hyrule n'étaient pas un coin tranquille, surtout pour les plus faibles. Après avoir examiné le rubis, les yeux grand ouverts de surprise et d'admiration, le mendiant baisa le genou de Llanistar en se répandant en remerciements. Ce dernier lui fit signe de s'en aller et que son geste était peu de choses. Alors qu'il relançait sa monture au pas, il entendit le miséreux derrière lui.


"Que les dieux vous le rendent!"

"Mes dieux m'ont abandonné depuis longtemps."

Deux ruelles et il y serait. Le noble détestait trainer dans ces quartiers mal famés mais au moins là, il était plus ou moins inconnu. Tous remarquaient qu'il n'était pas un gueux mais aucun ne savait qui il était précisément, et ca lui allait bien. Tant mieux si ses escapades restaient dans l'ombre car elles n'avaient rien de glorieuses. Se rendre dans la pire auberge du bourg pour picoler à grand coup de cet alcool qu'on appelait "Petite Eau" dans son pays, voilà qui était loin des histoires qu'on lui contait quand il était enfant.
Mais les chanteurs et les musiciens devaient être bien éloignés des nobles pour en faire des hommes et des femmes droits dans leurs bottes, propres sur eux, modèles de vertu parfaits. Jamais il n'avait vu autant d'ivrognes qu'à la cour de son ancien Roi. Tous ces hypocrites, emplis d'orgueil et qui se vantent en se pavanant plus que les paons n'avaient pour eux que leur sang. Ce sang bleu interdit au commun des mortels et supposé supérieur. Llanistar l'avait apprit en rencontrant Ivaens, la naissance ne faisait pas l'homme. Seuls les actes et l'intelligence comptaient.

Il faisait nuit noire quand il arrêta son cheval devant l'auberge. L'établissement était miteux, mal fréquenté et propice au crime mais il s'en fichait. Le fait était que seul cet aubergiste avait assez de gout pour se fournir en "petite eau". Et seul cet alcool pouvait se vanter de le rendre saoul. Le reste n'était que du petit lait pour le noble. Une vieille habitude de l'alcool qu'il tenait de l'armée et de la guerre contre Hearas. Quand il ne reste plus ni espoir ni renforts, on a besoin de quelque chose de plus que le courage pour tenir.

Il fit signe au garçon d'écurie de venir s'occuper de son étalon. Un pauvre gamin à la tignasse rousse et à la mine effrayée. Au moins Llanistar ne risquait il pas, lui, de le coincer contre un mur pour assouvir ses pires penchants. Les dieux seuls savaient ce que cet être innocent pouvait déjà avoir subi.[/i]

"Je te préviens : tu le vole, je te retrouve et je te tue. Si d'autres arrivent pour le voler, écarte toi de lui et laisse le faire.

Le cheval avait été dressé à Hearas, patrie de Ivaens et maitresse dans l'élevage et le dressage de ces animaux et elle était à Llanistar depuis suffisamment longtemps pour l'avoir retenu comme étant son maître. Si un pouilleux décidait de le voler, il ne recevrait qu'un coup de sabot bien placé. Et de toute manière, il hennirait assez fort pour que le dernier des Rusadir sorte châtier le voleur comme il le méritait.

Après avoir lancé un rubis vert au gosse, il poussa la lourde porte de l'auberge et entra.
Comme tous les soirs, la salle puait la sueur, les relents d'alcools et la moisissure. Cette dernière empestait de manière inhabituelle mais le noble se souvint que les dernières pluies avaient été rudes pour des bâtisses en bois comme celle dans laquelle il se trouvait. Avec ces nuages noirs au dessus du ranch, les torrents qui étaient tombés sur la cité n'avaient rien de surprenant mais cela renforçait la morosité du peuple, certain d'être victime du mauvais oeil. Superstition ou clairvoyance? Difficile de le dire quand l'ennemi est Ganondorf.

Alors couvert d'un long manteau de laine brune, Llanistar n'attira que quelques regards curieux qui ne s'attardèrent pas plus. Les clients commençaient à s'habituer à lui. Bientôt, il serait parfaitement indigne d'intérêt à leurs yeux. Loin de le déranger, cette idée lui était agréable. Moins il restait sous la lumière, mieux il se portait.
Il se dirigea vers le bar et serra la main que le patron lui proposait. Un gros bonhomme, pas méchant mais pas commode non plus. Le genre d'homme qui pouvait tenir d'une main de fer un gourbi pareil dans un quartier pareil en ces temps troublés. D'ailleurs, une simple poignée de main suffisait à faire prendre conscience au nouveau venu de la force du poing qu'il se prendrait si il troublait l'ordre.


"Hum...Comme d'habitude?"

"Comme d'habitude."

Le gérant lui remplit un grand verre et le lui tendit, restant à côté. Il savait comment Llanistar buvait son premier verre. Celui ci le vida d'un trait et le reposa, signifiant par là qu'il lui en fallait un second. Les deux premiers d'une longue série. Jusqu'à ce que les visages de son père, de son frère, de sa soeur et amour et de ses hommes ne cessent de le hanter, comme ils le faisaient en permanence. Tous morts, tous pourrissant dans la terre et dans son esprit. Certains se plaignent d'oublier le visage des disparus qui leur étaient chers, ceux là ne connaissaient pas le tourment que subissait Llanistar.

*Combien de bouteilles me faudra il encore pour les oublier?*


Lanre


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Vendre une épée n'était pas toujours un calcul des plus rentable. Que faire une fois celle-ci perdue ? A moins d'être forgeron, armurier, voleur, ou tout simplement horriblement riche, il fallait être à même de se trouver un nouveau travail.
Heureusement pour lui, Septentrion ne vendait pas son épée, mais la maîtrise dont il en disposait, et qui au final restait sienne. Soyons clairs, il n'était pas question pour lui d'enseigner. Loin d'être un professeur, et particulièrement agacé par des élèves, il ne se résignerait vraisemblablement jamais à prendre de disciples. Grand bien leur en fasse, et lui ne se trouvait pas importuné par quelques plaisantins peu assidus.
Mais s'il ne donnait nulle leçon, il agissait plus en mercenaire, chercheur de têtes, lame errante. Tout ce genre d'activités parfois illégales, parfois commandée elle même par des autorités locales, et autres représentants du pouvoir central, ne tombaient pas toute chaude dans la bouche : il fallait aller à la pêche aux informations, trier ragots et rumeurs, bref mettre les mains dans toutes ces sources de savoir plus ou moins vérifiables, plus ou moins probable.

Et quoi de mieux qu'une taverne pour ce genre de chose ? Qui mieux que le tavernier, le garçon de table, ou la serveuse est au courant de tous les ouïes-dires que peuvent lâcher les ivrognes attablés et imbibés ? Eux-mêmes sont bien souvent au courant d'informations supposées ne jamais sortir du cercle de pouvoir, secret d'état à l'origine, rumeur populaire après la chute.
Mais en ce moment, maintes et maintes Hyruliens se répétaient. Rien ne sortaient plus de leurs bouches que "Guerre", "Trépas", ou "Triomphe du Malin". Parfois entendait-on aussi parler de "Carnages", d'assauts, de destructions et de flammes. Un conflit presque qualifiable de "civil" opposant ceux que l'on appelait les bons, à ceux désignés comme les mauvais, menés par Ganondorf.
Ganondorf. La seule raison qui poussait réellement le Calicien à étirer immanquablement -comme du beurre sur une tartine trop grande- son séjour en Hyrule. La seule raison qui le motivait à gagner son pain, et donc à traîner dans les bas-fond Hyliens à la recherche de quelques informations utiles.
Car malgré les conseils de cette jolie rousse, et les rumeurs courant sur sa cruauté, son sadisme, et sa colère, l'Etranger désirait étrangement le voir. L'homme avait quelque chose de magnétique, qui l'appelait irrésistiblement. Point question de le rejoindre, loin de là ! Mais il était clair que ce Seigneur du Malin était l'un de ces grands hommes qui façonnent l'histoire à leur manière, et sot serait le badaud que de s'interdire une rencontre résolument tout aussi dangereuse qu'intrigante.

Auparavant lui fallait-il déjà le trouver. Mais cela n'était plus un réel soucis : l'autre inya lui avait offert de l'escorter jusqu'à lui. Sans doute une de ces Croisées qui faisait tant parler d'eux, eux aussi. Car nul dirigeant ne peut se hisser au sommet sans un soutien quelconque.

Malgré tous les bruits communs à un bar de ce genre-ci, celui du verre que l'on pose sèchement sur une surface de bois, et son claquement, tintement clair, fut celui qui le tira de ses songes. Comme toujours en retrait, son capuchon aux extrémités de fourrures noires rabaissé sur son faciès, en interdisant la vue, et sa petite pipe d'argent, éteinte, mais néanmoins coincée entre deux dents, il chercha des yeux la source du son.
Bien stupide, vous direz-vous ? Autant chercher une aiguille en particulier dans une botte de foin remplies de plusieurs aiguilles. De chaque table provenait un son en tout point semblable, et il était loin d'être de ceux capables de faire la différence entre la sonorité de deux verres strictement identiques écrasés sur deux tables strictement similaires.

Toutefois, il prêta dès lors un peu plus attention à la salle. Loin d'être aussi populaire que celle de Cocorico, les quelques clients qui s'y pressaient semblaient bien souvent plus durs que ceux que pouvait accueillir NuttyK. Plus rodés à des conditions de vie autrement plus médiocres. Bel euphémisme.
Si la capitale connaissait de très grosses fortunes, elle n'était pas sans savoir qu'elle possédait aussi des petites gens si pauvres qu'ils ne pouvaient manger tous les jours un simple repas.

Les deux billes grises, fenêtres sur un océan rageur s'arrêtèrent toutefois sur un homme seul au comptoir. Un de ceux qu'il n'avait jamais vu -bien qu'il fréquentât peut l'établissement, il connaissait de vue la majorité des têtes installées-.
Silencieusement, l'homme se leva, toujours partiellement caché par la pénombre, et abaissa son capuchon. Nul besoin de paraître louche.

S'avançant sur un chemin sinueux, entre des tables posées soit d'une façon tout à fait aléatoire, soit de telle sorte qu'elles eussent formé un parcours du combattant, il se dirigeait vers l'homme.
Celui-ci semblait assez troublé, et bien pâle pour le teint généralement hâlé des Hyliens. Vêtu entièrement de laines, et une épée de valeur -quoiqu'en grande partie dissimulée sous ces mêmes laines- à la taille, il ne fallut pas longtemps à Acheleus pour réaliser qu'il n'était sûrement pas originaire d'un royaume comme Hyrule, généralement chaud.


"Mes salutations messer. Vous ne comptez pas boire seul, tout de même ?"


Llanistar van Rusadir


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La vision de Llanistar commençait lentement à se troubler, bien qu'il n'en eut pas conscience, et il discernait de moins en moins les visages des clients autour de lui. La plupart étaient Hyliens, quelques étrangers comme lui mais aucun de l'Ouest. Un natif de Hearas ou d'Artensyr, le noble l'aurait reconnu dés le premier regard. Au final, tous n'étaient que des inconnus.
Il repensa aux semaines qu'il avait déjà passé dans ce pays, si loin de chez lui. Il passait le plus clair de ses journées en compagnie d'Ivaens, à rendre des menus services. Si Ivaens le faisait pour vivre car il manquait d'argent, Llanistar s'en acquittait simplement pour avoir une raison de se lever chaque matin. Si il n'avait pas eu cette motivation, le nordique savait qu'il se contenterait de rester allongé sur son lit, sans bouger en ressassant le passé, en pleurant ses morts, en désespérant sur l'avenir. Il avait souvent pensé que la vie n'avait plus rien à lui apporter, lorsqu'il avait fuit son pays.
C'était en Ivaens qu'il avait trouvé la force de se relever. Cet homme avait presque son nom mais son caractère semblait d'acier trempé. Même après tous ses malheurs, toutes ses souffrances, il continuait à aller de l'avant sans se poser de questions. C'était au dessus de ce dont Llanistar se sentait capable...Mais à force de le côtoyer, peut être cette volonté déteindrait elle sur lui? Du moins, il l'espérait de tout son coeur.
Reconstruire sa vie pour enterrer la mort, voilà tout ce qu'il avait à l'esprit en ce moment.

Un barde arriva alors et se présenta comme un grand artiste d'un pays lointain qui avait eu un succès immense là bas mais qui serait très honoré de jouer dans l'auberge. Llanistar eut un léger rire ironique. Si ce type avait vraiment connu la célébrité, il devait être tombé bien bas pour devoir jouer dans une telle basse fosse.
Mais le nordique sut que tout ce qu'il avait dit n'étaient que pures inventions dés que le musicien ouvrit la bouche. Sa voix était tellement aigüe et criarde qu'elle donnait envie de s'arracher les cheveux. Aussitôt, une coupe alla s'écraser sur le visage du barde qui comprit que ca n'était pas le bon soir. Néanmoins, devant sa mine dépitée, Llanistar attendit que le musicien passe derrière lui pour cueillir un rubis rouge dans sa bourse et lui glisser dans sa main.
La musique, même mauvaise, avait ses défenseurs.

Il avait recommencé à boire plus que de raison quand il entendit quelqu'un s'asseoir à côté de lui. Il n'y fit pas attention jusqu'à ce que l'homme ouvre la bouche.


"Mes salutations messer. Vous ne comptez pas boire seul, tout de même ?"


Llanistar, malgré l'alcool, examina l'inconnu plus en détail. Un grand gaillard, solidement bâti, vêtu de cuir et une lourde épée à son côté. Un guerrier sans aucun doute. Trop lourdement équipé pour être un assassin, trop peu pour être un chevalier. L'homme devait être un tourne-casaque, un mercenaire. L'absence de blason sur ses vêtements l'attestait.
Néanmoins, son invitation était louche. Pourquoi boire avec un parfait inconnu? Pour pouvoir mieux le détrousser par la suite, sans doute. Mais refuser aurait été mal vu, surtout dans ces bas quartiers ou un simple refus pouvait constituer une insulte.


"J'y suis réduit malheureusement mais si vous m'offrez votre compagnie, je l'accepte avec joie! Aubergiste, deux verres pour moi et...Quel est votre nom déjà?"


Eckard Falskord


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On l'aurait presque identifié comme étant un zombie, tellement sa démarche était lente et saccadée. Traînant du pied sous cette pluie battante, par une nuit ô combien morne et désuette. C'est ainsi que se présentait Valheim à l'entrée de la Place du Marché. Le guerrier était exténué de ces dernières semaines, toutes se répétant de la même façon : d'innombrables combats s'enchaînant devant feu le Ranch Lon Lon. Et bien d'autres endroits encore, la plaine, la vallée... Tout Hyrule est abattu, et le peu d'hommes possédant encore une once de courage en eux, se réunissent dans les tavernes et autres bars, pensant que l'alcool pourrait noyer leur chagrin. Et c'est ce que Valheim se décida à faire également, dans un simple élan de niaiserie. Il souhaitait du repos, et uniquement du repos. Lui n'ayant au final rien de particulier à noyer dans l'alcool, si ce n'est quelques larmes invisibles de profonde solitude. Effectivement, depuis que la désormais nommée "Croisade Sanglante" venait de remporter une manche sur le royaume -et pas des moindres- l'ennui retombait brusquement comme un goron en descente du Mont du Péril. Qu'importait après tout ? Maintenant que le calme était à nouveau de mise, le partisan de Ganondorf à la chevelure d'argent pourrait continuer ses activités annexes portées sur le vice. Ce que bien du monde effectuait par ces temps de troubles.

Valheim continuait de marcher, chaque pas semblant être le dernier avant une chute potentielle, tellement celui-ci paraissait fatigué et démotivé. Pieds éclaboussant les flaques, ignorant les mendiants qui réclamaient ce que personne ne leur donnerait. Il releva un instant le visage pour discerner l'enseigne de la taverne, à peine visible par ce temps brumeux. Se redressant, il s'avança d'un pas plus déterminé qu'auparavant, s'imaginant déjà en train d'entamer une pression bien fraîche, dans un environnement plus chaleureux que ne peux l'être l'extérieur.
Le guerrier poussa la porte d'une main, celle-ci grinçait. On aurait presque pensé que c'était fait exprès pour attirer l'attention sur les personnes qui pénétraient l'enceinte de ce lieu. D'ailleurs ça n'a pas loupé. Tous les regards se portèrent sur Valheim, celui-ci les rendait à chaque individu. Il en profita pour jeter un oeil plus attentif à l'assemblée, essayant de discerner quelques visages féminins susceptibles de lui faire passer une soirée plus agréable.
Rien qui ne puisse le satisfaire en tout cas. À vrai dire, il ne voyait pas de femme dans cette pièce miteuse. Il n'y avait-là que quelques hommes désespérés des récents évènements. Certains souhaitaient fuir Hyrule, d'autres avaient foi en la garde royale et en eux-même pour rebâtir le royaume, et d'autres encore voulaient en finir immédiatement.

De tout, en somme. Ils réconfortaient leurs moeurs autour d'une, voire même souvent plusieurs bouteilles. Le guerrier trouvait cette scène pitoyable, mais ne disait mot. Après tout, il n'avait que faire de ces gens immatures, ce qui enrayait encore un peu plus son humeur qui était loin d'être des meilleures ce soir-là. Il s'avançait sans prêter attention au reste de la salle, fixant des yeux le comptoir au bord duquel une petite poignée de gens était assise. Il prit place auprès de deux silhouettes qui de dos, paraissaient moins miteuses que les autres pour ne pas dire "bien habillées" en comparaison. Puis d'une voix nonchalante, il s'adressa au barman, le regardant droit dans les yeux :

" Une pinte, chef. "


Lanre


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Un petit sourire se dessina sur les lèvres de l'homme. Il coinça entre ses dents le petit embout d'argent, afin de ne pas laisser son instrument tomber, et posa nonchalamment son coude sur le comptoir, tout juste essuyé par le patron. Patron qu'il n'avait au passage pas regardé depuis qu'il était entré. Ses yeux gris se contentaient, seuls, de percer son futur camarade de beuverie. Un regard pétillant, amusé, provocateur, défiant –peut être même– l'homme qu'il avait en face de lui.

Depuis bien des cycles, il tenait les aristocrates en forte rancoeur. Pour tant de raisons qu'il serait inutile et bien long de les lister ici, mais force est de dire qu'il n'avait pas la moindre sympathie pour tous ces chambellans, tous ces bonshommes dont le sang détermine l'appartenance. Pour sur, il serait faux que de dire qu'il n'y avait qu'objectivité dans le jugement que rendait le Calicien. Mais qui pouvait seulement prétende à l'objectivité sur l'appréciation d'un objet, d'un sujet, d'une couleur, d'une odeur, d'une classe sociale, ou même d'un homme ? Peu lui importait bien que l'on lui dise qu'il était frustré, ou simplement jaloux. Il ne les aimait pas, et n'avait pas pour intention première que de revenir sur ses principes. Pas même l'intention de se remettre en question, où de tenter de trouver une erreur dans son raisonnement. Nul envie ne le prenait que de mettre celui-ci à l'exercice.

Alors, oui, la lueur dans ses yeux se riait de l'homme en face de lui. Tant son arme que ses laines lui indiquait qu'il n'était pas un de ces coquins que l'on trouve à tous les coins de rues. Même s'il semblait tombé bien bas –vraisemblablement plus que n'importe quel roturier–, Septentrion était sur de lui en y voyant quelque fils de noble lignée. Et sûrement qu'il s'amusait de ce fameux proverbe. « De plus haut tu tomberas, de plus douloureuse sera la chute. »

Il ne pipa mot, laissant son sourire s'élargir quelque peu, amusé de tout cette scène. Mais alors qu'il s'apprêtait à reprendre la parole, pour répondre à son cher « ami », le grincement désagréable –presque autant que la langue qu'il avait failli employer, en somme– vint l'interrompre.
Ce qui surpris l'homme ne fut pas tant et si bien l'individu qui pénétra dans la masure. Grand, certes. Bien bâti, certes. Charismatique, certes. Effrayant, vraisemblablement. Las, certainement. Dangereux sûrement. Peut être un peu ostentatoire, au vu de l'arme qu'il affichait. Celle-ci tira un franc sourire à Septentrion. Y'avait-il besoin d'une lame aussi incommensurable que celle-là pour autre chose que pallier à un complexe..?

Toutefois, une fois de plus, le silence se fit dans la salle. Les regards se tournèrent, et rien plus ne sembla vivre l'espace d'un instant. Ce qui eut don d'agacer notre homme. Allons bon. Une bonne trentaine de bon gaillards, tous réduis à l'état de chiots apeurés, mouillants leurs frusques d'une urine des plus alcoolisée.
Le dégoût pour ce peuple de vermisseaux le saisit sans prévenir, et toute trace de sourire disparut instantanément de son visage. Par la barbe de l'Enchanteur, n'y avait-il personne pour lever le poing, et se révolter ? Pas un seul homme doué d'une once de courage ?


"Acheleus Väals." Lâcha-t-il, un peu plus acerbe que tout à l'heure. Il dévisagea vaguement son voisin de table, appuyant bien son regard sur l'épée. Lui, ce nobliau, n'avait-il pas pour charge que de protéger le peuple ? Si pas même les gens d'armes ne se levaient, qui le ferait ? « Aussi connu sous le patronyme de Septentrion. Dîtes-moi, cher ami, passez-vous le plus clair de votre temps à boire jusqu'à ce panse en explose, ou pensez vous par moment à vous servir de cette belle épée que voila ? » Lentement, mais sûrement, le ton s'était fait moins amical, plus agressif, peut être. Sans doute, inconsciemment, essayait-il de faire bouger son interlocuteur.

Non pas qu'il lui en était obligatoire, et Väals se doutait bien que son homme n'était pas d'ici. Somme toute, les troubles de ce Royaume pouvaient bien lui rester tout à fait étranger comme ils l'étaient à lui. Que lui importait donc qu'un coup d'état dans une nation dont il s'inquiétait à peu près autant que de n'importe quelle charogne qu'il avait pu trouver sur son chemin.
Il ne réagissait pas envers et contre Ganondorf, ou envers et contre Zelda. Acheleus ne faisait que s'indigner de tant d'inamovibilité. En l'instant même, il était juste répugné, et cela se traduisit clairement quand la commande arriva. Exprimant frustration, dégoût et colère, il cracha dans le verre de vodka, sans le moindre respect pour le patron, son voisin, ou même ce troisième homme qui réclamait sa pinte. Par Got et ses chants mélodieux, tout ça le prenait aux tripes. Véritable vomitif que pouvait être ce peuple
.


Llanistar van Rusadir


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Le regard de l'inconnu était dérangeant. Scrutateur, insolent, il y pointait quelque chose de louche qui déplut à Llanistar mais il ne pouvait plus le rebuter maintenant, d'autant qu'avec une vue aussi troublée par l'alcool, combattre serait ardu. Et hors de question d'invoquer le Vir. Pour une fois, le parasite était endormit et laissait son esprit en paix. Le nordique savait que dés le lendemain, les assauts mentaux reprendraient et qu'il devrait alors ressentir cette douleur insoutenable en permanence, fruit de son orgueil, poison qui le rongeait. Il écouta d'une seule oreille le nom de l'homme. Acheleus. Surement pas Hylien. La sonorité était typique des royaumes de l'Ouest, des régions que le dernier des Rusadir avait déjà traversé.

« Aussi connu sous le patronyme de Septentrion. Dîtes-moi, cher ami, passez-vous le plus clair de votre temps à boire jusqu'à ce panse en explose, ou pensez vous par moment à vous servir de cette belle épée que voila ? »

Le ton fit sortir Llanistar de sa léthargie.
Il y perçait une agressivité insolente que le jeune homme connaissait bien. Plusieurs années dans les rangs puis à la tête d'une des plus grandes armées du continent l'avaient forgé à identifier les dangers avant même qu'ils ne sortent de l'ombre. La vie était une flammèche si fragile en ces temps troublés. Un simple poignard suffirait à la souffler et le noble n'était pas dénué d'ennemis. Sa main gauche se porta discrètement à sa dague, camouflée dans un repli de ses chausses tandis qu'il observait avec plus d'attention l'homme. Celui ci affichait une confiance presque insultante. La menace était à peine voilée mais il gardait un calme olympien et Llanistar faillit mettre son impression sur le compte de l'alcool. Mais non, une lueur de violence brillait au fond des yeux de l'étranger. Une dangerosité très bien dissimulée mais présente et prête à jaillit. Un tueur, surement. Mais visait il Llanistar?
Si il se révélait être un assassin du Kairn Jehovaren ou d'Hearas, il ne tarderait pas à rejoindre ses ancêtres et les 13 autres reitres qui avaient tenté de tuer l'héritier des Rusadir. Par trois fois, ce dernier avait frôlé la mort. Deux autres fois, il n'avait dû son salut qu'à la vigilance de son compagnon, Ivaens. Il commençait à croire que le dieu de la mort, le seul auquel il croyait, l'appréciait suffisamment pour le laisser poursuivre sa vie de vengeance et de regrets.


*Peut être justement me déteste il. Peut être que ma survie est mon châtiment pour mes pêchés.*

L'homme qui été entré d'une manière peu discrète était arrivé au bar. Llanistar le reconnaissait, il n'oubliait jamais un visage qui était passé prés de son épée. Valheim, l'épéiste qui avait faillit le vaincre au domaine zora, lors du grand tournoi. Bien que puissant, il avait été trop prévisible. Le monde était peuplé de ces jeunes hommes tellement confiants en eux qu'ils en oubliaient la fragilité de leur corps. Le nordique en avait été...Jusqu'à ce qu'il ait vu quantité de ces visages orgueilleux reposer sur le sol des champs de batailles, sans vie. On pouvait posséder la puissance d'un volcan, une masse bien placée n'en avait pas moins le pouvoir de vous l'enlever. L'homme commanda une boisson. Il semblait perdu dans ses pensées et éreinté. La fatigue se lisait dans chacun de ses gestes. En tout cas, il ne l'avait pas reconnu.

Llanistar reprit une gorgée d'alcool. Sa vision était redevenue nette sous la pression mais il sentait que la boisson attaquait son esprit de plus en plus fortement. C'est alors qu'il rencontra le regard de l'homme, Acheleus.
Lui n'était pas un vantard ni un inconscient. L'expérience se lisait dans son regard, celle d'un étranger ayant vu et vécu nombre de choses, d'épreuves. Ce qu'il valait, impossible de le dire d'un simple coup d'oeil mais la souplesse de son pas lorsqu'il se déplaçait induisait une vie de combats. Il fallait frapper fort.
En l'espace d'une seconde, le jeune noble tira son épée et la planta dans le bois tendre et moisit du comptoir. Au vacarme de l'impact succéda un long silence qui assourdit toute la salle. Le patron avait décroché une hache du mur derrière lui et semblait prêt à s'en servir si nécessaire. Llanistar, fixant toujours son interlocuteur, attendit que les conversations aient reprit pour enfin déclarer:


"Cette épée est la lame de ma famille. Certains dans mon pays lui prétendent une personnalité...Sanguinaire. Si tel est le cas, elle doit être rassasiée. Je l'ai nourrie sur les champs de bataille d'Hearas, des îles de Fer, des déserts de Markand et des montagnes de Waundel. Elle a cueillit la vie d'un roi et celles de plusieurs généraux. Cette épée est la témoin de nombreux combats, duel et même d'exécutions. J'ai fuit cette vie. J'ai choisit de la laisser derrière moi. Je n'aime plus me servir de cette épée mais si tel est votre désir, je sais toujours le faire."

Le ton était glacial, sans appel, nordique.
La main toujours crispée sur la poigne de l'arme, Llanistar attendit que tout ces mots atteignent l'homme. Il n'était pas prêt à lui faire confiance. Il ne ferait confiance à personne. Plus après ce qui lui était arrivé. Et si il fallait rajouter cette tête là à celles qui le hantaient déjà, alors il le ferait. La mort resterait loin de lui cette nuit là encore.


Eckard Falskord


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Aussitôt sa boisson commandée, le patron la lui apporta. L'homme à la chevelure argentée regarda sa bière pendant quelques instants. Il ne s'était écoulé qu'un fraction de secondes entre sa demande nonchalante et le service de celle-ci. Comme si la pinte avait déjà été préparée à l'avance, juste pour lui. Valheim continua de regarder l'énorme verre qu'on lui avait servi. Admirant ce liquide jaunâtre, ambré, criblé de petites bulles qui s'empressaient toutes de remonter à la surface, dans une course effrénée, aux innombrables concurrents. Ces derniers arrivés à destination, formaient une opaque masse mousseuse d'un blanc immaculé, atteignant le sommet du verre, escalade d'ébullition. Cette même mousse qui s'empressa de continuer son trajet en chutant de parts et d'autres du contour circulaire transparent, telle une coulée de lave cherchant à conquérir de nouvelles terres moins arides que celles des profondeurs volcaniques.
L'homme complètement perdu dans ses pensées n'avait de cesse d'admirer son verre, dont la condensation dégoulinait également jusqu'à s'écraser misérablement sur le comptoir boisé. Il n'osa pas encore attraper son verre, tellement ce petit volcan de bière l'hypnotisait. Il n'avait visiblement pas soif. Les yeux écarquillés, pupilles immobiles, à l'intérieur desquelles se reflétaient la couleur dorée, se mêlant au vert émeraude de ses iris.

Quand brutalement, un son exécrable vint perturber son calme intérieur et spirituel. Hein ? Quoi ? Il avait sursauté violemment, bondissant hors de sa chaise, perturbé, engourdi, debout. Le guerrier distingua immédiatement la cause de ce fracas. L'homme qui se tenait à sa gauche avait enfoncé son arme dans le comptoir, et ce, d'une traite. Valheim serrait le poing et s'apprêtait à virer au rouge mais il porta son regard plus attentivement sur la lame. Et elle ne lui était pas inconnue, non, loin de là. Elle appartenait à la personne avec laquelle il avait royalement mené bataille au Domaine Zora, il y a de ça plusieurs semaines déjà. Il regarda plus en détails les vêtements de l'homme à qui appartenait l'épée et reconnut enfin Llanistar Van Rusadir, ses longs cheveux obscurs le trahissaient. Il ne s'était donc point trompé.
Apparemment, Valheim avait les pensées bien trop surchargées en entrant dans cette enseigne pour distinguer qui que ce soit de sa connaissance. Le noble déblatérait un texte que le Croisé n'essaya pas d'écouter, ni même de comprendre.

"Pourquoi entacher cette si belle lame de ce bois moisissant, Rusadir ?"

Un autre homme se trouvait face à ce dernier, celui-ci semblait prêt à répondre mais Valheim l'interrompit dans son supposé élan. Un homme pipe en bouche, avec de somptueux atours de cuirs sombres, des cheveux noirs ondulés, mi-longs. Mal rasé, ou plutôt, barbe entretenue de façon non commune, il semblait répondre à la définition qu'on pourrait se faire d'un "rôdeur". Et visiblement, il n'était lui non plus, pas d'ici. Le Croisé lui adressa un bref regard, méfiant. Il fallait toujours se méfier des inconnus. Qui sait de quoi ils sont capables ?
Le guerrier tendit le bras pour attraper sa bière, tout en maintenant sa vision sur les deux individus. Il but deux belles lampées de ce breuvage et le reposa sur le comptoir. Il afficha ensuite un sourire narquois, bien que non désiré. C'était apparemment sa façon habituelle de sourire, ou de provoquer...? Un rictus qui se voulait non plaisant à l'égard des autres, de manière générale...
Valheim affichait malgré lui cette attitude provocante, chose qui se faisait presque automatique chez lui, de par son air hautain, sa façon de regarder les gens de haut, le ton qu'il employait... Un défaut qui lui coûtera probablement cher, à n'en point douter.


Lanre


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Väals n'esquissa pas un mouvement quand son « camarade » de beuverie (à ceci près qu'il n'avait plus aucune intention de boire une goutte d'alcool.) tira sa lame, et l'enfonça dans le bois du comptoir à quelques pouces de sa main droite, pendant dans le vide. Toujours accoudé, la pipe dans la main gauche, à la commissure des lèvres, mais permettant le dialogue. Les yeux gris fixés sur son voisin de bar, et l'air toujours aussi naturel que s'il lui débitait quelques brèves de comptoir.
Néanmoins, ses lèvres étaient aussi closes que ne puissent l'être des lèvres. Scindées en une unique lèvre, presque. Bien qu'il n'eut pas été possible de le constater, l'Impur grinçait des dents dans un silence parfait.

Le nobliaux avait le mérite de l'avoir surpris, bien qu'il n'en serait jamais rien devant toute le calme dont faisait preuve le Calicien. Stoïque comme aux premières minutes, la bavure dans la vodka était déjà oubliée, et le silence avait gagné son droit à la parole. Aussi ne se contentait-il que de jeter un regard indicible, car composé de tant d'émotions et de ressentis qu'il serait bien ardu de le retranscrire de façon fidèle. Seuls ceux à l'avoir déjà vus seraient à même de saisir la portée de ces lignes.
La réaction qu'avait eu le Sang-Bleu était très nettement exagérée, et vraisemblablement à mettre sur le compte de l'alcool. Un bref coup d'oeil aux verres vides à la gauche de celui-ci était révélateur. Ce n'était pas les premiers centilitres qu'avalait notre ami. Toutefois, sot eut été le badaud que d'ignorer la menace que pouvait représenter un individu ivre, et armé. Qu'il s'agisse là de l'épée dans le bois, ou du poignard très certainement dans la chaussure, l'homme restait trop imprévisible pour que Septentrion joue de trop des provocations.

Toutefois, il pouvait se féliciter d'avoir su faire réagir l'homme en question, même si le résultat n'était pas celui qu'il avait espéré. Mais de fait, qu'avait-il espéré ? Lui même était bien en mal de répondre à pareille interrogation. Que le combat se fasse pour protéger le peuple ? Non, certainement pas.
Il avait espéré un mouvement. Un mouvement quel qu'il fut. Et mouvement il y avait eu.
Dans son dos, il n'ignorait pas la présence du Croisé –le blason représentait bien l'appartenance de l'homme–, et restait sur ses gardes. En face, l'auguste seigneur dont le nom lui échappait toujours ; à sa droite, le gérant hache en main. À sa gauche, la salle, qui bien que peu imposante à l'entrée du dernier venu, semblait maintenant reprendre constance.
Si la situation dégénérait, le risque provenait de tous les côtés. De brefs coups d'oeils le renseignaient, et discrètement il intériorisait. Toujours en silence.

Mais peu à peu le calme retomba, et les conversations reprirent malgré l'intervention de la belle épée, désormais fichée. Bien dur serait de la récupérer, il semblait. Encore une fois, l'alcool avait vecteur de répliques démesurées, qui causeraient quelques tracas par la suite.
Son interlocuteur entama alors un discours, qui, parfumé de son haleine alcoolisée perdait en poids et en force.
Bref résumé de la vie du Seigneur, et description du parcours de l'épée. Joli palmarès, somme toute faite, et qui forçait l'admiration. Mais le bâtard de Westingale avait toujours été de ceux qui préféraient avoir quelque chose à se mettre sous la dents avant de juger. Certes, les dires étaient retenus, mais jamais le ser ne parviendrait à le faire trembler, sur l'énonciation de quelques exploits passés, et révolus. Le présent est en marche, broie le passé tout autant qu'il éclaire l'avenir.


"Pourquoi entacher cette si belle lame de ce bois moisissant, Rusadir ?"

Si l'information n'était pas capitale, elle permit à Septentrion de satisfaire sa curiosité. Rusadir, hein ? Un nom qui ne lui évoquait pas grand chose d'autre que le nord, quoiqu'il l'avait déjà remarqué aux intonations de la voix.
Plus encore, les deux hommes se connaissait. Chose qui pouvait corser la donne. Bien qu'il n'y avait pas pensé, et que Rusadir ne portait pas le blason, le doute était permis. Peut être était-il frères d'armes ? Quoique le ton n'y fut pas, la vie lui avait appris à rester en permanence en éveil. Ou à mourir.


"Je ne demande pas de combats, messer. Tout juste une réaction." Comme souvent, il laissa un temps avant de reprendre, parlant plus fort maintenant. « J'ai du mal à croire, que tous ici, tous autant que vous êtes, soyez restés à trembler quand cet homme est entré, alors que trois d'entre vous parviendraient à maîtriser nombre d'adversaires. Un homme entre, avec la marque de Ganondorf, et vous voilà chiots ? Par les Dieux ! »

Son regard se promena sur toute la salle, dur, sévère, froid. Il ne manqua pas de s'arrêter sur le patron, tout aussi silencieux que les autres, avant de se pencher sur le Croiser, et d'affronter le sourire narquois d'un visage austère et sans appel. Puis, il retourna à Rusadir.

"Pas même toi, Sang-Bleu, n'a réagi. Toi, qui possède cette épée qui cueille des rois. Es-tu toi aussi un soumis, Sang-Bleu ?"

S'il s'était pris à hausser la voix, quand il parlait à tous, il ne s'adressait plus qu'à l'ivrogne à l'ascendance aristocratique. Quoique la proximité avec le servant du Cavalier Noir fut assez réduite pour qu'il eut loisir d'entendre, tout comme le barman. Là n'était pas son soucis.

[Désolé, c't'un peu brouillon, c'pas inspiré, mais il est tard, et d'autres fronts m'attendent. XD Je tacherais de faire mieux pour la suite !]


Llanistar van Rusadir


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"Pourquoi entacher cette si belle lame de ce bois moisissant, Rusadir ?"

Rusadir. Ce simple mot déclencha un violent frisson chez Llanistar. JAMAIS à Hyrule il ne s'était présenté sous ce nom, trop soucieux de préserver sa vie. Son propre roi l'avait condamné à mort par contumace alors qu'il était en guerre sous la bannière d'Artensyr. La chance et des sacrifices lui avaient permit d'échapper aux inquisiteurs mais même aussi loin de sa terre natale, les assassins de Jehovaren le recherchaient surement encore. Car le tyran n'aurait de répit tant que son ancien général conserverait un souffle de vie. Ainsi, pour tous depuis son arrivée à Hyrule, il était "l'étranger", "le pas-de-chez-nous", celui dont il faut se méfier. Et aux plus curieux qui osaient lui demander son nom, le noble répondait qu'il s'appelait "Trancheur", "Souffle-court" ou "Rivière". Les noms que peuvent posséder des bâtards devenus mercenaires. Seul Ivaens connaissait sa véritable identité mais il s'étaient jurés de ne jamais se trahir et lui ne buvait pas. Impossible que cela lui ait échappé.

Llanistar se retourna vers la langue trop bien pendue. C'était celui qu'il avait affronté lors du tournoi. Une victoire de justesse mais qui avait plutôt impressionné les Hyliens...pendant une semaine. Ensuite la vie avait reprit et dans l'attente des autres combats, son visage avait été oublié. Lui même ne pensait pas recroiser un serviteur de Ganondorf ici, en ce lieu. Se pouvait il que ce royaume soit si faible au point de laisser ses ennemis entrer dans ses villes et boire à ses auberges ? Si Jehovaren savait cela, il enverrait aussitôt ses armées et Hyrule tomberait en quelques mois. La chance d'Hyrule était le secret qui l'entourait et la faiblesse de son envahisseur. Car si Ganondorf en lui même devait être un sacré personnage, son armée se réduisait à une bande de voleuses. Pas très efficace pour faire tomber la Couronne du front de la princesse Zelda... Mais suffisant pour causer des troubles.
Le nordique n'avait pas apprécié Valheim lors de leur duel. Trop arrogant, trop dangereux. Mais en cet instant il le haït plus qu'il ne s'en croyait capable. Il était venu ici pour boire et oublier et voilà qu'un individu antipathique lui rappelait son véritable nom et son passé. Il n'en tint plus, se retourna sur sa chaise et cracha vers le serviteur de Ganondorf.


"Je vous châtrerais volontiers, chien, si vous aviez quelque chose entre les jambes."

L'alcool aidant, Llanistar ne craignait plus la confrontation. Il se sentait léger et souple comme jamais et l'effronterie de son ancien adversaire lui restait en travers de la gorge. Acheleus semblait s'en amuser. La pipe au bec comme un vautour, il souriait mesquinement. Le noble détestait ce sourire, cette expression qui semblait signifier aux autres que le monde était une vaste blague dont on était les seuls à comprendre le sens.

"Je ne demande pas de combat, messer. Tout juste une réaction."

Un rictus de mépris apparut sur le visage de Llanistar qui réprima une seconde envie de cracher pour reprendre une longue gorgée de bière et en recommander une autre. Décidément cet homme était étrange. Qui donc provoquerait ainsi un homme armé juste pour observer sa réaction ? Qu'es-ce qu'il pouvait en avoir à foutre que le nordique finisse hagard, le nez dans le caniveau à cuver son vin jusqu'au matin pendant que des chiens le renifleraient ? Mais déjà il haussait la voix pour se faire entendre de toute l'auberge, agressant les tympans de Llanistar au passage.

« J'ai du mal à croire, que tous ici, tous autant que vous êtes, soyez restés à trembler quand cet homme est entré, alors que trois d'entre vous parviendraient à maîtriser nombre d'adversaires. Un homme entre, avec la marque de Ganondorf, et vous voilà chiots ? Par les Dieux ! »

Et voilà. Un moralisateur. Un de cette race qui croit encore à la bonté du petit peuple et au courage de ceux qui n'ont pas grand chose à perdre. Llanistar les connaissait bien, ceux qui peuplaient cette auberge. Des traines misères, travaillant beaucoup, gagnant peu, dépensant beaucoup et pensant toujours être harcelés d'impôts ! Ganondorf pouvait bien maîtriser les ténèbres et invoquer des monstres, il lui suffirait de leur promettre la suppression des taxes pour qu'ils cessent d'avoir peur de lui et qu'ils le rejoignent. Il n'y avait ni bravoure ni loyauté autre que celles octroyées par l'appât du gain chez ces pouilleux ! A quoi bon avoir de l'honneur quand on a presque rien ?

"Pas même toi, Sang-Bleu, n'a réagi. Toi, qui possède cette épée qui cueille des rois. Es-tu toi aussi un soumis, Sang-Bleu ?"

La remarque, insultante malgré tout, fit sourire Llanistar. Il aurait du mal à répondre non. Après tout, depuis la mort de Val, il n'avait fait que se soumettre au Destin. Mais désirant garder la face, il répondit en tentant de conserver un semblant d'assurance.

"Je suis mon propre maître. M'attaquer à lui sans raison me rendrait soumit à ses ennemis. Ce n'est pas ce que je veux. Ca ne me regarde pas...Tout cela m'est é...tranger..."

Il n'eut pas le temps de finir qu'il sentait l'alcool lui monter violemment au cerveau. Tout devint flou et il dut faire un effort pour ne pas vomir dans l'instant. Alors, titubant, il sortit par la porte de derrière et rendit toute la boisson dans l'arrière cour. L'aubergiste qui l'avait accompagné lança un juron devant ce spectacle et à la perspective de devoir nettoyer mais on voyait de la compassion dans son visage. Llanistar eut du mal à supporter cette situation et alla s'allonger dans le foin, son crâne comme soumit aux coups de marteau d'un géant le martyrisant. Il ne vit pas si Valheim l'avait suivit mais Acheleus oui. Alors, le nordique eut un sourire ironique.

"Le voilà ton sang bleu ! Gisant dans son vomi derrière une auberge moisie dans un quartier pauvre à des centaines de lieux de chez lui. Expliques moi maintenant en quoi les nobles sont différents de toi ou de tous les troufions qui s'enivrent chaque soir ici, je t'écoute!"


Eckard Falskord


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"Je vous châtrerais volontiers, chien, si vous aviez quelque chose entre les jambes."

Tout d'abord, cette phrase provoqua un changement dans le regard du croisé. Ce n'était qu'une question de secondes avant que celui-ci ne vire au quart de tour, prêt à en découdre avec l'homme du nord. Mais... Pas tout de suite. Car l'autre individu, toujours pipe au bec, lui donnant cet air malicieux qui, même sans faire attention à son regard hautain, pourrait hérisser le poil de l'interlocuteur, lui, il rétorqua.
Sept phrases, Valheim les avait comptées, impatient d'en revenir à son tour au noble titubant. Et alors qu'il s'apprêtait à répondre enfin à ce dernier, il reprit la parole pour ne pas finir sa phrase. Prit d'une sorte de légère convulsion dirait-on, affichant le rictus qu'un homme saoûl faisait avant de rendre le contenu de ses repas du jour.

Et c'est bel et bien ce qui se produisit, ce qui n'étonna pas l'homme aux cheveux d'argent. Llanistar, à présent dans l'arrière-cour et la porte grande ouverte, nous offrait gracieusement son spectacle. Valheim l'avait suivi des yeux, se décalant légèrement pour mieux suivre cette scène plutôt amusante.

" Te voilà bien pitoyable, mon brave. Où donc est passé ton esprit chevaleresque depuis notre combat ? "

Le guerrier se raillait de lui, en tout cas, l'envie de lui régler son compte lui passa grâce à ça. Bien que dans son état, Llanistar serait plutôt désavantagé en cas de combat, et facilement vaincu. Mais Valheim ne profita pas de l'occasion, il n'était pas un lâche au point d'attaquer dans un pareil moment de faiblesse. Il n'en restait pas moins effrayé par le terrifiant pouvoir que l'homme possédait. Sensiblement similaire au sien d'ailleurs : tous deux possédaient en eux un être défiant l'imagination, un concentré d'anti-matière, agissant comme des aimant les uns aux autres. Etait-ce tout du moins ce que le croisé se demandait, après leur combat. En tout cas cette saleté pouvait certainement agir. Et autant ne pas s'y frotter dans une auberge. Où irons-nous boire sinon ?
Valheim se contentait seulement de regarder le noble, étalé dans le foin et le vomi. Jurant et remettant en question les "différences" nobles/plèbe.

" Tu m'as bien amusé, soit dit en passant. "

À présent la Main de Ganondorf dirigea son attention vers le second homme, le rôdeur avec sa pipe. Ce dernier avait suivit Llanistar. Désirait-il voir la scène de plus près pour s'en amuser d'autant plus ? Probablement...

" Laissez donc cet ivrogne patauger dans ses regurgitations. "

Ce qui était plutôt le bon choix à faire. Car en ces temps de troubles, autant ne pas s'encombrer d'un homme saoûl, qui sait en plus de quoi serait-il capable, sous l'emprise de l'alcool.
Valheim termina ensuite sa chope d'une traite.


Lanre


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Ses yeux ne s'arrêtèrent pas même l'espace d'une seconde sur le vomi qui maculait l'arrière cour. Tous les cycles qu'il avait passé en guerre contre Kamerlan lui avait fait voir des spectacles parfois similaires (un soldat ivre n'était pas rare) tantôt plus rebutants. Et si lui même ne buvait que peu ou prou, il lui était arrivé de se retrouver dans pareil état.

Non, son attention se focalisait bien sur Rusadir, et ce qu'importe son état. Väals n'avait cure de tout l'alcool qu'il pouvait avoir ingéré, ou de tout l'alcool qu'il pouvait avoir recraché, ce n'était pas ça qui l'intriguait suffisamment pour qu'il eut suivi l'homme jusque dans sa déchéance. La scène d'un homme jeté à bas par l'alcool ne lui inspirait rien d'autre qu'un mépris bien ancré et un fort sentiment de déjà-vu.

Nul doute que l'alcool, néanmoins, avait sa part de responsabilité dans toute la trame qui s'était jouée un instant plutôt. Lui n'avait été que le déclencheur tandis que l'alcool était l'amplificateur. Si l'on comparait la soirée à la note claire d'un luth il était le pincement, et la boisson s'avérait être la caisse de résonance.
La réaction de Rusadir avait logiquement été amplifiée – voir partiellement modifiée (dénaturée..?) – mais devait être restée dans le même ordre d'idée. L'alcool délie les langues, les rends pâteuses, mais en aucun cas sciemment fourbes.

Bien que le caractère étranger du Nordique ne lui fusse pas inconnu, la formulation utilisée toucha étrangement l'occidental, ramenant à sa mémoire quelque maxime oubliée. Si oubliée que ça..? Peu probable, en fait.

« Froids sont les os, les mains et les coeurs. Froids sont les voyageurs loin de leur demeure. »

Comment oublier ? Comment oublier son propre pays ? Même s'il avait toujours été d'un naturel distant, voir froid, on ne pouvait pas dire que cet état de fait c'était amélioré depuis son exil, bien au contraire. Plus renfermé que jamais, plus discret qu'une ombre, plus froid que les vents du Nord. La nostalgie latente de Rusadir suffit à réveiller la sienne, établissant entre eux une sorte de lien (du moins aux yeux du bâtard) qui changea un instant le regard de celui-ci sur le Sang-Bleu.
Un instant seulement néanmoins.

N'a-t-on jamais dit de l'Impur qu'il était des blancs et des silences le maître incontesté ? A la question de Rusadir n'échoua pour réponse que celle du Croisé, suivie d'un silence magistral, tandis que Septentrion continuait à s'enferrer dans un mutisme devenu presque règle de vie, durant ces quatre cycle passés à errer dans un désert des plus hostiles. Il laissa à son choix le Croisé, ne tournant pas même l'oeil vers lui. S'il n'avait point d'animosité contre celui-là, il n'avait pas plus de respect pour lui qu'il n'en avait pour le reste de la salle, plus en arrière.
D'un pas simple (sans agressivité, ni précipitation), il se dirigea vers Rusadir, avant de lui tendre sa main.


"Allez. Debout, il est l'heure." Il avait effacé de son ton cet aspect un peu colérique qu'on pouvait lui prêter quelque part. L'ire du Calicien était bien présente, mais latente, et de surcroît, plus dirigée vers la faiblesse Hylienne dans l'absolue que contre ce gredin à l'épée-qui-cueille-des-rois en particulier. « Le noble n'est rien que ce que le peuple veut bien qu'il soit, et ça, tous deux ont tendance à l'oublier. Si les Dieux érigent le monde, ce sont bien les Hommes qui forgent les couronnes. » Fit-il, en réponse à la question posée auparavant, tendant toujours la main, incitant l'autre à la saisir. Même s'il était et resterait un être aussi froid et austère que la pierre fouettée par le vent et battue par la neige, le tourne-casaque se sentait une forme de proximité avec cet homme, là où en apparence, tout les opposaient.


Llanistar van Rusadir


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"Allez. Debout, il est l'heure."

Llanistar s'était attendu à tout sauf à cela. Il imaginait déjà l'autre le trainer dans la boue avec des paroles acerbes et au lieu de ça...on lui offrait la possibilité de se relever. Etait ce encore possible pour lui ? Un déchet comme il était devenu pouvait il encore se lever et se redresser, aussi grand qu'il l'avait été auparavant ? Depuis combien de temps ne s'était il pas levé dans les lueurs de l'aube, l'âme légère et un sourire aux lèvres ? Les brumes de l'alcool montèrent à nouveau jusqu'à son cerveau et il replongea dans ses souvenirs...lointains.

Cinq ans auparavant. Le coeur même de l'été, un mois après le solstice, au sud d'Artensyr et très loin à l'ouest d'Hyrule. L'armée impériale s'était dirigée vers la région appelée les Marches de Markand, aux portes du grand désert. La région était composée d'une mer infinie de dunes au Sud et d'un plateau de pierre rouge au Nord, une immense pente en forme d'escaliers formant la frontière. Cela faisait trois jours que les Artensis campaient sur les marches, Llanistar sur la plus haute d'entre elle, attendant la confrontation avec les ennemis de l'empire.

Le soleil entrant par l'entrée de sa tente le fit sortir de son sommeil. Il se redressa lentement sur son séant, le simple drap qui le couvrait retombant légèrement. Les rêves s'étaient fait nombreux et doux cette nuit là. Son amour qui l'attendait au pays, le Kairn qui lui avait témoigné toute sa confiance pour cette bataille... Rien ne pouvait aller mieux. Bien sur, la victoire n'était pas simple mais son plan de bataille avait les deux avantages d'être sur et audacieux. Beaucoup de choses reposeraient sur lui en ce jour, et il trouvait ça préférable. Depuis toujours, le nordique n'accordait pas sa confiance facilement et il doutait de tout. Mais ce soleil n'était pas son ennemi aujourd'hui il le sentait. Si les anciens ou les nouveaux dieux avaient pour une fois choisit d'épargner son sommeil, ca ne pouvait augurer que du bon.

Svartan entra alors, parfaitement vêtu de son armure rutilante. Issu d'une très ancienne famille d'Artensyr, il avait hérité des armes familiales et envoyé comme officier au Kairn tandis que son ainé resterait pour gouverner le domaine. Jehovaren avait instauré cette règle afin de disposer d'hommes loyaux qui ne feraient pas passer leurs terres avant leur roi et Svartan en était un des plus satisfaits. Llanistar n'avait jamais connu meilleur soldat avant lui et respectait cet ainé qui restait néanmoins moins gradé que lui. Le nordique se leva et s'étira avec délectation. Cela fit sourire son second.


"Tu sembles mieux disposé que d'ordinaire !"
"Lorsque les dieux du repos daignent se pencher sur moi autrement que pour m'accabler de tourments, mes réveils sont sensiblement différents!"
"Je vois ça. A notre dernière bataille, tu n'avais pas voulu dormir afin de ne pas être découragé le lendemain. Dois je comprendre que les dieux bénissent ton jour?"
"Il le semblerait bien. Bon, aide moi à enfiler mon armure.

Les plus anciennes familles d'Artensyr ne portaient pas de la plate ou de la simple maille en acier. Héritières d'un ancien temps de gloire maintenant disparues, les plus importantes d'entre elles disposaient encore d'armures du temps de l'empire de Menlos. Cet état avait beaucoup commercé avec les elfes, à présent disparus et les plus beaux travaux des forgerons elfes avaient passés avec facilité les siècles. Les armures de Svartan et de Llanistar en étaient. Plus légères que l'acier mais bien plus résistantes, elles s'enfilaient sur du simple tissu et protégeaient leur porteur comme le feraient les écailles pour un dragon. Le heaume des Rusadir était quand à lui finement ouvragé et possédait un long panache de crins blancs. On disait qu'un Rusadir en armure ne saurait être vaincu par moins de dix hommes à la fois. Sans doute était ce exagéré mais le charisme qui en ressortait était une composante essentielle des victoires de Llanistar, et il le savait.
Au moment où il allait mettre ce heaume, les trompettes sonnèrent. Le signal de l'arrivée de l'ennemi. Toutes les armées des califats de Markand se rendaient aux marches en cet instant même. Le nordique se figea un instant et se regarda dans un miroir de bronze sur un pan de sa tente. Jamais il ne s'était vu si hardi, il le sentait. Cette heure serait la sienne. Ce jour serait le sien. Et la victoire serait sienne. Il enfila son heaume et sortit. Au dehors, six mille soldats, ses propres légions, en formation et immobiles l'attendaient. Décidément, en ce matin, vivre était bon.

...Llanistar se reprit soudainement et vit qu'il était ressortit de ses souvenirs. Bien lointaine était la victoire de Markand à présent qu'il gisait là, les pieds dans son vomi, la tête martelée par un tambour. Sans trop réfléchir, il attrapa la main que lui tendait Acheleus et se remit sur pied. Après avoir réprimé un vertige, il sentit qu'il pouvait marcher, ce qui ne serait pas du luxe pour retourner à son auberge. C'est alors que l'autre lui répondit.


« Le noble n'est rien que ce que le peuple veut bien qu'il soit, et ça, tous deux ont tendance à l'oublier. Si les Dieux érigent le monde, ce sont bien les Hommes qui forgent les couronnes. »

Le nordique le fixa droit dans les yeux, essayant de lire en lui. Cette réponse était on ne peut plus juste mais il fallait avoir vécu pour prendre conscience de cette réalité. Il ne parvint pas à lire en Acheleus. Son esprit était bloqué par quelque chose dans son regard, comme cette étrange couleur d'or peu naturelle. Llanistar lui fit alors signe de le suivre. L'auberge se situait non loin des murs de la ville et s'était un coin tranquille, la plupart du temps. Ce soir là, l'endroit où il avait ses habitudes était désert. Et alors que les effets de l'alcool disparaissaient lentement, il sortit deux de ses pipes et en offrit une à Acheleus avant d'aller s'installer sur un créneau et de la bourrer de tabac.

"...Le pouvoir est une chose curieuse. Il appartient à qui l'on décide qu'il appartient. Et jamais le peuple ne penserait à décider autrement que ce qui a toujours été. C'est une bonne blague. Une ombre crée par le feu de la guerre, de la force et des traditions. Rares sont ceux qui le voient ainsi. Et leur vie n'était pas morne... Il marqua une pause et eut un bref sourire. "Racontes moi ton histoire Acheleus. Et je te conterais la mienne."


Eckard Falskord


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Reposant fermement la chope sur le comptoir, Valheim tourna les talons. Décidemment, quelle journée agaçante ! À la suite d'une poignée de main salvatrice sans laquelle Rusadir n'aurait pu lever séant, les deux personnages étaient de retour, prêts à s'installer de nouveau. Mais en plus, ils étaient en passe de devenir bons amis, bientôt ils allaient se raconter leurs périples. Tout cela ne manqua pas de faire grincer des dents le croisé. Il ne manquait plus qu'une bonne accolade pour totalement dégoûter Valheim. Agacé ? Il l'était. Énervé ? Depuis le début de la soirée oui. Jaloux ? Très certainement. De la jalousie d'ailleurs, il semblerait en fait que ce soit bel et bien cela...
Voir deux personnes ainsi lui fit remonter de vieux souvenirs qu'il aurait cru perdus l'espace d'un instant. Mais, la Main du Roi sombre n'oubliait pas, jamais. Ses souvenirs d'autrefois, ses compagnons de guerre, ses alliés de fortune, ses camarades de beuveries, ses amis. Tous disparus, les uns après les autres. Profondes Ténèbres, maudite soit cette guilde. Et maudit soit ce passé revenu le hanter pour de bon !
Qui encore, qui encore était là pour témoigner de ce passé anéanti ? Seul le Seigneur Gerudo. Mais ce dernier se taisait à ce sujet. Une grande page fut tournée. Au recto de celle-ci, Profondes Ténèbres. Au verso, Croisade Sanglante. Un pas en avant ou bien une déchéance ? Pensa l'homme.

" Pff ! "

Vous vous souvenez de cette bière ? Cette fameuse bière. Ce véritable fut sous pression. Attendez une seconde. Valheim était désormais à l'image de ce volcan miniature qu'était la boisson désormais ingurgitée, un instant auparavant.*
Prêt à déborder. Des larmes ? Certainement pas. Autre chose oui. Du sang, son sang montait et bouillonnait en lui tel le magma souterrain, puisant dans toute sa détente pour respirer l'air libre.
Des souvenirs bien trop douloureux, pour le bonheur qu'ils lui avait procuré, le malheur qu'ils lui procuraient. Une équipe, "l'Élite", qui furent pour ainsi dire, ses seuls amis. Il fallait oublier, oublier, oublier. Cela n'avait plus raison d'être, maintenant. Qui aurait pensé qu'un tel personnage puisse être doté de sentiments ? Mmh ? Personne, à vrai dire.

" Je m'encombre de futilités. "

Alors que cheveux d'argent faisait marche arrière, s'apprêtant à s'en aller définitivement pour faire évacuer tout ça sur on ne sait quel innocent, il se stoppa net. La plupart des hommes assis en ces lieux le regardaient, effrayés. Les plus couards baissaient les yeux, comme s'ils avaient peur de les perdre. Valheim balaya du regard la pièce, et serra le poing. Il attrapa le premier gus à portée de bras et le plaqua contre le mur, juste à côté de la porte.

" Ne me regarde pas de travers, minable. "

Ca y est, c'était sur lui que ça devait tomber. Le pauvre n'y était pour rien, mais il en fallait un pour calmer le croisé. Et il lui aurait volontiers proposé un allé simple pour l'Enfer, et cela gratuitement. Personne ne réagissait, et c'était la bonne décision à prendre s'ils voulaient tous rester intacts. Valheim n'obéissait plus qu'à ses envies meurtrières, en personne impulsive qu'il était. Toujours, il ne lachait pas prise, et bientôt, l'hylien allait probablement mourir étranglé. Tous ces gens le dégoûtait, ce peuple incapable de se défendre, ce peuple faible, peureux et égoïste. Pas un pour rattraper l'autre, pas un non plus pour mener les autres. Des bons à rien, vivant sans idéaux, sans buts, sans convictions.
Oui, il les méprisait.

* © Seldy' ♥


Lanre


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Le Nordique avait saisi la main qui lui était tendue, et s'était hissé (avec aide, bien entendu) sur ses pieds. Et malgré l'alcool ingurgité, son attitude s'était transformée. Plus d'ivrogne agressif (provoqué, à l'origine, peut être..? Laissez moi me souvenir..!), plus de violence hargneuse. Peut être le fait d'avoir tout recraché sur les pierres de l'arrière cour du bâtiment avait aidé l'organisme du pauvre homme ? Peu probable. Et quand aux rumeurs qui prétendaient que ceux du Nord tenaient mieux l'alcool, il ne voulait pas en entendre parler. Non pas par piqûre dans l'orgueil ou quoique ce soit qui puisse s'en approcher, mais bien parce que les faits l'avait plusieurs fois démenti et plusieurs fois confirmé. L'origine (géographique comme sociale) n'avait rien à voir là dedans.

Aussi, le bâtard ne s'expliqua pas ce changement. Les questions n'étaient pas tout à fait à l'ordre du jour – dans la mesure où la situation changeait bien plus vite que ne l'eut fait une journée pour passer à la nuit. Si la tension semblait retombée, l'occidental gardait à l'esprit qu'encore quelques minutes plus tôt avait failli éclater un affrontement. Une étincelle pourrait raviver un feu latent. Le croisé toujours derrière lui, il restait sur ses gardes. Encore et toujours sur le qui-vive, il n'avait appris à survivre que de cette manière. Sans faire un retour arrière sur son existence, il eut été on ne peut plus exact que de dire que la vie ne s'était pas vraiment fait clémente avec lui.
Loin de lui l'idée de s'en plaindre, pour autant. Au contraire même. Les choses étaient ainsi ? Très bien. Sans se résigner ou s'illusionner, il prenait les choses comme elles venaient, sans ressenti par rapport à celles-ci. Sans se plaindre. Encaisser est la première des choses qu'il avait appris. Après tout, certaines pensées ne convergeaient pas déjà vers cet état de fait ? Ce qui ne tue pas un homme le renforce. Aussi, tant qu'il vivait, il n'aurait de cesse de se renforcer, pour continuer à vivre.
Faux, néanmoins, que de prétendre que jamais il n'avait ragé. Que jamais il n'avait haï. Que jamais il ne s'était insurgé, qu'il n'avait été jaloux, qu'il n'avait été faible, somme toute. Mais qui pour prétendre pareille chose et jouir du statut d'Homme ?

Ses yeux gris aux rares reflets dorés (continuant la consommation de balphas, il réveillait de temps à autres les vieilles couleurs artificielles qu'elle donnait aux iris) se tournèrent vers l'arrière. Rusadir debout, il chercha un bref instant l'alguazil de Ganondorf. Certes, sa vision était loin d'être aussi manichéenne que celles de certains présents dans la taverne, mais il n'était pas sans savoir que le Roi du Désert considérait quiconque ne le suivant pas comme un ennemi. Prudence, mère de sûreté – et donc de survie –, était de sortie.
Son regard ne croisa pas l'homme à la cascade d'argent en guise de cheveux. Le Calicien fronça les sourcils, tandis que se dessinait sur son visage les rides du lion : à aucun moment il ne l'avait entendu partir.

Rusadir l'invita dès lors à le suivre, et calant de nouveau sa pipe entre ses lèvres (une longue pipe en bois, et à tabac), l'homme de l'Ouest s'engagea à sa suite. Väals ne savait pas encore où l'emmenait le Nordique, et restait prudent en conséquences. Peut-être l'homme en question ferait un bien piètre assassin, avec autant d'alcool dans le sang, et peut être, lui pourrait le laisser en arrière sans réel soucis, il n'en demeurait pas moins éveillé et prêt à chaque situation.

C'est sur les hautes murailles de la capitale que la ballade s'arrêta. Acheleus accorda aux murs de pierres un rapide coup d'oeil. Hauts. De qualité, certainement, et dans un état remarquable. Un instant, il resta perplexe : dans les cycles passés, Hyrule et sa capitale étaient supposée avoir subi deux assauts de taille, le premier dirigé contre le Château lui même ; et le deuxième contre le Temple du Temps. Got le foudroie, mais comment les Hyliens avaient-ils pu aller si vite dans les reconstructions ? Ou alors, Ganondorf avait-il enjambé les fortifications ? Il se refusait à croire que ce peuple déjà bien bas à ses yeux ai pu se laisser berner aussi facilement. Si le Seigneur Gérudo n'avait eu qu'à montrer patte blanche pour entrer dans la bergerie...

Rusadir le tira de ses pensées, lui tendant une pipe avant de s'asseoir sur un des créneaux, bourrant sa propre vide. Celle du tourne-casaque vide, il préféra la politesse d'employer celle prêtée (offerte..?) par son interlocuteur, avant de répondre à ses interrogations.
Bien que surpris, Acheleus Väals, bâtard de Westingale et Fils-de-Personne se décida à répondre, après un moment de silence. Lui aussi avait bourré la pipe d'un peu tabac, revêtu de nouveau sa capuche et commencé à fumer. Enfin, il se décida à prendre la parole. Ou plutôt, à répondre, car loin d'offrir un ensemble de phrases à Rusadir, il chanta. Sa voix emplit l'air, grave, suave, posée. Chargée de tabac sans être éraillée. Puissante, sans pour autant qu'il soit forcé d'élever le ton : non loin du murmure, mais suffisamment audible.

The wind came down from mountains cold,
And like a tide it roared and rolled.
The branches groaned, the forest moaned,
And leaves were laid upon the mould.

The wind went on from West to East;
All movement in the forest ceased.
But shrill and harsh across the marsh,
Its whistling voices were released.

Le silence retomba doucement sur les deux personnages. Sans être faux, le chant n'était pas tout à fait exact : Acheleus se refusait à entrer dans de quelconques détails avec un inconnu total, et les propos n'étaient pas tout à fait clair. Au Nordique d'en saisir le sens, les images.


Llanistar van Rusadir


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Une pincée de tabac de la région de Verdoy, une autre des oasis de Markand, une dernière de Waundel même. Une fois le tout tassé dans la pipe, Llanistar l'embrasa et tira délicatement une première fois puis une seconde plus longue. En quelques instants les saveurs envahirent sa bouche, en même temps que les souvenirs. Le simple crépitement du tabac se consumant le ramenait loin en arrière, lorsqu'il négociait le traité de paix à la suite de la guerre de Markand et que son homologue lui avait offert son tabac avec son amitié. Une époque de gloire et un temps de repos après une bataille brillamment remportée. Le Llanistar là s'était il douté un seul instant que le vent pouvait tourner et sa fortune le quitter? Non. Pas un seul instant. Le jeune noble de cette époque était général d'empire, protégé du Kairn lui même, profitant de sa jeunesse et vivant un amour fou... Jamais il n'aurait eu l'idée d'observer l'horizon pour y discerner les nuages noirs qui s'y amoncelaient. Et quand bien même, il en aurait été capable, rien n'aurait pu changer le cours des choses. La roue du temps ne ralentissait ni ne stoppait jamais et il était vain de tenter de s'y opposer.

Et tandis qu'un vieil air de violon le revenait en mémoire, ce ne fut pas sa voix qui s'éleva mais celle d'Acheleus. Un chant rauque, mal assuré mais sincère et fidèle à des souvenirs qui lui appartenaient. Si Llanistar connaissait l'air, la langue lui était légèrement étrangère... Comme une dérivation de son propre dialecte. C'est alors que la réalité le frappa comme un poing dans la figure : son compagnon venait de Caelis, la terre voisine à la sienne. Les savants d'Artensyr avaient découvert que dans les temps anciens existait un immense empire qui unissait toutes les terres de l'Ouest et que les langages de cette région du monde étaient tous cousins, restes d'un âge oublié où tous les peuples n'en formaient qu'un. Alors, il tira une nouvelle fois sur sa pipe et il laissa la fumée sortir de sa bouche et la musique entrer en lui.

Des images envahirent son esprit, brides à la fois de lui même et d'Acheleus. Aussi longtemps qu'il se souvenait, Llanistar avait toujours eu une empathie sur-développée mais rien ne lui permettait mieux de comprendre un homme que l'art, sous n'importe laquelle de ses formes. Peintres, musiciens, poètes, sculpteurs, il savait saisir leurs émotions, leurs pensées. Et en cet instant, il fut envahit par celles de son compagnon.
Un passé lourd. Des crimes aux yeux des Hommes. Une fuite éperdue à travers les pays et les années. Une confiance trop vite donnée, souvent brisée. De l'amour. Beaucoup d'amour sous une carapace d'arrogance et de mépris...Signe d'une souffrance infinie. Llanistar ne pouvait se détacher de la musique mais il n'en pouvait plus de voir dans l'âme du chanteur... Tant cela lui faisait l'impression d'observer son reflet. Il réprima une lourde larme et tira une nouvelle fois sur sa pipe alors que le chant mourrait sur les lèvres de son compagnon. Ils restèrent ainsi, à savourer en silence leur tabac, dans le calme reposant de la nuit. Au dessus d'eux brillaient des milliers d'étoiles et Llanistar eut une pensée pour Valenrya qui lui répétait toujours que leurs pères se trouvaient dans ces ciels nocturnes et qu'ils veillaient sur leurs enfants... Pensée rassurante mais à laquelle il ne croyait plus.


"J'ai été stupide, Acheleus. Sans te connaître, j'ai fait de toi mon ennemi l'espace de quelques instants, alors que tu es un frère. Dans la douleur qui est notre, dans l'adversité que nous avons traversé... Tu sais, mon nom ne t'a rien dit tout à l'heure mais ce chant sera surement plus parlant. Il est chanté dans toutes les terres de l'Ouest après tout..."

Lorsque Llanistar avait été forcé à la fuite de son pays, injustement accusé d'être un traître et un hérétique, il avait laissé ses six légions derrière lui...Dans l'intention de revenir, un jour. Ses derniers ordres à ses hommes étaient de s'éparpiller et de ne plus donner de signes d'activité jusqu'à son retour. Si possible de rallier le plus d'hommes possibles à la cause. Comme signes de ralliement : une chanson, écrite par lui même et transmise de bouche à oreille dans le plus grand secret. Néanmoins, elle s'était répandu et avait gagné d'autres pays, où les bardes la chantaient sans en connaître le sens. Mais aucun ne pourrait mieux la chanter que son auteur. Le dernier des Rusadir acheva son tabac et étonna sa création.

"The tenure of kings and their magistrates
By good men it must be deposed
The covenant made can be voided at once
Disanoint him, take his crown

They plead for their king
And they pity their lord
Put him to death, that\'s what I say

Though never so just these dancing divines
Endue him with reason and grace
They're gibberish
Words dissemble the facts
God's will
They falsely will claim

Let him curse my name
On these blood stained pages of misery
Let him call me a monster so cruel
Let him curse my name
But remember the truth."


Eckard Falskord


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De son côté, le croisé demeurait toujours en tête-à-tête avec son hylien-faire-valoir-temporaire. La paume embaumant de plus belle le cou du pauvre innocent. Faisant office d'étau, elle se resserra progressivement, tout cela en marquant le frottement du cuir des gants du sadique. Plus aucun bruit ne demeurait dans la taverne, si ce n'est les plaintes d'un ivrogne qui n'avait pas encore pris conscience de la situation. N'y a-t-il pas un lâche qui se serait enfui par l'arrière-cour pour en informer la garde royale ? D'ailleurs, n'étaient-ils pas sensés faire une ronde dans la ville en cette heure si tardive ? Quel ennui ! Apparemment le croisé cherchait de quoi s'occuper... Non. De quoi se défouler. Ou plutôt était-ce encore autre chose, que seul lui avait remarqué.

Il lâcha prise subitement, inconsciemment, alors que l'hylien suffoquait. L'homme retomba au sol, agenouillé devant le Grand Valheim (dont le bras droit chuta lamentablement le long du corps de celui-ci). Essayant de le relever, il n'y parvint pas, il ne le sentait plus...!
Que diable s'était-il passé ? Quelqu'un avait-il lancé un sort d'anesthésie pour que le croisé cesse cela de suite ? Non, aucune trace de magie n'était présente ici. Un bien étrange phénomène. Effectuant un rictus d'étonnement et d'agacement, le guerrier se retourna vers les autres figurants autour des tables.


" Ne me regardez pas ainsi, gueux ! "

Il défonça la porte d'un coup de pied en s'en alla pour finalement s'arrêter en plein centre de la place. Il porta un regard hésitant sur son bras droit. Ce membre tremblait de toutes parts. Pourquoi ? Valheim s'affaiblissait à vu d'oeil, c'était mauvais, très mauvais. Comment cela se pouvait-il ?
Quelques secondes plus tard, sa vue commençait à se brouiller, comme si une buée inconnue venait de recouvrir les pupilles de l'homme. Est-ce que ses pouvoirs étaient en train de se retourner contre lui ?

Main Droite de Ganondorf hein ? Voilà qu'il ne pouvait plus la mouvoir. Fort heureusement, ce handicap n'était que passager. En revanche, les yeux de Valheim voyaient à présent le monde comme une peinture faite à l'aquarelle...




[Je termine ici, les gars !]


Lanre


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Il avait beau chercher et chercher à nouveau dans sa mémoire, ni cet air, ni ces paroles ne lui évoquait la moindre petite chose qu'il aurait pu connaître. Sans montrer son ignorance, le Calicien tira quelque peu sur la pipe. La bouffé fut longue, et ce tabac n'avait rien à voir avec celui que l'on trouvait en Hyrule. Sans être mauvais au goût, il dérangeait le tourne-casaque. Väals n'aurait su dire pourquoi, mais cette havane qu'il avait en bouche provoquait chez lui quelque chose, qui sans être un souvenir lui faisait le même effet.
Ses yeux gris fixèrent en silence Rusadir. Le capuchon rejeté sur son visage pour plus de discrétion et la barbe naissante (il n'était que rarement rasé de près et de frais) lui conférait un air que tout homme net éviterait. Sans envoyer une image d'Ange noir, il n'était pas clair. Mais après tout, qu'importe ? Avec seul un unique et timide rayon de lune pour éclairer les remparts (il avait en effet noté l'absence de torches, et était une fois encore médusé. Ou bien les soldats en portaient eux-même, ou bien les remparts n'étaient pas éclairés, ou bien... Il ne préférait pas y penser. Pas en temps de guerre.) il ne risquait pas grand chose. Sombre comme une ombre, il se fondait parmi elles sans soucis.

Et c'est dans ces mêmes ombres que s'éteignit la voix de son ex camarade de beuverie. L'homme de l'Ouest eu une pensée pour l'aubergiste qui restait impayé. Il y avait pourtant eu assez pour jeter à bas un homme et le traîner dans son vomi. Une bonne soirée pour un aubergiste, somme toute.
Les ombres s'étaient installés, et tout gueux qu'il était, Acheleus n'en restait pas moins maître des blancs, et seigneur des silences. Ardu que de trouver quelqu'un de plus taciturne qu'il ne l'était. et Hardi celui qui se serait lancé à la recherche de pareil individu. C'est en silence qu'il tira à nouveau sur le tabac – bien qu'étrange, et indéfinissable, il lui aurait paru mal approprié, voir déplacé que de ne point le faire. –, réfléchissant aux propos que tenait le Nordique.

Pas plus que le nom, le chant ne lui disait rien. Et pour autant, il avait sans mal reconnu ce dialecte typique des pays du Soleil Couchant. Sans plus de mal qu'il n'avait saisi les dires. La mélodie ne lui évoquait rien, il en comprenait pourtant le sens. S'il n'irait pas jusqu'à parler de Rusadir comme un frère (à dire vrai, il le trouvait même rapide en besogne. Ombrageux un jour, ombrageux toujours.), il saisissait l'esprit que le Sang-Bleu dessinait devant lui comme étant celui qui les liait.

Nostalgie sournoise. Fourbe mélancolie, et triste ironie. Jamais il ne pourrait plus prendre le chemin du retour, et faire de nouveau route vers l'Ouest. Condamné à errer sans fin vers l'Est, jusqu'à rencontrer de nouveau Adheleid à la croisée des mondes, au carrefour de l'Occident et de l'Orient. Si Dieu le veut. Et dans cet exil forcé, il comprenait sans le moindre effort ce que pouvait ressentir son camarade. Ce qui le rapprochait, indéniablement, du personnage qu'était l'homme du Nord. Pour autant, ils avaient tout deux différentes façons de lutter, face à cette adversité tant évoquée. Faux eut été de dire que son compagnon de l'instant n'était pas sympathique à ses yeux. Mais inconsciemment, il décelait tant de choses qui les éloignait encore, et au point de faire d'eux deux figures antithétiques.


"Mon épée ne cueille pas de rois, Rusadir." Un ton typique de l'homme qui parle peu. De celui qui ne prend la parole que pour assener des avis clairs et (qui se veulent) constructifs. Cet homme qu'il avait toujours été. En quelques mots il posait toutes les différences qui les éloignait. Rusadir était un des portes étendards de ce que lui avait toujours combattu. Et même s'ils partageaient dorénavant le même point de vue, il eut été impossible de dire pour l'occidental si cela avait toujours été le cas. Non pas qu'il jugeait le noble sur son passé – s'il le jugeait réellement, il ne l'aurait sans doute jamais aidé – mais il y avait toujours une forme de blocage. Lui même s'était toujours martelé le crâne avec ses principes devenu presque dogmes, et il savait bien qu'il était (en partie, du moins) dans l'erreur, tout comme il savait qu'il ne désirait pas en sortir. La noblesse restait à ses yeux quelque chose qu'il n'acceptait pas.

"Rusadir..." Répéta-t-il à nouveau, comme l'aurait fait l'écho. Il avait moins de force dans la voix. Tournant et retournant la chose dans sa tête sans rien y trouver. Il ne voyait pas ce que pouvait signifier – en dehors de ses paroles au sens littéral – ce chant, comme il ne parvenait pas à associer que ce qu'il ne venait d'apprendre à ce nom. Sans doute tout cela était né pendant les cycles d'exil, passés à errer dans un désert sans nom. « ... Ce n'est pas un nom. Comment te nommes-tu, Rusadir ? » Acheleus releva les yeux sur son interlocuteur, confortablement assis sur un créneaux. Lui même avais pris place sur une des protubérances de pierre, et bien que d'habitude un vieux loup solitaire, il était intrigué par cet homme qui se disait son frère. Une réflexion mitigée pour le Calicien, mais qui pouvait prétendre connaître les méandres d'un futur aussi vacillant que la flamme d'une bougie ?


Llanistar van Rusadir


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Tandis que derrière eux la lune s'effaçait lentement à l'horizon, le noble sut que sa chanson était inconnue à l'ouestrien. Combien de temps avait il bien pu passer loin de chez loin ? Quel crime pouvait mériter un tel exil ? Aussitôt il regretta ces pensées. Après tout, pourquoi les exilés seraient ils tous des criminels ? Certains prennaient la route par soif d'aventure ou d'une meilleure vie ou encore afin de fuir un amour déçu. Il n'y avait pas de raisons que l'âme d'Acheleus soit aussi noire que la sienne...Si ce n'était ce regard si particulier et ce nom de bâtard. Llanistar ne croyait pas que les bâtards étaient mauvais de nature, en revanche il savait que les autres hommes se chargeaient de les rendre dangereux. Un homme ne sait tolérer l'humiliation toute sa vie. Soit il meurt...Soit il tue.

""Mon épée ne cueille pas de rois, Rusadir."

La sienne, oui. Par 7 fois. Et 2 fois de sa propre main.
Llanistar tira une nouvelle bouffée sur sa pipe et laissa la fumée entrer en lui. Les brumes obscurcirent son esprit et il se rappela. Les souvenirs lui revinrent du soir où il avait demandé à son maître d'histoire celle de sa famille. C'est là qu'il avait apprit la vérité : "Rusadir" signifiait en ancien langage "Régicide". Le dernier à mériter ce titre avant Llanistar avait été son grand père, Veren, qui avait tué le dernier roi et permit l'avènement du Kairn. Le premier d'entre eux à s'en être vanté était le fondateur de la lignée et il avait choisit son prénom en rapport avec ses exploits. Un nom terrifiant pour tout homme d'Artensyr. Un nom qui signifiait "Mortel Hiver" : Llanistar.
Ce soir là il avait apprit les massacres commis par cet ancêtre, par nombre de ses descendants et même par Veren, son grand père. Et son propre père avait ses lettres de noblesse en matière de tueries. Pour son maître d'histoire, les Rusadir étaient des héros. Le pauvre homme ne savait rien de la guerre et de ses horreurs.
Dans sa jeunesse insouciante, Llanistar n'avait pas imaginé une seconde que l'on puisse relier toutes ces tragédies. Mais le nordique qui se tenait sur les remparts d'Hyrule avait vécu et il le savait : les dieux avaient maudits sa famille dés le premier d'entre eux. Et même lui avait apporté au monde mort et désolation. Il avait tué deux rois et bien des hommes sous les bannières du Kairn Jehovaren. Et ce dernier l'avait néanmoins trahit...Se condamnant à voir son sang royal devenir le huitième à souiller la lame de Llanistar van Rusadir, l'Hiver qui tuait les rois.

Soudain le nordique remarqua la distance prise par le rôdeur. Ce dernier restait taciturne et peu locace. Deux hommes si proches et pourtant si différents. Mais sans doute cet Achéleus le haïssait il pour son sang bleu. A dire vrai, si c'était pour cela, il s'en fichait. La haine faisait partie de sa vie depuis des années et elle ne l'atteignait plus. Jamais depuis sa fuite il ne s'était sentit à l'aise avec un de ceux qu'il avait pu rencontrer. Partout dans les regards il lisait la méfiance, la haine, le dégout... Comme si un homme pouvait en juger correctement un autre par un simple regard. Et si il voyait le rôdeur comme un frère, c'était de la même manière que deux voleurs sont des frères, comme deux soldats en sont également. Des points communs mais aucun obligation de s'apprécier. Après tout, Alfar était le frère de Llanistar et il était mort de sa main...


« ... Ce n'est pas un nom. Comment te nommes-tu, Rusadir ? »

Le silence était retombé et les brumes se dissipaient tandis qu'au loin, l'aube pointait timidement. Llanistar sentit les premiers rayons du soleil tomber sur son visage et y déposer un douce chaleur. Cette sensation, c'était celle des caresses de Valenrya. Il pouvait presque se rappeler l'odeur de son parfum tant ils avaient vécu leur amour passionnément. Morte, que restait il du général ? du gouverneur du Nord ? de l'héritier du plus grand héros de l'empire ? Rien. Llanistar avait, en fuyant son pays, effacé son nom pas par sécurité mais par honte. Llanistar van Rusadir pouvait bien être maudit par les dieux, c'était une gloire de porter un tel nom. Il ne le méritait pas. Plus maintenant.

"Les noms sont pour les vivants. Je suis mort il y a bien longtemps et ne vit qu'en sursis pour finir mon travail. Néanmoins, autrefois l'homme que je fus était appelé Llanistar. Llanistar van Rusadir, la Lame du Nord et le Fléau de Markand. Mon grand père fut Veren van Rusadir, le Fléau de l'Ouest et mon plus grand ancêtre fut Llanistar van Rusadir, le Fléau de Menxos. Si tu ne connais pas mon nom remercie en tes dieux, Acheleus, car ma famille est la pire plaie que ces dieux aient infligés à la race humaine. Et si tu es bâtard, ne maudits pas tes parents trop vite. Mieux vaut l'ignorance à la haine. Mieux vaut parfois de ne pas faire partie des puissants car ceci sont installés sur des montagnes d'os et de sang."

L'amertume perçait dans sa voix, il s'en rendait lui même compte. C'était bien tout ce qui lui restait de sa vie : le fiel des blessures reçues. Rien ne saurait plus les refermer que la mort elle même mais en cette aube, il semblait au nordique que la faucheuse se trouvait bien loin d'ici. Sans doute un homme du commun aurait il admiré le soleil se lever avec espoir. Lui tirait de cette chaleur et du spectacle de vieux souvenirs et un peu de réconfort.


Lanre


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Avènement du jour accompagné par la naissance d'un sourire discret, mais malicieux. Hélios pouvait bien se lever à l'Est, il terminait toujours sa course à l'Ouest. Et c'était ce que ferait le tourne-casaque. A l'instar de l'astre solaire, il avait vocation à retourner en Caelis. Fut-il là bas par cinq fois mutin, par deux fois condamné à mort, et en fuite. Une fuite pour échapper à la justice des Hommes. Un exil, pour s'arracher au courroux d'un homme, d'un maître. D'un maître, réellement ? Ou d'un esclave ? Qui pouvait dire du Roy qu'il était le plus puissant de la nation, là où en réalité il plus était dépendant au peuple que le peuple ne l'était à lui..?
Hélas tous l'oubliaient trop souvent. Et ce seul homme pouvait donc gouverner tout un peuple dont il ne pouvait à dire vrai pas se passer. Belle ironie, n'est-ce pas ?

Le Calicien se le jura : il retournait sur le Vieux-Continent. C'était inévitable, et là bas que battait encore son coeur. C'était la fin de toute chose. Nostalgie ? Sans doute. Mais qu'importe ? En continuant à fuir comme un loup traqué, il abandonnait plus encore la seule chose qu'il avait jamais pu posséder : sa liberté. Chaque pas fait vers l'Est (en tant que contraint et forcé, entendons nous bien) n'était autre que tendre le cou pour qu'on y attache la laisse. Il lui fallait faire face à ça, quitte à se briser. Plutôt mourir libre, que survivre enclavé.
Il ne savait en quelle mesure Llanistar lui avait fait réaliser cet aspect là des choses, mais il était persuadé que le Nordique n'y était pas étranger. Consciemment ? Inconsciemment ? Ce n'était pas réellement la question, et le mérite n'en était pas diminué.

Väals plongea ses yeux dans ceux de Rusadir. En dépit de sa répugnance – qu'il savait stupide, en soi, mais dont il ne parvenait pas (ne cherchait pas, réellement..?) à se défaire – pour cette classe aristocratique bien souvent à l'image du Seigneur évoqué plus haut, il se surpris à apprécier (de prime abord, dirons nous) son camarade.


"Debout, Llanistar." Le bâtard reprenait sa rengaine de tout à l'heure, plus tôt dans la nuit. « Seuls sont morts qui ne peuvent se relever. Tu as deux bras, deux jambes, et encore suffisamment d'énergie pour regretter. Si tu as perdu le droit à porter un nom, alors tu n'es plus un homme. Et si tu ne l'es plus, redeviens-le. Puissent tes Dieux, si cruels soient-ils, te le permettre. »

Encore une fois le ton n'était pas des plus chaleureux, mais il ne fallait pas s'y méprendre. Une forme d'affection naissait doucement en le coeur (qui même si resté loin à l'Ouest pouvait toujours ressentir) de l'Occidental, à l'égard du Nordique. Quittant la pierre des créneaux, il y laissa – discrètement – la pipe prêtée par Llanistar. D'un geste de tête, il adressa une dernière politesse – forme d'au revoir, à son compagnon, et s'en alla sans un mot, sans un bruit, se confondant avec les dernières ombres présentes, en ce tout début de journée.


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