Posté le 15/12/2013 15:47
"Eh bien général j'avais entendu la foule annoncer votre retour, mais je ne m'attendais pas à vous voir aussi vite. Cherchez-vous un médecin ? J'ai quelques mages sheikahs qui pourraient vous remettre en l'état en quelques minutes."
Llanistar aurait reconnu cette voix entre toutes et avant même qu'il ne lève les yeux, il savait qui se tenait devant lui. Surtout que la dame avait une aura très particulière, furtive et très maîtrisée. Le nordique lui rendit son sourire, bien qu'épuisé. Revoir un visage amical lui faisait du bien, étant donné qu'après sa défaite, elle aurait pu l'accueillir bien plus froidement. Il lui répondit avec la même complicité dont elle avait usé,
"Oh vous savez, ma dame, je suis du genre coriace. Tant que mes blessures ne se rouvrent pas, les services de vos sheikahs ne seront pas nécessaires."
La vérité était qu'il fanfaronnait tout en sachant qu'il pourrait bien finir par accepter la proposition. Sa crainte ignorante du peuple d'Impa le retenait, bien qu'il ait conscience que cette peur était certainement infondée. Sans doute y avait il aussi dans son attitude une fierté mal placée, celle qui le poussait à vouloir se débrouiller seul. La même fierté à laquelle il devait sa défaite.
Comme si elle avait lu dans son esprit, après un moment de silence, Impa reprit la parole et demanda,
"Quelles sont les nouvelles du désert ?"
Le regard du nordique devint fuyant et il baissa la tête. Llanistar pouvait bien mentir au peuple, lui faire croire qu'une défaite était une victoire à venir, Impa jouait dans la même cour que lui. A elle, il devait la sincérité, d'autant qu'il avait prit une décision qui la concernait. Néanmoins, il ne put se résoudre à lui répondre là, essoufflé qu'il était, suffoquant presque dans son armure. Sa honte perçant dans sa voix, il lui déclara,
"Si vous voulez bien que nous gagnions le rempart...Je vous dirais tout mais j'ai besoin d'air pur."
S'efforçant de ne pas ployer sous la fatigue, le général gravit difficilement le dernier étage qui le séparait du plus haut rempart du château. Lorsqu'il passa la porte de la tour, le vent s'y engouffra et il en apprécia la caresse. Au dessus d'eux, le soleil brillait d'un éclat clair et illuminait le paysage. Penché sur un créneau, le regard perdu au loin, Llanistar savoura le calme de l'instant, son souffle à nouveau apaisé. Là, il commença son récit, sombre et emplit de remords,
"Malgré l'illusion que j'ai crée au bourg, cette bataille est une défaite. La mienne. C'était une folie d'attaquer ainsi l'ennemi, j'aurais dû le savoir. Lorsque nous sommes arrivés à la vallée, le pont était détruit et nous avons dû emprunter un autre chemin. Une fois proches de la forteresse, les gérudos ont fondu sur nous et les combats se sont engagés. J'ai moi même affronté le cygne noir, la femme qui avait tenté de tuer la princesse. Je n'ai pu la tuer mais je l'ai vaincu. A ce moment, j'ai cru que nous pouvions gagner... Mais Ganondorf a usé de sortilèges immondes. Il a rappelé des morts à la vie pour les jeter contre nous. C'est là qu'un démon à la hache a fondu sur moi... Il s'arrêta un instant, le coeur lourd en se rappelant cet affrontement et ce à quoi il avait échoué, Je crois que la gérudo Tali se trouvait à l'intérieur. Mais je n'ai pas su l'en délivrer. Je me suis fait écrasé par ce monstre. Autour de moi, je voyais des hommes morts et la ligne refluait toujours plus. J'ai dû ordonner la retraite avant que nous trépassions tous."
Sa voix s'enrailla soudainement. Il se tourna vers Impa qui put voir l'émotion qui commençait à s'emparer de lui. Tout général qu'il était depuis des années, jamais Llanistar n'avait pu oublier le visage de ceux qu'il avait vu mourir au combat. Même après tant de batailles menées, il restait tout autant touché par la mort et son cortège de peine qu'au premier jour. Il poussa un profond soupire triste et déclara,
"Vous aviez raison, dame Impa. Je ne suis pas assez fort pour réussir seul cette guerre. J'ai besoin d'aide, de conseils et d'ordres lorsque je vais trop loin. J'ai réfléchit à votre offre de rejoindre votre ordre dévoué à la lutte contre Ganondorf ainsi qu'à la protection de la princesse et du royaume. Je l'accepte, en pleine connaissance de ce que cela implique et prêt à me battre jusqu'au bout. Il est temps pour moi de compter aussi sur les autres."
Les remords et la tristesse avaient disparu. Sans même en avoir conscience, Llanistar s'était redressé et une ferme détermination avait réchauffé son coeur et redonné à son regard et sa voix leur force. Le vent souffla, un vent qui avait le goût du renouveau.