Unbowed, Unbent, Unbroken.

[ Hors timeline ]

Llanistar van Rusadir


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(vide)

Dés que la colonne arriva aux abords de la cité, dépassant un hameau encore endormit, Llanistar autorisa les sonneurs à annoncer leur arrivée. Dans la brume matinale du matin d'automne, la puissances des cors et des trompes sembla faire trembler le sol de la plaine. Le vacarme affola quelques oiseaux picorant dans les champs, qui s'envolèrent aussitôt.
Le Rusadir resserra son manteau autour de lui, frissonnant à cause du vent qui soufflait, malgré un soleil déjà levé. Le temps se rafraîchissait il à cause de l'hiver venant ou bien l'étreinte de la mort avançait elle en Hyrule après la victoire de Ganondorf, il n'aurait pas su le dire tant les deux lui semblaient probables. Toujours était il que, tout guerrier habitué aux campagnes qu'il fut, Llanistar se sentit soulagé de voir les hauts mur de la cité au loin. Les blessures qu'il avait subies ne guérissaient pas aussi vite qu'il l'aurait souhaité, et le trajet à cheval n'arrangeait rien. Chaque matin, il se sentait plus fatigué que la veille et le froid lui paraissait plus agressif, plus mordant à mesure que sa troupe progressait sur le chemin du retour.

Llanistar n'avait pas essayé de retrouver la princesse, depuis leur conversation, au soir de la bataille. Si elle n'avait pas désiré le voir, ça n'était pas à lui de s'imposer. De plus, il y avait d'autres affaires qui requéraient son attention, de l'aube au crépuscule. En revanche, ses yeux avaient souvent cherché la silhouette du héros du temps, dans la colonne de soldats et d'intendance, sans parvenir à l'y trouver. Pas inquiété outre mesure, le général y avait vu une marque de plus de l'imprévisibilité de Link. Ca n'était à son sujet que le nordique angoissait.
Son esprit était tourmenté par l'absence de nouvelles de son amant, toujours aux mains de leur ennemi, ou pire, mort. A chaque fois que Llanistar n'avait plus la tête à un problème logistique ou stratégique, à chaque fois qu'il avait un instant de calme, il pensait à Orpheos et ses inquiétudes s'emparaient à nouveau de lui. Mais un Rusadir n'est esclave de rien, même de ses sentiments, et le nordique s'efforçait de se contrôler, surtout devant ses hommes. Il en allait de son autorité.

Le gamin effronté ne l'avait d'ailleurs plus provoqué du voyage. La leçon que le général lui avait infligé semblait l'avoir calmé pour un moment. Au moins jusqu'à ce que ce fils de seigneur rentre chez lui et demande à son paternel réparation pour son honneur. Aux regards noirs que lui envoyaient l'enfant, Llanistar savait qu'il s'était fait un ennemi tenace, qui ne lui ferait aucun cadeau. Mais des années à vivre dans un cour impériale lui avaient donné une solide expérience en la matière.


"Seigneur, quels sont les ordres pour les hommes ?"

Un capitaine s'était aligné à la hauteur de Llanistar, leurs chevaux marchant alors au même pas. Il parlait du temps qui suivrait leur arrivée, lorsque les hommes voudraient prendre du repos, rassurer leurs proches ou apprendre à des amis une mauvaise nouvelle. L'homme avait raison, autant donner les consignes dés lors que les murs étaient en vue.

"Les blessés restent au château pour y être soignés et peuvent désigner une personne autorisée à les visiter. Les autres peuvent prendre une nuit de repos si ils habitent le bourg, jusqu'à trois si ils habitent en dehors. Pas plus. Aucune désertion ne sera tolérée. Les officiers supérieurs devront se réunir dans la salle de ban dés ce soir, après le temps des repas."

Le capitaine hocha la tête et repartit. Très vite, Llanistar entendit ses ordres répétés à la troupe. La fatigue le poussa à fermer les yeux. Presque aussitôt, il s'affaissa sur son cheval et sembla sur le point de chuter lorsque le vent s'engouffra dans son manteau et le réveilla. Furieux contre lui même, il se retint de se gifler devant ses soldats et se redressa. Mais, malgré sa volonté, il se sentait las. Le royaume ne pouvait attendre qu'il soit reposé, et pourtant que n'aurait il pas donné pour avoir droit à la même permission que ses hommes ! Général était un honneur, mais aussi un poids. Un poids qu'il était décidé à ne jamais laisser tomber, néanmoins. Éreinté ou non, le nordique restait droit.

* * *


Cela faisait une semaine que Llanistar et sa troupe avait quitté le campement installé devant la vallée gérudo. Les nouvelles de la défaite étaient donc déjà parvenues au bourg et le peuple savait en gros ce qui était advenu le jour de la bataille. Pourtant, en bon connaisseur des humeurs des peuple, le général était décidé à ne pas rentrer la tête basse ce jour là.
Un bon officier gagne ses batailles, un bon chef de guerre sait faire passer la défaite la plus humiliante pour un succès futur. Accepter le défaitisme, c'était laisser son ennemi gagner deux fois. Et Llanistar était décidé à gagner cette manche.

Lorsqu'il franchit le pont levis, les trompettes sonnèrent d'un air de joie, tonnantes comme si les cieux jouaient à la gloire de l'armée. Le Rusadir arboraient une armure rutilante, un manteau d'un bleu profond brodé d'or et son sourire le plus rayonnant. Arborant un masque de vainqueur, il répondait aux salut par un signe de main et se tenait aussi fier sur sa monture que si il venait de terrasser Ganondorf lui même.
Derrière lui, ses soldats s'efforçaient tant de donner le change que la foule qui les attendaient, et pensait assister à un défilé de figures tristes, commença à s'enthousiasmer. Plusieurs d'entre eux acclamèrent le nom de Zelda et de la famille royale. Tous s'inclinèrent sur le passage de la bannière royale, que la bataille avait laissé intacte, et finalement, la joie se propagea.
Sous son masque, chacun des combattants savait ce qu'il en était et sans doute certains trouvaient la situation écoeurante. Mais Llanistar avait su les convaincre, la veille, dans une longue tirade alors que tous se trouvaient rassemblés autour d'un grand feu de camp, de jouer au mieux leur rôle et de donner au peuple non pas une vérité effrayante mais bien l'espoir qu'il méritait. Hyrule ne devait pas sombrer dans le désespoir, et c'était sur eux que pesait cette tâche.

Finalement, la traversée du bourg jusqu'au château fut un triomphe, quand elle aura pu être une marche honteuse.

* * *

"Rappelez vous, capitaines ! Je veux vous trouver ce soir en salle de ban !"

Llanistar remit les rennes d'Anthem à un garçon d'écuries tandis que les officiers le saluaient avant de s'en retourner à leurs occupations. Sans doute pour certains, leur projet était de se reposer tant qu'ils le pourraient, et leur général n'aurait pu leur en tenir rigueur. Lui même en brûlait d'envie, mais il avait quelqu'un à voir, dés que cette personne le pourrait.
Le pas décidé malgré la fatigue, il repoussa d'un geste un médecin qui semblait vouloir refaire ses bandages et il quitta la cour extérieure pour entrer dans le castel en lui même. Là, il essaya de se faire indiquer où celle qu'il cherchait se trouvait, sans succès. Se basant sur le lieu de leur première rencontre, il essaya la bibliothèque, en vain. On lui indiqua alors une pièce où elle travaillait souvent. Ses blessures le faisant souffrir, Llanistar monta alors un escalier raide jusqu'au dernier étage du château. Sur la dernière marche, essoufflé et luttant pour garder les yeux ouverts, il entendit quelqu'un approcher.


[Rp semi-privé. Le second post est pour Impa et ce qui se passe au château est limité à ceux qui ont l'autorisation d'y poster. Pour autant, les deux premières étapes sont complètement ouvertes.]


[ Tellement désolée ;_; ]

Le Chat se mit à gravir les escaliers un à un, dans cette agilité qui lui était propre. On l'avait informé dès que les premières troupes étaient visibles, avant même qu'elles n'atteignent le bourg à proprement parlé. Elle savait que sa maîtresse souhaitait en être informée dès que possible, aussi elle n'avait pas traîné. Depuis l'assaut du château, Selina était encore plus proche de la Sage, si cela était physiquement et moralement possible. Poussée par son devoir, elle avait étudié tout ce qui concernait le général, comme pour être sur qu'Impa ne risquait rien. La Nourrice l'avait surpris, et elle n'avait pas été tendre.

" Il a toute ma confiance, et tu vas devoir faire avec Selina. Si je t'ai placé ici, ce n'est pas pour mettre en doute mes décisions. Laisse lui la chance que la Princesse lui a donné, un poitn c'est tout."

Elle n'avait pas bronché, et n'avait plus jamais enquêté sur l'homme. Pourtant, lorsqu'il revint du désert en perdant et que la foule l'acclama -elle l'entendait du sommet de la tour-, elle ne put s'empêcher de tiquer.

"Tsss..."

Arrivée au sommet de la tour, elle resta quelques pas en arrière.

"Ma Dame, Il est arrivé, dois-je ...?"

"Non, rien ne presse. Je pense qu'il a mieux à faire dès à présent. Merci Selina, tu peux disposer."

Le vent frais agita sa queue de cheval argentée, et elle soupira. Le Chat redescendit par les murs et se glissa par une fenêtre, retournant dans l'ombre. Elle-même reprit les escaliers, ne sachant ce qu'elle espérait. Elle pensait tenter de revoir le général dans les jours suivants, pourtant des bruits lui indiquèrent que quelque était là. Elle finit de descendre l'escalier de la tour et se dirigea vers celui qui emmenait un étage plus bas. Elle découvrit alors le général, et ne put s'empêcher un sourire.

"Eh bien général j'avais entendu la foule annoncer votre retour, mais je ne m'attendais  pas à vous voir aussi vite. Cherchez-vous un médecin ? J'ai quelques mages sheikahs qui pourraient vous remettre en l'état en quelques minutes."

Il y eu un court silence.

"Quelles sont les nouvelles du désert ?"

Son réseau d'ombre était entendu, mais il y a des nouvelles qu'elle voulait entendre d'une voix claire et d'uns source certaine. Un acteur de la bataille.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Llanistar van Rusadir


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"Eh bien général j'avais entendu la foule annoncer votre retour, mais je ne m'attendais  pas à vous voir aussi vite. Cherchez-vous un médecin ? J'ai quelques mages sheikahs qui pourraient vous remettre en l'état en quelques minutes."

Llanistar aurait reconnu cette voix entre toutes et avant même qu'il ne lève les yeux, il savait qui se tenait devant lui. Surtout que la dame avait une aura très particulière, furtive et très maîtrisée. Le nordique lui rendit son sourire, bien qu'épuisé. Revoir un visage amical lui faisait du bien, étant donné qu'après sa défaite, elle aurait pu l'accueillir bien plus froidement. Il lui répondit avec la même complicité dont elle avait usé,

"Oh vous savez, ma dame, je suis du genre coriace. Tant que mes blessures ne se rouvrent pas, les services de vos sheikahs ne seront pas nécessaires."

La vérité était qu'il fanfaronnait tout en sachant qu'il pourrait bien finir par accepter la proposition. Sa crainte ignorante du peuple d'Impa le retenait, bien qu'il ait conscience que cette peur était certainement infondée. Sans doute y avait il aussi dans son attitude une fierté mal placée, celle qui le poussait à vouloir se débrouiller seul. La même fierté à laquelle il devait sa défaite.
Comme si elle avait lu dans son esprit, après un moment de silence, Impa reprit la parole et demanda,


"Quelles sont les nouvelles du désert ?"

Le regard du nordique devint fuyant et il baissa la tête. Llanistar pouvait bien mentir au peuple, lui faire croire qu'une défaite était une victoire à venir, Impa jouait dans la même cour que lui. A elle, il devait la sincérité, d'autant qu'il avait prit une décision qui la concernait. Néanmoins, il ne put se résoudre à lui répondre là, essoufflé qu'il était, suffoquant presque dans son armure. Sa honte perçant dans sa voix, il lui déclara,

"Si vous voulez bien que nous gagnions le rempart...Je vous dirais tout mais j'ai besoin d'air pur."

S'efforçant de ne pas ployer sous la fatigue, le général gravit difficilement le dernier étage qui le séparait du plus haut rempart du château. Lorsqu'il passa la porte de la tour, le vent s'y engouffra et il en apprécia la caresse. Au dessus d'eux, le soleil brillait d'un éclat clair et illuminait le paysage. Penché sur un créneau, le regard perdu au loin, Llanistar savoura le calme de l'instant, son souffle à nouveau apaisé. Là, il commença son récit, sombre et emplit de remords,

"Malgré l'illusion que j'ai crée au bourg, cette bataille est une défaite. La mienne. C'était une folie d'attaquer ainsi l'ennemi, j'aurais dû le savoir. Lorsque nous sommes arrivés à la vallée, le pont était détruit et nous avons dû emprunter un autre chemin. Une fois proches de la forteresse, les gérudos ont fondu sur nous et les combats se sont engagés. J'ai moi même affronté le cygne noir, la femme qui avait tenté de tuer la princesse. Je n'ai pu la tuer mais je l'ai vaincu. A ce moment, j'ai cru que nous pouvions gagner... Mais Ganondorf a usé de sortilèges immondes. Il a rappelé des morts à la vie pour les jeter contre nous. C'est là qu'un démon à la hache a fondu sur moi... Il s'arrêta un instant, le coeur lourd en se rappelant cet affrontement et ce à quoi il avait échoué, Je crois que la gérudo Tali se trouvait à l'intérieur. Mais je n'ai pas su l'en délivrer. Je me suis fait écrasé par ce monstre. Autour de moi, je voyais des hommes morts et la ligne refluait toujours plus. J'ai dû ordonner la retraite avant que nous trépassions tous."

Sa voix s'enrailla soudainement. Il se tourna vers Impa qui put voir l'émotion qui commençait à s'emparer de lui. Tout général qu'il était depuis des années, jamais Llanistar n'avait pu oublier le visage de ceux qu'il avait vu mourir au combat. Même après tant de batailles menées, il restait tout autant touché par la mort et son cortège de peine qu'au premier jour. Il poussa un profond soupire triste et déclara,

"Vous aviez raison, dame Impa. Je ne suis pas assez fort pour réussir seul cette guerre. J'ai besoin d'aide, de conseils et d'ordres lorsque je vais trop loin. J'ai réfléchit à votre offre de rejoindre votre ordre dévoué à la lutte contre Ganondorf ainsi qu'à la protection de la princesse et du royaume. Je l'accepte, en pleine connaissance de ce que cela implique et prêt à me battre jusqu'au bout. Il est temps pour moi de compter aussi sur les autres."

Les remords et la tristesse avaient disparu. Sans même en avoir conscience, Llanistar s'était redressé et une ferme détermination avait réchauffé son coeur et redonné à son regard et sa voix leur force. Le vent souffla, un vent qui avait le goût du renouveau.


"Oh vous savez, ma dame, je suis du genre coriace. Tant que mes blessures ne se rouvrent pas, les services de vos sheikahs ne seront pas nécessaires."

Elle se mit à sourire.

"Si vous avez besoin, allez voir Sir Utan, et dites-lui que vous venez de ma part."

Elle le suivit ensuite sans un bruit quand il lui demande de rejoindre les remparts. Son attitude parlait pour lui, mais elle ne fit pas de remarques. Il fallait qu'elle l'entende le dire. Elle faillit lui proposer son aide pour grimper, mais elle estima qu'il le prendrait mal. Elle le ferait aussi. L'air frais qu'elle avait quitté quelques minutes auparavant les accueillit, et elle laissa son regard se perdre au loin. Elle le laissa parler, avant de l'interrompre sur un point qu'elle jugea important.

"Si vous n'aviez pas tenté cette attaque, vous n'auriez pas pu savoir ce qu'il se serait passé. Vous avez fait votre maximum, et je pense que le peuple le sait. Vous agissez, et c'est ce qu'on attend de vous. Vous avez sauvé maintes de vos hommes avec cette retraite."

Elle retrouva son silence, surtout quand elle s'aperçut qu'il se tournait vers elle. Elle fit de même, patiente et compréhensive. Elle écouta attentive, et bien qu'elle fut triste que le général ait cette réflexion suite à une telle défaite, elle remarqua avec quelle humilité il admettait ses erreurs. C'était une qualité rare pour les personnes de ce rang. Elle ne l'avait croisé que chez sa protégée.

"Je serais ravie de vous compter dans la Fraternité très cher. Et sachez que nous ferons tout pour faire regretter au gerudo ses horreurs. Vous aurez votre vengeance et vous pourrez vous faire pardonner de vos hommes tombés, je vous le promet."

Elle aborda un nouveau point qui faisait écho à la Fraternité, mais sans l'exprimer clairement.

"Savez-vous où se trouve le chancelier ? J'aimerais lui parler."

Elle ignorait encore totalement qu'il ne faisait pas partie du convoi du retour du désert.

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Llanistar se sentit fortement soulagé par les mots d'apaisement d'Impa à son égard. Au fond de lui, il savait n'avoir pas eu le choix que d'attaquer l'ennemi le plus rapidement possible et en forces, mais c'était très tout de même réconfortant que d'entendre une autre voix que la sienne le lui confirmer. D'autant qu'il s'agissait d'une voix estimée, et que lui même respectait. La perspective de trouver une Impa sévère et pleine de reproches s'était parfois imposée à lui pendant le voyage de retour et, à dire vrai, le général ne savait pas comment il pourrait réagir face à cela. Cette défaite restait sa première et son poids pesait encore lourdement sur la conscience du nordique. Assez lourdement pour lui faire prendre conscience de ses erreurs et de la nécessité d'y remédier.
La nourrice de Zelda l'avait d'ailleurs écouté avec patience dans son aveu d'impuissance, et il lui en était reconnaissant. Ces mots, Llanistar en avait eu un goût de cendres en bouche lorsqu'il les avait prononcé, le goût d'une vérité rude et douloureuse, mais qu'il se devait de regarder en face. Et elle avait su prendre le temps de l'écouter, de lui laisser faire cet aveu difficile.


"Je serais ravie de vous compter dans la Fraternité très cher. Et sachez que nous ferons tout pour faire regretter au gerudo ses horreurs. Vous aurez votre vengeance et vous pourrez vous faire pardonner de vos hommes tombés, je vous le promet."

Llanistar fut prit d'un frémissement au mot "vengeance", comme si ce mot rencontrait en son âme un écho puissant. Impa avait bien lu en lui. Si auparavant, le Rusadir était motivé à défendre Hyrule par empathie avec sa souveraine et avec les souffrances du peuple, dorénavant, il n'y avait plus de différences dans son esprit entre Ganondorf et Jehovaren. Tous deux tyrans, tous deux l'ayant meurtris... Il se devait de combattre le premier comme il avait juré de retourner combattre le second un jour. Un mince sourire lui vint, tandis que la brume qui masquait l'horizon de son avenir se levait. Plus que jamais, il se sentait prêt à soulever des montagnes... Mais il ne le ferait plus seul. Il y avait quelque chose dans sa voix qui ressemblait aux plus grands noms de sa famille, quelque chose de noble, lorsqu'il répondit à Impa,

"Oui, ma vengeance... Celle d'Hyrule tout entier. A mon tour de vous promettre, ma dame, que mon épée et mon coeur ne serviront plus que notre cause. Je ne cesserais jamais de combattre la tyrannie qui menace cette terre, ce jusqu'à mon dernier souffle."

Si il s'était trouvé devant Zelda, sans doute se serait il agenouillé. Mais il y avait là un lien autre que celui qui lie un seigneur et son vassal. Cette fraternité qui naissait en cet instant se passait de déférence car elle était basée sur un lien plus fort, que Llanistar redoutait d'ordinaire de tisser : la confiance.
Néanmoins, son humeur se refroidit lorsqu'Impa évoqua le chancelier, son amant. Ainsi, elle ignora au moins cela. Le nordique faillit se relâcher mais se rappela à temps que sa relation avec Orpheos n'était pas officielle et que le secret devait rester préservé. Il en allait de leur sort, à tous les deux. Il ne put, pour autant, masquer la tristesse que lui inspirait la perte de son homme.


"Le chancelier...est tombé entre les mains de l'ennemi. Il s'est avancé discrètement jusqu'au sein de la forteresse ennemie, et l'on a plus de nouvelles depuis. Néanmoins, il a réussit à me faire parvenir ceci. Il tira d'une sacoche la lyre d'Orpheos, qu'il gardait en permanence avec lui. Il n'y a malheureusement rien que nous ne puissions faire sans prendre trop de risques. Autrement, je m'en serais chargé moi même."

"Et tu serais mort, crétin", pensa t'il aussitôt. Si ses blessures le faisaient moins souffrir à cet instant, ça n'était pas le cas au soir de la bataille. Comme unique consolation, Llanistar ne pouvait que s'avouer cela : il n'y avait rien à tenter qui fut raisonnable. Et bien qu'il refusait de céder au désespoir, le général commençait à se préparer au pire. Cette détresse, aussi maîtrisé que fut le masque impassible sur son visage, il ne put la contenir, et une larme manqua de perler sur sa joue. Par chance, le vent souffla et l'emporta au loin.