Je sombrais dans mes pensées tandis qu'elle essayait les vêtements à l'abri des regards. Elle répondit avec enthousiasme, et je me mis à songer. Elle n'avait pas l'air d'avoir de capacité particulière autre que son charme ou sa tchatche, et pourtant, elle roulait sur l'or grâce à ses larcins (car je soupçonnais qu'elle n'en était pas à son coup d'essai). D'ailleurs, si je ne l'avais pas arrêté avec la glace, elle serait repartie sans problème avec cette robe. Est-ce que je ne méritais pas, moi non plus, d'avoir ma part du butin ? Et ce n'était surement pas en travaillant pour quelqu'un que je l'aurais.
Mais quelqu'un déboula en trombe dans la boutique, à la recherche de notre cliente. Cette dernière avait donc un nom de famille, que j'enregistrais dans ma mémoire. J'étais aux aguets, ne sachant pas trop à quoi m'attendre, surveillant toujours du coin de l'oeil la cabine. Elle ne tarda pas à sortir son joli minois, mais ce n'était plus la même femme que j'avais en face de moi.
« Que se passe-t-il, Monsieur Perce ? »
Il y eut soudainement quelque chose d'humain chez elle, qui la rendait tout de suite plus attirante que mille robes à mes yeux. Elle avait aussi ses inquiétudes, et de la voir laisser tomber son masque devant nous me fit éprouver de la compassion sur elle. Et ce ne fit qu'empirer, quand le vieil homme expliqua ce qui se passait. Je ne pouvais que constater. Elle sortit, reprenant son assurance. Quelle femme étonnante, si elle m'avait d'abord agacée, j'étais presque déçu de ne pas avoir passé plus de temps avec elle aujourd'hui, et surtout que ça s'interrompe de cette manière.
« Toi et moi, on se reverra mon chou ! »
"J'espère bien..." ne pus-je m'empêcher de sourire.
Elle fila, et je pus alors voir avec dégout que cette histoire n'avait pas touché mon employeuse, qui comptait maintenant avidement les rubis. Il devait y en avoir plus de 100, de toutes les couleurs, pourtant elle ne me donna que 5 petits rubis verts, en me félicitant de mon affaire. Mon sang ne fit qu'un tour, et ma décision était prise. De rage, je propulsais ma magie sur la vendeuse, la figeant dans sa posture de gloutonne. La pellicule était mince, elle fondrait rapidement, mais elle me permit de saisir la bourse. Je méritais bien ça, pour avoir subit les piques de cette Damoiselle Torsene. Je me dirigeais vers la sortie.
"Je vous donne ma démission très chère, je pense avoir trouvé plus intéressant." fis-je avec un sourire carnassier, et en quittant cette boutique pour la dernière fois.