« Tsss, quel endroit, quel trou même. »
J’étais perché sur le toit du magasin qui m’avait donné du boulot il y a quelques jours, profitant de mon jour de congé. Je surplombais la place, du moins une partie. Ce n’était pas du luxe, car avec ma nouvelle taille, tout le monde me semblait démesurément grand et je n’aimais pas ça. Pire que ça, j’avais perdu toute force physique : soulever le plus petit des cartons me coutait toutes mes forces (quand j’y arrivais), et il suffisait d’une petite bousculade pour m’envoyer valser au loin. Au souvenir de mes déjà nombreuses mésaventures, je serais le poing. Les femmes de mon rêve n’avaient pas menti, mais comment avaient-elles su ?
La place était relativement peuplée aujourd’hui. Le bruit était grand, presque assourdissant pour mes petites oreilles. Je me rendis compte que je détestais ces gens. Trop heureux, trop à l’aise dans ce monde qui était le leur. Moi, j’avais tout perdu pour me retrouver ici, au milieu d’un peuple serein. La jalousie me prit le ventre, et je ne pus m’empêcher de me décider à m’amuser un peu.
Une fine pellicule de glace apparue sur mon doigt. Doucement, je dirigeais mes dons vers la foule. Un enfant tomba à terre, et je saisis ma chance. En quelques secondes, ses mains restèrent vissées au sol, emprisonnées dans un étau de glace. Je ne pus me retenir d’un rire lorsqu’il commença à paniquer et que sa mère le gronda de ne pas se dépêcher.
Cette chose là était, au contraire du reste, fantastique. C’est comme si mes dons, déjà imposants à Dreamland avaient encore gagnés en puissance en devenant une fée. J’avais perdu tout le reste, mais j’avais quand même gagné ça. Et je comptais bien en profiter.
Après avoir visés quelques badauds qui semblaient plus heureux que les autres, je me décidais à viser au hasard, les yeux fermés. La glace qui se formait faisait écho dans mon être, et je pouvais voir ce qu’elle atteignait rien qu’en sentant la magie réagir. J’eus des frissons de plaisir et de surprise. Je faisais totalement corps avec mon ancienne phobie.
« Ce cadeau vous est généreusement offert par la boutique Guenilles & Cie ! »
Je sentis alors la glace se renfermer sur un pied, et je gardais les yeux fermés. C’était tellement jouissif ! Et j’étais certain que du haut de mon perchoir, personne ne me verrait ou ne ferrait le rapprochement.