A la lueur d'une pipe

RP libre, premier post pour Laurent Walder

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Luka

Le Changelin

Inventaire

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(vide)

[ TITRE POURRI HAHA, excusez, je suis pas inspirée... XD ]


Il suffisait d'une esplanade libre pour s'élancer comme une seule et même personne, visage levé, et entrer dans un jeu déjà écrit d'avance. Il suffisait d'un drap, exposé entre deux arbres comme le voile d'un navire, pour former un tout autre monde.

Le théâtre de tréteaux a cet avantage de pouvoir se jouer n'importe où : sur le perron d'un temple, sur les pavés d'une rue fréquentée, sur une place après avoir longuement négocié avec la patrouille locale, et même dans une cage d'escalier. Semblable à un chef d'orchestre, le harnais de sa mandoline fermement attaché à ses épaules, Luka déambulait là où bon lui semblait, et derrière lui suivait toujours sa petite troupe dispersée, versatile et pourtant constamment, étonnamment fidèle ; ils n'étaient pas souvent plus de dix, mais chacun paraissait se distinguer dans la foule, armés comme ils étaient de tambours, d'instruments à vent ou à corde, de longues planches de bois ou de pancartes en chiffon. Et toujours résonnaient après eux, sur les parois de pierre des demeures alentours, les rires enthousiastes et les discussions empressées qu'ils mènent dans leurs costumes bigarrés, sans jamais presser le pas. Ils devraient se donner un nom, quelque chose de poétique sans doute, qui puisse être au goût des plus lettrés d'entre eux. Mais ils étaient une troupe de théâtre parmi toutes les autres, une troupe pour la plèbe, rien de plus.

Et pourtant. A force de voir Luka, leur chef de troupe, incarner le protagoniste de leur prochaine pièce en préparation (Albe, ou la Quête de Soi : un drame tragique, une comédie dramatique qui, ils l'espéraient, leur permettra d'atteindre une véritable renommée), ils s'étaient auto-proclamés "la troupe d'Albe", un clin d’œil au héros éponyme qui venait à peine de voir le jour sur les quelques parchemins usés que Luka avait pu dégoter à force de troc.

Si l'écriture était une part nécessaire, fondamentale à la formation de l’œuvre théâtrale, tout était beaucoup plus flexible sur scène. La plume ne précise pas toujours - et en ce qui concerne la plume de Luka, elle ne précise jamais - les mouvements, les gestes, les mimiques, et ne serait-ce que les émotions qui traversent les personnages : il faut économiser le plus de papier possible. C'était aussi pour cette raison que Luka s'était fait meneur de jeu. Puisqu'il rédigeait les répliques, puisqu'il construisait le fil conducteur de la pièce et qu'il posait les briques qui faisaient de chaque rôle un rôle unique, il connaissait la direction générale à suivre. Mais c'était à ses comédiens de s'approprier le texte avant de pouvoir les incarner, car c'était dans les mots qu'ils prononçaient que se terraient les sentiments les plus forts, les plus refoulés, ceux de ces êtres fictifs qui semblent parfois prendre possession d'eux pour les faire avancer, reculer sur l'estrade, suivre tel autre personnage ou au contraire s'en éloigner, sans jamais être tout à fait le même geste, le même mouvement qu'à la dernière répétition. On ne se baigne pas deux fois dans la même rivière ; une même pièce n'est jamais jouée deux fois de la même manière.

Il n'y avait que très peu d'hommes chez les Albins - comme ils s'appellent entre eux. C'était sans doute dû au hasard, ou tout simplement à une logique bien précise : les autres troupes de théâtre n'acceptaient pas toujours les comédiennes dans leurs rangs, ce qui orientait celles-ci vers des troupes bien moins riches, bien moins connues. C'était le cas de la troupe d'Albe, qui cherchait avant tout des effectifs, et qui n'en trouvait pas toujours : le théâtre de tréteaux ne payait pas toujours le repas du soir, et nourrissait encore moins une famille entière.
Et pourtant les voici, chacun - chacune - travaillant ailleurs le soir ou le matin, et se libérant toujours l'après-midi pour retrouver celui qui ne cherchera pas à les mener à la prospérité, mais qui prendra soin de leur démontrer qu'il n'y avait pas besoin d'être un enfant pour trouver un peu de joie de vivre. Qu'il suffisait de mettre un châle autour de ses épaules pour devenir prêtre, autour de la taille pour devenir reine ; qu'il suffisait de profiter de l'hilarité générale pour former une camaraderie qui n'était pas toujours de l'amitié, mais qui avait l'aisance et la familiarité d'une vie en communauté.


« Mes dames, mes demoiselles et messieurs, je vous prie de saluer bien fort ces jeunes femmes qui ont trimé pour vous présenter cette comédie burlesque ! »

Luka présenta tour à tour, non sans fierté, chaque membre de sa petite troupe, qu'il apprenait à connaître sur le bout des doigts. Il savait très bien qu'après la dernière représentation, dans le temps mort qui marquait toujours la période de rédaction d'une nouvelle pièce, la plupart de ses actrices le quitterait pour trouver un emploi autrement plus stable. Certaines partaient pour d'autres villes et ne revenaient pas. Il en retrouvait d'autres, par surprise, quelques semaines ou quelques mois plus tard, avec la chaleur et l'affection de proches qui se connaissaient depuis toujours. Chaque œuvre était ainsi toujours très personnelle : Luka marquait la présence de chaque comédien dans le rôle qui lui était attribué ; chaque personnage revêtait par la suite la gestuelle courante et les tics propres à telle ou telle personne. Par la suite, s'ils rejouaient une pièce, Luka repassait en revue les répliques et n'hésitait pas à pousser l'acteur à les modifier spontanément, par lui-même, de sorte qu'il puisse incarner le plus confortablement possible l'être fictif qui lui était imposé.

Pour aimer le théâtre, il suffisait d'y croire. Mais il avait toujours un degré de réalité à travers le jeu, et Luka aimait à croire qu'il s'était forgé un lien avec chaque personne de sa petite troupe. N'étant pas de nature détachée, il lui était toujours difficile de se séparer de ceux qu'il apprenait à côtoyer jour après jour, bien qu'il ne pouvait leur en vouloir : après tout, il fallait bien gagner sa vie comme on le pouvait. Malgré tout, il les regrettait tous. Cela l'amenait à s'isoler de temps en temps, pendant les pauses qu'ils s'octroyaient toutes les heures, comme si rester à distance pendant quelques minutes pourrait permettre une séparation plus facile.

C'est ainsi qu'il se cala contre un mur sale, dissimulé dans une ruelle étroite, à l'abri des regards que pouvaient lancer les quelques comédiens qui pourraient être à sa recherche depuis l'estrade de la Place centrale. Celle-ci leur avait été gracieusement louée, après de très longues négociations et quelques manœuvres officieuses de la part de Jennia, l'une de ses comédiennes actuelles, qui travaillait aussi dans le commerce. Une femme faite, vive et accomplie, qui semblait s'être arrangée d'une manière ou d'une autre avec les marchands du coin. Il n'était pas sûr de vouloir savoir comment.

Peu importe. Il sortit sa pipe de sa sacoche, ainsi qu'un peu d'herbe bon marché qu'il s'était procuré en début de semaine. Fumer un peu le détendra. Il lui fallait simplement mettre la main sur son briquet improvisé : un morceau d'acier qu'il extirpa sans difficulté de la boucle de sa ceinture, ainsi qu'une petite pierre qui provoquait de belles étincelles... et qu'il ne retrouvait plus. Fichtre. La pipe momentanément oubliée sur ses lèvres, il farfouilla dans ses affaires, dans l'espoir de retrouver son caillou au fin fond de sa sacoche. Il alla jusqu'à fureter dans sa bourse pour vérifier s'il ne l'avait pas placé distraitement dedans la veille. Mais rien. L'air passablement confus, le jeune Hylien redressa la tête, en reprenant brusquement conscience de la foule qui s'affairait non loin de lui. Un peu plus loin, dans l'allée marchande, une lueur vive miroita comme une pierre blanche. C'était le reflet de verres de lunettes. Sauvé ! Luka garda sa pipe entre ses doigts, et s'avança en trottant presque vers celui qui pouvait potentiellement le tirer d'affaire. Un jeune homme presque aussi frêle que lui, tout aussi délicat du moins, aux cheveux auburns.


« Monsieur ? Excusez-moi, monsieur ? Pourriez-vous me prêter vos lunettes un instant, s'il vous plaît ? Je n'ai plus rien pour allumer ma pipe... »


Laurent


Inventaire

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(vide)

Il était de garde, et cette fois, Alma n'avait pas pu se libérer. La rouquine avait été envoyée ailleurs, il ne savait trop pourquoi. Et lui se coltinait, une fois de plus, la Place et son agitation. Il pouvait la supporter, sans prendre réellement sur lui grâce à son calme, mais si on lui parlait, il pouvait avoir de brusques réactions, toutes plus aléatoires les unes que les autres... La nature de son élément, le Feu infernal et incontrôlable, suivait les courbes de son comportement, à défaut de suivre celles de son physique, quoique celles-ci, bien dissimulées par son habit de mage, étaient tout aussi agréables, malgré son air frêle.

Son grimoire serré dans ses bras, il observait chaque personne pouvant paraître suspecte, et ceux pouvant être les cibles desdites personnes. Mais aujourd'hui, tout semblait calme. Comme si la paix était de nouveau revenue. Pourtant, c'était bien loin d'être vrai. Le mal pouvait se cacher partout. Dans chaque ruelle, dans chaque recoin sombre. Il fallait ouvrir l'oeil.

Justement, l'oeil. Il tourna son regard vers l'homme venant de l'aborder. Un type qui lui semblait large par rapport à lui. Le rouquin se tourna complètement en sa direction, l'écoutant attentivement. Puis il rougit. Beaucoup. Enormément, même.

"- Mes lunettes...?"

C'était comme lui demander "Pourriez-vous être aveugle, un instant ?" ! Bien sûr, ce gars-là ne pouvait pas le savoir. Mais retirer ses verres à Laurent était l'équivalent de lui faire perdre la vue. Depuis sa naissance, il avait toujours eu un magnifique regard vert. Mais celui-ci était défaillant, et il ne voyait rien de net sans sa correction. Pourtant, il ne se voyait pas refuser cela à quelqu'un... Même si cela pouvait être une ruse afin que d'éventuels complices ne profitent de son inattention, le brun n'avait pas l'air mauvais d'une quelconque façon.

"- Tenez. Mais rendez-les moi vite, je vous prie."

Le roux retira l'appareil, le tendant du mieux qu'il put à la tâche marron-bleue-grise étrange et floue qui représentait maintenant son vis-à-vis. A l'instant, son visage prenait une jolie teinte rose de gêne. Difficile à croire que ce jeune et adorable garçon était soldat, hein ?


Luka

Le Changelin

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(vide)

Oh. Luka ne put s'empêcher de sourire, sans méchanceté, face au visage écarlate de son vis-à-vis. Il baissa les yeux malgré tout, pour tenter d'atténuer ces fossettes qui se creusaient contre son gré : il ne voulait pas prendre le risque de vexer l'autre jeune homme. Profitant de cette occasion pour examiner sa pipe, il tenta de tasser un peu le tabac à l'aide de son pouce, avant de se résigner à extirper de sa sacoche un petit bâtonnet de bois, d'une main habituée, pour pouvoir s'en servir en guise de bourre-pipe. En théorie, les lunettes suffiraient pour l'allumage. Du moins, il était prêt à tenter le coup.
Lorsqu'il redressa la tête, il ne souriait plus, mais ses yeux étaient encore plissés par l'amusement. Luka ne se moquait pas de l'autre, il le trouvait simplement mignon.


« Merci bien, mon petit monsieur. Vous me sauvez la mise ! »

Il accepta gracieusement l'appareil après avoir soigneusement rangé son bourre-pipe. Un béni de Farore, sans doute, pour que ce jeune homme ait les yeux si verts. Mais il préférait la teinte plus instable, plus proche du bleu-vert de l'océan que lui renvoyaient les pupilles irisées de son amie Aalis ; il se sentait plus en affinité avec l'eau. Ce garçon-là ne semblait pas voir bien loin sans ses verres, et Luka en profita pour l'observer d'un peu plus près. Il était presque plus maigre que lui, si c'était possible ! Sans doute une constitution un peu maladive, il avait également la peau pâle. Luka sentit une pointe de compassion le soulever ; il n'avait jamais été bien solide, lui non plus, et se trouvait souvent alité - presque une fois tous les deux mois. Il savait ce que c'était.

Quant aux habits de ce jeune homme, il était clair que ce n'était pas un homme d'armes : pas une once d'acier ou de cuir. L'énorme chapeau qui trônait sur sa chevelure courte, sans parler du livre de sorts qu'il tenait contre lui - Luka l'envia fort, cela faisait une éternité qu'il n'avait pas vu de telle reliure d'aussi près - le classait sans aucun doute parmi les magiciens. Sa carrure n'était pas bien menaçante non plus, raison pour laquelle le comédien n'avait pas hésité à l'aborder : il ne se sentait jamais à l'aise face à des guerriers bien bâtis.

Mais il se devait bien de rendre ces lunettes à ce pauvre jeune homme, qui attendait si patiemment que Luka termine son affaire ! Il en aurait bien fait un tour de passe-passe si seulement son interlocuteur n'était pas myope comme une taupe, mais enfin. Après avoir examiné l'objet, tout en gardant ses doigts sales sur la monture uniquement, il leva le bras pour faire face au soleil et tenta de saisir un rayon lumineux à travers les verres polis. L'opération fut minutieuse, et un peu lente : il fallait ensuite parvenir à diriger ce même rayon en un point concentré sur l'herbe à pipe. Luka fronça les sourcils, entièrement occupé à sa tâche. Et bientôt, la pipe s'alluma. Ni d'une, ni de deux, le jeune Hylien s'empressa de tirer une bouffée avant que l'herbe s'éteigne. Ouf, son plan avait fonctionné.

C'est ainsi qu'il recracha la fumée âcre vers le ciel ouvert, la tête levée, comme en signe de victoire. Il fit attention à ne pas enfumer son vis-à-vis, ce ne serait pas très poli de sa part.


« Tenez, je vous les rends. »

Et voilà qu'il lui remettait ses lunettes. Quel dommage de dissimuler un si joli regard. Mais c'est en lui décochant un sourire rayonnant que Luka salua sa vue retrouvée. Autant se faire un peu de publicité, tant qu'il y était.

« Vous passez souvent dans le coin ? »


Laurent


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Le soldat observa un long moment la façon d'agir du brun. Enfin, "observa" était un bien grand mot. Les courbes colorées du garçon s'agitaient et s'étiraient à volonté face aux yeux verts qui peinaient à se repérer dans le monde flou auquel ils appartenaient à présent. Après quelques minutes d'attente dans un univers confus, où image et son ne parvenaient pas à s'accorder correctement, une légère odeur de fumée lui parvint. Enfin, la pipe était allumée, et son propriétaire rendait enfin ses verres au rouquin, le remerciant.

Le regard du mage fut de nouveau couvert, lui rendant la vue. Un soupire de soulagement passa ses lèvres. Mine de rien, ce simple appareil le rendait aussitôt apte à travailler. Ou même à vivre. Longtemps, enfant, il avait dû s'en passer, jusqu'à ce que leurs économies soient suffisantes pour les payer. A l'époque, il n'avait pas réalisé que cela avait nécessité un certain sacrifice de la part de ses parents. Aussi, il avait toujours veillé à les garder précieusement.

"- Oui, en effet." répondit-il à sa dernière question.

Il était souvent envoyé par ici pour les patrouilles. Même si Alma, son aînée, l'accompagnait la plupart du temps. Se rappeler de son absence le fit rougir de nouveau. Pourvu que rien de grave ne se passe cette fois...!


Luka

Le Changelin

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Génial. Voilà sans doute un autre de ces badauds qui déambulaient dans le quartier sans jamais s'arrêter devant les tréteaux. Luka savait qu'il était difficile d'attirer l'attention lorsque chacun ne souhaitait que regagner sa demeure au plus vite tous les jours, mais tout de même; ils pourraient prendre le temps d'observer les alentours.

La troupe d'Albe n'avait joué qu'une seule fois sous la pluie, et ils auraient très bien pu s'en passer puisque personne, pas même les enfants, n'avaient levé la tête vers eux. Sans doute par peur de devoir payer, les citadins évitaient souvent, en général, de regarder en direction des sons et des paroles pourtant attrayantes de ceux qui se produisaient non loin d'eux, tout comme ils détournaient la tête, embarrassés, lorsqu'ils passaient devant des mendiants. Mais si chaque Albin accumulait les emplois, c'est qu'ils savaient très bien que le théâtre ne payait pas ; peut-être ne devrait-il pas payer. Luka n'avait jamais instauré de tarif quelconque, car il voulait que ses pièces restent accessibles au plus grand nombre. Si seulement il pouvait se faire comprendre...

C'est sans s'agacer, mais à renfort de grands gestes (et la pipe oubliée en main) que Luka se rapprocha de son interlocuteur. Ses yeux ocres, grands ouverts, lui conféraient un air naïf et curieusement imposant, bien qu'il souhaitait seulement argumenter.


« Je ne vous ai jamais vu à l'une de mes représentations ! Et pourtant, mon petit monsieur, je peux vous dire que nous en faisons presque tous les jours. Est-ce que vous nous avez déjà remarqué, au moins ? Nous ne sommes pas très discrets, il me semble. »

Malgré lui, cela sonnait un peu trop comme une réprimande. Il ne s'en aperçut que sur le tard, ce qu'il tenta d'adoucir par un sourire aimable et un visage ouvert. Pas besoin d'agresser ce pauvre passant qui n'avait rien demandé à personne. D'autant plus que, malgré les couleurs vives de la tunique du comédien, celle-ci était clairement rapiécée ; il ne souhaitait pas que son vis-à-vis le prenne en plus pour un chien des rues. Il secoua la tête d'un air repentant, et reprit sa pipe, qu'il fuma jusqu'au bout cette fois, avant de continuer :

« Pardon, je ne voulais pas vous mettre dans l'embarras. C'est juste que... Oh ! »

Surpris, le garçon ne finit pas sa phrase. Il venait d'apercevoir l'emblème de la garde royale accrochée à la ceinture du jeune magicien. Cette révélation l'orienta sur un sujet de conversation complètement différent, et qui, selon lui, s'avérait beaucoup plus crucial. Lui qui n'avait jamais osé approcher un seul des gardes royaux jusque-là, trop intimidé par leur carrure imposante - et souvent trop fier pour aller demander de l'aide - voici qu'une rencontre providentielle se plaçait à portée de main.
C'est l'air brusquement déterminé qu'il s'enquit, sans crainte aucune :


« Mais dites-moi, puisque vous êtes de la garde royale, vous devriez bien le savoir : à qui s'adresse-t-on si nous voulons jouer sur le perron du Temple du Temps ? Nous avons bien tenté de négocier avec l'un des prêtres qui se trouvait à l'extérieur à ce moment-là, mais il nous a ignoré. Vous n'allez tout de même pas me dire qu'il faut contacter le Seigneur Pontife en personne, pour une telle trivialité ! »

Luka était croyant, bien sûr, comme la grande majorité des Hyliens - au sens large du terme. Mais il n'était pas sûr que le théâtre populaire avait le soutien de l'Ordre pontifical. Il y avait, certes, quelques troupes religieuses qui s'en sortaient relativement bien, puisqu'elles étaient financées en partie par les dons du Temple. Mais le jeune dramaturge préférait cesser d'écrire plutôt que de se soumettre au ronron hypocrite de ces pièces qu'on nommaient "miracles" ou "mystères".


Laurent


Inventaire

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"- Je ne vous ai jamais vu à l'une de mes représentations ! Et pourtant, mon petit monsieur, je peux vous dire que nous en faisons presque tous les jours. Est-ce que vous nous avez déjà remarqué, au moins ? Nous ne sommes pas très discrets, il me semble."

Laurent observa successivement à sa gauche puis à sa droite, au cas où un autre soldat passe par là, auquel cas il aurait souhaité être accosté. Car voilà qu'il ne savait plus où se mettre... Ce pauvre garçon devait penser qu'il faisait partie du vulgum pecus, alors qu'il n'en était rien - tout du moins, plus maintenant -. Comment lui expliquer sans paraître violent, ou sans le gêner ? Les joues du rouquin se teintèrent progressivement, rendant à son air frêle un véritable coté mignon. Heureusement pour lui, son calvaire s'arrêta bientôt ; l'homme venait de remarquer son insigne à sa ceinture.

"- Pardon, je ne voulais pas vous mettre dans l'embarras. C'est juste que... Oh ! Mais dites-moi, puisque vous êtes de la garde royale, vous devriez bien le savoir : à qui s'adresse-t-on si nous voulons jouer sur le perron du Temple du Temps ? Nous avons bien tenté de négocier avec l'un des prêtres qui se trouvait à l'extérieur à ce moment-là, mais il nous a ignoré. Vous n'allez tout de même pas me dire qu'il faut contacter le Seigneur Pontife en personne, pour une telle trivialité !"

Le Stratège Flamboyant ne sut trop comment lui répondre. Il était vrai que l'accès au Temple du Temps devenait de plus en plus difficile pour les civils, autres que des religieux, et surtout en cette période. Cependant, avec son statut, il ne savait pas s'il avait un quelconque pouvoir. Ce gars n'avait pas l'air d'un vandale - il en était même loin en réalité -, alors peut-être pouvait-il malgré tout l'aider.

"- Eh bien... Je pourrais déjà vous accompagner de nouveau au Temple, afin de tenter une approche diplomatique... Et si cela ne fonctionne pas, j'en parlerai à mes supérieurs."

Ses collègues se moqueraient sans doute de lui, en apprenant qu'il se donnait autant de mal pour une simple troupe de théâtre. Mais après avoir grandi dans la campagne profonde, sans forcément avoir accès à de telles formes de culture, il y attachait une grande importance. Les Hyliens habitant la Place ne se rendaient pour la plupart pas compte de la chance qu'ils avaient d'avoir accès à ce type d'activités culturelles.


Luka

Le Changelin

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Luka était aux anges. Non seulement le garde ne l'avait pas réprimandé, mais en plus il acceptait de l'accompagner jusqu'au Temple ! Ravi, il s'empressa de vider sa pipe au sol et de tourner les talons afin d'aller répandre la bonne nouvelle à sa troupe. Mais il s'arrêta net, fébrile, et revint au jeune mage pour saisir sa main entre les siennes. Les yeux brillants, un sourire d'enfant aux lèvres, il lui fit une courbette. Ce qu'il était aimable, ce gentil petit monsieur ! Bien qu'il semblait de nature grognon. Comme quoi, l'habit ne faisait pas le moine.

« Merci, vous êtes un sauveur ! Merci bien ! Je vais aller prévenir mes comédiens, ils seront ravis de l'apprendre, j'en suis sûr. Vous venez avec moi ? »

Et, sans vraiment attendre de réponse, il se dirigea d'un pas léger vers la place centrale à quelques mètres du lieu où ils se tenaient. Sur l'estrade provisoire, cela ne se passait visiblement pas très bien : Jennia s'était remise à argumenter auprès des marchands du coin, qui s'étaient décidés à reprendre le terrain. Toutes ces histoires de propriété troublaient toujours Luka, qui trouvait tout cela très confus. Heureusement qu'il n'était pas seul pour régler le problème.
Le ton jovial, mais étrangement net - et étrangement fort, pour un jeune homme au premier abord timide et nerveux - il imposa sa voix par-dessus le débat qui virait à la dispute :


« C'est bon, Jen, laisse tomber ! On ne joue plus pour aujourd'hui, Pélops va bientôt filer, de toute façon. Et puis, j'ai une très bonne nouvelle pour nous. »

Il avait employé ce qu'on appelait une voix de théâtre : tout le monde se tut et se tourna vers lui, marchands compris. Fier d'avoir su captiver leur attention, Luka s'éclaircit la gorge, faisant durer le suspense. Mais le sourire enjoué qui lui fendait la bouche trahissait son émotion, et celui-ci commençait à se faire contagieux chez les quelques autres membres de sa petite troupe ici présents, qui le lui rendirent sans hésitation.

« Monsieur le garde que vous voyez, » et à ces mots, il désigna le mage aux cheveux roux, « va m'accompagner jusqu'au Temple du Temps, et nous verrons cette fois s'ils refuseront de nous recevoir ! »

Des exclamations de joie fusèrent chez les jeunes gens, et Luka reçut de bonne grâce quelques accolades de la part de ses compagnons de scène. Satisfaits d'avoir récupéré leur terrain, les marchands s'éclipsèrent sans rien ajouter de plus. Et, avec la rapidité et l'efficacité propre aux nomades et aux vagabonds, la petite troupe itinérante se dispersa sur la place afin de rassembler toutes leurs affaires éparpillées au gré des répétitions. En un rien de temps, ils démontèrent l'estrade provisoire, et c'est armés de planches et d'outils de constructions, d'instruments et de lourds panneaux de bois qu'ils se saluèrent une dernière fois avant de se quitter pour de bon.

« Jennia, attends ! »

La petite femme se tourna vers Luka, l'air interrogateur, mais un coup d'oeil à l'expression embarrassée du garçon lui suffit : elle se tourna vers son petit-ami du moment pour lui proposer de partir devant, et elle lui confia la main de la fillette qu'elle tenait jusque-là entre la sienne. L'enfant refusa tout d'abord, les yeux rivés sur Jennia, et Luka s'inquiéta du temps qui filait pendant qu'elles argumentaient dans leur coin ; son regard ocre déviait sans cesse, inquiet, vers le jeune mage qui attendait toujours. Mais après quelques instants de négociations, Sibylle accepta de lâcher prise pour suivre le compagnon de sa mère adoptive. Et c'est en leur adressant un clin d'oeil complice que Jennia les rejoignit.

« Et voilà, mon petit. Je veux bien venir négocier pour toi, sinon on y sera encore demain matin. Mais tu restes avec nous, il faut bien que t'apprennes ! Un jour, je ne serai plus là pour te tirer d'affaire. »

Embarrassé, mais aussi quelque peu rassuré, Luka acquiesça et accepta que son aînée l'entraîne, bras dessus bras dessous, jusqu'au Temple du Temps. Il espérait que cette fois-ci, avec la présence d'un garde (bien que ce garde ne soit pas très imposant), les prêtres se feront plus cléments. Après tout, ils ne souhaitaient pas jouer à l'intérieur ; uniquement sur le perron, qui fait presque office de lieu public, si seulement ils n'avaient pas été chassés de là.


[HRP : Qu'est-ce qu'on fait ? Si la négociation se fait sur le perron et pas dans le Temple même, on peut continuer ici, non ? Ou est-ce que tu veux qu'on arrête là ? :3 ]


Laurent


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[Je pense qu'on peut continuer ici ^^ Je place le prêtre, mais je te laisse le jouer, après tout, c'est la troupe de Luka qui n'a pas le droit de se produire devant le Temple XD]

La petite scène de liesse de la part de la troupe n'ajouta que plus de gêne encore au garçon, qui n'avait pas l'habitude d'être autant mis sur le devant de la scène. En général, il était même oublié. Et là, être présenté comme un sauveur par le brun lui donnait des frissons. Pourtant, extérieurement, son apparence ne changea pas. Toujours l'air aussi maître de ses émotions, alors qu'à l'intérieur, c'était l'anarchie.

Finalement, celui qui semblait être le leader du groupe se munit d'une dame qui semblait fort bonne négociatrice. Malheureusement, Laurent se sentit obligé de se manifester sur ce point-là. Diplomate, il l'était énormément. Être fin stratège nécessitait aussi ce genre de talents, quelques fois.

"- Laissez-moi faire." déclara-t-il un peu sèchement, sans le vouloir.

Comme à son habitude, le seuil du temple était désert et calme. Seul un prêtre s'y trouvait, s'occupant de la verdure tout autour. Le roux avait toujours trouvé cet endroit ravissant et bien entretenu. Il y venait souvent pour se détendre, lorsqu'il avait quelques minutes pour cela. Cependant, il n'accordait pas énormément d'importance aux religieux eux-mêmes ; même si son statut de garde l'obligeait en quelque sorte à avoir du respect pour eux, il ne se gênait pas pour leur parler honnêtement, prêtre, nonne, ou pas.


Luka

Le Changelin

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(vide)

Luka espérait ne pas avoir vexé le patrouilleur en proposant à sa comédienne de l'accompagner. Après tout, puisqu'ils ne se connaissaient pas, il n'était pas sûr des compétences du jeune mage... Et la présence du petit bout de femme énergique qu'était Jennia avait toujours su lui redonner le sourire. Ainsi accompagné, flanqué d'un garde royal et d'une femme confiante, le dramaturge se sentait capable de conquérir le monde. Même l'ombre imposante de la splendide bâtisse qu'était le Temple ne parvenait pas à le décourager. Aujourd'hui, se dit-il - une pensée volatile qui s'ancra en lui, tenace - aujourd'hui je changerai la donne.

Le prêtre qui se trouvait dehors à cette heure se redressa en les voyant approcher, mais arborait malgré tout un air circonspect. Luka ne le reconnaissait pas : ce n'était pas lui qui les avait (si mal) reçus la dernière fois. Ce constat permit à l'espoir déjà présent en son sein de persister. Il échangea un regard complice avec la comédienne à ses côtés, avant de prendre les devants. Jennia le laisserait faire tant qu'il n'aurait pas besoin de son assistance.
Sur ce, il prit son ton le plus courtois, son air le plus respectueux. Ce n'était pas mentir, c'était se montrer prudent.


« Bonjour, mon père. Je viens vous trouver car j'ai une requête à vous faire. Auriez-vous un peu de temps à m'accorder, s'il vous plaît ? »

Le religieux semblait un peu déboussolé, mais quelque chose sembla s'éclaircir sur son visage, comme une lumière de compréhension. Un coup d'oeil à la femme accrochée à son bras suffit à Luka pour saisir ce que l'homme de foi avait cru percevoir, et avant même que celui-ci ait pu ouvrir la bouche, le jeune dramaturge avait repris, l'air embarrassé :

« Non mon père, nous ne sommes pas venus ici pour nous marier. »

Jennia ricanait. Luka tenta de l'ignorer, elle ainsi que l'air visiblement un peu offusqué du prêtre (qui allait sans aucun doute argumenter s'il le laissait parler) car il souhaitait en finir avant la fin de la journée.

« A vrai dire, je suis responsable d'une petite troupe de théâtre locale, du nom de la Troupe d'Albe. »

En toute sincérité, le nom de la troupe laissait le jeune dramaturge assez sceptique. Mais il savait le pouvoir des noms, notamment dès lors qu'il s'agissait de persuader un officiel de l'importance d'un sujet. Nommer la troupe, c'était faire de celle-ci un organe reconnu - et surtout, un organe sérieux. Luka optimisait les chances de réussite.

« Nous avons pu constater que le parvis du Temple était fréquemment libre, bien que faisant toujours partie de l'espace public de la Citadelle, ce pour quoi je viens ici aujourd'hui : en effet, serait-il possible de représenter notre première grande œuvre théâtrale ici même ? Non pas à l'intérieur du Temple, puisque notre pièce est une tragédie plus qu'un mystère religieux, mais juste ici, dehors ? Pas toute la journée non plus, seulement l'espace de quelques heures - peut-être en fin d'après-midi, afin que la pièce se termine une fois la nuit tombée ? »

Il parlait trop. Il ne s'en rendit compte qu'un peu trop tard, sur un coup de coude bien placé de sa compagne de théâtre. Inquiet à l'idée d'avoir gâché toute chance de négociation, il se tut. Mais le prêtre ne semblait pas ouvertement hostile à la requête, simplement un peu perdu sous le flot de paroles et d'informations qu'il venait de recevoir. Il eut l'air d'y réfléchir sérieusement pendant un temps - quelques secondes qui lui parurent une éternité - avant de secouer la tête, humblement.

« Je ne sais pas, mon garçon... Je dois sans doute en parler avec mon supérieur... »

Le coude de Jennia revint heurter ses côtes, avec un peu plus d'empressement, et Luka repartit à l'assaut, le coeur battant.

« S'il vous plaît, pouvez-vous considérer notre requête vous-même ? Nous avons ici un membre officiel de la garde royale, » et sur ces mots, il s'écarta pour laisser une place à ses côtés au jeune mage, qui jusque-là se tenait légèrement à l'écart, « si vous avez besoin d'une signature sur un contrat. Nous pouvons l'écrire ensemble, ici-même, et vous pouvez établir vous-même les règles, comme par exemple lire l'intégralité de la pièce avant la représentation... Je n'ai pas encore terminé les dernières scènes, mais j'ai déjà commencé à faire une copie... ah, attendez un instant... »

Luka se perdait dans les parchemins divers qu'il tentait d'extirper de sa sacoche tout en parlant. Il paniquait, car il lui semblait déjà connaître la réponse du religieux. Mais contrairement à lui, Jennia gardait un visage composé, et c'est le regard vif et la voix ferme qu'elle s'imposa dans la discussion qui virait au plaidoyer :

« Excusez-moi de vous interrompre, mon père, mais ce que notre chef de troupe a oublié de dire, c'est que nous sommes déjà venus ici il y a deux jours, pour les mêmes raisons. Mais on nous a refusé, et on nous a mis à la porte sans chercher à savoir ce qu'on voulait. » La confusion et l'inquiétude se mêlaient dans le regard que Luka adressa à sa comédienne, mais celle-ci l'ignora délibérément et continua : « On aimerait bien que vous voyez un peu ce qu'on fait avant de décider, mon père. C'est vrai qu'on a une sale réputation, on nous traite souvent de profanes, mais je vous assure qu'on est pieux, et que notre pièce l'est aussi. »

Le prêtre sembla juger du regard la petite femme qui se tenait face à lui sans hésitation, comme s'il doutait de sa parole parce qu'elle dévoilait un peu de ses jambes au-dessus des chevilles. Il se tourna alors vers le jeune garde royal, avec l'air de quelqu'un qui voulait s'appuyer sur une source plus fiable.

« Est-ce vrai, jeune homme ? »

Luka tenta de ne pas décocher un regard terrifié à son vis-à-vis, mais c'était peine perdue. Laurent n'avait jamais assisté à une représentation de la troupe d'Albe, il n'avait sans doute aucune idée de ce qu'ils jouaient. Jennia conservait un air prudemment neutre lorsqu'elle se tourna à son tour vers le jeune mage, mais les deux comédiens pensaient exactement la même chose, à savoir : mens. S'il te plaît, mens.
Luka aurait bien voulu pouvoir affirmer le contraire, mais il lui semblait à cet instant précis - et de la manière la plus incisive possible - que sa pièce reposait entre les mains d'un parfait inconnu.


Laurent


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(vide)

Un soupire passa ses lèvres, sans se cacher, bien fort même. Assez pour qu'on l'entende, malgré qu'il soit couvert par les discours des deux comédiens. Evidemment, le brun et son amie n'avaient pas pu s'empêcher de sortir leur baratin... Surtout qu'ils n'étaient pas doués pour la persuasion. Ce n'était pas du tout le genre d'arguments qu'il fallait invoquer devant un prêtre, par les Déesses ! C'était, au contraire, le meilleur moyen pour ne pas qu'il ne les laisse ne serait-ce que poser un regard sur le parvis du Temple. Heureusement, il était là pour tout arranger. Trop de fougue tuait les religieux. C'était connu.

Lorsque celui-ci se tourna justement vers le garde, ce dernier sembla percevoir les auras demandeuses de ses deux compagnons d'un jour. Comment réussir à les sortir de cette situation ? S'il était honnête, il dirait que jamais il n'avait vu une seule de leur représentation, qu'il ne pouvait donc pas jurer sur son honneur qu'ils étaient honnêtes en affirmant être dignes de confiance.

Et pourtant.

"- Les aurais-je emmenés ici, si ce n'étaient point le cas, Mon Père ? Donnez-leur une chance, comme les Déesses donnent une chance à chaque être de ce monde. A moins que vous ne souhaitiez trahir leurs espoirs de voir chacun de leurs enfants goûter à l'opportunité d'un avenir meilleur ?"

Il remonta ses lunettes, arborant toujours son expression neutre et glaciale, ses yeux de jade plus que jamais ancrés sur son vis-à-vis avec détermination. Pourtant, à l'intérieur, il bouillonnait. C'était le genre de combat dans lequel il excellait ; la joute verbale était en effet son point fort. Beaucoup plus que n'importe quel autre type de combat, même magique, en réalité. Et cela parvenait à le garder étonnamment calme. Etonnamment confiant.

Car il gagnait toujours à ce jeu-là.


Luka

Le Changelin

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(vide)

Le prêtre sembla considérer les propos du jeune garde, les yeux rivés sur lui d'un air pensif, ce qui permit aux deux comédiens d'échanger un regard plein d'espoir. Du moins, si les yeux de Luka reflétaient un certain optimisme, ceux de Jennia semblaient plutôt réticents, comme si les propos de Laurent Walder ne lui paraissaient pas aussi prometteurs qu'ils auraient pu l'être dans d'autres circonstances. Et pourtant, cela ne démonta pas le dramaturge, qui n'avait d'yeux que pour le religieux, jusqu'à ce que celui-ci prononce sa sentence. Il voyait bien que celui-ci était tenté de céder, après les invectives du mage. Les mains nouées comme en geste de prière, Luka le scrutait de son côté en arborant l'air le plus innocent possible, les yeux larmoyants. Ce n'était pas bien difficile, avec ses paupières tombantes qui lui donnaient presque constamment un petit air mélancolique.

Puis enfin, après un bref moment de réflexion :


« Très bien. Nous devrions dresser un contrat ensemble, alors. Jeune homme, c'est bien ce que vous me proposiez ? »

Luka décocha un regard empli de gratitude à Laurent, avant de se rapprocher d'un pas léger de l'homme d’Église. Le jeune Hylien sortait bien un parchemin vierge de sa sacoche mais, faute d'encrier, le prêtre dut retourner au Temple même pour aller chercher de quoi écrire. Durant ce bref laps de temps, et profitant du fait que le religieux avait refermé momentanément la porte derrière lui, Jennia poussa une exclamation de victoire et serra contre elle son cadet comédien. Celui-ci lui rendit son étreinte plus prudemment, mais non moins sans enthousiasme. Il riait, la tête rejetée en arrière, avec l'air de celui qui embrassait le vent qui lui fouettait la nuque. Puis il se tourna naturellement vers Laurent, et lui saisit les deux mains.

« Merci, merci, merci ! J'ai bien cru que c'en était fini, mais grâce à vous, nous allons sans doute pouvoir jouer sur cette si belle place. »

Il jeta un regard presque amoureux aux alentours. Le parvis était un endroit tellement prometteur, suffisamment grand pour que les acteurs puissent jouer dans l'espace qu'ils souhaitaient, et tout aussi capable d'accueillir une véritable foule. C'était un coin de rêve.
Jennia riait elle aussi. Elle ébouriffa les cheveux de son compagnon de jeu sans le ménager, bien qu'elle dut le tirer par le col pour pouvoir l'attraper. Il se laissa faire complaisamment, trop heureux pour s'en soucier.


« Dis-donc mon petit, j'ai cru que t'allais nous perdre quand tu t'es mis à parler comme un sang-bleu ! Tu devrais arrêter de jouer les nobliaux, ça te monte clairement à la tête ! »

Luka voulut répliquer, mais c'est à ce moment précis que la porte du Temple s'ouvrit à nouveau, dans un grincement quasi-insupportable. Prestement, la petite femme relâcha son acolyte, qui s'empressa de réajuster sa tunique pour en enlever les plis. Sans empressement, le prêtre revint vers eux, et Luka alla à sa rencontre pour pouvoir commencer à dresser le contrat en bonne et due forme. Il ne tarda pas à faire signe à ses deux autres compagnons de se rapprocher, d'une part pour que Laurent puisse apposer sa signature, d'autre part pour que Jennia puisse vérifier que tout était en ordre : il ne voulait plus risquer d'être chassé de son estrade au beau milieu d'une représentation.

Ils ne mirent que très peu de temps à boucler le contrat, car les arguments s'amenuisaient au fur et à mesure de la discussion, et chacun avait une idée précise des règles qu'ils voulaient apporter pour la location de l'endroit. Aussi, et sans doute à la suite de l'élan de générosité qu'avait suscité Laurent dans le coeur du religieux, le parvis leur fut accordé pour une somme si respectable que Luka faillit en pleurer de joie. Les rubis qu'il ne dépensait pas à la location lui serviraient pour un repas le soir-même, une perspective qui le ravissait depuis le début de la pénurie.

Le soleil se couchait lorsqu'ils se quittèrent enfin sur un accord commun. Joyeuse comme un pinson prêt à décoller, Jennia sifflotait une comptine d'enfant et prit les devants, sans doute impatiente de retrouver sa fille adoptive. Luka, lui, resta légèrement en arrière, le temps de pouvoir marcher côte à côte avec le jeune garde qui lui avait sauvé la mise de bien des manières. Il lui sourit, encore une fois, et tout son visage s'éclaircit par ce sourire, comme s'il avait pu chasser tous les tracas de sa tête.


« Merci pour aujourd'hui, mon petit monsieur. Vous avez été génial, vraiment. Dire que je ne connais même pas votre nom. »

Il eut un petit rire dérisoire, avant de s'arrêter et de lui tendre la main d'un air solennel.

« Moi, c'est Luka. Ma troupe, c'est la troupe d'Albe. Vous vous en souviendrez ? Vous aurez une place au premier rang, si cela vous dit ! Rien que pour vous, et peut-être vos proches, si vous en avez. C'est gratuit, dans tous les cas. »


Laurent


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(vide)

Il jubilait intérieurement. Gagné. Les religieux avaient toujours été plutôt simples à contrôler ou persuader. Il suffisait de mettre un peu de leurs croyances dans ses propos pour les faire plier, et là, c'était réussi quasiment à tous les coups. Rien de bien difficile par rapport à de vieux diplomates ou d'autres amateurs de débats en tout genre.

Le rouge lui monta de nouveau aux joues alors que le brun lui saisissait les mains, les yeux pleins d'étoiles. Est-ce qu'il allait encore le toucher longtemps, comme ça ? Pas que c'était dérangeant, il comprenait sa réjouissance n'avoir obtenu ce qu'il souhaitait et sa gratitude de l'y avoir aidé, mais tout de même, il n'était pas l'un de ses proches qu'il pouvait se permettre de le... De le tripoter comme ça !

Le contrat signé, les deux comédiens et le garde retournèrent vers la Place. Celle-ci était toujours aussi animée. Quelques marchands criaient à tire-larigot que leurs bonnes affaires étaient les meilleures du coin, de jeunes enfants jouaient à chat... Cela lui rappelait sa bonne vieille campagne profonde. Mine de rien, elle lui manquait un peu. Bien sûr, la pauvreté ancienne de sa famille n'avait jamais été très rassurante, mais au moins, ils étaient heureux. Maintenant, ils ne se voyaient plus, faute de temps.

"- Merci pour aujourd'hui, mon petit monsieur. Vous avez été génial, vraiment. Dire que je ne connais même pas votre nom. Moi, c'est Luka. Ma troupe, c'est la troupe d'Albe. Vous vous en souviendrez ? Vous aurez une place au premier rang, si cela vous dit ! Rien que pour vous, et peut-être vos proches, si vous en avez. C'est gratuit, dans tous les cas."

Ce garçon parlait vraiment beaucoup, ça semblait plus fort que lui. Enfin, en réalité, il devait parler autant que les autres Hyliens - au sens large - qui, par rapport à Laurent, étaient de vrais bavards invétérés. Le rouquin fixa longuement la main tendue vers lui. Encore un contact, hein... Bah. Il saisit prudemment cette invitation, sa main fine et presque féminine se glissant dans celle de Luka, sans force aucune. Si c'était une poignée de main, le Mage ne comptait pas jouer les hommes virils en lui secouant le bras comme un prunier. D'ailleurs, il espérait que l'acteur en ferait de même. De mauvais souvenirs remontaient de cela, et de quelques réunions de familles avec de grands gaillards qu'étaient ses oncles et cousins.

"- Laurent Walder. Je viendrai sans doute si j'ai un instant. Après tout ce que nous avons fait pour vous permettre de jouer devant le Temple, ce serait idiot de ne pas en profiter."

Il n'ajouta rien pour ses supposés proches. Sa soeur serait sûrement intéressée elle aussi, et peut-être viendraient-ils à deux. Cependant, tout dépendait du genre de pièces, aussi.

"- Et maintenant que nous ne risquons plus de mettre en péril vos futurs représentations, parlez-moi un peu plus des oeuvres que vous jouez."

Il fallait savoir donner envie à son public !


Luka

Le Changelin

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(vide)

Luka était surpris. La main de Laurent s'apparentait vraiment à une main de femme... Soudain suspicieux, le jeune dramaturge resserra ses doigts entre les siennes, le temps de scruter son vis-à-vis. Physiquement, il n'était sûr de rien. Etait-ce un travestissement ? Mais après une seconde d'observation, il se rendit compte que c'était une seconde perdue inutilement. Il n'avait rien à voir avec tout ça. Qu'il se déguise s'il le souhaitait, ce n'était certainement pas à lui de le juger. Il le relâcha, presque pensif. Ses yeux se dirigèrent par instinct sur sa propre main, toujours aussi blanche, toujours aussi peu calleuse. Comme si tous ses efforts ne servaient à rien. Trop conscient de sa faiblesse, il s'en sentait vulnérable. Il secoua la tête, comme pour en chasser les pensées les plus sombres, et sourit à son interlocuteur.

« Enchanté, Laurent. Ou, oh. Monsieur Walder, plutôt, je suppose. Désolé. J'ai trop l'habitude d'être informel. »

Le garçon passa sa main dans ses cheveux bruns, l'air embarrassé. Cette personne face à lui était garde royal, pas un futur comédien ! Il ferait mieux de s'en souvenir, Aalis l'aurait rabroué pour moins que ça : il se devait de le traiter avec distance et respect. Mais une seule question sur le théâtre de la part de celui-ci suffit à disperser toute notion de politesse et de courtoisie : Luka s'enflamma en l'espace d'un battement de cil. Le théâtre était tout pour lui. Il ne vivait plus que pour ça.

« Pas grand chose encore, à vrai dire ! Juste quelques petites farces, et une seule comédie jusque-là. Mais j'ai bon espoir : notre prochain spectacle sur le parvis du Temple sera notre première grande pièce... »

Il gesticulait avec enthousiasme, toujours à distance respectable de son vis-à-vis, mais trop passionné pour se rendre compte qu'il frôlait l'esprit de Laurent du sien - un contact mental si ténu, si subtil, presque inoffensif, qui ne tentait rien de plus que d'emporter l'adhésion du jeune garde à son discours, qui ne cherchait inconsciemment qu'à lui faire comprendre à quel point cela valait la peine de s'emballer si promptement. Une tentative incontrôlée de partager son enthousiasme. Il ne s'en rendait pas compte tant cela lui venait aisément, naturellement, comme s'il ne faisait que prendre une longue inspiration.

« C'est un drame tragique, je dirai, ou peut-être une tragédie féérique ? Quoi qu'il en soit, je me suis inspiré des contes de fée traditionnels.  Ce n'est pas qu'Albe se termine forcément mal - Albe est notre pièce, au passage - mais j'ai été... disons, très inspiré par les faits récents. Et par Din, les Déesses seules savent à quel point on en souffre depuis le début de cette guerre ! Enfin. Nous nous représenterons sans doute juste avant la fin du cycle de Din, si nos répétitions se déroulent bien jusque-là. Je vous tiens au courant, si vous voulez ! Nous serons souvent dans le coin, grâce à vous. »


Laurent


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"- Pas grand chose encore, à vrai dire ! Juste quelques petites farces, et une seule comédie jusque-là. Mais j'ai bon espoir : notre prochain spectacle sur le parvis du Temple sera notre première grande pièce... C'est un drame tragique, je dirai, ou peut-être une tragédie féérique ? Quoi qu'il en soit, je me suis inspiré des contes de fée traditionnels.  Ce n'est pas qu'Albe se termine forcément mal - Albe est notre pièce, au passage - mais j'ai été... disons, très inspiré par les faits récents. Et par Din, les Déesses seules savent à quel point on en souffre depuis le début de cette guerre ! Enfin. Nous nous représenterons sans doute juste avant la fin du cycle de Din, si nos répétitions se déroulent bien jusque-là. Je vous tiens au courant, si vous voulez ! Nous serons souvent dans le coin, grâce à vous.
- Ca a l'air très intéressant !"

Son propre enjouement le surprit, sur l'instant. Pourtant, il n'en pensait pas moins : les dires du jeune homme étaient très tentants, et lui donnaient envie de voir une ou deux représentations. Seulement, un détail attira son attention. Une tragédie, qu'il disait ?

"- Cependant..." commença le rouquin, reprenant son air glacial - un comble pour un Mage de Feu -. "Je ne pense pas que, par les temps qui courent, notre peuple ait besoin d'une tragédie. Au contraire, ils ont sans doute du mal à voir des jours meilleurs. Alors, il faudrait peut-être... Quelque chose de plus joyeux."

Son regard de jade se perdit dans celui du brun, longuement. Voilà qu'il repensait à tout un tas de choses, d'événements douloureux qu'il avait pu vivre... La faim, le froid, la pauvreté. Même si maintenant, il vivait dans le confort, certes limité mais conséquent, d'une vie de garde, il ne perdait jamais à l'esprit les rudes épreuves que lui et sa famille avaient dû traverser. Cela lui permettait de relativiser énormément de choses. Et surtout, il se rappelait des bons moments passés malgré la misère. C'était eux qui permettaient de tenir.

"- Ils ont besoin de quelque chose qui leur redonne le sourire. Et l'envie de vivre en découlera."


Luka

Le Changelin

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Quelque chose d'un peu plus pesant passa brièvement dans les yeux du dramaturge, avant que celui-ci ne songe à baisser la tête. Il observa longuement ses mains, comme si celles-ci le gênaient. Laurent avait raison. Mais son propre projet théâtral ne contredisait pas les propos raisonnables du jeune garde. Au contraire, c'était la situation actuelle qui avait suscité une pièce aussi sérieuse qu'Albe : rire ne suffisait plus.
Luka promouvait le rêve, pas l'abrutissement.


« Vous savez, une tragédie n'exclut pas toujours l'espoir. Prenons par exemple les tragédies antiques ! Celles-ci ne se terminaient pas toujours en queue de poisson, avec la mort d'un ou de plusieurs personnages, certaines finissaient même très bien. Non, une "tragédie" dans le sens le plus strict du terme, c'est tout simplement une histoire qui met en scène des personnages nobles, qu'ils soient princiers ou autres. Mais bien sûr, la tendance actuelle, c'est un dénouement déchirant, car c'est ce qui marque le plus... »

Le comédien se mordit l'intérieur des joues, sans se blesser. Il en disait trop, comme toujours : il n'était pas censé connaître autant de choses historiques. Il continua presque sans interruption, pour pouvoir détourner l'attention de son interlocuteur :

« Il y a de la joie dans Albe, je vous assure. Tout comme il y a autant de chagrin, de douleur, de résolution. Je pense que s'il y a bien une chose qui marque cette pièce, c'est la persévérance, et le profond désir de vivre. Tout n'est pas rose pour nous, alors tout n'est pas rose non plus pour ces êtres fictifs qu'on aurait pu croire supérieurs à nous, vous voyez ? »

La nuit était tombée. Le jeune dramaturge noua ses mains glacées, et les frotta l'une contre l'autre dans l'espoir vain de les réchauffer. Même sous le cycle de Din, le vent ne pardonnait pas. Mais il ne prêtait déjà plus vraiment attention aux signaux que son corps lui envoyait comme une litanie incessante - froid, faim, froid, faim - car la pièce occupait toutes ses pensées.

« Je pense que le vrai tragique, c'est ce qui fait rire et pleurer à la fois. Et... je suppose que c'est ce que j'essaie de faire avec Albe. Parce qu'écrire cette pièce... Comment dire ? Ça a remué quelque chose en moi. J'avais besoin d'écrire une pièce qui puisse concilier les deux. Qui puisse me faire mal tout en me redonnant foi en l'avenir. »

C'était tellement optimiste. Dans d'autres circonstances, en ses journées les plus noires, ses propres paroles auraient fait rire Luka : c'était pathétique. Mais vrai, pourtant. Il souhaitait ardemment croire que survivre était possible. Qu'il pouvait y avoir quelque chose de beau rien que dans le fait d'exister. Qu'il y avait de la poésie dans les petites choses : une pomme que l'on cueille au détour d'une route ; un chemin que l'on emprunte sans hésiter, une fois confronté à un carrefour ; une étoile haut dans le ciel, qui ne se laissait contempler que dans le reflet d'une flaque d'eau.

C'était tellement futile. Il n'était qu'un rêveur, un garçon qui ne savait pas grandir. Il n'était qu'un penseur, sans influence aucune sur les choses concrètes, les seules choses qui comptaient dans la vie. Il n'était rien. A quoi servaient les poètes lorsque le monde s'effritait sous leurs pieds ?
Il eut un rire léger. Un rire dérisoire, qui sonnait creux. Il se moquait de lui-même.


« Pardon. Vous devez me trouver bien ridicule, avec mes histoires farfelues. »


Laurent


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"- Vous savez, une tragédie n'exclut pas toujours l'espoir. Prenons par exemple les tragédies antiques ! Celles-ci ne se terminaient pas toujours en queue de poisson, avec la mort d'un ou de plusieurs personnages, certaines finissaient même très bien. Non, une "tragédie" dans le sens le plus strict du terme, c'est tout simplement une histoire qui met en scène des personnages nobles, qu'ils soient princiers ou autres. Mais bien sûr, la tendance actuelle, c'est un dénouement déchirant, car c'est ce qui marque le plus... Il y a de la joie dans Albe, je vous assure. Tout comme il y a autant de chagrin, de douleur, de résolution. Je pense que s'il y a bien une chose qui marque cette pièce, c'est la persévérance, et le profond désir de vivre. Tout n'est pas rose pour nous, alors tout n'est pas rose non plus pour ces êtres fictifs qu'on aurait pu croire supérieurs à nous, vous voyez ? Je pense que le vrai tragique, c'est ce qui fait rire et pleurer à la fois. Et... je suppose que c'est ce que j'essaie de faire avec Albe. Parce qu'écrire cette pièce... Comment dire ? Ça a remué quelque chose en moi. J'avais besoin d'écrire une pièce qui puisse concilier les deux. Qui puisse me faire mal tout en me redonnant foi en l'avenir."

Il pouvait comprendre, oui. Malgré tout, son avis n'était pas exactement le même. Pour lui, mélanger et tenter de concilier la joie et la peine, c'était ne pas savoir sur quel pied danser, surtout en ces temps troublés. Cependant, il ne pouvait qu'admettre la force de caractère de Luka. Il ne le soupçonnait pas assez résistant pour se faire autant de mal afin de se faire du bien ensuite. Certaines personnes auraient craqué aussitôt face à la façon de penser du brun... Mais pas Laurent. Lui, il avait un petit coté satisfait de la personne se tenant face à lui. Un type qui faisait de sa faiblesse une force.

"- Pardon. Vous devez me trouver bien ridicule, avec mes histoires farfelues."

Le rouquin hocha lentement la tête, remontant ses lunettes sur son nez d'un geste précis.

"- Pas du tout. Je vous trouve même courageux de pouvoir écrire et supporter de telles oeuvres. Tout votre public ne le prendra pas comme vous, c'est certain, et j'espèe que vous en êtes conscient, mais..."

Il s'arrêta quelques secondes, réfléchissant, avant de reprendre, osant un léger sourire, assez adorable.

"- ... C'est louable." se contenta-t-il d'ajouter, concluant son opinion.


Luka

Le Changelin

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Luka ne se sentait pas particulièrement courageux. Mais en obtenant l'approbation de Laurent, il lui semblait être au moins encouragé, ce qui lui mit du baume au coeur. Il s'arrêta sur place - ils n'avaient visiblement pas cessé de marcher depuis qu'ils avaient quitté le parvis du Temple - le temps de consulter son vis-à-vis d'un air à la fois surpris et plein de gratitude inattendue, avant de reprendre la route, le pas définitivement plus ferme. Comme s'il était plus sûr de lui, d'un seul coup. Et c'est sans vraiment le regarder, mais tout en y mettant du sien qu'il lui dit simplement :

« Merci. »

Il n'y avait rien d'autre à ajouter. A quelques pas de là se trouvait une bâtisse comme toutes les autres, ni plus reluisante ni plus sale que celles des alentours, mais c'était devant elle que Luka choisit de s'arrêter. Il était arrivé chez lui.

« Bon, hé bien. Merci de m'avoir raccompagné, monsieur le garde. Les temps ne sont plus si sûrs, ce fut rassurant de vous avoir avec moi pour le trajet. »

Il fit mine de faire un garde-à-vous face à Laurent, en se tenant droit comme un piquet, puis en levant le bras. Le mauvais, bien entendu, comme en parodie, bien qu'il n'y avait rien de vraiment moqueur dans son geste : seulement de la reconnaissance pour un travail bien rendu. Et un peu de facétie.

Le comédien décocha un sourire entendu au jeune mage, avant de laisser retomber sa main et de lever la tête vers les fenêtres de l'étage. Celle de droite était ouverte, déjà éclairée, les volets sagement bloqués contre la paroi du bâtiment : Aalis devait y être, à l'attendre comme tous les soirs. Il ne monterait que le temps d'y récupérer sa mandoline, et ils redescendraient ensemble pour la taverne du quartier d'à côté.

Revenant brièvement à Laurent, Luka inclina de la tête, solennellement.


« J'espère vous revoir à l'une de mes représentations. Après tout, je vous en dois une, et je crains ne pas avoir de quoi vous remercier autrement. »

Une silhouette se détachait à la fenêtre qu'il observait tantôt, et une voix féminine appela son nom. Il se tourna momentanément vers son amie pour lui faire un geste de la main : j'arrive, j'arrive.
Un dernier sourire au garde, qui passa comme un éclair sur son visage pâle.


« A bientôt, mon petit monsieur. »

Et sur ce, preste comme un lièvre, il fila.


Laurent


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(vide)

La journée avait été mouvementée. Etrangement banale, mais mouvementée malgré tout. Une simple demande s'était transformée en véritable quête pour l'acquisition d'un lieu. Rien de bien méchant, mais cela restait original. Le rouquin n'avait pas l'habitude de mener à bien de telles missions. Surtout pour un habitant de la Place. En général, par son rang de garde, on le mettait un peu sur un piédestal, à l'écart du peuple. Pourtant, il en provenait bel et bien...

Le salut de Luka le fit sourire légèrement. Ce type était... Amusant. Un peu étrange, cependant. Il parlait trop, c'était certain, et apparemment, le rouquin n'était pas le seul à le penser dans son entourage - d'ailleurs, faisait-il maintenant partie de l'entourage du brun ? -, à raison, sans hésitation. A force de trop vouloir bien faire, le Mage craignait que le comédien ne se trompe et chute de haut. Il ne le lui souhaitait pas. Loin de là.

"- ... A très bientôt, Luka." lâcha-t-il dans le vent.

Dans un mouvement de cape, il se retourna et s'éclipsa.

Ils se reverraient.


[RP terminé, je suppose ? =3]


Luka

Le Changelin

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(vide)

[ Oui, il me semble que oui <3 Merci bien, ce fut un plaisir de terminer mon premier RP avec toi ! <3 ]