Tournoi d’Aegis – 2ème tour – Swann face à Lloyfell

EVENT RP - Seuls les deux noms cités peuvent poster

[ Hors timeline ]

Withered


Inventaire

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(vide)

Vous vous engouffrez dans une des ruelles sombres du boug. En apparence elle n’a rien de spécial, et c’est peut-être pour ça qu’elle n’a jamais été remarquée. Pourtant, vous continuez votre périple, vous enfonçant entre deux boutiques, dans une impasse. Mais seulement pour celui qui ne connait pas son secret : votre guide actionne une pierre sur le sol, et tout à coup, un pan de mur se décale légèrement. L’air qui s’y échappe est glacial, et sent le renfermé. Vous suivez à contre cœur celui qui vous conduit, et vous vous glissez dans le maigre espace. Il fait plus noir qua dans un four dans ce tunnel, et vous n’avancez qu’en vous repérant au bruit des pas de celui qui vous précède. Et puis, sans prévenir, au détour d’un nouveau virage, la lumière.

Elle n’est pas vive. Elle n’est pas chaleureuse. Elle émane de quelques flammes fragiles, et de puissantes torches. L’ambiance est chaude, presque étouffante. La foule est déjà dense, la rumeur bouillonne. Les rubis commencent dores et déjà à passer de main en main, les noms des participants de cette année sont repérables parmi les conversations. Vous vous approchez. Vous êtes déjà venu, vous avez déjà vaincu, et la foule le sait.

L’arène se dresse devant vous. Qui pourrait croire qu’un tel espace se tient sous les pavés du bourg ? Des gradins bâtis dans la pierre, et au centre, le terrain. Isolé par un faussé des spectateurs, les seuls moyens d’y  entrer sont les ponts de corde qui pointent à chaque extrémité. Les combattants, dès lors qu’ils rentrent dans le ring, sont livrés à eux même. Ils ne font plus qu’un avec le monde du duel de la nuit.
[ Inspiration pour le terrain, que tout le monde est la même chose en tête : http://2.bp.blogspot.com/-00qJdfDSuNw/T8ywVBhDc-I/AAAAAAAAAc8/mRSCwTFq30g/s1600/pro-bending_arena8iltl.png    Sauf qu’évidemment c’est moins moderne et sans eau ! L'arène reste aussi de taille raisonnable, puisqu'elle est secrète et sous le bourg... ] S’ils doivent emprunter une arme, elles se trouvent avant leur entrée sur le terrain, mais en piteux état : rouillées, délabrées, elles ne peuvent que dépanner si un combattant étourdi a oublié la sienne…

Cette année encore, les plus féroces des spectateurs grognent : pourquoi ne pas mettre à mort les plus faibles ? Mais le monde de la nuit est beaucoup trop soudé pour mettre un terme à la vie d’un de ses guerriers. Face aux gardes et au pouvoir, la solidarité est leur unique force, et le tournoi d’Aegis le meilleur exemple.

La rumeur gronde de plus belle. Les deux précédents vainqueurs vont bientôt entrer en scène. Les spectateurs retiennent leur souffle, et les derniers paris sont fait.  Il ne reste plus que le combat ! Celui qui fera KO (ou adversaire qui reste au sol), poussera l'autre à l'abandon, ou sortie d'arène sera déclaré vainqueur !

[ Rappel des règles :
Le tournoi se déroulera par duel. Chaque combattant postera sa version du combat en totalité. Il devra donc faire interagir son personnage et celui de son adversaire, qu’il devra respecter au mieux grâce aux fiches.

Il est donc interdit de tuer le personnage d’en face, pour des raisons RP comme HRP.

On évitera bien sur les tacles dans les posts, qui visent le joueur plus que le personnage.

Une règle qui appartient plus au bon sens, on évitera de faire de son personnage un superman. Mais il faudra aussi trouver l’équilibre avec trop de blessures car le tournoi se déroule sur quelques nuits seulement, sans pause de récupération.

Il n’y a pas de longueur minimum comme maximum.

Dès l’instant où le post de début du duel sera posté (par l’organisation), les deux participants disposeront d’une semaine pour y répondre (sauf exception, si l’organisation est prévenue etc). Il n’y a pas d’ordre pour poster, mais si au bout de 7 jours l’un des deux combattants n’a pas répondu, il sera disqualifié. Si aucun combattant ne poste, le duel se soldera par un match nul et la disqualification des deux joueurs.
Ici donc, vous avez jusqu’au mercredi 12 inclus pour poster !

Les résultats seront postés dans ce topic. Les juges noteront les participants selon une grille de notation (cohérence du post, respect des personnages, originalité, ressenti global etc), mais seul le résultat final sera communiqué. Si un des joueurs n’est pas d’accord avec le jugement, je l’inviterais à venir me voir, et UNIQUEMENT moi. S’il y a bien une chose que je ne laisserais pas passer, c’est harcèlement des juges suite à un désaccord. Sachez que dans tous les cas, les membres du jury n'ont pas l'obligation de discuter de leur jugement avec un participant, et que le détail des notes de chaque jury ne sera jamais communiqué.

N'oubliez pas cependant, mais TROIS autres combats se sont déroulés avant celui-ci, et ont amené des choses, comme instauré un contexte. Faites attention à bien respecter la version des précédents gagnants concernant l'ambiance par exemple !



Bon courage à vous deux ! ]


Swann

Cygne Noir

Inventaire

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(vide)

    Demi-finale : Dans la chaleur d'une flamme bleue



    Il y avait nettement plus de monde dans les gradins que lors des premiers combats. Le tournoi avait une bonne organisation mais souffrait d'une trop grande ferveur pour qu'elle puisse être efficace. Chacun marchait sur la tête des autres et tous criaient joyeusement en cette heure tardive ; on disait même qu'une foule de gens restaient coincée à la surface à cause du manque de place, menaçant de révéler l'endroit où se déroulait l'événement. Il fallait dire que l'affrontement de cette nuit mettait aux prises le Cygne Noir à un homme méconnu et pourtant très bon vainqueur au premier tour d'une certaine Hallebarde. Si le monde de la nuit affectionnait particulièrement ses plus belles représentantes, il n'en restait pas moins impressionné par un inconnu qui faisait tomber l'une d'elle. C'était même encore plus jouissif d'assister à un tel spectacle et à cette heure, il se demandait encore si le Cygne allait se faire couper les ailes à son tour. C'était bien ce qui avait failli arriver lors du premier combat.

    Mais si le dénommé Lloyfell était déjà présent, ce n'était pas le cas de l’emblématique assassin. Et alors que les paris clandestins battaient leur plein, de plus en plus d'injures et de hurlements de mécontents descendirent des tribunes à mesure que l'attente se faisait de plus en plus longue. Il s'agissait surtout de ceux qui avaient parié sur elle et qui commençait à douter de leur choix. Colère et rancœur les gagnaient... de la même façon qu'elles avaient gagné Lloyfell le jour où il avait appris le nom de son prochain adversaire.

    Le roturier serra les doigts sur le pommeau de son épée déjà dégainée. Ses traits étaient étirés, la fatigue se lisait sous ses yeux. Il avait le souffle long et profond, parfaitement concentré sur son affaire ; d'un rapide coup d'œil, il s'assura de la présence de sa seule amie en ces lieux sombres. Il n'était pas à l'aise. La finale et la récompense semblaient proches mais un obstacle en forme de lion se dressait encore sur sa route. Swann... Où donc avait-il déjà entendu ce prénom ? Cela semblait très lointain et trop d'alcool et de drogue avait été dilué dans ses veines entre temps pour qu'il puisse se remémorer avec précision ce qu'il lui évoquait. Et de toute façon, tout son être n'était tourné que sur le nom de famille : Dragmire. Pour les avoir longtemps combattu, pour avoir été brisé par la guerre qu'ils avaient provoqué, il ne pouvait contenir sa haine. Peut-être était-ce là son jour de rédemption ? Sa chance de réparer certaines erreurs passées ?

    Mais sa chance ne venait pas. Était-il possible que le renommé Cygne Noir refuse un combat ? Le doute commença à naître chez chacun alors que le début du combat devait avoir sonné depuis une vingtaine de minutes déjà. Vingt minutes que Lloyfell avait passé, trop impatient, à boire goulûment à sa gourde. Peut-être était-ce là une erreur de sa part... et peut-être était-ce qu'attendait l'assassin. Pour autant, il lui fallait encore se présenter au rendez-vous pour gagner, jusqu'à preuve du contraire. Même les juges, du haut de leur piédestal, discutaient vigoureusement entre eux, certains perdant plus vite patience que d'autres.

    Soudain, il y eut un grand coup de vent qui parcourut la salle entière et les torches qui décoraient les murs s'éteignirent les unes après les autres jusqu'à plonger l'arène dans une obscure atmosphère. Les cris cessèrent alors qu'un étrange sentiment d'inquiétude et de malaise gagna la foule autant que le fauconnier. Sa poigne se resserra encore davantage et il fléchit les genoux, bouclier en avant, les dents serrés. Il ne se fendit pas moins d'un sourire amusé et clairement provocateur, même s'il restait méfiant. Les torches se rallumèrent d'une faible lueur bleutée, rompant peu à peu avec l'obscurité sans la faire disparaître totalement. Sous le roturier, une tâche plus noire que du charbon et assez large pour qu'il ait les deux pieds dedans se mit à étrangement bouillir. Lorsqu'il s'en rendit compte, il eut un mouvement de recul et s'écarta vivement.

    C'était elle. Elle arrivait.
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    D'abord, on n’aperçut que les sombres reflets de sa chevelure sortant de l'ombre. Lentement, la forme monta jusqu'à ce qu'on puisse distinguer un front puis des paupières teintées de noires. Elle continua de grimper hors de la tâche jusqu'à ce qu'on puisse voir son visage recouvert d'un masque de mort sur la moitié inférieure ; puis ses épaules, sur lesquels reposaient une chemise si sombre qu'on put croire que les ténèbres elle-même l'avait créée. Elle était bien trop large pour un corps aussi fin, et pourtant elle restait belle ainsi vêtue, et cette impression se confirma lorsqu'elle émergea jusqu'au niveau des hanches. Finalement, ses mains allèrent se poser sur le sol et elle poussa sur ses bras nus, sortant de cette tâche sombre comme si elle sortait de l'eau. Elle se dressa, le dos bien droit, et doucement sa tête se tourna vers Lloyfell. Ses paupières se rouvrirent subitement, laissant paraître l'ambre et le gris de ses iris, qui se plantèrent tels des couteaux dans ceux du guerrier. Son entrée en scène était faite.

    Elle se sentait belle, majestueuse, sombre. Tellement sombre...

    « Bonsoir à toi aussi, garçon », souffla-t-elle.

    Autours de l'arène, la foule entra en plein délire et acclama l'arrivée dramatiquement spectaculaire du Cygne Noir. Heureuse de son petit effet pendant un bref moment, son attention se reporta sur le combattant qui lui faisait face. Ou plutôt, la « chose » qui voulait ressembler à un guerrier. La lionne ignorait tout de lui jusqu'à son nom ; elle ne s'y était même pas intéressée. Il avait bien été prononcé une bonne demi-douzaine de fois autours d'elle depuis que la Hallebarde avait été vaincu sans qu'elle ne parvienne à le retenir et vu la « chose » qui se présentait, elle avait été bien avisé de ne rien en craindre. Elle le fixait d'un air dédaigneux qu'on ne lui connaissait que trop bien lorsqu'elle entama sa marche lente autours de sa proie. Si Swann était une lionne, on pouvait comparer Lloyfell à une pauvre gazelle sans défense en cet instant précis.

    Et pourtant il sourit. Tant et si bien qu'elle se demanda s'il était complètement idiot ou seulement inconscient du danger qu'elle représentait pour lui. Cette dernière hypothèse disparut de son esprit lorsqu'elle remarqua avec quelle poigne de fer il serrait le manche de son épée. Le stress. Au fond, il ne se donnait qu'un genre ; tout comme elle. Car mine de rien, un doute subsistait du fait qu'il ait vaincu la Hallebarde.

    « Te souviens-tu de moi, garce ? » Osa-t-il demander.

    L'insulte était terriblement facile. Tellement que la dragmire ne l'entendait même plus. Pour autant, elle fit l'effort d'essayer de se remettre en mémoire l'homme qu'elle avait en face. Elle chercha vainement jusqu'à en avoir assez – à peine lui revenait-elle une vague image d'un souvenir brumeux. Finalement elle ne put que lui répondre, d'une telle manière qu'aucune incertitude ne subsiste sur la façon dont elle le voyait :

    « Je ne retiens pas les visages des chiens que je croise. »

    Le sourire du roturier s'effaça. La cloche retentit.

    Aussitôt, un écran de fumée surgit entre les deux combattants. N'étant pas l'auteur d'un tel acte, Lloyfell recula de trois pas en arrière et cala le pavois devant lui, adoptant une attitude défensive qui lui permettrait de contrer la probable attaque de la dragmire. Ses yeux filaient à sa droite et à sa gauche, se préparant à bouger selon l'endroit d'où elle chercherait à le frapper. Prévoyant... mais pas assez ! Car la lionne sortit de l'écran de fumée d'un bond droit sur le jeune homme, ce qui la plaçait légèrement en hauteur par rapport à lui et laissant le champ libre pour une attaque. L'épée-émaille fondit sur lui d'un coup d'estoc rapide alors que Swann était encore suspendue dans l'air. Le fauconnier releva son pavois juste à temps pour le placer sur la trajectoire. Il s'étonna de la puissance du choc qu'il encaissa et qui lui vrilla tout le bras gauche ; et il crut réellement être en pleine hallucination lorsqu'il remarqua la fente qu'avait percé la lame de la lionne dans son pavois.

    Celle-ci se réceptionna enfin, un sourire satisfait caché derrière son masque. Alors que derrière elle les effets de ses fumigènes se dissipaient doucement, elle repartit à l'assaut en frappant de taille depuis la droite, ensuite de quoi elle fit le mouvement inverse. Par deux fois elle se heurta au pavois. Elle continua de faire virevolter son épée devant elle avec une rapidité et une fluidité étonnante, ne laissant pas la moindre possibilité de contre-attaquer à Lloyfell. Ses gestes étaient à chaque fois parfaitement calculés car ancrés dans des enchaînements destructeurs qu'elle répétait inlassablement depuis des mois sinon des années. Et comme elle se l'imaginait, le garçon ne payait pas de mine et pourtant il connaissait son affaire. Bien qu'elle manqua de l'entailler à plusieurs reprises, sa défense était rendue efficace par la large couverture que lui offrait son bouclier et il parvenait à rester en place sans reculer devant ses incessants assauts.

    « Un vrai fauve ! »

    Swann fronça les sourcils. Ne pouvait-il pas simplement se taire et se battre ? Incapable de percer sa défense, elle se mit en tête de la contourner. Elle força encore et toujours Lloyfell à se protéger, puis elle se déporta sur la droite. Elle feinta une attaque sur le flanc gauche, obligeant son adversaire à amorcer une défense en conséquence. Mais rapidement, elle se baissa, puis glissa le long de son flanc droit ; son épée le taillada par deux fois, d'abord au niveau de l'articulation de son genoux gauche, et ensuite de peu à côté de l'aisselle, dans le dos. Le roturier grinça des dents sous cet assaut et ploya légèrement les jambes. Déjà, la dragmire balançait son épée en arrière, pour lui faire prendre un maximum d'élan en vue du prochain coup. Elle n'eut néanmoins pas le temps de le porter.

    La partie inférieure du pavois venait de la heurter en pleine tête. Elle chancela mais ne tomba pas. Par son sens de l'équilibre, elle ne fit que reculer et parvint à rester sur ses deux jambes, jusqu'à vite reposer ses son regard énervé – voir indigné – sur Lloyfell. Celui-ci n'avait pas attendu pour poursuivre sa contre-attaque, et c'est à la grâce d'un réflexe saisissant que l'assassin bloqua l'acier de son épée contre l'émaille de la sienne. Les lames crissèrent l'une contre l'autre dans une épreuve de force que la dragmire n'affectionnait pas. Moins puissante physiquement, elle bascula légèrement en arrière tandis que le guerrier se penchait en avant sur elle, la dominant par sa carrure.

    « Cocorico... très tôt, aux aurores... dans la brume... tu ne te rappelles pas  ? » Lâcha-t-il, un fin rictus sur les lèvres.
    « Le devrais-je ? » répondit la lionne d'un ton délicieusement mielleux.

    L'homme força encore sur ses muscles et Swann courba davantage le dos. Ses traits s'étirèrent, marquant la colère qui grandissait en lui. La désinvolture de la jeune femme était forcément très agaçante, tout autant que son regard de glace. Néanmoins, il regagna très vite son sourire. Il préférait en rire ; c'était dans sa nature.

    « C'est amusant de constater que tu as autant de mémoire qu'un poisson », lança-t-il fièrement.

    Le Cygne Noir profita du manque d'attention dû à sa répartie pour glisser sur sa gauche et rompre le contact avec son adversaire. Son épée virevolta en l'air pour prendre un maximum d'élan et elle frappa dans la foulée, le guerrier usant de nouveau de son pavois pour la contrer. C'est à ce moment qu'elle eut la seconde nécessaire pour finir de se situer Lloyfell dans ses souvenirs ; et effectivement, ce n'était pas la première fois qu'elle l'affrontait. Il ne ressemblait plus tellement à l'image qu'elle avait gardé de cet homme minable qui l'avait attaqué en compagnie d'Impa mais il y avait quelques traits qui ne trompaient pas. Plus lointain, elle se souvenait avoir combattu à ses côtés le jour où la Prêtresse de Din et le Trône avaient investis le Temple du Temps. Mieux encore ! C'était un ancien pensionnaire de la prison des gérudos, dont il s'était sans doute évadé durant la dernière grande bataille. Décidément, cet homme avait un don pour être au mauvais endroit, au mauvais moment.

    En fait, la foule hurlante assistait – probablement sans le savoir – à un duel symbolique entre un Bien décadent et un Mal qui grandissait. Lloyfell n'avait absolument plus rien du guerrier de lumière qu'il avait été par le passé ; rien que par son allure complètement négligée. Il lui sembla bien seul au centre de cette arène, comme abandonné par ses compagnons et perdu dans un monde qu'il ne connaissait probablement pas tant que ça. Cela ne la peinait pas du tout, bien au contraire ! Car en voyant ce que cet homme était devenu, la lionne se satisfaisait intérieurement de la puissance de destruction de son Clan. S'ils continuaient ainsi, ils briseraient ces « héros » les uns après les autres.

    Sa lame d'os frappa une énième fois le bois du bouclier avec violence lorsque par suffisance elle laissa ce héros déchu amorcer une contre-attaque. D'un pas, il brisa la distance qui les séparait et la percuta puissamment avec le pavois. Surprise, et légère comme elle était, elle recula de six pieds. Le fauconnier enchaîna en frappant avec la garde de son épée dans la tempe gauche ; elle chuta, sous les hurlements du public qui gagnèrent en intensité devant ce coup dur porté au Cygne Noir. Par chance, il avait cogné sur l'os de son arcade sourcilière et non dans le creux de la tempe, ce qui l'aurait probablement sonnée. C'était ce qu'avait cherché à faire l'homme, trop peu précis pour y parvenir.

    Swann tenta de se relever au plus vite, s'aidant de sa main libre pour soulever son buste, mais elle dû aussi bloquer en urgence la lame de Lloyfell qui fondait sur elle. Ses yeux auparavant inexpressifs trahirent l'énervement qui montait doucement en elle. Elle détestait recevoir des coups et s'indignait d'en prendre autant ; plus qu'à tout instant, elle se détestait d'être parfois aussi confiante et inconstante dans ses combats. Plusieurs fois elle recevait la leçon mais jamais elle ne la retenait. Le roturier disposait de plus de ressources qu'elle ne se l'était imaginée et il grimpa doucement dans son estime. Malgré le sourire arrogant qu'il lui envoyait et qui manquait de peu de l’excéder.

    « Ah ! Si tu continues ainsi, tu vas m'obliger à chanter que la lionne est morte ce soir ! », plaisanta-t-il.

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    Dans la foulée, il déplaça son regard vers la foule et siffla fortement. Un grand aigle surgit alors d'un des recoins les plus sombres du plafond et fondit en piqué sur la dragmire. Précipitamment, celle-ci se redressa et s'écarta de nouveau de son adversaire dans l'espoir d'éviter l'animal. Mais celui-ci, extrêmement vif, réagit et arrêta sa descente d'un battement d'aile. Il se retrouva face au visage de la jeune femme et manqua de peu de lui arracher l'œil gauche avec ses serres, qui lacérèrent l'arcade et la paupière. Le Cygne Noir n'eut pas le temps de donner un coup d'épée que déjà l'oiseau s'était envolé plus haut pour se mettre hors de portée. Sous son masque, l'assassin jura méchamment tandis qu'une partie de la foule – probablement celle ayant parié sur le Cygne – huait la stratégie du guerrier.

    « Bien joué, Leanne ! »

    Conscient qu'il prenait doucement l'ascendant, Lloyfell se rua à l'attaque. S'il avait été tout seul, il n'aurait pas été dangereux pour la Belle de Villarreal, mais l'aigle qui l'aidait changeait considérablement l'équilibre de ce combat. Il était sans cesse appelé par le roturier pour frapper dans le dos ou sur les flancs pendant que l'autre occupait la jeune femme. Si Swann n'était pas incapable de gérer ses deux adversaires en restant sur la défensive, il apparaissait néanmoins évident qu'elle peinait à amorcer de nouveaux assauts. Elle cala davantage son attention sur l'homme, déviant sans problème son épée et évitant son bouclier lorsqu'il s'en servait pour frapper, dans l'espoir qu'il commette une erreur de jugement. Cette approche l'obligeait néanmoins à moins surveiller sur l'aigle, qui bien qu'il ne la blessa pas grièvement, taillada par plusieurs fois ses bras, ses épaules et son dos, déchirant un peu plus à chaque passage le sombre tissu de sa chemise. Des blessures superficielles mais ô combien fatiguantes à mesure qu'elles s'accumulaient !

    « Oiseau de malheur ! » Lâcha-t-elle.

    Le sourire de Lloyfell avait disparu depuis quelques secondes déjà lorsqu'elle le remarqua. S'il avait été légèrement imbuvable précédemment, il avait cessé de parler pour ne rien dire. Son seul regard suffisait à se rendre compte de l'extrême concentration du héros déchu. Il était plus que décider à faire chuter la lionne de son piédestal et ce n'était qu'à ce moment qu'elle se rendait compte d'avoir complètement sous-estimé son adversaire. C'était comme si son âme n'avait pas tout à fait perdu sa gloire et sa noblesse ; comme si son passé revenait doucement à lui pour lutter contre la ténébreuse enfant de Ganondorf. Peut-être était-ce conscient. Peut-être pas. En tous les cas, il frappait plus fort à mesure des coups tandis que silencieusement la dragmire sombrait peu à peu dans sa propre suffisance. Blessée davantage dans son estime que physiquement devant son impuissance, la lionne porta une brutale estocade quand l'énervement la gagna totalement. Cette réaction d'orgueil surprit le fauconnier, qui ne pu empêcher la lame d'os de glisser profondément dans son flanc droit, rouvrant alors une vieille cicatrice. Il chancela et recula en arrière aussitôt, tandis que la lionne repoussait de son côté l'aigle à nouveau venu à la rescousse de son ami.

    L'assassin commençait à fatiguer sérieusement depuis un moment, bien qu'elle en gardait encore sous la semelle. Pourtant, si l'affrontement se poursuivait encore trop longtemps... elle doutait de ses chances de victoire. Elle étouffait presque sous son masque. Il fallait mettre un terme à ce combat, néanmoins elle ne voyait pas comment s'y prendre. Lloyfell tenait sur la longueur et sa défense était nettement trop efficace. Son épée n'avait passé son pavois qu'à trois reprises depuis le début de l'affrontement. Elle souffrait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Et l'aigle n'arrangeait absolument pas les choses. Un Bien renaissant allait-il triompher d'un Mal pourtant si puissant ? La foule n'en pouvait plus d'attendre le dénouement, et même de rares insultes fusèrent à l'encontre de Swann, qu'ils estimaient trop attentive et tendre.

    « Hé ! » Fit le guerrier de lumière ; un sourire lui barrait la face malgré la blessure. « Tu fatigues ? Veux-tu que nous ralentissions le rythme ? Leanne et moi ne voudrions pas te faire trop mal, trop vite », susurra-t-il.

    Les bras rougis de sang et huilant de sueur, le dos voûté puisque accaparé par les efforts fournis, Swann balança son regard mauvais entre Lloyfell et l'aigle. C'est alors qu'elle se posa cette question pourtant si anodine de prime abord : Et si le roturier tenait autant à sa propre vie qu'à celle de l'oiseau ? Elle gagna en sens à mesure que les secondes passèrent et lentement une idée germa dans l'esprit de la dragmire. Se trompait-elle de cible depuis le début, tout compte fait... ? Elle ne pu contenir un sourire mauvais, heureusement dissimulé par le masque ; s'il l'avait vu, son adversaire se serait douté de quelque chose. Elle resserra la prise sur l'épée-émaille et redressa sa garde. D'un signe de tête, elle invita le jeune homme à danser avec elle. Une ultime fois.

    Lloyfell se jeta dans la gueule du loup sans réfléchir et fonça sur elle bouclier et épée bien en avant, non sans siffler l'aigle pour cette nouvelle passe d'arme. Ce qui suivit, il ne put le prévoir. D'abord, d'une détente monstrueuse, Swann s'éleva comme un véritable cygne dans les airs ; son pied percuta violemment sa tête et il chancela en arrière, manquant d'en tomber à la renverse. Il vit alors Leanne fondre encore une fois sur la lionne. Puis ce fut l'angoisse totale : une épaisse fumée enveloppa à nouveau l'assassin. L'aigle n'eut pas le temps de changer de trajectoire et s'engouffra seul dans le piège de la sombre jeune femme.

    « LEANNE ! » Hurla-t-il, impuissant.

    Ses yeux effrayés parlaient plus pour lui que ne l'auraient fait des mots. Le roturier craignait le pire et chaque seconde passée à attendre que l'aigle ressorte de l'écran de fumée était un supplice. Mais il ne pouvait pas s'aventurer là-dedans lui aussi car son ennemie l'y vaincrait trop facilement. Et cela signifiait abandonner la récompense du Tournoi... Le jeune homme pesta, se sentant aussi enchaîné que lorsqu'il était dans la prison de la forteresse. Il attendit, comme le public, que la fumée ne continue de s'évaporer doucement. Son être tout entier se raidit lorsqu'il commença à entendre les cris de l'animal qui glatit de plus en plus fort.

    Petit à petit, la silhouette de la dragmire se dessina. Elle se tenait debout ; visiblement fatiguée, mais debout tout de même. Et il n'y avait toujours pas le moindre signe de l'oiseau. Les formes se précisèrent lentement sous la lueur des flammes bleues, jusqu'à ce que l'ambre et le gris ne brillent au-dessus du masque mortuaire. Puis il remarqua que quelque chose remuait sous ses sombre bottes. Les derniers résidus fumants s'effilèrent dans l'air, dévoilant alors le pauvre animal dont la botte droite de Swann écrasait une aile férocement. Lloyfell fronça les sourcils et serra les dents, chaque cris suppliant de son amie le frappant aussi fatalement qu'une lame en plein cœur. Lentement, il laissa ses bras tomber le long du corps. La situation était pire que ce qu'il avait imaginé.

    Swann ne savait pas quel sentiment se lisait le plus sur le visage de l'homme. La colère ? La peur ? Le découragement ? Elle s'en délectait dans tous les cas. La pointe de son épée glissa sur la petite boite crânienne du volatile.

    « Abandonne », souffla-t-elle, sans appel.

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    Pour accentuer son propos et accélérer la décision de Lloyfell, l'assassin écrasa avec vigueur l'aile, y essuyant son pied comme s'il s'agissait d'une tapisserie. Les plaintes de Leanne redoublèrent ; le roturier n'en put plus davantage et laissa tomber sur le sol pavois et épée, qui s'écrasèrent sur les planches de bois du sol de l'arène en soulevant un nuage de poussière. Sa voix résonna, plus sombre et ténébreuse que jamais :

    « Tu es la pire des salopes. La reine des putains. »

    Face à cela, Swann ne répondit qu'avec son légendaire dédain et souleva son pied pour laisser partir son otage à plumes avant de se retourner et se diriger vers le pont de bois. Le sentiment de soulagement quant à sa victoire prenait le pas sur tout le reste et désormais que son adversaire était considéré vaincu, elle s'en désintéressa totalement. Il ne comptait plus. Il appartenait au passé et plus jamais elle n'aurait affaire à lui. Sauf dans le cas où il voudrait s'assurer une mort rapide, bien évidemment.

    Mais encore une fois la dragmire faisait preuve de négligence, voir d'une profonde naïveté.

    Lloyfell n'était plus que Colère, un mauvais sentiment grandement accentuée par l'alcool qui coulait dans ses veines et qui finissait d'achever doucement son être. Car Lloyfell n'était plus que l'ombre de ce qu'il avait été autrefois ; dorénavant, il était un homme de la rue et agissait comme tel : pas d'honneur, pas de courtoisie. Officiellement, le combat n'était pas terminé et, trop blessé dans son propre orgueil autant que prêt à absolument toutes les bassesses pour accéder à la finale, il attrapa son pavois et le lança avec force sur la dragmire. Le bouclier plana jusqu'à percuter de plein fouet la tête de sa cible. Elle chuta au sol alors que lui empoigna son épée et courut à toute vitesse pour en finir avec ce combat qui n'avait que trop duré – et qui n'en était plus vraiment un.

    C'était un coup si misérable qu'elle ne l'avait pas vu venir. Toute notion de Bien avait disparu chez lui et il était descendu aussi bas qu'elle sinon plus ; elle n'aurait jamais été capable d'autant de lâcheté, du moins le pensait-elle. Le regard d'une Swann enragée s'éleva pour voir son ennemi courir vers elle. Vers sa défaite. Le visage du Cygne était rendu encore plus terrifiant par l’hémoglobine qui s'écoulait depuis son arcade sourcilière gauche, là où la protection de bois l'avait frappé. La lionne sembla étouffer un rugissement sous son masque tandis qu'elle attrapait le manche de son épée de ses deux mains en se relevant.

    Elle bascula les bras en arrière avant de déchaîner toute sa rage pour contrer le coup que Lloyfell lui portait. Les armes s'entrechoquèrent une dernière fois ; celle du fauconnier échappa à ses doigts tremblants sous le manque de drogue et de discernement, l'excès d'alcool et de colère. Il poussa un nouveau juron bien senti à l'encontre de l'assassin, qui l'ignora parfaitement.
    Beaucoup plus par colère que par réel sadisme, les doigts de la Fille de Ganondorf allèrent se loger à l'intérieur même de la plaie qu'elle avait rouvert sur le flanc droit de Lloyfell un peu plus tôt. Celui-ci hurla de douleur ; ce fut au début un long et puissant râle plaintif qui se transforma en un hurlement de terreur, suffisamment fort pour couvrir les cris du public et glauque pour glacer le sang de n'importe qui. Vivement, la dragmire les y enfonça encore plus profondément. Elle écarta même la plaie avec ce qui sembla être de véritables griffes de lion et le sang gicla tandis que Lloyfell commençait à perdre connaissance. Dans le public, les âmes les plus sensibles tournèrent de l'œil, certains refusant même de voir le spectacle qui s'offrait à eux.

    Le corps inerte du roturier s'affala sur le sol aux pieds d'un Cygne Noir terrifiant vainqueur.

    Le monde de la nuit n'eut aucun scrupule à acclamer la gagnante, quant bien même ce qui venait de se passer l'avait choqué. Dans le milieu, la souffrance comme les coups bas étaient des éléments du quotidien de chacun vivant ici. Lloyfell avait fais tout ce qu'il avait pu et il allait repartir d'ici avec une sale blessure au flanc et au moral ; quant à Swann, elle profitait doucement de sa belle victoire après s'être vidée de tout sentiment haineux. Elle avait l'impression d'avoir bien combattu et avait démontré tout ce qui faisait sa force. Plus personne ne pouvait douter d'elle et ce fut à cette pensée qu'elle retira son masque, laissant à tous le plaisir de contempler son visage aux reflets marins et carmins. Heureuse et soulagée, elle leur offrit son sourire le plus charmeur en guise de remerciement, dans la chaleur des flammes bleus.

    En fin de compte, c'est le cygne le plus inquiétant et le plus séduisant au monde qui les quitta pour leur revenir une prochaine nuit en vue d'une grande finale.


Lloyfell


Inventaire

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(vide)

Le malentendu entre l'oiseau et son maître.



Dans la sombre pièce qui lui servait de loge, Lloyfell se préparait à son prochain combat, qui débutait dans une poignée d'heures. Quelle surprise fut l'annonce de la répartition des combattants ! Son adversaire se trouvait être le Cygne Noir... Une femme qu'il avait déjà croisé plusieurs fois. La première à la forteresse Gerudo, et la seconde dans une ancienne chapelle en ruine lors de l'attaque de Cocorico. Lors de cet assaut, elle avait d'ailleurs fui aussi lâchement qu'il en était capable. L'ancien soldat assumait à présent pleinement sa couardise et laissait sa fierté de côté. Tant qu'il parvenait à faire ce qu'il voulait, tout lui convenait.

Tandis qu'il bandait les plaies occasionnées par le combat précédent, il se remémorait la façon de combattre de cet oiseau de malheur qu'il n'apprivoiserait jamais. Il se sentait capable de la dominer. Il était même sûr de pouvoir en finir avec elle, mais il préférerait la tuer et la donner en patûre à Leanne plutôt que de contraindre son amie à vivre avec un oiseau aussi vil et hargneux. Le Cygne Noir était redouté, puissant, mais pas invincible. Le vagabond, qui savait cependant qu'il ne pourrait pas en finir ici avec son opposante aussi violente qu'envoûtante, attacha fermement sa petite sacoche de cuir à sa ceinture. Il y avait préalablement placé quelques morceaux de verre, s'étant rendu compte qu'avoir abîmé le joli visage de la Hallebarde l'avait bien sauvé. Il s'en voudrait de recommencer, car du peu qu'il a pu apercevoir, le Cygne Noir était de loin la plus belle femme sur laquelle il avait eu le bonheur de poser ses iris. Elle contenait aussi quelques petits flacons de drogue, au cas où le combat durait plus d'une demi-heure. Il savait cependant qu'en reprenant une dose dès que les effets commençaient à redescendre, il ne serait vraiment plus capable de se battre. Il laisserait Leanne et la chance jouer pour lui. Lloyfell partait se coucher un instant, le visage de l'oiseau noir en tête, et l'envie de tuer sur son visage.

« Mmh... Les champions ne peuvent-ils pas dormir quand bon leur semblent... ? marmonna le maraudeur, après avoir entendu quelques mystérieux gémissements qui lui rappelaient quelque chose.
-...ell... oyf... ieur !
-Bon... Qu'est-ce que c'est ?
-M'sieur Lloyfell ! Réveillez-vous m'fin ! C'est l'heure d'vous battre ! Vous v'souvenez ? Vous allez cogner l'aut' fille là !
-Détends-toi Salaheem, détends-toi... Quelle heure est-il ? questionna le vagabond à son étrange guide.
-J'sais pas vraiment m'sieur, lui répondit l'esclave en lui tendant sans attendre ses vêtements et effets. Y a pas de soleil par ici, donc c'pas facile de savoir l'heure exacte. Mais j'peux v'dire qu'ça fait ben quelques minutes qu'tout le monde vous attend ! »

Lloyfell se leva de sa couche et enfila sans attendre sa chemise et son plastron, se délecta du contenu du flacon et partit en courant en direction de l'arène. « Ce petit retard me servira d'échauffement ! » disait-il un instant plus tard en riant, preuve que la boisson faisait déjà son effet, de plus en plus rapidement, et donc que son corps commençait à s'habituer à cet étranger qui venait régulièrement prendre le thé avec son hémoglobine.



********




Le vagabond arriva devant les portes qui menaient à l'arène. Deux gardiens, l'un d'une carrure bovine et brûlé sur la moitié gauche du visage, et l'autre, plus fin, mais suffisamment costaud pour porter une grande hache sur laquelle il appuyait ses mains et sa tête balafrée de toute part. Les deux semblèrent patienter, et ne manquèrent pas de sermonner le drogué d'une voix... fluette.

« Dis-donc p'tit gars, t'es en retard. T'as d'la chance que c'est la demi-finale, on t'aurait dégagé au tour précédent, lâcha nonchâlamment l'homme-taureau.
Allez, dépêche-toi, suivit l'homme à la claymore.
-Les muscles et la grosse hache, ils sont là pour dissimuler un complexe, non ? Parce que c'est beau d'être bâti comme des boeufs, hein. Mais si vous en avez autant dans le caleçon que vos voix font peur, je plains vos femmes. Sur ce, merci de garder la porte ! »

Lloyfell entendit les cris depuis les couloirs, mais l'étonnement ne fut que plus grand lorsqu'il poussa les portes de l'arène, qui au passage lui rappelait déjà quelques mauvais souvenirs du précédent duel. On n'entendit depuis les bouches des spectateurs seulement les mots "le Cygne", preuve de sa popularité. Mais lorsque le vagabond se fit remarquer, les cris changèrent. Certains commencèrent à le huer, certainement pour les avoir fait patienter un peu trop longtemps.

« Au fait m'sieur Lloyfell, ajouta Salaheem, essouflé. Vous vous êtes renseignés sur les paris ? J'ai d'mandé à un type un peu plus tôt, il m'a dit qu'il y avait pas énormément de rubis sur vous. Mais on retrouve au moins un tiers des gens sur l'Cygne. Faites attention, c'est une coriace.
-Peu importe, lui répondit le fauconnier avec amusement. Je ne suis pas là pour la gloire, mais pour survivre. »

Il passa le petit pont de bois en courant, un peu inquiet que celui-ci se rompe sous ses pas.

« Et voici que le second combattant entre en scène ! Ce duel opposera donc le célèbre et populaire Cygne Noir dont la puissance et la vitesse ne sont plus à prouver, contre Lloyfell, le fauconnier qui a eu beaucoup de chance lors du précédent combat ! Combattants, commencez ! »

Le roturier balaya l'arène de ses yeux jaunes, sans pourtant voir ne serait-ce qu'une trace de l'oiseau d'ébène. Et tandis qu'il continua à chercher aux alentours, un éclair apparut soudainement face à lui, un demi-mètre les séparant. Tout aussi surprit que les spectateurs qui commentèrent cette invocation d'un long "Oh !", la surprise s'accrut lorsque Lloyfell reçut un violent coup de pied sauté dans le dos, qui l'emmena faire la rencontre du plancher sur un mètre. Il se releva en s'appuyant de sa main gauche tout en dégainant son épée, seule arme qu'il put garder près de lui après ce coup rapide et étonnant. En relevant la tête, il put enfin voir l'adversaire de ce jour, l'enfant Dragmire. Bien qu'il la contemplait plus qu'il ne la regardait simplement : cette femme était, comme dans son souvenir, épouvantablement magnifique. Elle semblait avoir approximativement le même âge que lui, était très fine et avait la moitié supérieure du visage aussi pâle que le sien. Ses cheveux étaient également aussi noir que les siens, et ses yeux de gris et d'ambre l'invitaient à plonger dedans. Il était cependant déçu de la voir porter un masque, ne pouvant pas contempler ce fabuleux corps féminin dans son entièreté. Néanmoins, le vagabond savait qu'elle était aussi dangereuse que sublime, et que ce combat s'avérait être un des plus durs qu'il allait mener.

Il reprenait ses esprits, pensant à autre chose que cette femme intimidante et se concentrait sur les pas de danse qu'il s'apprêtait à effectuer en sa compagnie. L'oiseau ponctuait son premier coup d'un ricanement à la fois doux et sombre, puis, les bras croisés et une main à hauteur de son visage, elle laissait tomber un petit morceau de papier avec lequel elle venait sans doute d'invoquer la foudre. Le drogué en était sûr, ce combat s'annonçait très mal pour lui. Et s'il ne voyait pas la victoire à la fin de l'affrontement, il voyait au moins une occasion d'amocher suffisamment le Cygne pour restreindre ses capacités de combats sur le long terme, afin qu'elle ne puisse plus sévir sur le royaume comme elle l'avait fait il y a quelques temps.

Le maraudeur reprit une petite gorgée de sa boisson, recula puis se mit en garde, plaçant également sa main gauche dans la petite sacoche accroché à sa ceinture, au niveau de sa hanche gauche, pour y attraper au préalable quelques uns des morceaux de verre. Aujourd'hui, son visage n'affichait pas le fidèle sourire dont il faisait toujours preuve lors d'un combat, mais montrait plutôt tantôt haine, tantôt indifférence. Des traits qui ne s'affichaient que rarement, prouvant en lui un réel désir de meurtre. Swann, elle, tirait l'acier au clair, ou plutôt l'ivoire. Sa lame semblait avoir été taillée dans une dent de dragon, un matériau rare et réputé pour être d'une qualité incomparable.
À peine eut-il le temps de faire un premier pas en direction de la belle qu'un petit couteau vint se placer au sol, entre ses deux pieds. Et le temps qu'il perdit à l'observer et à relever la tête vers son adversaire, il était déjà trop tard : la brune n'était plus qu'à deux mètres de lui, pointe de l'épée en avant pour asséner une estocade. N'ayant pas le temps d'effectuer une quelconque parade, il trouvait cette fois-ci son salut dans un saut désespéré sur le côté, pendant lequel il se retourna puis trancha horizontalement. Rien ne fut calculé dans la précipitation de son acte, il manqua ainsi cette première passe.

« En plus de maîtriser ton entrée en scène, tu maîtrises également l'effet de surprise, petit oiseau. » disait-il d'un ton qu'il ne se connaissait plus. La drogue n'avait jusqu'ici eu encore aucun effet notable sur lui, et il était ainsi plus vulnérable. Il fondait sans attendre sur l'opposante en tentant de trancher son buste en diagonale, de l'épaule gauche jusqu'à la hanche droite. La Dragmire parait l'attaque sans difficulté, mais Lloyfell n'avait pas décidé de faire durer le combat ; il enchaîna aussitôt avec un coup de genou au niveau du diaphragme, destiné à bloquer la respiration du Cygne. Le fauconnier ne voulait pas perdre de temps et éliminer son adversaire au plus vite, mais il lui était nécessaire de gagner du temps de cette façon afin que le breuvage puisse faire effet sans qu'il ne se retrouve trop amoché. Mais cela ne dura que quelques secondes, car la lionne bondit aussitôt en arrière tout en lançant un fumigène. Une épaisse purée de pois envahit toute l'arène, inquiétant le roturier. Il appela Leanne d'un sifflement, lui indiquant de surveiller du mieux qu'elle put depuis les hauteurs. Il aurait du attaquer pendant qu'elle était immobilisée, pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Il maudit son cerveau qui ne fonctionnait plus correctement lorsque la drogue n'agissait pas.

« Je vois, ta tactique, c'est de ressasser les vieux souvenirs de tes adversaires ? C'est pour ça, le fumigène ? » lui dit-il, espérant une réponse de sa part. Mais la brune était loin d'être naïve, et savait bien ce qu'elle avait à faire ou à ne pas faire. Elle était très peu loquace, et répondre aurait permis à son adversaire de la repérer, et ainsi permettre à l'oiseau et au fauconnier d'attaquer simultanément.
Il profitait de cet instant de calme pour retrouver son sac de pommes de terre, dans lequel se trouvait sa masse à ailettes et son pavois, légèrement abîmé depuis le dernier combat. Il l'ouvrait et se munissait alors de sa masse en plus de son épée, pour parer plus efficacement et harceler l'ennemie plus violemment. Soudain, une légère brise caressait ses joues et commença à dissiper le brouillard, sûrement une manifestation d'une de ses maudites cartes. Alors qu'il s'apprêtait à retrouver la belle et majestueuse lionne, la sensation de l'acier glacé contre sa pomme d'Adam faisait frissonner le fauconnier et la pression qu'elle manisfestait lui coupait le souffle, tout en commençant à tracer une ligne rouge le long de son cou.

« Ma tactique, c'est d'en finir le plus vite possible. » lui glissa-t-elle dans l'oreille en chuchotant. En effet, elle aurait pu mettre un terme à l'affrontement à cet instant précis, mais le tournoi l'en empêchait, et elle ne l'oubliait pas. Alors que la lame d'ivoire était toujours contre son cou jusqu'à maintenant, Swann bondit en arrière tout en logeant sa cheville dans le visage du roturier. Ce dernier embrassa le sol une seconde fois, écorchant son front et laissant une traînée de sang sur le plancher de l'arène. Lloyfell se releva de plus belle, essuyant le peu de sang qui coulait de sa bouche. Les pulsations de son coeur résonnèrent plus fortes dans sa cage thoracique, et la cadence de son rythme cardiaque s'accélèra. La boisson commença à faire pleinement effet, et la douleur disparut aussitôt. Il ressentit également le rythme cardiaque de l'oiseau noir en lui, qui lui sembla régulier et calme.
Il était maintenant au maximum de ses capacités, et allait pouvoir se battre convenablement. Il commençait à tourner autour de sa proie, et Leanne en faisait de même. Aujourd'hui encore, pas de jeunes lièvres ou d'amphibiens, mais un fauve agile et sournois, mais pauvre en matière grasse.

« Leanne risque de faire la tête, elle n'aime pas trop les squelettes comme vous, ma belle. » dit-il en passant au vouvoiement, lâchant un léger rictus. Sous l'effet de la drogue, il retrouva un peu de l'homme qu'il avait pu être autrefois ; un homme plus aimable, ironique et plus émotif. Tout l'inverse de ce qu'il était désormais en état de sobriété.
Il fonça directement sur elle, l'agressant en alternant tranches et coups de masse. Il réussit à couper de part et d'autre l'enfant Dragmire. Deux petites coupures sur le bras droit, une au mollet droit et un petit hématome sur le flanc gauche. Lloyfell chercha ainsi à épuiser son adversaire, comme à son habitude. Avec son envie de tuer, on put presque lire un certain sadisme sur son visage, affichant toujours ce petit sourire narquois. Mais la lionne, profitant d'une faille dans les pas de danse du vagabond, prit d'une main la tête de celui-ci et la poussa vers son genou. Légèrement sonné, ce dernier reprit ses esprits et vit le fauve foncer vers lui à son tour.

« Tout ceci a trop duré. » lança-t-elle. Sa lame d'ivoire assaillit le fauconnier, qui, pris par surprise une fois de plus, peina encore à se défendre contre les vives offenses qu'elle lui offra généreusement. Ses mouvements fluides et grâcieux cherchèrent toujours à toucher le fauconnier aux bras et jambes, certainement pour le déstabiliser et en finir rapidement.

La lionne commençait à fatiguer. Sous les assauts tous plus rapides les uns que les autres, il sentait que le fauve commençait à s'épuiser. Alors que Lloyfell avait pleinement confiance en lui, il stoppa ses assauts et balaya la brune d'un coup de pied, qui tomba face contre terre, ou plutôt contre bois. Le maraudeur vit ici l'occasion d'en finir avec ce combat, qui avait comme elle l'avait dit, trop duré. Elle était épuisée et au sol. C'était ici que tout se jouait.

Le fauconnier lâcha son épée, puis invita Leanne à venir sur son épaule. « On dirait que le fauconnier a réussi à dresser un oiseau un peu mal élevé, n'est-ce pas Leanne ? » dit-il en ricanant, et en voyant la fin de ce duel. Une dernière fois, le vainqueur brandit sa masse en arrière, puis l'envoya percuter le ventre de la belle. Il en avait enfin fini avec elle, et avait eu sa vengeance.

C'était ce qu'il pensait, tout du moins. Car un instant avant qu'il ne porte la frappe, le fauve avait eu le temps de lever une patte, dans laquelle se trouvait un morceau de papier. Le fauconnier, qui pensait avoir abattu sa proie venait de prendre un revers de manche pour le moins... fulgurant. La foudre s'abattait sur lui et l'arrêta net dans son élan victorieux. Il se retrouva à genou, fumant et incapable de se mouvoir. Le rapace avait eu le temps de s'enfuir juste avant. Si Lloyfell avait eu lui aussi, cet instinct animal, il ne serait pas devenu à son tour la proie du chasseur.

« C'en est enfin fini, trésor. » lança-t-elle tout en se relevant, haletante. Elle ne lui restait plus qu'à en finir avec le gibier déjà pré-cuit pour le dîner. Elle s'en approcha doucement, et alors qu'elle se mit à genoux pour lui donner le coup de grâce, le roturier encore tremblant et fumant dirigea avec grande peine sa main vers sa gourde, qu'il porta à sa bouche. Le liquide, qui coulait autant dans sa bouche que sur son visage et son cou, le brûlait à tel point qu'il pouvait presque sentir son épiderme fondre.

« Une telle chaleur, ça donne soif, hein ? » dit-elle en échappant un sourire de satisfaction. La pointe de sa lame glissa sur la joue meurtrie du drogué, qui l'abîma de plus belle. Puis, dans un dernier élan d'espoir, le vagabond empoigna plus fermement sa masse et l'envoya abîmer à son tour le visage de la belle. L'effrayant masque de mort en os qu'elle portait éclata en plusieurs dizaines de morceaux, dont certains se logèrent dans ce beau visage maintenant dévoilé au grand public, préalablement défiguré et ensanglanté par la puissance de l'arme. La Dragmire n'eut pas le temps de crier sa douleur qu'elle perdit connaissance, le visage rouge non pas de honte pour une fin si misérable, mais bien de sang.

Finalement, le fauconnier avait réussi à dresser l'oiseau noir. Et si le public avait su rester silencieux et ébahi sur les quelques dernières minutes, il ponctua la victoire du vagabond d'une ovation qu'il eut rarement la chance d'entendre.



[Désolé, pas eu le temps de finir le code couleur !]


Withered


Inventaire

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(vide)

Après le vote du jury, le gagnant de ce tour est
SWANN DRAGMIRE
C'est donc sa version qui sera conservée pour le RP et pour la suite du tournoi, soyez tous attentifs.

Nous avons notre première finaliste, félicitations à vous deux !