Brûler de passion !

[Privé ; Negai & Laurent]

[ Hors timeline ]

Laurent


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Laurent quittait sa place, retirant enfin son chapeau et le gardant dans sa main. Depuis quelques jours, il enchaînait travail acharné et rendez-vous secrets avec Negai. Et si le violet était un « joueur », le roux ne pouvait réussir à tenir ses bonnes résolutions de ne plus le voir. Au contraire, même, il commençait à presque être hanté par lui, y pensant souvent – lorsqu’il n’avait pas la tête remplie par d’autres choses sur son métier –.

Cela ne ferait pas très bon genre qu’un soldat – qui plus est avec quelques responsabilités en plus maintenant – soit vu en train de trainer avec… Enfin bon. Le rouquin se changea rapidement, passant ses habituels vêtements blancs de sortie – il n’en avait pas d’autre pour cela de toute façon – et se rendit sur le lieu du rendez-vous.

Car ce soir encore, il se rendait à la rencontre de son « beau garçon » – on ne pouvait pas vraiment le qualifier de prince charmant –. Rien que d’y penser, ses joues se coloraient déjà et la chaleur montait, faisant battre la chamade à son pauvre petit cœur qui lui semblait se dégonfler à chaque fois. Il avait tout de même embrassé l’autre dès un « premier rendez-vous »… Ca n’était tellement pas son genre, enfin ! Il se retourna vivement, guettant une personne imaginaire qui pourrait le suivre.

Il s’arrêta une fois arrivé, gardant son habituelle expression bien froide, malgré ses rougeurs. Si les Déesses étaient de son côté, cette rencontre se passera tout aussi bien que les autres.


Negaï


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La journée avait été longue et bien remplie. Une histoire assez obscure sur la sécurité avait éloigné bien des soldats de leurs épouses, elles-mêmes bien éloignées de leur sens moral. Heureusement que le gars solide qu’il était avait été là pour calmer toutes ces ardeurs. Il n’aurait pas supporté qu’elles aillent faire n’importe quoi avec n’importe qui. C’était un héros, à son échelle, parfaitement !

Toute l’ironie résidait dans le fait que son ultime bonne action de la journée allait satisfaire un soldat qui était resté sur place. Pas n’importe lequel, d’ailleurs ! Le mage de feu qu’il menait à la baguette depuis déjà quelques semaines. Le gars bien coincé par excellence qui allait lui faire gagner bien des points sur son tableau de chasse une fois qu’il en aurait fini avec lui. Et le pire, c’est que même si sa virilité se rapprochait davantage de celle d’un chiot malade que de celle d’un soldat dans la représentation commune, il était à croquer.

Un peu rouge, peut-être ? Lui qui aimait les peaux uniformes, c’était bien la seule chose sur laquelle il aurait pu faire la fine bouche. Et ce foutu jeu de romantisme à cause duquel il n’allait jamais voir la couleur de ses rubis. Dans cette histoire, le violet n’était plus le prostitué, mais le challenger. Et ça, c’était vraiment grisant, même si sa patience était vraiment testée dans toutes ses dimensions depuis ce fameux soir dans une taverne du bourg.

La nuit tombait, transformant les couleurs chatoyantes de cette ville qu’il aimait tant en un subtile noir et blanc. C’était un bon point pour lui : ses cheveux allaient paraître plus discrets. Si le rouquin était coincé au possible, ce qui relevait la difficulté, la situation était également dangereuse. Une pute, ça faisait mauvais genre, mais un peu de tolérance ne faisait pas de mal. Une pute qui se tapait un soldat, déjà, ça commençait à faire grincer des dents. Une pute homme qui se tapait un soldat homme, et là, tout le monde grimpait aux rideaux. Et pas au sens habituel de l’expression, même si ça, Negaï le faisait bien.

C’est pour cette raison, d’ailleurs qu’il avait chapardé la cape de son amie Izie, pour cacher sa chevelure trop reconnaissable. Puis le côté sombre, ça faisait mauvais garçon, et ça l’amusait. Passer inaperçu de la sorte au milieu de la foule qu’il traversait lui était assez étrange, voire désagréable. Il espérait que ce soir, il serait récompensé de cet effort. Quand-même, à la fin ! S’agissait-il réellement d’un homme pour avoir tant de maîtrise ? A moins que le violet n’ait trop pris l’habitude des chiens pour lesquels il travaillait depuis des années.

Un petit tournant, un détour de rues, et plus personne. La lumière aussi semblait ne pas oser s’aventurer ici, de peur d’être témoin de choses trop risquées à savoir. Et là, un éclair aux reflets rouges, remuant d’un côté puis de l’autre pour guetter son arrivée. Le bellâtre s’arrêta juste à l’embouchure de la place à laquelle ils s’étaient donné rendez-vous. Et en plus il était toujours en avance…

« Je ne sais pas si un jour j’arriverai à me faire à l’idée que c’est moi que vous attendez, mon Cher. C’est si irréaliste. »

Comme il s’y attendait, il détecta un léger sursaut chez le jeune mage. Une fois que leurs regards se croisèrent, il se décida à avancer vers lui et à s’incliner, avant de laisser retomber sa capuche sur ses épaules pour être plus reconnaissable. Même si, évidemment, l’autre l’avait reconnu au son de sa voix, il en était convaincu.

« Vous m’attendez depuis longtemps ? »


Laurent


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La nuit était calme, douce, presque comme si elle embrassait chaque chose sous son ciel étoilé. La Lune donnait à tout cet éclat mystérieux et tentant. Voilà, la tentation. C’était exactement à elle qu’il cédait de plus en plus. Il ne devait pas être là. Il le savait bien. C’était mal, ce qu’il faisait. En tant que Garde, il ne pouvait pas se permettre ce genre d’écarts. Pourtant… Pourtant c’était plus facile à dire qu’à faire. C’était plus facile de se dire « Résistons à ces iris de glace posées sur soi » ou « Ignorons ce corps toujours proche du sien » ou « Passons outre ces longues mèches violettes caressant un visage aux traits délicieux » et…

Laurent secoua sa tête, grognant. C’était mauvais que de commencer – ou plutôt continuer – à penser comme ça. Il fallait se calmer, ce n’était que l’ambiance qui lui donnait cette impression. Rester calme… Glacial… La maîtrise de soi et…

« - Je ne sais pas si un jour j’arriverai à me faire à l’idée que c’est moi que vous attendez, mon Cher. C’est si irréaliste. »

Anarchie totale ! Il sursauta, se retournant en direction de la voix. Une voix qu’il finissait par ne reconnaître que trop bien. Peut-être passait-il vraiment trop de temps avec ce garçon… Si une seule personne les prenait en flagrant délit – parce que pour lui, c’était déjà un délit, aussi « chaste » soit la relation qu’ils avaient à présent –, ils étaient tous deux fichus.

« - Vous m’attendez depuis longtemps ? »

La question lui parut compliquée, sur le moment. Il n’avait pas vraiment fait attention au temps qui passait dans son intense réflexion sur le Bien, le Mal, la Vie, la Mort, et Negaï. Alors, il allait bien falloir donner une réponse correcte malgré tout.

« - Ne vous en faites pas, cela ne me dérange pas d’attendre… »

Bon, c’était un peu bancal, mais ça irait, n’est-ce pas ? Le rouquin tiqua sur la cape que portait son vis-à-vis. Ca, ça donnait un air… Encore plus louche qu’il n’en avait déjà. Pas dérangeant en soi, cependant. Ce côté « mauvais garçon » qu’il arborait était… Envoûtant et… Non, pas encore ! Le calme et la retenue ! La maîtrise, par les Déesses !

« - Eh bien, ce soir, je suis tout à vous. »

Il se rapprocha à peine, juste assez pour que la distance soit raisonnable, autant pour la proximité que pour l’éloignement. Une sorte de « zone de sûreté », en somme.

« - Je suis sûr que vous avez des tas d’idées de ce que nous pourrions faire tous les deux. »


Negaï


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Heureusement que les sourires du violet étaient peu variés : un qui laissait paraître les idée saugrenues qu'il pouvait avoir derrière la tête, et un autre beaucoup plus "professionnel" qu'il utilisait pour exprimer un peu tout. Aussi celui qu'il présenta au rouquin pouvait très bien signifier qu'il était heureux de croiser son regard alors qu'il se moquait intérieurement de son air coincé et de la distance qu'il préservait entre eux alors que ses intentions étaient assez claires.

Ce gars pouvait être le parfait petit soldat, avec jamais un mot plus haut que l'autre, un contrôle de lui, et un respect de l'autre hors du commun, il demeurait un homme. Et en tant qu'homme - doublé d'un prostitué -, Negaï savait pourquoi un homme invitait plusieurs fois de suite une personne, de nuit, alors qu'il pourrait tranquillement se glisser sous ses jolis draps.

« Ne vous en faites pas, cela ne me dérange pas d’attendre… »

Il lui fit remarquer que cette remarque laissait entendre qu'il avait effectivement attendu. Aussi s'excusa-t-il même si depuis le temps il aurait du comprendre que le violacé n'arrivait par principe jamais à l'heure. Il pouvait même se considérer comme chanceux, car pour une fois il était parti plus tôt que le moment auquel il était censé arriver. Il vanta néanmoins sa patience, d'autant qu'à cause des nuits fraiches comme celle à travers laquelle ils se regardaient, il aurait sans doute préféré rester tranquillement au chaud. Mais...

« Eh bien, ce soir, je suis tout à vous. Je suis sûr que vous avez des tas d’idées de ce que nous pourrions faire tous les deux. »


Là il garda son sourire, mais ne put s'empêcher d'avoir comme un petit fourmillement dans la poitrine qui ressemblait à de la peur. Que cherchait-il à faire, ce garde énamouré ? A lui mettre l'eau à la bouche, c'était évident, mais dans quel but ? Juste pour satisfaire ses pulsions de pauvre type socialement inadapté ? Ou pour faire son boulot et pousser la putain qu'il était dans ses retranchements ?

Il leva une main pour repousser une mèche rouge qui dansait sur le front du garçon. Ce que ça devait être énervant les cheveux dans la figure comme ça ! Outre son évidente superficialité, les cheveux longs étaient chez Negaï une manière de les piéger pour avoir le visage bien découvert. Il fallait bien montrer ses atouts, après tout.

« A dire vrai l'imagination est une qualité qui me fait défaut. Vous voir me suffisait, j'avoue ne pas avoir réfléchi à ce que vous voulez faire... »


Autant jouer les innocents. Dans le pire des cas, le rouquin s'en verrait charmé car il aurait l'impression d'avoir trouvé quelqu'un d'aussi respectable - *haha !* - que lui. Dans le meilleur, même si le chevelu n'y croyait pas vraiment, il serait frustré de voir tant de retenue et prendrait un peu les devants. Pas gagné, en somme...

« Si je vous dis que vous contenter serait ce qui me tente le plus, que me conseilleriez vous d'entreprendre ? »

Au moins il ne se mouillait pas trop pour l'instant. Après, les réponses fusaient déjà dans son imagination bien plus fertile qu'il l'avait laissé supposer. Allait-il avoir un cliché parfait, ou bien une réponse d'une logique implacable qui allait encore abîmer les dalles du Bourg suite à une chute inopinée de sa mâchoire ?


Laurent


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Il se sentait comme face à un miroir. Bon, pas avec Negaï en face de lui bien sûr ! C’était une image… D’un côté, lui, face au miroir, avait toutes les peines du monde à croire ce que le beau violet lui disait. Et de l’autre côté, le reflet fondait de bonheur d’entendre ces mots. Mais les miroirs, ça déformait souvent la réalité, non ? Fallait-il s’y fier ou non ? Voilà qu’il se perdait lui-même. Comme quoi, on pouvait être logique et stratège, et perdre ses moyens quand un homme tout droit sorti d’un rêve se présentait à vous. Il se savait peu doué pour les relations sociales – et pas celles diplomatiques, bien sûr – mais là, ça dépassait toutes ses espérances… Son regard vert pur passa sur le corps de son vis-à-vis. Et quel corps. Ah non, surtout pas recommencer ces idioties !

Son visage venait de prendre la teinte la plus rouge qu’il pouvait. Des images qui seraient sans doutes condamnées par toutes les religions existantes venaient de passer par son esprit complètement emmêlé. Et il valait mieux les chasser, avant de répondre des idioties.

« - « Me contenter »… Peut vouloir dire beaucoup de choses, Sire… ! »

En vérité, il ne savait toujours pas pourquoi il avait voulu le revoir. Et il savait encore moins ce qu’il voulait maintenant qu’ils étaient face à face… Ses yeux le fuyaient autant que possible. Il était attiré par lui, c’était indéniable. Et pourtant, il se refusait à l’avouer du premier coup. Et puis franchement « Enlevez-moi, sortez-moi des griffes de ce morne quotidien, et allons nous aimez à la lueur de la lune ! », non, vraiment, ça ne risquait pas d’être très sérieux.

« - J’aimerais…Que vous me parliez plus de vous. Que vous m’emmeniez dans des endroits que vous aimez… Vous avez sans doute bien plus de choses à raconter qu’un Garde Royal dévoué à son métier. »

Ce n’était pas mentir. Et puis, comme ça, il allait essayer d’en savoir plus.

« - Je veux vous connaître. Et cela me contenterait plus que tout. »

Allez refuser quelque chose à ce joli bout d'homme. A son grand regard vert. A ses joues roses en toutes circonstances. Hmm ?


Negaï


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(vide)

« Je veux vous connaître. Et cela me contenterait plus que tout. »

Merde… Quelques groupies de temps en temps, Negaï avait appris à gérer, mais alors les grands romantiques éperdus dans leurs délires de s’ouvrir complètement à l’autre, c’était plus rare. Bon, pour sa décharge, le pauvre rouquin ne savait pas que son baiser d’un soir n’agissait que par pur intérêt et amour pour les défis.

Il leva un bras pour jouer avec la racine de ses cheveux, à la base de la nuque, profitant au passage du peu de tiédeur qu’il avait pu emmagasiner sous sa capuche. Son autre main s’éleva au niveau de son torse, sur le côté, dans un grand geste d’hésitation allant de pair avec son petit air faussement gêné.

« Hélas, si vous êtes le premier à me demander ce genre de chose, ce doit être que ce que j’ai  à dévoiler n’est pas si intéressant que cela. »

Il marqua une petite pause, qui s’étendit sur de longues secondes, longues secondes pendant lesquelles il  ne quitta pas son vis-à-vis des yeux. Il était clairement dans le jeu de la séduction, mais il se demandait si un être aussi naïf que le jeune mage ne pourrait pas devant un joli récit non pas bâti uniquement sur le mensonge, mais inspiré de ce qu’il était vraiment et n’appréciait pas plus que cela.

« J’aime le théâtre, c’est vrai, mais je le pratique avec des personnes bien plus passionnées que moi, et également beaucoup plus à l’aise. C’est triste à dire, mais je n’aime pas me sentir comme le dernier d’une compétition, même lorsque ça n’en est pas une. »

Le violet s’arrêta à nouveau pour avaler sa salive et esquisser un nouveau petit sourire gêné. « Je n’ai pas la chance d’être aussi passionné que vous, pour quoi que ce soit. Et pour ça, j’imagine que je vous envie autant que je vous admire. » La réplique avait eu du mal à passer le filtre de sa fierté sans égale, mais il espérait que le jeu en valait la peine. Allez, s’il jouait encore un peu les martyrs, peut-être que l’autre allait enfin craquer.

« Pour ce que je suis, je dirais que je suis impulsif, et je vais là où mes passions me mènent, aussi bien dans l’amour que dans la haine. Pour cela, on ne reste pas longtemps ami avec moi. »

C’était déconcertant de devoir dresser son portrait sur autre chose que son physique, seule chose qu’il avait à vendre en temps normal. Quelque part, il était plutôt fier de sa performance, mais si le rouquin le repoussait, la chute n’en serait que plus douloureuse pour son amour propre, car cette fois-ci on aurait refusé son être entier, et pas simplement sa belle gueule, même si à ses yeux la belle gueule en question constituait une majorité non négligeable de sa personne.

Anticipant une question sur ce que ses passions lui dictaient sur l’instant présent – et s’il ne la posait pas, il allait tout de même y répondre ! –, il ajouta :
« Et là, tout de suite, je n’ai pas d’autre préoccupation que ce visage en face du mien, qui me regarde, et que j’aimerais prendre entre mes mains pour revivre ce que vous avez su m’offrir l’autre nuit après ce dîner aussi agréable que ridicule. » Car il fallait bien l'avouer, oui, ce dîner était une idée grotesque qui en plus aurait pu leur attirer des ennuis. Mais il avait suffisamment insisté sur le côte "agréable" de la chose pour ne pas offusquer le jeune homme. Du moins l'espérait-il.

Il avança d’un pas, levant sa main vers le visage du rouquin qu’il venait de mentionner, et arrêta ses doigts à quelques millimètres de sa joue, assez pour sentir la chaleur qui s’en dégageait. « Or je ne sais pas si vous me donnez la permission pour cet acte qui m’obsède un peu plus à chaque mot que je vous dis. » murmura-t-il, les yeux déjà à moitié clos, lui donnant un regard un peu plus perçant que d'ordinaire.

Alors là, il lui avait sorti le grand jeu !


Laurent


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Il allait jouer. Il en était sûr qu’il jouerait. Un bref soupire passa ses lèvres. Il n’était pas du genre à vouloir un acteur à ses côtés, même pour un soir. Il aurait voulu un peu d’honnêteté. Bien sûr, il se doutait bien que cela n’allait pas être si simple. Et puis, pourquoi un homme comme lui se livrerait-il si facilement à un inconnu, pauvre petit rouquin, bon petit soldat, prude et timide, tel que lui ? Il ne doutait plus un seul instant que le violet allait continuer sa petite comédie plutôt que de vraiment parler de lui. Du vrai lui.

« - Hélas, si vous êtes le premier à me demander ce genre de chose, ce doit être que ce que j’ai à dévoiler n’est pas si intéressant que cela. J’aime le théâtre, c’est vrai, mais je le pratique avec des personnes bien plus passionnées que moi, et également beaucoup plus à l’aise. C’est triste à dire, mais je n’aime pas me sentir comme le dernier d’une compétition, même lorsque ça n’en est pas une. Pour ce que je suis, je dirais que je suis impulsif, et je vais là où mes passions me mènent, aussi bien dans l’amour que dans la haine. Pour cela, on ne reste pas longtemps ami avec moi. »

Etrangement, toute trace de déception disparut du visage du roux. Certes, il se doutait bien que son rendez-vous exagérait le trait, mais ça sentait la sincérité. Un doux parfum de franchise, à peine possible à déceler. C’était bref, mais bien présent. Il ne mentait qu’à moitié. Mais il mentait quand même, en un sens. Pourtant, il n’avait pas l’envie de le rejeter… Au contraire, même. Lentement, il croisa les bras, et commença.

« - Je…
- Et là, tout de suite, je n’ai pas d’autre préoccupation que ce visage en face du mien, qui me regarde, et que j’aimerais prendre entre mes mains pour revivre ce que vous avez su m’offrir l’autre nuit après ce dîner aussi agréable que ridicule. Or je ne sais pas si vous me donnez la permission pour cet acte qui m’obsède un peu plus à chaque mot que je vous dis. »

Ses yeux s’écarquillèrent derrière leurs verres, ses joues se colorant. Encore. Toujours. Là, ça ne devait pas du tout être honnête ! Ou alors peut-être que si… Ou à moitié ? Comme juste avant ? … Voilà qu’il était perdu, quel honte pour un homme de logique comme lui. Tout son côté « calme, posé, et réfléchi » avait décidé de se faire la malle pour laisser place à « Oh mes Déesses, qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ?! ». L’espace d’un instant, le visage de sa sœur aînée et celui de son Général passèrent devant ses yeux. S’ils n’avaient vent ne serait-ce que d’un quart de ce qu’il se passait maintenant, Laurent comptait bel et bien s’exiler à tout jamais pour ne pas apporter le déshonneur sur les Walder, l’armée, Hyrule tout entier... Oui, il avait le sens du dramatique.

« - Eh bien, je… »

« Reprends contenance, soldat… Reprends contenance ! » se répétait-il mentalement, se redressant pour ne pas avoir l’air de craquer. C’était tellement difficile de paraître sobre quand une telle déclaration vous est faite. Mais en un sens, c’était mieux de ne pas s’exciter trop rapidement. Et ça, il comptait bien le faire savoir.

« - Je vous laisserais volontiers réaliser cet acte qui semble vous tenir tant à cœur… Si seulement vous sortiez de votre rôle habituel. »

Cette fois, ce fut lui qui prit les devants, continuant en décroisant ses bras.

« - J’ai payé pour passer ma soirée avec vous. Enfin, non, je n’ai rien payé du tout... Mais j’ai gardé ce rendez-vous secret, de tout le monde. J’ai voulu vous revoir, même si en général, je ne suis pas des plus « sociables »… Je voulais revoir « Negaï ». Pas la sorte de poupée que vous présentez aux autres pour les charmer. J’ai envie… De vous connaître vous. Et pas de connaître celui que vous prétendez être. Si les autres y croient, moi pas. Ne faites pas comme vous venez de le faire. N’embellissez pas ce que vous êtes vraiment, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est vous. »

Et par un miracle de courage qui le prit subitement, le mage amena sa main vers celle du violet, la serrant avec une douceur et une chaleur toute particulière. De celle qu’il n’avait qu’avec ses proches, au fond.

« - Et dans ce cas-là, Negaï, je vous laisserai faire tout ce que vous voudrez. »

Il avait tellement envie de se cacher. C’était niais et même… Dégueulasse. Mais il le pensait. Au moins, lui serait honnête. Et si ça ne donnait rien… Alors il ferait avec, douloureusement, mais il le ferait. Même s’il espérait secrètement tout le contraire, et que son regard d’un vert si pur accroché aux iris de glace de son vis-à-vis le trahissait avec une flagrante et belle retenue. Tout l’art d’être Laurent en une leçon.


[... La Belle et la Bêêête ! *sort*]


Negaï


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Tellement habitué à toute cette petite chanson, le violet était plutôt confiant. L’éclair qu’il avait vu briller dans l’œil du rouquin après sa déclaration passionnée, il le connaissait bien. Un mélange de peur et d’une brume toute particulière qu’est celle laissée par l’instinct supérieur de leur espèce qui se carapatait. Voilà ce dont Negaï pouvait se vanter : il changeait les Hommes en animaux comme personne, même si une grande majorité d’entre eux n’avait pas forcément besoin de son coup de pouce.

Cependant, la réponse qu’il obtint fut tout sauf celle qu’il attendait. Il y eut tout d’abord le signal retentissant d’une victoire imminente à travers un premier
« Je vous laisserais volontiers réaliser cet acte qui semble vous tenir tant à cœur… » qui le fit frissonner d’une excitation presque enfantine tant il était fier de lui. Mais il avait sous-estimé le garde qui lui renvoyait son excès de confiance en pleine figure avec le « Si seulement vous sortiez de votre rôle habituel. » qui ne se fit pas attendre.

Trop surpris pour garder contenance, l’Incube alla finalement dans le sens de son vis-à-vis en sortant de son joli petit rôle pour reculer et le regarder d’un air méfiant, alors qu’il continuait d’un ton étrangement mesuré au vu des bégaiements et des rougissements qu’il lui servait depuis le début. Et pour le coup, si l’autre rougissait à la moindre émotion, Negaï se dépigmentait à chaque mot que l’autre ajoutait. *Merde…*

Ainsi, ça arrivait. On voulait du Negaï. Pas le prénom chuchoté ou hurlé qu’il entendait continuellement lors de ses activités. Pas le beau parleur au physique avantageux qui vous dit tout ce que vous voulez entendre du moment que vos vêtements ne s’éternisent pas sur votre corps. Encore moins celui qu’il avait prévu de lui livrer sur un plateau quelques secondes auparavant. Même pas l’amour pansement, pour une fois. Non, ce que Walder voulait, c’était cette chose osseuse qui le dévisageait de longues minutes de son air accusateur et dévasté à chaque fois qu’il avait l’occasion de croiser un miroir. Ce qu’il lui demandait, c’était la crapule dont personne n’avait jamais voulu. N’avait jamais voulu pour de vrai.


Il rétablit sa posture, un peu trop défensive et en arrière, pour se tenir aussi droit que ses muscles le lui permettaient. Une chose était sûre, c’est que le rôle dont parlait le mage, il l’avait abandonné, pour en prendre un autre, beaucoup moins avenant, et sans la moindre trace de sourire sur son visage. Si on pouvait encore parler de visage tant celui-ci semblait gravé dans la pierre.

« La vérité c’est que je ne sais pas quel détail vous donner en premier avant de voir votre dos s’éloigner  au-dessus de vos jambes qui courront aussi vite qu’elles pourront. Puisque vous avez du temps à passer avec moi, autant me poser vos questions, non ? »

Ce fut son tour de croiser les bras sur sa poitrine, le regard tellement froid que même l’air semblait s’être refroidi. A moins qu’il ne s’agisse que de la contrariété. Mais à ce stade, le violet préférait rentrer bredouille et piquer l’énergie de 10 pauvres âmes en perdition plutôt que de continuer à faire le beau devant cette espèce de maitre-incube aussi fleur bleu qu’un champ de myosotis.

« Je précise néanmoins que si vous fuyez, vous n’aurez plus l’occasion de me revoir. Et j’ai comme l’impression que vous en seriez bien plus atteint que moi. »

Le premier aveu était fait : ce qu’il voulait n’avait rien d’éternel. Et la frustration qui se frayait quand-même son petit chemin à travers les froids viscères du prostitué risquait d’acérer encore plus sa langue.

[J'allais m'excuser pour le temps de réponse, mais quand je vois ton image bonus 2, je me dis qu'en fait c'est pas la peine, tu t'es vengée XD]


Laurent


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(vide)

Son rougissement revenait avec insistance sur son visage, à la seconde occurrence du garçon. Oui, il en aurait été affecté. Mais il ne pouvait pas l’avouer comme cela, si ? Non. Surtout pas après le discours qu’il venait de faire, et la réaction de son vis-à-vis face à son long monologue. Bien sûr, il n’en attendait pas moins. Mais sortir si brutalement de son rôle… Le violacé avait vraiment dû être touché par ses mots pourtant si simples. D’ailleurs, il s’étonnait assez de voir cela. Ne lui avait-on jamais demandé ça ? Les gens étaient-ils tous assez aveugles pour ne pas voir cette brillante – quoiqu’un peu agaçante et presque dérangeante – comédie ? Il ne se pensait pas assez clairvoyant pour l’avoir remarqué, pourtant. Mais il semblait que si. Et puisqu’il devait poser lui-même les questions, autant commencer maintenant. Son regard de jade accrocha avec détermination les deux iris de glace de son interlocuteur. Et s’il tentait de donner de l’assurance à sa posture, les couleurs de son visage le trahissaient : cet homme dans son ensemble le rendait terriblement confus. D’une bonne façon, certes. Mais sans doute celui-ci pourrait y trouver quelque chose de « drôle ». Et donc, ne pas le prendre au sérieux. Pourtant, il l’était tant.

« - Alors je vais commencer par une question très simple… Qui résumera toutes les autres… Qui êtes-vous, Negaï ? »

Hésitant, il osa finalement un pas vers lui.

« - Ce que vous aimez, ce que vous détestez… Ce qui vous a mené là où vous en êtes aujourd’hui, je… ! Non, vous n’êtes pas obligé de tout me dire d’un coup mais… »

Le rouquin hocha vigoureusement la tête de gauche à droite, à en faire glisser ses verres, dévoilant un peu plus ses beaux yeux verts.

« - Je ne fuirai pas. Peu importe ce que vous me direz, peu importe comment vous agirez, ce que vous me ferez, de bien, de mal, votre passé, votre présent, rien… Rien de tout cela ne me fera fuir. Car si je voulais fuir, je ne vois pas l’intérêt de vous demander tout cela. Je ne suis ni effrayé, ni inquiété par votre petite mise en garde. Je ne peux pas… »

Il s’arrêta, soupira. C’était ridicule. Il avait l’air d’une donzelle, d’une midinette au coup de foudre tellement perceptible que même un sourd l’aurait entendu, un aveugle l’aurait vu, et un muet en aurait ri aux éclats. Cependant, au moins avait-il le mérite de laisser parler son cœur, lui qui intellectualisait tout d’ordinaire. Et justement, il avait si peu l’habitude qu’il avait l’impression que Negaï allait le fixer, se moquer, et tourner les talons aussi vite qu’il n’était venu. Baissant la tête, bien bas, pour cacher ses rougissements et son regard fuyant – d’ordinaire, son chapeau à large bord l’y aurait bien aidé, mais il fallait faire sans –, il inspira.

« - … Je ne peux pas et ne veux pas me résoudre à passer une si belle soirée en compagnie d’une poupée au caractère savamment étudié pour plaire. Ne vous l’ai-je pas dit ? Votre numéro marche avec tous ces gens stupides et égocentriques, en manque d’affection ou que sais-je encore, qui font appel à vous, mais moi…Moi je n’ai pas fait appel à vous ! Pas de la même façon… Je… Vous m’intéressez vraiment, vous, et pas ce que vous montrez, je… Enfin… »

Il allait partir. Le violet allait le regarder, s’esclaffer comme jamais, partir, le laisser seul, là, comme un idiot, au beau milieu de la Place. Il le sentait. C’était trop bête, trop bête pour être vrai, trop bête pour que ça marche. Trop sincère pour qu’il y croit. Le rouquin leva sa main pour venir frotter un instant son visage, en proie à une panique et un embarras qui faisait peine à voir et, en même temps, était plutôt touchant.

« - J’ai perdu mes mots, je ne sais plus ce que je voulais dire… Mais… »

Son bras retomba mollement à son côté, alors qu’il soupirait, sans oser relever la tête.

« - Mais si jamais personne n’a été honnête de la sorte avec vous, alors laissez-moi l’honneur d’être le premier à le faire. »

C’était fini.


[Huhu 8D Quand je l'ai vue, tu vois, j'ai SU qu'il fallait que je la mette quelque part \o/]


Negaï


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(vide)

Le même air impassible était resté collé du début à la fin sur le visage du violet tandis que le rouge lui racontait toutes sortes de choses plus niaises les unes que les autres. Putain, quel romantique, ça lui filait la gerbe. Mais pour une fois que l’autre avait fait quelques efforts vestimentaires – comment pouvait-on être ‘riche’ et se négliger à ce point ? – il eût été dommage de rendre son maigre déjeuner sur ses chaussures. Quoiqu’accro comme il l’était, cela ne l’aurait peut-être pas dérangé…

« Ce que vous aimez, ce que vous détestez… Ce qui vous a mené là où vous en êtes aujourd’hui, je… ! Non, vous n’êtes pas obligé de tout me dire d’un coup mais… Je ne peux pas et ne veux pas me résoudre à passer une si belle soirée en compagnie d’une poupée au caractère savamment étudié pour plaire. Ne vous l’ai-je pas dit ? Votre numéro marche avec tous ces gens stupides et égocentriques, en manque d’affection ou que sais-je encore, qui font appel à vous, mais moi…Moi je n’ai pas fait appel à vous ! Pas de la même façon… Je… Vous m’intéressez vraiment, vous, et pas ce que vous montrez, je… Enfin…»

Oh et puis merde, voilà qu’il se mettait à bégayer ! Sans doute la démarche de félin du prostitué devait-elle le perturber encore plus que le simple fait de parler pendant plus d’une minute sans faire un arrêt cardiaque. Même si à en juger par la couleur, il ne devait pas en être loin. Il ressemblait à ces petites souris qui mouraient de peur plutôt que des sévices des rapaces qui les pourchassaient. Rapace que Negaï se faisait un plaisir d’imiter en marchant en cercles concentriques autour de son rendez-vous de plusieurs soirs.

« Et peut-on savoir ce que vous entendez par ‘là où j’en suis aujourd’hui’ ? Vous l’aurez sans doute remarqué, j’aime être évasif, et vous ne connaissez pratiquement rien de moi, ce que vous me reprochez, d’ailleurs. Mais ma situation aussi, vous l’ignorez. Je pourrais être Noble pour Assassin, voire les deux, que vous n’en sauriez rien. Et compte tenu de votre profession et du sang bâtard qui coule dans mes veines, éliminant la première possibilité, je préfère que les choses continuent ainsi. »

Il continuait sa petite ronde, faisant demi-tour à plusieurs reprises car l’espace entre le rouquin et un mur à côté d’eux était trop restreint pour qu’il ne s’y faufile. Ou alors le geste perdrait de son mystère et de son charme. Or, ça n’était pas du tout le plan.

« Quant à cette poupée que vous évoquez, sachez que j’aime qu’on me la demande. Vous me demandez qui je suis, ce que j’aime ? Je suis un homme, et j’aime le pêché, mon préféré étant la luxure. Le pantin que vous voyez en moi est le meilleur moyen que j’ai trouvé pour arriver à mes fins avec le plus de personnes qu’il m’est possible de conquérir. »

La ronde prit fin alors que le long bras de l’Incube passait par-dessus l’épaule du mage pour permettre à sa main de venir prendre appui sur le mur précédemment évoqué. Leurs corps étaient alors bien proches quand l’haleine – fraiche, on précise ! –  du fauve à la crinière violette vint à nouveau lécher le visage rougi de Laurent.

« Alors votre affection et votre candeur à deux rubis, ça m’fait rire. Ca pourrait m’faire pleurer tellement c’est beau, mais pour ça, il faudrait que j’en aie quelque chose à foutre de vous. Si je me suis donné tout ce mal pour essayer de passer du temps avec vous, c’est uniquement pour vous mettre dans mon lit pour vous foutre à la porte sans remerciement au lever du soleil. C’est ce que je suis, c’est ce que j’aime, et si c’est mon bonheur que vous voulez, alors c’est mon corps que vous aurez. Autrement, vous pouvez déguerpir et ne plus jamais m’approcher, Messire Walder. »

Ah, bon sang ce que ça faisait du bien d’être honnête ! L’avait peut-être pas tort, le rouquin finalement ! Allez, juste pour ça il aurait peut-être le droit de bénéficier d’une autre vue que son dos si par miracle ils passaient la nuit ensemble. Il rejeta ses longues mèches derrière son épaule d’un mouvement de tête, un petit sourire en coin bien fier de lui. Pourtant, il n’avait pas vraiment de quoi au regard de la morale. *A toi de jouer, Chéri. Évite de te mettre à pleurer, ça m’énerverait encore plus.* pensa-t-il, la respiration haletante sous l’excitation de la chasse. Car oui, c’était une chasse, et rien d’autre.


Laurent


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La petite ronde du violet le mettait tout autant mal à l’aise que leur proximité ne le rendait fou. Que feriez-vous, vous, si l’objet de votre désir était aussi proche ? Si proche que vous pourriez le toucher sans peine ? Sans doute fondriez-vous sur place, ou sur lui. Eh bien, on pouvait considérer que, par sa chaleur, et son envie de fondre, Laurent était une chandelle. Une très belle chandelle, soit dit en passant. Une chandelle dont la flamme brûlait et dansait dans son regard de jade pourtant planté au sol. Il ne releva la tête que lorsque le bras de son vis-à-vis vint s’appuyer contre le mur, rapprochant leurs corps. Tant et si bien que le rouquin entrouvrit les lèvres, tout d’abord pour lui demander de s’éloigner. Mais les mots ne vinrent pas. Il était comme envoûté par cette silhouette tout à fait charmante presque collée à la sienne. Les Déesses avaient placé cet homme sur son chemin comme tentation, il ne voyait pas d’autre solution.

« - Alors votre affection et votre candeur à deux rubis, ça m’fait rire. Ca pourrait m’faire pleurer tellement c’est beau, mais pour ça, il faudrait que j’en aie quelque chose à foutre de vous. Si je me suis donné tout ce mal pour essayer de passer du temps avec vous, c’est uniquement pour vous mettre dans mon lit pour vous foutre à la porte sans remerciement au lever du soleil. C’est ce que je suis, c’est ce que j’aime, et si c’est mon bonheur que vous voulez, alors c’est mon corps que vous aurez. Autrement, vous pouvez déguerpir et ne plus jamais m’approcher, Messire Walder. »

Plus honnête, on ne pouvait pas. En un sens, il avait répondu à sa question : Qui était-il, eh bien voilà. Il le savait, maintenant. Et, en soi… Ca aurait pu être bien pire. Il s’imaginait déjà rentrer seul, avec l’impression que sa honte émanait de lui comme une aura, mais non. Il y avait une autre solution. Une solution qui s’immisçait doucement en son esprit… Tous les hommes ont leur côté « sombre », non ? Celui de Laurent pointait son nez, comme ça. Mais c’était mal. Lui qui prônait une morale parfaite, une vertu sans bavure. Et pourtant. Pourtant, lorsque la tentation est trop forte, il est bien difficile pour le cœur – et le corps – de supporter le poids de cette dite vertu. N’avait-il pas envie de céder, le beau Garde, face au chef-d’œuvre de la nature devant lui ? Complètement. Et ce n’était que par retenue et timidité qu’il arrivait à se retenir jusqu’à maintenant, mais cette fois, c’en était trop. Il ne pouvait pas le laisser partir, manquer cette chance, alors qu’il avait tout fait pour l’avoir. Même une nuit. Peut-être plusieurs. Même juste pour « le péché » et « la luxure ». C’était mal. Tellement mal. Mais il ne devait pas être le seul à avoir craqué, non ? Après tout, qui se soucierait réellement d’un petit péquenaud binoclard devenu soldat, quand la vie des nobles, de tous ces aristocrates, pouvait être un véritable sujet de ragots et de quelques enquêtes ? Bien sûr, il y aurait toujours les rumeurs de village, mais quelle importance ? Qui irait chercher le rouquin à lunettes cédant aux propositions indécentes d’un jeune homme aux idées mal placées et au charme certain ? Per-sonne. Personne ne s’y intéresserait. Sauf peut-être sa famille, mais… Rah non, ça n’était pas le moment de penser à eux, enfin ! Vite… Dire quelque chose, vite… !

« - I…Il… »

Brisant le silence faiblement, Laurent tenta de regarder Negaï droit dans les yeux, sans y parvenir. C’était trop troublant. Lentement, baissant finalement la tête, ses bras vinrent se serrer autour de sa propre taille, comme une sorte de bouclier. Comme pour se dire que, peu importe ce qu’il dirait, il serait protégé de tout.

« - Il faudra que cela reste entre nous, dans ce cas… ! »

Comme pour se dire que, même s’il tombait dans les bras de cet homme, tout lui serait pardonné.


Negaï


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Ce n’était pas tant le fait d’avoir une forte probabilité de devoir payer l’auberge de sa poche et de ne toucher aucun rubis pour la nuit qui chagrinait Negaï dans l’hypothèse où celui-ci remporterait une quelconque victoire sur la vertu du rouquin. Ça non, c’était même assez fréquent qu’il ne fasse pas payer – ou très peu – la première fois, quand il sentait une certaine inclination en face de lui. C’était un peu sa stratégie marketing : on attirait le client avec tout un lot d’avantages, et plus celui-ci revenait, plus il devait débourser. Aussi étonnant que cela puisse paraître, certains – pas tous, au grand désespoir du violet ! – se laissaient avoir, et économisaient une bonne partie de la semaine pour pouvoir s’offrir un petit tête-à-tête. Même si anatomiquement parlant… Bref ! Trêve d’égarement.

Non, ce qui emmerdait profondément l’incube, c’est qu’avec toutes ces conneries, il avait perdu toute notion de subtilité. Et avec un coincé pareil, il doutait de l’efficacité de paroles aussi crues pour arriver à ses fins. Ce n’était pas que l’autre restait de marbre devant son petit numéro, loin de là. La proximité qu’il avait installée entre eux trahissait les émotions qui devaient se bousculer à l’intérieur du rouquin. Celui-ci chauffait de plus en plus, tant et si bien que Negaï se demanda s’il était possible de créer des hybrides entre les cheminées et les Hyliens, sans parler de la teinte de plus en plus rouge que prenaient ses joues. Allait-il un jour arriver à son seuil de saturation, ou pouvait-il aller à l’infini en passant par toutes les nuances de rouge discernables par l’œil ?

Il ne manqua pas de relever l’intégralité de ces signes de gêne et d’attirance par un sourire en coin qui en disait long, surtout quand ses yeux retenaient ceux du mage en otage, dans l’attente d’une réaction plus verbale.
« Eh bien, Walder, avez-vous perdu l’usage de votre langue ? Ou toutes vos ressources sont-elles concentrées sur une autre partie de votre anatomie ? » Plus classe, on ne pouvait pas. Et pourtant l’autre ne lui avait encore ni giflé le visage, ni rien brûlé. Aussi poussa-t-il la provocation toujours un peu plus loin en prenant un plus fort appui sur son bras pour avancer son bassin vers lui sans bouger les épaules.

«  Il faudra que cela reste entre nous, dans ce cas… ! »

Cette réplique résonna un instant dans le crâne du prostitué, un peu comme s’il la retournait dans tous les sens dans son esprit pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une quelconque contrefaçon. Le rouquin venait-il de lui avouer qu’il acceptait le traitement qu’il lui réservait, tout en sachant ce que cela impliquait ? Woah, il devait sacrément avoir craqué, alors. Son sourire ne s’en élargit que davantage.

« Croyez-moi, si j’ai bien une qualité, c’est que je sais garder un secret. Tout comme une connaissance qui tient une auberge plutôt accueillante compte-tenu de sa discrétion et de ses prix abordables pour la nuit. Vous n’avez qu’un mot à dire, et je nous y amène. »

A ces mots, toujours bien en appui sur ses épaules, il laissa s’abaisser sa tête, en s’attendant au petit mouvement d’une de ses mèches qui tombé et alla lécher le menton du roux – la mèche, hein, pas lui ! – réduisant la distance entre leurs deux visages à une petite poignée de centimètres les lèvres légèrement entre-ouvertes et les yeux mi-clos. « Vous voulez une poignée de main pour sceller notre accord, ou bien préférez-vous ma méthode ? » lui souffla-t-il à voix très basse, mais ronronnante. Il s’arrêta néanmoins là, laissant à l’autre la liberté de venir chercher ce qu’il voulait s’il le voulait.


Laurent


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[Ce post pourrait possiblement choquer les plus jeunes et les plus coincés d’entre vous, veuillez donc signer cette décharge… u_u *présente le papelard ; PAN*]

« Croyez-moi, si j’ai bien une qualité, c’est que je sais garder un secret. Tout comme une connaissance qui tient une auberge plutôt accueillante compte-tenu de sa discrétion et de ses prix abordables pour la nuit. Vous n’avez qu’un mot à dire, et je nous y amène. »

Ce corps tout contre le sien. Son visage proche, à quelques centimètres, millimètres… Il pouvait le toucher. Il voulait le toucher. Mais il fallait se retenir. C’était… Mal. Il fallait y mettre les formes. De la retenue. De l’envie. Il avait beaucoup d’envie. C’était si dur… De s’empêcher de lui sauter dans les bras. De le laisser faire de lui ce qu’il voulait. Puisque de toute façon, il avait déjà tout accepté, et Negaï savait tout autant que lui qu’ils étaient d’accord sur ce point. L’issue de la soirée était déjà écrite, et pourtant, le temps se suspendait, comme s’ils attendaient une toute autre chose. Mais il n’y aurait rien, à part l’assurance, encore, que cette nuit serait… Longue.

« - Vous voulez une poignée de main pour sceller notre accord, ou bien préférez-vous ma méthode ? »

Cette simple phrase soufflée si bas suffit à faire redoubler d’intensité la flamme brûlant en lui. Il ne tenait plus. Il n’arrivait plus à tenir. Avait-il jamais résisté, de toute façon, à cet homme-là ? Bien sûr que non. Depuis le départ, le violet jouait avec lui comme avec une poupée, lui faisant faire tout ce qu’il voulait. Mais n’était-ce pas là ce que le roux désirait aussi ? Se donner l’illusion d’une véritable histoire. C’était là tout ce qu’il voulait, et s’il fallait commencer par-là, alors très bien. Il était un homme. Un homme avec une délicieuse créature face à lui qui lui faisait tourner la tête. Maintenant qu’il pouvait… Maintenant qu’il pouvait l’avoir rien que pour lui, même juste pour « ça »… !

Animé d’une passion nouvelle, il s’avança brusquement, venant poser ses lèvres sur celles de sa tentation. Adieu gêne, retenue, bienséance ! Et bienvenue à une fougue inconnue jusqu’alors, symbole de son lâcher-prise. Tout son être demandait à ce que celui qu’il serrait à présent dans ses bras soit sien, même si l’aube signerait la fin de cet instant précieux à ses yeux. Si le lever du soleil annoncerait le départ de l’objet de son désir, alors au moins la Lune serait-elle témoin de leur union… D’un soir. Ou de plusieurs soirs. Par les Déesses, il voulait que ça dure… !

« - Guide-moi… »

Jusqu’à ladite auberge, comme dans toutes ces sensations qu’il ne connaissait pas. Il espérait que le violet serait clément et lui apprendrait, sans le juger. Il n’avait jamais rien fait de tout ça… Et il craignait sa maladresse. Même si ça n’était qu’un honteux coup d’un soir – ou de plusieurs soirs, donc, il y revenait –, il voulait que les formes y soient. Ses bras passèrent du cou du violet pour venir entourer sa taille, alors que ses iris de jade se baissaient, juste assez pour ne plus soutenir les yeux bleu glace de Negaï. Même si son estomac n’était plus noué, la crainte restait, profonde. Que personne ne les voit ni ne les entende, ou alors… ! Par les Déesses…


Negaï


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Comme il l’avait espéré, le rouquin avait abondamment mordu à l’hameçon qu’il avait agité sous son nez. Le violet avait eu un imperceptible mouvement de recul quand il avait senti la chaleur des doigts de sa proie sur sa peau aussi froide qu’elle pouvait l’être. Mais le baiser qu’il reçut raviva un peu ses ardeurs et  son bras libre rapprocha encore plus l’autre de lui pendant que ses lèvres s’activaient à rendre à celles du garde tout ce qu’elles leur donnaient.

D’une manière générale, hormis lorsque les intéressés n’avaient vraiment pas un physique avantageux – et c’était souvent le cas quand on devait payer pour avoir droit à un peu de fausse affection… - Negaï aimait les baisers. Ce petit fourmillement qui remontait dans tout le corps, et cette sensation singulière que prodiguait l’échange de souffles avec l’autre personne. Surtout quand cet autre souffle était si chaud. Par une nuit si fraiche, c’était délicieux. Se laissant aller, il se rendit compte que le bras sur lequel il s’appuyait avait flanché, et qu’il se tenait à présent sur son coude.

Alors que leurs lèvres se séparaient et qu’il calmait son souffle fort et rapide, il fixa à nouveau le visage du roux.
« Guide-moi… » murmura-t-il. C’était bien ce qu’il pensait, ce gars n’avait pas beaucoup d’expérience. Il embrassait bien, mais ce petit tremblement et cette passion, on ne la trouvait qu’aux débuts. Lui, dans ses quelques relations extraprofessionnelles, ne ressentait plus ce frisson depuis déjà quelques années. Il avait certainement collectionné les salauds ou les filles peu empathiques et était tombé dans le panneau devant le premier bon acteur qu’il croisait.

Il fit glisser sa main du dos du garçon jusque vers sa main qu’il saisit et porta à ses lèvres pour y déposer plusieurs petits baisers.
« Je vous garantis que vous ne regretterez rien, Monsieur Walder. » Petite prise de conscience. Il avait pris l’habitude de vouvoyer le client quand lui n’avait que faire du respect envers un objet de consommation tel qu’un prostitué. Mais Walder, lui, n’était pas un client. Il se rattrapa comme il put d’un léger « Suis-moi. ». Il s’écarta ensuite doucement, sans détacher son regard reptilien du visage du jeune mage. Les mots avaient été dits, et l’accord scellé. Il ne voyait pas d’autres raisons de s’attarder davantage ici dans le froid de la nuit et l’inconfort d’une ruelle.

Tout en gardant ses doigts serrés sur ceux du garçon, il se retourna et commença à avancer vers l’auberge mentionnée plus tôt. Les rues s’étaient sans nul doute vidées depuis qu’il avait rejoint le roux, et il serait aisé d’arriver à destination sans se faire voir. Et si des yeux trainaient, ils étaient très probablement trop embrumés par l’alcool pour vraiment mesurer l’ampleur de ce qu’ils avaient capté.

Le violet restait assez impassible, mais à l’intérieur, il jubilait. S’il avait cessé d’y croire un instant, la carte du salopard insensible avait fonctionné sur ce pauvre gamin en mal d’affection. Parfait ! En plus il allait éviter les explications embarrassantes le lendemain. Et la porte qui se referma derrière les deux hommes quelques instants après ne pouvait pas mieux symboliser le piège qui lui se refermait sur le garde.


[Fin du RP !]