Posté le 30/01/2015 15:08
Son rougissement revenait avec insistance sur son visage, à la seconde occurrence du garçon. Oui, il en aurait été affecté. Mais il ne pouvait pas l’avouer comme cela, si ? Non. Surtout pas après le discours qu’il venait de faire, et la réaction de son vis-à-vis face à son long monologue. Bien sûr, il n’en attendait pas moins. Mais sortir si brutalement de son rôle… Le violacé avait vraiment dû être touché par ses mots pourtant si simples. D’ailleurs, il s’étonnait assez de voir cela. Ne lui avait-on jamais demandé ça ? Les gens étaient-ils tous assez aveugles pour ne pas voir cette brillante – quoiqu’un peu agaçante et presque dérangeante – comédie ? Il ne se pensait pas assez clairvoyant pour l’avoir remarqué, pourtant. Mais il semblait que si. Et puisqu’il devait poser lui-même les questions, autant commencer maintenant. Son regard de jade accrocha avec détermination les deux iris de glace de son interlocuteur. Et s’il tentait de donner de l’assurance à sa posture, les couleurs de son visage le trahissaient : cet homme dans son ensemble le rendait terriblement confus. D’une bonne façon, certes. Mais sans doute celui-ci pourrait y trouver quelque chose de « drôle ». Et donc, ne pas le prendre au sérieux. Pourtant, il l’était tant.
« - Alors je vais commencer par une question très simple… Qui résumera toutes les autres… Qui êtes-vous, Negaï ? »
Hésitant, il osa finalement un pas vers lui.
« - Ce que vous aimez, ce que vous détestez… Ce qui vous a mené là où vous en êtes aujourd’hui, je… ! Non, vous n’êtes pas obligé de tout me dire d’un coup mais… »
Le rouquin hocha vigoureusement la tête de gauche à droite, à en faire glisser ses verres, dévoilant un peu plus ses beaux yeux verts.
« - Je ne fuirai pas. Peu importe ce que vous me direz, peu importe comment vous agirez, ce que vous me ferez, de bien, de mal, votre passé, votre présent, rien… Rien de tout cela ne me fera fuir. Car si je voulais fuir, je ne vois pas l’intérêt de vous demander tout cela. Je ne suis ni effrayé, ni inquiété par votre petite mise en garde. Je ne peux pas… »
Il s’arrêta, soupira. C’était ridicule. Il avait l’air d’une donzelle, d’une midinette au coup de foudre tellement perceptible que même un sourd l’aurait entendu, un aveugle l’aurait vu, et un muet en aurait ri aux éclats. Cependant, au moins avait-il le mérite de laisser parler son cœur, lui qui intellectualisait tout d’ordinaire. Et justement, il avait si peu l’habitude qu’il avait l’impression que Negaï allait le fixer, se moquer, et tourner les talons aussi vite qu’il n’était venu. Baissant la tête, bien bas, pour cacher ses rougissements et son regard fuyant – d’ordinaire, son chapeau à large bord l’y aurait bien aidé, mais il fallait faire sans –, il inspira.
« - … Je ne peux pas et ne veux pas me résoudre à passer une si belle soirée en compagnie d’une poupée au caractère savamment étudié pour plaire. Ne vous l’ai-je pas dit ? Votre numéro marche avec tous ces gens stupides et égocentriques, en manque d’affection ou que sais-je encore, qui font appel à vous, mais moi…Moi je n’ai pas fait appel à vous ! Pas de la même façon… Je… Vous m’intéressez vraiment, vous, et pas ce que vous montrez, je… Enfin… »
Il allait partir. Le violet allait le regarder, s’esclaffer comme jamais, partir, le laisser seul, là, comme un idiot, au beau milieu de la Place. Il le sentait. C’était trop bête, trop bête pour être vrai, trop bête pour que ça marche. Trop sincère pour qu’il y croit. Le rouquin leva sa main pour venir frotter un instant son visage, en proie à une panique et un embarras qui faisait peine à voir et, en même temps, était plutôt touchant.
« - J’ai perdu mes mots, je ne sais plus ce que je voulais dire… Mais… »
Son bras retomba mollement à son côté, alors qu’il soupirait, sans oser relever la tête.
« - Mais si jamais personne n’a été honnête de la sorte avec vous, alors laissez-moi l’honneur d’être le premier à le faire. »
C’était fini.
[Huhu 8D Quand je l'ai vue, tu vois, j'ai SU qu'il fallait que je la mette quelque part \o/]