Qui es-tu, inconnu ?

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Pyrope


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(vide)





Il était tard. La nuit était déjà tombée, couvrant Hyrule de son manteau d’ombre où brillaient des centaines d’étoiles. Les meilleurs assassins sur les toits devaient pouvoir les voir parfaitement. Parfois, Ailill se demandait ce que cela faisait d’être habitué à l’obscurité. Connaître les ruelles, connaître chaque nom, chaque lame, chaque flèche, chaque façon de tuer, de voler… C’était excitant. Lui, dans sa petite cage dorée, vivait protégé de ces brigands qu’il rêvait pourtant de toucher, ne serait-ce qu’un instant.

C’était pour cela qu’il avait fui, ce soir-là.

Dans les jardins du manoir, il riait tout bas en entendant la voix de Renis, tremblante de peur, appeler avec désespoir « Maître ! Maître ! » en espérant obtenir une réponse. De son côté, Lelga avait été plus maline. Elle cherchait dans les buissons, à quelques mètres de là, le forçant à rester dissimulé derrière un pan de mur. Quelques minutes suffirent, et la rousse partit aider son vieux compagnon d’infortune dans les couloirs. Parfait. Il se leva souplement et s’échappa, sa cape voletant dans un bruit sourd derrière lui. Il avait soigneusement étudié son déguisement, et celui-ci, bien que trop propre pour être vrai, suffirait à ne pas éveiller les soupçons sur un quelconque sang bleu. Aujourd’hui, il voulait être tout. Tout, sauf un aristocrate. Il voulait de l’aventure ! Et c’était ce soir qu’il commencerait.

Il avait pour but de se rendre dans l’une des tavernes de la citadelle, et de s’y poser afin d’étudier le peuple. Puis, trouver les meilleurs spécimens – comprendre « les plus louches » – et les suivre jusqu’à, peut-être, découvrir un secret pas si bien gardé que cela. L’armée devait être bien trop occupée par les récents événements pour se préoccuper des petits truands de la ville. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent… Et il espérait pouvoir danser ce soir. L’idée simple de se mettre dans les ennuis jusqu’au cou ne lui faisait pas peur. Sa vie de noble était beaucoup trop ennuyeuse pour qu’il ne s’en soucie. Au contraire, s’il pouvait tomber sur un cas notable, comme un tueur, un voleur, ou autre chose, ce serait pour le mieux ! Ah, si seulement il pouvait éviter les gardes et autres soldats… Aussi ennuyeux que la bourgeoisie.

Faisant fi de la flaque boueuse dans laquelle il venait de marcher – cela ne rajouterait que du réalisme à son habit –, il ajusta sa capuche afin de dissimuler convenablement son visage, et poussa la porte du lieu. Déjà, quelques hommes tombaient de leurs chaises, trop imbibés d’absinthe pour comprendre ce qu’il se passait autour d’eux. Une serveuse venait d’écraser discrètement mais violemment le pied d’un type un peu trop entreprenant, et un groupement de demoiselles était amassé autour d’un gars jouant les durs, et qui faisait un bras de fer avec une guerrière bien plus grande et large que lui.

Sagement, il se posa dans une table près d’un coin de la salle, l’une des rares tables n’étant pas prise. S’il y avait un problème, il pourrait toujours fuir par la ruelle derrière le bâtiment… Et s’y perdre. Car en bon héritier de la famille qu’était le clan Sylvere, il ne connaissait rien à ces endroits où demeuraient, sans doute, bon nombre de criminels. Et cela ne faisait que l’exciter d’autant plus. A n’importe quel moment, l’un d’eux pouvait entrer. Ou même ! Peut-être qu’il y en avait un déjà présent dans la salle. Ou alors, que le patron lui-même en était un ! Ah, c’était bien cela… Cette sensation recherchée. Son cœur battait bien trop vite, et son sourire visible sous sa capuche à la lueur de la flamme dansant au bout de la chandelle posée sur la table n’avait rien, mais alors rien du tout, de rassurant.

Mais peut-être était-ce cela, son sourire « naturel » ?



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Scarn


Inventaire

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(vide)

Parfois, même l'absence de lumière ne peut suffire à stopper un éblouissement. Le Soleil avait beau s'être couché depuis plusieurs heures, Scarn avançait toujours dans les ruelles de la ville comme un aveugle, totalement fasciné par cette architecture urbaine qui était tellement à l'opposé de son propre monde. Là où la glace s'étendait de manière uniforme et sans fin, la rue se révélait comme une mosaïque de flaques, de nid de poules et de pavés,où jamais le pied ne pouvait trouver un appui sûr. Là où les aiguilles de neiges s'entrecroisaient dans une beauté sauvage et imprévisible, la ville manifestait sa splendeur dans la cage architecturale qui l'ordonnait.

~~Au moins les étoiles étaient toujours là~~, sourit Scarn en levant les yeux vers le ciel sombre tacheté d'argent, avant de redescendre sur terre juste à temps pour éviter en catastrophe un cavalier qui galopait à toute vitesse. L'autre ne prit même pas la peine de s'arrêter et continua sur sa lancée, pour se fondre dans la nuit. Le soldat s'épousseta un instant, et surprit le regard moqueur d'un marchant accoudé à son échoppe. Serrant les dents, il remonta le col de son manteau, et se dirigea vers la taverne la plus proche.

C'était la première fois qu'il sortait en ville. Après s'être engagé, il avait passé sa première semaine enfermé dans la caserne, à pratiquer des exercices avec d'autres recrues et à apprendre les règles de service.Tous les autres étaient de jeunes gens impatient de prouver leur valeur et qui avaient du mal à dissimuler leur étonnement voir leur mépris vis à vis de l'ignorant qui venait du nord et qui ne savait plus différencier un Kokiri d'un Hylien. Aussi dès qu'il en avait eu l'occasion, Scarn avait profité de sa liberté pour sortir de ce cadre étouffant et explorer le monde de pierres, de briques et de tuiles qui entourait son nouveau logis.

Il poussa la porte de la taverne, pour entrer dans un domaine qui lui était normalement plus habituel. Qu'on vienne du nord, du sud de l'est ou de l'ouest, on sait toujours reconnaître les joies d'une beuverie. Mais là s'arrêtait la comparaison. Scarn avait devant lui non pas une fête familiale typique de chez lui, mais un capharnaüm sauvage et désordonné. Là où l'eau de vie était supposée lier  dans la fraternité, ici elle semblait fracturer tous ces groupes en milles individualités. Le soldat songea un instant à repartir, mais les quelques regard curieux qui se tournèrent vers lui le firent changer d'avis. Non il ne ressortirait pas la queue entre les jambes devant ces barriques vivantes qui semblait davantage stocker qu'ingérer l'alcool qu'elles buvaient.

Se dirigeant vers le bar en serpentant entre les cris et les vociférations ( un roquet était en train de se faire briser le bras sans merci par une amazone devant un public en transe), il paya rapidement une choppe de liqueur, et parti en quête d'une table pour s'asseoir. Il réussit à éviter un premier pilier de bar complètement à l'ouest, mais arrivé vers le fond de la salle,une montagne de graisse se leva soudainement pour rattraper une serveuse, heurtant Scarn à l'épaule . Ce dernier, sentant que l'équilibre allait lui faire défaut, se laissa tomber sur la première chaise à sa portée. Sa choppe gicla, mais il parvint à en conserver la majorité.

Faisant glisser son bâton sur la côté pour pouvoir s'adosser, il réalisa que la table à laquelle il venait de s'asseoir, ou plutôt de choir, était déjà occupée par une personne encapuchonnée. Les traits de son visage étaient indiscernables à l'exception d'un étrange sourire, mais au moins il ne bavait pas partout. Interpellé par le contraste entre la furie du lieu et la retenue de son vis à vis, Scarn leva sa pinte comme pour lui porter un toast, puis avala d'un trait.

Il sentit l'alcool lui brûler la gorge.

~~Bon sang j'avais oublié à quel point cela pouvait être désagréable.~~


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