[PV Negaï / Après l'évent "Fléau de Din"]
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Voilà. Ils étaient là, tous les deux, à se faire face, l’un et l’autre dans un état plus pitoyable encore qu’ils ne s’étaient jamais vus. Pour être honnête, Laurent en était surpris. Si lui avait une raison suffisante d’avoir l’air d’un Effroi traînant les rues depuis plusieurs années, Negaï… Eh bien, il avait tellement l’habitude de le voir beau, grand, – pas si – fort, charmant… Que cela l’étonnait de le voir si… Faible. Et on aurait pu croire que le voir avec ce teint, cette allure, d’entendre sa voix presque éraillée l’aurait définitivement repoussé. Mais non. Il n’arrivait pas à se sentir différemment avec lui. Et pourtant, il y aurait de quoi ! Pourtant, à ses yeux, il en devenait juste un peu plus humain. Et cela le rassurait. Il ne serait pas une sorte de loque aux côtés d’un modèle de beauté masculine. Non, ils seraient deux loques. Mais au moins seraient-ils ensemble. Sa première occurrence n’eut que l’effet de le miner d’autant plus. Oui, il savait qu’il n’avait l’air de rien avec sa chemise assez ample et beigeâtre censée cacher un bandage disgracieux témoignant de sa faiblesse en combat, son teint livide et ses cheveux à peine peignés. Mais ça n’était pas une raison pour le lui ramener en plein visage ! Ce garçon n’avait aucun tact. S’il savait charmer en temps normal, cette fois, il avait juste réussi à lui donner l’impression de ne rien avoir à faire dans son aura de « beau mâle ». Pfeuh. Ca n’avait rien de surprenant, après tout ! Il se rappelait de leur nuit ensemble. Sans aucun regret, sauf peut-être celui qu’elle n’ait pas été plus longue. Car maintenant, voilà. Le violet avait eu ce qu’il voulait, lui aussi en quelque sorte. Il n’y avait plus de raison pour que ce petit jeu de séduction continue. Pas vrai ? « - T’étais là-bas, alors ? Une chance que j’te voie en un morceau, ta bouille m’aurait manqué… Peut-être. - Euh... Je... Tu... Merci...! » balbutia-t-il en guise de réponse. Même s’il avait tempéré ses paroles au dernier moment, Laurent n’arrivait pas du tout à croire qu’il pouvait lui dire cela. Pas honnêtement, en tout cas, sinon oui, il en aurait été capable. En voyant ses doigts se rapprocher de lui, il eut un léger mouvement de recul, se calmant lorsqu’ils ne vinrent qu’éloigner une mèche de sa tignasse rousse en bataille cachant son regard vert. Le pauvre Negaï devait être épuisé pour avoir une telle douceur, d’un seul coup. Surtout à son égard. « - … Pour être honnête… » commença-t-il un peu hésitant. « … Je n’en ai pas vraiment eu le temps, vois-tu. » Baissant la tête, il vint se caler contre le même mur que son interlocuteur, n’osant plus le regarder. Il avait honte. Et « ça », c’était soldat. Il n’avait même pas réussi à tenir jusqu’au bout. Sa bêtise aurait presque pu le tuer. « - Je me demande si… Si je suis vraiment fait pour être soldat. Si je ne devrais pas plutôt tout arrêter. Enfin, je sais que tu dois t’en moquer, de mes états d’âmes. Tu dois te dire que, ça y est, tu peux compter le petit binoclard de l’armée sur ton tableau de chasse, et que tu n’as plus vraiment besoin de t’y intéresser, mais… Moi, j’ai besoin d’en parler à quelqu’un. » Et s’il doutait que le violacé soit le meilleur soutien qu’il puisse avoir, il ne voyait personne d’autre à qui confier ses pensées. « - Je me suis lancé dans la bataille, et j’ai été vaincu. Tous les jours, j’ai cette blessure à mon flanc qui me rappelle que je n’ai pas pu défendre mon pays parce que je suis faible. Quand je suis entré dans l’armée, je voulais… Je voulais être fort. Je voulais devenir fort comme ma sœur, et pouvoir protéger ce royaume que j’aime tant, dans lequel je suis né et j’ai grandi. Et je ne suis même pas capable de faire ça ! J’ai… Un peu honte, maintenant. » Puis il releva assez rapidement son visage, soupirant avant de reposer ses yeux sur le sol. « - Et encore plus quand je pense que je viens de t’avouer ça, à toi. Pardonne-moi. » Le rouquin s’efforça de lever la tête, venant poser ses iris d’un vert pur sur Negaï. Il avait encore une fois parlé, trop parlé, et encore plus compte tenu du personnage face à lui. Il fallait détourner le sujet. Surtout qu’il ne lui avait pas posé de question… Enfin, « la » question qui lui venait. « - Alors comme ça, tu es malade ? C’est étrange. Je ne savais pas qu’il était conseillé de boire à outrance pour combattre un rhume… ! » lâcha-t-il alors que son ton devenait plutôt neutre. Le doux parfum « Haleine de poivrot » de ce bel homme qui avait conquis son cœur l’avait trahi. Et il comptait bien s’en servir. Ca l'amusait au moins un peu ! « - C’est mal de me mentir alors que je viens d’être le plus honnête possible. Je t’ai ouvert mon cœur, Negaï. » Dans tous les sens du terme… |
Ce type était vraiment… Ce type était vraiment une plaie ! Une plaie d’enfer, d’ailleurs, n’importe qui l’aurait quitté dès lors qu’il aurait commencé à se comporter de la sorte ! Ce n’était qu’un petit con vaguement charmant qui commençait à jouer les durs dès qu’on tentait d’en apprendre un peu plus sur lui. Le genre type qui plaisait aux pucelles en fleur, aux donzelles voire aux prêtresses qui n’avaient jamais touché un homme de leur vie. Et honnêtement, HONNÊTEMENT, il ne mériterait que d’être seul et de vivre sa vie de misère ! … Oui mais là, on n’est pas dans cet esprit-là. On est dans celui de Laurent. Celui qui n’a d’yeux que pour un certain bellâtre à la langue acérée. Et même là, alors qu’il lui avait tout de même fait mal, il n’avait pas le courage de lutter, le roux. Soupirant, il vint lever sa main pour la passer dans ses cheveux, les « coiffant » un peu. Tiens, ils avaient poussés… Dans l’immédiat, cela ne le dérangeait pas. C’était même mieux. Ca lui tenait chaud alors que la fatigue lui donnait un froid d’enfer. « - Si tu réagis ainsi dès que quelqu’un se préoccupe de ton état, pas étonnant que tu sois toujours aussi désespérément seul. Même, que tu doives te saouler pour oublier. » Peut-être que sa blessure le rendait désagréable. De mauvaise humeur. Mais il n’avait pas envie de faire avec les états d’âme d’un type comme lui… Il tourna les yeux vers lui. « - Negaï. » Le regard qu’il lui lança était indescriptible. Ou plutôt, il faisait passer une idée. Une idée grande, mais qui ne pouvait pas échapper à celui qu’il fixait, qu’il détaillait avec, encore, cette espèce d’admiration dans le regard. Une sincérité relativement pure. « - … Si tu essaies de me faire fuir, c’est raté. » Puis, comme si la honte venait encore l’envahir à nouveau, il se força à observer les pavés devant lui. Un très joli sol d’une ruelle dans laquelle diverses choses devaient se passer de temps en temps. Ahem. « - Si tu veux être sauvé ou je ne sais quoi, je ne vais pas pouvoir y arriver si tu me repousses à chaque fois, tu sais ? » Peut-être qu’il se faisait des idées. Peut-être que Negaï n’avait pas du tout envie d’être sauvé ? Peut-être qu’il voulait simplement voir un type perdu… Et être celui qui l’aiderait ? « - Hmpf… Être ton « sauveur ». Peut-être que cela serait un bon moyen pour que tu me regardes… » souffla-t-il avant de se reprendre, un pauvre rire passant ses lèvres. « T’es qu’un pauvre type, Negaï. Un pauvre type qui ne mériterait même pas qu’on s’intéresse à lui. Parfois, je me demande combien de baffes tu as dû te manger à force de dire de sacrées c*nneries. Plus loin, je dirais même que tu es un gros c*n et un s***pard de premier ordre. » … Ouais, c’était pas le discours le plus romantique qu’il pouvait lui servir. A moins que. « - Et pourtant, je n’arrive toujours pas à te faire sortir de ma tête. Pendant les jours longs et pénibles où j’étais étendu dans mon lit, je n’ai pas cessé de penser à toi. » Et ce fut un sourire presque tordu qui étira ses lèvres. « - Tu ne veux pas savoir ce que j’ai fait dans ces moments-là… ! » Oui, bon ben on va couper là, hein ! Non mais. Le rouquin se dévergonde. Note pour plus tard, ne plus le remettre sur un champ de bataille ! Le voilà tout détraqué ! Ou au contraire… Tellement naturel que ça en devient intéressant, va savoir ? |
Trop dur et trop simple. C’était trop dur et trop simple à la fois. Trop dur d’entendre de telles choses, d’avoir de telles pensées. De se sentir un peu rejeté, aussi. Mais trop simple de comprendre, un peu, ce qu’il se passait dans cette petite tête violette. Il n’était pourtant même pas certain de ses propres pensées. Alors il allait juste… Parler. « - Ca te ferait peur, hein ? Que je te dise que je tiens à toi. » Mais dans son état, rien ne pouvait l’empêcher de se lâcher. N’était-il pas un homme libre, après tout ? … Hm, il commençait vraiment à se laisser un peu trop aller. Mais il trouvait presque Negaï mignon, à tant chercher à s’éloigner. Mignon et un peu crétin, mais ça, ça ne changerait pas de d’habitude. D’un mouvement lent, il se décolla du mur. « - Alors je ne te le dirai pas. Ca risquerait de détraquer tout ton monde… Mais tu sais, on peut t’aimer pour d’autres raisons que parce que tu es une belle plante. » Même si dans son propre cas, il avait du mal à voir ce qui lui plaisait tant chez l’autre andouille. Parce que bon, regardez un peu. Un soldat, fricotant avec un prostitué, qui lui-même le rejetait… C’était exactement quelque chose qui pourrait le faire quitter l’armée et devenir prêtre ! Et pourtant, il n’attendait rien de plus, si ce n’était une place de choix dans les bras de cet homme-là. « - Ne t’inquiète pas, je vais te laisser en tête-à-tête avec ta gueule de bois… » Il n’avait pas espéré trouver un semblant d’affection de la part du violet. Et au fond, tout au fond, très au fond – après ça devient pervers –, ça l’amusait même un peu, ce petit jeu. Cette danse bancale, un pas en avant, deux pas en arrière. |
La force des mots. Prouvée maintes et maintes fois, elle perdure à toutes ères, à tout instant. Cela peut être pour prouver son amour à sa famille, ou au contraire pour la détruire. Les mots ont causé des guerres et en ont évité. Il y a ceux qui les maîtrisent, ceux qui les craignent, ou les deux à la fois. Mais ici ? Qu’était-ce ? Un simple mot avait suffi à faire arrêter sa marche. « On ». Un simple « on » dans une discussion pour le moins peu banale. Un simple « on » qui l’avait fait se retourner lentement. « - Le seul moyen qu’on ait… De continuer… ? » En trois pas, il revenait face au violet, venant le pousser de ses maigres forces. Pas assez fort pour avoir l’air crédible, juste assez pour faire passer l'idée. Bref, il n’était pas vraiment « héroïque » à cet instant. Un peu comme d’habitude, en fait. « - C’est faux ! Tu le sais ! Si tu t’ouvrais un peu… Si seulement tu… ! » Il recula finalement, l’observant. Il n’était pas de ces donzelles qui pleuraient pour un rien. « - … Si seulement tu essayais d’avoir un cœur, pour une fois ! Si tu me trouves hideux ou ennuyeux, si tu trouves une quelconque once d’amour dégoûtante et repoussante, alors très bien, je m’en vais. Mais je t’en prie, par les Déesses, si tu as encore le moindre sursaut de sentiments… ! » Un soupir. Non, il n’avait même pas envie de finir cette phrase, cette dispute, rien. Il voulait retourner se coucher, végéter entre ses draps. Ne penser à rien. Mais il se connaissait, il pensait toujours trop à tout… |
Il tiqua sur la cicatrice, mais une autre information l’occulta totalement. Une femme. Cette personne si belle, si charmante, qui lui plaisait tant, qu’il voulait posséder, ou plutôt, à qui il voulait complètement et consciemment appartenir… Etait liée à une femme. Ce fut comme un deuil accéléré qui serra son cœur. Le choc. Le déni. Ca ne pouvait pas être vrai. Il refusait que ce soit vrai, non, c’était juste une technique. Une technique idiote d’un homme séducteur qui cherchait se défaire d’un jeune homme un peu trop insistant. Pourtant, il le voyait. Son visage… Son si beau visage qui perdait enfin son masque, pour prendre un air désolé. Ce ne pouvait pas être un mensonge. C’était vrai. La colère l’envahit. Son Negaï était déjà pris… Par une femme, en plus de cela. Il ne pouvait pas accepter. Aujourd’hui, il avait envie d’être égoïste. « - Et… C’est un problème ? » Il n’avait pas envie d’en arriver au stade la dépression, et encore moins à celui de l’acceptation. Non ! Il n’avait pas envie d’accepter ! Il avait envie… D’avoir ce qu’il voulait. De ne pas être raisonnable. D’accepter de faire les plus grosses bêtises de sa vie rien que pour atteindre son but. Et si cela fonctionnait… De continuer. « - C’est peut-être ridicule, mais… Je n’ai pas peur. Je n’ai pas peur de me faire prendre, je n’ai pas peur des autres, je n’ai pas peur de ce qui peut arriver, et si toi tu as peur, alors je te jure de te protéger de tout cela. Je… Je peux faire ça. Je ne peux peut-être pas défendre tout un pays, tout un peuple, mais toi, je peux te protéger… Je veux te protéger. Alors ne me force pas… A te dire au revoir. » Lentement, il osa avancer sa main vers la sienne. Sans la toucher, s’il ne le voulait pas, il n’allait pas le forcer. « - Juste… Essayer ? Et si tu as peur, si tu ne veux plus, si ce que tu découvres en moi ne te plait pas… Alors je te laisserai partir, mais s’il te plait, pas si tôt… ! » Son visage ne pouvait pas être plus rouge, à cet instant. « - Moi, le simple roux binoclard essayant désespérément d’être un bon soldat ose te demander ça ! » Quoique le violet avait sans doute dû faire pire que cela. Non ? |
Il aurait pu lui répondre qu’il avait raison. D’ailleurs, au fond, et s’il écoutait la petite voix dans sa tête qui lui disait exactement la même chose, il avait raison. Il avait toute sa vie, et de belles expériences à venir. Il était soldat, il en avait toujours rêvé. Il était mage. Il n’était pas des plus laids, ni des plus idiots, et il était encore jeune. N’importe qui à sa place aurait tout simplement oublié cette aventure, aurait mis cela sur le compte de la solitude, de la peur, du choc ou de la tristesse, d’une simple « erreur de jeunesse » qu’on cachait au mieux. Surtout que c’était dangereux. Ils étaient deux hommes, dont l’un « de mauvaise vie », alors que lui était dans l’armée.
Mais c’était connu qu’il ne faisait jamais rien comme tout le monde. Pourtant, il avait bien failli laisser tomber dans la seconde, en entendant cette énième excuse de l’homme pour le repousser, encore une fois. Tout lui semblait se contredire, mais peut-être était-ce seulement un stratagème douteux de son esprit pour lui donner encore une toute petite lueur d’espoir. Mais l’espoir repartait, lentement mais sûrement. Au fond de sa gorge était bloqué un « Très bien », et un « Au revoir », mais ils étaient précédés de larmes. C’était ridicule… Lui, pleurer comme une donzelle parce que l’élu de son cœur lui disait non. C’était stupide. Mais c’était le cas. Le visage de son amant de quelques soirs se troubla, se perdant dans ses yeux tout humides qu’il ne détournait pourtant pas.
Puis il sentit ses bras, cette étreinte douce, protectrice, dont il avait rêvé et qu’il n’avait jamais vu arriver, ou alors que par quelques rubis dépensés auprès de ce même bellâtre pour un simulacre d’amour qui s’était, finalement, concrétisé bien trop rapidement. Sa tête sur son épaule, il profita d’être caché pour se laisser aller, pleurant en silence, secoué de doux sanglots alors que ses mains venaient accrocher les vêtements sous ses doigts. Il n’avait plus rien à dire. Il n’avait plus de beaux discours, plus de jolies phrases sans aucun effet à lui dire. Alors il allait essayer le plus simple. La pensée et le sentiment le plus pur livré tel quel.
« - S’il te plait… Ne me laisse pas… ! »
En silence, il reprit le chemin par lequel il était venu. Il se sentait plutôt… Ridicule. Mais au moins, c’était fait et dit. Et ça l’avait rassuré, mine de rien. Autant que cet homme pouvait le rassurer, en tout cas, et ça n’était pas grand-chose, mais déjà un petit peu de gagné. Il ne comprenait pas. Il ne se comprenait pas lui-même. Pourquoi ses espoirs s’étaient-ils concentrés sur le fait d’être accepté et aimé par ce garçon ? Il n’avait rien de spécial… Ou plutôt si, il était trop spécial. Tout son opposé ! Une vie de débauche, criminelle, pauvre, sans aucune notion de justice. Tout le contraire de la vie à laquelle il aspirait, pleine de droiture et d’honneur ! … Peut-être s’était-il tout simplement menti depuis trop longtemps. Et peut-être que les opposés s’attiraient vraiment, finalement, enfin… S’il attirait bel et bien Negaï autant qu’il lui plaisait à lui. Ce qui était loin, mais alors très loin d’être sûr.
« - Tu as intérêt à garder ça pour toi… » conclut-il dans un reniflement léger.
Bien sûr… Il avait un semblant de réputation à défendre. Déjà, il n’aurait pas dû partir comme ça. Ensuite, surtout pas venir retrouver un homme et lui faire une sorte de déclaration d’amour enflammée. Et enfin, agir comme ça, passer pour un faible… Non, c’était certain, ça devait rester entre eux. Un secret qu’ils garderaient.
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