Il ne put s’empêcher d’afficher une moue coupable en entendant son bien-aimé. Il pouvait comprendre qu’il préfère que son travail ne le mène pas à des situations dangereuses. Avant, Laurent n’y voyait absolument aucun inconvénient. Il avait beau être parfois un peu timide et hésitant, il n’était pas quelqu’un de peureux face au danger ; du moins, pas plus que n’importe quelle personne dans certaines situations. Mais depuis qu’il avait quelqu’un d’autre que sa famille qui attendait son retour, il avait reconsidéré les choses et les voyait sous un nouvel angle. A l’époque, sans doute se disait-il que sa propre sœur était soldate, que les siens étaient conscients du danger que leurs deux enfants plus âgés encouraient. En quelque sorte, il se défaisait totalement de toute culpabilité en la rejetant, un peu, sur son aînée en plus de lui. Mais Negaï… C’était différent.
Son ton protecteur le fit pourtant légèrement sourire. Il était touché, même s’il ne l’aurait pas avoué. Le blond ne montrait parfois pas aisément ses sentiments, alors capter chaque élément dans sa voix, dans son regard, dans son expression, était quelque chose que le rouquin essayait de faire. Il s’améliorait dans cette discipline, mais son amant était souvent bien difficile à lire. Il ne lui en voulait pas le moins du monde pour cela.
Et justement, après que le mage se soit à nouveau inquiété pour lui et emballé dans ses paroles, il se tut d’un coup quand son compagnon haussa légèrement le ton, écarquillant les yeux comme un gosse se faisant disputer, baissant finalement son regard vert, embarrassé. Il savait qu’il s’inquiétait trop pour lui, mais c’était plus fort que lui. Il avait quelqu’un auquel il tenait plus qu’à tout le reste, et il ne voulait pas le perdre. Etait-ce mal…? Si Negaï le lui avait demandé, il aurait aussitôt arrêté. Il ne voulait pas l’étouffer. Mais il l’aimait trop pour ne pas vouloir son bien.
Le bruit lui fit relever la tête, un peu étonné, et il sourit en posant sa main dans celle du blond.
« - Un peu, mais on dirait que toi plus. Tu manges bien, au moins ? » Il grimaça en lâchant ce dernier mot. Merde, il recommençait ! « Je… Désolé. Je m’inquiète bêtement… Oublie ma question, prenons quelque chose à manger. »
Il serra un peu plus sa main, mais la relâcha pour laisser son amant naviguer dans la pièce comme il le souhaitait. Laurent ne se serait jamais permis de le faire, ce n’était pas chez lui. Tant qu’il n’avait pas l’autorisation, il resterait bien sagement planté comme un piquet.
« - Je n’ai pas vraiment de remède, non… Ni pour la peur, ni pour le fait de… S’emmerder. » dit-il, le dernier mot prononcé plus rapidement que les autres. « Mais parfois, on ressent des choses un peu stupides… Enfin je ne dis pas que ce que tu ressens est stupide, non, non ! M-Mais je veux dire, ce sont des émotions qui… Viennent, et repartent au bout d’un moment, sans qu’on sache vraiment de quoi ça vient, tu vois ? Enfin… Sauf si tu sais de quoi ça vient... Et si tu veux en parler… »
Il se décida à la fermer, se sentant ridicule.