Rencontre nocturne [PV Negaï]

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Laurent


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Rencontre nocturne
avec Negaï
Il était tard dans la nuit, et le vent était frais dans les rues ce soir-là. Les quelques passants restants faisaient leur route jusqu’à chez eux, des parents tenant la main de leurs enfants, des travailleurs exténués pressant le pas pour se réfugier chez eux et profiter d’un repos bien mérité, les commerçants verrouillant les portes de leurs échoppes qu’ils n’ouvriraient à nouveau que le lendemain matin. Seuls restaient dehors les quelques oiseaux de nuit plus ou moins recommandables de la cité.

Laurent ne connaissait pas leurs noms, à peine leurs visages qu’il regardait parfois du coin de l’oeil en passant. Il avait tellement pris l’habitude, et pour être tout à fait honnête, eux aussi. D’ordinaire, ils voyaient passer une figure dissimulant son visage sous une cape et marchant à la hâte. A l’époque, il tournait inlassablement dans les ruelles jusqu’à trouver ce qu’il voulait. Mais cette fois-là, et depuis quelques temps maintenant, il ne cachait plus ses cheveux roux et ses yeux verts, et ses pas savaient exactement où le mener, bien qu’ils soient encore assez rapides.

Il avait insisté pour que Negaï ne vienne pas le chercher, aujourd’hui. Il avait toujours ce sentiment de malaise à l’idée qu’on les voit. Pas parce qu’il avait honte, loin de là, s’il avait dû, il aurait clamé haut et fort son amour pour lui, mais plutôt parce qu’on n’était jamais trop prudent, et avec le temps, il devenait de plus en plus paranoïaque, et surtout protecteur envers le blond. Il aurait tout fait pour qu’il soit en sécurité, lui qui était enfin parvenu à se sortir des maux dont il avait pu souffrir jusqu’à présent.

Il s’arrêta devant la porte d’une petite boutique, pas loin du marché nord, et la fixa un long moment, la détaillant alors qu’il ne s’agissait, en soi, que d’une porte banale. Il était toujours aussi agréablement surpris – et fier ! – que l’échoppe appartienne à son bien-aimé. Il vérifia autour de lui si des regards indiscrets étaient posés sur lui. Ils en avaient longuement discuté : les gens étaient plus ouverts qu’il ne le croyait, et personne ou presque ne dirait ou ne ferait rien « contre eux ». Mais il ne pouvait s’en empêcher. Et puis, c’était aussi une réflexion plus simple : et si on les entendait… Ah, non, c’était gênant !

Pourtant, ce soir, il voulait surtout discuter. Il se demandait s’il allait un peu vite, mais d’avoir un semblant de situation stable de leurs deux côtés lui donnait envie d’oser imaginer peut-être, éventuellement, un avenir un peu plus clair ensemble ? Il se trouvait ridicule, mais il avait de l’espoir. Même s’il savait aussi que les temps paisibles ne duraient jamais... Il frappa finalement, quelques petits coups discrets de sa main gantée sur le bois. Puis il croisa les bras, attendant sagement qu’on vienne lui ouvrir.
AkumaCursed



Negaï


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L’air froid du soir le saisissait jusqu’aux os à mesure qu’il progressait dans les ruelles du marché nord. Il sentait son corps trembler sous les basses températures mais n’en avait pas réellement conscience tant sa journée l’avait rendu fébrile. Il avait toujours dangereusement dansé sur le fil entre sa vie et sa mort, mais à présent il le faisait de son plein gré, et c’était particulièrement grisant.

Il se déplaçait rapidement, laissant le vent gonfler ses vêtements trop grands pour lui. Il avait encore un sentiment de surprise lorsqu’il ne sentait plus ses longues mèches voler derrière lui. A la place, ses courtes mèches blondes dansaient autour de son visage, obstruant sa vue lorsqu’elles étaient réellement indisciplinées. Il les rabattit en arrière d’un geste nonchalant de la main.

Enfin, il regagna l’échoppe dans laquelle il passait désormais la majeure partie de son temps.
« C’est moi. » s’annonça-t-il alors qu’il refermait la porte derrière lui. Deux garçons qu’il avait fini par apprécier se tenaient à l’accueil des éventuels clients quand lui se cachait plutôt sous le plancher pour façonner le bois de manière à revendre de petites sculptures. Seul l’un des deux était encore présent, et il lui tendit un sourire sincère en croisant son regard. « Bonne journée ? » s’enquit-il distraitement. Quelques clients. Pas de visites étranges. Fort bien.

Il termina la journée avec son compagnon avant de le saluer et de fermer la boutique. Il s’installa ensuite dans son atelier pour réfléchir. Si la tranquillité retrouvée de ses nouveaux jours avait eu son charme un moment, la situation avait évolué. Tout lui paraissait bien calme, lui qui voulait conquérir le monde.

Un bruit délicat à l’étage le tira de sa rêverie. Il voulut l’ignorer, mais se souvint que c’était déjà le soir. Aussi remonta-t-il lentement, avant de se coller silencieusement contre la porte. Un point chaud de l’autre côté du bois froid lui indiqua que la personne qui avait frappé y avait toujours la paume posée. Et une telle chaleur ne pouvait émaner que d’une personne.

Il ouvrit très légèrement, de manière à ne dévoiler qu’une moitié de visage depuis l’obscurité de l’intérieur.
« Nous sommes fermés. » plaisanta-t-il. « Personne ne t’a suivi ? » demanda-t-il aussitôt, inquiet. Il laissa le roux entrer pendant qu’il le rassurait. Une fois enfermés et à l’abri des regards, il saisit ses mains brûlantes et les plaça sur ses joues pour se réchauffer, tant le corps que l’esprit.

« Alors, combien de fois t’as sauvé l’monde aujourd’hui ? » le taquina-t-il, les yeux brillants. Il lui offrit son sourire à lui, pas celui qu’il avait appris à faire, mais celui qu’il faisait naturellement, dans de rares occasions. Il avait une fâcheuse tendance à ne s’étirer que d’un côté de son visage, tandis que l’œil du côté opposé se fermait un petit peu, lui donnant un air vaguement doux et compréhensif. Il souriait au rouquin de cette manière de moins en moins rarement.


Laurent


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Rencontre nocturne
avec Negaï
Sa petite blague lui fit froncer les sourcils l’espace d’un instant dans une moue peu crédible, et il entra rapidement une fois que le blond le laissa passer, retirant sa cape d’un geste qui se voulut rapide, mais il tira sur le mauvais côté du fil qui la nouait, et il dût prendre un peu plus le temps de défaire le nœud plutôt que de se presser comme il le voulait à l’origine.

« - Ne t’en fait pas, j’ai fait attention… Mais n’était-ce pas toi qui me disait qu’il y avait moins de risques que je ne le pensais ? » dit-il avec un léger sourire mal à l’aise.

Si même Negaï commençait à devenir méfiant envers tout le monde, par les Déesses, ils n’iraient pas loin. Lui-même était toujours très nerveux. De façon générale, tout d’abord. Puis, selon les sujets, son anxiété pouvait devenir plus intense. Il bénissait la maigre protection que lui offraient ses gants, mais il savait qu’un jour, ils voleraient en fumée eux aussi. Ca lui pendait au nez. Il était trop émotif, il le savait, et cela ne se traduisait pas de la façon la plus pratique qui soit. Il chassa l’idée de son esprit ; ou plutôt, il n’eut pas le temps d’y penser plus longuement. Son compagnon venait de prendre ses mains, justement, pour les placer sur son visage. Le geste le fit sourire, et rougir légèrement, mais cela était habituel.

« - Tu sais, je ne suis pas un Héros. Je n’ai pas de rang particulier. Je ne suis qu’un humble garde… Alors je ne sauve pas beaucoup… Quoi que ce soit, en ce moment. Mes jours se ressemblent parfois un peu tous... » avoua-t-il avec une légère grimace embarrassée. « Et toi ? Raconte-moi ta journée. »

Son regard vert passa ensuite de la pièce, la détaillant longuement, observant partout, pour revenir finalement sur le blond. Depuis leurs retrouvailles, et depuis qu’il savait pour la situation plutôt stable de son bien-aimé, ou en tout cas bien plus stable et enviable qu’elle ne l’était auparavant, Laurent avait souvent cette envie étrange de savoir ce qu’il faisait de ses heures. Loin de lui l’idée de le surveiller ! Mais il ne pouvait pas mentir : savoir que Negaï était en sécurité le rassurait, et arrivait à apaiser la flamme d’angoisse qui brûlait toujours au fond de lui, même si ce n’était que temporairement.

« - Est-ce que tout se passe bien ? Est-ce que tu as des difficultés ? Tu peux me le dire, tu sais, j-je peux t’aider si tu as besoin, mais il faut juste que tu me le dises. J’arriverai à m’arranger si tu as besoin de quelque chose. »

Très temporairement.
AkumaCursed



Negaï


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Le blond écouté religieusement son amant pendant qu’il s’assurait que les rideaux étaient bien tirés partout. De cette façon, il put allumer quelques bougies disposées ça et là, à des places suffisamment réfléchies pour qu’elles ne risquent pas de mettre le jeu à tout le bois qui composait la boutique.

« Tu sais, je ne suis pas un Héros. Je n’ai pas de rang particulier. Je ne suis qu’un humble garde… Alors je ne sauve pas beaucoup… Quoi que ce soit, en ce moment. Mes jours se ressemblent parfois un peu tous... » sembla se plaindre le magicien. Il se retourna vers lui, l’air vaguement boudeur. « Je sais qu’tu rêves à plein d’choses mais moi j’te préfère à t’ennuyer qu’à courir le désert comme avant. » lui déclara-t-il, un peu trop protecteur. « Et s’il t’arrive quoi qu’ce soit, j’serai l’dernier informé. Ça m’énerve. » ajouta-t-il, d’un air bougon qui lui ressemblait davantage.

Il lui sembla lire un peu de moquerie dans les yeux du soldat, alors il se défendit comme il put en cachant son visage dans le creux de son cou, aussi brûlant que le reste. Il culpabilisa d’être toujours aussi froid, lui. Cela devait le faire frissonner, et pas des manières les plus agréables. Il ne changea pas de posture lorsqu’il lui demanda de lui parler de sa journée.
« Oh, comme toi. Les jours passent et s’ressemblent. » dit-il, sans dissimuler sa lassitude.

Il se mordit la langue alors que l’autre commençait à s’inquiéter pour lui et à vouloir lui tirer les vers du nez. Il s’éloigna un peu, se sentant facilement agressé lorsqu’il essayait de le faire parler, même quand aucune menace n’était présente.
« Non ça va. » se défendit-il, un peu mal à l’aise. Mais puisqu’il insistait, il haussa légèrement le ton, sans crier. « J’ai passé ma vie à avoir la trouille. Et j’ai toujours la trouille sauf que j’sais pas pourquoi. » avoua-t-il alors. « J’m’emmerde un peu, c’est vrai. Mais j’imagine que ça passera. T’as un remède miracle toi ? » Il tâcha de se détendre un peu alors qu’il rétablit le contact physique en lui tendant la main, doucement.

Il le détailla de la tête au pied, l’air neutre, alors qu’intérieurement il était si partagé. Partagé entre une admiration assez forte pour tant de pureté, et choqué par tant de différences avec son esprit prédateur à lui. Pourrait-il un jour lui dire ? Ou apprendrait-il par son travail ce goût qu’il avait du sang ?

A cette idée, son ventre se mit à gargouiller. Il écarquilla ses grands yeux bleus, surpris par une manifestation si peu discrète de son corps.
« …Tu as faim ? » demanda-t-il comme un enfant pris sur le fait.


Laurent


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Il ne put s’empêcher d’afficher une moue coupable en entendant son bien-aimé. Il pouvait comprendre qu’il préfère que son travail ne le mène pas à des situations dangereuses. Avant, Laurent n’y voyait absolument aucun inconvénient. Il avait beau être parfois un peu timide et hésitant, il n’était pas quelqu’un de peureux face au danger ; du moins, pas plus que n’importe quelle personne dans certaines situations. Mais depuis qu’il avait quelqu’un d’autre que sa famille qui attendait son retour, il avait reconsidéré les choses et les voyait sous un nouvel angle. A l’époque, sans doute se disait-il que sa propre sœur était soldate, que les siens étaient conscients du danger que leurs deux enfants plus âgés encouraient. En quelque sorte, il se défaisait totalement de toute culpabilité en la rejetant, un peu, sur son aînée en plus de lui. Mais Negaï… C’était différent.

Son ton protecteur le fit pourtant légèrement sourire. Il était touché, même s’il ne l’aurait pas avoué. Le blond ne montrait parfois pas aisément ses sentiments, alors capter chaque élément dans sa voix, dans son regard, dans son expression, était quelque chose que le rouquin essayait de faire. Il s’améliorait dans cette discipline, mais son amant était souvent bien difficile à lire. Il ne lui en voulait pas le moins du monde pour cela.

Et justement, après que le mage se soit à nouveau inquiété pour lui et emballé dans ses paroles, il se tut d’un coup quand son compagnon haussa légèrement le ton, écarquillant les yeux comme un gosse se faisant disputer, baissant finalement son regard vert, embarrassé. Il savait qu’il s’inquiétait trop pour lui, mais c’était plus fort que lui. Il avait quelqu’un auquel il tenait plus qu’à tout le reste, et il ne voulait pas le perdre. Etait-ce mal…? Si Negaï le lui avait demandé, il aurait aussitôt arrêté. Il ne voulait pas l’étouffer. Mais il l’aimait trop pour ne pas vouloir son bien.

Le bruit lui fit relever la tête, un peu étonné, et il sourit en posant sa main dans celle du blond.

« - Un peu, mais on dirait que toi plus. Tu manges bien, au moins ? » Il grimaça en lâchant ce dernier mot. Merde, il recommençait ! « Je… Désolé. Je m’inquiète bêtement… Oublie ma question, prenons quelque chose à manger. »

Il serra un peu plus sa main, mais la relâcha pour laisser son amant naviguer dans la pièce comme il le souhaitait. Laurent ne se serait jamais permis de le faire, ce n’était pas chez lui. Tant qu’il n’avait pas l’autorisation, il resterait bien sagement planté comme un piquet.

« - Je n’ai pas vraiment de remède, non… Ni pour la peur, ni pour le fait de… S’emmerder. » dit-il, le dernier mot prononcé plus rapidement que les autres. « Mais parfois, on ressent des choses un peu stupides… Enfin je ne dis pas que ce que tu ressens est stupide, non, non ! M-Mais je veux dire, ce sont des émotions qui… Viennent, et repartent au bout d’un moment, sans qu’on sache vraiment de quoi ça vient, tu vois ? Enfin… Sauf si tu sais de quoi ça vient... Et si tu veux en parler… »

Il se décida à la fermer, se sentant ridicule.


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