La lune scintillait sur un fond nuageux, et le décor onirique ne présageait rien de bon. Sous le clair de lune, un combattant à l'apparence très noble était entouré d'une bonne cinquantaine de guerriers, et son regard, autoritaire, semblait bannir des yeux les portes de ce château qui semblaient inébranlables.
En première ligne, les premiers chevaliers à coup de lance et d'épée abattirent les gardes, tremblant de peur et alertant les forces locales. La dernière défense qui empêchait les hommes de rentrer dans le village qui mènerait au château était le pont-levis qui avait était achevé trop rapidement : il suffisait de couper les cordes le retenant pour passer, ce que fit l'un des archers, d'une manière aussi habile que charismatique.
Le premier rempart dépassé, la ville fut épargnée, et rapidement, l'armée fut au niveau du château qui n'était pas encore prêt pour contrer un tel assaut. Bientôt, l'entrée de celui-ci était submergée par les troupes...
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"
Lord Soren, nous ne pourrons vaincre le roi si aisément... Nous courrons vers notre propre perte, tout en embarquant avec nous ces soldats innocents !"
Il n'avait rien voulu entendre. Ce "
Soren", surnommé "
Virgo Soren", ou encore "
Lord Soren", jouissait de ce titre qui permet de gouverner sans craindre que son peuple ne s'oppose à lui. Il était le roi de sa nation, un guerrier presque invincible, mais aussi un homme à l'éloquence inégalable. Ces premiers faits héroïques remontent à ses 16 ans, lorsque, devant le cadavre de son père mort par un puissant poison, il avait fait un discours d'anthologie avant de s'approprier à la fois le pouvoir et l'admiration de son peuple ; en quelques semaines, il avait vaincu tous les prétendants, ayant annoncé qui si quelqu'un voulait être roi, cette personne devait le battre en duel.
Rapidement, ils furent devant le premier piège qui leur était tendu : trois couloirs s'offraient à eux, et ils savaient que seul un passage les mènerait à l'étage suivant ; les deux autres étaient des dalles qui reposaient sur du vide, et au moindre pas, elles s'effondreraient. Devant chaque allée, un prisonnier veillait. Il avait entendu dire qu'un seul était un vrai prisonnier, garde de la véritable voie, tandis que les deux autres étaient des gardien de la mort. Tous avaient pour obligation de mentir.
"Eh bien,
Lord Soren, doit-on envoyer un chevalier dans chacun des passages pour savoir lequel est le bon ?
-Non, ne ne pouvons sacrifier des vies. L'esprit de ce gouverneur est logique, et je l'ai bien compris. Il nous suffira donc de demander à l'un d'entre eux "qu'y a-t-il sous ces dalles ?", et celui qui répondra "rien" sera le véritable otage, gardant la voie à prendre."
Ils s'exécutèrent et passèrent ainsi entre les filets du premier piège avec brio, tandis que les hommes à leur trousse perdraient du temps à savoir quel chemin prendre.
Une fois à l'étage supérieur, le second piège les attendait. Plus qu'un piège, c'était un combat : le passage trop étroit pour que plus d'une personne ne s'y engage menait à une arène avec une armure au milieu. Il semblait évident que c'était là un chevalier en armure géant animé par de la sorcellerie, mais ce qui semblait moins logique par contre, c'était comment l'empereur pourrait passer avec ses hommes rapidement s'il y était obligé ; or ce-dernier pensait toujours à ce genre de chose, et
Soren le savait bien.
"
Sire Célérène, allez-y. Vous êtes le plus habile, et c'est de ça dont nous avons besoin maintenant. Non pas pour passer ce petit pont, mais pour vaincre notre adversaire. Vous trouverez son point faible, et tâchez aussi de trouver un interrupteur qui nous permettra de passer plus rapidement, nous cavaliers encombrants."
Khurios Célérène était l'archer dont la dextérité semblait divine. Bien des guerriers honorables avaient perdu l'âme face à ses flèches d'argent, et bien des batailles avaient été gagnées grâce à lui, grâce à son arc, grâce à son sang-froid. Dévoué et énergique, il était tout aussi puissant qu'un chevalier, même s'il n'en avait pas l'armure, en considérant que son intelligence n'en fusse pas une.
Il s'engagea donc avec foi dans ce face-à-face, une lueur de détermination dans les yeux, et la pupille brillante, il vit son ennemi prendre vie. Avec rapidité, il évitait les coups d'épée, cette lame gargantuesque qui filait en transperçant le vent. Il décocha quelques flèches au hasard, mais voyant leur inefficacité, il changea de tactique. Il attendit en effet que le monstre lui donne un coup d'épée pour l'esquiver et grimper le long de l'arme, s'accrochant aux fissures provoquées par les collisions avec le sol. Arrivé au pommeau, il escalada les gantelets, et parvint à remonter jusqu'aux épaulières. De là, il pouvait voir l'intérieur de la carcasse, et il y remarqua un mécanisme sophistiqué, et d'une flèche dorée qu'il réservait sûrement pour les grandes occasions, il bloqua les rouages en plaçant la tige incassable sur l'un d'eux. Placé si haut, et la chose s'étant arrêtée, il aperçut dans un renfoncement une corde attachée à une sorte d'anneaux en métal, la retenant. Tenté, il y décocha une flèche, et tandis que le bout de la corde s'enfonça dans le mur, le couloir s'élargit, et la porte à l'opposé s'ouvrie.
Dans la nouvelle pièce, une armée était déjà prête, et tout au fond,
Lord Reika, roi de cette belliqueuse nation dont
Soren devait stopper les attaques barbares, était assis sur son trône. Le temps sembla s'arrêter, les deux regards se croisèrent, et le reflet de la Lune passa à travers les fenêtres aux vitraux laids représentant des batailles que ce roi avait gagnées. Les deux secondes suivant l'entrée de l'armée vertueuse écoulées, l'armée vicieuse se lança déjà dans la bataille ; il n'avait pas fallu plus de temps à l'autre camp pour passer à l'offensive.
Un à un, les combattants tombaient, et les forces de
Soren semblaient avoir l'avantage, si l'on ne comptait pas le stress qu'il devait endurer, dû à l'arrivée imminente des renforts ennemis qui prendraient ainsi de revers les nobles Croisés qui s'acharnait contre les troupes du Malin.
"Rendez-vous, chevaliers corrompus. Vos batailles sanglantes sont finies, l'heure de la Libération à sonnée. Croyez-vous encore en cet homme,
Reisen Govka, qui vous a fait tuer d'innombrables innocents ? Je n'aurais de choix si vous restez sous ses ordres que de vous tuer, moi,
Virgo Soren, La Vierge Rédemptrice."
Il avait appelé leur roi par son nom et prénom d'enfance, ce qui était un signe d'irrespect. En effet, normalement, chaque grand guerrier ou homme d'état devait faire un anagramme de son nom, et ainsi cacher ses racines, pour ne pas jouir de privilèges. Cependant
Lord Raika n'avait jamais caché ses liens de parentés, ce qui avait d'abord provoqué des mouvements de haine à son égard avant d'être accepté.
Lord Soren, ou plutôt
Viren Sorog, avait rappelé à tous l'une des batailles entre ces deux nations ennemies, pendant laquelle il avait été surnommé La Vierge Rédemptrice, ayant fait plus de 500 victimes d'après les on-dit.
Rapidement, il se fraya un chemin jusqu'au commandant adverse, et ses troupes avaient pris un net avantage suite à la trahison vertueuse de plusieurs chevaliers. Le duel commença promptement, et rythmé par les fracas d'épées, aucun n'avait l'avantage. Cependant grâce à ses attaques enchaînées avec classe, il parvint à atteindre l'épaule du roi noir, qui reculant émit un sifflement. De suite, une flèche vint perforer le coeur de ce héros, puis une seconde, et une troisième. Le lâche ! Il avait placé des archers au-dessus de la porte par laquelle
Soren était rentré... Il n'était pourtant pas mort, et avec fougue et bravoure, il s'élança sur son adversaire, lui entailla le bras droit, et parvint à atteindre sa jambe droite également. Le félon perdit du sang, mais il n'avait pas de flèches plantées dans son dos, lui, et il pouvait encore voir distinctement. D'un revers de la main, il trancha la tête de la Vaillance incarnée...
Les archers, comme pour s'amuser, lâchèrent encore quelques flèches sur le cadavre avant de viser les traîtres et les chevaliers de la Noblesse, qui anéantis moralement, tombèrent un à un.
Célérène était le dernier debout, et le roi, vainqueur de l'affrontement vint vers lui :
"Dis-moi ton vrai nom, et joins-moi : tu auras la vie sauve."
En lui demandant ça, il lui demandait de renier son honneur et son grade, bafouant sa fidélité. "
Eshirène Eurckéo" répondit en se lançant sur le roi, parvenant à lui trancher la gorge d'une flèche d'or, puis une centaines de lames se plantèrent dans son dos. Dans un dernier souffle de vie, il s'adressa au successeur de
Soren :
"
Blaise... Le Destin de notre nation est entre tes mains... Une nouvelle ère naîtra."
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Bonne chance aux autres participants !
Akashiro, "Déicide Nihiliste".