Posté le 17/09/2012 16:23
Ganondorf dominait l’oracle de Farore de par sa grande taille, et il aurait fallu une tête de plus à celle-ci pour se mettre au même niveau que ses yeux. Ses tous petits yeux noirs. Etait-ce du désir qu’elle avait cru voir passer dans ces pupilles sans fond ? Son échine en frissonna de dégoût.
Le seigneur du désert parla d’une voix qu’il tenta de rendre douce, mais l’autorité du personnage y transparut malgré tout. Malgré, aussi, sa révérence impeccable.
-Etait ce de votre fait ou bien le destin, ma dame, qui nous fit nous rencontrer ? Je me plais à croire que les déesses désiraient que je fasse votre connaissance.
Il effectua un court revers de la main. Un instant plus tard, les nuages noirs se dissipèrent et les cieux reprirent leur teinte azure habituelle. Le soleil revint même briller sur la plaine. La démonstration de force était ainsi faite.
-Mais ne restons donc pas ainsi ! Faisons un bout de chemin ensemble... proposa-t-il comme si ce qui venait de se passer relevait de la météo habituelle. Et parlons de ce qui nous concerne tous les deux.
-Un bout de chemin ensemble ? se moqua la prêtresse, en observant la main tendue du Gérudo comme si elle allait lui cracher dedans. Vous parlez comme si vous étiez un simple cavalier de passage, et non un seigneur ennemi qui vient juste de mettre le feu au village là-bas.
En effet, loin derrière Ganondorf, de la fumée s’élevait toujours de Cocorico.
-Néanmoins, et même si je ne sais à quoi vous avez mis le feu derrière vous, je ne me montrerai point impolie. Les insultes ont dû pleuvoir sur vous comme il a plu sur Hyrule ces derniers jours, et l’intérêt d’en rajouter m’échappe. En plus de vouloir vous rencontrer, je désire moi aussi vous parler de ce qui nous concerne tous deux. Avec brièveté, mais concision.
L’oracle de vert vêtue contempla encore le seigneur noir. Elle pouvait clairement ressentir la puissance qu’il avait à sa disposition, oh que oui. Mais il avait volé la puissance de Farore, et c’était bien pour cela qu’elle ne se laisserait pas impressionner. Il était indigne de cette seconde triforce !
-Vous avez dérobé la puissance de la déesse que je vénère. Vous êtes l’élu de Din, et faîtes ce que bon vous semble de cette magie qu’elle vous a accordé – bien que je sois d’avis qu’il ne faille pas verser trop de sang en Hyrule, au risque de l’insulter. Grâce à cette magie, vous avez vaincu le Héros du Temps, et j’accepte cela. S’il est trop faible pour tenir tête au champion de Din, alors il n’est pas digne d’être celui de Farore.
La prêtresse avait conscience que ses paroles devaient bien faire plaisir au maître des voleurs. Mais cela n’allait pas durer.
-Je le suppose mort, alors il faut tourner cette page désastreuse de notre guerre. Et même vif, le seul moyen qu’il puisse regagner ma confiance serait qu’il vous reprenne la Triforce du Courage. Elle marqua une pause, durant laquelle ses yeux verts sombres se durcirent. J’en viens à la raison de ma venue. Vous n’avez aucun droit d’arborer cette dite Triforce, puisque vous l’avez volée. Volée au champion de ma déesse. Voici pourquoi je vous qualifie de profane.
La prêtresse aurait pu cracher à ses pieds, mais cela aurait été trop indigne d’elle, et trop caricatural. Elle s’entretenait avec un élu des dieux, et ne s’indignait pas comme une paysanne de Cocorico contre un vil seigneur mégalo-pyromane. Elle avait beau le voir comme un hérétique, Ganondorf méritait, pour elle, du respect. Ce respect n’allégeait pourtant pas son courroux envers lui.
-Je suis tout à fait contre l’idée qu’un être de la Terre puisse détenir les trois fragments d’une puissance descendue du Ciel. L’équilibre d’Hyrule, ou peut-être du monde, risquerait d’être anéanti par la faute de votre soif de pouvoir. Car ce qui vous motive à vouloir renverser la princesse de la destinée de son royal trône, c’est davantage la quête du pouvoir que celle de la paix, monseigneur… N’est-il pas ?
Ils le savaient tous deux : posséder la puissance de Din donnait le désir de gagner plus, encore et toujours plus de puissance. Mais en agissant comme il le faisait, Ganondorf s’opposait aux principes religieux de la prêtresse, elle-même soutenue par le Calixte de l’Eglise hylienne.
Mais il existait un potentiel terrain d’entente…
-J’aimerais vous poser une question, poursuivit-t-elle. Connaitriez-vous un certain jeune homme de noir vêtu, physiquement identique au Héros du Temps, à la différence que sa peau est sombre et que ses yeux sont rouges ?
La religieuse se souvenait de cet étrange jumeau de Link, qui était apparu à son regard près de la rivière Zora, lorsqu’elle se préparait à détruire verbalement une autre prêtresse du Temple du Temps qui avait eu le malheur de passer par là. Sans un mot, d’un seul geste, et avant de se transformer en brume, il lui avait fait comprendre sa volonté. Ou peut-être l’avait-elle comprise, parce que la déesse Farore le lui envoyait.
Ce sombre Link voulait être le nouveau Héros du Courage.
-J’ose espérer qu’il n’est pas l’un de vos mignons ?
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