Posté le 08/02/2013 17:10
« Ca fustige, ça faribole, ça farandole, ça danse, ça s’insconcience, ça se dandine, ça se farine, ça se plume, ça se déplume, ça se déshabille, et sur ses quilles ça gesticule, et tout ce que j’voudrais, moi, c’est le faire tomber sur son cul, ridicule. » Magicien du Kokirium, combattant farouchement faible, faiblement farouche, rouge d’efforts et fort en bouche, bougeant facilement sur les accords de la colère, lépreux de couardise sa lâcheté est tombée, il tenait sa baguettine entre ses doigts légers, la faisait tournoyer sans fatigue vers le ciel comme pour en extirper la substantifique pluie. Amorçant par un champ de force, forcé au recul par le sort, il sortit bredouille de son attaque, le Chevalier Noir sans honte. Les remous ingénieux des agités du bocal proposaient une danse, quelques claquettes entre paires de claques ; on évite les gros coups, les flaques de sang, les bassesses sans honneur, car Astre, ce qu’il voudrait lui, c’est juste humilier le gamin, lui faire voir la folie, celle à lier, celle qu’on mendie, elle accompagne le courage, elle donne l’adrénaline, câline, consolatrice, dominatrice ; c’est qu’elle est capricieuse, et qu’elle demande son quota d’expression par jour la folie. C’est une femme difficile.
Astre sentait dans son bras droit l’engourdissement doucement envahissant, vicieusement handicapant. Il secoua le membre fébrile, fragilisé par la riposte magique. Le hic, c’est qu’il fallait maintenant se battre contre deux adversaires. Serrant la tête, il s’apprêta à se relancer à l’assaut ; c’était sans compter l’apparition d’une merde tropicale arachnoïde gros comme trois pastèques, agressive, tapant des pattes, octo-bruyante, plutôt méchante la bestiole. Astre cependant pressentait l’effort magique soufflé dans la créature, il avait l’intuition qu’en décuplant les forces numérales il s’était affaibli. Ca donnait un Roshu diminué, et une crotte de nez des enfers mal déféquée. Deux choses gluantes qu’il fallait renvoyer à la poussière. Le Roi-Phénix inclina le chef, effaré et fatigué par l’inutilité de cette action. Le troufignon Phénix, c’était même pas une larve contingente, c’était un demi-guerrier, une épée sans un bras pour la tenir, ou plutôt un bras sans épée, ça piquait un peu mais sans plus.
Décimateur de monstres, il pourfendit la bête, en quête d’une victoire rapide. Il fut surpris de la rapidité de l’acte en vérité : il pensait que cette chienne octopède se serait mieux défendue, aurait gigotté du tronc pour glisser sur le sol, et empêtrait le dur salaud qu’il était dans un cercueil tissé.
Et raclant des bottes sur le sol en grain, qui grognait à la semelle ses insultes en diamant de sable, le Paladin « maléfique », magnifiquement mauvais, se posa en face du facétieux farceur Phénix. « Tu cherches l’embrouille, morveux ?! » qu’Astre lança, l’œil torve, accompagnant la violence verbale par la violence gestuelle. La pointe de son épée vint se planter à hauteur d’yeux du merdeux. « On se cherche ? on se trouve pas ? On se dit qu’on est pas fait pour répondre aux questions, qu’on préfère fuir que d’assumer le présent, et l’avenir ? Petite crevure... la prochaine fois que tu te sers d’un de tes petits amis répugnants, les couillonnes araignées géantes, je te tue. C’est dégoûtant, ça bave et ça pisse de la toile, à foutre tout un bordel que c’est pas croyable, qu’on croirait qu’une armée de tisseurs a perdu le fil comme on dit. » Astre rit de sa propre plaisanterie. Il s’essayait à un genre nouveau, une sorte de proximité plébéienne dans son phrasé de tenancier de province. Et d’ajouter à cela une sorte de touche poétique. « C’est rude, de jouer au rustre fruste et frustré ». Il éclata de rire, c’en était trop.