La fugitive

[ Hors timeline ]

Swann

Cygne Noir

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[ RP Privé ]


La matinée était bien entamée lorsque la dragmire surgit de l'arrière d'une des nombreuses petites maisons laissées pour abandon. A cadence assez lente malgré l'urgence de la situation, ses pas la menaient sur l'allée principale du petit hameau noirci fumant et étincelant de quelques braises encore chaudes. L'endroit sentait encore la mort malgré le temps qui s'était écoulé depuis la dernière visite du Trône en ces lieux ; quelques cadavres jonchant le sol laissait à suggérer que l'armée royale n'avait pas encore été mise au courant de ce qui s'était produit ici durant la nuit dernière. A dire vrai, dans le cas contraire, des soldats seraient présents pour mener leur petite enquête.

Elle avait marché pendant trois bonnes heures depuis Cocorico, d'où elle avait fini par s'enfuir, seule, sans ses troupes. Il ne devait plus en rester grand-chose à part les charrettes de prisonniers que Swann suivait à la trace. Mais elles devaient déjà être loin après tout ce temps, ce qui n'était pas plus mal ainsi. Il fallait éviter que l'ennemi ne se lance à leur poursuite, et c'est dans ce but qu'elle s'était appliquée à brouiller les pistes. Dans le cas contraire, cette petite surprise qu'elle avait concocté à la Sage de l'Ombre n'aurait été qu'une demi-réussite, même si la seule perspective d'avoir porté un rude coup au moral et aux forces de la Princesse était déjà assez réjouissante en soi.

C'est toujours vêtue de son habit blanc éclatant qu'elle laissa ses deux jambes céder face au poids des kilomètres parcourus. Une petite halte ne serait pas de refus quand bien même l'ennemi devait être lancé à sa poursuite. Mais elle ne pouvait pas se vider de ses forces plus longtemps, car il lui serait impossible de tenir un tel rythme tout au long du voyage qui devait la ramener au bercail. Et elle avait hâte d'y être.
Elle se laissa tomber dos contre les planches d'un mur, à l'ombre. Souffle court, esprit évasif ; elle essayait d'oublier l'affreux tiraillement à son épaule gauche, là où le vêtement était déchiré et rougi d'une longue tâche dégoulinante. La paume d'une main droite taillée par la lame d'une épée alla se poser contre cette douloureuse blessure afin de contenir ce qu'elle pouvait de son sang. C'est les yeux fermés qu'elle se permit quelques minutes de répit, en attendant de trouver suffisamment d’allant et de motivation pour se soigner elle-même.

Mais la Belle de Villarreal revint bientôt en état d'alerte lorsqu'au bout de quelques minutes elle entendit le bruit irrégulier de pas soulevant la poussière. Elle ne se releva pas pour autant car il semblait que c'était une personne seule qui s'avançait parmi les cendres. Et puisqu'elle n'entendait pas le cliquetis d'une armure en accompagnement, elle en conclut que ce n'était pas un garde esseulé et lancé à sa poursuite, tel un téméraire héros du peuple, qui traînait dans le coin. Alors elle garda son regard plongé dans le noir, sa main gauche allant juste se dissimuler sous sa cape pour y saisir le pommeau de son épée, par sécurité. Mais peut-être n'allait-elle pas avoir besoin de s'en servir, après tout. En tout cas, elle espérait que non.

Et c'est sans crainte qu'elle alla se perdre de nouveau dans d'inutiles pensées et de vieux rêves, en attendant que la personne présente en sa compagnie poursuive son chemin, loin d'elle.


Cecilia Iole Mentina


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[Le rp se passe une douzaine de jour après la conversation entre Swann et Cecilia à la rivière zora]



Le lieu était propre et bien rangé, comme si elle ne comptait pas rentrer chez elle. Suite aux événements qui s'étaient déroulés à la forteresse Gerudo, la jeune femme avait préféré prendre du recul et avait acheté une petite maison dans le bourg d'Hyrule. De toute façon, elle ne savait pas ce qu'étaient devenus ses anciens compagnons et elle s'en moquait bien : ce sentiment de trahison était toujours présent et elle leur en voulait de les avoir à moitié vendu lors de cette guerre. Juste avant de partir, la gerudo observa à nouveau ses bras, s'assurant que les marques qu'elle avait reçu pendant ce jour maudit avaient disparu. Elle avait du les dissimuler depuis plusieurs jours mais ses bras étaient redevenus normaux, elle n'avait plus besoin de les dissimuler sous ses vêtements ou son châle. Juste avant que le soleil se lève, elle quitta son domicile et prit son étalon avant de quitter le bourg d'Hyrule.

Cela faisait depuis plusieurs heures qu'elle parcourait la plaine d'Hyrule, le soleil s'était levé depuis un bon moment. Il n'y avait rien d'intéressant, le même paysage se répétait et aucune plante vraiment intéressante à regarder. Son regard se dirigea vers la vallée gerudo, elle était à plusieurs jours de route et pourtant, il y avait toujours ce petit pincement au cœur qui la perturbait. Elle se mit à sursauter lorsque quelque chose passa subitement devant elle mais elle reprit très vite son calme lorsqu'elle vit qu'il s'agissait de Papillon d'Hiver qui s'était déposé sur son nez.


"Hey toi, où étais-tu passé ?"

L'alchimiste se mit à sourire et leva sa main droite près de son visage pour permettre à son compagnon de s'y installer mais au lui de cela, ce dernier s'envola de nouveau dans la direction de la vallée comme s'il souhaitait qu'elle le suive. Elle se mit à soupirer et finit par changer de direction, suivant ainsi son petit compagnon.

Au bout de quelques minutes de route, les sens de la gerudo se mirent en alerte. Il y avait une présence dans les environs et elle avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Elle continua de suivre Papillon d'Hiver jusqu'à ce que ce dernier se pose sur un mur, juste derrière cette personne qu'elle avait senti depuis un petit moment. C'était une jeune femme qui se trouvait là et d'après ce qu'elle avait constaté, cette dernière avait senti qu'il y avait quelqu'un à proximité. Se demandant d'abord pourquoi l'insecte l'avait amené jusqu'ici, Cecilia observa davantage la jeune femme avant que sa curiosité s'empare d'elle. Elle connaissait bien cette femme, et le bijou qu'elle portait autour de son cou confirmait ses soupçons.


"Tiens tiens, je ne m'attendais pas à te revoir aussi vite."

Comment ne pas oublier ce pendentif de blasphème et ce collier qu'elle avait autour de son cou, elle les avait déjà vu il y a quelques jours et elle en avait offert un à une personne bien particulière. L'alchimiste regarda davantage sa sœur, c'était bien la première fois qu'elle la voyait dans une tenue aussi contrastée et il fallait avouer que le vêtement la mettait vraiment en valeur. "Elle est à croquer" C'était la pensée qui lui avait traversé l'esprit et qui lui avait arraché un sourire.

"Et dans une telle tenue en plus... Tu es vraiment magnifique."

L'étalon arriva finalement à hauteur de l'assassin et la danseuse mit rapidement un pied à terre tout en s'approchant de sa soeur avant que cette dernière ne voit ses blessures. Commençant à s'inquiéter pour elle, Cecilia se précipita à ses côtés et posa sa main gauche sur l'épaule intacte de l'hylienne alors que sa main droite était posée sur celle de sa soeur alors qu'elle tentait de compresser sa blessure. Elle regarda pendant plusieurs secondes le sang imbiber son haut avant de reposer son regard sur Swann pour ne plus quitter ses yeux.

"Tu es blessée ? Qu'est-ce qui s'est passé et pourquoi es-tu toute seule dans la plaine ?" Elle ne tenait plus en place maintenant qu'elle savait que sa soeur était dans un sale état. Ses yeux se dirigèrent à nouveau vers cette plaie et le sang qui s'en écoulait la rendait malade. Elle ne pouvait pas rester là à rien faire en attendant que l'assassin réponde à ses questions, il fallait qu'elle agisse maintenant. "Je vais m'occuper de cette blessure, ne t'inquiètes pas."

Et sans attendre une réponse de son interlocutrice, l'alchimiste fouilla dans sa sacoche avant de sortir plusieurs instruments avant de se mettre à genoux pour se retrouver à hauteur de sa sœur. La blessure ne semblait pas vraiment grave mais si elle n'était pas soignée à temps, l'assassin pouvait facilement se vider de tout son sang. Pour la rassurer, Cecilia posa à nouveau sa main gauche sur la sienne et continua de l'observer. Dès qu'elle retirerait sa main de cette vilaine plaie, elle s'occuperait immédiatement de la soigner.


Swann

Cygne Noir

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Aussitôt les premiers mots lâchés par la nouvelle venue, l'assassin laissa échapper un large sourire, sans rouvrir les yeux. Nul besoin de poser son regard sur elle pour reconnaître la jolie Mentina et sa voix douce et bienveillante. A peine laissa-t-elle son iris grisâtre se découvrir lorsqu'elle la complimenta sur sa tenue ; si elle avait su qu'elle lui plairait autant, elle aurait fait attention à ne pas la tâcher. Mais comment aurait-elle pu seulement savoir qu'elle retrouverait sa Sœur de Feu en une telle journée, après tout ce qui s'était passé ? Cela tenait presque du rêve. Peut-être en était-ce un, d'ailleurs ? La coïncidence était tellement troublante qu'on pouvait se poser la question.
Cependant, Swann savait que ça n'en était pas un, et c'est pour cela que son sourire ne s'effaçait pas. Elle ne parvenait pas à s'en défaire, pour on ne sait quelle raison. C'était nerveux, elle voulait presque rire de cette rencontre hasardeuse. C'était à croire que leur destin - si tant est qu'elle croyait à ça, ce qui n'était pas le cas - les réunissait quoiqu'il advienne, quelque soit la situation. C'était semblable à cette nuit, à la Forteresse Gérudo, lorsqu'elle avait aider Cécilia à fuir.

Son deuxième œil s'ouvrit alors que l'alchimiste s'était placé face à elle pour se rendre compte de l'état de ses blessures. Rapidement, elle voulu s'enquérir de son état et de la raison de sa présence ici, loin du Désert, loin de son refuge. Loin de sa nouvelle famille. « Je t'en pose, des questions ? », soupira-t-elle avec humour ; elle n'avait aucune envie de lui révéler son attaque sur Cocorico - elle le devinerait d'elle-même lorsqu'elle aura eu vent de l'attaque -, et elle n'en avait pas la force également. Son assaut et les longues heures de marche l'avaient épuisées.
Dans la foulée, elle se mit à rire tout doucement, un premier rire depuis de longues semaines sans avoir trouvé le temps ou l'envie de s'amuser un peu. Là encore, c'était nerveux. Il alla crescendo, pour devenir plus fort, moins contenu, plus sincère. « C'était forcément toi. Ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre. Impossible ! » Lâcha-t-elle pour s'essayer à un semblant d'explication quant à ce rire venu de nulle part.

Son sourire s'effaça en partie, laissant sa mine se réjouir encore un peu plus longtemps. Elle ne savait trop ce qui lui arrivait pour se laisser autant aller à ce moment précis ; peut-être le fait de refouler ses sentiments depuis tout ce temps. Ou peut-être juste parce qu'elle le méritait plus que tous les autres de la voir ainsi. Heureuse. A croire qu'il suffisait de sa seule présence pour lui faire oublier tout le mal qu'elle avait fais le matin même.

Elle retira la main de sa plaie pour laisser la guérison de sa blessure entre les habiles mains de la gérudo. Son regard se déporta sur les instruments couchés par terre avant que ses sourcils ne se froncent, par inquiétude. Elle n'aimait pas trop toutes ces lames, et avait plutôt l'habitude d'user de potions pour oublier la douleur, et puis attendait que la plaie ne se referme d'elle-même avec le temps. Ou alors, elle demandait à une magicienne de se mettre à exécution : c'était tout aussi douloureux, mais moins long. Mais les mages de soins ne fleurissaient pas dans la plaine, malheureusement.

" Tu vas pas utiliser tous ces trucs, hein ? " Demanda-t-elle auprès de son amie, son regard allant se plonger pour la première fois de la journée dans les deux émeraudes qu'elle connaissait parfaitement. C'est la qu'elle s'en rendit compte, en fait ; puisque aussitôt qu'elle y plongea, elle se fit plus rêveuse qu'autre chose. Absorbée par eux, comme d'habitude. Discrètement, elle en perdit son air ravi, jusqu'à ce qu'elle puisse se défaire des yeux de son amie pour se déporter sur ses mains et sa blessure. Ainsi, elle se sentirait plus à l'aise.


Cecilia Iole Mentina


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Sur le coup, l'alchimiste regrettait d'avoir posé autant de question à sa sœur. Si elle répondait sur la défensive, c'est que cette réponse avait de grandes chances de la froisser. La jeune femme se mit à soupirer, dans quelles ennuis s'était-elle encore fourrée ? Malgré son ton joyeux et ses explications, la gerudo n'était pas totalement rassurée, c'était l'incompréhension qui continuait de la hanter. Quelque chose lui disait qu'elle allait apprendre la raison de ce malaise dans les jours qui allaient venir et en tentant de soigner l'assassin, elle continuait d'affronter les lois d'Hyrule et de trahir la princesse. Néanmoins et même si elle s'était jurée de protéger la couronne, elle ne pouvait pas abandonner sa sœur, même si elle était malheureusement dans le camp adverse.

Swann retira sa main de sa plaie, autorisant ainsi Cecilia à lui donner les premiers soins. Les outils qu'elle avait sortit semblait en tout cas l'effrayer d'après la question qu'elle venait de lui poser. La jeune femme s'arrêta pour la regarder sans dire un seul mot. Leurs regards s'étaient croisés pour la première fois de la journée et pourtant, l'assassin perdit son sourire et détourna ses yeux rapidement. L'alchimiste se mit à sourire avant d'essayer de la "rassurer".


"Si tu te laisses faire, je n'aurais pas besoin d'utiliser tout mon matériel..." Elle se mit à rire avant de continuer. "Et je n'ai pas l'habitude d'utiliser des méthodes radicales et douloureuses lorsque je soigne des personnes, tu n'as pas à t'inquiéter."

La gerudo s'approcha de sa sœur avant de regarder en détail sa blessure. D'après ce qu'elle voyait, la blessure devait être récente car elle ne s'était pas du tout refermée. Cette même question ne cessait pas de lui revenir en tête, qu'est-ce que Swann avait fait pour avoir cette blessure ? Elle garda le silence malgré tout et détourna le regard pour prendre un flacon dans son sac.

"Cela risque de faire légèrement mal mais il faut que je nettoie cette plaie." Elle s'arrêta un instant et se mordit les lèvres suite à la pensée amusante qu'elle venait d'avoir. Elle tourna son regard vers Swann avant de faire un grand sourire et se décida à dire ce qu'elle pensait tout bas. "Ce serait triste de devoir couper une partie de ton corps car cette dernière a été sévèrement infectée. Tu es bien plus jolie comme ça..."

Elle continua de regarder sa sœur mais elle ne put garder son calme plus longtemps et se mit à rire. La jeune femme était dans une situation délicate et pourtant, elle continuait de s'amuser et de l'effrayer, infâme sœur qu'elle était. Une fois qu'elle put reprendre son calme, Cecilia posa sa fiole à terre avant de poser ses deux mains sur celle de Swann. Son regard était dirigé vers ses yeux et l'alchimiste pencha légèrement la tête sur le côté et se mit à sourire.

"Mais on n'en arrivera pas là, je te le promets." Pendant plusieurs secondes, elle la regarda droit dans les yeux avant de prendre une inspiration et d'aborder le vif du sujet. "Allez, je vais m'occuper de ta blessure. Les premières secondes vont être légèrement douloureuses mais ça ira mieux après."

Elle détacha lentement ses mains de celles de l'assassin avant de récupérer la potion pour l'appliquer sur sa blessure. Étant donné que ce baume contenait un peu de l'alcool pour nettoyer la plaie, il était sûr que le contact avec la plaie allait être douloureux. Mais malheureusement, elle était obligée de passer par là si elle souhaitait la soigner du mieux qu'elle pouvait.

Une fois la partie la plus douloureuse terminée, l'alchimiste se mit à chantonner pour détendre l'atmosphère. Elle prit quelques compresses et s'attela à la tache pour terminer son travail le plus vite possible. Elle voulait vraiment parler davantage avec sa sœur car après tout, cela faisait depuis un moment qu'elle ne l'avait pas vu...


Swann

Cygne Noir

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Le sourire et la bienveillance de la gérudo eut tôt fait de dissiper tous les doutes de la dragmire. Un instant, elle regretta qu'elle ne se soit pas connu plus tôt, qu'elle soi née avec cette force intérieure caractéristique aux braves et aux justes. Comme Swann lui enviait cette naïveté... cette légèreté qu'elle avait éprouvé auparavant. Lorsque pour elle, une moitié du monde était blanche, l'autre noire. A présent tout était d'un gris morose, éternel. N'y avait-il rien en la Mentina qui puisse lui faire comprendre le monde dans lequel l'ancienne ambrée avait décidé de trouver refuge ? Existerait-il, à jamais, ce gouffre béant qui les séparait et qui ne cessait de se creuser, alors que l'une comme l'autre s'efforçait de ne pas se lâcher la main, chacune occupant l'un des côtés ? Et qu'arriverait-il lorsque le gouffre deviendrait trop grand ? Se séparerait-elle ? Est-ce que l'une d'entre-elle tomberait ? Ou est-ce qu'elle parviendrait à faire basculer la danseuse de son côté ? L'angoisse s'éprit de Swann tandis que Cécilia se mit à rire gentiment. Un bref sourire de circonstance s'afficha sur ses lèvres.

Encore, elle continuait de la rassurer ; si seulement... oui, si seulement. Cela deviendrait plus facile, plus limpide pour elle. Mais qu'est-ce que l'Amour face à la Loyauté si ce n'est un sentiment difforme, complètement incontrôlable face à une forte valeur propre aux plus grands. Encore en ce jour, elle était persuadé - ou peut-être essayait-elle de se persuader - que le monde qu'elle allait façonner finirait de la convaincre que c'était elle qui voyait juste. L'alchimiste pouvait même comprendre cela avant : il ne suffisait que d'une étincelle, un simple fait dans sa vie pour qu'elle bascule tout comme celle de la Fille de Ganondorf.

Elle inspira profondément, ses muscles se raidirent lorsque le baume pénétra la plaie. Elle ferma les yeux pour mieux canaliser sa douleur, et s'échappa vers de nouvelles pensées et interrogations pour la faire passer plus vite. Elle laissa la lumière du jour se refléter de nouveau dans son regard lorsque la gérudo se mit à chantonner doucement. Swann l'observa en silence, le regard braqué sur son visage, alors qu'elle continuait de nettoyer et de panser sa blessure. Qu'aurait-elle pu espérer de mieux que cela, une amie, prête à se mettre en danger rien que pour l'aider un peu à se remettre sur pieds. Pourquoi perdait-elle son temps avec une femme comme elle ? Cécilia méritait tellement mieux que cela. Et la dragmire maudirait éternellement le garçon dont elle lui avait parlé pour n'avoir su apercevoir toute l'attention et le bien qu'elle pouvait faire autours d'elle.

Pourtant, alors que la jeune femme continuait ses soins, le Cygne Noir sembla distinguer quelque chose d'anormal. Une sorte d'angoisse, même si le mot devait être fort pour décrire la situation ; en tout cas, elle semblait penser à autre chose, elle aussi. Et il y avait de quoi ! La pauvre devait se poser tout un tas de question à son propos. Mais y avait-il autre chose, qui n'ait aucun rapport avec la dragmire ? Elle n'en savait rien, et vu que le silence s'était abattu en douceur, malgré la chansonnette de la danseuse, elle décida de le rompre d'elle-même.

" Quelque chose ne va pas ? " Demanda-t-elle, la voix faible, le ton inquiet.

Si elle n'avait pensé qu'à son cas personnel, elle devait se faire du souci à propos de sa sœur. Mais Swann s'en voudrait si elle laissait passer quelque chose d'important dont la jeune femme voudrait éventuellement se délaisser. Peut-être même était-ce cela qui la poussait à être aussi attentionnée envers les autres ? Quelque chose de profond, d'enfoui. Après tout, il était rare de trouver des gens qui pensent d'abord aux autres avant eux-même dans un tel monde.

" C'est à cause de moi ? Ou autre chose ? " Insista-t-elle, afin que la gérudo ne tente pas d'éviter le sujet.

Mais il n'y avait peut-être rien. Cela pouvait être un bête sentiment ; ou bien posait-elle les questions qu'elle aimerait bien qu'on lui pose ? Non, ça n'aurait pas de sens. Quoiqu'il en soit, il semblait qu'un malaise tarisse la jeune femme, et Swann, dans un sursaut de... d'attention, préférait s'assurer qu'elle faisait fausse route.


Cecilia Iole Mentina


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Alors que Cecilia s'était focalisée sur la blessure de sa soeur tout en tentant de détendre l'atmosphère, sa soeur vint briser cette ambiance calme en commençant à lui poser des questions. Son ton inquiet montrait que Swann avait remarqué cette petite gène qui s'était emparée de la jeune Mentina et pourtant, elle n'avait pas envie de répondre à cette question. Elle reprit sa chansonnette tout en continuant son travail mais l'assassin ne baissa pas les bras et posa à nouveau des questions qui étaient malheureusement très difficiles à esquiver. L'alchimiste stoppa net son travail et se mit à soupirer avant de tourner son regard vers sa sœur. Sur le coup, elle ne savait pas vraiment si elle devait lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur ou si elle devait nier.

La gerudo détourna à nouveau le regard et se remit à la tâche sans dire un seul mot. Elle prendrait le temps plus tard pour lui répondre, elle préférait rester concentrée pour terminer de soigner sa sœur car n'importe quelle erreur d’inattention pouvait lui laisser des séquelles. De toute façon, il ne lui restait plus grand chose à faire, elle pouvait bien attendre quelques minutes avant d'avoir sa réponse. Mais elle ne put retenir davantage ses pensées et quelques mots finirent par s'échapper de sa bouche.


"Ce n'est pas toi..."

Tellement concentrée, Cecilia ne s'était même pas rendue compte qu'elle venait de prononcer ces mots et termina son travail. La plaie était nettoyée et le bandage qu'elle lui avait mis était bien solide, toute cette histoire serait terminée dans quelques jours... Enfin, connaissant sa sœur, elle aurait à nouveau des ennuis rapidement si elle continuait dans cette voie néfaste, mais la raisonner ne servirait à rien. La jeune femme le savait, elle était impuissante et elle pouvait juste rester là à regarder sa sœur faire le mal autour d'elle. Elle ne savait pas quoi faire pour l'en empêcher, du moins pour l'instant.

La danseuse rangea tout son matériel dans sa sacoche avant de regarder le ciel. Quel sujet pouvait-elle aborder ? Est-ce qu'elle devait vraiment répondre à Swann ? La politesse dirait oui mais il y avait tellement de sujets qu'elle voulait simplement esquiver avec elle, surtout depuis qu'elle connaissait la vérité. Elle prit une grande inspiration et se décida à répondre à sa question.


"Tu sais bien ce qui me gène... C'est à cause de lui si tu te retrouves dans un état pareil et te voir risquer ta vie, alors qu'il est tranquillement sur son siège en train de déplacer ses pions, m'énerve..." Cecilia dirigea son regard brièvement sur Swann avant de le détourner. "Enfin, je n'ai pas envie d'aborder ce sujet sensible."

De toute façon, Swann savait bien ce que Cecilia pensait des dragmires. Cette nuit à la rivière Zora, elle s'était même promise qu'elle ferait tout pour la sortir de là. La manière la plus directe de résoudre le problème était de s'occuper de la vraie personne responsable de tout cela, mais comment défaire un monstre aussi fort ? Elle devait voir le problème sous un autre angle et trouver une solution adaptée, même si elle devait pour cela devenir l'ennemie de sa sœur.

La danseuse se mit assise et regarda l'assassin. Elle ne savait pas vraiment quoi dire car elle ne savait pas ce que pensait Swann à ce moment précis après ses paroles assez maladroites. Elle décida de rester concentrée sur le vif du sujet et sur la raison pour laquelle elle a commencé à aider sa sœur.


"Ta plaie est soignée, essayes juste de ne pas trop faire de bêtises car tu as peut-être eu qu'une simple égratignure, mais on ne sait pas ce qui pourrait arriver la prochaine fois."

Plus le temps passait et plus elle avait peur pour Swann. Pourtant, elle savait bien de quoi elle était capable mais elle n'était pas à l'abri du danger. Elle essayait maladroitement de cacher son malaise en souriant tout en regardant la jeune femme dans les yeux. Si seulement elle avait été là au bout moment pour l'aider...


Swann

Championne d'Aegis

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Elle dû attendre longtemps pour avoir un simili de réponse, mais quel ne fut pas son soulagement à ses premiers mots. Déchargée d'un poids, elle se dit d'abord que ça ne devait pas être bien grave, que ce qui taraudait Cécilia devait être une simple humeur passagère. Mais à mesure que Swann attendait une explication, elles se contentait de moins en moins de ces mots ; ce n'était pas une question de confiance, ou de sincérité, car elle savait que jamais sa sœur n'oserait. C'était juste le ton employé... cela semblait pénible pour elle. Et tout de suite, la discussion à la Rivière Zora lui revint, et elle soupira intérieurement, espérant ne plus jamais en venir à la situation finale : ce déchirement, et la sensation de perdre quelque chose de trop important, à tel point qu'elle en perdrait probablement la raison. Si une chose comme ça devait arriver, le Cygne Noir ne s'en remettrait probablement pas cette fois.

Et finalement, tout ce qui rendait ce joli minois plus morose qu'il n'aurait jamais dû l'être n'était la faute que de cet homme, Ganondorf. Un instant, la dragmire pensa qu'elle n'aurait jamais dû tout lui révéler l'autre nuit, car c'était beaucoup à encaisser en peu de temps. Si en plus ces révélations attristaient la danseuse, alors elle regrettait encore plus. Cela partait pourtant d'une bonne attention : tout révéler, ne rien cacher de plus à celle à qui elle avait le plus confiance. Mais sur le coup, elle n'avait pas pensé aux répercussions négatives, comme d'habitude. Elle pesta en silence, se traita d'idiote, et se promit de tourner sa langue au moins sept fois dans sa bouche avant de sortir une autre ânerie.

Cécilia ne voulait pas perdre son temps à ce sujet, de toute façon. Elle s'assit face à la brune aux yeux vairons, puis montra de nouveau sa facette habituelle, bienveillante et inquiète. Ne prenait-elle jamais le temps de penser à elle ? Ou voulait-elle le faire croire ? Bah, qu'importe... ce n'était pas en retournant la question mille fois dans sa tête que Swann y aurait trouvé la moindre réponse.

" Comme d'habitude, tu t'inquiètes trop. Je suis toujours en vie, non ? Malgré toutes ces blessures, et malgré tous mes ennemis, je suis toujours là ", lança-t-elle, confiante. " Pense un peu à toi aussi, et cesse de te faire du soucis à mon propos, d'accord ? " Dit-elle, le sourire aux lèvres.

La dragmire souhaitait à tout prix que la gérudo cesse de se faire des frayeur à son propos. Et puisqu'elle ne voulait pas discuter de sujets sérieux et sensibles, le mieux était encore d'aborder avec légèreté la discussion. Et cela faisait bien longtemps que la jeune femme aux larmes noires ne s'était pas laissé aller à ce petit jeu. Il y avait bien eu cette nuit au Lac Hylia, mais ça remontait déjà à quelques semaines... et puis ce n'était pas un si bon souvenir que cela pour elle.

" Tu devrais prendre un peu de bon temps, te lâcher un peu. Bon, évite de boire de l'alcool ceci dit, tu ne tiens pas du tout ", sourit-elle, l'humeur taquine. " Enfin... bref. Tout ça pour dire... 'fin. J'sais pas. Je ne comprend pas pourquoi tu m'aides encore. 'fin, si ! Je sais, évidemment. Mais ça me dépasse. Tu mérites mieux qu'une fille qui te bourre la gueule et qui t'oblige à jouer au poker avec des règles... osées, dirons-nous ", soupira-t-elle en faisant tomber sa tête en arrière, contre le mur, pour regarder le ciel.


Cecilia Iole Mentina


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Elle n'avait pas cherché à défendre ses intérêts et ceux du monarque et cela avait choqué l'alchimiste. La dernière fois qu'elles en avaient parlé à la rivière zora, la tension était très présente et le sujet était rapidement devenu tendu. Elles n'avaient pas envie d'aborder ce sujet car chacune savait sur quoi cela pouvait déboucher. Intérieurement, elle ne pouvait pas s'empêcher de remercier sa sœur d'esquiver le sujet sensible mais elle ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle l'entendit dire qu'elle s'inquiétait trop. Malheureusement, c'était dans sa nature de s'inquiéter pour n'importe qui, que ce soit pour des personnes qui le méritent et qui ne le méritent pas, et elle n'allait pas changer en quelques jours.

La suite de la conversation impressionna encore plus la gerudo. Elle avait vu la petite référence à cette soirée au lac Hylia où elle avait bu la fiole d'alcool que sa sœur avait pour éviter qu'elle noie ses problèmes de cette manière. Néanmoins, elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander si l'assassin ne la confondait pas avec quelqu'un d'autre car elle n'avait aucun souvenir d'une soi-disant partie de poker avec des règles osées. Il fallait dire qu'elle ne se souvenait pas de grand chose de cette soirée, il y avait un énorme trou noir entre le moment où elle s'était retrouvée dans l'eau et le moment où elle s'était réveillée. Qu'est ce qui s'était vraiment passé ce soir là ? C'était vraiment la question qu'elle se posait.

Cecilia ne put s'empêcher de rire et passa sa main dans ses cheveux tout en repensant à ce que Swann venait de lui dire. Elle savait qu'elle avait raison et pourtant, elle n'allait pas changer ses habitudes : elle avait toujours fait passer les autres avant elle-même car cela faisait depuis trop longtemps qu'elle se préoccupait de sa propre vie, provoquant la mort de beaucoup d'innocents. C'était un peu sa façon de réparer ses erreurs.


"J'avoue que ce soir là, j'y suis allée un peu trop fort. Je ne bois pas beaucoup d'alcool et je savais ce qui allait se passer si je buvais d'un trait la fin de ta bouteille... Et pourtant je l'ai fait, je n'aime pas voir ma sœur noyer ses problèmes dans l'alcool. J'ai déjà eu du mal à te soutenir lorsque nous nous sommes vues au cimetière, il fallait bien que je mette toutes les chances de mon côté cette fois-ci..."

La jeune femme se mit à soupirer. Ce sentiment d'impuissance la torturait de nouveau, elle aurait tellement aimé que tout soit comme avant, qu'elle soit toutes les deux dans Rédemption et qu'elles continuent à défendre Hyrule. Swann avait fait beaucoup d'erreurs et pourtant, l'alchimiste savait qu'elle pouvait tenter de ramener sa sœur à la raison. Ce n'était pas le bon moment pour le faire mais elle avait déjà quelques idées en tête, il lui fallait juste le temps de tout préparer pour le moment venu.

"Je sais que je m'inquiète trop pour les autres et que je ne m'occupe pas assez de moi-même mais... " Elle marqua une petite pause puis regarda le ciel. "C'est ma façon d'expier mes péchés après toutes ces années dans le mensonge et le sang..."

Elle se mordit la lèvre tout en se souvenant de cette période noire qu'elle avait vécu. Elle avait beau tenté d'oublier tout ça, les morts lui revenaient en mémoire. Elle n'a fait que récolter ce qu'elle avait semé : elle avait sacrifié beaucoup de vies pour sauver la sienne. Cecilia se frappa la tête avec sa main droite avant de la secouer pour sortir toutes ces mauvaises pensées de la tête avant de reprendre.

"Excuses moi, je ne devrais pas repenser à de tels moments." Elle détourna le regard vers Swann avant de sourire. "Je devrais plutôt profiter de l'instant présent et du fait que nous sommes à nouveau réunies. Lorsque nos chemins se sépareront, je ne sais pas quand est-ce que nous nous reverrons après cela..."

Elle posa sa main sur celle de sa soeur sans quitter son regard. Elle savait bien qu'à nouveau, elle ne la reverrait pas avant un moment et elle espérait qu'elle ne soit pas à nouveau dans une situation délicate. Cecilia avait toujours été là pour l'aider mais que se passerait-il si jamais elle n'intervenait pas à temps ? Cette pensée la fit frissonner et sur le coup, la gerudo détourna le regard et perdit son sourire.


Swann

Cygne Noir

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Le regard de Swann alla se poser tranquillement sur sa sœur lorsqu'elle reprit la parole. En évitant de parler de sujets sensibles comme sa présence sur les terres de la Princesse et, encore une fois, les dragmires, elle avait évité de plomber l'atmosphère. Et c'était déjà assez dures pour l'une comme pour l'autre de se savoir obligée de se quitter une fois de plus, à cause de cette guerre. Elle aurait préféré rester avec elle, mais ça l'aurait mis en danger ; rien que cinq minutes, c'était déjà trop de risques à prendre. Mais au fond, elles ne s'en rendaient même pas compte, ou si peu. La gérudo se souciait visiblement trop du sort de l'assassin, tandis que ce dernier continuait de se mettre constamment en danger.

Cécilia parlait d'expier ses péchés ; la première question que se posa alors Swann alors fut : Pourquoi ? Un moment, elle eut de la peine pour elle, car elle cherchait à se racheter une conduite. Son passé pesait sans doute trop lourd sur ses petites et frêles épaules, mais agir comme le faisait ne servait à rien. Cela, la dragmire l'avait compris depuis longtemps. Une vie prise de force n'a aucun prix, pas même le fait d'en sauver plusieurs milliers, car à jamais cette vie n'aura pas le loisir de découvrir le monde. Quelque soit le nombre de personnes que Cécilia avait pu faire enterrer, ce n'était pas en agissant ainsi qu'elle se ferait pardonner. Les morts, hélas, ne pardonnent jamais leur meurtrier.

La brune aux larmes noires saisit la main de son amie dans la sienne pour la rassurer après ses dernières paroles. Elle souffla : « La seule chose que je sais, c'est que l'on se reverra. Ça me suffit », dit-elle alors qu'elle s'asseyait sur ses genoux, plus proche de sa sœur de feu, sans lâcher sa main. Elle la laissa libre cependant pour ne pas la lui tordre alors qu'elle passait à côté d'elle, puis presque dans son dos, un peu sur sa gauche. Elle la serra alors dans ses bras, d'abord en silence. La dragmire retrouva alors la même sensation qu'habituellement ; un sentiment de sécurité, et d'être seule au monde avec cette femme. Sa voix se fit alors entendre dans un long et doux murmure, qu'elle voulait aussi rassurant que possible.

" Nos fautes, on ne les efface pas, tu sais. Et on ne les contre-balance pas avec toute la bonne volonté du monde ; on vit avec, tout simplement, on les supporte et, sans les oublier, on essaie de faire mieux la fois suivante. " Elle marqua une courte pause. " A vivre pour les autres, on y perd plus qu'on y gagne... et on en oublie ce que l'on veut réellement. Et un jour, on est déçue par les gens, par des amis, par des proches... et là, on tourne mal. "

Le regard perdu sur le mur en bois, Swann avait l'air pensive. A mesure qu'elle avait dis tout cela, elle se souvenait de sa propre expérience, de ses échecs, de ses déceptions. Toutes ces années dans l'Ordre où elle avait pensé faire le bien en assassinant de mauvaises gens, son entrainement durant toute son adolescence ne faisant d'elle rien d'autre qu'un bras tueur et vengeur. Trop occupée à se battre pour cette terre, elle en avait oublié qui elle fréquentait. Plus jamais cela ne se reproduirait, car dorénavant, elle avait les cartes en main pour mener sa vie. Il lui fallait juste quelques semaines de plus pour grimper vers la lumière, et pendant ce temps, elle patienterait dans l'ombre.

" Il faut vraiment que tu réfléchisses à tout cela, Céci'. Je ne veux pas forcer les choses ; je dis juste ce que je pense. Voler une vie, c'est irréparable quoique l'on fasse, et un jour on doit payer. Mais en attendant, on doit vivre selon notre nature en essayant juste de ne pas commettre les mêmes erreurs. "


Cecilia Iole Mentina


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Cette baisse de moral ne dura pas longtemps, Swann avait réagit rapidement pour tenter de remonter de rassurer l'alchimiste. A vrai dire, elle y arriva qu'à moitié car la jeune femme n'était pas totalement convaincu de ce qu'elle disait. Après tout, l'avenir était incertain et tout pouvait arriver, elle ne pouvait pas prévoir le jour où elle partirait définitivement et cela l'effrayait. Mais ces pensées noires disparurent complétement lorsqu'elle vit l'assassin s'approcher davantage d'elle jusqu'à l'enlacer. Cecilia resta abasourdie, elle ne s'attendait pas à un tel geste et elle se sentait stupide. Elle avait l'impression d'être de nouveau à cette soirée où elle avait tout avoué à sa sœur et elle se sentait stupide, revenir encore et encore en arrière ne résoudra jamais les choses, bien au contraire...

La voix rassurante de la jeune femme l’apaisait et lui faisait oublier tous ses soucis. Mais vivre sans se soucier des autres lui semblait impossible, elle avait toujours vécu comme cela. Les paroles de Swann semblaient lui montrer des choses qu'elle n'avait jamais imaginé et pourtant, un frisson parcourut son corps. Elle avait du mal à l'admettre mais elle avait peur.


"Tu sais... J'ai tellement été habituée à obéir aux ordres et à m'occuper des autres que je ne saurais même pas quoi faire de ma propre vie. Et j'avoue que penser à un avenir incertain me fait peur..."

Cecilia se recroquevilla sur elle-même. L'étreinte de sa sœur lui réchauffait le cœur et tous ses soucis semblaient s'envoler. Elle avait pris l'habitude de vivre seule et de s'accrocher à peu de personnes et pourtant, il fallait toujours qu'elle aide les autres même si elle ne les connaissait pas. En devenant l'un des leaders de rédemption, elle s'était engagée à protéger la couronne et pourtant, elle ne pouvait pas faire de mal à sa sœur qui était tout de même une ennemie. Elle avait l'impression de la trahir en gardant toujours ce secret au fond d'elle, c'était vraiment une chose qu'elle ne pouvait pas lui dire.

Elle regarda brièvement sa sœur avant de regarder à nouveau le ciel. Il semblait annoncer une journée paisible et pourtant, l'alchimiste n'en était pas convaincue suite aux blessures de sa sœur. Pour éviter de repenser à nouveau à ce petit problème, Cecilia se mit à soupirer et changea de sujet.


"L'alchimie est une vraie passion, je souhaitais vraiment aider les gens grâce à mes découvertes. J'ai toujours pensé aux autres, mais la seule fois où j'ai pensé à moi-même..." Elle s'arrêta net tout en repensant à ce qu'elle allait dire avant de soupirer et de baisser la tête. "Cela m'a laissé des mauvais souvenirs..."

Elle ferma les yeux et secoua violemment la tête. Cela l'énervait de repenser à cela et savoir que ces souvenirs allaient la hanter encore et encore ne lui remontait pas le moral. Elle ne cessait pas de repenser à ce que Swann disait et commença à mesurer le pour et le contre. Après tout, l'assassin avait décidé de prendre sa vie en main et elle était dans le camp adverse. Est-ce que écouter ses désirs pouvait conduire au vice ? La gerudo n'en serait sûre que si elle tentait mais c'était la dernière chose qu'elle avait vraiment envie de faire.

"J'ai peur de laisser libre court à mes envies, et devenir tellement aveugle que cela pourrait nuire aux autres..."

Cette dernière phrase était risquée car elle disait tout haut ce qu'elle pensait tout bas de sa "nouvelle famille". Mais au final, elle ne savait pas vraiment quoi en penser, ni quoi faire de sa propre vie. Il fallait juste se contenter de ce qu'elle faisait en l'instant présent et faire ce qu'elle faisait tout le temps : s'occuper des autres. Elle ferma les yeux et se laissa porter par l'étreinte de Swann, si seulement cet instant pouvait durer encore et encore....


Swann

Cygne Noir

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Swann écoutait la jeune Mentina avec la plus grande attention, la tête reposée contre son épaule et sans défaire son étreinte. C'était ainsi qu'elle se sentait le mieux, encore plus ce jour-là, son cœur noir battant au même rythme que celui qu'il avait choisi alors qu'un vent froid enveloppait leur deux corps. Elle n'avait pourtant aucun frisson, le contact de la danseuse lui tenant particulièrement chaud, à telle point que des bouffées de chaleur ne cessaient de se faire sentir par à coups.

L'hylienne se permit quelques pensées issues de rêves vus et revus lors de ses nombreuses nuits depuis que Kelya était défaite ; enfin, elle n'avait plus ces marques de fatigues et ces cernes sous ses yeux vairons. Depuis bien longtemps elle n'avait su s'endormir aussi heureuse pour y voir ce qu'elle aimait le plus dans ce monde meurtri par la guerre. Et ce n'était pas la discussion à la Rivière Zora qui aurait su affaiblir ses sentiments ; ils s'étaient même renforcés, comme si un challenge lui était donné. Mais ce n'était que de l'Espoir, celui-là même qui lui avait tant manqué auparavant et qui lui ordonnait à cette heure de tout faire pour ne pas mourir. Quitte à supplier la Mort qu'elle ne la prenne pas si elle avait la possibilité.

Elle se réveilla lorsque sa sœur secoua la tête, lui envoya quelques mèches de ses longs cheveux bruns dans les yeux. Elle ne réagit pas tellement pourtant, se contentant juste d'aller chercher la mèche pour en dégager son visage, puis elle se remit à écouter la gérudo, comme si de rien n'était. Là, la phrase prononcée fit tiquer le Cygne Noir ; en d'autres conditions, elle aurait peut-être même sursauté, puis se serait défendu sèchement. Elle nuisait aux autres ? Probablement, mais elle se battait simplement avec les mêmes armes que ses ennemis. Quand bien même ce qu'elle faisait était malhonnête, peut-être parfois immoral et dangereux, elle estimait prendre les mesures qui s'imposaient en temps de guerre.

Quand bien même elle pouvait être perçue comme une personne mauvaise par la population, ça lui importait peu à cette heure car ses petits rêves de gloire et de reconnaissance avaient pris la poussière avec le temps lorsqu'elle s'était rendu compte que jamais un assassin pourrait être seulement apprécié. Dans le meilleur des cas, elle aurait été juste isolée par le reste des petites gens. A cette heure, elle était crainte, ce qui n'était pas bien mieux, il est vrai. Mais elle ne voyait pas bien ce qu'elle pouvait - ou aurait pu - faire pour changer la donne. A l'époque, il y avait bien Rédemption d'Ambre, qu'elle avait été obligé de quitter pour ne pas mettre en péril leur existence, suite à la découverte de son identité lors de l'épisode du Cimetière. Un instant, elle en regretta presque les instants passés avec Galastop, ou encore le jeune blondinet, qu'elle avait toujours considéré comme un petit frère.

Mais ces regrets furent rapidement balayés dès lors qu'un battement se fit sentir contre sa poitrine. Sa main droite descendit le long du dos de l'alchimiste pour se faufiler habilement sous le tissu de son haut. Tout en douceur, elle caressa lentement sa peau fraîche, tirant des frissons à... l'assassin. Elle n'abandonnait jamais, et ses pulsions comme ses envies étaient toujours au plus fort dans ce genre de situation. « Mais ce n'est pas mes envies ou le Trône qui me rendent aveugle... » murmura-t-elle quelques dizaines de secondes après que Cécilia ai prononcé ses derniers mots. Sa main, baladeuse, s'arrêta finalement entre la hanche et la côte, la paume collée sur la sensible peau de la gérudo. Un soupire de dépit accompagna la perte de son doux sourire, alors qu'elle pensait qu'il lui était impossible d'aller plus loin.

" La plupart des personnes pensent d'abord à eux, ça ne les empêche pas de vivre en paix ", reprit-elle à la hâte pour essayer de passer son geste et ses premiers mots au second plan.


Cecilia Iole Mentina


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La phrase de Cecilia n'eut pas l'effet escompté, cela n'avait pas vraiment fait réagir l'assassin dans le sens qu'elle voulait. Elle se mit à soupirer, craignant une nouvelle fois les prochaines minutes qui allaient arriver : comment allait-elle réagir et allait-elle s'emporter comme à chaque fois qu'elles abordaient les sujets sensibles ? Elle ne pouvait rien prévoir mais elle espérait vraiment qu'elles ne partent pas sur une dispute. En tout cas, la chance semblait être de son côté car sa sœur ne semblait pas être vraiment fâchée. Ses gestes surprirent même l'alchimiste qui ne s'attendait pas à sentir sa main caresser sa peau près de sa hanche. Sous le coup, elle se mit à frissonner et commença à s'inquiéter de l'avancée de ses gestes. Son point de vue n'avait toujours pas changé, elle n'était toujours pas prête pour commencer quelque chose de totalement nouveau mais cela l'effrayait de stopper l'assassin si elle cherchait à continuer. Elle l'avait déjà mal pris la première fois lorsqu'elle avait reculé ses avances, que se passerait-il cette fois si cela se reproduisait ?

Heureusement pour elle, Swann ne se décida pas à continuer son geste et l'alchimiste put doucement se calmer. Elle n'avait pas envie que sa sœur ne se rende compte de cette gène qui continuait de la hanter. Elle n'avait pas besoin de détendre l'atmosphère car l'assassin reprit la parole. Elle ne savait pas vraiment quoi en penser, l'inconnu lui faisait peur et elle préférait continuer d'agir comme elle le faisait plutôt que de marcher sur un terrain rempli de pièges. Et puis, ce n'était pas vraiment cette phrase qui la dérangeait, elle était restée focalisée depuis le début sur cette main qui était toujours sur sa hanche.

Cecilia leva la tête et fit semblant de n'avoir rien remarqué, même si elle était en plein trouble. Elle se sentait désarmée, totalement à la merci de Swann et cela l'agaçait un peu. Elle avait l'impression de perdre petit à petit le contrôle d'elle-même et cette situation ne lui plaisant pas, elle regarda autour d'elle avant de prendre maladroitement la parole.


"Excuses-moi.. Je dois aller chercher quelque chose..."

Elle se détacha lentement de l'étreinte de Swann avant de se lever doucement pour se diriger vers son étalon. Elle ne savait pas si l'assassin avait tenté de lui parler ou de la retenir, elle semblait comme déconnectée à cette instant précis et elle ne souhaitait que s'éloigner pendant quelques minutes, le temps de reprendre ses esprits. Marcher lui changeait les idées, elle passa sa main droite dans les cheveux tout en regardant le sol. Un petit sourire forcée se dessina sur son visage, elle ne réalisait pas encore ce qu'elle venait de faire et elle savait bien qu'elle allait très vite le regretter...

Le souffle de l'étalon lui fit relever la tête, son compagnon semblait sentir la détresse qui hantait l'ambrée et il essayait de la rassurer comme il pouvait. Elle prit sa tête avec ses mains et le regarda un bon moment avant de baisser à nouveau les yeux.


"C'était juste pathétique..."

Elle ferma les yeux et posa son front contre l'animal. Elle se sentait vraiment pathétique après ce qu'elle venait de faire, son corps ayant décidé de prendre les devants rapidement avant qu'elle ne regrette ses gestes. Sa sœur allait sûrement être en colère après ce geste mais l'alchimiste était toujours bloquée, elle n'avait pas envie de perdre à nouveau quelqu'un qui lui était cher...


Swann

Cygne Noir

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Ce ne fut que lorsque la jolie Mentina lui échappa d'entre les mains que Swann comprit avoir été trop maladroite, encore une fois, et elle maudit sa main et son corps pour avoir obligé la jeune femme à s'éloigner. Et lorsqu'elle voulut la retenir pour se lancer dans d'hasardeuses explications, il était déjà trop tard. Le vent frais se rappela à elle pour l'obliger à ramener ses jambes contre son torse ; elle pensa n'avoir jamais eu aussi froid de toute sa vie. Et alors qu'elle avait soigneusement évité certains sujets, cela n'avait servi à rien. Comme à la Rivière, elle la perdait pour quelques secondes, voir quelques minutes cette fois. Finalement, ce n'était tant pas le Trône qui mettait cette distance entre elles, comme elle le pensait au départ. Ce n'était que lorsqu'elle laissait s'exprimer librement ses sentiments que tout tendait à se détruire autours d'elle, et la malheureuse gérudo n'échappait pas à la règle.

Faux eut été de dire qu'elle ne douta pas, là, pendant une seule seconde, que sa vie ne valait pas la peine d'être vécue. Mais elle se refusait à céder au désespoir, et elle balaya cette idée de son esprit, en se rappelant à ce qu'elle avait à accomplir encore. Et puis, il y avait ce mince espoir, petit et ridicule, qui ne cessait de grandir lentement en elle pour ne cesser de la maintenir en éveil. Elle avait beau ne pas essayer d'y penser, c'était tout ce qui la portait en ces jours troubles, et il se rappelait à elle constamment dans l'échec. « Tu fera mieux la prochaine fois », semblait-il lui répéter inlassablement, sans qu'elle ne sache de quoi il parlait vraiment. Mais il se raccordait très bien à ce qu'elle avait dis précédemment : continuer à vivre selon sa propre nature en essayant de ne pas commettre les mêmes erreurs. De quoi aurait-elle l'air si, devant l'objet de toute son attention, elle échappait à cette stricte règle qui avait régi sa vie entière ?

Swann se leva à son tour, se frottant contre ses bras pour tenter de se réchauffer un peu. Elle toussa brièvement, se passa la manche de son manteau sur les narines et chercha des yeux son amie. Elle allaient à son encontre, pour s'excuser de ce comportement... inadéquat ; mais au même moment une cacophonie de sabots frappant le sol se fit audible. La Belle de Villarreal pensa juste, tout de suite : les soldats lancés à sa poursuite les rattrapaient. Elle n'aurait jamais dû rester aussi longtemps avec la danseuse, mais guidé par son instinct comme habituellement, elle n'avait su faire preuve d'un peu de jugeote sur le coup. Les cavaliers se rapprochant du hameau, la dragmire ne perdit pas de temps et disparut derrière une palissade, qu'elle longea pour rentrer à l'intérieur d'une des piètres maisons de bois qui pullulaient dans ce petit village. Elle se blottit contre un mur, dans la pénombre. Le temps qu'ils la retrouvent, elle pouvait songer à la galère dans laquelle elle s'était embarqué, et, éventuellement, trouver une porte de sortie.

Les cavaliers atteignirent en toute hâte le petit hameau. Une grosse vingtaine de chevaux, massifs, portant des soldats aux cuirasses épaisses et scintillantes aux reflets du soleils firent leur apparition. Leurs regards se dispersèrent sur les quelques cadavres - à peine deux, ou trois - laissés là par les troupes du Trône ainsi que sur les quelques maisons encore chaudes de braises fumantes. Certains descendirent de leur chevaux, pour inspecter les lieux vraisemblablement, tandis que trois s'avancèrent en direction de la seule personne vivante qu'ils voyaient ici. Cécilia.


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De tous les soldats, le plus remarqué était Jehan, fils de Robin. Son armure était rouge, aux ornements d'or et d'argent, tandis que son casque était décoré d'une crinière de cheval. De ses yeux sombres, il scrutait la jeune femme, comme pour la jauger. Son cheval le fit s'avancer à pas lent, puis lorsqu'il fut à distance de voix, il la salua, d'une main gauche levée tandis que la droite maintenait les rennes. « Bonjour à toi, citoyenne », dit-il sobrement. C'est à ce moment que l'un des cavaliers, le plus proche à sa gauche, tira son épée de son fourreau pour l'en menacer la belle brune.

" Capitaine, il pourrait s'agir de l'ennemi ! ne prenons pas ce risque, laissez-moi - "
" Du calme, Vladimir ", lâcha Jehan avec calme et autorité, en posant sa main sur l'épée pour la rabaisser.

D'un simple regard qui en disait plus qu'il ne le fallait sur la relation des deux hommes qu'un long discours, le soldat se calma et tira les rennes de son animal pour poursuivre les recherches en compagnie des autres. Alors qu'un cours silence semblait s'être installé, le capitaine y coupa court dès qu'il eut de nouveau la prunelle de ses yeux de poser sur les belles formes de la gérudo.

" Mon ami est sur les nerfs, veuillez le comprendre. L'attaque des dragmires à user les nerfs de tout le monde ici ; nous sommes à leur poursuite. "

Il parlait d'une voix claire, très distincte. Une forme naturelle d'autorité émanait de cet homme, dont les combats et les échec avait façonné la personnalité. Nul n'aurait su remettre en cause son charisme chez ses cavaliers, pour la plupart éreintés des durs affrontements à Cocorico et de la traque à l'ennemi qu'ils avaient lancé.

" Je suis Jehan, capitaine de la garde, au service de la Princesse ", dit-il en lâchant les rennes, afin de descendre du canasson qui lui servait exceptionnellement de monture en ce jour de deuil. " Vous avez une idée de ce qui a pu se passer ici ? "


Cecilia Iole Mentina


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Des bruits de sabots interpellèrent Cecilia, ils étaient de plus en plus perceptibles comme s'ils se dirigeaient dans sa direction. Elle leva la tête et se retourna pour mieux voir de quoi il s'agissait : il y avait des cavaliers qui s'approchaient de l'endroit où elle se trouvait mais impossible de dire s'ils étaient des ennemis ou amis. Par sécurité, elle détourna les yeux vers sa sœur pour la prévenir qu'elles risquaient d'avoir de la compagnie mais aucune trace de l'assassin. Sur le coup, l'alchimiste se mit à rire nerveusement avant de baisser la tête. Elle avait sûrement du s'enfuir après que la danseuse ait reculé ses avances pour la deuxième fois, c'était à prévoir.

Les bruits se rapprochaient, soulignant le fait qu'elle allait avoir très vite de la compagnie. Elle releva la tête et se mit à soupirer avant de se retourner pour voir ses futurs interlocuteurs. Contre toute attente, c'était des soldats qui s'approchaient d'elle et elle se demandait ce qu'ils pouvaient bien faire dans la plaine car elle n'avait jamais entendu parler d'hommes qui surveillaient les alentours. L'ambrée ne prononça pas un mot et se contenta de les regarder faire alors que trois d'entre eux s'approchèrent de la gerudo. Aux premiers abords, ces hommes semblaient sympathiques jusqu'au moment où l'un d'entre eux dégaina son épée pour la menacer. N'aimant pas vraiment la tournure que prenait les événements, Cecilia passa discrètement sa main droite derrière son dos, prête à utiliser sa dague pour se défendre si jamais les choses tournaient mal. Heureusement, celui qui semblait être leur chef le raisonna.

La jeune femme ferma les yeux pendant un bref instant et se mit à soupirer. Elle lâcha sa dague et reprit une attitude plus posée. Elle ne quitta pas des yeux ce soldat qui l'avait menacée jusqu'à ce que celui qui l'avait défendu reprit la parole. Lorsqu'elle entendit sa voix, elle ne put s'empêcher de se tourner directement vers lui, une autorité impressionnante émanait de lui et elle comprenait pourquoi il était arrivé à une telle place. Néanmoins, les paroles du jeune homme ne la rassurèrent pas.


"L'attaque des..."

Beaucoup de choses s'expliquaient et il était sûr et certain que sa sœur était pour quelque chose. Elle avait l'impression d'être en plein cauchemar et à un moment, l'idée d'être utilisée lui traversait même l'esprit. Savoir que les dragmires s'en prenaient encore aux innocents la rendait malade, mais se rendre compte qu'elle protégeait encore et encore l'une des responsables de ce massacre la blessait encore plus. Elle était dans une situation très délicate et elle le savait, mais elle avait l'impression au fond d'elle de trahir ses idéaux ainsi que toutes les personnes qui étaient décédées dans cette guerre.

A nouveau, la voix du capitaine la rassura d'une certaine manière. Malgré leur impuissance, les soldats continuaient de servir la princesse fidèlement, et c'est ce qui lui réchauffa le cœur. Il se présenta avant de demander ce qui s'était passé ici. A vrai dire, Cecilia n'en savait pas plus car elle n'avait même pas remarqué tout ce carnage qui l’entourait, elle était restée focalisée sur sa sœur pendant tout ce temps. En parlant de cette dernière, elle devait sûrement être loin en direction de la forteresse, elle allait retrouver l'homme que l'alchimiste haïssait le plus au monde. Si seulement elle pouvait lui faire changer d'avis... L'alchimiste décida finalement de prendre la parole pour répondre à la question du capitaine.


"Je m'appelle Cecilia, je ne suis qu'une simple alchimiste parcourant Hyrule. C'est lors de mes recherches que je suis tombée sur ce décor macabre et j’espérais trouver des survivants pour leur venir en aide... Mais comme vous le constatez, il n'y a que la mort et le désastre qui hantent cet endroit."

La dernière phrase était prononcée d'une manière plus calme, montrant que l'ambrée était touchée par ce qui venait de se passer. Elle répétait sans cesse qu'elle aurait pu faire en sorte que tout cela n'arrive pas si elle s'était mieux préoccuper de sa sœur. Si elle continuait de la défendre, beaucoup de personnes allaient encore souffrir. Il fallait mettre un terme à tout ce chaos, pour que le peuple puisse enfin vivre en paix...

Néanmoins, une question brûlait les lèvres de l'alchimiste depuis plusieurs minutes. Elle savait que quelque chose s'était passée vu le silence et les blessures de Swann mais elle n'avait jamais eu de réponses à ses questions. Parler à ce soldat était l'occasion d'en savoir plus et qui sait, peut-être d'avoir déjà un petit avantage sur les événements à venir.


"Vous avez parlé d'une attaque de dragmires et d'une poursuite... Êtes-vous vraiment sûrs que ce sont eux les responsables ?"

La gerudo se stoppa nette et porta sa main droite devant la bouche. Sa question s'était échappée toute seule sans qu'elle s'en rende compte, et elle avait peur que le soldat le prenne mal. Elle préférait être sûre qu'il s'agissait bien des dragmires même si au fond d'elle, elle savait bien que c'était le cas. Elle s'inclina légèrement pour s'excuser et s'empressa de continuer.

"Je suis désolée, c'était une réflexion assez maladroite... J'ai quitté le bourg d'Hyrule très tôt ce matin et nous n'avons pas été prévenus d'une quelconque attaque. Je dois vous avouer que je ne pensais pas qu'ils allaient attaquer de nouveau après les lourdes pertes qu'ils ont eu suite à l'assaut de la forteresse gerudo... " L'ambrée se redressa et croisa les bras avant de continuer. "Et malheureusement, les voleurs et meurtriers se multiplient à cause de l'influence du trône..."

Elle baissa la tête face à la vérité qu'elle venait de dire. Hyrule avait beaucoup d'ennemis si le trône était mis de côté. L'âge d'or semblait si loin et il y avait encore tellement à faire avant d'y arriver... Mais il ne fallait pas perdre espoir, elle s'était promise qu'elle aiderait le peuple d'Hyrule et c'était même pour cela qu'elle avait rejoint Rédemption d'Ambre. Elle mènerait sa mission jusqu'à ce que la mort l'emporte, elle se l'était jurée...


Swann

Championne d'Aegis

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Jehan écoutait sans broncher la jeune femme tandis que ses troupes continuaient de fouiller les environ. Son regard s'assombrit à la question de Cécilia, mais il la soupçonna à peine qu'elle veuille couvrir les dragmires - et d'être possiblement une sympathisante de leur cause - puisque dans la foulée elle s'excusa de sa maladresse. Le capitaine ne lui en tînt aucunement rigueur : voir un tel spectacle pouvait être déstabilisant pour n'importe qui et elle semblait être une personne particulièrement sensible. « C'est désolant, mais la garde continue de protéger son peuple, demoiselle. Il ne faut pas perdre espoir », dit Jehan, confiant. Il avait parlé d'un ton clair et avec conviction ; on eut dit que rien ne saurait les atteindre, ou les faire tanguer. Il n'avait jamais eu affaire avec la Princesse ou même le Général, mais il savait qu'Hyrule regorgeait de défenseurs prêts à se dresser contre l'envahisseur. Ce qui s'était passé le matin même n'aurait su le faire douter de cela.

" Ils ont agressé les habitants de Cocorico à l'aurore, alors que la brume les couvrait. Il y a eu de très gros dégâts, mais il n'était pas assez nombreux pour en prendre possession. Depuis, mes hommes couvrent la Plaine, et nous progressons vers l'est pour tenter de les rattraper. On a déjà eu l'occasion de tuer quelques mercenaires sur notre passage. "

Voila qui constituait une description claire et nette de la situation. Ceci fait, une question toute bête vînt à l'esprit du garde. « Vous n'avez vu personne de suspect traîner par ici ? » Demanda-t-il d'un ton toujours presque cinglant. Il avait du mal à cacher sa colère ; que le Trône les attaque à pied levé, il n'aurait jamais imaginé cela possible, et pourtant... il devait se faire une raison. Beaucoup de braves garçons avaient péri là-bas. Il fallait que l'auteur de ces crimes paie le prix cher.

Il attendait la réponse de l'alchimiste quand un de ses soldats l'interpella. Il examinait des traces, très exactement là où étaient assises les deux sœurs de feu quelques minutes plus tôt. « Les traces de sang s'arrêtent ici, capitaine ! Elle a dû se soigner. Mais il y a des traces de pas par là ! » Dit-il de façon claire, Jehan n'ayant pas fini d'interroger la jeune femme et ne l'ayant donc pas encore rejoint.

" Suivez-les ! Et restez à l’affût ! " Ordonna-t-il.

Le soldat acquiesça, ensuite de quoi le capitaine reposa ses deux yeux sur Cécilia, qui n'avait toujours pas répondu à sa question. Il ne dit rien, il attendait qu'elle lui dise ce qu'il fallait... ou qu'elle lui montre par ses gestes ou par son regard qu'elle avait quelque chose à lui cacher.


Cecilia Iole Mentina


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Il ne fallait pas perdre espoir... La phrase du soldat résonnait dans la tête de Cecilia. Elle savait très bien qu'elle devait continuer de s'accrocher à son but si elle voulait continuer d'avancer mais il y avait beaucoup de personnes qui avaient cessé de faire la même chose. La garde protégeait le peuple mais elle ne pouvait pas y arriver seule et contre un tel ennemi, c'était pour cela que Rédemption d'Ambre continuait d'exister malgré leurs lourdes pertes. Même s'ils n'étaient plus qu'un petit nombre de compagnons, leurs actions faisaient toujours beaucoup de bruits. Mais lorsqu'elle entendit les raisons de l'affluence de soldats dans la plaine, l'alchimiste cru qu'elle allait frapper quelque chose. Le village Cocorico avait été attaqué par les dragmires et elle savait bien que sa sœur avait participé à ce carnage. Elle qui parlait de détrôner la princesse Zelda pour un monde meilleur, elle ne faisait que répandre de plus en plus le malheur et la destruction sur son passage. Elle avait l'impression de devenir folle mais elle se rendit compte que le temps était compté, il fallait qu'elle réagisse et au plus vite.

La question du garde la laissa dans une situation assez délicate. Elle sentait un peu de la colère dans ses paroles et c'était normal, ils avaient perdu beaucoup d'hommes dans cette attaque du village et ils souhaitaient retrouver le responsable. Mais l'ambrée était partagée entre son sens du devoir et sa famille, sa réponse pouvait la mettre dans une situation inconfortable. Et les choses ne s'arrangèrent pas car ils avaient remarqué des traces de sang là où se trouvaient Swann et Cecilia, ils savaient donc que l'assassin était passée par là. Lorsqu'elle croisa à nouveau le regard de Jehan, la gerudo su qu'il fallait très vite lui répondre pour ne pas paraître suspecte.


"Pendant que je parcourais la plaine avec mon compagnon, j'ai vu de la fumée au loin et j'ai décidé d'aller voir ce qu'il se passait. Il y avait une silhouette à proximité de ces maisons mais elle a du entendre les bruits de sabots car elle s'est enfuie avant que je ne puisse aller à sa rencontre..."

Cecilia se tourna pour regarder pendant quelques secondes les restes des maisons. Elle ne savait pas où était partie sa sœur et elle ne savait pas vraiment quoi penser. Elle continuait malgré tout de la défendre, même si elle avait provoqué d'énormes dégâts autour d'elle et elle s'en voulait. Elle résoudrait ce problème par elle-même, il était préférable que les soldats ne soient pas mêlés à tout cela.

"J'ai essayé de retrouver cette personne mais elle était déjà bien loin, elle se dirigeait vers le ranch Lon Lon. Je ne sais pas si c'est la personne que vous recherchez mais je n'ai pas cherché à en savoir davantage, il fallait que je vérifie s'il y avait des personnes qui avaient besoin de mon aide." Un frisson la parcouru, Cecilia croisa les bras pour se réchauffer du mieux qu'elle pouvait. Elle baissa ensuite la tête et ferma les yeux avant de continuer. "Mais malheureusement, je ne pouvais plus rien faire pour eux..."

Elle ne laissa apparaître aucun sentiment qui pouvait la trahir. Etant donné que la plupart de ses paroles étaient des mensonges, il fallait qu'elle tente de convaincre le soldat qu'elle disait la vérité. La jeune femme avait vécu dans le mensonge une bonne partie de sa vie et elle savait comment jouer avec les sentiments pour convaincre les gens. Néanmoins, elle n'était pas sûre d'elle, le soldat avait la tête sur les épaules et elle avait peur qu'il découvre qu'une partie de son discours était faux. Elle garda tout cela enfoui au fond d'elle et elle se tourna à nouveau vers Jehan avant de finir.

"Si je peux vous aider pour quoi que ce soit d'autre, n'hésitez pas à me demander. Il faut que ces catastrophes prennent fin pour que les habitants puissent enfin vivre en paix."

Pour la première fois depuis qu'elle lui parlait, ces deux dernières phrases étaient vraies. Elle était déterminée à aller jusqu'au bout et cette journée venait de lui faire réaliser certaines choses : mélanger sentiments et objectifs était une grosse erreur. Il fallait qu'elle prenne des décisions si elle souhaitait vraiment protéger Hyrule du mieux qu'elle pouvait.


Swann

Cygne Noir

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Cécilia semblait avoir aperçu une personne en arrivant ici, et d'après ce qu'elle décrivait il aurait pu s'agir d'un ennemi. Néanmoins, Jehan arqua un sourcil lorsque la jeune femme parla d'une personne recherchée en particulier ; ce n'était pas le cas. Alors soit sa langue avait fourché, soit... autre chose. Le capitaine ne souleva pas ce qu'elle venait de dire pour autant. Elle avait pour elle le bénéfice du doute et elle ne semblait pas bien méchante. Elle prenait très à cœur ce qui arrivait en ce moment, comme lui. Se mettre à la soupçonner de quoique ce soit était la dernière chose à faire en l'état actuel des choses : ses soldats réagiraient trop à chauds. Lui-même avait du mal à contenir sa colère. Il n'avait pas l'esprit aussi fin qu'habituellement et il n'avait aucune envie de causer du tort à une innocente, bien que son instinct lui indique que quelque chose clochait dans ce village et chez cette gérudo. Mais elle l'avait peut-être juste mal compris.

" Je vais vous demander de partir, mademoiselle ", dit-il en posant une main sur son épaule. " Merci pour votre aide ; mais il vaut mieux ne pas traîner par ici. "

A ce moment un bruit se fit entendre à l'intérieur de l'une des maisons. Quelque chose devait être tombé lourdement au sol, et les soldats les plus proches, ainsi que Jehan, avaient tous tournés leur regard dès qu'il l'avaient entendu. D'un signe de main, le capitaine rassembla ses soldats pour qu'ils encerclent la maison. Il s'avança, non sans un regard pour l'alchimiste l'invitant à rester en arrière et à ne pas s'impliquer. Finalement, il alla jusque devant la porte. « Qui que ce soit, je vais vous demander de sortir ! » Lança-t-il, le ton ferme. A son signal, certains de ses soldats s'armèrent d'arbalète qu'il pointèrent vers les fenêtre et la porte. D'autres soldats faisaient le tour pour ne pas laisser s'échapper la personne présente par l'arrière.

" L'endroit est encerclé, vous ne pouvez pas vous cacher éternellement ! Sortez ! On sait que vous êtes là-dedans ! "

Aucune réponse. Aucun bruit. Les soldats étaient immobiles, prêts à enfoncer la porte à l'ordre de leur capitaine. Tant d'autres en dehors de lui auraient foncé tête baissé à l'intérieur, épée à la main, pour en finir au plus vite. Ce genre de comportement était trop dangereux d'après lui ; pour peu que l'ennemi se cache pour tenter une attaque suicidaire dans un dernier élan de désespoir, lui-même ou un autre de ses hommes pouvait finir blessé, ou pire. Cependant, il n'avait aucune envie d'y passer la journée ; si la personne à l'intérieur ne voulait pas sortir, elle aurait affaire à lui personnellement. « Sortez maintenant ! » Hurla-t-il plus fort, pour bien se faire comprendre. « Si vous ne le faites pas, on vous tuera. Alors gr... » Il se tue. Des bruits de pas se faisaient entendre. Jehan recula de quelques pas et dégaina son épée, tandis que la porte s'ouvrait.

Un homme en sortit. Mal rasé, salement coiffé et crasseux, il était équipé d'une légère armure décoré d'ornement rouge. C'était un des mercenaires, un Soleil Rouge. Il s'agenouilla. Les gardes se pressèrent autours de lui ; l'un d'entre eux lui donna un coup de pied dans le dos, ce qui le fit chuter vers l'avant, violemment.
L'atmosphère s'était allégée, et Jehan en soupira un bout coup pour montrer son soulagement. Il rengaina sa lame, et jeta un bref regard pour Cécilia. Avait-elle cherché à le protéger ? L'un comme l'autre n'avaient échangé aucun regard, aussi cela serait assez étonnant. Malheureusement, il ne tirerait pas cette histoire au clair aujourd'hui, car le devoir l'appelait. Ils avaient déjà trop traînés dans ce hameau et leurs ennemis pouvaient être déjà plus loin qu'il ne le pensait. Il donna ses directives à ses hommes ; certains emmèneraient le prisonnier pour l'interroger tandis que lui et d'autres allaient reprendre la chasse. Le petit village s'anima alors, chacun rangeant ses affaires pour se préparer à partir. Le capitaine monta sur son cheval, qu'il approcha de Cécilia ensuite, pendant que les autres soldats partaient de leur côtés.

" Je vous remercie pour votre aide généreuse. Je vais aller vers le Ranch, en espérant retrouver la personne que vous avez vu ", dit-il. Il commença à partir, et tourna la tête pour quelques derniers mots, le ton fort, clair. Comme d'habitude. " Il n'y a rien à voir par ici, et je m'en voudrais que vous tombiez sur un autre de ces mercenaires. Vous devriez partir maintenant ! Yah ! "

Son cheval détala à vive allure pour rejoindre ceux partant en direction du Ranch. L'agitation semé par l'arrivée des soldats avaient aussi brusquement disparu qu'elle était arrivée, et ce n'était plus que le bruit du vent frais et des volets grinçants qui se laissaient écouter. On eut presque dit un village fantôme.

La porte de la maison qui se trouvait à côté de celle où le mercenaire avait été repéré claqua ; Une femme tout de blanc vêtu en sortit, en toussant dans sa manche à cause de la poussière qu'elle avait aspiré dans ce taudis. C'était Swann. La jeune femme se passa une main dans les cheveux puis rejoignit instinctivement Cécilia, encore interloquée et remuée par la scène à laquelle elle avait assisté. Elle avait échappé à bien des ennuis grâce à ce mercenaire, car dans d'autres conditions les soldats auraient pu la retrouver. Et cela aurait pu extrêmement mal se finir...
Ses yeux contemplèrent la dizaine de chevaux lancés au triple galop qui devenaient de plus en plus petit à l'horizon. Elle ne savait trop que dire. Elle savait que Cécilia l'aimait beaucoup, mais elle n'aurait pas pensé qu'elle la couvrirait aussi bien.

" Merci pour ton aide ", dit-elle avec un très léger sourire sur les lèvres.

Elle ne pouvait décemment pas exprimer sa joie en de pareilles circonstances. La gérudo devait lui en vouloir énormément ; le soldat avec qui elle avait parlé avait une voix qui portait, et elle l'avait très bien entendu lui expliquer ce qu'il s'était passé à Cocorico.
Elle devait évidemment être très déçue par elle... mais qu'est-ce qu'elle pouvait y faire, après tout ? Elle n'y avait tué personne, pas le moindre soldat ni le moindre innocent. En un sens, elle n'avait fais qu'accompagner ses alliés vers une mort certaine. Et puis, c'était pour elle le seul moyen de se rendre à Cocorico sans se faire arrêter ; elle y avait d'ailleurs trouvé ce qu'elle était venu y chercher.

Elle n'osait pas dire autre chose pour l'instant. Et elle voyait déjà Cécilia lui faire la morale, ou bien la laisser là sans plus de cérémonie, ce qui serait très compréhensible. En tout cas, elle ne lui en voudrait pas d'agir comme cela sous le coup de la terrible nouvelle.


Cecilia Iole Mentina


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Un malaise s'était installé entre elle et Jehan, elle savait bien que cette attaque au village avait laissé un goût amer à tous les soldats, et les paroles du capitaines étaient mêlées à la colère. Son regard resta fixé sur ses yeux, il lui était impossible de savoir si il croyait toutes ses paroles mais il ne fallait pas qu'elle montre un quelconque signe de faiblesse, cela pourrait révéler son mensonge et la mettre dans une situation encore plus délicate. En tout cas, il semblait l'avoir cru et c'était le principal. Alors qu'il se dirigeait vers l'une des maisons en ruine, l'ambrée ne put s'empêcher de s'inquiéter : elle ne savait pas où était partie Swann et si elle était cachée dans ces ruines, les soldats pouvaient tomber sur elle. Elle passa sa main dans ses cheveux tout en se demandant ce qu'elle pouvait bien faire si jamais sa sœur était découverte, allait-elle la secourir tout en risquant de devenir une ennemie de la couronne ou allait-elle se laisser guider par son sens du devoir et la laisser assumer ses pêchés ?

Les soldats étaient prêts à donner l'assaut, Cecilia observait la scène sans dire un mot. Mais lorsque la porte s'ouvrit pour laisser passer un homme, elle se mit à soupirer, à moitié rassurée de ne pas avoir vu l'assassin sortir. Elle ferma les yeux et baissa la tête, ne sachant pas trop quoi penser de ce qu'elle venait de voir. Pourquoi s'inquiéter pour quelqu'un qui n'était même plus là ? Elle devait avoir fui depuis bien longtemps en direction de la vallée gerudo pour retrouver sa famille et elle n'était pas prête de la revoir avant un moment. Elle n'avait même pas senti le capitaine s'approcher d'elle et elle ne prit même pas la peine de le regarder directement lorsqu'elle entendit sa voix. Elle se mit à soupirer avant de poser son regard sur lui.


"Faites attention à vous, j'espère que vous allez retrouver la personne que vous recherchez."

Les soldats partirent tous en direction du ranch, elle était désormais seule au milieu de ce sinistre paysage. Elle regarda pendant plusieurs minutes son étalon tout en se demandant ce qu'elle allait faire jusqu'au moment où elle entendit quelqu'un marcher derrière elle. Elle se retourna et s'arrêta sans dire un mot, surprise de voir Swann aller dans sa direction. Finalement, elle n'avait pas fui vers la forteresse et c'était sûrement l'une de ses plus grosses erreurs car les soldats allaient finir par la retrouver si elle restait là trop longtemps et cette fois-ci, l'alchimiste ne serait pas là pour la secourir.

Elle détourna le regard lorsque l'hylienne la remercia. Est-ce qu'elle pouvait penser un seul instant à ce qu'elle éprouvait ? Apprendre la vérité sur ce que sa sœur cachait était déjà dur, mais en plus la sortir d'une situation délicate et être la complice d'un ennemi de la couronne était encore pire. Elle avait envie de hurler pour faire sortir toute cette détresse qui l'envahissait. Cachant sa tristesse et sa colère au fond d'elle, elle regarda à nouveau son étalon sans prendre la peine de regarder Swann pendant qu'elle parlait.


"Tu m'avais dit que tu en avais marre de voir souffrir le peuple à cause de la princesse, mais n'es-tu pas en train de faire la même chose ?"

Elle releva la tête et la fixa. Il n'y avait aucune émotion dans son regard mais ses yeux commençaient légèrement à virer au rouge. Elle était à bout et pourtant, elle refusait de montrer un quelconque signe de faiblesse devant sa sœur, pas dans cette situation. Elle en avait marre de se taire et de laisser les choses dégénérer, il fallait qu'elle bouge pour tenter d'empêcher tous ces désastres d'arriver. Mais ce n'était pas son sens du devoir qui semblait guider ses gestes dans l'immédiat mais la colère.

"Tu imagines la situation dans laquelle je me trouvais ? J'ai menti à la garde royale pour te protéger, je les ai mené sur une fausse piste !" Elle mit ses mains dans ses cheveux et commença à marcher pour tenter de se détendre mais rien ne marcha. Elle se retourna brusquement vers sa sœur avant de laisser son cœur parler. "J'ai l'impression de trahir les choses pour lesquelles je me bats, de faire quelque chose qui me correspond pas. Je hais ce que je suis en train de faire, je me déteste."

Le silence s'installa rapidement après cette dernière phrase. Elle l'avait prononcé avec un ton bien plus élevé sans s'en rendre compte. Néanmoins, elle sentait qu'elle commençait à faiblir et que cette conversation allait rapidement prendre fin. Se retournant rapidement comme pour éviter à nouveau le regard de l'assassin, l'alchimiste prononça quelques mots en espérant que cela allait la faire réagir. Elle était las de combattre à plusieurs endroits et à protéger les personnes qu'elle aimait, il fallait faire un choix et elle le savait.

"Tu vaux mieux que ça Swann..."

Elle se retourna pour se réfugier près de son étalon. Elle ne put retenir davantage ses larmes et les laissa couler. Depuis trop longtemps elle avait accumulé sans rien dire et elle ne pouvait pas continuer comme cela.


Swann

Championne d'Aegis

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La dragmire baissa la tête pour ne pas avoir à affronter le regard réprobateur de Cecilia. Quand bien même elle assumait la responsabilité de cette attaque et son impact, elle avait toujours peine à voir la jeune Mentina dans cet état. Les mots étaient d'autant plus forts qu'elle osait la comparer à ce qu'elle haïssait le plus. Mais elle évita de lui répondre dans la foulée car elle n'avait que des paroles acerbes et sèches qui lui venaient à l'esprit ; elle voulait à tout prix éviter la situation qu'elle avait vécu à la Rivière quitte à s'écraser devant la gérudo. Cela ne lui ressemblait pas, elle qui avait toujours amener son petit grain de sable pour tester les limites de chaque individu pour qui elle avait un tant soit peu d'intérêt. Plus que la honte, c'était surtout la peur qui la faisait taire pour l'heure.

Qu'elle lui fasse la morale, elle voulait bien le comprendre. Mais en quel honneur croyait-elle être la seule à souffrir de cette situation ? Ses yeux froid froids et distants s'élevèrent pour affronter ceux au bord des larmes de sa sœur de feu. Ils la blessèrent au plus profond d'elle-même et ses mots finirent de l'achever en douceur. Swann en démêla ses lèvres sans que le moindre son ne résonne, encore abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. Valait-elle vraiment mieux que cela ? Elle n'en était pas tellement sûre malgré les dires de son amie ; sa vie entière n'avait été rythmé que par le son des armes et des corps s'affaissant au sol, et pour peu qu'elle ne s'en souvienne elle avait constamment dû s'affirmer seule. Bien trop rares furent ceux à entrer dans son cercle, et c'était la première fois qu'on lui disait qu'elle valait mieux que ce qu'elle avait toujours été : un assassin.

Elle aurait voulu ne jamais rencontrer Cecilia en cette journée après si peu de temps passé depuis leur dernière - et courte - aventure. Le contexte la paralysait tout autant que les larmes qui coulaient dorénavant sur ses petites joues aux teintes rosées, si bien qu'elle ne parvenait pas à tourner les talons et s'en aller simplement. L'assassin se risqua même à faire quelques pas en direction de la jeune femme ; son bras s'éleva pour poser la main sur son épaule. « Cécilia, je... », dit-elle seulement. Elle se ravisa, et son bras se rétracta pour se blottir contre sa poitrine.

Rien de sa propre expérience ne lui indiquait ce qu'il aura fallu qu'elle fasse à ce moment. Saleté de soldats. Saleté d'Hyrule et de Princesse qui l'empêchaient de vivre sa propre vie comme elle l'aurait voulu. Combien de fois déjà avait-elle rêver de naître fille de ferme en une contrée plus lointaine où les problèmes ne sembleraient pas aussi insurmontables ? Enfin, de toute façon, elle ignorait tout de son enfance ; peut-être était-elle ce qu'elle avait toujours voulu être, peut-être que non : elle ne le saurais sans doute jamais. Mais son dernier contact avec Kelya lui avait fais comprendre le contraire, pour peu qu'elle accorde le moindre crédit à ce que cette femme lui ai dit.

Penser à tout cela n'arrangeait en rien la situation, mais après ces quelques secondes de répit la résidente du désert avait l'esprit un peu plus clair. Elle ne pouvait empêcher son cœur de pâtir aux sanglots de son élue mais elle n'était plus aussi axée sur la défensive. Elle cherchait ses mots, mêlait des syllabes dans sa tête pour former des phrases en espérant trouver la bonne formule pour se faire pardonner. Il fallait qu'elle ne lui en veuille pas. C'était vital ! Et malheureusement l'urgence de la situation ne lui permit pas de trouver quelconque mots appropriés. Elle baissa les yeux, continuant de chercher, en vain. Elle lâcha un profond soupire et haussa brièvement les épaules.

" Si tu penses que tu te sentirais mieux si tu m'avais dénoncé... c'est ce que tu aurais dû faire ", finit-elle par dire, d'un ton presque déçu. A dire vrai, elle n'avait pas imaginé que l'alchimiste soit aussi affectée par une telle histoire. Ou plutôt, pas de cette façon. " Mais au fond, tu as agis comme moi la nuit où je t'ai aidé à fuir. J'ai trahis la confiance de ma famille mais je ne pouvais pas te trahir toi. On est presque pareille ", osa-t-elle ajouter prudemment. Un fin sourire sur les lèvres apparut, mais il partit aussitôt. Elle ne savait pas bien si cela la réconforterait, mais elle ne voulait pas laisser la belle brune penser qu'elle était la seule à être dans cette situation.

Elle se passa une main dans les cheveux puis se retourna après un nouveau soupire, avant de faire quelques pas pour commencer à partir. Après ce qui s'était passé ici, il valait mieux pour elle qu'elle s'en aille dans les plus brefs délais.


Cecilia Iole Mentina


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Un long silence s'était installé entre les deux femmes, les paroles que Cecilia avait prononcé à l'égard de sa sœur avaient dû la blesser et elle en était consciente, mais elle en avait plus qu'assez d'accumuler tout en elle. Frottant ses yeux pour faire disparaître ses larmes, l'ambrée prit une grande inspiration pour tenter de refouler cette tristesse et cette colère qui l'animaient. Elle avait réussi à se calmer mais son visage était toujours rose, il fallait qu’elle se ressaisit avant qu'elle affronte à nouveau le regard de sa sœur. Pour elle, il était hors de question qu'elle montre un quelconque signe de faiblesse devant elle dans cette situation, elle se devait de rester forte malgré toutes ces choses qui se dressaient sur son chemin. Si elle souhaitait continuer de marcher vers son but, il fallait qu'elle se débarrasse des choses qui l'empêchaient d'avancer.

Elle écoutait vaguement les paroles de Swann, un petit sourire s'afficha sur son visage avant de disparaître instantanément. Qu'elle l'ait dénoncé ou pas, cela revenait au même. Elle souffrait d'avoir protégé sa sœur au détriment de la couronne et de tous les habitants qui peuplaient cette terre mais elle aurait également souffert si elle avait décidé de les protéger au lieu d'elle. Au final, c'était son cœur qui avait décidé de faire un choix même si la raison n'était pas d'accord. Et les paroles de l'assassin n'arrangeaient pas les choses quand elle décida de comparer les deux jeunes femmes. Sur le coup, l'ambrée crut qu'elle allait l'étrangler mais elle garda son calme. Comment pouvait-elle dire qu'elles étaient quasiment pareilles ? Elle n'en croyait pas un mot, elles avaient peut-être beaucoup de points en commun mais la personne et les buts qu'elle défendait étaient bien différents. Elle avait décidé de défendre le peuple pour expier ses pêchés alors que Swann continuait encore et encore à nourrir de sombres desseins.

A nouveau le silence s'installa entre elles. La gerudo ne savait pas du tout quoi dire car la colère était toujours présente et elle avait peur d'aller trop loin. Un bruit l'interpella et elle se retourna pour constater que l'assassin partait seule. Elle la regarda s'éloigner progressivement tout en se demandant ce qu'elle devait faire, la rattraper ou la laisser rejoindre les dragmires sans tenter de la retenir ? Elle tenait à l'assassin comme sa sœur mais elle savait que cette relation ne la mènerait à rien, juste à plus de souffrances. Tout en serrant les poings, la danseuse commença à pester avant de monter sur le dos de l'étalon.


"Stupide morale..."

Elle aurait pu repartir en direction de la forêt pour continuer son travail mais le cheval se dirigea vers l'assassin. Son allure était calme au début jusqu'à ce qu'il accélère progressivement pour la rattraper. La jeune femme savait qu'elle allait à nouveau regretter ce qu'elle allait faire mais c'était la moindre des choses puisqu'elle avait retardé l'assassin. Elles étaient quittes maintenant.

"Si tu continues à pied, tu risques de retrouver tôt ou tard les soldats de tout à l'heure. Je peux te ramener à l'entrée de la vallée gerudo si tu le souhaites..." Elle ferma les yeux et soupira avant de continuer. "A moins que tu préfères tenter le diable."

Elle ouvrit les yeux avant de diriger son regard vers Swann. Il n'y avait aucune expression sur son visage, c'était comme si elle venait de rentrer une pure inconnue. Son comportement était passager, elle avait encaissé bien trop de choses en peu de temps et elle avait besoin de se changer les idées dès que possible. De toute façon, elle venait de lui laisser le choix et si elle répondait par la négative, elle quitterait cette place instantanément même si le danger pour sa sœur était encore présent. Après tout, elle avait choisi cette vie et elle devait en subir les conséquences, l’ambrée ne pouvant pas être tout le temps derrière elle pour la secourir.


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