Poches trouées et nuit chère payée

Premier post pour Raito Yggdrasil !

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De ses lèvres s'échappaient un léger soupir alors que ses mains s'activaient lacer la bride de la jument pour s'assurer qu'elle ne repartirait pas sans qu'il ne le souhaite. Une précaution peut-être inutile, au vu de l'animal qu'était le sien, mais elle avait le mérite de rassurer. Et s'il y avait une chose dont il avait besoin ce soir, c'était bien de ne pouvoir penser à rien. La fatigue le taraudait suffisamment pour qu'il ne souhaite que s'effondrer sur un lit pour s'en relever une semaine plus tard. La chevauchée avait été si dure qu'il ne sentait plus ni ses cuisses, ni ses jambes. Sa main vint flatter l'encolure de son amie, comme pour la féliciter, et l'aida à se stabiliser un peu mieux. Il n'en faudrait pas beaucoup pour le faire chanceler, et si les cernes des trois nuits passés loin de la moindre couche ne suffisaient peut-être pas à le traduire, sa démarche saurait sans doute renseigner les moins attentifs.

Il jeta un regard vers l'entrée de la taverne. Sa compagne de route l'attendait là-bas, l'air plus reposée qu'il ne l'était, bien qu'il ne doutait pas qu'elle était épuisée elle aussi. Il ignorait si elle avait veillé comme elle l'avait fait, mais puisqu'ils avaient galopé toute la nuit dernière, la jeune femme n'avait pas du dormir aussi bien qu'entre les murs du Temple du Temps, derrière les remparts de la Citadelle. « Allez... Tu mérites aussi de te reposer. » Souffla-t-il à la bête, avant de s'éloigner non sans un regard compatissant pour l'équidé éreinté.

Bien vite, il finit par gagner les quelques marches de pierre qui menaient jusqu'à la porte de l'établissement. Le soleil qui avait cogné toute la journée durant les laissait chaudes, encore maintenant, en dépit du fait que la lune brillait plus haut que jamais. « Tu viens ? » Glissa-t-il à la jeune femme, en attrapant sa main, conscient que nul ne pourrait la guider. Lui même n'avait jamais mis les pieds dans l'auberge en question, mais il était lassé de passer la nuit à la belle étoile et plus que certainement capable de trouver une petite dizaine de rubis en farfouillant les moindre recoins de ses poches. De quoi, il l'espérait en poussant la lourde porte de bois clouté et de fer noir, payer pour au moins deux nuits. Une à l'intérieur et une en écurie. Dans le pire des cas, son amie saurait passer sur son manque de galanterie et oublier qu'il ne l'invitait pas.

Une douce chaleur l'enveloppa aussitôt qu'il passa le seuil de cette taverne « du Loup Brun ». Elle n'avait certes pas l'envergure de l'Auberge de NuttyK, mais elle n'en avait pas non plus les travers. Le feu qui dormait dans l'âtre sans mourir, la bière que servaient quelques jeunes femmes auraient presque pu l'attirer s'il ne préférait pas le vin chaud. La seule table brisée qui croisa son regard avait rejoint la pile de buches dédiées à alimenter les différentes broches autour desquelles rôtissaient des poulets, des porcs et des carcasses désossées d'animaux divers. Le fumet ne tarda guère à le faire saliver, lui rappelant tristement que son dernier repas datait de plusieurs jours et qu'il s'était limité à un peu de viande autrement trop salée. Autant que la fatigue, la faim le tenaillait. Et il ne doutait pas qu'il en allait de même pour la frêle enfant accrochée à son gant de vieux cuir. Il avait tout fait pour qu'elle puisse avaler plus qu'il ne l'avait fait, mais elle était loin d'être habituée aux régimes parfois drastiques qu'il pouvait être amené à suivre.

"Par ici !" Tonna-t-il assez fort pour qu'elle l'entende, malgré le Skald qui chantait presque lascivement l'une des chansons préférées de Belle, sur l'Ours et la demoiselle. Du bras, il invita la Prêtresse à s'installer à table, tout en lui intimant de l'attendre, non sans préciser qu'il ne serait pas long. Et s'il désirait s'asseoir également, il n'avait pas de quoi prétendre à un vrai diner. Du moins... Pas sans quelques mesures auparavant. Bientôt, il arriva à l'objet de son attention : le comptoir qui occupait un bon quart de la salle en longueur, placé à gauche un peu après l'entrée. Se saisissant de l'un des tabourets encore vides, il prit place tout en réprimant un soupir de soulagement. Par la grâce  de toutes les entités du ciel, qu'il était bon de se poser un moment ! Un instant, il pensa à fermer les yeux et se laisser bercer par les quelques accords de luth qui revenaient ça et là, lancinants mais reposants. 

"Hé ho ! Garçon ! Je te parle !" L'Hylien sursauta, comme s'il s'arrachait à un rêve, mais sans être véritablement sûr de s'être assoupi. Il secoua la tête, tant bien que mal, tandis que son regard de givre restait un peu flou, et cerclé de noir. « Je... — », commença-t-il, en portant la main à sa tête douloureuse. « Mes excuses. Je souhaitais simplement savoir si... — » Reprit-il, non sans être coupé par le tenancier, occupé à laver une chope. « Et moi j'y dis qu'on fait pas la charité ici. Pas d'argent, pas d'dodo, dehors ! » L'Enfant-des-Bois s'accorda un temps pour réagir au ton presque insultant de l'homme. Il n'avait jamais demandé d'aide et encore moins d'argent. « J'ai de quoi payer. » Lâcha-t-il, sec, sans être tout à fait sûr de ce qu'il avançait, en versant le contenu de sa bourse sur le bois verni. « En effet. C'fait une chambre. Pas plus. La d'moiselle va crécher sous la pluie ? » Lança l'aubergiste, avant que sa femme ne s'approche et lui prenne doucement le bras. Le blond se contenta de décrocher le lapin qui pendait à sa ceinture pour le poser en compagnie des pièces, avant de retourner chercher le regard du tavernier. Il ne sut dire si c'était l'oeuvre de la femme ou la sienne, mais l'homme lui sembla se rétracter. « Allez. Va t'asseoir. » Beugla-t-il, grognon, alors que le visage de sa femme s'éclairait en un sourire.

[Premier post pour Raito !]


Raito Yggdrasil


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-Ah...Ah....Il est pas y aller doucement ce type..


Raito jettais un regard derrière lui voyant un voleur inertes.Raito saignais au niveau de la bouche mais pas trop... Il continuais à marcher cherchant une auberge où dormir et se remplir l'estomac,il en vit une à une dizaine de mètres et continua sa route. À peine entra t-il qu'il vit l'aubergiste parler de manière insultante à un client blond. Ceci énerva le Sheikah qui lança un couteaux en direction de l'aubergiste qui recula de peur


-En voilà une manière de parler à un client...Après cela vous espérez avoir un client? Pff...

L'aubergiste le regardais puis fronça les sourcils en remarquant l'insolence du jeune homme et lui le fit remarquer

-D'ailleurs qui êtes vous pour me critiquer?


Raito soupira puis reprit son air neutre le fixant droit dans les yeux

-Mon nom est Raito Yggdrasil la famille royal m'a confiée la mission de maintenir l'ordre partout où je voyages..C'est la mission des Yggdrasil pendant plus de neufs générations à présent..Puis j'ai faim et je suis fatigué


Raito balança un petit sac contenant la somme qui fallait puis vit le client blond partir avec une femme. Il ne pus s'empêcher de râler

*Toujours pareille les gens!On les sauves mais ils s'en foutent!

Raito tiras une mauvaise tête puis partis s'asseoir dans une table,histoire de manger un peu...


Flora soupira et passa la porte de l'établissement. Son compagnon de route lui tenait la main, guidant ses pas. L'aveugle savait qu'elle pouvait lui faire confiance. L'endroit sentait un peu le renfermer, la sueur et l'alcool. Il faisait doux dans le bâtiment, au contraire de l'été pluvieux qui sévissait dehors. Pluvieux, lourd et les quelques jours de beau temps leur donnaient des insolations.

L'aveugle soupira, se laissant tirer par le blondinet, qui la quitta auprès d'une table. Flora porta la main a sa nuque, s'appuyant au plateau de bois de l'autre main. La jeune femme aux cheveux bleus, baissa les yeux, comme si elle contemplait le sol, mais ses oreilles étaient a l’affût et elle sut ainsi que son ami n'avait pas de quoi payer l'aubergiste.

Elle perçut aussi la présence d'une personne muette dans l’échange, et son cœur lui dit que c'est cette inconnue qui fit pencher la balance en faveur du duo étrange. Flora haussa les épaules et s'appretait a aller payer l'aubergiste dans le dos du Héros, quand un quatrième larron entra dans la danse. Tres agressif et soucieux de ses origines, Raito de son nom, envoya a la tete du patron des lieux un couteau qui se planta Tchac ! dans le bois de son bar.

C'en fut trop pour l'aveugle qui agita les mains et fit voler une gerbe d'eau dans la direction de la dispute. Tant pis pour les dommages collatéraux. Link avait bien eu sa part au Lac -non ne repense pas a ça … et si pourquoi pas ? Non j'ai dis- et il fut mouillé comme les autres.

« Ca suffit ! »

Les pieds de Flora claquèrent contre le bois du parquet. L'aveugle soupira -encore- avant de se tourner vers le Sheikah. « De ce que je sache, les Hommes de l'Ombre ne sont qu'une légende et n'existent plus. Si vous faites vraiment partie de ce peuple, a votre place je me ferais discret, et pareil quand a votre mission. Est ce que je crie sur tout les toits que je suis la Prêtresse de Nayru ? Non ! Parfois j'aimerais qu'on l'oublie ! » Qu'on l'oublie, qu'on m'oublie et qu'on ne voie que la femme que je suis devenue. Mais cette dernière phrase, Flora la garda pour elle.

Le tavernier ouvrit de grand yeux, l'aveugle le sentit a la respiration qu'il prit. Elle se tourna vers lui :
« N'ayez crainte, il ne se passera rien de mal dans votre établissement. » Et la dessus elle fouilla dans un des replis de sa robe, pour en tirer une bourse. Bourse qu'elle glissa dans l'une des nombreuses poches de la ceinture de Link. Oh ! Sûrement qu'elle n'avait pas été discrète. Mais elle s'en fichait un peu. Ce qu'elle souhaitait, c'est participer aux frais et si le blond devait demander et s’énerver c'est ce qu'elle lui dirait.

Flora tourna les talons, ses doigts dégouttant encore un peu d'eau, un peu comme un avertissement a la pagaille.
« Tavernier, je boirais bien de l'eau s'il vous plaît, il fait très lourd dehors. »

Ouhhhh qu'elle n'aimait pas jouer a ça, la prêtresse parfaite, qui minaude -et gnagnagna. Oh et il dirait quoi le coincé du *censuré* qu'est le pontife. Flora éprouvait un peu de colère. Mais pas grave, elle allait prier, méditer, et tout ira pour le mieux. N'est ce pas ?

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L'acier fila et manqua son oreille de peu. Le sifflement de l'air, déchiré, et le cri sans appel du bois mutilé. S'il était encore en proie à la fatigue un instant plus tôt, son corps tout entier s'était raidi sitôt qu'il avait perçu la menace. Ses doigts ankylosés s'étaient refermés sur le premier objet qu'ils avaient rencontré quand l'épouse du tenancier avait lâché, de crainte autant que de surprise, la carcasse qu'il venait de troquer. Au fond de son poing, les restes d'un tabouret brisé dans une rixe encore vivace dans les esprits. Ses yeux cherchèrent la menace, conscient que c'était peut-être sa présence qui mettait en danger l'intégralité de l'auberge. A voyager en compagnie de la Prêtresse, il en avait presque oublié pourquoi il devait vivre dans un exil constant, en paria. Il fronça les sourcils en réalisant qu'il faisait face à un adolescent à peine plus âgé que ne devait l'être Flora. Une longue lame pendait à sa ceinture, tandis que celle-ci ne serrait, d'apparence, aucune armure. Il avait un moment cru à une attaque de brigands et comprenait à quel point il était dans l'erreur. Baissant l'avant-bras, il se contenta de lancer un regard particulièrement noir au gamin, avant de déposer son arme d'occasion sur le comptoir et de se retourner vers son amie.

C'est à peine s'il eut le temps de voir venir la déferlante aquatique que la Prêtresse avait jeté sur eux. La peste les prenne, tous ! Il grogna, avant d'improviser une esquive. Il connaissait la jeune femme suffisamment pour savoir qu'elle disposait d"assez de ressources pour arracher le comptoir et sans doute malmener tant la chaux que les fondations de la masure. S'il pouvait s'éviter une nouvelle épaule brisée par maladresse... La vague maintenue sous pression se glissa par dessus son crâne alors que ses jambes s'arquaient presque douloureusement. Sur son visage se brossait une exaspération presque colérique. Pourquoi fallait-il toujours que les rares nuits qu'il s'accordaient ailleurs qu'en errance, sous les étoiles, la lune et parfois quelques pins dans un sous-bois, finissent toujours de la même façon ? Il avait ce sentiment si persistant qu'il ne pourrait jamais prétendre à la sérénité. Qu'une main invisible qu'il ne comprenait pas plus qu'il ne contrôlait le lui interdirait ad vitam eternam. Ses dents grincèrent silencieusement, mais traduisant l'humeur qui était la sienne. Il se hissa à nouveau, sans prêter une véritable attention à ce que déclamait l'enfant de fer et de soie paré. Il avait d'autres soucis plus terre-à-terre dans l'immédiat.

L'Hylien planta ses yeux dans ceux de l'Enfant-de-Foi. Il savait qu'elle ne le verrait pas, pourtant il espérait qu'elle puisse sentir le poids de son regard. Il en avait assez. Assez de cette vie de héros qu'il n'avait pas choisie. Assez des conséquences qu'elle impliquait, assez de ne pouvoir envisager autre chose que de lever l'épée partout où son bras était nécessaire. Assez de ne pouvoir être quelque chose qu'il aurait décidé. « Ca te prend souvent, ça ? » Souffla-t-il à son amie, dans un sifflement agacé. Inconsciemment il avait fermé son poing gauche, avançant vers elle doucement. Ca n'était pas contre la Dame Bleue, loin de là, qu'était dirigée sa colère. Ni même contre ce qu'elle représentait. Un pas de plus le mena jusqu'à la petite table à laquelle il avait installé Flora del Carmen. Il prit alors une grande inspiration, comme auraient pu le faire Talon ou le vieux maître-charpentier quand l'un querellait Flamboyante ou quand l'autre aboyait des ordres à ses ouvriers. Mais le Fils-de-Personne soupira plutôt que de se décider à ouvrir des joutes verbales parfois capable de cisailler mieux qu'une dague. Il n'en avait tout simplement pas le courage.

La main appuyée sur le hêtre qui avait servi à monter la tablée, il jeta son regard par dessus son épaule, en direction du tavernier que la jeune femme apostrophait justement. Le comptoir, sans être ravagé, était luisant de l'eau et sans dessus dessous. L'homme, son épouse et ce qu'il pensait être leur fille dégoulinaient tandis que le sourire bienveillant de la vieille femme laissait place à un visage encore ébahi de ce qui venait de lui arriver. « Reste tranquille un instant... D'accord ? » Lança-t-il à sa partenaire, la voix plus posée qu'auparavant. En vérité, il ne parlait que pour elle et de façon à ce qu'elle seule puisse l'entendre. S'il n'avait pas la force de se lancer dans un affrontement comme à Cocorico, il savait tout de même capter le trouble de son amie — et s'en inquiéter.

"Excusez mon amie, elle ne souhaitait blesser personne. S'il faut réparer quoique ce soit, je serais ravi de vous aider." Sa voix tonna maintenant assez fort pour que le couple d'aubergistes puisse l'entendre. La femme ferma la bouche et hocha la tête sans rien dire. Le patron grogna, visiblement dans une colère noire mais sans la possibilité d'objecter. Link n'avait pas aperçu d'autres serveurs : de toute évidence ils manquaient d'ores et déjà de bras pour le travail qu'ils menaient. Un peu d'aide n'était pas quelque chose qu'ils pouvaient refuser. Sans attendre confirmation, il s'installa à table et ses yeux voyagèrent jusqu'à l'inconnu à l'initiative de tout le grabuge. Le silence, tombé après le début de rixe, ne s'était toujours pas relevé. La majorité des badauds ne cessaient de les fixer. Eux, et ce serviteur de la Couronne dont il ignorait tout. Comme il ignorait tout de la majorité d'entre eux. Ils étaient si nombreux à jurer fidélité et loyauté à Zelda. Plus encore, comme lui, à se battre pour elle. Pour elle et pour Hyrule, de toute évidence, bien que la façon dont cet étranger le faisait lui échappait radicalement. Leurs regards se croisèrent un instant, jusqu'à ce qu'une jeune femme le ramène sur terre.

"Un peu d'eau pour mademoiselle... — madame ?" Lança-t-elle, hésitante. Il ignorait ce qui provoquait cela chez elle, mais cela se résumait vraisemblablement à deux possibilités : soit elle craignait de violer le protocole et ne savait pas comment s'adresser à une oracle des Trois ; soit elle n'avait guère écouté et s'interrogeait sur le liens qui les unissait tout deux. « Ainsi qu'un peu de ragoût pour deux, cuisiné à base de lapin ! » Souffla-t-elle pleine d'entrain, luttant aussi bien que faire se peut contre la chape de plomb qui couvrait le chef de tout un chacun sous le toit de la taverne. Il grogna un merci, avant de se saisir d'un peu du pain noir qu'elle avait apporté également. Plus loin, un autre homme grognait également.

"M'voyez bien d'solé, m'ssire le servant d'la Princesse." Commença le tenancier, d'un ton plein d'ironie.« S'avère qu'avec les récents événements — v'savez, la guerre, les brigands et les rigolos qui brisent les tables, ceux qui les inondent ou les marques du bout du couteau... Ben, s'avère qu'ek tout ça, on rentre plus dans l'frais. Sans compter eul'taxe d'vot' bien aimé château. » Il lâcha nonchalamment la bolée qu'il tenait en main. Le récipient tomba lourdement sur la table, non sans arroser un peu le Sheikah. « D'ragoût d'chien. J'spère que vous saurez l'apprécier à sa juste valeur. » Sourit-il enfin, narquois et mauvais.

[Toutes mes excuses pour le délais, j'ai été un peu débordé !]


https://www.youtube.com/watch?v=o7MR5h3GzYc&index=59&list=PL8C4A0B6360BB2B3C

Le skald cessa de jouer. Flora sentit les regard peser sur eux quand son ami revint vers elle. Elle sentait la colère de Link. Décidément elle sentait beaucoup de choses ces derniers temps.
Elle glissa son corps dans un recoin près de la table qui leur était attribuée. Avec un soupir qui devenait rengaine, l'enfant de la Sagesse laissa ses oreilles vagabonder, percevant ça et la les bribes de conversations d'autres clients.

« héhé, t'crois qu'c'est elle ?
- On dirait bien, vu s't'tête ! L'a pas l'air contente la donzelle.
- Arf, normal, j'aimerais pas qu'on m'traite pareil. »

Et sur ce le premier homme lut a haute voix l'annonce dans le Journal d'Hyrule. Flora ne pouvait le voir, mais les yeux sournois de l'homme voguaient de sa page a son visage. Il savait pertinemment qu'elle l'entendait, et s'en amusait. L'aveugle ravala ses états d’âmes quand il concluait : «Écoutez mes paroles! Je vous dirait bien, qu’en voilà un héros curieux… Si autrefois on se représentait les héros comme des chevaliers valeureux à l’honneur sauf et à une loyauté extrême, le gueux qui nous sert de héros du temps semble échapper à la règle : Fermière, prêtresse, Zora et même la princesse Zelda Nohansen Hyrule elle-même, font partie de la foule de ses conquêtes…  Décidez-vous Héro, arrêtez de courir tous les jupons du Royaume et mariez-vous bon sang ! Comment les femmes peuvent-elles être attirées par son aspect crotté et son odeur d’écurie, sachant que sa bourse est vide ? Là est tout le mystère. Et ses admiratrices bien idiotes.»
Et tout deux partirent d'un grand éclat de rire. Oui notre prêtresse encore en herbe se sentait bien idiote. Mais qu'est ce que l'idiotie face au gouffre de la solitude ?

Flora se détourna, fixa son attention sur le néant qu'elle voyait. Elle posa son menton au creux de sa paume droite, masqua ses levers tremblantes en recourbant les doigts dessus. Le banc en face d'elle grinça quand son occupant remua.
Flora prit une inspiration tremblante.
« Un peu d'eau pour mademoiselle... — madame ? » Ce qui déclencha une nouvelle crise de rire de leurs voisins indiscrets.
La fille de foi fit un geste signifiant que cela n'avait pas d'importance. Maintenant elle n’était plus sure de pouvoir parler sans que sa voix ne trahisse ses sentiments.
L'aveugle attendait avec une impatience refoulée le moment ou elle pourrait prendre un moment d'intimité.

Une main prévenante glissa une cuiller de bois dans sa paume, poussa son bol contre son autre main. Flora joua un instant avec l'ustensile. Elle sentait sa gorge tellement nouée qu'il lui semblait presque impossible d'avaler quoi que ce soit.

« Désolée j'ai besoin d'air … je crois » murmura Flora en quittant la table. L'aveugle se prit les pieds dans sa robe et manqua de peu de s’étaler de tout son long sur le sol, mais elle sut se rattraper a temps. Une question murmurée a la petite serveuse qui passait par la et sa main trouva bien vite la sortie.

Si le crépuscule paraît le ciel d'or et de violet, on sentait encore la chaleur lourde de la journée, telle une chape de plomb, qui vint ajouter son poids a celui que Flora traînait depuis trop longtemps sur ses épaules. Son odorat percevait cette odeur humide et particulière qui annonçait la pluie, ses oreilles entendirent le grondement sourd et lointain d'un orage. L'aveugle soupira, sachant que ça rafraîchirait peut être la nuit.

Elle s’avança de quelques pas. Mais en l'absence d'une main charitable pour la guider, la jeune fille tomba les quelques marches qui se trouvait la. Une douleur fulgurante lui arracha un gémissement. Elle se mordit les lèvres. Flora venait de se tordre la cheville. Et comme si la douleur physique était une clef pour ouvrir la porte a sa douleur morale, elle se mit a pleurer. Chagrin, solitude, peur, honte, frustration, il en faut pour meurtrir un cœur. L'aveugle avait l'impression que chaque larme était une lame affûtée a destination de son cœur et de sa raison. Et tout ça pour un vagabond ?!

Flora pleura tant et si bien qu'elle en perdit la notion du temps. Une pluie fine tomba sur ses épaules et son corps recroquevillé au sol. Déjà l'air se faisait plus frais, même si le moral de l'enfant de foi restait au plus bas. Une main se posa sur l'épaule de Flora qui redressa la tête.
« Excuse moi, j'ai pas pris conscience du temps passé …
- Mais pas de soucis ma belle, pour moi tout ne fait que commencer ... »
**************************

L'inconnu entra dans la taverne. Ses yeux d'ombre et son corps camouflé dans son manteau rendaient sa description difficile. Ses mains était tachée de sang et il serrait quelque chose dans sa poigne. D'un regard il balaya la salle et repéra sa proie. D'un pas nonchalant il s’avançât. Ses doigts souillés se saisirent du journal que les vaux-rien avaient abandonné, froissé et déchiré.
Le banc que venait de quitter Flora grinça quand il y posa son derrière.


« Salut l'ami, sale temps hein ? »

Puis sans vraiment attendre de réponse il baissa les yeux et entama le repas que l'aveugle avait délaissé. « Tu sais, elle chouinait a cause de toi ... »
Une phrase négligemment jetée, sur le ton de la conversation. Un sourire sadique se dessina sur le visage de l'inconnu. Il porta une nouvelle bouchée a sa bouche, faisant mine d'ignorer toute réaction d'en face. « Tu pense qu'elle sera plus consentante avec moi ? Après toi, elle ne doit plus être bien difficile n'est ce pas ? »

Un rire le secoua tandis qu'il vidait la gamelle. Puis en contemplant les reliefs de son repas il soupira. « Tu m'invitera bien, n'est ce pas ? » Puis il fit mine de se raviser. « Oh non je vais donner mon écot ! »

Et l'homme plaqua sa main sur la table. Il se pencha en avant, pour murmurer au Héros en face de lui. « Elle a pleuré a cause de toi, bientôt elle pleurera a cause de moi. Elle criera même, pour que tout cesse ... » Puis après un temps « A la grâce de Nayru ... »

Enfin il leva la main et s'en alla.
C'est la petite servante qui passait par la, pour débarrasser qui vit ce qui était posé sur la table la première. Son visage devint livide et elle tomba dans les pommes.

Car sur la table il y avait, en guise de pièces deux écailles bleues encore ensanglantées.


[HRP : Flora a disparut. Je ne la rends pas c'est pas prévu. Mais je veux changer la direction de ce personnage et je ne vois pas comment le faire sans etre un chouia violente ... ]

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