Posté le 02/05/2015 10:43
« - Par les Déesses, Renis, mais que faites-vous ? »
Le brun poussa une plainte exaspérée, se posant une main sur les yeux. Le vieux derrière lui avait décidé d’inspecter chaque parcelle de terrain, le regard accusateur et perçant, le teint pâle, un peu recourbé, comme un animal en danger prêt à se défendre. Aucun doute, Ailill parvenait sans peine à imaginer ses pensées. « Pauvre fou, ne savez-vous pas que la Plaine est emplie de créatures agressives capables de nous arracher le cœur d’un coup de griffes ?! ». Quelque chose dans le genre.
« - Il n’y a rien, vous le voyez bien… !
- Mais Monseigneur, enfin… ! Je dois veiller à votre protection ! »
Cette phrase le fit éclater d’un rire franc, si franc, si rapide, si incontrôlé que l’espace d’un instant, son « don » se manifesta, faisant relever la tête au majordome avec un air admiratif, son visage reprenant des couleurs sans qu’il ne puisse y faire quoi que ce soit. Evidemment, cela se calma aussitôt, mais sur le coup, c’était drôle. Renis ? Le protéger ? Etait-il bien conscient du ridicule de sa phrase ? S’il y avait une seule « créature » ici, alors l’ancêtre aurait couru à toutes jambes pour sa peau, oui !
« - Ah, Renis… » soupira-t-il. « Aller, en route. »
La silhouette du Ranch se dessinait au loin. Pourquoi ne pas y faire un petit tour ? Avec toutes les batailles et sa récente mise à mal, une chose était sûre, Renis allait hurler de peur ! Peut-être pourrait-il se faire passer pour un spectre en se cachant dans l’ombre… Oui, c’était idiot et gamin, mais cet homme-là était très amusant à terroriser. Après tout, il était à son service, et il s’ennuyait terriblement. Depuis que la belle bête sur laquelle il était tombé était partie sans même lui dire au revoir, et qu’il s’était promis de le retrouver un jour, l’ennui de ses journées habituelles était revenu. Les quelques indics qu’il avait pu trouver n’avait rien pu lui dire sur cette personne, et il commençait à croire que pour une fois, son caprice n’aurait pas de suite. Il se refusait à s’avouer vaincu, cependant, mais la longue pause dans ses investigations commençait à durer bien trop longtemps.
« - M…Monseigneur, attendez, je vous en conjure, je… »
Le pauvre vioque haletait en grimpant la petite dune, ce qui ne fit qu’élargir le sourire de son maître. C’était tellement amusant. Dans sa grande bonté exceptionnelle, il pensa qu’ils allaient se reposer un peu tout en haut. Mais voilà qu’une autre personne s’y trouvait déjà. Une femme, à première vue. Ses longs cheveux verts encadraient son visage, et ses yeux d’émeraude le laissèrent mitigé. Mi douce, mi forte. Renis revint à lui, se redressant aux côtés de son maître.
« - Oh… Une bien belle beauté que voilà… ! »
Ailill leva les yeux au ciel, effectuant un vague geste de la main. Que pouvait-il bien en avoir à faire, de la beauté de cette donzelle ? Dans l’immédiat, elle ne l’intéressait que peu. Comme beaucoup de femmes, et même d’hommes en vérité. Mais puisqu’il était bien impoli de dévisager quelqu’un sans même l’approcher, il s’avança vers elle.
« - Puis-je ? » demanda le noble en désignant la terre à ses côtés.
Cela pouvait paraître étrange, qu’un aristocrate s’installe aux côtés d’une femme lambda, sans craindre qu’elle ne le tue et le dépouille sans peine. Mais il était ainsi. Un léger côté aventureux et sans peurs qui teintait ses jours d’escapades dans la nature. Un point que Lelga admirait, et que Renis détestait chez Ailill.