Chapitre Premier - Une Halte Sanglante
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Son regard derrière ses lunettes rondes n’avait pas quitté le ciel. Il lui semblait avoir une teinte plus vive que d’ordinaire. Ou peut-être était-ce simplement sa fatigue et sa nervosité qui lui donnait l’impression de le voir brûlant comme un incendie. Une si brève pensée qui parvint à le faire trembler, alors qu’il remontait l’une de ses mains pour repousser sur son nez ses nouveaux verres. Pas si nouveaux que cela, en réalité. Ils lui avaient appartenus dans son enfance, pendant une courte période, mais avait bien vite été remplacées par d’autres d’une forme un peu moins imposante. Cependant, dernièrement, après un léger accident, ses habituelles montures s’étaient brisées, et il devait se contenter de celles qu’il portait. C’était, de toutes manières, toujours son père qui les lui avait façonnées. Elles étaient un peu tordues au bout des branches, mais elles tenaient toujours parfaitement.
Un soupir passa ses lèvres. Il avait quitté sa famille très peu de temps auparavant pour retourner à ses devoirs de soldats. Dès qu’il avait pu marcher sans soucis, dès qu’il avait pu faire des efforts. Dès que son esprit encore légèrement embrumé le lui avait permis. Et il avait honte de l’admettre, mais il avait beaucoup de mal à se remettre de ce choc lui paraissant si futile à présent. De plus, il ne pouvait s'empêcher de se faire du souci pour ses proches. Etaient-ils en danger là où ils vivaient ? Leur troupe allait-elle passer près de son village d'enfance, et serait-il encore debout ? Il semblait si facile de réduire les vies de dizaines de personnes à néant, alors... Ses cheveux roux s’agitèrent et balayèrent ses épaules de leurs pointes lorsqu’il secoua la tête, chassant ces pensées vaines de son esprit. Il n’était pas là pour s’en faire. Il avait une mission à accomplir, aux côtés de nombreuses autres personnes.
Il restait en retrait par rapport au reste de la compagnie. Bien sûr, il connaissait quelques visages, mais sans trop de détails. Evidemment, Nabooru, l’instigatrice de tout ceci. Il s’imagina un instant à sa place. Une Reine désirant libérer son peuple. Peut-être un peu comme leur propre Souveraine… Cela l’aidait à retrouver la motivation pour avancer, oublier tout ce qui avait pu se passer pour se tourner vers ce qu’il devait faire. Sans doute ce que devait se dire Abigaïl à cet instant, en tout cas, il le supposait. Il ne se souvenait plus exactement où il l’avait connu, mais son visage lui disait définitivement quelque chose, plus loin que leur rencontre actuelle. Peut-être était-ce le Village… Difficile à dire, pour l’instant. Il ne put retenir son rougissement alors que la gêne l’envahissait. C’était ridicule, mais il se sentait comme un gosse à côté de lui. Un peu comme lorsqu’il était près du Général. Il fallait dire que, comparé à n’importe quel homme de l’Armée, il avait l’air d’un gringalet essayant de jouer les durs, quoique les vives couleurs que prenait son teint à chaque fois qu’une émotion un peu trop forte était ressentie n’aidaient pas à avoir l’air sérieux. Pendant un temps, il avait caché cela avec le large bord d’un chapeau. Mais aujourd’hui, il ne se sentait plus de dissimuler de si petites choses. Il avait bien d’autres secrets à protéger, d’une toute autre importance. D’ailleurs, il songea à l’un d’eux, pensant aux risques qu’il prenait, à ce qu’il ne pourrait peut-être pas lui dire, à ses yeux de glace qu’il ne pourrait peut-être plus voir, jusqu’à ce que la crinière rousse d’une autre demoiselle ne le tire de ses pensées qu’il admettait totalement exagérées. Hm… Il semblait qu’il faisait pâle figure même à côté des femmes, maintenant. C’était bien parti.
« - Walder ! Abigaïl ! Venez voir, tous les deux. »
Prenant une discrète inspiration, Laurent s’avança, resserrant auprès de lui son grimoire, et un tout nouveau compagnon. Une baguette de bois bien taillée, de taille moyenne, qu’il tenait entre ses doigts gantés, peut-être un peu trop fort pour ne pas montrer sa nervosité qui reprenait doucement mais sûrement le dessus sur sa personne. Un nœud se délia cependant à son ventre lorsque ses iris verts se posèrent sur la carte étendue face à eux. C’était comme un autre état, une autre personnalité qui essayait de revenir lentement prendre possession de son corps en chassant toutes les autres choses. Oh, il en connaissait bien un autre qui lui faisait tout oublier en prenant possession de son corps, mais on n’était pas vraiment dans le même sujet… Fort heureusement ou malheureusement, là était la question.
« - Nous allons devoir descendre encore plus bas, jusqu'à atteindre les Bois Kokiris. Une fois dedans, nous en longerons la lisière vers l'Ouest. Nous sortirons des bois au dernier moment, et nous arriverons au Lac Hylia. Ensuite, nous remonterons le fleuve pour rejoindre la Vallée Gérudo, comme prévu.
- Je suis pas stratège, mais ça m'paraît bien. Y'a juste les bois qui me chiffonnent, j'sais pas ce qu'en pense Walder. Paraît que les adultes feraient mieux de pas y rentrer, ça les perdrait ou quoi. Ou pire, je sais pas. C'est p't'être juste des rumeurs, mais en même temps c'est traître, ces régions-là. »
Ses doigts vinrent à nouveau ajuster ses montures sur son nez, dans un geste qui pouvait presque passer comme empreint d’une confiance en soi un peu trop présente. Pourtant, il n’en était rien, et le début tremblant de sa phrase le démontrait.
« - Ce n’est pas… Ce ne devrait pas être un problème. » Il se reprit. « Je suppose que si nous ne nous enfonçons pas trop profondément dans la forêt, et que nous en ressortons au plus tôt, nous ne risquons rien. Et puis, il faut évidemment prendre ceci avec du recul. Il y a des chances pour qu’il ne s’agisse que d’une explication à peu près mystique pour justifier des disparitions de personnes s’étant aventurées dans la forêt, ou alors les actions de brigands sévissant dans les bois. Rien ne nous indique clairement qu’un danger réel, ou en tout cas un danger auquel une armée ne pourrait pas faire face, se trouve dans les bois, de ce fait je pense que… »
Il se stoppa. Un nouveau rougissement lui brûla les joues, sa prise se fit plus forte sur ses possessions. Il parlait définitivement trop…
« - Je pense qu’il s’agit d’une bonne idée, et je n’y vois aucun inconvénient. Il faudra juste être prudent. »
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Le visage fermé, il suivait tant bien que mal l’allure générale. Abigail n’avait aucune pitié, et il s’efforçait de rester à sa hauteur. Au moins ne cherchait-il pas à le distancer. Il ne pouvait pas s’empêcher, malgré tout, d’être légèrement irrité. En un sens, le grand rouquin lui rappelait sa sœur aînée. Outre leurs chevelures semblables de par leur couleur, il y avait ce petit côté… Buffle. Ca n’était peut-être pas le moment d’y penser, mais n’était-ce pas le cas ? Si. Abigail avait ce côté fort et imposant, sans pour autant que la « noblesse » ne se dégage de lui. Enfin, il avait plutôt une « noblesse » différente. Le courage. Voilà. La capacité. Exactement.
Il s’éloigna un peu lorsque son aîné entreprit de défoncer une nouvelle porte trouvée. Peut-être aurait-il pu simplement la brûler lui-même avec sa magie ? Hm, non, mauvaise idée. Cela pouvait être dangereux sur bon nombre de points, et ça n’était pas le moment de faire un faux-pas. Il devait rester concentré. Penser aussi à pourquoi ils étaient là. Aux Gérudos innocentes forcées à se soumettre. Voilà, c’était ça qu’il devait garder à l’esprit. Pas de craintes, pas de perte de confiance. Juste leur but commun à tous. Juste à leur devoir à tous.
Le craquement de la porte cédant le fit à peine sursauter, ses doigts serrant son livre et sa baguette. Il ne dit rien, mais n’en pensa pas moins : les bestiaux comme le guerrier étaient particulièrement utiles… C’était peut-être étrange à penser, justement. Chassant l’idée, il s’approcha, suivant lentement. Tout était si sombre autour d’eux. Rien de rassurant, et aussitôt, son nœud à l’estomac se refit, encore plus serré, encore plus facile à ressentir. Encore moins agréable. Il n’était pas courageux. Il n’arrivait pas à l’être, il n’était pas comme eux, il n’était pas comme ces gens qui se battaient, il n’était pas comme sa sœur, il n’était pas comme Abigail. Lumière. Le mot, la demande simplement formulée, fut ce qui le ramena à la réalité. Ouvrant doucement mais rapidement son livre, il tourna deux pages, prit son petit bâton et le tendit, murmurant sa formule. Une flamme, ni trop grande, ni trop petite, se forma. Juste assez pour éclairer. Précautionneusement, il fit un pas de plus afin de dépasser son compagnon de découvertes, dans le but d’illuminer justement devant lui. C’était lui qui allait se charger de toute la partie « affrontement », s’il y avait un problème, pour l’instant. Et il devait aussi faire attention à ne pas enflammer quoi que ce soit autour d’eux… La magie du feu était définitivement l’une des plus complexes. Un mauvais mouvement, et tout brûlait. Ca se propageait. Ca pouvait être dévastateur.
Clignant des yeux pour s’habituer, il observa autour d’eux, s’efforçant à ne pas craindre quoi que ce soit. Mais l’enfant au fond de lui, étrangement, le petit bout de chou roux réfugié dans son grenier à l’abri des regards, arrivait très facilement à lui faire croire qu’un monstre quelconque allait surgir de l’obscurité.
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Un long frisson le parcourut en entendant cette voix et, comme ses compagnons, il tourna la tête dans la même direction, leur cheffe prenant son bras pour y diriger la lumière. Ce qu’il vit fit pointer en lui un léger… Agacement. Ou plutôt, une certaine colère, qui montait lentement. Une demoiselle en bien mauvais état se trouvait près d’eux, l’air aussi rassurée de les voir que méfiante. Et s’il y avait bien une chose que Laurent détestait, c’était qu’on s’en prenne à une femme. Dans sa famille, et dans son village, on avait toujours respecté les femmes, car elles travaillaient autant voire plus que les hommes. Et il avait également l’image de sa mère et de ses sœurs, trois femmes fortes, les deux aînées étant des modèles pour lui, et la cadette une fierté immense. Ce respect, il ne l’avait pas perdu en arrivant à Citadelle, ni dans l’armée. En vérité, la présence féminine réduite dans cette dernière avait renforcé ce sentiment. On ne touchait pas aux femmes. Et au final, il redoutait presque l’affrontement. Si une Gérudo se retrouvait face à lui avec la ferme intention d’en découdre, y parviendrait-il seulement ?
A la demande de Nabooru, il se rapprocha, restant derrière Abigail pour l’éclairer, jusqu’à ce qu’il n’ait besoin de plus de lumière. Il s’accroupit près de lui et de la jeune femme, rapprochant sa flamme avec beaucoup de précautions.
« - Tout va bien se passer, ne vous en faites pas. »
Il n’avait pas besoin qu’on lui dise de la rassurer, il l’aurait fait d’une façon ou d’une autre. Etant proche d’elle, il la regarda longuement. Qu’avait-elle pu faire pour « mériter » un tel traitement ? Sa colère montait. Ses mains, dans ses gants serrés, en devenaient chaudes, un peu trop, et ses joues prenaient une légère teinte rouge alors qu’il regardait l’autre roux concentré sur les chaînes. Sa prise se resserra sur sa baguette, et il haussa un sourcil lorsque le soldat demanda son aide, répondant d’un ton peut-être un peu arrogant.
« - Tu me demandes de faire preuve de force ? Tu es sûr que tu m’as bien regardé ? »
Puis il soupira, s’efforçant à ne pas laisser ses sentiments prendre le dessus. Mais ça l’énervait. Beaucoup. Lui lançant un regard d’excuses, il aida son collègue aussi bien qu’il put. Ca n’était pas le genre de « travaux » qu’il avait l’habitude de faire… Le cadenas lâcha finalement, et il poussa un bref souffle soulagé. Toujours en les éclairant, il recula, laissant Abigail porter leur blessée. Il se sentait encore plus contrarié de ne pas pouvoir faire quelque chose et de servir d’acolyte. Une chose était sûre, avec le temps, il perdait en patience. Peut-être était-ce l’enchaînement d’étranges situations qui ponctuaient sa vie. Ou alors simplement le signe qu’il ne pouvait plus attendre plus longtemps, et qu’il espérait en silence qu’il pourrait faire ses preuves un jour. Un jour prochain, de préférence. Secouant la tête, essayant de ne plus regarder leur blessée, bien qu’il ait toujours un œil sur elle – pas par manque de confiance envers leur guérisseuse, mais plutôt pour ne pas avoir mauvaise conscience en faisant mine de l’oublier –, il essaya de se calmer. Ils étaient dans une mission, une mission importante… Il ne fallait pas s’emporter.
« 'Se passe un truc pas net en bas. »
La voix d’Abigail lui fit relever la tête. Il se passait quelque chose ? Ca n’avait rien de surprenant, mais tout de même, si tôt dans leur aventure ?
« Si la d'moiselle peut pas se déplacer, serait p't'être mieux que tu restes avec elle, Sakristi. Mais le mieux, c'est que ça aille et qu'on reste groupé, on peut pas vous laisser toutes seules, la défense ouverte. Et si ça merde vraiment au repère comme ça pourrait, 'fin j'espère pas mais vaut mieux prévoir le pire, je peux pas vous laisser Nesreen ou Walder ici, non plus. Donc tant que tout l'monde tient d'bout, on y va, on descend. Walder, tu fermes la marche, t'es le mieux placé pour te battre à distance si jamais ça tourne pas rond. »
Il attendit qu’on ne s’occupe plus de lui pour lâcher tout bas « Derrière, encore… ! », avant de se reprendre, une nouvelle fois. Il se trouvait un peu… Gamin, pour le coup, et ça n’était pas le moment, surtout que c’était logique, comme placement. Il fallait rester calme… Calme…
Et son calme revint, un peu malgré lui, quand toute couleur le quitta, et quand son sang se glaça à la vision face à eux. Sans pouvoir s’en empêcher, il imagina toutes sortes de scénarios pendant lesquels les deux soldats avaient pu être ainsi malmenés. Qui pouvait faire ça ? Ou quoi ? Il chassa au mieux ces images de son esprit, ouvrant son grimoire sur une page précise. Ca. Il lui fallait ça si le combat s’annonçait. Ca, et aussi la concentration. Il ne devait pas se laisser distraire par ses suppositions, ni par la panique qui l’envahissait. Il fallait faire preuve du courage qu’il n’avait pas, mais qu’heureusement, il retrouva bien vite quand la colère revint prendre possession de son corps. Il détestait le crime, quel qu’il soit. Il détestait surtout les criminels. Il repensa à la jeune femme de la grange, alors que son regard vert parcourait encore le duo de corps. Ceux qui avaient fait ça devaient payer. Non ? Si. Bien sûr que si. Et il n’était apparemment pas le seul à le penser. Ou en tout cas, mieux valait le croire et se rassurer.
Le groupement trouva finalement ce qui était à l’origine d’un massacre plus grand encore que ce qu’il n’aurait pu imaginer. Sa prise se fit plus forte sur son bâton. L’emportement le piquait encore, essayant de le faire craquer, comme une séduisante silhouette dansant près de lui, l’invitant à ce qui était pourtant interdit. Il entendit « les ordres » ou plutôt la voix d’Abigail, sans vraiment la comprendre. Il avait simplement envie de brûler cette créature en guise de vengeance. Etait-ce mal ? Non. Non, ça ne l’était pas. C’était humain. Enfin, il l’espérait. Ou pour l’instant, il s’en moquait. L’incantation fut murmurée, ses yeux passant des lignes qu’il connaissait par cœur au début de combat. La flamme naquit, suivant le cercle que formaient les mouvements de sa baguette dans l’air. Forte mais contenue, pour l’instant. Il s’apprêtait à la lancer. Mais ce qui est le plus effrayant, avec le feu, c’est qu’on ne peut jamais trop se laisser aller. A la moindre erreur, il consume tout, et alliés comme ennemis peuvent en payer le prix…
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