Quête - A la rescousse des Gérudos

Chapitre Premier - Une Halte Sanglante

[ Hors timeline ]

Du haut de son destrier, Nabooru contemplait la scène d'un air profondément dur.

Son regard s'attarda sur les masures en ruines et laissées à l'abandon depuis probablement plusieurs semaines. La plupart semblaient avoir été partiellement - sinon complètement - dévorées par le Feu de Din, quant à celle qui tenaient encore debout, on pouvait sans difficulté y lire l'horreur qui avait frappé ; vitres cassées, portes enfoncées, les murs en bois criblés de flèches et de projectiles divers et variés quand ils n'étaient pas simplement éclaboussés de vulgaires tâches de carmin asséchées. Les toits de chaume n'étaient plus que cendres et poussières qui virevoltaient dans l'air au gré d'une légère brise de de début d'hiver. Dans ce qui fut autrefois des enclos, on pouvait voir gisant au sol les cadavres du bétail qui y résidait, dépecés de leur bonne viande par les chacals et les vautours. Quand ce n'était pas ceux d'hyliens que l'on découvrait, jonchés sur le sol sous un manteau de brume qui les dissimulait par moments, et les révélait à d'autres. Ce qui était par le passé un petit hameau des Plaines du Sud, tranquille et sans histoires, avait fait l'objet d'un sac dans les règles.

Ce n'était pas le premier petit village en ruine que la Reine Brisée découvrait en compagnie de la troupe qu'elle conduisait ; c'était déjà le troisième après onze longs jours de marche depuis le Bourg. L'ennemi gérudo, fort de sa puissance, savait frapper dans les zones les moins peuplées et surtout les moins protégées, c'est-à-dire au Sud et à l'Ouest des landes. Ces petits hameaux, dénués de défenses et très loin des deux principales place-fortes hyliennes, constituaient des proies extrêmement tentantes pour les troupes du Roi Gérudo. Mais même sachant tout cela, Nabooru ne restait pas de marbre face au massacre perpétré, et en était même particulièrement touchée. Et à tout instant, elle craignait de devoir affronter la sauvagerie d'un bataillon de gérudos lancé dans ce genre d'expédition punitive. D'une, parce qu'elle avait encore du mal à accepter de devoir se battre contre son propre peuple. De deux, elle n'était pas bien certaine que la petite compagnie qu'elle conduisait puisse y résister.

Et pourtant, elle ne manquait pas de beau monde ; outre la dizaine d'homme d'arme d'expérience que le Général Hylien avait eu l'amabilité de lui octroyer pour sa quête, et la demi-douzaine de femmes du désert issues de sa propre garde personnelle, la Sage de l'Esprit pouvait compter sur quatre autres individus aux horizons éloignés, mais aux compétences uniques certaines. Le premier se nommait Abigail, un garçon fort, rompu aux armes et aux batailles, d'humeur souvent taciturne de ce que la gérudo pouvait en observer, ayant pris part aux rudes affrontements qui avaient eu lieu plus d'un mois auparavant dans la cité de Cocorico, où elle avait cru comprendre qu'il résidait habituellement. Solide comme un roc, il menait officieusement les hommes de Rusadir, en compagnie d'un érudit, un certain Laurent Walder. Homme d'apparence chétive, ce dernier était prétendument un mage de feu et un maître stratège ; et en cela, Nabooru voulait bien le croire. Cet hylien n'avait en rien le physique d'un combattant, aussi devait-il posséder quelques talents insoupçonnés de prime abord. Tout comme l'hylienne, la seule, qui s'était portée volontaire pour accompagné la compagnie de la Reine. Sakristi de son jolie prénom, s'était présentée comme une apothicaire ayant besoin de se rendre dans les landes reculées d'Hyrule pour y recueillir quelques herbes qu'elle ne pouvait trouver ailleurs qu'au prix fort. Approchant visiblement la quarantaine, elle rendait service, déjà, en distribuant quelques petites lotions de soin ou quelques herbes médicinales, au besoin, pour soigner les rhumes et autre maladie qui frappaient parfois la troupe. Quant à la petite dernière, Nesreen, c'était une gérudo ayant fuit la Forteresse à temps, et ayant rejoint la Sage en apprenant son expédition par Abigail, qu'elle connaissait justement. Forgeronne de son état, et de talent, qui plus est, elle souhaitait aider la plus célèbre des rouquines par tous les moyens. Pour qu'un jour, elle puisse retrouver son foyer.

« Eh bien... », souffla la Reine des Voleuses pour briser le silence de mort qui s'était installé. Elle tourna la tête et observa ses camarades se trouvant à ses côtés, notamment Laurent Walder et Abigail, qui la suivait en tête de convoi, et de près. D'un signe de tête, elle leur intima que leur route s'achevait ici pour aujourd’hui, et descendit de selle. « La nuit tombe, et nous sommes à une demi-journée du prochain hameau ; ça ne vaut pas le coup. Installons-nous ici, tant qu'à faire, personne ne viendra nous y chercher. » Il lui sembla que ses homologues hyliens acquiesçait, d'accord avec la remarque de la gérudo. Après onze journée de marche à travers la Plaine, la compagnie avait rarement eu l'occasion de dormir autrement qu'en pleine air ; ici, peut-être pourraient-ils trouver quelques bâtiments pas trop amochés qui leur offrirait une nuit à l'abris du vent.

Doucement, la petite compagnie s'avança dans un silence religieux par l'allée principale du petit village, à la recherche de ce qui pourrait faire office d'abris. Bien rapidement, ils trouvèrent ce qui pouvait servir autrefois d’entrepôt pour les récoltes des fermes et décidèrent de s'y établir ; les lieux étaient déserts, poussiéreux, mais il y avait assez d'espace pour que tout le monde puisse y sommeiller. Dans un soulagement général, hommes et femmes se défirent de leurs armes et de leurs armures, et des groupes se formèrent de part et d'autre pour discuter, jouer aux jeux, manger ou même boire un coup. Les gérudos et les hyliens, d'abord méfiants les uns à l'égard des autres, avaient mis du temps avant de se mélanger, mais des liens s'étaient forgés au fil des jours. L'entente était bonne, et l'ambiance saine dans la compagnie, un soucis de moins pour une Nabooru jusque là anxieuse à ce sujet.

« Walder ! Abigail ! Venez voir, tous les deux », glissa la rouquine, alors qu'elle déployait sur une  table une carte d'Hyrule, à peine éclairée dans la pénombre naissante par une vieille lampe à huile. Encore une fois, elle faisait appel à eux pour la conseiller, mais surtout les informer au jour le jour sur la tenue de leur voyage. En tant que Reine, elle se devait de montrer l'exemple, et d'agir de concert avec ceux qui semblaient mener le groupe hylien. « Regardez », fit-elle, un doigt pointé sur la carte. « Nous sommes ici ; mais comme vous le voyez, notre itinéraire initial nous fait traverser une région sujette aux attaques des dragmires. Cela fait quoi ? Deux, trois hameau que nous trouvons dans cet état depuis trois jours ? Ce n'est pas bon pour nous. Si nous voulons rester discret, et en vie, nous allons devoir aller plus au Sud. »

Passez par les Plaines du Sud pour rejoindre le Désert Gérudo devait être une bonne idée, à la base, afin que les espions dragmires présents dans le royaume ne puisse pas repérer la compagnie de Nabooru ; alors que l'effet de surprise était la principale et seule force du groupe. Si Ganondorf apprenait qu'une expédition approchait de ses terres, avec la Sage de l'Esprit à sa tête, il la ferait écraser par ses armées aussitôt. Mais puisque les landes qu'ils traversaient semblaient être le terrain de chasse de mercenaires, de brigands, ou même de troupes du Trône, il fallait revoir les plans.

« Nous allons devoir descendre encore plus bas, jusqu'à atteindre les Bois Kokiris. Une fois dedans, nous en longerons la lisière vers l'Ouest. Nous sortirons des bois au dernier moment, et nous arriverons au Lac Hylia. Ensuite, nous remonterons le fleuve pour rejoindre la Vallée Gérudo, comme prévu », conclut-elle en observant tour à tour le mage et le soldat.




[Voila, vraiment désolé pour l'attente jeunes gens >< ! Mais la quête est officiellement lancée. Pour l'instant, pas d'ordre pour les tours, nous attendrons que tout le monde ait posté et il sera alors établis.
En outre, n'ayez pas peur d'être inventif : n'attendez pas forcément que je vous guide tout au long du rp, je ne suis là que pour donner une ligne directrice, mais surtout, que cela n'entrave en rien vos idées de jeu ! J'adapterai la quête en fonction de vos choix et de vos idées, ne vous en faites pas. Donc prenez du plaisir et jouer à fond, no limit !
Et soyez prêt parce qu'après ce petit départ tout doux, on va démarrer en fanfare !]

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Abigaïl


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[HRP : Encore désolée pour le retard, gros débordement de l'IRL sur le RP pendant quelques temps... Mais maintenant je suis prête et j'espère que vous aussi ! BRING IT ON ! <3 ]


Quelle boucherie. Comme la grande majorité de ses compagnons d'arme, Abigaïl observait avec impuissance les vestiges du hameau ravagé par la guerre. Une razzia comme toutes les autres qu'ils avaient pu entrevoir lors de leur périple depuis la Citadelle d'Hylia... Mais celle-ci frappait d'autant plus le soldat de Cocorico que celui-ci connaissait ce petit village du Sud. Sans mot dire, les lèvres pincées, Abigaïl contempla le site dévasté pendant un temps encore, juché du haut de son puissant cheval de trait. Comme s'il souhaitait graver les ruines dans sa mémoire. Et pourtant, c'était avant tous les autres que l'ex-garde royal se détourna de la scène. Pas besoin de se tourmenter sur ce qu'ils n'auraient, dans tous les cas, pas pu sauver... même si le soldat ne put s'empêcher un pincement au coeur, lorsqu'il se rappela de sa dernière traversée dans ce hameau. En effet, ce village était le premier point de passage qu'il franchissait lorsqu'il quittait sa ferme familiale pour aller retrouver les grandes villes... Et si sa dernière visite remontait déjà loin, il s'était néanmoins familiarisé avec quelques habitants d'ici. Qui sait ce qu'ils étaient devenus depuis le raid...

A quelques pas devant lui, la Reine des Gérudos descendait de son cheval. Cela faisait plus de dix jours qu'ils s'étaient mis en route ensemble, et chacun devait commencer à intégrer le fonctionnement de leur petite communauté. Aussi, Abigaïl n'hésita pas avant de mettre pied à terre, à la suite de la digne Nabooru. La souveraine du Désert déclara, sur un ton qui n'autorisait aucune concession :
« La nuit tombe, et nous sommes à une demi-journée du prochain hameau ; ça ne vaut pas le coup. Installons-nous ici, tant qu'à faire, personne ne viendra nous y chercher. » Et sous ses indications, les montures furent menées au pas à travers les bâtisses abandonnées.

Le visage assombri par l'étendu des dégâts, le soldat de la Reine ralentit le pas, de sorte à se faire dépasser par ses compagnons Hyliens. Il attendait l'escouade Gérudo, et ne fut pas déçu lorsqu'une des femmes du Désert s'approcha de lui, la bride de son propre cheval entre les mains. Nesreen, tout comme lui, n'était pas réputée pour sa loquacité, mais elle était une amie de confiance.

Après avoir pris connaissance de la quête de Nabooru, Abigaïl s'était empressé d'envoyer une lettre à Cocorico, afin d'en informer la rescapée Gérudo qu'il avait accueilli chez lui depuis le débâcle de la Forteresse. Ils s'étaient finalement retrouvés à la Citadelle d'Hylia le jour du départ, lui sous les ordres de l'armée, elle sous l'allégeance à sa Reine exilée. D'ordinaire, cela ne dérangeait pas le soldat de voyager sans connaître personne (les autres Hyliens ayant été recrutés non pas à partir du Fief mais bien depuis la Citadelle), mais un visage connu lui permettait de reprendre pied dans les moments plus difficiles... et savoir que Nesreen était à même d'encaisser les coups durs était rassurant.
« J'suis passé plusieurs fois dans le coin, » glissa-t-il à sa compagne Gérudo, sur un ton neutre et concis. Sans effusion de sentiment. « Mon village est pas loin. » Il n'eut pas besoin de préciser que toute sa famille y résidait encore ; cela aurait été inutile, et il ne voulait pas se ronger les sangs sur ce qu'il ne pouvait, de toute manière, pas régler tout de suite.

Tandis que toute la compagnie s'installait dans une grange abandonnée, les chevaux à l'étable, et que les Hyliens se défaisaient déjà de leurs lourdes armures, Abigaïl inspecta les lieux avec minutie. Les traces de cendre et les poutres noircies portaient les marques d'un incendie récent, mais autrement, nulle trace de réserve : tout devait avoir été pillé pendant l'assaut. Le village semblait déserté, mais puisqu'il devaient y faire étape, peut-être devraient-ils en profiter pour se réapprovisionner...

Après un soupir, le garde de Cocorico finit à son tour par retirer son équipement. Il avait tant et si bien pris l'habitude de voyager avec son armure qu'il se sentait étrangement moins à l'aise une fois débarrassé de sa protection métallique. Mais mieux valait en profiter, tant qu'ils pouvaient encore se permettre de voyager confortablement. Il étira longuement ses bras, fit craquer les jointures de ses phalanges libérées, puis lança sur un ton désinvolte à Nesreen :
« Y'a p't'être des survivants. » Un coup d'oeil rapide lui apprit qu'il s'était adressé tout aussi bien à son amie Gérudo qu'à leur apothicaire Hylienne, une femme d'âge mûr qui les "accompagnait" seulement. Sakristi, si sa mémoire ne le trompait pas. Le soldat n'avait pas vraiment eu l'occasion de faire connaissance avec elle depuis le début du voyage, mais il espérait qu'elle continuerait le voyage avec eux : seules les Déesses savaient combien ils auraient besoin des compétences d'une guérisseuse, une fois sortis des chantiers battus. Aussi, continua-t-il sur le même ton : « On devrait refaire le plein d'vivres. Et voir si on peut dormir là sans s'faire attaquer la nuit. T'iras voir avec les gars ? » Une petite patrouille ne ferait pas de mal à personne, et il ne s'adressait pas à Nesreen pour rien : avec sa carrure puissante et son cimeterre à deux mains, la femme du Désert saurait sans aucun mal mener quelques Hyliens ou Gérudos avec elle, le temps de s'assurer que tout était sécurisé dans les alentours. Ils ne pouvaient pas prendre le risque de se faire égorger en pleine nuit, que cela soit par les partisans de Ganondorf... ou par des villageois effrayés, qui ne cherchent qu'à sauver leur peau. Les rescapés ne feraient pas la différence entre les Gérudos exilées de leurs terres et celles qui, sous les ordres du Seigneur du Malin, avaient transformé leur paisible hameau en un champ de ruines.

« Walder ! Abigaïl ! Venez voir, tous les deux, » appela cependant la Reine des Gérudos, et le soldat ne put tergiverser plus longtemps. Il tapota brièvement l'épaule solide de son amie forgeronne, comme pour s'excuser de devoir s'occuper d'autre chose, et se dirigea loyalement vers la table de bois où Nabooru avait étalé une carte d'Hyrule. Ce n'était pas la première fois qu'elle invitait les Hyliens à prendre connaissance de ses plans, un signe distinctif de bon dirigeant selon Abigaïl : personne n'aimait aller au casse-pipe sans avoir idée de ce qui les attendait par la suite...

Etrangement, les soldats de Llanistar portait une sorte d'admiration irrationnelle pour l'ex-garde royal, et ce depuis le tout début de leur voyage. Abigaïl se doutait qu'ils avaient entendu parler de ses "exploits" aux côtés du Héros du Temps lors du Fléau de Din, qui l'avaient opposé à la redoutable Swann Dragmire... La réputation de Link avait, en quelque sorte, déteint sur le soldat de Cocorico. Mais puisqu'il semblait avoir une influence certaine sur ses compatriotes, il se disait tout simplement qu'il ferait en sorte de mériter leur respect. Aussi, c'était avec attention qu'il suivit les explications de Nabooru, afin de pouvoir en informer ses autres compagnons par la suite.


« Nous allons devoir descendre encore plus bas, jusqu'à atteindre les Bois Kokiris. Une fois dedans, nous en longerons la lisière vers l'Ouest. Nous sortirons des bois au dernier moment, et nous arriverons au Lac Hylia. Ensuite, nous remonterons le fleuve pour rejoindre la Vallée Gérudo, comme prévu, » conclut la Sage de l'Esprit. Ce changement de plan inopiné paraissait nécessaire : ils semblaient suivre l'avancée des raids ennemis depuis quelques hameaux, et finir par les rattraper ne serait qu'une question de temps... Or ce n'était certainement pas par la puissance du nombre que la petite compagnie Hylienno-Gérudo comptait l'emporter. Autant faire un détour, tracer une route plus sûre, tant qu'ils pouvaient éviter l'affrontement et conserver leur effet de surprise.

« Je suis pas stratège, mais ça m'paraît bien. » Abigaïl appuya ses propos d'un bref signe de tête, avant de jeter un coup d'oeil au stratège en question, l'Hylien Laurent Walder, qui leur vient de la Citadelle aussi. Un gamin pâlot qu'il voyait davantage derrière son bureau que sur le champ de bataille ; un érudit plutôt qu'un guerrier, ou un mage peut-être. Le soldat n'était pas très familier aux choses de la magie, mais s'il savait une chose, c'est qu'il ne fallait jamais les sous-estimer. « Y'a juste les bois qui me chiffonnent, j'sais pas ce qu'en pense Walder. Paraît que les adultes feraient mieux de pas y rentrer, ça les perdrait ou quoi. Ou pire, je sais pas. C'est p't'être juste des rumeurs, mais en même temps c'est traître, ces régions-là. »


Laurent


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A la rescousse des Gérudos.

Chapitre Premier - Une Halte Sanglante







Son regard derrière ses lunettes rondes n’avait pas quitté le ciel. Il lui semblait avoir une teinte plus vive que d’ordinaire. Ou peut-être était-ce simplement sa fatigue et sa nervosité qui lui donnait l’impression de le voir brûlant comme un incendie. Une si brève pensée qui parvint à le faire trembler, alors qu’il remontait l’une de ses mains pour repousser sur son nez ses nouveaux verres. Pas si nouveaux que cela, en réalité. Ils lui avaient appartenus dans son enfance, pendant une courte période, mais avait bien vite été remplacées par d’autres d’une forme un peu moins imposante. Cependant, dernièrement, après un léger accident, ses habituelles montures s’étaient brisées, et il devait se contenter de celles qu’il portait. C’était, de toutes manières, toujours son père qui les lui avait façonnées. Elles étaient un peu tordues au bout des  branches, mais elles tenaient toujours parfaitement.

Un soupir passa ses lèvres. Il avait quitté sa famille très peu de temps auparavant pour retourner à ses devoirs de soldats. Dès qu’il avait pu marcher sans soucis, dès qu’il avait pu faire des efforts. Dès que son esprit encore légèrement embrumé le lui avait permis. Et il avait honte de l’admettre, mais il avait beaucoup de mal à se remettre de ce choc lui paraissant si futile à présent. De plus, il ne pouvait s'empêcher de se faire du souci pour ses proches. Etaient-ils en danger là où ils vivaient ? Leur troupe allait-elle passer près de son village d'enfance, et serait-il encore debout ? Il semblait si facile de réduire les vies de dizaines de personnes à néant, alors... Ses cheveux roux s’agitèrent et balayèrent ses épaules de leurs pointes lorsqu’il secoua la tête, chassant ces pensées vaines de son esprit. Il n’était pas là pour s’en faire. Il avait une mission à accomplir, aux côtés de nombreuses autres personnes.

Il restait en retrait par rapport au reste de la compagnie. Bien sûr, il connaissait quelques visages, mais sans trop de détails. Evidemment, Nabooru, l’instigatrice de tout ceci. Il s’imagina un instant à sa place. Une Reine désirant libérer son peuple. Peut-être un peu comme leur propre Souveraine… Cela l’aidait à retrouver la motivation pour avancer, oublier tout ce qui avait pu se passer pour se tourner vers ce qu’il devait faire. Sans doute ce que devait se dire Abigaïl à cet instant, en tout cas, il le supposait. Il ne se souvenait plus exactement où il l’avait connu, mais son visage lui disait définitivement quelque chose, plus loin que leur rencontre actuelle. Peut-être était-ce le Village… Difficile à dire, pour l’instant. Il ne put retenir son rougissement alors que la gêne l’envahissait. C’était ridicule, mais il se sentait comme un gosse à côté de lui. Un peu comme lorsqu’il était près du Général. Il fallait dire que, comparé à n’importe quel homme de l’Armée, il avait l’air d’un gringalet essayant de jouer les durs, quoique les vives couleurs que prenait son teint à chaque fois qu’une émotion un peu trop forte était ressentie n’aidaient pas à avoir l’air sérieux. Pendant un temps, il avait caché cela avec le large bord d’un chapeau. Mais aujourd’hui, il ne se sentait plus de dissimuler de si petites choses. Il avait bien d’autres secrets à protéger, d’une toute autre importance. D’ailleurs, il songea à l’un d’eux, pensant aux risques qu’il prenait, à ce qu’il ne pourrait peut-être pas lui dire, à ses yeux de glace qu’il ne pourrait peut-être plus voir, jusqu’à ce que la crinière rousse d’une autre demoiselle ne le tire de ses pensées qu’il admettait totalement exagérées. Hm… Il semblait qu’il faisait pâle figure même à côté des femmes, maintenant. C’était bien parti.

« - Walder ! Abigaïl ! Venez voir, tous les deux. »

Prenant une discrète inspiration, Laurent s’avança, resserrant auprès de lui son grimoire, et un tout nouveau compagnon. Une baguette de bois bien taillée, de taille moyenne, qu’il tenait entre ses doigts gantés, peut-être un peu trop fort pour ne pas montrer sa nervosité qui reprenait doucement mais sûrement le dessus sur sa personne. Un nœud se délia cependant à son ventre lorsque ses iris verts se posèrent sur la carte étendue face à eux. C’était comme un autre état, une autre personnalité qui essayait de revenir lentement prendre possession de son corps en chassant toutes les autres choses. Oh, il en connaissait bien un autre qui lui faisait tout oublier en prenant possession de son corps, mais on n’était pas vraiment dans le même sujet… Fort heureusement ou malheureusement, là était la question.

« - Nous allons devoir descendre encore plus bas, jusqu'à atteindre les Bois Kokiris. Une fois dedans, nous en longerons la lisière vers l'Ouest. Nous sortirons des bois au dernier moment, et nous arriverons au Lac Hylia. Ensuite, nous remonterons le fleuve pour rejoindre la Vallée Gérudo, comme prévu.
- Je suis pas stratège, mais ça m'paraît bien. Y'a juste les bois qui me chiffonnent, j'sais pas ce qu'en pense Walder. Paraît que les adultes feraient mieux de pas y rentrer, ça les perdrait ou quoi. Ou pire, je sais pas. C'est p't'être juste des rumeurs, mais en même temps c'est traître, ces régions-là. »

Ses doigts vinrent à nouveau ajuster ses montures sur son nez, dans un geste qui pouvait presque passer comme empreint d’une confiance en soi un peu trop présente. Pourtant, il n’en était rien, et le début tremblant de sa phrase le démontrait.

« - Ce n’est pas… Ce ne devrait pas être un problème. » Il se reprit. « Je suppose que si nous ne nous enfonçons pas trop profondément dans la forêt, et que nous en ressortons au plus tôt, nous ne risquons rien. Et puis, il faut évidemment prendre ceci avec du recul. Il y a des chances pour qu’il ne s’agisse que d’une explication à peu près mystique pour justifier des disparitions de personnes s’étant aventurées dans la forêt, ou alors les actions de brigands sévissant dans les bois. Rien ne nous indique clairement qu’un danger réel, ou en tout cas un danger auquel une armée ne pourrait pas faire face, se trouve dans les bois, de ce fait je pense que… »

Il se stoppa. Un nouveau rougissement lui brûla les joues, sa prise se fit plus forte sur ses possessions. Il parlait définitivement trop…

« - Je pense qu’il s’agit d’une bonne idée, et je n’y vois aucun inconvénient. Il faudra juste être prudent. »


©Codage by Mr. Chaotik from Never-Utopia


Nesreen


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Lorsqu’un jour, alors qu’elle rentrait juste d’un voyage destiné à amasser des matériaux nécessaires à la reconstruction, Adalrik lui avait tendu une lettre en provenance de la Citadelle, Nesreen avait été intriguée. Lorsqu’elle avait vu que cette lettre avait été écrite par son ami Abigaïl, elle s’était sentie soulagée d’avoir quelques nouvelles. Mais lorsqu’elle avait lu le contenu de la lettre, elle avait accouru, chevauchée sur le dos d’une bête que d’aimables voisins avaient consenti à lui prêter, en remerciement de l’aide apportée pendant l’attaque.

Et à présent, elle chevauchait toujours, son ami à ses côtés, mais surtout, surtout, sa Reine devant elle. Elle se sentait… satisfaite, oui, c’était le mot, de pouvoir être présente. D’ailleurs, le jour du départ, elle avait remercié Abigail de l’avoir tenue au courant.

Dans ces temps difficiles, elle voulait être le plus présente, le plus utile possible. Elle regardait Nabooru mener dignement leur procession avec une fierté non dissimulée. Sa Reine était là, brave, à vouloir aider celles des leurs qui lui étaient encore fidèles, avec le peu de moyens dont elle disposait, dans sa situation. En voilà donc, une Reine qui chérissait véritablement son peuple, par amour sincère et non pas par soif de pouvoir. Nesreen avait l’impression de pouvoir racheter un peu de sa lâcheté passée, à être ici à la suivre. Elle pensa à la Forteresse, à celles qu’elle avait laissées derrière elle là-bas, et se demanda, l’espace d’un instant, si Parveen faisait partie des assaillantes de ce hameau. Elle chassa rapidement cette pensée de son crâne : il ne servait plus à rien de songer à celle qui fut autrefois sa sœur.

Car il fallait bien avouer que le spectacle qui défilait sous leurs yeux, jour après jour, n’avait rien de réjouissant. A chaque village calciné qu’ils passaient, Nesreen sentait son incompréhension et sa haine à l’égard de Ganondorf prendre de l’ampleur. Quel gâchis. Mais quel gâchis. Elle regarda, écœurée, les énièmes ruines d’un énième hameau, se demandant l’espace d’un instant combien d’entre eux, dans la région, avaient été détruits par la folie meurtrière de l’Usurpateur.


« J'suis passé plusieurs fois dans le coin. Mon village est pas loin. »

Elle tourna le regard vers le garde, qui venait de lâcher cette phrase, le ton neutre. Elle le reconnaissait là bien : il s’agissait d’une information, ni plus, ni moins. Il ne cherchait pas la pitié, il ne cherchait pas d’épaule sur laquelle pleurer. Peu importe s’il s’inquiétait.

« La plupart des villageois doivent s’être enfuis. », répondit-elle simplement. Cela lui semblait être la vérité. Elle n’avait pas croisé de cadavres, et il ne lui semblait pas qu’ils prenaient beaucoup de prisonniers.

Une fois escale faite, lorsque tout le monde se fut installé, elle se défit avec soulagement des habits de cuir qui lui tenaient lieu de protection sommaire. N’étant pas garde, et n’ayant pas d’argent, elle n’avait pas d’armure, mais tenait tout de même à se battre si nécessaire. Elle restait prête. Mais un peu de repos serait le bienvenu, une fois que les lieux auraient été inspectés. Elle faisait craquer son dos avec un plaisir non dissimulé lorsqu’Abigaïl s’adressa de nouveau à elle. Oui. Les survivants. Les vivres. Mieux valait s’en occuper dès maintenant. Elle lança un regard aux hommes désignés pour l’accompagner, et leur adressa un signe de tête et un sourire compatissants. Le repos n’était pas pour tout de suite.

Elle se releva, s’étira puis se tourna vers sa voisine. Sakristi, tel était son nom, lui était très sympathique : elle avait l’air d’être forte, débrouillarde, et assez amusante. Et puis, avoir une apothicaire à leurs côtés dans ce genre de circonstances était un atout non négligeable.


« Sakristi, viens avec nous. Tu es la mieux placée pour soigner ceux qu’on trouvera, et tu sais le mieux reconnaître ce qui se mange ou pas. »

Elle ne l’avoua pas, mais elle avait aussi envie d’avoir une hylienne à ses côtés. Ce serait toujours utile, pour montrer de quel côté elle se trouvait, en tant que gerudo.
Elle ramassa ses armes, et, l’invitant à la suivre, se dirigea vers le petit groupe de soldat. Elle n’y allait pas en chef, ou en guide de la petite exploration, elle n’en avait pas la prétention. Au contraire, elle était admirative de tous ces vétérans du combat, qui en avaient vu de dures. Elle salua les quatre hommes, ayant appris à les connaître un peu au cours du voyage. De braves hommes, ne rechignant pas à la tâche.


« Abigail propose qu’on fasse un tour pour rechercher vivres, mais aussi les survivants qui pourraient rester. Il vaut mieux qu’on soit plusieurs. »

Après avoir eu la confirmation qu’ils viendraient avec elles, elle porta de nouveau son attention sur Sakristi.

« Mieux vaut qu’on reste groupés, non ? On sera peut-être plus efficaces à six que par petits groupes. »

Elle lui sourit. Elles avaient et allaient passer encore beaucoup de temps ensemble, alors autant devenir amies.

« Tu as l’air quand même bien hardie, de te joindre à nous, pour une simple apothicaire qui veut cueillir des herbes spéciales au fin fond du royaume. Tu as d’autres talents, non ? Tu ne fais pas que soigner les rhumes et les maux de gorge, je me trompe ? »


Sakristi


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L’aller-retour à la Citadelle avait été épuisant, bien qu’assez lent. Pour autant, l’Apothicaire n’avait pas supporté de retrouver Cocorico à son retour. Tout était brûlé, mort, blessé… Ennuyeux à mourir, aussi ! Elle n’avait guerre que les quelques arches construites dans sa mémoires pour se distraire.

Aussi lorsqu’on appela des Volontaires pour un acte héroïque quel qu’il fut, elle fut parmi les premiers sur Place pour en être. Malgré son sale caractère, elle serait moins seule, pourrait éventuellement se rendre utile, puis verrait du pays.

De prime abord, un Soldat avait ricané en voyant sa dégaine.
« Hé Mère-Grand, pour coudre des vêtements aux rescapés, c’t’a côté ! » lui avait-il balancé. Elle commençait déjà à planifier tous les empoisonnements qui pouvaient lui passer par l’esprit quand un type de forte carrure roux, et portant bien l’armure s’était interposé pour remettre ce petit con à sa place.

Sakristi avait apprécié, même si elle n’en dirait jamais rien. Et l’entendre parler de sauver ces femmes raviva quelque part un sentiment altruiste qu’elle ne soupçonnait même plus chez elle. Sans connaître leurs châtiments corporels, elle comprenait très bien la captivité. Et ça n’était souhaitable à personne. Sauf à sa voisine, peut-être.

Aujourd’hui, le soldat roux était légèrement devant elle et une autre rousse, une femme du désert qui n’avait rien à envier à sa constitution physique. Tous s’ignoraient poliment depuis le départ, perdus entre la concentration, l’appréhension, et l’incertitude. Mais ils étaient surtout mus par une sourde colère qui cherchait à se faire entendre et bourdonnait à leurs oreilles à mesure qu’ils dépassaient les ruines, les corps, et l’odeur métallique du sang.

Puisque personne ne desserrait les lèvres, la Sorcière se plaisait à observer tous ses compagnons. Leur Chef avait le mérite d’imposer le respect, sans être trop dure malgré la souffrance qui fuyait légèrement par son regard. Un bon Leader faisait beaucoup, et encore une fois la brune se réjouissait d’avoir affaire à une femme qui avait vu et expérimenté la guerre, plutôt qu’un de ces frimeurs pensant que leur tout petit appareil génital leur donnait toutes les compétences requises pour réussir…

Lorsqu’ils s’arrêtèrent enfin, Sakristi s’étira doucement, regardant brièvement autour d’elle. Rien de nouveau. Elle était bien heureuse de n’avoir personne au monde pour qui s’inquiéter, à la différence de certains de ses compagnons.

Son regard se perdit sur les trois militaires qui semblaient causer de choses sérieuses un peu plus loin. Mais la voix chaude de la Gerudo, Nesreen, la tira de sa rêverie.


« Sakristi, viens avec nous. Tu es la mieux placée pour soigner ceux qu’on trouvera, et tu sais le mieux reconnaître ce qui se mange ou pas. Abigail propose qu’on fasse un tour pour rechercher vivres, mais aussi les survivants qui pourraient rester. Il vaut mieux qu’on soit plusieurs. » Elle la dévisagea un instant, puis ses lèvres migrèrent vers sa joue gauche en un petit sourire amusé. « Bien-sûr, je vous suis. » avait-elle simplement répondu, pas peu fière qu’on lui assigne une tâche.

Elle en profiterait aussi pour brûler quelques herbes près des corps pour les guider vers Mère Nature, ou leurs Déesses, peu importe. La Sorcière avait effectivement beaucoup de respect pour la Mort, qu’il s’agisse de la donner ou de l’honorer.
« Je reste avec toi ? » demanda-t-elle quand Nesreen revint après être allée aux nouvelles auprès des autres. « Mieux vaut qu’on reste groupés, non ? On sera peut-être plus efficaces à six que par petits groupes. »

A ces mots, la rouquine lui sourit. Elle semblait le respecter, voire l’apprécier, et Sakristi ne savait qu’en penser. Elle-même avait de la sympathie pour la Gerudo, mais elle avait cette fâcheuse tendance à prêter des intentions à ceux qui n’en avaient pas forcément. Elle lui rendit néanmoins son sourire avant d’acquiescer à nouveau. « Ca me va aussi ! »

Elle s’étira une nouvelle fois et vérifia qu’elle avait le nécessaire pour ce qui était prévu sur elle. Puis elle commença à marcher au milieu des autres, l’œil ouvert au moindre mouvement, et l’estomac vigilant à la moindre chose comestible.

Malgré la décision de rester groupés, les deux femmes étaient restées côte à côte. Elle se doutait bien que ses petits rituels n’étaient pas passés inaperçus, aussi ne chercha-t-elle pas à nier quand elle lui posa des questions fortement orientées.
« J’aime assez faire taire les langues de bois et les langues de vipères, aussi ! » Petit rire plutôt cristallin au vu de sa voix habituellement grave. « Et sans avoir votre force à tous, je ne me laisse pas embêter non plus, et j’voulais avoir d’autres gens à frapper que les idiots du village qui – paraît-il – ne le méritent pas. »

Elle avait su moduler suffisamment sa voix pour ne pas paraître trop cynique. De toute manière, la discussion fut vite interrompue par un serpent qui se jeta dans leurs jambes. La Rousse en vint à bout d’un simple coup de pied, et Sakristi la remercia, tout en ayant une pensée pour cette nouvelle vie prise. Elle espérait que la prochaine serait plus jouissive car elle serait parmi leurs ennemis. Elle s’agenouilla néanmoins pour récupérer le venin de la défunte bête. Après tout… « Si quelqu’un veut des amuse-gueule pour ce soir » dit-elle en désignant son corps assez charnu. Et si personne n’en voulait, elle s’amuserait comme une enfant à essayer de faire peur au petit mage gringalet qui les accompagnait. Elle avait décidé qu’il serait son souffre-douleur.


Nabooru grimaça.

De sa main droite, elle se saisit d'un morceau de tissu qui traînait sur la table ; là, elle entreprit de se décrasser le visage, tout en écoutant les arguments de ses camarades. La route était longue jusqu'au désert et l'état de fraîcheur des uns et des autres commençaient à désirer... La Sage de l'Esprit ne faisant certainement pas exception à la règle. Par chance, le plus gros du trajet était parcouru, aussi n'y avait-il que quelques lieux pour les séparer du Lac. En attendant, ils devraient se contenter de sentir aussi forts que des animaux. Dans un soupire, la Reine des Voleuses finit de s'essuyer les mains alors que Walder terminait péniblement son exposé. « Non, ce ne sont pas juste des mythes : il y a des choses dans cette forêt, effectivement », glissa-t-elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle allait mettre les pieds dans les bois, et certainement pas la dernière. Néanmoins, elle ne s'inquiétait guère de ce que la troupe pourrait y trouver car il eut fallu qu'ils s'enfoncent profondément dans les bois pour rencontrer les créatures les plus redoutables. Or, ça n'était pas son projet. « Il y a peu de chances qu'on tombe dessus à la lisière de la forêt. Et je préfère ça qu'affronter une troupe de mes sœurs déchaînées et sans pitié », rajouta-t-elle pour appuyer la décision qu'elle prenait. D'autant plus que le Seigneur Noir ne s'attendrait certainement pas à une percée par le Sud.

Elle n'ajouta rien de plus, estimant que l'essentiel avait été dit. La discussion était close et la décision était prise ; puisque ni Laurent ni Abigaïl n'était en désaccord profond avec ce changement d'itinéraire. Ils voyageaient depuis assez peu ensemble, néanmoins elle voyait bien à quel point l'un comme l'autre appréhendaient particulièrement leur rôle respectif au sein de la compagnie. L'austérité du guerrier semblait trahir la pression toute particulière qu'il se mettait tout seul tandis que le jeune mage manquait clairement de confiance en lui. Nabooru, qui avait gravis lentement les échelons jusqu'à arriver au sommet, ne pouvait que les comprendre. Mais c'était aussi une aubaine pour elle, puisque son autorité ne viendrait pas à être contestée dans l'immédiat. Vivement, elle replia la carte et la rangea dans une sacoche de cuir.

« Sur ce », reprit-elle en relevant les yeux sur les deux hyliens, « Prenez quelques affaires - le stricte nécessaire. J'ai remarqué une ferme qui m'a semblé en meilleur état que le reste du village, au Sud. On y trouvera peut-être quelques provisions. »

Ceci étant dit, la Reine des Voleuses se hâta de réunir quelques accessoires pouvant se montrer utiles ; deux couteaux, des crochets en cas de serrure de porte ou de coffre, ainsi qu'un cimeterre au cas où les choses tourneraient horriblement mal - on n'est jamais trop prudent. Qui plus est, le soleil disparaissait à l'horizon, et pour peu qu'ils traînent un peu trop à l'écart du reste de la troupe, ils se pourraient qu'ils doivent affronter quelques bestioles attirés par les odeurs de cadavres et de sang. Ces régions de la Plaine fourmillaient de ce genre de bestiaux, ce qui rendait ces territoires assez peu accueillant. En y cumulant la dévastation des villages, le peu de charme disparaissait assez vite.

Une fois Laurent et Abigaïl prêts, tous trois abandonnèrent le reste de leurs camarades et se dirigèrent au Sud, donc, avec en ligne de mire une modeste masure montée en haut d'une colline surplombant les alentours, à cinq minutes de marche. Les lieux était visiblement abandonnés, comme le reste du village, mais ils n'avaient pas souffert des pillages. Ce genre d'oubli ne ressemblait pas à ses sœurs du Désert, aussi se pouvait-il qu'il ne s'agisse finalement que d'une bande de bandits qui terrorisait la région. L'armée hylienne ne pouvait pas être présente partout, et ces villages pauvres et peu défendus étaient souvent la cible des pillards de bas étage et des bandits de grands chemin. Cette idée ne rassurant pas plus la gérudo ; ces soûlards étaient beaucoup prévisibles que ses sœurs.

Une fois qu'ils furent au niveau de la demeure, ils pouvaient constater qu'il ne s'agissait pas d'une maisonnée mais d'une simple grange ; des lieux habitables se trouvant en contre-bas sur le flanc jusque là invisible de la colline. Des traces de sabots, profondes et récentes, semblaient indiquer une fuite des lieux. Nabooru entreprit d'ouvrir la grand-porte, mais se heurta à une impasse : il lui était impossible d'ouvrir, ce qui signifiait que la grange était fermée depuis l'intérieur. « C'est étrange... », glissa la rouquine, l'air agacé. « Trouvez une autre entrée », dit-elle, plus fort, à l'attention des deux hyliens. Dans la foulée, la gérudo commença à escalader la façade, un détail ayant attiré son attention.


[Oui, je sais... vous pouvez me tuer si vous voulez x)]

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Abigaïl


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(vide)

[ HRP : Est-ce qu'on peut pas plutôt te faire un gros câlin, Swannou mon chou ? <3 T'as trop fait notre début de semaine, à Nesreen et moi ! ALLEZ LES GARS ON REPREND, ON LÂCHE PAS !! ]

« Prenez quelques affaires - le strict nécessaire, » ordonna la Reine du Désert. « J'ai remarqué une ferme qui m'a semblé en meilleur état que le reste du village, au Sud. On y trouvera peut-être quelques provisions. »

Merde, pensa Abigaïl, tout en se rééquipant rapidement. Pas le temps de remettre son armure lourde ; il se contenta de recaler son épée et une petite dague à sa ceinture, d'enfiler ses gantelets de cuir, son fidèle écu rond au bras, et de vérifier que son cheval Grison avait bien été nourri et abreuvé. Une fois l'inspection faite, il revint vers leur meneuse, et son visage ne trahissait rien du conflit interne qui l'agitait. Merde. Il venait d'envoyer Nesreen et Sakristi en patrouille, accompagnées de quelques soldats... Mais qui était-il pour s'imposer face aux ordres d'une souveraine ? Aussi, il se garda bien d'émettre une objection, et il suivit Nabooru sans mot dire, en direction du Sud. Non sans une petite pensée pour son amie forgeronne, cependant. Il espérait qu'elle et leur guérisseuse ne s'éloigneraient pas trop, bien qu'il ne doutait pas de leurs capacités à se défendre ; il avait toujours détesté les séparations au sein d'un même groupe. Pour lui, pas de doute : l'Unité faisait toujours la force.

« Allons-y, garçon, » lança-t-il au mage Walder, tout en passant à côté de lui. Comme pour l'inciter à marcher au même pas que lui, malgré sa maigre carrure. Abigaïl ne faisait pas de la charité ; il considérait seulement le jeunot comme étant un membre du corps d'armée, au même titre que lui. Aucune raison de le dépasser, donc. Aussi, ils se dirigèrent vers le sommet de la colline, dans un silence relativement confortable.

Plus ils s'approchaient de la maisonnée, plus Abigaïl se renfrognait. Si Nabooru, de son côté, s'interrogeait sur l'identité des pillards, le soldat de Cocorico se reposa davantage sur son pragmatisme : pourquoi avoir ravagé tout le village, et laisser intact l'endroit le plus visible de celui-ci ? Après tout, une bâtisse à cette hauteur signifiait forcément son importance. Et en se rapprochant de celle-ci, ils purent très vite constater qu'ils avaient affaire à une grange. L'interrogation, dès lors, se fit plus importante dans l'esprit du garde. Sans doute avaient-ils affaire au grenier à céréales... Un véritable miracle, si personne n'était passé par-là avant eux. Un peu trop opportun, même, pour que ce soit anodin.

Le soldat laissa la meneuse les devancer, non sans garder sa main nichée au pommeau de Trancheloup, son épée. Fausse alerte, cependant, puisque la porte principale ne céda pas sous la pression qu'effectuait la Gérudo.
« C'est étrange... » marmonna-t-elle, non sans un certain agacement. Puis elle leur ordonna en toute simplicité : « Trouvez une autre entrée, » avant de se lancer à l'escalade de la paroi.

Plus méfiant que jamais, Abigaïl se tourna vers Walder. Sans chercher à se montrer cordial, il lui indiqua simplement : « Suis-moi et reste derrière moi, au cas où t'auras des sorts à lancer. » Hors de question de se disperser maintenant. Il savait qu'en cas de danger, il devrait foncer vers la menace, tandis que le jeune mage avait besoin de conserver de la distance pour agir.

Plusieurs hypothèses venaient à lui, spontanément, mais il ne saurait si elles étaient justifiées tant qu'ils ne parvenaient pas à entrer dans la grange. Abri des pillards, refuge pour les derniers survivants du village ? Peu importe : dans le cas le plus probable, ils auraient à confronter des personnes acculées. Et dans le pire des cas, si des monstres de quelques sortes s'étaient terrés à l'intérieur... Abigaïl était prêt à en découdre.

Sans se retourner pour s'assurer que Laurent le suivait, il longea la grange, tout en tâtant de ça de là le bois solide, à la recherche de l'épaisseur qui pourrait céder le plus facilement à un assaut. Aucune fenêtre, mais il était patient. Il n'avait, certes, pas son armure sur lui, mais il avait la carrure et la force d'un ours - et il comptait bien s'en servir.

Ses efforts furent très vite récompensés, puisqu'il découvrit une porte secondaire sur le côté, beaucoup plus petite, et beaucoup moins difficile à enfoncer. Il intima silencieusement à Walder de ne faire aucun bruit, afin de ménager l'effet de surprise le plus longtemps possible, au cas où la grange était encore habitée. Puis, il examina minutieusement la porte, et lorsqu'il put confirmer qu'elle était verrouillée, mais qu'elle s'ouvrait vers l'intérieur, il se positionna. Il indiqua au mage de faire attention à ne pas se heurter à lui par mégarde, avant de se concentrer tout entier à sa tâche. Une longue inspiration, une longue expiration... Puis il asséna un violent coup de pied latéral à la porte, à l'endroit qu'il avait décelé comme étant le plus fragile. Il réitéra son action à plusieurs reprises, tout en soufflant bien et sans raidir sa jambe, pour ne pas risquer de se blesser.

Lorsque l'entrée céda enfin, Abigaïl passa par l'embrasure, l'épée et le bouclier au poing. Si quelques survivants s'étaient abrités dans la bâtisse, nul doute qu'ils cèderaient à la panique en le voyait ainsi armé, ce qui pourrait les mener à l'offensive... Mais le soldat de Cocorico préférait se laisser le bénéfice du doute plutôt que de mourir bêtement, dans le cas où un accueil moins chaleureux leur était réservé. Cependant, l'obscurité était telle à l'intérieur de la maisonnée qu'il avait beau scruter tout autour de lui, à la recherche d'un ennemi potentiel... il ne voyait rien.


« Lumière, » glissa-t-il discrètement au mage du feu qui l'accompagnait. Il resta au seuil de la porte, afin de ne pas se laisser surprendre par une attaque derrière eux, tout en attendant que Walder s'exécute. Nabooru avait dû entendre la porte sauter de ses gonds, même de là où elle se trouvait...
Le soldat ne baissa pas sa garde une seule seconde. La grange lui semblait plutôt vide, mais ils ne pourraient en avoir la confirmation qu'après l'avoir fouillée de fond en comble.


Laurent


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[Aller les gars ! Et un ! \o\ Deux ! /o/ Trois ! \o\ Quatre ! /o/ On se relâche pas ! \o/]



A la rescousse des Gérudos.

Chapitre Premier - Une Halte Sanglante







Le visage fermé, il suivait tant bien que mal l’allure générale. Abigail n’avait aucune pitié, et il s’efforçait de rester à sa hauteur. Au moins ne cherchait-il pas à le distancer. Il ne pouvait pas s’empêcher, malgré tout, d’être légèrement irrité. En un sens, le grand rouquin lui rappelait sa sœur aînée. Outre leurs chevelures semblables de par leur couleur, il y avait ce petit côté… Buffle. Ca n’était peut-être pas le moment d’y penser, mais n’était-ce pas le cas ? Si. Abigail avait ce côté fort et imposant, sans pour autant que la « noblesse » ne se dégage de lui. Enfin, il avait plutôt une « noblesse » différente. Le courage. Voilà. La capacité. Exactement.

Il s’éloigna un peu lorsque son aîné entreprit de défoncer une nouvelle porte trouvée. Peut-être aurait-il pu simplement la brûler lui-même avec sa magie ? Hm, non, mauvaise idée. Cela pouvait être dangereux sur bon nombre de points, et ça n’était pas le moment de faire un faux-pas. Il devait rester concentré. Penser aussi à pourquoi ils étaient là. Aux Gérudos innocentes forcées à se soumettre. Voilà, c’était ça qu’il devait garder à l’esprit. Pas de craintes, pas de perte de confiance. Juste leur but commun à tous. Juste à leur devoir à tous.

Le craquement de la porte cédant le fit à peine sursauter, ses doigts serrant son livre et sa baguette. Il ne dit rien, mais n’en pensa pas moins : les bestiaux comme le guerrier étaient particulièrement utiles… C’était peut-être étrange à penser, justement. Chassant l’idée, il s’approcha, suivant lentement. Tout était si sombre autour d’eux. Rien de rassurant, et aussitôt, son nœud à l’estomac se refit, encore plus serré, encore plus facile à ressentir. Encore moins agréable. Il n’était pas courageux. Il n’arrivait pas à l’être, il n’était pas comme eux, il n’était pas comme ces gens qui se battaient, il n’était pas comme sa sœur, il n’était pas comme Abigail. Lumière. Le mot, la demande simplement formulée, fut ce qui le ramena à la réalité. Ouvrant doucement mais rapidement son livre, il tourna deux pages, prit son petit bâton et le tendit, murmurant sa formule. Une flamme, ni trop grande, ni trop petite, se forma. Juste assez pour éclairer. Précautionneusement, il fit un pas de plus afin de dépasser son compagnon de découvertes, dans le but d’illuminer justement devant lui. C’était lui qui allait se charger de toute la partie « affrontement », s’il y avait un problème, pour l’instant. Et il devait aussi faire attention à ne pas enflammer quoi que ce soit autour d’eux… La magie du feu était définitivement l’une des plus complexes. Un mauvais mouvement, et tout brûlait. Ca se propageait. Ca pouvait être dévastateur.

Clignant des yeux pour s’habituer, il observa autour d’eux, s’efforçant à ne pas craindre quoi que ce soit. Mais l’enfant au fond de lui, étrangement, le petit bout de chou roux réfugié dans son grenier à l’abri des regards, arrivait très facilement à lui faire croire qu’un monstre quelconque allait surgir de l’obscurité.


©Codage by Mr. Chaotik from Never-Utopia


Depuis combien de jours n’avait-elle pas baigné dans la lumière du soleil ? Depuis combien de nuits était-elle retenue ici ? Le cliquetis des chaines, la douleur autour de ses poignets, sa force physique qui diminuait… autant de châtiments qu’occasionnait chacun de ses moindres mouvements.
Avait-elle jamais goûté à la liberté ? Avait-elle vraiment connu telle époque ? Ou bien était-elle devenue trop lointaine pour rester précise dans sa mémoire ?


— Farore, m’enverras-tu de l’aide… ? Ou me laisseras-tu mourir sans avoir rien accompli pour toi… ?

Sa bouche était asséchée et sa voix brisée. Son estomac avait dû se recroqueviller sur lui-même à force de famine, un peu comme elle, un peu comme quand elle repliait les jambes contre son ventre. Une gamelle d’eau se trouvait à côté d’elle. Il voulait la faire boire comme une chienne, et elle avait profondément honte, car elle s’y pliait. Son instinct de survie avait depuis longtemps supplanté sa fierté. Elle voulait vivre… son amour pour sa Déesse la faisait tenir. Elle était convaincue que son regard était posé sur elle, qu’elle lui imposait cette épreuve afin de voir si elle était assez digne de l’aimer. Et elle le lui prouverait.

L’homme masqué venait à chaque phase lunaire. Il instaurait le même rituel à chacune de ses visites nocturnes. D’abord, il remettait de l’eau dans sa gamelle et lui offrait les restes de son repas du soir. Puis, il lui offrait quelques coups auxquels elle demeurait imperméable. Elle ne craignait pas la douleur. Elle se moquait de toutes ces ecchymoses, de toutes ces traces de sang sur sa robe, salie par la terre et la poussière.
En revanche, elle supportait moins bien l’étape suivante de son rituel. Celle où il la caressait.

Nombre de fois elle avait serré les dents et détourné les yeux.
Nombre de fois elle avait contracté les cuisses et raidi les mains.
Nombre de fois elle avait cru qu’il irait jusqu’au bout.
L’homme masqué faisait naitre la terreur en elle, à chaque fois qu’il jouait avec son intimité, et à chaque fois un peu plus loin dans le viol de son intégrité.


« L’Eglise de ce royaume pourrait-elle considérer que je baise ses Déesses, si j’en fais autant avec ses prêtresses ? » disait-il, ou encore « je t’aime parce que tu me résistes, et parce que plus tu montreras de résistance, plus je jouerai avec toi ».

Ensuite, il l’abandonnait sur un dernier éclat de rire, ou bien un dernier coup de pied lorsqu’il avait bu, avant de repartir et de la laisser seule pour plusieurs autres jours.

Elle n’était pas mieux armée que les autres femmes. C’était une épreuve qu’elle même ne pouvait subir sans séquelles. Le toucher de ses mains et de sa langue la hantait. Elle voulait en débarrasser ses sens et sa mémoire sans y parvenir. Elle le ressentait encore, et son dégoût de lui comme d’elle-même était tel qu’il la faisait trembler. Elle tirait une grimace de dégoût furieux chaque fois qu’elle y repensait. Elle se sentait honteuse, salie. Elle se sentait comme si son corps ne lui appartenait plus. Oui, ce corps était à lui. Il ne lui restait plus que son esprit faiblissant, à l’image d’une flamme vacillante, dont l’énergie ne tenait plus qu’à sa Foi.
Depuis, elle ne desserrait plus les jambes même quand il n’était pas là.
Depuis, elle gardait les paupières closes.


Et puis, un beau jour, pour la première fois, ses oreilles perçurent d’autres pas à l’extérieur. Des pas dont elle sut qu’ils ne lui appartenaient pas. Etait-on enfin venu la sauver ? Ou bien l’achever ? Elle ne savait plus vraiment laquelle de ces deux options la soulagerait.

Quelqu’un escalada la grange. D’autres firent le tour. La poitrine de la prêtresse se souleva un peu plus rapidement. Elle rouvrit enfin les yeux. Elle se préparait à affronter les inconnus avec tout son courage – puisqu’il ne lui restait que ça.
On défonça la porte. La prêtresse avait séjourné si longtemps dans l’obscurité que ce simple rai de lumière suffit à l’éblouir. Son bras vint se poster devant son visage pour la protéger, dans un énième cliquetis de chaine. Il lui fallut quelques secondes en plus pour qu’elle baisse le bras et qu’elle se réhabitue à la vue du jour. Deux silhouettes se trouvaient face à elle. Un homme massif, et un autre qui éclairait la pénombre à l’aide d’un feu.
La tête lui tourna.


— Délivrez-moi… Ôtez-moi de ces chaines, ou bien… ôtez-moi la vie.

Elle resserra un peu plus les jambes l’une contre l’autre. Elle craignait que ces deux hommes ne terminent le travail de l'homme masqué. Tout son courage ne pouvait étouffer entièrement cette peur, sourde, et honteuse.

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Nesreen


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Cette femme était vraiment drôle, pensa Nesreen. Voilà un adjectif qu’elle n’aurait pas pensé utiliser dans ce genre de circonstances. Mais, sa langue bien pendue, son rire clair et les piques qu’elle lançait à tous avaient le mérite d’alléger l’atmosphère. Une compétence bien utile, surtout en ce moment… Il fallait savoir faire preuve d’une sacrée force de caractère, pour être capable de se comporter ainsi. Une fois encore, elle se dit qu’il ne fallait pas sous-estimer cette femme : elle cachait sûrement beaucoup de ressources insoupçonnées.

Elle remarqua néanmoins l’émotion fugace qui avait traversé le visage de sa nouvelle compagne lorsqu’elle avait tué le serpent. Les apothicaires n’aimaient donc pas qu’on touche aux animaux ? Elle haussa les épaules. Elle n’avait pas envie de se prendre la tête avec ce genre de questions. Elle prit la bête, et la considéra un instant. Une voix fusa derrière elle.


« Y’a pas moyen d’en faire un gri gri ? J’suis sûre que t’es calée dans ce genre de trucs ! »

Le jeune soldat qui s’était exprimé derrière elle avait mis dans sa voix plus de malice que de méchanceté. Bien qu’au début du voyage, Sakristi avait plutôt inspiré du mépris parmi les hommes, qui ne voyaient alors pas très bien sa présence parmi eux, elle avait su démontrer sa compétence et son utilité et, ceci ajouté à son sens de la répartie bien placée, l’avait fait se faire une place au sein du groupe. A présent, de mauvaise les attaques se faisaient taquines.
Quelques rires accompagnèrent la pique au sein de la petite équipe plutôt rassérénée de n’avoir pas encore trouvé de morts, et le jeunot avait l’air d’être assez content de lui. Mais Nesreen, bien qu’ayant elle-même le sourire aux lèvres, ne voulut pas attendre que commence une joute verbale.


« On ferait mieux de se dépêcher un peu. J’ai faim, tout le monde a faim, la nuit va bientôt tomber et je doute que ce serpent, même s’il est gros, nourrisse toute la troupe. »

Elle se tourna alors vers la femme, le visage discrètement éclairé par une lueur de malice :

« Même si je pense qu’on ferait mieux de laisser ceci au petit stratège. Peut-être qu’il apprécierait. »

Elle pensa fugacement à Adalrik, le compagnon d’Abigail qui vivait avec lui au village et qu’elle avait par conséquent côtoyé pendant un temps. Cet homme était alors devenu la cible facile de ses taquineries affectueuses, et sa maladresse lui manquait. Leur petite équipe lui manquait. Elle espérait qu’il allait bien.

Ils continuèrent leur expédition. Ils ramassèrent quelques plantes comestibles, partant explorer les plantations personnelles des paysans qui n’avaient pas été trop ravagées, cueillant sous les conseils de l’apothicaire. Elle sentait qu’ils culpabilisaient un peu, à prendre dans les réserves des disparus. Mais les habitants ne reviendraient probablement pas avant longtemps, et ils devaient manger. Le pragmatisme était plus essentiel que la bonne conscience, dans certains cas.

Quelques flèches bien placées permirent de récolter un lapin innocent qui passait alors, en plus. Le grand luxe. Elle ne savait si leur récolte suffirait à nourrir tout le monde, mais il y aurait au moins de quoi faire une soupe qui leur éviterait de piocher trop dans des réserves qui commençaient à s’appauvrir… Le temps avait déjà bien filé, lorsqu’ils se décidèrent à retourner au campement…

Abigail, Nabooru et Laurent n’étaient plus là, lorsqu’ils arrivèrent. Elle demanda à l’une de ses sœurs, qui lui indiqua la grange, un peu plus au Sud. Ils étaient partis depuis quelques temps, et la bâtisse semblait assez proche. Contrairement au reste du village, elle semblait tenir à peu près debout… bizarre. Sa bonne humeur passagère de leur petite expédition s’envola, pour laisser place à une légère suspicion. Elle lança à Sakristi et aux hommes, alors qu’ils déchargeaient leurs trouvailles.


« J’ai bien envie d’aller voir ce qui se passe là-bas. Ça me semble un peu intriguant. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

Ils avaient dû y trouver quelque chose d’intéressant, s’ils s’y étaient attardés un peu. Et puis tout de même, une telle maison en plein champ de ruines… Elle attendit tout de même de finir leur ouvrage de rangement, pour ne pas les abandonner en pleine tâche, avant de commencer à se mettre en route.


__

[PS HRP: J'ai lu le post de Nabo, Bibi et Laurent, j'étais très très contente! Après j'ai lu celui de PdF et j'étais très triste ;__;]


Sakristi


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Sakristi avait lancé un regard lourd de sens au jeune soldat qui avait stimulé son sens acéré de la répartie, un regard qui promettait qu’elle trouverait bien un moment pour se venger, car Nesreen ne lui en avait pas laissé le temps. Plus elle la côtoyait, et moins elle la détestait – comme toutes les personnes, par principe – cette bonne-femme. Avec elle, pas de digressions, on allait droit au but, sans perdre tout le temps que l’on pouvait parfois perdre en travail d’équipe.

« On ferait mieux de se dépêcher un peu. J’ai faim, tout le monde a faim, la nuit va bientôt tomber et je doute que ce serpent, même s’il est gros, nourrisse toute la troupe. » avait ainsi coupé court à toute déviation du but initial. Alors ils avancèrent. « Oui, allons-y. » La petite remarque qui suivit à propos de Walder, et faisant écho à ses propres mauvaises intentions la fit ricaner. « J’aime ta manière de penser, l’amie. » Mmh, en effet, elle commençait même à l’apprécier cette bonne-femme.

Davantage suffisante qu’abondante, leur collecte leur permettrait au moins de manger ce soir sans avoir à puiser dans leurs réserves qui fondaient comme un Zora au soleil. L’apothicaire avait scrupuleusement observé tout ce qu’on lui apportait, tout en cherchant dans son coin. Les plantes commençaient à faire un peu la tête d’avoir été délaissées pendant tous ces jours, mais ils arrivaient à temps. De même, elle avait vérifié que le lapin – petit miracle de la journée qui l’en fit gargouiller de bonheur – n’avait pas de parasites. Leurs Déesses semblaient être avec eux.

A leur grande surprise, ils furent les premiers de retour, les trois roux étant toujours en vadrouille. Pas la peine de se targuer de son statut de stratège pour savoir qu’ils avaient été attirés par la grande bâtisse plus au sud. Sans perdre de temps, elle déposa leurs sacs près des montures et tourna autour, faisant mine d’avoir perdu quelque chose, tout en marmonnant ses incantations pour éviter que quelque brigand non désiré  ne se croie invité au festin. Ni vu ni connu, tous ses compagnons voyaient là de la nourriture, des armes et des chevaux, quand une personne externe au groupe ne verrait qu’un amas de rochers. Tout ceci l’avait fatiguée, et elle espérait qu’ils pourraient prendre une petite pause avant la suite des événements.


« J’ai bien envie d’aller voir ce qui se passe là-bas. Ça me semble un peu intriguant. Qu’est-ce que vous en pensez ? » les avait néanmoins intimé sa potentielle nouvelle amie pendant sa petite ronde. La Sorcière qui s’était alors plantée à son côté claqua de la langue et plissa le nez dans un air sceptique tout à fait parlant. « Ca sent mauvais. » commenta-t-elle simplement. Le soldat à sa droite baissa les yeux en rougissant et elle roula des yeux sans dissimuler son mépris. « Là-bas, j’veux dire. Mon instinct me dit qu’il y a un truc pas net, et bizarrement pour les ennuis, je n’me trompe que rarement… » avait-elle complété. En réalité, elle sentait d’ici la magie de Walder qui, elle l’espérait, ne jouait au pyromane que pour réchauffer son petit cul de paysan. Et il y avait autre chose. Comme une lumière plus chaude et plus pure que les flammes du Mage elles-mêmes, et cette Lumière se faisait dévorer vive par une bête répugnante qui avait raison des plus vertueux : l’émulsion parfaite entre la rancœur et la peur. « Ils sont pas seuls là-bas, bougez-vous. »

Sans attendre de confirmation ni de questions embarrassantes sur ses certitudes, elle se jeta vers le bâtiment, toujours sur la même ligne que la Forgeronne, même si celle-ci, plus entrainée la dépassa rapidement. Elle ragea de ne pas être si entraînée que tous ces braves qui couraient devant elle. Mais déjà au loin elle avait senti la souffrance qui s’évaporait de la maison, et son ventre se resserrait à mesure qu’elle approchait. Elle trébucha et jeta un coup d’œil en direction des soldats restés surveiller leurs affaires, eux-mêmes aux aguets.

Pour qui devait-elle s’inquiéter ? Elle n’était pas dupe : là où se sentait la souffrance, le bourreau n’était jamais loin. Mais où était-il le plus susceptible de frapper ? Elle enduisit ses fléchettes du venin précédemment prélevé sur le serpent et se hâta de plus belle vers ses compagnons qui allaient voir comment courrait la vieille bique qu’ils pensaient qu’elle était. A s’ennuyer, on s’entraine souvent, et Sakristi ne comptait pas se laisser distancer.


[HRP : prochain post, faut déterminer si après le mariage, Sakristi et Nesreen prendront un chat ou un chien. Et courage petite PDF, môman Sakristi arrive avec ses pansements ;__ ;]


Vekel secoua une dernière fois son engin, reniflant bruyamment. Le soldat s'était légèrement écarté du groupe un peu après que les notables de la troupe se soient eux-mêmes éloignés, partant à la recherche de Nabooru. « Aaaaah... — » soupira-t-il, ramenant ses chausses sur ses jambes, avant de regarder çà et là, à la recherche de ses grèves. « Tudieu ! » Grimaça-t-il, constatant avec rage que le brun du cuir s'était comme fondu dans le jaune de l'herbe ravagée par les flammes. « Vipir ? » S'enquit-il, à l'égard de son frère jumeau et principal rival. « Allez, pisse-froid, c'est pas drôle ! » Ragea-t-il ensuite, se tournant une nouvelle fois sur lui même, dans un dernier espoir. Après un large coup d’œil circulaire, le regard du fantassin finit par accrocher un détail, suspendu à un arbre. « 'Spèce d'ahuri... », grommela-t-il, repensant à son frère qui se faisait souvent appeler l'agile. Avoir accroché son armure aux branches lui ressemblait assez. Fronçant les sourcils et plissant les yeux, comme pour mieux se protéger de la lumière mourante d'un astre en fin de vie. Il avait toujours été mauvais quand il s'agissait de grimper. Si son frère était un véritable singe, adroit et habile, lui tenait davantage du taureau. Progressant vers l'immense érable, Vekel le buffle ruminait encore et toujours sa rancœur à l'égard d'un presque-cadet plus doué que lui dans tout ce qu'il entreprenait. Ce genre d'événements n'avaient de cesse de le lui rappeler.

Posant son pied droit sur une petite racine, le taureau jeta un œil vers la branche à laquelle étaient accrochées ses grèves — un vieux cadeau de son père, qui lui avait coûté une fortune en entretien mais avait su lui sauver la vie à une ou deux reprises, notamment à Cocorico. Les jambières pendaient, tout juste secouées par le vent, à presque dix pieds du sol. Il déglutit, inquiet. Sa main, moite, épousa l'une des prises qu'offrait le vieil arbre, tandis qu'il se souvenait de toutes les fois où Vipir l'avait maintenu au dessus de la falaise sur laquelle était bâti leur village. La peur lui nouait les tripes, déjà à l'époque. Inspirant profondément, Vekel se décida enfin à se lancer dans l'ascension. Tirant sur les bras plus qu'il ne poussait sur les pieds – preuve de ses craintes autant que de son manque de savoir en matière de grimpe – le troupier commença à se hisser. Son pied gauche monta jusqu'à un renfoncement dans l'écorce, aussi profond que son poing.« C'va aller... C'va aller. Vipir y-sait'y bien y faire, t'y peux donc aussi... » Maugréa-t-il, cherchant à se donner du courage. Peu à peu, il avançait. La sueur poissait ses tempes, les veines saillaient ses bras. Il grinça des dents en tendant le poing, touchant presque du doigt les protections de cuir. Son menton percuta l'écorce bien avant. Ses dents pincèrent sa langue aussi bien que des tenailles chauffées et bientôt le gout du fer envahi sa bouche. Il glissa, avant de chuter.

Sa vue se brouillait et son cœur battait la chamade quand une main se referma durement sur son poignet. Sa chute s'arrêta et pieds cherchaient fébrilement l'appui du vieil érable. « A l'aide ! » Souffla-t-il, le regard flou et la bouche pleine de sang. Il parvenait tout juste à distinguait une fourrure grise, les longues branches tendues derrière la silhouette nébuleuse, presque inconsistante. Sur son poignet, en revanche, il sentait clairement le bois qui appuyait sur ses artères, encore humide d'érable ou de sang. Il baissa les yeux, avant de contempler le moignon d'où poussaient deux rejets, deux bourgeons. « Aidez-moi... » Siffla-t-il, une fois encore. La pression sur son poignet finit par cesser. La gueule déformée qu'il n'arrivait pas à deviner semblait lui sourire... sans qu'il ne puisse jamais s'en assurer. Dans un craquement sourd, sa dépouille heurta le sol jauni, baigné d'une douce lumière.
*

"Vekel...?" Tonna Vipir en retour aux reproches son frère.  « 'Rêtes-tu dont d'te cacher ! » Mugit l'agile, réajustant sa ceinture et la hache qui y pendouillait nonchalamment. Lance et écu en main, conscient qu'il quittait son tour de garde, il se jura de faire vite. Les mailles de son haubert cliquetaient doucement à chacun des pas qu'il faisait, s'éloignant un peu plus de la bâtisse où la troupe avait établi son campement. « Allez, viens dont ben ! » Souffla-t-il, s'approchant à son tour du grand érable. Le jumeau du taureau avait toujours eu une meilleure vue. C'était d'ailleurs à elle qu'on créditait ses prouesses à l'arc ; mais aussi en matière de femmes. Il savait, disait-on, dénicher les plus belles perles. Il n'eut donc aucun mal à reconnaître les grèves de feu son aïeul, trépassé à la bataille de Cocorico alors qu'il cherchait à vendre son grain. « Jamais vu un sottard pareil ! » Persifla-t-il à l'évidence particulièrement agacé : de leur père, Vekel avait toujours été le favori, bien qu'il fut en tout temps le moins révérencieux. « T'paiera pour ça, taureau... » ajouta-t-il pour lui même, en avançant un peu plus vers le doyen du village en ruine. Plantant sa lance dans la terre meuble, déposant son bouclier et se débarrassant de son haubert pour mieux grimper la dizaine de pieds qui éloignait l'armure de son paternel du sol, l'Agile se défit peu à peu de l'ensemble de ses armes, ne gardant qu'une dague sans garde.

Le nez dans le ciel et la tête dans les nuages, l'Hylien finit par se prendre les pieds dans une grosse souche. Trébuchant, et malgré son équilibre presque infaillible, le lancier – désormais torse-nu – s'effondra, face contre terre. Sa mâchoire s'enfonça dans la boue tandis que ses paumes creusaient involontairement le terreau. « 'Chier... », grimaça-t-il, se redressant tant bien que mal sur ses genoux. « Foutus péquenots... pas capable de dessoucher l'moindre champ... » Son regard revint doucement sur ses pieds, encore meurtris, puis sur la raison de son mal. La souche qu'il croyait deviner était parée d'un camail, d'un haubert et d'une tunique qu'il ne connaissait que trop bien. « Ve... Vekel ? — » S'enquit-il doucement, approchant sa main du visage encore effrayé de son frère. Ses doigts passèrent au dessus de ses yeux, frôlèrent ses joues, cherchèrent sa barbe... « Vekel ? Réveille-toi ! — » Implora-t-il, impuissant, les yeux trop humides pour percevoir l'ombre dans la lumière moribonde.

Ses genoux s'arrachèrent au sol, sans qu'il ne leur ai commandé ; le souffle commença à lui manquer. D'instinct, ses mains montèrent à sa gorge, déjà enfermée dans un étau qui ne cessait de se resserrer. Toujours un peu plus. La panique s'empara de lui en même temps qu'un suaire de sang commençait à lui voler les yeux. Ses bras s'agitaient, sans vraie raison alors qu'il suffoquait. Son visage se teintait de rouge et de ses lèvres de plus en plus blêmes ne sortaient que d'étranges bruits. L'étreinte se desserra doucement. Il toussa, alors que son corps repartait vers l'avant. Juste avant que les carcans ne se referment à nouveau sur son cou. Ses doigts cherchaient à agripper la prison qui se refermait sur lui, sans succès. Devant ses yeux bruns le noir succéda au pourpre, bien avant les derniers rayons du jour.
*

Leseki soupira, cessant ce qu'elle faisait. « Cela vaut vraiment le coup que je m’interrompe, Sulooru ? Après tout, ce ne sont que des Hyliens. » Lança la Gérudo, le nez et la bouche masqués par le large chèche que portaient de nombreuses femmes du Clan. Sa supérieure hocha la tête et la jeune femme jeta la pierre à aiguiser qu'elle utilisait pour affûter sa hallebarde, avant de se relever. « Je suis persuadée qu'ils seront de retour avant moi. » Siffla-t-elle, à l'évidence agacée. La jeune femme n'aimait pas les Hyliens, ne les estimait pas et ne s'en était jamais cachée. « Fais comme il est dit. » Insista Sulooru, avant de jeter un regard aux hommes, installés dans la petite étable et attendant le retour de Nabooru. « Il est probable qu'ils soient simplement parti patrouiller plus loin, mais veille à ce que ce soit le cas. » Les huit hommes d'armes du Castel semblaient approuver la demande tandis que les quatre Gérudos restaient aussi silencieuses que dubitatives. Leseki soupira à nouveau, remontant le tissu sur son visage, avant de pousser la porte de bicoque. « Très bien. » Lâcha-t-elle simplement, avant de quitter les lieux. La lumière tamisée d'un soleil fatigué pénétra la grange quelques secondes, jusqu'à ce que l'épaisse porte de bois se referme dans le craquement distinctif des vieilles masures.

Le bois des poutres craqua à son tour, comme pour faire écho à la lourde porte. Ni Robb, ni aucun autre des soldats n'y prêta attention, malgré l'imposant trou dans la chaume qu'ils avaient tous remarqué, en s'installant. Link et Adveld jouaient aux dés sur un petit tabouret qu'ils avaient pu trouver, pariant leurs soldes. Sulooru soupira à son tour, elle même las de l'attitude des soldats. Fatiguée de les contempler ne rien faire d'utile, elle se retourna, rejoignant ses sœurs. Le bois chanta une fois de plus, usé par le temps, rongé par les âges.
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Une douce obscurité régnait sur la masure. La pénombre, entre chien et loup, masquait sans mal les quelques pies qui avaient élu domicile dans les combles, installés leurs nids. Les oiseaux s'envolèrent soudainement, dans un vacarme presque assourdissant. Naturellement, Link leva les yeux au ciel. Juste assez tôt pour distinguer la masse informe qui s'effondrait sur lui. Son crâne percuta violemment la créature, s'enfonçant de plusieurs pouces dans son cou ; comme l'aurait fait une noix dans du beurre chaud. Le pauvre homme n'eut pas le temps de hurler que sa nuque se rompait à cor et à cris. Dans le presque silence qui englobait la grange, le grondement des os fracturés sonna comme le glas. Morbide et froid.
*

La bête balaya les dés du sort, se réceptionnant sans mal sur la table improvisée. Les autres tirèrent rapidement leurs épées, avant qu'Adveld ne puisse réagir. A mon tour, je sortais ma lame, mais trop tard. Le cerf – j'ignore s'il s'agissait d'un véritable cerf, mais il en portait la coiffe – bondit sur mon camarade, sectionnant sa gorge d'un coup de dent. Derrière eux, Link agonisait, gémissant et secoué de soubresauts. Ma main tremblait, et mes jambes s'étaient raidies. Le regard vide de mon compagnon d'arme perçait le mien, dans un appel au secours silencieux et dorénavant éternel. Son visage avait reculé de presque six pouces dans son cou, déformant jusqu'à ses épaules. Mes boyaux se soulevèrent. Le sang d'Adveld ne tarda pas à inonder le tabouret. Déjà le monstre sautait à nouveau, gagnant l'homme le plus proche. D'un coup de pied dans le poignet, il le força à lâcher sa lame, s'agrippant ensuite à son plastron. « TRAQUEUR ! TRAQUEUR ! » Mon sang ne fit qu'un tour, mais un suffisant pour que je réalise combien je m'étais reculé, comment j'avais moi même lâché mon épée. Un frisson secoua toute mon échine, hérissant chacun de mes cheveux sur le haut de mon crâne. Mon souffle s'accélérait sans que je sache faire autre chose que reculer. « LE ROI TRAQUEUR EST ET TOI LE CHAT ! » Mon torse me brûlait, la sueur poissait mon front, mes mains, gouttait devant mes yeux. L'air me manquait et bientôt le mur m'arrêtait. J'ignore ce qui a pu se passer ensuite, mais Talon Daänan chuta en arrière alors que le Traqueur grimpait de nouveau à une poutre. « Il.. Il... — » Norin ne peut finir sa phrase, la gorge visiblement nouée.



Mes genoux flanchèrent, sans que je n'y puisse rien. Mes forces me quittaient et je me sentais chuter sans avoir essuyé le moindre coup. Ma vue se brouillait, l'air me manquait. Mon torse continuait de brûler, de se soulever et d'aspirer bruyamment un air qui n'arrivait jamais ou qui arrivait trop. La tête me tournait depuis des siècles, quand les Gérudos se mirent en position de combat. Trois d'entre elles, il me semble, tirèrent un arc. Je ne pouvais que contempler mes mains, tantôt pressés contre mon cœur, tantôt partant à l'assaut des attaches de cuir de ma cuirasse. « DANSE, DANSE ! » hurla à nouveau la bête. Sans trop savoir ce que j'espérais, ma main gagna enfin ma dague, que je brandissais devant moi et vers le Cerf. Les flèches des femmes du désert, il les évitait, bondissant, jonglant, jouant aux pirouettes, comme un esprit malsain. Par moment, il disparaissait presque, pour mieux resurgir, toujours sous les combles.  « DANSENT LES MAINS, DANSENT LES COUS, DANSENT LES DOIGTS ! » La comptine était chantée sur un air connu, sans que je ne sache dire lequel c'était. Personne n'aurait pu, je suppose... Doucement mais sûrement, je tentais de m'arracher au sol, sans y parvenir. La bête, quand à elle, avait quitté les airs pour mieux redescendre. Bousculant violemment une Gérudo à l'aide de ses bois, il parvint à briser la formation. Ses mains se refermèrent brusquement sur sa tête... et il l'a fit tourner, à la manière de certains mécanismes qui nécessitent qu'on les dévisse pour les desceller. La gorge de la jeune femme ne fit qu'un tour, avant de craquer dans son atroce, mais il sut ramener son regard vers moi chantant encore. « TOURNENT, TOURNENT, TOURNENT LES PETITES MAINS ! »

"Eeernh ! Eeernh !" gémit alors la bête, tandis que le regard vide de Sulooru me poignardait comme avait fait celui d'Adveld. Les Trois nous avaient abandonnés, comme ma conscience qui me quittait déjà.

*

Leseki grogna, refermant un peu plus son poing sur la hampe de son arme d'hast. La jeune femme avait découvert les cadavres des deux hommes, sans trop comprendre pourquoi l'un s'était à moitié dénudés. Et si elle trouvait les Hyliens de plus en plus étrange, ça n'était pas la question : Sulooru avait raison, quelque chose de dangereux rodait effectivement aux alentours. La jeune femme gagna la grange aussi vite qu'il lui était possible de le faire, sans s'essouffler pour autant : elle aurait manifestement à combattre très bientôt et elle espérait encore faire les preuves qu'il fallait pour rejoindre la garde personnelle de Nabooru, une fois que celle-ci aurait repris le désert et la forteresse au Roi-Traître. Sans un mot, elle poussa la porte, avant de visualiser l'ensemble des cadavres. Dans la grange, pas une trace de vie, mais treize dépouilles. Si elle y ajoutait les deux cadavres en extérieur, elle était désormais la seule à être restée pour monter la garde.

Quelque chose s’agrippa à sa cheville, avant de tirer fort. La jeune femme chuta brusquement , s'étalant sur le ventre. Son thorax percuta l'un des lourds écus Hylien, lui coupant le souffle. Dans la seconde même, une bête grimpa sur elle avant de la retourner. Elle ne l'avait pas encore vu que son poignet s'effondrait sur sa pommette, la brisant sur le coup. Elle hurla, sans qu'aucun son ne s'échappe de ses lèvres, encore incapable de respirer. Le Cerf-au-visage-brûlé  se hissa sur ses pattes arrière et frappa son propre torse de ses poings. « TRAQUEUR ! TRAQUEUR ! » Mugit à nouveau la bête ; avant d'abattre une nouvelle fois ses mains sur sa gueule, inlassablement. Après cinq coups, son visage s'était déjà tuméfié. Au sixième elle, se sentit quitter le plan d'existence sur lequel ils demeuraient. Au septième, ses dents se broyèrent, tandis qu'au huitième, son nez volait en éclat. Un gémissement s’échappa de ses lèvres explosées et gorgées de sang, inintelligible, presque inaudible.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Avec l'agilité d'un chat, Nabooru se hissa le long de la paroi jusqu'à s'arrêter en haut de la double-porte. Ses yeux plissaient tandis que ses doigts léchaient un creux ; là, un morceau de bois assez gros pour tenir dans une main avait été comme arraché. Quelque chose, ou quelqu'un, avait cherché à entrer dans cette grange avant qu'ils n'arrivent et au vu de la trace laissée il devait être particulièrement puissant, physiquement parlant. Un instant, la rouquine jeta un œil en arrière, histoire de repérer la créature si elle se baladait encore dans les environs. Puis elle se rendit compte à quel point l'hypothèse d'un monstre tapis dans l'ombre était bancale et s'appuyait sur trop peu d'éléments pour qu'elle s'en préoccupe autant. Puis elle fut tirée de ses pensées par le boucan provoqué par les deux hyliens, de l'autre côté du bâtiment, et se décida de les rejoindre sans plus attendre.

Elle repéra sans mal la porte enfoncée ainsi que les deux lascars qui l'avaient franchis et pénétra à son tour dans la bâtisse. Une forte odeur de renfermé la poussa à se couvrir le nez tandis que ses yeux ambres scrutaient les ténèbres, détaillaient les moindres recoins de cet endroit. L'autre main sur le cimeterre, elle marchait à la suite de ses camarades lorsqu'une faible voix de femme venus de nulle part ne retentissent. Très attentive, la gérudo identifia immédiatement l'origine de ces murmures et, se saisissant ni une ni deux du bras de Laurent Walder, y dirigea la lumière des flammes. « Qu'est-ce... », articula-t-elle péniblement, encore sous le choc d'une découverte aussi inhabituelle. Dans un silence pesant, elle détailla la jeune femme ligotée à la chaise, sans comprendre.

« Par Din, mais libérez-la ! » Reprit-elle à l'attention des deux hyliens, alors qu'elle lâchait le bras du mage. « Sortez-la d'ici », renchérit-elle, alors qu'elle-même se dépêchait d'évacuer ce sordide endroit.

Son cœur s'emballa soudainement, alors que des souvenirs récents lui revenaient, les uns après les autres. Reine du Désert ou non, elle n'en restait pas moins tourmentée par ce genre de scène témoignant d'un esprit tordu et malsain. Une fois sortie, la gérudo évacua très vite les immondes images qui commençaient à envahir son esprit et s'écarta, petit à petit, de la grange. Les mains sur les hanches, la tête baissée, elle tâcha de se calmer. Si elle ignorait tout de ce qu'avait traversé la jeune femme qu'ils avaient découvert, elle ne pouvait s'empêcher de transposer sa situation avec son propre vécu. Pour autant, beaucoup de questions restaient en suspend ; qui était cette femme et qu'avait-elle fait pour qu'on lui inflige un tel traitement ? Le tortionnaire avait-il péri lors de l'attaque, où rôdait-il encore dans les environs ? Pourquoi l'enfermer dans un tel endroit ?

Lorsqu'elle releva les yeux, elle eu la surprise de voir Nesreen et Sakristi qui arrivaient à sa hauteur, alors qu'elles finissaient de gravir la colline. Elle les regarda s'avancer avec un air interrogateur, saluant intérieurement leur prise de décision ; les soins de Sakristi allaient s'avérer extrêmement utiles, pour le coup ! « Nesreen ? Sakristi ? Qu'est-ce qui vous amène ici ? » Ne put-elle s'empêcher de questionner cependant, avec un air plus dur qu'elle ne l'aurait voulu. Elle qui se félicitait un peu plus tôt d’asseoir son autorité, elle ne pouvait s'empêcher d'être un peu agacer que les deux jeunes femmes se baladent seules dans ce village, alors que le soleil était couché.

« Oubliez ça », coupa-t-elle ; puis, se tournant vers Sakristi : « Tes soins vont nous êtres utiles, nous avons trouvé une blessée là-dedans. »

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Abigaïl


Inventaire

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(vide)

[HRP : Désolée pour la GROSSE longueur de ce post, mais j'avais vraiment envie d'arriver jusqu'à Traqueur, histoire qu'on avance le mieux possible ! <3 Vous pouvez considérer mon post comme une sorte de transition et vous lancer direct sur Traqueur si jamais vous le souhaitez, c'est aussi pour ça qu'il est aussi long - enfin c'est selon chaque personnage, pour le coup ! LET'S FIGHTTTTTT I'M FILLED WITH DETERMINATION]


« Délivrez-moi… Ôtez-moi de ces chaînes, ou bien… ôtez-moi la vie. » La voix faible et monocorde se faisait entendre des recoins sombres de la grange. Surpris, les deux Hyliens et la Reine du Désert tournèrent la tête d'un seul mouvement, et cette dernière poussa Laurent à éclairer la source de provenance. Une jeune femme en piteux état leur apparut alors, laissant les trois compagnons momentanément médusés.

Nabooru fut la première à se reprendre.
« Par Din, mais libérez-la ! Sortez-la d'ici, » ordonna-t-elle sur un ton abrupt, avant de se diriger vers la sortie. Sans doute allait-elle chercher leur soignante ? Abigaïl n'en était pas certain, mais il rengaina son épée avant de se rapprocher de la victime. Il fallait s'occuper d'elle au plus vite, d'autant plus qu'ils ne savaient pas si ses ravisseurs étaient en mesure de revenir ou non. « M'dame, » débuta-t-il sans maladresse, tout en s'adressant à la prisonnière. En deux pas, il l'avait rejoint, et il examinait d'un oeil critique les chaînes qui la retenaient prisonnière. « On est des gardes de sa Majesté la Reine. Ayez pas peur, on va vous sortir de là. » Le soldat s'accroupit à côté de la jeune femme débraillée, et sans prêter attention à son état d'affolement - ils n'avaient pas le temps, il ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps - il s'empara de ses chaînes, à la recherche du point d'accroche. « Gamin, » finit-il par lancer du côté de Walder, « b'soin de plus de lumière. Rassure-la, tant que t'y es, hein ? » Et sans s'attarder davantage à bavasser, il se concentra sur sa tâche.

Ses doigts rencontrèrent bien vite un épais cadenas rouillé. Après l'avoir soigneusement examiné, il tira sa petite dague de sa ceinture, et tenta de déverrouiller le cadenas depuis l'ouverture. La lame était cependant trop épaisse pour le permettre, aussi changea-t-il bien vite de stratégie. Il retira l'un de ses gantelets en cuir, tout en annonçant posément à la prisonnière :
« M'dame, pas le choix, je vais casser le cadenas. Ça risque de secouer, j'préfère prévenir. » Il glissa alors, avec grande peine, le gantelet entre le cadenas et les chaînes d'en-dessous, qui encerclaient la jeune femme. « Walder, viens m'aider. Tire sur les deux pans du gant, comme ça. Gaffe à tes doigts, je vais cogner le verrou. Mais tu tiens bien le gant, tu tires bien et tu lâches pas ! C'est pour pas que je fasse mal à la dame. »

Il attendit que Laurent se soit exécuté avant de retourner sa dague, et de frapper le cadenas du pommeau. Un premier coup, pour tester la résistance du système, et pour s'assurer qu'il ne blesserait ni la prisonnière ni le stratège par inadvertance. Puis, tout en s'assurant que Laurent ne lâcherait pas prise, il asséna le cadenas de coups secs et réguliers, là où celui-ci était le plus à même d'être fragilisé. De longues minutes passèrent, et l'effort commençait à se faire sentir dans le bras du soldat, mais il s'arma de patience et de volonté, et il persévéra sans faiblir. Sa détermination fit son effet après ce qui lui parut une éternité, car il parvenait à effriter l'attache rouillé du cadenas, petit bout par petit bout. Après s'être essuyé le front du revers du bras, il asséna un dernier coup sur le métal, et l'attache céda une bonne fois pour toutes.

Détacher les chaînes après cela fut un jeu d'enfant. Abigaïl renfila son gantelet, même si celui-ci avait été abimé à force d'être tiré et broyé entre le cadenas et les chaînes, et il s'empressa ensuite d'extirper la jeune femme de là. Celle-ci avait été extrêmement affaiblie par son calvaire, et semblait avoir du mal à se tenir sur ses propres jambes sans vaciller... Il lui fallait de l'aide, et vite.
« Bien joué, gamin, » lança-t-il au stratège. Puis, en se tournant vers la prisonnière : « On a une guérisseuse dans le groupe. C'est pas loin, cinq minutes au plus. Venez. » Et sans chercher à la saisir de force, le soldat de Cocorico se plaça devant la jeune femme, et s'accroupit à nouveau, les bras tendus en arrière. Il agita deux fois des mains, comme pour l'inciter à monter. En présentant son dos à elle, il lui montrait qu'il n'était pas une menace... et la porter irait deux fois plus vite que la soutenir.

Ils n'eurent pas même le temps de quitter la grange pour de bon que Sakristi et Nesreen apparurent dans leur champ de vision. Abigaïl poussa un soupir de soulagement malgré lui, et s'empressa de suivre les instructions de leur soignante. Patiemment, il rejoignit son amie Gérudo, le temps que la guérisseuse rafistole du mieux qu'elle pouvait l'inconnue. Il repéra la silhouette de leur dirigeante dans le carré de lumière qui s'infiltrait par la porte ouverte, et se demanda brièvement ce qui l'amenait à se replier sur elle-même de cette manière... mais il avait mieux à faire.
« J'reviens, » glissa-t-il à Nesreen. Il lui tapota brièvement l'épaule, comme pour l'encourager à rester aider au cas où, avant de quitter la grange pour monter la garde à l'extérieur, aux côtés de la Souveraine du Désert. Il ne chercha pas à lui adresser la parole, mais il y avait quelque chose de stable et de confortable dans le silence qui s'installait entre eux.

Au sommet de la colline tels qu'ils étaient, une belle vue d'une partie du village s'offrait à eux. Le soldat profita du grand air pour se requinquer un peu, avant de scruter la petite route depuis laquelle ils sont montés. Heureusement que Nesreen et Sakristi avait pensé à monter ; elles n'étaient certainement pas de trop pour gérer une telle situation. Mais pourquoi n'avaient-elles pas été suivies par les autres membres de leur patrouille provisoire ? Il aurait pensé que ses gardes auraient eu un peu plus de jugeote que ça. Un peu plus renfrogné, il parcourut du regard la pente descendante, dans l'espoir d'apercevoir quelqu'un de leur compagnie.
Un détail étrange ressortit dans le paysage, lorsque ses yeux se déposèrent sur un grand érable, non loin de leur premier lieu de refuge. Quelque chose comme de la méfiance, plus encore que l'incompréhension, se mit à poindre dans l'esprit du militaire.
« Hé, » lança-t-il à leur meneuse, tout en lui pointant du doigt ce qu'il venait de repérer. « C'est quoi, ces armes qui traînent en haut de l'arbre, là ? »

Ils avaient beau avoir quelques farceurs dans leur compagnie - Abigaïl songea notamment aux plus jeunes d'entre eux, Vipir l'agile parmi les premiers - aucun d'entre eux n'aurait songé accrocher leurs armes du haut des cimes. Ils n'étaient pas assez bêtes pour risquer les remontrances du garde de Cocorico, sans compter qu'ils s'attireraient les foudres de la Reine des Sables par la même occasion. Une telle anomalie paraissait dès lors être un très mauvais signe, et c'était avec une certaine réticence que le soldat retourna à l'intérieur de la grange, pour avertir les autres. « 'Se passe un truc pas net en bas, » leur annonça-t-il sans ambage. « Si la d'moiselle peut pas se déplacer, serait p't'être mieux que tu restes avec elle, Sakristi. Mais le mieux, c'est que ça aille et qu'on reste groupé, on peut pas vous laisser toutes seules, la défense ouverte. Et si ça merde vraiment au repère comme ça pourrait, 'fin j'espère pas mais vaut mieux prévoir le pire, je peux pas vous laisser Nesreen ou Walder ici, non plus. Donc tant que tout l'monde tient d'bout, on y va, on descend. Walder, tu fermes la marche, t'es le mieux placé pour te battre à distance si jamais ça tourne pas rond. »

S'il s'agissait vraiment d'une blague de Vipir ou de Robb, Abigaïl les sermonnerait jusqu'à ce que leurs oreilles leur en tombent. Et peut-être qu'il les secouerait un peu, avant de les foutre aux sales corvées pour les prochaines semaines, histoire qu'ils retiennent la leçon. Quoi qu'il en soit, le soldat n'était pas de très bonne humeur lorsqu'ils entamèrent enfin la descente. Il laissait Nabooru le devancer, comme il allait de soi en raison de son rang, mais il marchait presque du même pas qu'elle tant il était remonté contre ses soldats. Et pourtant, lorsqu'ils atteignirent enfin le grand érable, une première vision d'horreur s'imposa à eux.
Vekel et Vipir. La fratrie. Prostrés au sol, l'aîné le crâne éclaté, le cadet la gorge violacée. Le sang d'Abigaïl ne fit qu'un tour ; il ne se retourna même pas vers le reste de la compagnie pour leur lancer, tout en dégainant son épée :
« C'est récent. Non, » déclara-t-il pour Sakristi, un peu sec sous le coup de la tension qui montait d'un cran. « C'est trop tard pour eux. Sur vos gardes, tous ! On rejoint le refuge, même ordre, la guérisseuse et la d'moiselle au milieu. Nesreen, tu vas derrière Walder, au cas où ça attaque par là. » Il ne savait pas de quoi pouvait bien se composer le "ça" en question, mais au vu des étranges blessures qui avaient eu raison de ses soldats, il se doutait qu'une forme de magie était à l'oeuvre. Ou des monstres. Ou les deux.

L'épée au poing gauche, l'écu au bras droit, et l'alarme en tête, Abigaïl suivit de près la Reine du Désert. La porte de la masure était ouverte ; ça puait le danger.
« 'Scusez-moi, » indiqua-t-il à Nabooru, tout en la devançant légèrement, « je passe devant. » Il lui indiqua son écu, pour justifier sa décision : en cas d'attaque surprise, il serait plus à même de parer le coup. Et mieux valait placer un militaire en première ligne, plutôt que la Sage de l'Esprit.

Le corps de Leseki les accueillit à l'entrée. Abigaïl ne parvint même pas à la reconnaître, tant son visage avait été réduit en charpie. Mais qu'importe. Une fureur brute et froide trempa le soldat de la tête aux pieds, et la vision de toute la compagnie - toute, sauf ceux qui se trouvaient derrière lui - éparpillée dans la grange, inondant la paille de sang, lui provoqua un long frisson d'angoisse. Mais entre la peur et le courage, il n'y avait qu'un pas, et le soldat de Cocorico le franchit sans une seconde d'hésitation : il ne pouvait pas se permettre de flancher.

Une étrange créature à forme humaine, affublée des bois d'un cerf, semblait se divertir au milieu des cadavres de leurs amis. Il y avait quelque chose de fou dans la manière dont il se mouvait, quelque chose d'effroyable, d'inhumain, et Abigaïl n'attendit pas une seule seconde avant de braquer son épée en sa direction, l'écu levé, pour s'avancer à l'intérieur de la grange.
« Il est seul, » lança-t-il à son groupe derrière lui. « Bloquez-le ! Il sortira pas d'ici vivant. Walder, tu couvres les autres. Nesreen, avec moi. » Et sans attendre la réaction de ses compagnons encore en vie, le soldat fonça en ligne droite sur le monstre.

Abigaïl se montrait à la fois agile et rapide, aussi étonnant que cela puisse paraître pour celui qui n'avait pas l'habitude de le voir se battre sans armure de vingt kilos pour entraver ses mouvements. Il traça d'une traite jusqu'à Traqueur, profitant de l'élan pour lui asséner un coup d'estoc en direction du ventre. Dans le même temps, il lui balança un puissant coup de bouclier légèrement orienté de la droite vers la gauche, dans le cas où celui-ci tenterait d'esquiver la pointe de l'épée en se glissant vers sa propre gauche. Si cela ne suffisait pas à le prendre en tenaille, peu importe que Traqueur file vers sa droite ou dans les airs : Abigaïl aurait récupéré suffisamment de mouvement pour réorienter son prochain coup d'épée en direction de celui-ci. Si le monstre croyait pouvoir s'en tirer sans conséquences après avoir successivement massacré douze personnes d'affilée, il se trompait : le soldat était déterminé à avoir sa peau, peu importe comment. Personne n'était en mesure de jouer le démon de la destruction sans en payer le prix.


Laurent


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A la rescousse des Gérudos.

Chapitre Premier - Une Halte Sanglante







Un long frisson le parcourut en entendant cette voix et, comme ses compagnons, il tourna la tête dans la même direction, leur cheffe prenant son bras pour y diriger la lumière. Ce qu’il vit fit pointer en lui un léger… Agacement. Ou plutôt, une certaine colère, qui montait lentement. Une demoiselle en bien mauvais état se trouvait près d’eux, l’air aussi rassurée de les voir que méfiante. Et s’il y avait bien une chose que Laurent détestait, c’était qu’on s’en prenne à une femme. Dans sa famille, et dans son village, on avait toujours respecté les femmes, car elles travaillaient autant voire plus que les hommes. Et il avait également l’image de sa mère et de ses sœurs, trois femmes fortes, les deux aînées étant des modèles pour lui, et la cadette une fierté immense. Ce respect, il ne l’avait pas perdu en arrivant à Citadelle, ni dans l’armée. En vérité, la présence féminine réduite dans cette dernière avait renforcé ce sentiment. On ne touchait pas aux femmes. Et au final, il redoutait presque l’affrontement. Si une Gérudo se retrouvait face à lui avec la ferme intention d’en découdre, y parviendrait-il seulement ?

A la demande de Nabooru, il se rapprocha, restant derrière Abigail pour l’éclairer, jusqu’à ce qu’il n’ait besoin de plus de lumière. Il s’accroupit près de lui et de la jeune femme, rapprochant sa flamme avec beaucoup de précautions.

« - Tout va bien se passer, ne vous en faites pas. »

Il n’avait pas besoin qu’on lui dise de la rassurer, il l’aurait fait d’une façon ou d’une autre. Etant proche d’elle, il la regarda longuement. Qu’avait-elle pu faire pour « mériter » un tel traitement ? Sa colère montait. Ses mains, dans ses gants serrés, en devenaient chaudes, un peu trop, et ses joues prenaient une légère teinte rouge alors qu’il regardait l’autre roux concentré sur les chaînes. Sa prise se resserra sur sa baguette, et il haussa un sourcil lorsque le soldat demanda son aide, répondant d’un ton peut-être un peu arrogant.

« - Tu me demandes de faire preuve de force ? Tu es sûr que tu m’as bien regardé ? »

Puis il soupira, s’efforçant à ne pas laisser ses sentiments prendre le dessus. Mais ça l’énervait. Beaucoup. Lui lançant un regard d’excuses, il aida son collègue aussi bien qu’il put. Ca n’était pas le genre de « travaux » qu’il avait l’habitude de faire… Le cadenas lâcha finalement, et il poussa un bref souffle soulagé. Toujours en les éclairant, il recula, laissant Abigail porter leur blessée. Il se sentait encore plus contrarié de ne pas pouvoir faire quelque chose et de servir d’acolyte. Une chose était sûre, avec le temps, il perdait en patience. Peut-être était-ce l’enchaînement d’étranges situations qui ponctuaient sa vie. Ou alors simplement le signe qu’il ne pouvait plus attendre plus longtemps, et qu’il espérait en silence qu’il pourrait faire ses preuves un jour. Un jour prochain, de préférence. Secouant la tête, essayant de ne plus regarder leur blessée, bien qu’il ait toujours un œil sur elle – pas par manque de confiance envers leur guérisseuse, mais plutôt pour ne pas avoir mauvaise conscience en faisant mine de l’oublier –, il essaya de se calmer. Ils étaient dans une mission, une mission importante… Il ne fallait pas s’emporter.

« 'Se passe un truc pas net en bas. »

La voix d’Abigail lui fit relever la tête. Il se passait quelque chose ? Ca n’avait rien de surprenant, mais tout de même, si tôt dans leur aventure ?

« Si la d'moiselle peut pas se déplacer, serait p't'être mieux que tu restes avec elle, Sakristi. Mais le mieux, c'est que ça aille et qu'on reste groupé, on peut pas vous laisser toutes seules, la défense ouverte. Et si ça merde vraiment au repère comme ça pourrait, 'fin j'espère pas mais vaut mieux prévoir le pire, je peux pas vous laisser Nesreen ou Walder ici, non plus. Donc tant que tout l'monde tient d'bout, on y va, on descend. Walder, tu fermes la marche, t'es le mieux placé pour te battre à distance si jamais ça tourne pas rond. »

Il attendit qu’on ne s’occupe plus de lui pour lâcher tout bas « Derrière, encore… ! », avant de se reprendre, une nouvelle fois. Il se trouvait un peu… Gamin, pour le coup, et ça n’était pas le moment, surtout que c’était logique, comme placement. Il fallait rester calme… Calme…

Et son calme revint, un peu malgré lui, quand toute couleur le quitta, et quand son sang se glaça à la vision face à eux. Sans pouvoir s’en empêcher, il imagina toutes sortes de scénarios pendant lesquels les deux soldats avaient pu être ainsi malmenés. Qui pouvait faire ça ? Ou quoi ? Il chassa au mieux ces images de son esprit, ouvrant son grimoire sur une page précise. Ca. Il lui fallait ça si le combat s’annonçait. Ca, et aussi la concentration. Il ne devait pas se laisser distraire par ses suppositions, ni par la panique qui l’envahissait. Il fallait faire preuve du courage qu’il n’avait pas, mais qu’heureusement, il retrouva bien vite quand la colère revint prendre possession de son corps. Il détestait le crime, quel qu’il soit. Il détestait surtout les criminels. Il repensa à la jeune femme de la grange, alors que son regard vert parcourait encore le duo de corps. Ceux qui avaient fait ça devaient payer. Non ? Si. Bien sûr  que si. Et il n’était apparemment pas le seul à le penser. Ou en tout cas, mieux valait le croire et se rassurer.

Le groupement trouva finalement ce qui était à l’origine d’un massacre plus grand encore que ce qu’il n’aurait pu imaginer. Sa prise se fit plus forte sur son bâton. L’emportement le piquait encore, essayant de le faire craquer, comme une séduisante silhouette dansant près de lui, l’invitant à ce qui était pourtant interdit. Il entendit « les ordres » ou plutôt la voix d’Abigail, sans vraiment la comprendre. Il avait simplement envie de brûler cette créature en guise de vengeance. Etait-ce mal ? Non. Non, ça ne l’était pas. C’était humain. Enfin, il l’espérait. Ou pour l’instant, il s’en moquait. L’incantation fut murmurée, ses yeux passant des lignes qu’il connaissait par cœur au début de combat. La flamme naquit, suivant le cercle que formaient les mouvements de sa baguette dans l’air. Forte mais contenue, pour l’instant. Il s’apprêtait à la lancer. Mais ce qui est le plus effrayant, avec le feu, c’est qu’on ne peut jamais trop se laisser aller. A la moindre erreur, il consume tout, et alliés comme ennemis peuvent en payer le prix…


©Codage by Mr. Chaotik from Never-Utopia


[Bonjourj'écrisavecdelafièvreetjesuisnulleendescriptionsd’attaquesallezsalut.
Laurent is PISSED. *PAN*

Bon par contre, vous choisissez s'il a eu le temps de le lancer son sort ou pas, ou whatever mais en tout cas, la flamme est déjà prête à partir (Donc elle est visible et on sent sa chaleur, évidemment XD). Et si tout commence à cramer, voilà le contrat disant que de toute façon, c'est pas ma faute, c'est celle de Laurent. u_u]


La prisonnière ne comprit pas immédiatement ce qui se passait. Tout son corps, toute sa perception de la réalité étaient engourdis. Elle entendait les deux hommes et la femme sans les comprendre. Tout se passait trop vite. Si bien qu’il ne lui sembla s’écouler qu’une courte minute avant d’être libérée de l’énorme cadenas, rouillé mais tenace, qui maintenait ses chaines.
A l’instant où le fer relâcha son étreinte sur ses maigres poignets, il lui sembla un peu reprendre ses esprits. Les contours s’affinèrent mieux et la voix des hommes devint plus intelligible.  


— On a une guérisseuse dans le groupe. C'est pas loin, cinq minutes au plus. Venez, dit le plus costaud des deux avant de l’inviter d’un geste à grimper sur son dos.

La prêtresse libérée eut d’abord un mouvement de recul, instinctif, comme celui d’un animal acculé. Ses méninges travaillèrent le plus vite que son état critique le leur permettait. De prime abord, ils ne semblaient pas vouloir lui nuire -quoique sa méfiance naturelle subsiste malgré leurs apparentes bonnes intentions- mais surtout, elle n’avait pas le choix. Ils étaient sa seule possibilité de survie.
La prêtresse posa ses mains aux ongles salis, parfois cassés, sur les puissantes épaules du guerrier. Elle hésita une fraction de seconde à les retirer. Et puis, elle serra les dents avant de grimper sur son dos. Elle n’avait jamais beaucoup aimé le contact physique, et pressentait qu’elle l’apprécierait encore moins dorénavant. Elle se promit que plus jamais on ne la toucherait contre son gré. On ne la rendrait faible, sale et indigne qu’une seule fois… pas deux.

Elle ne parvint ni à remercier l’homme, ni à faire cesser ses tremblements. Elle ne pensait qu’au contact de ses avant-bras sur la gorge de l’homme, qui lui brûlait la peau, mais qu’elle devait accepter pour être sauvée.

Le soleil brillait si fort qu’il forçait la prêtresse à clore les paupières, surtout après avoir passé tant de jours dans l’obscurité de la grange. Après un échange avec ses équipiers, l’homme la fit bientôt redescendre sur la terre ferme. On la confiait maintenant aux soins d’une femme. Le visage de la prêtresse se radoucit légèrement. Elle ne s’expliqua pas pourquoi cela la rassurait.

Elle était si exténuée qu’elle sentit son esprit repartir vers les limbes de son inconscient. Ses jambes se dérobèrent et ses genoux retombèrent sur le sol. Les cris de ses nouveaux compagnons, l’odeur du sang, la chaleur du soleil sur sa peau : tous s’évanouirent dans un monde dépeuplé de rêves ou de lumière.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Nesreen


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(vide)

La puanteur des lieux vint agresser ses narines lorsque Sakristi et elle arrivèrent à l’entrée de la grange. Que s’était-il passé ici ? Une odeur rance de sueur, de sang, de souffrance venait avec brutalité lui faire tourner la tête. Elle remarqua alors le chargement d’Abigail, qui s’apprêtait à sortir rejoindre le camp. Une femme. Par les Déesses, que lui avaient-ils fait ? Elle ressemblait à une ombre. Elle ne ressemblait plus à rien.

Elle vint maintenir, sur ses genoux, la tête de la victime tandis que Sakristi, qui l’avait fait se rallonger, lui prodiguait quelques soins. Elle ne réagit pas lorsqu’Abigail lui signala qu’il allait sortir, prise qu’elle était dans la contemplation de la jeune femme. Elle a dû être belle, pensa la gerudo. Elle avait les traits fins et sa chevelure emmêlée et sale semblait abondante, mais son visage affichait une douloureuse expression de supplice résigné. Et toujours cette odeur affreuse de corps violenté. Elle ressentit une bouffée de colère pour ce roi odieux dont les sbires étaient à son image. Comment osait-il ? Comment osait-il ainsi se proclamer leur guide ? Comment, par les Déesses ?

Elle finit par se lever, la laissant aux bons soins de la guérisseuse.
« Je pense que tu sauras mieux la gérer que moi. Je ne crois pas être d’une grande utilité.» En vérité, elle commençait à se sentir mal à l’aise, dans cet endroit pourri à l’air confiné face à ce spectacle malheureux. Elle laissa la pauvre femme, et partit rejoindre ses deux chefs à l’extérieur.

Elle remarqua leur fébrilité, et mit alors tous ses sens en alerte. Il se passait quelque chose d’anormal, en bas. Elle sentit son cœur battre. L’instant d’exploration plus ou moins insouciante lui semblait depuis longtemps passé. Arme au poing, elle alla se placer selon les ordres, prenant garde à ce que l’apothicaire, qui soutenait tant bien que mal la souffrante, n’ai pas trop de difficultés. Elle remarqua en passant que le magicien semblait traîner des pieds en allant se placer à une place pourtant stratégique lorsqu’il s’agissait de défendre à distance une formation, et fronça des sourcils face à ce qui lui semblait être un caprice qui n’avait pas sa place en temps de guerre, mais si elle lui lança un regard réprobateur, elle ne fit aucun commentaire. Pas le temps. Pas le moment pour ça. Ils avaient autre chose à penser.

Ce fut une autre puanteur qui les accueillit lorsqu’ils arrivèrent. L’odeur d’une boucherie toute fraîche. Le cœur au bord des lèvres, elle reconnut avec effroi le corps horriblement massacré du petit soldat plaisantin de tout à l’heure. Les mutilations étaient bien trop innommables pour être le fait d’un, ou même de plusieurs hommes. Elle sentit un frisson glacial lui parcourir l’échine.

Ils avaient à faire à un monstre.

Elle laissa la colère du combat réchauffer ses veines. Ils allaient devoir se battre, et venger les morts de tous les corps qu’ils avaient aimés et côtoyés pendant plusieurs semaines. Qui était responsable de la tuerie ? C’était impossible. Ce n’était pas seul. C’était invincible. Son poing serrait son arme à en rendre blanche les jointures de sa main.

C’est alors qu’elle vit le spectacle le plus horrifiant auquel elle ait assisté de toute sa vie. Le monstre était là. Manifestement heureux de son œuvre, béat, au centre de l’univers de mort et de pourriture qu’il avait créé à l’aide des cadavres de leur groupe. Il était seul, fou, irréel. Elle eut soudain très peur.

Elle réagit un peu plus tardivement qu'Abigaïl, la vue de son assaut la poussant à intervenir. Il fallait attaquer une telle créature sur tous les plans. De là où elle était, elle ne pouvait l'atteindre de dos, aussi se dégagea-t-elle légèrement sur son côté gauche, anticipant une possible fuite sur les côtés, et, alors qu'Abigail le frappait de son bouclier de l'autre côté, lui asséna un coup de tranche, profitant de l'élan ainsi pris pour tenter de se placer un peu derrière lui. Une telle créature ne pouvait être prévisible. Elle pressentait avec anxiété qu'elle aurait du mal à se battre contre elle, mais la haine superstitieuse que cet animal désarticulé lui inspirait insufflait vigueur à ses coups, et malgré la fatigue de la journée l'adrénaline qui pulsait dans ses veines lui faisait oublier la fatigue de la journée. Ils ne devait pas le laisser s'enfuir. Où ils y passeraient tous.


[HRP: Désolée pour le retard les loulous! Les mois d'avril et de mars sont chargés en partiels et gros projets, j'ai pas vraiment de temps à moi d'où mes retards de réponse, mais j'vous kiffe <3]


Sakristi


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(vide)

Sur les reliefs de la Plaine, la distance lui avait paru bien courte, mais à courir ainsi, l’inquiétude au ventre pour ses compagnons, Sakristi arriva bien essoufflée  dans la Grange. A peine sur le seuil, l’odeur lui souleva le cœur. « Par les Die… Déesses, mais qu’est-ce qui s’est passé ici ? » Hélas, le spectacle était bien plus dégoûtant que l’odeur.

Elle recula pour laisser passer Abigaïl qui portait ce qui lui sembla être une poupée de chiffons. Mais la poupée respirait. Difficilement, presque à contre cœur, mais elle respirait. Avec toutes les précautions du monde, la Guérisseuse accueillit la jeune-femme dans ses bras avant de la caler au sol de manière à ce qu’elle ne se blesse pas davantage.


« Les blessures sont assez minimes, mais j’n’en dirais pas tant pour celles de sa Psyché. » constata-telle, sans vraiment savoir si quelqu’un l’écoutait. Peu lui importait, pour contrer la solitude liée à son caractère souvent acariâtre, la Sorcière avait pris l’habitude de verbaliser à outrance. Elle sortit une longue feuille de sa besace et la rompit, laissant s’écouler un liquide épais entre les lèvres de sa protégée.

Celle-ci avait remué, malgré son inconscience. Au léger changement d’attitude qu’elle avait noté chez elle en la voyant passer des bras d’un homme aux siens, Sakristi avait tout de suite supposé que tant de cruauté était certainement en lien avec de la testostérone mal placée.
« Shht, je m’appelle Sakristi. » lui murmura-t-elle pour calmer ses songes. « Je suis Apothicaire, je suis ici pour vous soigner, et personne d’autre ne vous touchera sans ma permission. » attesta-t-elle ensuite. Sa voix était nettement plus douce que lorsqu’elle s’adressait au commun des mortels et elle devina la stupéfaction dans un regard qu’elle sentait dans son dos.

Même après avoir trouvé la cause du malaise qu’elle avait perçu, le mauvais pressentiment de l’Apothicaire persistait. Toutefois, la pauvresse avait à nouveau disparu dans un sommeil qui ne pouvait lui faire que du bien. Quelqu’un d’autre souffrait, et ailleurs que dans leur petit groupe. Planté sur sa colline, Abigaïl interrogeait l’horizon : lui aussi semblait avoir des doutes.


« 'Se passe un truc pas net en bas. » leur dit-il alors à tous. C’est alors que le mouvement commença. Peu désireuse de retrouver le bourreau de sa patiente, Sakristi avait alors décidé de la porter. La pauvre enfant était si maigre, que l’effort était moindre, le plus difficile demeurant de suivre l’allure de tous les autres. Les armes et les corps qu’ils trouvèrent finirent de la persuader que la situation devenait profondément merdique.

« Walder, si la Place qu’on t’a donné ne te convient pas, tu pourrais faire un tour entre mes molaires, j’avais justement besoin d’un cure-dents. » plaisanta-t-elle tant bien que mal face au manque d’enthousiasme du rouquin alors qu’ils repartaient. Abigaïl avait raison : elle ne pouvait plus rien pour ces hommes. Mais leurs chairs ainsi exposées au ciel alors qu’ils servirent jadis leur monde lui brisa l’éponge desséchée qu’elle avait en guise de cœur. Les lèvres de Nesreen frémirent à la boutade quand leurs deux chefs froncèrent les sourcils pour lui signifier que ça n’était pas le moment. Elle accueillit la réprimande d’un silence qui se voulait humble, même si au fond elle jubilait d’avoir pu trouver une occasion d’emmerder leur petit magicien.

Bientôt, elle trébucha, et s’aperçut qu’en trainant ainsi la blessée depuis plusieurs centaines de mètres, les pieds de cette dernière commençaient à en pâtir. Ils étaient alors sur le flanc d’une petite colline, vraiment très proches de leur destination.
« Ca pue vraiment votre histoire, et la D’moiselle peut pas s’défendre s’il arrive quelque chose. Je vais m’en occuper ici, en cas de problème on est tout près. Allez ! » leur dit-elle, ce qu’ils firent presque sans broncher. Elle s’activa alors autour de la jeune femme, rompant une autre de ses feuilles pour la réhydrater. Elle utilisa le reste pour des cataplasmes.

La boule au ventre ne l’avait pas quittée, aussi leva-t-elle les yeux vers le bâtiment où était rentrée la troupe. Celui-ci était en flammes.
« Oh non, merde ! » s’exclama-t-elle, un mouvement de recul la faisant chuter. Elle ne pouvait décemment pas se jeter dans les flammes et abandonner la fille verte à son sort.

« Foutus pour foutus… » pesta-t-elle, arrachant violemment une touffe d’herbe. La coupure qui ornait sa paume depuis qu’elle avait aidé un homme-loup se rouvrit sur le moment, imbibant les plantes d’un sang qui coulait bien vite sous l’excitation. Parfait : ce mélange d’éléments ne feraient que donner plus de corps au rituel. Elle retourna à la hâte une motte avec son pied, créant un petit nid de terre au sein duquel elle posa son butin.

Agenouillée près de cet autel de fortune, elle commença ses incantations alors que d’une friction agile de deux pierres, elle enflamma ses ingrédients. En maîtrisant ce feu-ci, elle calmait le courroux de l’autre, plus grand, qui menaçait de dévorer ses compagnons au même titre que la flamme magique menaçait sa main droite à chaque seconde. La gauche, quant à elle, serrait les mèches de cheveux qu’elle avait prélevées durant le sommeil des autres et qu’elle gardait dans un sachet dans sa poche. Ainsi se succédaient les paroles pour calmer le feu, et celles pour protéger les combattants.

Profitant d’un petit moment de zèle, son regard quitta le brasier pour surveiller la blessée. Un regard aux mêmes reflets verts de la chevelure qui l’encadrait la fixait et lui donnait bien l’impression d’être jugée. Sa couverture commençait à s’effilocher, et elle dut faire un effort considérable pour calmer à nouveau le feu que sa panique avait attisé.





Droit sur le Traqueur, les hommes d'armes s'élancèrent. Le premier, écorce de fer et bâton d'acier au poing, arma son bras pour mieux frapper d'estoc. Les babines encore balafrées de la bête s'écartèrent brièvement en ce qui aurait pu ressembler, jadis, à un sourire. De ceux qui effraient les têtes blondes sans doute, au moins. La pointe de la lame manqua de l'effleurer, mais il se contorsionna sans mal, arrondissant son échine et courbant sa panse de telle façon que l'acier ne vint même pas le griffer. « RAMPE, RAMPE, LE SERPENT-ROI ! » Siffla-t-il, la voix rauque, éraillée, crissante mais néanmoins amusée. Bien vite, le pavois chercha à le cueillir. Plus loin, une autre fine-lame s'apprêtait à rejoindre la danse. Ses cuissots se délièrent soudainement et l'animal s'éleva dans les airs. Sa crinière tantôt brune, tantôt grise, agissait à la manière des ailes noire d'un charognard ou d'un prédateur de nuit. Très vite, ses deux pattes arrières épousèrent les gravures humbles de l'imposante targe de fer tandis que ses griffes en accrochèrent les contours. « Eeernh ! Eeernh ! » Maugréa-t-il, un peu avant que le sabre de la Gérudo ne s'abatte sur lui.

Sa main de bois monta également à l'assaut. Ignorant superbement la menace qui progressait dans son dos, la créature – un jour cerf, le lendemain loup et le surlendemain vipère – prit appui sur l'épaule du soldat, se hissant sur son bouclier, grimpant à l'image des rats et des rongeurs : rapide, agile, imprévisible. En l'espace d'une seconde et demi, à peine, il était passé dans le dos du bretteur, le laissant nez-à-nez à sa comparse. « Elle ! Elle-qui-dort ! », hurla-t-il en se faufilant entre les cadavres et les combattants. Sa course n'avait rien d'humain : dressé sur ses quatre pattes comme sur autant des rotules qu'il avait brisées, il s'avançait brusquement, gagnant Nabooru sans qu'aucun ne sache l'arrêter. Comment aurait-il pu l'oublier ? La pauvre femme avait passé près de deux semaines avec lui, dans l'immense ère de jeux que lui avait offert, à l'époque, le Roi-de-l'eau-Rouge. Cet être qu'il redoutait presque autant qu'il ne craignait son principal serviteur, aux langues avides et ardentes.

Quelques pouces, seulement, séparaient l'ancien Dragmire de la Sage de l'Esprit quand celle-ci tenta quelque chose. Lançant sa jambe à l'attaque de ses genoux, il balaya les genoux de la Gérudo, avant de se hisser sur son thorax. « TRAQUEUR ! » Mugit-il, tandis que les paumes de sa main percutaient à nouveau le crâne de la jeune femme. « ABANDONNÉ ! OUBLIÉ ! TRAQUEUR SEUL TU AS LAISSÉ ! » L'espace d'un instant son cri s'était changé en un étrange rugissement. Mais l'eau-rouge jaillit avant qu'il ne puisse finaliser son ouvrage.

Sa gueule, si farouche autrefois était désormais envahie de lierre, quand les chairs calcinées ne continuaient pas à brûler les enchantements des Bois. Son œil, libéré de tout orbite à proprement parler, roula sous son arcade, à la recherche des flammes qui rongeaient d'ores et déjà la grange. « Tsss ! Tssss ! » Siffla-t-il, dans l'espoir de faire reculer l'eau-rouge qui avançait déjà vers lui. Ses traits se décomposèrent d'une crainte similaire à celle qui l'avait poussé à quitter les Bois, la toute première fois. « Eeernh ! Eeernh ! » Appela-t-il à l'aide, reculant pas à pas, tachant tant bien que mal de faire espace entre le brasier et son être. Plus tôt que tard, l'imposante palissade qui fermait la masure l'accula. L'enfant perdu souffla sur les langues qui lui avaient déjà dévoré le faciès, la dernière fois. Toute la bâtisse se transformait en une fournaise. Son œil libre tiqua, de panique. Sans trop savoir ce qu'il faisait, l'animal se cambra, avant de chercher refuge en hauteur. Très vite la fumée grise qui montait au cieux masqua sa parure et brouilla son odorat. Il ne s'y fiait de toute façon pas depuis le début de l'incendie. « Eeernh ! Eeernh ! » Toussa-t-il encore, avant de disparaître dans la mer sombre, qui flottait au dessus des colonnes de bois. La bicoque craquait dangereusement.
... Alea Jacta Est ...

Le projectile enflammé de Laurent Walder, bien que maîtrisé par Sakristi, consume l’entièreté de la grange dans laquelle la troupe de Nabooru avait décidé de faire son escale. Néanmoins, avant même de succomber aux flammes, la masure commence à s'effondrer sur elle même et, ça et là, des pans entiers des murs comme des soutiens commencent à chuter sur les aventuriers. Nabooru, inconsciente après les coups que lui a porté le Traqueur doit être secourue pour ne pas périr dans le brasier. Elle ne fait néanmoins pas l'objet d'un jet de dé, à l'inverse des autres occupants de la masure et il est laissé à la discrétion des participant(e)s le mérite de qui l'aura sauvée. Pour déterminer le sort des occupants de la grange, 4 dés à deux face seront lancés. Passé l'épreuve, la Reine du Désert demeurant inconsciente, il appartient aux personnages de se mettre d'accord sur l'itinéraire à prendre pour gagner la Citadelle Noire et libérer les Gérudos.
D2 — Abigaïl

Si le résultat est 1 :
Le soldat n'a pas l'occasion de s'élancer vers la sortie qu'une imposante poutre de bois s'effondre sur son pavois, tordant l'acier et le rendant inutilisable. Si son épée est sauve, comble de malchance, le feu a également attaqué les effets qu'il pouvait avoir laissé dans la grange et le pauvre homme ne pourra plus compter dessus. Il est condamné à poursuivre l'aventure avec les seules pièces d'équipement qu'il portait lors de l'affrontement avec le Traqueur, bouclier exclu.
Si le résultat est 2 :
Abigaïl parvient à s'en sortir sans mal, récupérant toutes les affaires dont il pourrait avoir besoin pour la suite des événements.

D2 — Laurent Walder

Si le résultat est 1 :
Le magicien n'a pas l'occasion d'éviter le pan de mur qui s'effondre contre lui. Le bois percute violemment sa baguette et la brise en deux. Le choc lui fait perdre son livre de sort, qui disparaît dans les flammes. Contraint à fuir pour sauver sa vie, le sorcier élémentaire ne pourra continuer l'aventure qu'en comptant sur son aisance tactique, son intellect et les éventuelles autres ressources dont il peut disposer, en dehors de la magie.
Si le résultat est 2 :
Laurent Walder parvient à battre en retraite sans essuyer de dégâts particulier. Il dispose encore de ses ressources habituelles.
D2 — Nesreen

Si le résultat est 1 :
Nesreen ne parvient pas à se protéger des flammes et y laisse malheureusement le cimeterre qu'elle utilisait dans son affrontement contre le Traqueur. Ses effets éventuellement laissé dans la grange sont la proie des flammes et son inutilisables. Elle ne peut continuer l'aventure qu'avec les ressources qu'elle n'a pas encore utilisé jusqu'à présent et a choisi de garder sur elle avant de faire escale.
Si le résultat est 2 :
La Gérudo s'extirpe de la masure embrasée sans mal. Elle peut sauver son équipement.
D2 — Le groupe dans son ensemble

Si le résultat est 1 :
L'ensemble des provisions et des ressources du groupe (exception faite des effets personnels concernés par les jets de dés précédents) sont laissés à la merci des flammes et perdus dans la fuite. En conséquence, la troupe n'a plus ni eau, ni nourriture et ne peut continuer à vagabonder sans envisager une escale dans une bourgade proche pour récupérer de quoi s'approvisionner. Manquer l'arrêt reviendrait à diminuer les capacités de l'ensemble des personnages et leur infliger un malus pour le reste de l'aventure.
Si le résultat est 2 :
Les provisions sont majoritairement sauvées et le stock demeure viable pour la durée du voyage, telle que prévue initialement.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Le membre 'Le Narrateur' a effectué l'action suivante : Puissent les Déesses guider votre destin...


'Dé à 2 faces' :

Résultat :

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